Podcast Rendez-vous avec Xhttps://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2019/10/b3ceaae4-c8dc-4b1a-870a-7f24f80bdee4/1400x1400_rf_omm_0000021551_ite.jpgPodcast inofficiel de l'émission Rendez-vous avec X, tiré du site http://rendezvousavecmrx.free.fr/La 5ème colonneSat, 04 Jan 1997 13:15:00Rennes-le-Château et l'abbé SaunièresSat, 11 Jan 1997 13:15:00Noël FieldSat, 18 Jan 1997 13:15:00Le réseau OdessaSat, 25 Jan 1997 13:15:00Le masque de ferSat, 01 Feb 1997 13:15:00La défaite de 1940Sat, 08 Feb 1997 13:15:00Jean de BroglieSat, 22 Feb 1997 13:15:00Sergueï EfronSat, 01 Mar 1997 13:15:00La rumeur MitterandSat, 08 Mar 1997 13:15:00Pierre CardotSat, 15 Mar 1997 13:15:00Opération TimsiltSat, 22 Mar 1997 13:15:00DraculaSat, 29 Mar 1997 13:15:00Rudolph AbelSat, 05 Apr 1997 13:15:00Le mage de MarsalSat, 12 Apr 1997 13:15:00Che GuevaraSat, 19 Apr 1997 13:15:00Israel BeerSat, 26 Apr 1997 13:15:00Joseph JoinoviciSat, 03 May 1997 13:15:00Croyez-vous aux fantômes ?Sat, 10 May 1997 13:15:00L'affaire FarewellSat, 17 May 1997 13:15:00Le réseau ProsperSat, 24 May 1997 13:15:00L'opposition à l'indépendance algérienneSat, 31 May 1997 13:15:00Le Général SikorskiSat, 07 Jun 1997 13:15:00La guerre du KipourSat, 21 Jun 1997 13:15:00SzkolnikoffSat, 28 Jun 1997 13:15:00La chasse aux cerveauxSat, 05 Jul 1997 13:15:00La Main RougeSat, 13 Sep 1997 13:15:00Les vedettes de CherbourgSat, 20 Sep 1997 13:15:00Michel BaroinSat, 27 Sep 1997 13:15:00L'affaire CicéronSat, 04 Oct 1997 13:15:00La mort de JFKSat, 18 Oct 1997 13:15:00La loge P2Sat, 25 Oct 1997 13:15:00Dag Hammarskjöld dit 'Monsieur H'Sat, 01 Nov 1997 13:15:00L'affaire roumaineSat, 08 Nov 1997 13:15:00Moise TschombeSat, 15 Nov 1997 13:15:00Robert MaxwellSat, 22 Nov 1997 13:15:00Eleonore SütterlinSat, 29 Nov 1997 13:15:00L'opération XSat, 06 Dec 1997 13:15:00Mohammad MossadeghSat, 13 Dec 1997 13:15:00Robert BoulinSat, 20 Dec 1997 13:15:00Virgile TanaseSat, 27 Dec 1997 13:15:00Jean Bedel BokassaSat, 03 Jan 1998 13:15:00Affaire Revelli BeaumontSat, 10 Jan 1998 13:15:00Septembre NoirSat, 17 Jan 1998 13:15:00Pierre Charles PathéSat, 24 Jan 1998 13:15:00La bleuiteSat, 31 Jan 1998 13:15:00Klaus FuchsSat, 07 Feb 1998 13:15:00L'assassinat de René AudranSat, 14 Feb 1998 13:15:00L'affaire Maurice DejeanSat, 21 Feb 1998 13:15:00CarlosSat, 28 Feb 1998 13:15:0020 novembre 1979 : attentat à la MecqueSat, 07 Mar 1998 13:15:00Meurtre d'Aldo MoroSat, 14 Mar 1998 13:15:00Affaire Stevan MarkovicSat, 21 Mar 1998 13:15:00Henriette TremaudSat, 28 Mar 1998 13:15:00Louis RenaultSat, 11 Apr 1998 13:15:00Mohammed El KadhafiSat, 18 Apr 1998 13:15:00Pier Paolo PasoliniSat, 25 Apr 1998 13:15:00John ProfumoSat, 02 May 1998 13:15:00Eugène Fried, espion soviétiqueSat, 09 May 1998 13:15:00La guerre au LibanSat, 16 May 1998 13:15:00Rainbow WarriorSat, 23 May 1998 13:15:00Lavrenti Pavlovitch BeriaSat, 30 May 1998 13:15:00Varian Fry et les réfugiés allemands en 1940Sat, 13 Jun 1998 13:15:0021 décembre 1998 : attentat de LockerbieSat, 20 Jun 1998 13:15:00Action directeSat, 27 Jun 1998 13:15:00Le juge RenaudSat, 05 Sep 1998 13:15:00Medhi ben BarkaSat, 12 Sep 1998 13:15:00L'assasinat d'Henri CUrielSat, 19 Sep 1998 13:15:00PenkovskySat, 26 Sep 1998 13:15:00Lucky LucianoSat, 03 Oct 1998 13:15:00La Mafia et l'EuropeSat, 17 Oct 1998 13:15:00L'affaire Saint-AubinSat, 24 Oct 1998 13:15:00Des armes pour l'IranSat, 31 Oct 1998 13:15:00Le colonel PassySat, 07 Nov 1998 13:15:00Le meurtre d'Ali MeciliSat, 14 Nov 1998 13:15:00Biographie de Lionel CrabbSat, 21 Nov 1998 13:15:00Conrad KilianSat, 28 Nov 1998 13:15:00L'affaire de la malle aux espionsSat, 12 Dec 1998 13:15:00Henry RobinsonSat, 19 Dec 1998 13:15:00Le Proche-Orient après le deuxième Guerre MondialeSat, 26 Dec 1998 13:15:00Rudolph HessSat, 02 Jan 1999 13:15:00Attentat contre Anouar Al SadateSat, 09 Jan 1999 13:15:00Le scandale des Bons d'ArrasSat, 16 Jan 1999 13:15:00Willy MunzenbergSat, 30 Jan 1999 13:15:00Les avions renifleursSat, 06 Feb 1999 13:15:00L'attentat de Skirat contre Hassan II en 1971Sat, 13 Feb 1999 13:15:00Otto JohnSat, 20 Feb 1999 13:15:00L'assassinat de Félix Moumié leader indépendantiste camerounaisSat, 27 Feb 1999 13:15:00Août 1985 : le transfuge soviétique Vitaly YourtchenkoSat, 06 Mar 1999 13:15:00L'affaire Frauenknecht et les mirages israéliensSat, 13 Mar 1999 13:15:00Le complot de le PentecôteSat, 20 Mar 1999 13:15:00Les tueurs du BrabantSat, 27 Mar 1999 13:15:00L'Affaire El PuebloSat, 03 Apr 1999 13:15:00L'assassinat de M. Lemaigre DubreuilSat, 10 Apr 1999 13:15:00L'assassinat du prêtre PopieluszkoSat, 17 Apr 1999 13:15:00L'enlèvement de Raymond Gorel et le trésor de l'OASSat, 24 Apr 1999 13:15:00L'affaire des grâces médicales à MarseilleSat, 01 May 1999 13:15:00Le complot des couventsSat, 08 May 1999 13:15:00Le tunnel de BerlinSat, 15 May 1999 13:15:00Le détournement d'un MIG 21 russe par les services secrets israéliensSat, 22 May 1999 13:15:00L'affaire DominiciSat, 29 May 1999 13:15:001947 : le complot du plan bleuSat, 05 Jun 1999 13:15:00La mort de l'éditeur Gianfranco FeltrinelliSat, 12 Jun 1999 13:15:00L'assassinat de l'Amiral DarlanSat, 19 Jun 1999 13:15:00La mort du Général AilleretSat, 26 Jun 1999 13:15:00L'affaire WallenbergSat, 03 Jul 1999 13:15:00Marcus KlingbergSat, 24 Jul 1999 13:15:00Jacques MesrineSat, 31 Jul 1999 13:15:00L'affaire MatteiSat, 07 Aug 1999 13:15:00L'affaire des générauxSat, 14 Aug 1999 13:15:00CCC : l'histoire du virus informatiqueSat, 21 Aug 1999 13:15:00L'attentat contre Hassan IISat, 28 Aug 1999 13:15:00Otto Skorzeny (1/2)Sat, 04 Sep 1999 13:15:00Otto Skorzeny (2/2)Sat, 11 Sep 1999 13:15:00Famille KennedySat, 18 Sep 1999 13:15:00Le soulèvement en Corse en 1958Sat, 02 Oct 1999 13:15:00L'affaire KravchenkoSat, 23 Oct 1999 13:15:00L'assassinat de Mountbatten par l'IRASat, 13 Nov 1999 13:15:00L'affaire du bazookaSat, 27 Nov 1999 13:15:00L'hiver nucléaireSat, 04 Dec 1999 13:15:00La grotte d'OuvéaSat, 11 Dec 1999 13:15:00Les savants britaniquesSat, 18 Dec 1999 13:15:00La mort de LeclercSat, 25 Dec 1999 13:15:00Kolwesi, 1978Sat, 08 Jan 2000 13:15:00François Duprat, 1978François Duprat, 37 ans, un des leaders du Front National et conseiller influent de Jean-Marie Le Pen, est tué le 18 mars 1978 dans l'explosion de sa 'GS Citroën' sur la Nationale 182, entre le Trait, où il habitait et Caudebec-en-Caux, où il enseignait l'histoire. Une personnalité qui comptait dans la nébuleuse de l'extrême droite où il avait fréquenté à peu près tous les mouvements avant de rejoindre le Front National créé par Le Pen.A-t-il été, comme l'affirme Le Pen, victime des 'marxistes révolutionnaires', de ce 'commando du souvenir' ou de ce 'Groupe révolutionnaire', qui ont successivement revendiqué l'attentat dans les jours qui ont suivi ?D'après Monsieur X, Duprat n'était peut-être pas seulement ce militant exalté et extrémiste.... Et c'est dans les nombreuses zones d'ombre de sa vie qu'il faut chercher le secret de sa mort.Sat, 29 Jan 2000 13:15:00Les otages de Téhéran,1981Le 4 novembre 1979, plusieurs centaines d'étudiants iraniens occupent l'Ambassade des Etats-Unis à Téhéran et retiennent en otage une soixantaine d'américains. Ils exigent en échange de leur libération l'extradition de l'ex-Chah, soigné à New-York depuis le 22 octobre. Certains otages seront libérés dans les mois qui suivront, l'opération de commando américaine échouera en avril 80, le Chah mourra en juillet 1980 et il restera 52 otages qui ne seront libérés qu'en janvier 1981, à la suite de longues négociations, négociations parfois un peu ralenties du côté américain ! !Une opération sans précédent bafouant toutes les lois internationales et qui va révéler au monde la réalité du nouveau régime iranien. Une opération symbolique puisque les intégristes chiites, à peine arrivés au pouvoir, défient l'Occident et les Etats-Unis. À cause d'eux, ou grâce à eux, Ronald Reagan battra Jimmy Carter lors des élections présidentielles de 1980. Dans le même temps, l'Armée rouge envahira l'Afghanistan et l'Irak entrera en guerre avec l'Iran.Mais pourquoi Monsieur X s'intéresse-t-il à cette affaire ? Pour au moins deux raisons, toutes les deux étonnantes... D'abord parce que la France et les services de renseignement français y ont été impliqués... Ensuite, parce que cette affaire dissimule encore bien des secrets et a donné lieu à des manoeuvres politiques tortueuses qui ont joué un rôle éminent dans les bouleversements qu'a connus le monde dans les deux dernières décennies.Cette prise d'otage est-elle une initiative spontanée des étudiants ? A l'évidence, non. Les " pasdaran ", comme on les appelle, ont obéi à l'ayatollah Khomeiny. Khomeiny qui va profiter de cette affaire pour éliminer les laïques et les modérés qui sont encore au pouvoir en Iran.Sat, 12 Feb 2000 13:15:00Le procès du général Ochoa à Cuba (1989)En juin 1989, la Havane organisait le procès le plus stalinien du régime castriste. Etouffé par l'embargo américain, Cuba avait mis en place des services spécialisés dans la recherche des précieux dollars. Lorsque les relations de Cuba avec les cartels colombiens furent sur le point d'être publiquement dénoncés par les Etats-Unis, Fidel Castro décida de sacrifier les officiers impliqués. Le général Ochoa, héros de l'équipée cubaine en Angola, très populaire et treize autres officiers, pour la plupart des figures de la révolution de 1959, vont se voir condamnés à mort, fusillés ou soumis à de lourdes peines de prison. Le général Ochoa et le colonel Antonio de la Guardia, tous deux exécutés, ont été inculpés de trafic de drogue et de trafic financiers illicites. Mais ce qui est surtout révélé, c'est l'existence d'un trafic de drogue géré au plus haut niveau de l'Etat cubain.Sat, 19 Feb 2000 13:15:00Total en BirmanieDepuis que Total s'est implantée en Birmanie au début des années 90 pour y exploiter les riches gisements de gaz,la compagnie pétrolière fait l'objet de nombreuses critiques. Peut-on faire du commerce avec n'importe qui ? La Birmanie est une narcodictature, qui vit sous la férule d'une junte militaire particulièrement féroce, c'est aussi la patrie du pric Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, longtemps séquestrée, et actuellement toujours surveillée. La Birmanie est donc au ban de la société internationale. Total est non seulement accusée de soutenir ses dirigeants mais aussi d'avoir fermé les yeux sur de graves atteintes aux droits de l'Homme. A chaque fois, Total a répliqué en accusant ses détracteurs de fomenter des campagnes de dénigrement mensengères. Alors qu'en est-il ?Si la question a été posée à Monsieur X, c'est qu'un livre récent donne un point de vue inédit et provocateur sur ce dossier : 'L'arme de la désinformation' de Rémi Kauffer qui recense justement toutes les formes prise par la désinformation. Autrefois spécialité soviétique, la désinformation semble en effet jouer un rôle de plus en plus grand dans la compétition industrielle, commerciale et technologique. Particulièrement dans la rivalité entre l'Europe et les Etats-Unis. Et les méthodes utilisées sont du ressort du monde de l'espionnage et du renseignement. La compagnie Total a-t-elle été victime d'une campagne de ce type ?Sat, 04 Mar 2000 13:15:00Nasser (1/2)Durant l'année 56, les événements se bousculent. Surtout à l'automne 56. À l'Est, dans les démocraties populaires, les populations bougent, essaient de secouer le joug soviétique. Et ce sera bientôt la tragédie de Budapest. À l'Ouest, les grandes puissances poussent des cris d'orfraie après l'annonce par le colonel Nasser de la nationalisation du canal de Suez... Et ce sera, quelques jours seulement après l'entrée des chars soviétiques dans la capitale hongroise, l'expédition franco-britannique de Suez.Pour Monsieur X, tous ces événements sont liés. Et encore bien d'autres qui ont marqué cette terrible année 1956...Sat, 11 Mar 2000 13:15:00Nasser (2/2)Résumé de la 1ère partie : en juillet, le colonel Nasser, furieux de ne pas avoir bénéficié d'un prêt des puissances oc-cidentales pour construire le gigantesque barrage d'Assouan, a décidé de riposter en nationalisant la Compagnie du canal de Suez. En fait, ce sont surtout les Etats-Unis qui ont refusé ce prêt, en espérant ainsi éloigner l'Egypte de l'URSS. Mais c'est le contraire qui est s'est passé : non seulement Nasser a nationalisé le canal mais il a demandé à Moscou de l'aider à financer son barrage.Face à ce qu'ils estiment être une spoliation, Britanniques et Français envisagent très vite de répondre par la force. En tout cas, ils s'y préparent. Mais les choses traînent. Car les deux pays ne poursuivent pas forcément les mêmes objectifs. Pour la France, en particulier, il s'agit, selon Monsieur X, avant tout de se débarrasser de Nasser. Nasser qui arme les rebelles algériens du FLN. Nasser que les services français ont déjà essayé de liquider physiquement. Mais en vain.A la mi-octobre, un coup de main audacieux télé-guidé par le SDECE aboutit à l'arraisonnement dans les eaux internationales d'un bateau bourré d'armes chargées à Alexandrie. Des armes destinées au FLN. La collusion de Nasser et des rebelles algériens est ainsi clairement établie. Cela renforce encore le camp des durs, de ceux qui veulent à tout prix en découdre avec le dictateur égyptien.Il y a en outre le problème israélien. Israël, en effet, non sans raison, estime que tôt ou tard, une nouvelle guerre éclatera... La France, alliée traditionnelle de l'Etat hébreu, ne peut pas rester sans réagir si la menace se précise.Enfin, un dernier point : à la fin de la première partie de cet entretien, Monsieur X précise qu'une semaine après l'arraisonnement de ce bateau chargé d'armes et seulement quelques jours avant le début de l'engagement franco-britannique à Suez, une autre opération allait être engagée. Tout aussi risquée que la première. Et tout aussi illégale. Et là encore, d'après Monsieur X, le SDECE était au premier rang !Sat, 18 Mar 2000 13:15:00La mort du colonel Fabien (1944)Le colonel Fabien, de son vrai nom : Pierre Georges, héros de l'insurrection parisienne d'Août 1944, était un porte-drapeau pour la Résistance et le parti communiste français. Premier résistant à avoir abattu un officier allemand, arrêté, torturé, évadé, blessé à plusieurs reprises, Fabien a été l'homme de toutes les embuscades et sabotages, le prototype du partisan qui est allé combattre brillamment l'ennemi jusque sur les rives du Rhin. C'est d'ailleurs là qu'il trouve la mort, sur le front du Rhin, avec deux de ses collaborateurs les plus proches, le colonel Dax et le capitaine Lebon. Mais les circonstances de cette mort n'ont jamais été réellement éclaircies. En effet, le jeune chef de la Brigade de Paris, qui combattait aux côtés des Américains puis au sein de la Première Armée du général de Lattre, avait des ennemis. Et pas seulement de l'autre côté du Rhin. C'est en tous cas ce qu'affirme Monsieur X avec conviction. Il prétend que le colonel Fabien n'est pas mort accidentellement en manipulant une mine. Il s'agissait en réalité d'un attentat...Fabien devait disparaître....Sat, 25 Mar 2000 13:15:00L'enlèvement du colonel Argoud"On ne ficelle pas un officier comme un saucisson !" Tel a été, semble-t-il, le seul commentaire désapprobateur du général de Gaulle lorsqu'on lui a appris que l'un de ses adversaires les plus déterminés, un homme qui avait essayé de le tuer à deux reprises, l'ex-colonel Argoud, venait d'être retrouvé à Paris, ligoté, dans une camionnette garée pas très loin du siège de la Police judiciaire, Quai des Orfèvres...Pourtant, sans nul doute, le chef de l'Etat devait être satisfait de savoir Argoud sous les verrous. L'ex-colonel arrêté, c'était la branche militaire la plus dangereuse de l'OAS qui était désormais coupée. Il ne restait plus, en cavale ou en exil, qu'une poignée de soldats perdus et quelques politiques comme Bidault et Soustelle. Et bientôt, on l'a déjà vu ici-même avec Monsieur X, le pouvoir va habilement amener les derniers rebelles à résipiscence. Grâce à l'opération " réconciliation " et à l'action du commissaire Barouin.Vous le savez sans doute, Antoine Argoud se trouvait à Munich lorsqu'il a été enlevé. Ce qui suscitera l'indignation sincère ou simulée des autorités allemandes. Mais c'est surtout la personnalité des kidnappeurs qui soulèvera de nombreuses questions. Qui étaient réellement ces hommes qui ont passé la frontière pour aller enlever l'un des chef de l'OAS ? Étaient-ce des barbouzes, comme on l'a longtemps prétendu ? Ou bien s'agissait-il d'agents des services spéciaux ?Monsieur X qui a naturellement son idée sur ces questions, va donc nous faire des révélations sur l'enlèvement de l'ex-colonel, sur l'identité des véritables commanditaires de cette audacieuse opération, mais aussi sur les fuites à l'intérieur de l'organisation terroriste qui ont permis de localiser Argoud dans sa retraite allemande...Sat, 01 Apr 2000 13:15:00Le trésor de RommelSat, 08 Apr 2000 13:15:00Le Chili et la CIASat, 15 Apr 2000 13:15:00Georges PâquesSat, 22 Apr 2000 13:15:00FLBSat, 29 Apr 2000 13:15:00L'attentat de l'ObservatoireSat, 06 May 2000 13:15:00L'Affaire Alger HissSat, 13 May 2000 13:15:00Muselier, conjuration contre de GaulleDes documents récents viennent de confirmer ce que l'on devinait depuis longtemps : à Londres, pendant la guerre, les rapports entre Français et Britanniques ont été tumultueux sinon féroces. Et plus d'une fois, Winston Churchill a été tenté de cet encombrant allié qui s'appelait Charles de Gaulle ! Un allié qui, en outre, ne représentait pas grand chose sur le plan militaire. Mais dont la susceptibilité et l'irritabilité étaient inversement proportionnelles à son dénuement et à sa faiblesse.La victoire aidant, on a feint d'oublier et on a jeté un voile pudique sur ces affrontements. Mais, je vous l'ai dit, la publication récente de télégrammes de Churchill a jeté une lumière crue sur la vraie nature de la fraternité d'armes qui unissait le Premier ministre britannique au chef de la France Libre. Et il est certain que jusqu'en octobre 1943, c'est à dire au moment où le général de Gaulle assoira définitivement son pouvoir sur toutes les forces de la France combattantes, autant extérieures qu'intérieures, ses alliés anglo-saxons seront tentés de l'éliminer à plusieurs reprises.Monsieur X, qui m'a toujours affirmé avoir très vite rejoint Londres après les événements dramatiques de mai et juin 40, a été un témoin privilégié de quelques-unes de ces tentatives visant à éloigner de Gaulle. En fait, m'a-t-il dit cette semaine, en me recevant à nouveau, il y a eu une véritable conjuration contre de Gaulle ! Pour le supplanter, bien sûr. Mais qui se trouvait réellement derrière les conjurés ? Qui les manipulait ? Et pourquoi ?Sat, 20 May 2000 13:15:00Opération PlumbatSat, 27 May 2000 13:15:00L'affaire LorrainSat, 03 Jun 2000 13:15:00Le complot des pigeonsSat, 10 Jun 2000 13:15:00Gary PowersSat, 17 Jun 2000 13:15:00L'opération FoxleySat, 01 Jul 2000 13:15:00Mort de BoudiafSat, 08 Jul 2000 13:15:00Martin BormannSat, 15 Jul 2000 13:15:00Les Irlandais de VincennesSat, 22 Jul 2000 13:15:00Le trafic des piastres, 1953Sat, 29 Jul 2000 13:15:00La Baie des Cochons, 1961Sat, 05 Aug 2000 13:15:00L'affaire BoulangerEn mai 1944, un an après l'arrestation de Jean Moulin, un vague d'arrestation dirigée par Klaus Barbie a lieu à Lyon, décimant le comité militaire de Zone Sud du mouvement de résistance FTP (Francs Tireurs et Partisans).Les soupçons de trahison se portent sur Lucien Boulanger (un pseudonyme). Alsacien, né en Allemagne de père français et de mère allemande, il est rentré dans le mouvement avec l'aide de Moscou qui l'a mis en relation avec l'appareil clandestin du Parti. Mais qui est-il vraiment ? Un responsable communiste important ? un agent double nazi, comme l'affirme un gestapiste, spécialiste du renseignement arrêté en 1946 ? Quels ont été les rôles des communistes français et soviétiques dans cette affaire ?Sat, 12 Aug 2000 13:15:00Boeing El AlSat, 19 Aug 2000 13:15:00MihailovicSat, 26 Aug 2000 13:15:00Guy OrsoniSat, 02 Sep 2000 13:15:00Le parapluie bulgareSat, 09 Sep 2000 13:15:00La chatteSat, 16 Sep 2000 13:15:00Opération HaikSat, 23 Sep 2000 13:15:00EnigmaSat, 14 Oct 2000 13:15:00Cosa nostra (1/2) : Roberto CalviSat, 21 Oct 2000 13:15:00Cosa nostra (2/2) : Giovanni FalconeSat, 28 Oct 2000 13:15:00La mort de Jean Chiappe (27/11/1940)Le mystère dure depuis exactement soixante ans... Le mystère qui entoure la catastrophe aérienne au cours de laquelle l'ancien préfet de police de Paris, Jean Chiappe, a trouvé la mort... On le sait, son avion a été mitraillé au-dessus de la Méditerranée. Mais par qui ? Et pourquoi ?Chiappe venait d'être nommé par le gouvernement de Vichy Haut-commissaire en Syrie et au Liban. Il rejoignait son poste lorsque l'avion où il avait pris place a été abattu et s'est abîmé en mer.La personnalité du préfet - personne n'a oublié que sa révocation avait été à l'origine des émeutes de février 1934 - l'importance stratégique de sa mission au Proche-Orient, le contexte historique, tout concourait à auréoler de mystère cette catastrophe aérienne. Alors qu'en est-il vraiment ? A-t-on voulu se débarrasser du nouveau Haut-commissaire en Syrie ? Ou son avion, un appareil civil aux couleurs d'Air France, a-t-il été abattu par erreur ?Il y a quelques semaines, pensant à l'anniversaire proche de cette affaire - la disparition de l'avion a eu lieu le 27 novembre 1940 - j'ai posé la question à Monsieur X. Il m'a avoué tout de suite n'avoir pas de lumière particulière. Mais il m'a promis de se renseigner. A l'époque, en effet, il avait gagné Londres. Londres où, justement, se trouvait peut-être le secret de cette histoire.Sat, 25 Nov 2000 13:15:00OsirakIl porte - ou plutôt il portait - un nom de dieu : Osirak ! La contraction d'Osiris, le grand dieu de la mythologie égyptienne et d'Irak ! Oui, l'Irak de Saddam Hussein ! J'ajoute que, très irrévérencieusement, les Israéliens l'ont aussi appelé " Ô-Chirac ", tant il semble acquis que ce réacteur nucléaire irakien doit beaucoup à notre actuel président de la République...Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite !Mon interlocuteur a récemment évoqué, à propos de la mystérieuse affaire du supercanon irakien, la volonté de Saddam Hussein de se doter d'un redoutable arsenal militaire... N'oublions pas, qu'avant le déclenchement de la guerre du Golfe, en 1990, les médias occidentaux présentaient volontiers l'armée irakienne comme la cinquième du monde ! Mais il faut faire naturellement la part de la propagande et de la désinformation. En tout cas, c'est vrai, le dictateur irakien avait accumulé un stock impressionnant d'armes balistiques, chimiques et bactériologiques... Et peut-être même nucléaires. La question du démantèlement de cet arsenal, déjà partiellement effectué par les inspecteurs de l'ONU, est au coeur de l'embargo qui frappe toujours l'Irak depuis 10 ans et maintient ce pays dans une misère extrême sans d'ailleurs entamer le moins du monde le pouvoir absolu de Saddam Hussein.Osirak, donc. La France a joué un rôle décisif dans la conception et la construction de ce réacteur qui, en principe, devait doter l'Irak d'une industrie nucléaire civile mais qui, à l'évidence, avait comme objectif réel de permettre au dictateur de Bagdad d'accéder à la possession de l'arme atomique.Vous le savez sans doute, Israël a ruiné les efforts de Saddam Hussein en détruisant Osirak avant même que le réacteur ne puisse produire le principe actif de la bombe, c'est à dire du plutonium... Mais l'affaire est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Et, à la lumière des événements récents du Proche-Orient, elle prend une inquiétante actualité ! C'est pourquoi Monsieur X m'a proposé de rouvrir ce dossier et d'y ajouter son lot habituel de révélations...Sat, 02 Dec 2000 13:15:00Les TempliersLes sectes !... Comment en sommes-nous arrivés à en parler ? Je ne sais plus... C'était il y a quelques semaines. Après avoir enregistré un nouvel entretien, nous bavardions, Monsieur X et moi, à bâtons rompus. Et comme j'ironisais à propos de ces dossiers de la scientologie qui dormaient dans les placards des Palais de Justice quand ils ne disparaissaient pas purement et simplement, mon interlocuteur m'a soudain interrompu. "Ne plaisantez pas ! Ces histoires de sectes sont encore plus graves que vous ne le soupçonnez. Et, la plupart du temps, derrière ces affaires apparemment folkloriques, il y a souvent un arrière-plan secret très inquiétant..." Et comme je lui demandais des précisions, il m'a promis d'aborder la question un jour ou l'autre.C'est ainsi qu'au cours de notre rencontre de la semaine, il m'a proposé de me parler des Templiers ! Des nouveaux Templiers, bien sûr... Des Templiers du XX° siècle ! Une nébuleuse d'organisations mystiques qui ont entretenu - ou entretiennent encore - des rapports étranges avec des cercles politiques, des services secrets ou des mouvements subversifs... Des hommes et des organisations impliqués dans de retentissantes affaires comme, par exemple la " tuerie d'Auriol " ou les récents suicides collectifs des membres du Temple solaire. Mais s'agissait-il vraiment de suicides ? Monsieur X a son idée sur toutes ces questions. Son idée et pas mal de révélations !Sat, 16 Dec 2000 13:15:00L'affaire Eugène RousseauMonsieur X avait sa tête des mauvais jours lorsque nous nous sommes vus cette semaine... L'air sombre, l'oeil hargneux, le sourcil frémissant. Pour-quoi ? Parce que, m'a-t-il dit, à l'occasion d'une rencontre avec d'anciens collègues, il venait de se remémorer une étrange histoire d'espionnage, 'l'une des plus belles saloperies qu'il lui ait été donné de connaître dans sa carrière', selon ses propres termes...Alors de quoi s'agit-il ? D'une affaire étonnante étant donné la personnalité de son malheureux héros... Un homme que rien ne destinait à jouer le rôle qu'on lui a attribué malgré lui. Bref un personnage qui n'avait pas la carrure de l'emploi et qui a été écrasé par ce monstre froid qu'est le monde du renseignement.Il s'appelait Eugène Rousseau. Un brave homme d'adjudant, un sous-officier sans histoires et sans ambition qui ne connaissait de l'armée que la poussière et la routine des bureaux et vouait à ses supérieurs une admiration sans bornes et un respect aveugle... Un bon père de famille enfin, sans doute seulement coupable de trop aimer ses enfants.Et pourtant c'est ce sexagénaire, qui, en 1970, a été condamné par la défunte Cour de sûreté de l'Etat à quinze ans de réclusion pour espionnage.Une saloperie, a dit Monsieur X. Peut-être. Car, derrière ce dossier, se profile une autre affaire, une manipulation interne à nos services secrets... Et Monsieur X l'affirme : Eugène Rousseau n'a été qu'un bouc émissaire, la victime d'un impitoyable règlement de comptes qui dépassait de loin sa modeste personne.Sat, 23 Dec 2000 13:15:00GuatémalaLes archives livrent peu à peu leurs secrets... A l'Est, par exemple, la fin de l'URSS a permis que s'entrouvrent quelques temps les fichiers du KGB... Mais les vieilles habitudes ont vite repris le dessus. Et les patrons des nouveaux services secrets ont refermé le couvercle. Au nom de la continuité, sans doute... A l'Ouest, il faut bien le reconnaître, cet effort de transparence est plus méritoire. Sous les coups de boutoir de l'opinion et des chercheurs, la CIA, en particulier, a déclassifié avec l'autorisation du gouvernement américain de nombreuses archives... Des archives plutôt embarrassantes qui jettent une lumière crue sur les activités et les méthodes de l'agence au cours du demi-siècle passé. Ainsi en 1997, un journal, le Baltimore Sun se procure un petit livret très secret au titre anodin : "Manuel de formation pour l'exploitation des ressources humaines". En fait, il s'agit d'un véritable vade-mecum à l'usage des tortionnaires. Un manuel de la torture, écrit en 1983 par des spécialistes de la CIA, et destiné essentiellement aux services de renseignement des pays de l'Amérique centrale, tels le Honduras ou le Guatemala... Le Guatemala, nous allons y revenir longuement avec Monsieur X, car, dit-il, les Etats-Unis y ont inauguré une méthode d'intervention destinée à faire école... Mais, avant d'écouter mon interlocuteur, je ne peux m'empêcher de vous donner quelques extraits de ce manuel de la torture, extraits publiés par le Nouvel Observateur en 1999. Et il y a d'abord ce préambule, monument de cynisme : "Nous ne prônons pas l'utilisation de techniques coercitives mais nous tenons à vous les faire connaître et à vous indiquer les manières efficaces de les pratiquer." Ainsi les spécialistes de la CIA, sans doute nantis d'une longue expérience, écrivent que "la douleur que l'on inflige à un sujet peut accroître sa volonté de résister. En revanche, la douleur qu'il pense s'infliger lui-même a plus de chances de saper ses résistances." Ils préconisent donc d'obliger les suspects à garder une position immobile, debout par exemple, pendant plusieurs heures. Et, si cela ne suffit pas, il faut en revenir aux bonnes vieilles méthodes pour affaiblir le sujet : la chaleur extrême, le froid glacial, le manque de nourriture ou de sommeil... Enfin, la terreur est conseillée : il s'agit de menacer de massacrer la famille du suspect, de violer ses soeurs, etc. Mais, attention, un bon bourreau se doit d'utiliser la terreur avec modération car "si une forte peur peut faire craquer le sujet, une panique prolongée peut plonger celui-ci dans une apathie défensive dont il sera difficile de le sortir..."Ces professeurs de torture ont suscité à coup sûr de nombreuses vocations en Amérique du Sud et en Amérique centrale... Mais le plus étonnant n'est-il pas que l'agence américaine ait osé rendre public un document aussi accablant ?Sat, 30 Dec 2000 13:15:00Ho Chi MinhCes images paraissaient incroyables : un président américain applaudi par une foule de jeunes Vietnamiens enthousiastes et la bannière étoilée flottant dans les rues de Hanoï... 25 ans seulement après la fin d'un conflit qui a fait 3 millions de victimes au Viêt-nam et dont les traces sont encore visibles dans la nature et les chairs des mutilés ou encore des victimes des effets des défoliants, le terrible " agent orange "... 25 ans après une guerre interminable où les États-Unis ont eux-mêmes perdu quelques 60 000 hommes et qui s'est terminée par une formidable humiliation : pour la première fois, la super-puissance occidentale était vaincue, vaincue par un petit peuple dont les moyens militaires étaient dérisoirement disproportionnés !C'était donc il y a quelques semaines lorsque Bill Clinton a effectué un voyage officiel au Viêt-nam. Et on assistait, comme l'a justement écrit Jean Daniel dans Le Nouvel Observateur à une " exceptionnelle accélération de l'Histoire ". Lorsqu'au détour d'une de nos récentes conversations, j'ai abordé ce sujet avec Monsieur X en exprimant mon étonnement devant l'accueil reçu au Viêt-nam par Clinton, mon interlocuteur a souri... Et il m'a dit assez mystérieusement : "Les rapports entre les révolutionnaires Vietnamiens et les Américains ont toujours été assez compliqués. Parfois même très surprenants. Je vous raconterai un jour..." Que voulait-il dire ? J'ai compris qu'il me faudrait, comme d'habitude, être patient. Et cette semaine, enfin, Monsieur X a choisi d'évoquer ce sujet... Et il m'a révélé en particulier que Hô Chi Minh, la légendaire figure du nationalisme vietnamien et l'homme qui a incarné la lutte des pays sous-développés contre les puissances occidentales, avait eu autrefois des rapports avec les services secrets américains ! Mais pourquoi donc celui qui allait devenir l'un des ennemis les plus résolus des États-Unis avait-il d'abord bénéficié du soutien américain ? Dans un instant la réponse de Monsieur X...Sat, 06 Jan 2001 13:15:00L'affaire DelouetteL'affaire a fait scandale au début des années 70... Elle a même considérablement envenimé les relations entre notre pays et les États-Unis. Mais, c'est vrai, il y avait de quoi irriter notre grand allié : car le Français qui s'est fait pincer à son arrivée en Amérique avec plus de quarante kilos d'héroïne semblait être un agent de nos services secrets... Un agent qui aurait agi sur ordre !Notre service de renseignement, le SDECE, a-t-il été mêlé réellement à un trafic de drogue ? Et pour-quoi ? Autant vous le dire tout de suite, l'affaire est complexe et beaucoup plus obscure qu'il n'y paraît. Mais Monsieur X nous a habitués depuis longtemps à démêler l'écheveau de ces dossiers tortueux et à met-tre en lumière les manipulations qu'ils dissimulent...Toutefois, disons-le tout de suite, cette affaire doit être resituée dans le cadre plus vaste des boule-versements qui secouent nos services secrets à la fin des années 60 et au début des années 70... Des boule-versements qui vont se traduire par une véritable purge et l'arrivée à la tête du SDECE d'un quasi-inconnu, Alexandre de Marenches. Un homme qui va tailler sans états d'âme dans la hiérarchie des services et couper pas mal de branches pourries ou prétendues telles... Le SDECE ancienne manière, celui qui, issu de la France Libre, avait traversé les coups tordus de la IV° République et les tentations barbouzardes de la V°, aura vécu. Et, selon Monsieur X, il y perdra de sa su-perbe et certainement de son efficacité. Quinze ans plus tard, ne l'oublions pas, ce sera la lamentable af-faire du Rainbow Warrior...Sat, 13 Jan 2001 13:15:00BiafraOn l'a appelée la " Guerre de la famine " et les images de ce terrible conflit ont frappé durablement les consciences internationales... Pour la première fois, on voyait sur nos écrans de télévision ou à la première page de nos journaux de petits enfants africains aux membres squelettiques, au ventre gonflé, aux yeux trop grands dans leur pauvre visage décharné. C'était à la fin des 60 et les téléspectateurs découvraient un pays inconnu, le Biafra ! Un pays lointain où la guerre provoquait la mort de dizaines de milliers d'enfants... Une guerre où la famine même devenait une arme entre les mains des acteurs du conflit. Enfin, ne l'oublions pas, c'est à l'occasion de ces tragiques événements qu'une poignée de médecins courageux va inventer la notion d'ingérence humanitaire... Les " French Doctors ", comme on va les appeler, allaient désormais être présents et intervenir sur les théâtres d'opérations du monde entier !Pourquoi Monsieur X a-t-il choisi cette semaine de me parler du Biafra ? Parce que la France et ses services spéciaux ont été très impliqués dans cette affaire. Au-delà même de ce qui était raisonnable. Et, dans cette mesure, notre pays porte certainement une lourde responsabilité.Pourtant, le Biafra et l'entité à laquelle il appartient, le Nigeria, ne font pas partie de la sphère d'influence francophone. Alors, au nom de quels intérêts supérieurs, les autorités françaises de l'époque ont-elles décidé d'agir, plus ou moins secrètement ?... Monsieur X croit détenir quelques-uns des mystères de cette guerre qui va faire deux millions de morts...Sat, 20 Jan 2001 13:15:00Aldrich Ames (1/2)Monsieur X a commencé par une question : "Savez-vous, m'a-t-il dit, ce que veut dire l'expression : " Il faut ramener le chat à la maison ! " ?"J'ai avoué mon ignorance... Et Monsieur X, assez content de lui, ma foi, m'a expliqué ce que signifiait cette phrase énigmatique dans le jargon des services... Des services secrets, bien sûr. Il faut ramener le chat à la maison lorsqu'après avoir constaté des fuites importantes dans un système de sécurité, il convient d'identifier au plus vite le maillon défaillant et de s'assurer de la personne du fautif.Dans l'affaire que Monsieur X m'a racontée cette semaine, le chat, Aldrich Ames, a été identifié très tardivement... Et, avant son arrestation, en 1994, il a eu le temps de provoquer des dégâts considérables... Peut-être même s'agit-il de la manoeuvre de pénétration la plus importante qu'ait subie l'un des plus grands services de renseignement au monde, je veux parler de la CIA.Peut-être avez-vous eu connaissance de cette affaire récente qui a fait scandale aux États-Unis, et qui a encore un peu plus ruiné la confiance des Américains dans leurs services secrets... Une confiance déjà mise à mal à la suite de quelques échecs retentissants... Mais, dans le cas de Aldrich Ames, on atteignait des sommets : car cet agent qui travaillait pour le KGB puis pour le SVR, le service qui lui a succédé après l'effondrement de l'URSS, n'était autre que le chef du contre-espionnage au sein de la CIA. Bref, l'homme chargé de traquer les taupes était lui-même une taupe !Ames a donc été démasqué. Il a avoué et il a été condamné à la prison à vie. Affaire classée ? Non, dit Monsieur X... Ce dossier n'a pas livré tous ses secrets. Pourquoi ? Parce que la CIA désirait malgré tout faire bonne figure malgré sa déconfiture, parce qu'elle ne voulait pas que l'opinion mesure exactement l'état des dégâts provoqués par cette taupe exceptionnelle ? Peut-être... Mais s'il y avait autre chose ? D'encore plus inavouable !L'histoire est donc complexe, truffée de retournements, de manipulations, de manoeuvres obscures, de trahisons... Et en écoutant Monsieur X, j'ai vraiment eu l'impression de me trouver dans l'univers de John Le Carré. Je vous propose aujourd'hui la première partie de long entretien que mon interlocuteur m'a accordé.Sat, 27 Jan 2001 13:15:00Aldrich Ames (2/2)"Le plus grand désastre de l'histoire de la défense nationale !" Ainsi titrent les journaux américains après l'arrestation en 1994 de l'espion Aldrich Ames, une taupe introduite à la CIA et qui travaillait pour les Soviétiques puis pour les Russes depuis de nombreuses années...La semaine passée, dans la première partie de l'entretien que Monsieur X m'a accordé, nous avons passé en revue toutes les invraisemblances de cette affaire... Ou plutôt de la version officielle de cette affaire, telle qu'elle a été livrée au public par la CIA et le FBI... Et même par Aldrich Ames en personne. Puisque de sa cellule - je rappelle qu'il a été condamné à la prison à vie - l'espion a accordé des interviews. Sous la surveillance d'un agent de la CIA, quand même ! Prisonnier, Ames demeure sous contrôle de l'agence ! A-t-on peur qu'il dise sa vérité ? Une vérité qui risquerait d'embarrasser les responsables de la CIA, selon Mon-sieur X !Alors, avant de diffuser la suite de cet entretien, je résume... En 1983, Aldrich Ames, fonctionnaire subalterne de la CIA, alcoolique et paresseux, est soudain propulsé à la tête du département de contre-espionnage de la CIA... C'est un des postes les plus sensibles de l'agence. Pourquoi ? Parce les chasseurs de taupe, pour être efficaces, doivent tout savoir et avoir accès à tous les fichiers ! On peut donc légitimement s'interroger sur la promotion inespérée d'Aldrich Ames... Monsieur X a son idée. J'y reviens tout de suite...En 1985, le chasseur de taupes devient une taupe à son tour... A court d'argent, il se rend à l'ambassade soviétique de Washington et il offre ses services... Contre des millions de dollars, il trahit et dénonce plusieurs espions américains qui opèrent en URSS. Les dégâts sont inestimables pour la CIA... Plus surpre-nant encore, malgré ses négligences, ses imprudences, Ames, qui fait partie des suspects possibles, passe à travers les mailles du filet. Et il ne sera donc démasqué et arrêté en 1994. On trouvera chez lui des preuves accablantes de sa trahison !Voilà donc la version officielle. La partie visible de l'iceberg, en somme ! Mais l'affaire dissimule bien d'autres secrets. Et le premier d'entre eux, c'est bien sûr l'explication de la nomination-surprise de l'espion à la tête du contre-espionnage de la CIA... La semaine passée, Monsieur X m'a donné deux pistes. D'après lui, il travaillait pour le KGB bien avant 1985 et les So-viétiques, en lui livrant des informations de première main, lui ont permis de briller auprès de ses supé-rieurs, et d'accéder à ce poste convoité. Deuxième explication, nullement contradictoire avec la première : Ames était protégé au sein de la CIA. C'est pourquoi il ne s'est fait pincer qu'en 1994.Mais, même ces explications ne résolvent pas toutes les questions que pose cette affaire mystérieuse...Sat, 03 Feb 2001 13:15:00L'AngolaDepuis quelques semaines, les affaires angolaises sont à la une... Et l'on semble découvrir un monde glauque où s'entrecroisent hommes politiques et trafiquants de haute volée, où la moindre commission se calcule en millions de dollars, où la guerre est une industrie comme une autre... Je dis bien que l'on semble découvrir car nul n'a jamais douté que l'Afrique était un terrain de chasse privilégié pour les aigrefins de toute nature et les réseaux de toute obédience... Et nous, Français, sommes bien sûr particulièrement concernés en raison des liens intimes et trop souvent obscurs que nous avons noués avec ce continent depuis les temps lointains de la colonisation.Il était donc tentant de demander à Monsieur X ce qu'il pensait de ces affaires puisque les services secrets y ont joué - et y jouent encore - un rôle important. Mais, d'abord, une observation : l'Angola est une ancienne colonie portugaise et pourtant la France est impliquée depuis vingt-cinq ans dans le conflit qui déchire ce pays de façon quasi ininterrompue. Un conflit qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et qui a provoqué la ruine de l'Angola, alors même qu'il s'agit de l'un des pays potentiellement le plus riche du continent grâce à ses ressources naturelles... Mais à l'évidence, c'est paradoxalement cette richesse qui est la cause de ce désastre... Une richesse qui a attiré toutes les convoitises et qui explique qu'aujourd'hui, un quart de siècle après l'indépendance, l'Angola est toujours victime d'une guerre civile impitoyable, attisée par les marchands d'armes et les grandes puissances économiques...Sat, 10 Feb 2001 13:15:00Les espions d'ArianeAriane, la fusée Ariane, ne nous étonne plus... Avec une régularité de métronome, qu'elle porte le numéro 4 ou le numéro 5, elle plante dans le ciel, mois après mois, des satellites de plus en plus lourds, de plus en plus sophistiqués... Mais doit-on pour autant oublier le temps des échecs et des incertitudes ? Le temps des soupçons aussi ! Si Ariane explosait en vol, n'était-ce pas parce qu'elle avait été sabotée ? Et les regards de se tourner naturellement vers les Américains et les Soviétiques à qui notre fusée européenne risquait de tailler des croupières... Ce qui est effectivement le cas aujourd'hui, puisque le lanceur européen est toujours le plus sûr et le plus demandé.Plus sérieusement, il est vrai que la fusée Ariane, depuis ses débuts chaotiques jusqu'à ses succès actuels a attiré la curiosité de pas mal de services étrangers... Et le contre-espionnage français en particulier a monté une garde sévère autour des différents pôles où l'on concevait et construisait Ariane. Ce qui a permis de déjouer plusieurs tentatives d'espionnage et de vols de technologie... Et sans doute vous souvenez-vous d'une affaire qui a éclaté de façon très spectaculaire en 1987... La DST annonçait triomphalement qu'elle venait de découvrir dans la région rouennaise un réseau d'espions à la solde de Moscou. Les " espions d'Ariane ", comme on les a tout de suite ap-pelés, s'intéressaient aux secrets du moteur du troisième étage de la fusée... Un moteur cryogénique, un bijou de technologie mis au point dans les laboratoires de la Société européenne de propulsion à Vernon...L'affaire a fait grand bruit. Des diplomates soviétiques, accusés d'avoir mis en place ce réseau, ont été priés de regagner leur pays. Et Moscou, irrité, a répli-qué en expulsant le même nombre de diplomates français en poste en URSS... Il faut aussi ajouter que cette affaire a été rendue publique peu de temps avant une importante visite du Premier ministre Jacques Chirac à Moscou. Et, un temps, on a pensé que cette visite allait être annulée...Pourtant, l'affaire va se dégonfler progressive-ment. Les espions, ou ceux qui étaient réputés tels, vont peu à peu recouvrer la liberté... Et on n'en parlera plus. Alors que s'est-il passé en réalité ? Que dissimulait cette affaire ? Bref, les espions d'Ariane étaient-ils vraiment des espions ? Ou ont-ils été victimes d'une machination ? Monsieur X a son idée...Sat, 24 Feb 2001 13:15:00Sekou Touré" À complot permanent, terreur permanente ! " Cette formule, qui aurait pu être prononcée par Staline, était, semble-t-il l'une des maximes favorites d'un étrange leader africain, Sékou Touré... Pourquoi " étrange " ? Parce que le premier chef d'Etat de la Guinée, mort en 1984, est apparemment devenu un tyran sanguinaire dès qu'il est arrivé au pouvoir. Cet syndicaliste et député de l'Union française, pétri de valeurs républicaines, a donc changé radicalement et il a exercé pendant presque un quart de siècle une dictature sanglante sur son pays... Un pays qu'il disait menacé en permanence par des complots fomentés de l'étranger... Des complots dont l'existence justifiait, selon lui, la terreur qu'il faisait régner sur ses concitoyens...Qu'en était-il en réalité ?Monsieur X, il n'y a pas si longtemps, en me racontant les secrets de la tragédie biafraise, a mis en lumière le rôle de la politique occulte de la France en Afrique... C'est pourquoi je lui ai demandé à la fin de cet entretien s'il existait d'autres exemples aussi tristement spectaculaires... Il m'a répondu cette semaine. Et il m'a dit d'emblée : " En Guinée, nous avons fabriqué un dictateur ! Par conséquent, nous portons aussi la responsabilité d'une partie de ses crimes ! " Monsieur X voulait donc parler du dirigeant guinéen Sékou Touré... L'homme qui a dit non au général de Gaulle !Sat, 03 Mar 2001 13:15:00Joachim Peiper (1/2)Un homme peut-il en cacher un autre ? La question a donné matière à maintes intrigues policières. Et elle continuera longtemps d'inspirer romanciers et scénaristes, tant elle offre un champ inépuisable d'histoires... D'histoires inventées ou d'histoires vraies. Il suffit de parcourir la page des faits divers de nos journaux... Et un cadavre ? Là encore, la fiction a parfois été rattrapée par la réalité. En 1987, un certain Yves Dandonneau trouve la mort dans un accident de voiture... Sa voiture a pris feu. Dandonneau n'est plus qu'un cadavre carbonisé. Sa concubine s'apprête à toucher les primes des assurances vie que le défunt à souscrites peu de temps avant sa mort. Mais, un inspecteur d'assurance particulièrement soupçonneux décide d'enquêter. Et il finit par découvrir le pot aux roses grâce, entre autre, à l'examen d'un minuscule morceau de dent : le cadavre retrouvé dans l'auto n'est pas celui de Dandonneau... Celui-ci a placé le corps d'un SDF préalablement drogué dans le véhicule. Puis il a orchestré la mise en scène de l'accident... Dandonneau, qui a subi plusieurs opérations de chirurgie esthétique, vit sous une nouvelle identité. Il sera retrouvé, arrêté et condamné... Il n'avait pas fait preuve d'une grande imagination pour préparer son forfait... Il avait simplement lu "Assurance sur la mort", l'ouvrage de James Cain, un auteur américain de romans noirs.Pourquoi ce long prologue ? Parce que, moi aussi, en écoutant Monsieur X, cette semaine, j'ai souvent pensé à l'histoire de Dandonneau et au roman policier de James Cain... Mais, ce n'est pas un simple fait divers des années 70 qu'il m'a longuement raconté... Autour de l'affaire Peiper rôdent en effet d'étranges et redoutables ombres. Et le terrible souvenir de massacres commis pendant la seconde guerre mondiale !Sat, 10 Mar 2001 13:15:00Joachim Peiper (2/2)Une maison calcinée et, au milieu des décombres encore fumants, un cadavre racorni... Difficilement identifiable. Surtout à une époque, 1976, où l'on ne pratique pas encore les tests génétiques... Alors ce cadavre est-il vraiment celui de l'occupant des lieux ? Joachim Peiper, un colonel SS condamné à mort après la guerre et qui a trouvé refuge en France, près de Vesoul ! Le justice française, après pas mal d'hésitations, finira par conclure que le corps est sans doute celui de Peiper... Sans doute... Mais on ne pourra jamais le prouver : la dépouille, rendue à la famille, a été incinérée.La semaine passée, dans la diffusion de la première partie de ce long entretien consacré à cette mystérieuse affaire, Monsieur X a retracé la carrière sanglante de ce SS... Une bête de guerre couverte de cicatrices. Mais aussi un officier responsable de nombreuses exactions... En 1943, en Italie, il fait brûler une petite ville et fusiller ses habitants... Il récidive en Ukraine sur le Front de l'Est. Ses exploits militaires sont trop souvent accompagnés de massacres de civils. Et puis il y a ses étranges séjours à Dachau, camp de concentration et centre d'entraînement des SS. Peiper y fera allusion au cours de son procès et reconnaîtra qu'il a assisté à des expérimentations de gazage sur des prisonniers.Enfin il faut parler de l'affaire de Malmédy, celle pour laquelle il sera condamné à mort. Car, cette fois-ci, Peiper n'a pas exécuté des civils anonymes mais des prisonniers de guerre américains ! Plusieurs dizaines de soldats abattus dans les Ardennes au mépris de toutes les lois de la guerre. L'affaire fait grand bruit aux États-Unis. Et dès la fin du conflit, Peiper est arrêté, jugé et donc condamné à mort en 1946.Mais, alors que l'alliance entre les vainqueurs se fissure et que la Guerre froide commence à figer le monde, une campagne en faveur de Peiper se dessine... Le colonel SS n'aurait pas été jugé équitablement... Il aurait même subi des sévices au cours des interrogatoires... Cette campagne est en particulier menée par le sénateur McCarthy qui va bientôt s'illustrer dans la chasse aux Sorcières... La condamnation à mort de Peiper est commuée. Et en 1956, il est libéré. Sa seconde vie commence. Elle n'est pas moins mystérieuse et trouble que la première...Sat, 17 Mar 2001 13:15:00Les ContrasÀ Washington, les Républicains sont de retour. Une nouvelle équipe s'est installée aux commandes... Enfin, quand je dis " nouvelle ", ce n'est pas tout à fait exact. Car on retrouve au côté de Bush junior, quelques poids lourds de l'équipe Bush senior. Et même des hommes qui ont travaillé avec Ronald Reagan dans les années 80...C'est pourquoi, à l'occasion de l'arrivée à la Maison Blanche de George W. Bush, j'ai demandé à Mon-sieur X d'honorer une promesse qu'il m'avait faite l'an passé, je crois... Il avait alors évoqué le destin extra-ordinaire d'Eden Pastora, celui qu'on a appelé le "Commandant Zéro ", un guérillero nicaraguayen qui a contribué à chasser le régime corrompu et tyrannique de Somoza, avant de tourner casaque et de rejoindre la contre-révolution... Et en terminant cette évocation, mon interlocuteur m'avait justement promis de me parler un jour des Contras, c'est dire des contre-révolutionnaires nicaraguayens soutenus, armés et financés clandestinement par les États-Unis et l'administration Reagan ! L'affaire avait fait scandale et terni les dernières années de la présidence Reagan. D'autant qu'une autre affaire se dissimulait derrière celle des Contras : l'Irangate, la fourniture, toute aussi clandestine d'armes, à l'ayatollah Khomeiny.Autant le dire tout de suite, le président américain est passé à travers les gouttes et n'a fait l'objet d'aucune inculpation. Et les hommes qui ont été mêlés à ces deux affaires ont été ensuite pardonnés par le successeur de Ronald Reagan, c'est à dire George Bush. Le père du président actuel. Pourtant, les faits étaient autrement plus graves que les galipettes de Bill Clinton avec Monica Lewinsky ! Plus graves aussi que le scandale du Watergate qui a entraîné la chute du président Nixon.Mais, prétend Monsieur X, la vérité n'a pas encore été réellement faite sur ces deux affaires... Il nous en donne la preuve au cours de ce long entretien dont la première partie est d'abord consacrée aux Contras.Sat, 31 Mar 2001 13:15:00L'irangateLe trafic de drogue aurait permis de financer les contre-révolutionnaires du Nicaragua, ceux qu'on a appelés les Contras. Et c'est la CIA, en plein accord avec la Maison Blanche, qui aurait couvert ce trafic. C'était une des révélations - et pas la moindre - de Monsieur X dans la première partie de notre entretien diffusé la semaine passée, entretien consacré aux années Reagan et aux deux scandales qui ont terni sa présidence...Résumons à grands traits... Dès son arrivée à la Maison Blanche en janvier 1981, Ronald Reagan suspend toute aide économique et humanitaire au Nicaragua où les révolutionnaires sandinistes viennent de chasser le dictateur Somoza. Mais pour le président américain, dont la campagne électorale a été financée par les milieux les plus conservateurs, ce n'est pas assez : résolument anticommuniste, et parfois jusqu'à l'obsession, il veut débarrasser l'Amérique centrale de ces Sandinistes qu'il accuse de faire le jeu de Moscou. Et il est prêt à tout pour réaliser son objectif. Y compris à mentir au Congrès, hostile à toute intervention américaine extérieure... La CIA aide donc clandestinement les Contras... Et lorsque le Congrès, scandalisé, apprendra que les services secrets américains ont, en toute illégalité, miné les ports nicaraguayens afin d'asphyxier le pays, Reagan et ses conseillers feront appel à des pays amis et à l'aide privée pour financer les activités des Contras. À l'aide privée mais aussi, selon Monsieur X, à l'argent de la drogue... Les avions de la CIA, qui transportaient des armes destinées aux contre-révolutionnaires, repartaient avec des chargements de cocaïne destinée au marché nord-américain.Et puis, il y a l'Irangate... Une affaire particulièrement tortueuse dont le but était tout autant d'obtenir la libération des otages américains détenus au Liban que de financer les achats d'armes des Contras... Mais, dans cette affaire, les États-Unis et le président Reagan ne sont-ils pas tombés dans un piège ?Sat, 07 Apr 2001 13:15:00Le putsh d'Alger et La C.I.A.De Gaulle était la bête noire des Américains, on le sait... Même s'il faut nuancer cette affirmation. En de grandes occasions, comme par exemple lors de la crise des fusées de Cuba, le général a choisi clairement son camp et les États-Unis ont su le reconnaître. Mais, c'est vrai, de Gaulle n'a cessé d'agacer les Américains et de provoquer leur incompréhension sinon leur franche hostilité. Sa méfiance vis-à-vis des blocs et des idéologies, son indépendance sourcilleuse, son désir de doter la France de l'arme atomique, ne pouvaient qu'exacerber la tension entre nos deux pays.Et, récemment, un journaliste du Nouvel Observateur, Vincent Jauvert a même pu faire paraître un livre intitulé tout simplement "L'Amérique contre de Gaulle." Nous en reparlerons.Il était donc tentant de voir de façon plus précise ce que les Américains ont réellement tenté pour embarrasser cet allié encombrant. Pour l'embarrasser ou peut-être même l'éliminer !Et Monsieur X, lors de notre rencontre hebdomadaire, m'a proposé de répondre à une question qui n'a toujours pas reçu de réponse convaincante : en 1961, les généraux putschistes d'Alger, ce quarteron de généraux comme disait de Gaulle avec mépris, ont-ils été oui ou non encouragés par Washington ? Encouragés et soutenus !L'histoire est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Et elle dissimule encore bien des obscurités.Sat, 14 Apr 2001 13:15:00L'affaire L.Histoire d'amour ou affaire d'Etat ? Le 27 octobre 1979, un Français d'origine guyano-indochinoise, Robert Luong, est abattu de deux balles dans la tête par des tueurs devant son domicile à Villeneuve-sur-Lot... Un assassinat commis de toute évidence par des éxécuteurs professionnels. Mais qui pouvait en vouloir à ce modeste peintre-décorateur ?L'enquête démontre très rapidement qu'il faut regarder en direction de l'Afrique... En effet, Luong y a récemment séjourné. Et, à cette occasion, il aurait noué une idylle avec l'épouse d'un chef d'Etat particulièrement susceptible et jaloux... Ce président s'est-il vengé de l'homme responsable de son infortune con-jugale ? C'est la première idée qui vient à l'esprit des enquêteurs qui cherchent à identifier les tueurs et leurs complices afin de remonter jusqu'au commanditaire... Mais la Justice ne semble guère décidée à suivre. C'est si vrai que huit mois seulement après l'assassinat de Luong, le juge d'instruction chargé de l'affaire rend une ordonnance de non-lieu. Manifeste-ment, le pouvoir politique, qui tient encore ses magistrats, n'a pas très envie qu'on découvre la vérité... Une vérité particulièrement embarrassante pour les autorités : des services de police ont dissimulé sur ordre des documents importants et des officines parallèles ont été mêlées à l'affaire. Bref, il flotte au-dessus de ce dossier une forte odeur barbouzarde... Et, en cher-chant bien, on peut même y respirer quelques relents de pétrole... C'est en tout cas ce que pense Monsieur X qui, décidément, connaît bien les affaires africaines...Sat, 21 Apr 2001 13:15:00La taupeDes bombes et la peur ! Une peur panique car les terroristes frappent toujours dans des endroits sur-peuplés. Car ils veulent tuer ! Le plus de monde possible ! Le bilan de leur dernier attentat, le 17 septembre 1986, est terrible : à Paris, rue de Rennes, dans le magasin Tati, sept personnes trouvent la mort et 55 autres sont blessées.Tout a commencé le 7 décembre 85 par un double attentat au Printemps et aux Galeries Lafayette. Le caractère artisanal des bombes fait penser à l'acte d'un déséquilibré... L'an passé, déjà, un homme s'était attaqué au BHV lors des fêtes de Noël. Mais dès le début du mois de février de la nouvelle année, une bombe éclate avenue des Champs-Élysées dans la galerie marchande du Claridge. Ce même jour, un engin explosif est désamorcé au troisième étage de la Tour Eiffel. Le lendemain, c'est la clientèle de la librairie Gibert, place Saint-Michel à Paris, qui est frappée. Puis le Forum des Halles et le TGV Paris-Lyon... Tous ces atten-tats sont revendiqués par un mystérieux CSPPA, le Comité de Solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient, un mouvement encore inconnu qui réclame la libération de l'Iranien Anis Naccache, de l'Arménien Varadjian Garbidjan et du Libanais Georges Ibrahim Abdallah.A chaque fois, c'est un explosif très puissant, le C4, qui a été utilisé. Un explosif qui a déjà servi au Liban, en particulier dans un attentat contre l'ambassade de France à Beyrouth... Les enquêteurs pensent que le CSPPA est un mouvement fantôme qui dissimule les activités du Djihad islamique animé par des Musulmans chiites inspirés par Téhéran. C'est pourquoi, à la mi-mars, à la veille des élections législatives qui verront la victoire de Jacques Chirac, le juge Marsaud ordonne une rafle dans les milieux intégristes chiites. Plusieurs dizaines de militants sont interpellés mais, faute de preuves, ils devront être relâchés. D'autres sont expulsés. On apprendra plus tard que se trouvaient parmi tous ces hommes les membres du réseau terroriste qui a ensanglanté la capitale.Jacques Chirac à peine nommé Premier ministre, les attentats recommencent, toujours revendiqués par le CSPPA. Puis c'est le calme. Le gouvernement, qui a entamé des négociations secrètes avec l'Iran dans le but d'obtenir la libération des otages français au Liban, pense en avoir fini avec le terrorisme. Mais en septembre 1986, une nouvelle vague d'attentats sème la terreur dans Paris. Ils sont à nouveau revendiqués par le CSPPA. Cette fois, on envisage la piste libanaise et on accuse le clan Abdallah qui aurait tué pour se venger des autorités françaises... En effet, Georges Ibrahim Abdallah se trouve toujours sous les verrous. Or, aux termes d'une négociation qui a permis la libération du Français Gilbert Peyrolles, il aurait dû être libéré...Cette hypothèse sera privilégiée par les enquêteurs jusqu'au jour où, en mars 1987, grâce à la dénonciation d'une taupe, les véritables auteurs de ces attentats seront arrêtés... Tous sont des Chiites, tous sont liés au Hezbollah, un mouvement très proche de l'Iran de Khomeiny et qui est également le responsable des prises d'otages occidentaux au Liban...Une taupe, donc, a permis ce succès. Une taupe qui sera escamotée par le contre-espionnage français... Une taupe qui met clairement en cause les autorités iraniennes... Mais dans quelles conditions cet homme, d'origine tunisienne, a-t-il trahi ses amis terroristes ? Une partie du mystère demeure. Monsieur X se propose de dissiper quelques-unes des obscurités de ce dossier... Et en particulier celle-ci : la taupe était-elle vraiment une taupe ?Fri, 27 Apr 2001 13:15:00La bombe APar dérision, on l'a appelée la " bombinette " ! La bombe du général de Gaulle ! La bombe atomique française... Cette arme nucléaire que le président français voulait voir expérimenter au plus vite afin que notre pays rejoigne le club très fermé des puissances nucléaires et affiche ainsi spectaculairement son indépendance... Et effectivement, le premier tir est effectué dès le mois de février 1960, c'est à dire tout juste un peu plus d'un an et demi après le retour au pouvoir du général... Succès français, succès gaulliste ! Mais la vérité oblige à dire qu'en cette matière comme dans d'autres, la V° République récolte les fruits que d'autres ont cultivés... C'est en effet Pierre Mendès-France qui, dès 1954, a impulsé les premiers travaux sur la bombe atomique française. Et c'est un autre président du Conseil de la IV° République, Félix Gaillard, qui a pris les mesures nécessaires pour que les premières expérimentations aient lieu au premier trimestre de l'année 1960...Mais il reste que la paternité de la bombinette est attribuée au général et qu'elle symbolise le retour de la France dans la cour des Grands après des années d'effacement et d'instabilité politique. Alors, pourquoi ce terme moqueur ? Parce que cette première bombe A est d'une puissance relativement faible et que, surtout, elle explose à un moment où les autres nations nucléaires, c'est à dire les États-Unis, l'URSS et la Grande-Bretagne, sont déjà dotées de l'arme thermonucléaire, la bombe H ! Une technologie que les savants français ne possèdent pas encore et qu'ils mettront des années à maîtriser...Alors que Washington, sous l'impulsion de George Bush, semble vouloir relancer la course aux armements, et qu'on parle d'un climat de guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie, Monsieur X m'a proposé de revenir sur l'histoire de la bombe française. Une aventure scientifique ponctuée de coups de théâtre et de machinations diverses orchestrées par les services secrets.Fri, 04 May 2001 13:15:00La bombe HLa bombe A, la bombinette comme disaient les adversaires du général de Gaulle. La semaine passée, Monsieur X a raconté la naissance de notre arme nucléaire... Une naissance difficile et parfois tumultueuse... Ainsi, la quatrième bombe expérimentale, " Gerboise verte ", avant d'être tirée dans le désert du Sahara, a failli tomber entre les mains des généraux putschistes d'Alger en avril 1961 !Cette bombe devenue enfin opérationnelle est devenue un instrument politique et diplomatique pour le chef de l'Etat. La France accédait au club très fermé des puissances nucléaires et pouvait y faire entendre sa voix. Et, résolue à infléchir les relations Est-Ouest, elle ne tardera pas à prendre ses distances avec l'OTAN.C'est donc en 1960 que la première bombe A est expérimentée. Mais il s'agit d'une bombe atomique classique. Les autres, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS, ont franchi un pas supplémentaire. Un pas de géant. Ces trois nations ont déjà percé les secrets du thermonucléaire et leurs armées sont dotées de bombe H. Des armes d'une puissance terrifiante. La plus grosse bombe H jamais expérimentée par l'homme était quatre mille fois plus puissante que la bombe A qui a détruit Hiroshima.Après le tir de cette première bombe A, on pense donc que les savants français vont sans tarder s'atteler à la conception et à la fabrication d'un engin thermonucléaire... Américains, Soviétiques et Britanniques n'ont mis que quelques années pour passer d'une technologie à l'autre. Mais, curieusement, les chercheurs français traînent... Et à l'Élysée, le général de Gaulle s'impatiente. Bientôt, il tapera même du poing sur la table. Alors pourquoi ce retard ? C'est l'une des questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre. Mais il en est une autre, encore plus passionnante : quel a été le rôle des hommes de l'ombre dans cette affaire ?Fri, 11 May 2001 13:15:00La garantie foncièreLes affaires ! Elles sont le pain quotidien de notre actualité, elles alimentent le soupçon qui pèse sur l'honnêteté de notre personnel politique, elles empoisonnent les relations entre les citoyens et leurs élus...Mais cette irruption intempestive des affaires dans la vie publique est-elle nouvelle ?" Tous pourris ! " criaient déjà les ligueurs d'extrême droite dans les années 30. Et la courte histoire de la IV° République, nous l'avons souvent évoqué ici-même avec Monsieur X, a été émaillée de scandales financiers et de complots. Et, un peu plus tard, alors que le général de Gaulle venait de quitter le pouvoir, on a même pu parler de gaullisme immobilier... C'était, paraît-il, pour reprendre la féroce expression de Michel Poniatowski, le temps " des copains et des coquins " !Bref, rien de nouveau sous le soleil !Et c'est pourquoi j'ai eu envie de demander à Monsieur X de revenir sur cette période pas si lointaine qui annonçait peut-être ce à quoi nous assistons aujourd'hui, c'est à dire les liaisons dangereuses entre l'argent et la politique. Mais, à l'époque, les juges n'avaient pas encore conquis leur indépendance et dans nombre de dossiers, la lumière n'a pas été faite. Surtout lorsque se profilait derrière ces affaires l'ombre des services secrets...Fri, 25 May 2001 13:15:00L'expulsion des Palestiniens (1/2)Le sujet est douloureux et polémique. Et il est en pleine actualité ! Récemment encore, il a été au coeur des négociations entre Israéliens et Palestiniens, entre Barak et Arafat... Des négociations qui ont échoué justement parce que cette question n'a pas été résolue... Je veux parler bien sûr du dossier des réfugiés ! Des réfugiés palestiniens, ces centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont abandonné leurs maisons et leurs terres lors de la création de l'Etat d'Israël.Pour les Palestiniens, tout accord de paix doit englober le droit au retour de ces réfugiés. Pour les Israéliens, il n'en est pas question. Et d'abord parce que ce retour accroîtrait exagérément le nombre des Palestiniens qui vivent déjà en Israël et qui sont donc citoyens israéliens.Mais derrière ce sujet épineux, il y a les conditions dans lesquelles ces réfugiés ont quitté leur pays. C'est là où commence la polémique ! La thèse israélienne est bien connue : les Arabes sont partis à l'appel des autorités palestiniennes et des pays qui étaient alors en guerre avec Israël. L'Etat hébreu n'a donc aucune responsabilité dans leur départ. Pour les Palestiniens, il en va tout autrement : en réalité, la population arabe a été chassée par l'armée israélienne ! La justice commande donc que ces hommes, ces femmes et leur descendance puissent revenir chez eux... Le droit au retour est légitime !La question est donc très sensible. En Israël même, des voix se sont élevées pour que la version officielle du départ des réfugiés soit enfin révisée... Ceux qu'on a appelés là-bas, les " nouveaux historiens " ont exigé que l'Etat hébreu assume ses responsabilités et reconnaisse enfin que tout a été fait pour provoquer le départ des autochtones d'origine arabe. Mais le gouvernement israélien campe sur ses positions. Et les archives de 1948 demeurent toujours interdites à ces historiens... Un étudiant israélien a même été attaqué en justice, au mois de décembre dernier, parce qu'il avait rédigé une thèse sur un massacre commis par Tsahal en mai 1948 dans le village arabe de Tantoura.Alors qu'il ne se passe pas une journée sans que des nouvelles alarmantes ne nous parviennent de cette région, alors que la question du Proche Orient empoisonne les relations internationales depuis plus d'un demi-siècle, j'ai demandé à Monsieur X ce qu'il savait de ce dossier sulfureux.Sat, 02 Jun 2001 13:15:00L'expulsion des Palestiniens (2/2)" Le péché originel d'Israël " ! C'est ainsi que certains historiens israéliens, ceux qu'on a appelés les " nouveaux historiens ", ont nommé la question des réfugiés palestiniens... Cet exode massif qui a précédé puis suivi la création de l'Etat hébreu !Mais que s'est-il réellement passé ? Les Palestiniens ont-ils choisi d'eux-mêmes de fuir leurs maisons et leurs terres afin de ne pas vivre dans un Etat juif ? Ou bien ont-ils été sciemment chassés par les sionistes ? Monsieur X, dans la première partie de cet entretien diffusé la semaine passée, rappelait une donnée essentielle : l'Etat juif, tel qu'il était prévu par l'ONU et son plan de partage de la Palestine, aurait compté 45% d'Arabes. Les sionistes pouvaient-ils s'accommoder d'un pays qui n'aurait été juif qu'à moitié ? A l'évidence, non. Toute l'histoire du sionisme le montre. Et, dans l'espoir de conquérir un jour une plus grande partie de la Palestine, Ben Gourion et les siens ont d'abord fait en sorte de torpiller le plan de l'ONU en tentant d'imposer leur propre plan de partage : un partage territorial avec le roi Abdallah de Jordanie conclu au terme d'un accord secret. L'objectif essentiel étant d'empêcher la création d'un Etat arabe en Palestine !Mais il restait la question des populations arabes présentes à l'intérieur des frontières du futur Etat juif. Un chiffre s'impose : en 1949, au terme des guerres israélo-arabes, 800.000 Palestiniens auront pris le chemin de l'exode... Pourquoi ? Et dans quelles conditions ? Cette douloureuse question est toujours au coeur du conflit entre Israël et les Palestiniens. C'est le sujet de ce nouvel entretien avec Monsieur X." Le péché originel d'Israël " est aussi, je le rappelle, le titre d'un ouvrage récent de Dominique Vidal paru aux éditions de l'Atelier... Un livre qui fait justement la synthèse des travaux des nouveaux historiens israéliens.Sat, 09 Jun 2001 13:15:00DiêmAujourd'hui encore, un quart de siècle après, la plaie n'est pas cicatrisée... Et les 53 minutes supplémentaires que Francis Ford Coppola a ajoutées à son Apocalypse Now en témoignent à leur façon : le Viêt-nam hante toujours les esprits américains... Jamais les États-Unis n'avaient mené une aussi longue guerre. Une guerre loin du pays. Une guerre atroce, dans la boue des rizières, dans la touffeur de la jungle. Une sale guerre où des moyens terrifiants ont été utilisés : défoliants, napalm, bombardements massifs... Sans compter les exactions de toutes sortes contre les populations civiles. Et si 50.000 militaires américains ont trouvé la mort là-bas, il ne faut jamais oublier que 2 à 3 millions de Vietnamiens ont perdu la vie au cours de cette interminable guerre...Avec Monsieur X, nous avons eu envie de revenir aux sources de ce conflit dans lesquels les Américains n'ont cessé de s'enliser... Cette guerre-cauchemar sur laquelle ils continuent de s'interroger.Il faut d'abord rappeler - et ce n'est pas le moindre paradoxe de cette histoire - que les Etats-Unis ont d'abord soutenu ces révolutionnaires vietnamiens qu'ils allaient ensuite combattre avant tant d'opiniâtreté. C'est en effet sous Roosevelt que les services secrets américains ont aidé Hô Chi Minh. Par anticolonialisme et avec le dessein clairement exprimé de tout faire pour chasser les Français d'Indochine. Nous en avons parlé ici-même avec Monsieur X...Mais quelques années plus tard, tout change. Mao a pris le pouvoir en Chine et bientôt, ce sera la guerre de Corée... Pour les Américains, le sort du Monde libre se joue dans le sud-est asiatique. Ils vont accepter de participer financièrement et matériellement à l'effort de guerre des Français engagés contre le Viêt-Minh. Et, lorsque nos forces seront acculées dans la cuvette de Dien Bien Phu, on évoquera même de part et d'autre l'utilisation d'une bombe atomique américaine pour mettre fin au conflit...En 1954, courageusement, Pierre Mendès-France signe les accords de Genève. La France va se désengager progressivement. Deux Viêt-nam sont nés. Au nord, les partisans de Hô Chi Minh. Au sud, ceux de Bao Daï. Mais les accords prévoient que des élections, qui devront avoir lieu dans les deux ans, permettront de réunifier le pays. Il n'en sera rien. Les accords de Genève sont à peine signés que les États-Unis se posent en tuteurs du Viêt-nam du Sud promu ainsi que les autres pays concernés par l'OTASE, l'équivalent de l'OTAN pour le sud-est asiatique, comme rempart contre le communisme. Et ce sont les Américains qui de-viennent les plus fervents supporters du Premier ministre Ngo Dinh Diêm, un dirigeant réputé intègre et violemment anticommuniste... Historiquement, c'est donc d'abord le président Eisenhower qui engage l'Amérique au Viêt-nam... Mais c'est son successeur, John Kennedy, qui accentuera cet effort... Et prendra la lourde responsabilité devant l'Histoire de contribuer à rendre irrémédiable cet engagement militaire !Toutefois, les choses ne sont pas aussi simples. Et, en particulier, les conditions dans lesquelles le numéro un, Ngo Dinh Diêm, a fini par être éliminé et assassiné ! Monsieur X a son idée !Sat, 16 Jun 2001 13:15:00Martin Luther KingCet homme était un symbole... Mais est-ce pour cette raison qu'il est mort, assassiné ? Ou bien, cette exécution dissimule-t-elle d'autres secrets ?Il y avait longtemps que je voulais interroger Monsieur X sur ce mystérieux dossier : la mort en avril 1968 du pasteur Martin Luther King, prix Nobel de la paix et inlassable combattant de la lutte contre la ségrégation raciale. Un assassinat qui, il faut le rappeler, précède de deux mois à peine celui de Robert Kennedy...Autant le dire tout de suite : l'affaire n'a jamais été vraiment éclaircie ! Bien sûr, le tueur présumé a été arrêté... Il a même avoué. Mais il s'est aussitôt rétracté. Et depuis, il n'a jamais cessé de protester de son innocence. James Earl Ray, c'est son nom, a en effet toujours prétendu jusqu'à sa mort en prison, en 1998, qu'il avait été manipulé... Qu'on s'était servi de lui ! Bref, Ray n'aurait été qu'un pion dans le grand complot élaboré pour éliminer Martin Luther King...Cette semaine, donc, Monsieur X a accepté de me dire ce qu'il savait de ce dossier où il est tentant de voir l'intervention de la police fédérale américaine et même de certains services secrets... Mais auparavant, ces quelques lignes, un extrait d'un discours célèbre et prophétique de Martin Luther King."Je rêve qu'un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : nous tenons ces vérités pour évidentes que tous les hommes sont créés égaux. Je rêve qu'un jour sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité. Je rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère. Je fais aujourd'hui un rêve !"Cinq ans après avoir tenu ce vibrant discours devant 250.000 personnes réunies au pied du Lincoln Memorial, Martin Luther King tombe sous la balle d'un tueur, au coeur même de ce Sud raciste et réactionnaire toujours hanté par les cagoules du Ku Klux Klan.Sat, 23 Jun 2001 13:15:00CalabresiL'Italie en a-t-elle fini avec ses cauchemars ? A-t-elle décidément tiré un trait sur les " années de plomb " comme on les a appelées... Ces années 70 et le début des années 80 où se sont succédés les atten-tats, les assassinats et les jambisations, c'est à dire ces fusillades où les victimes, journalistes, hommes politiques, industriels étaient visés aux jambes... Sans doute, puisque la péninsule ne connaît plus de vio-lence. Mais, pour autant, l'Italie veut-elle vraiment faire la lumière sur ce qui s'est vraiment passé ?Une récente affaire judiciaire semble montrer que dans l'ombre, certains s'attachent à refouler la découverte de la vérité... Nous allons y revenir avec Mon-sieur X... Oui, une nouvelle fois, mon interlocuteur a choisi de me parler de l'Italie, un pays qu'il connaît bien et que, visiblement, il affectionne.Le 24 janvier de cette année, après de multiples péripéties judiciaires, la Cour d'appel de Venise a confirmé la condamnation à vingt-deux ans de prison de trois hommes, Adriano Sofri, Ovidio Bompressi et Giorgio Pietrostefani... Qui sont-ils ? Ce sont d'anciens gauchistes, membres de l'organisation Lotta Continua. Tous trois ont depuis longtemps rompu avec les idées révolutionnaires de leur jeunesse et se sont brillamment insérés dans la société italienne. Mais en 1988, le passé les rattrape : un repenti, Leonardo Mari-no, les accuse d'avoir perpétré en 1972 l'assassinat d'un policier, le commissaire Calabresi. Tous trois nient. Mais, sur la seule foi des déclarations de Marino, ils sont condamnés. Le jugement est confirmé en appel puis cassé. Au cours d'un nouveau procès, les trois anciens gauchistes sont acquittés. Mais la Cour de cassation annule ce dernier jugement. Un nouveau procès commence. L'épilogue, c'est donc la confirmation de la condamnation à vingt-deux ans de prison par la Cour d'appel de Venise.L'affaire a soulevé une grande émotion en Italie, essentiellement dans les milieux intellectuels qui ont critiqué les méthodes des magistrats et l'acharnement judiciaire dont ils ont fait preuve. Sofri et ses deux amis n'étaient-ils pas des boucs émissaires trop commodes ? N'étaient-ils pas les victimes expiatoires de ces terribles " années de plomb " ? Et surtout, en les condamnant aussi lourdement, vingt-huit ans après les faits, ne voulait-on pas, une fois de plus, oublier à bon compte le passé ou même encore protéger les vrais responsables de l'assassinat du commissaire Calabresi ?Sat, 30 Jun 2001 13:15:00La C.I.A. et l'AfghanistanC'était il y a vingt et un ans, à la fin de 1979... Les blindés de l'URSS envahissaient l'Afghanistan. Comme ils l'avaient fait plus tôt à Prague, en 1968 ou à Buda-pest en 1956. Le panzercommunisme, comme on l'a appelé, se livrait une nouvelle fois à une impression-nante manifestation de force... Des dizaines de mil-liers de soldats soviétiques puissamment armés inves-tissaient ce petit pays de sept millions d'habitants, sous le prétexte de venir en aide à un régime ami miné par une rébellion islamiste. Quatre ans après l'humiliation subie par les Etats-Unis au Vietnam, le camp communiste paraissait plus fort que jamais : en Angola, au Mozambique, au Yémen du Sud, au Nicara-gua, Moscou avançait ses pions... Et à Washington, où l'on vivait la douloureuse crise de l'affaire des otages de Téhéran, on semblait se contenter de compter les points... D'autant que le président américain s'appelait Jimmy Carter et que l'opinion internationale le consi-dérait comme un mou, incapable de résister efficace-ment à la politique agressive et expansionniste de l'URSS.Pourtant, paradoxalement, cette invasion de l'Afghanistan, et l'enlisement progressif de l'Armée rouge, vont marquer le début du déclin de l'empire soviétique. Une décennie plus tard, l'URSS n'existera plus. Pour Moscou, l'Afghanistan a été son Vietnam ! Selon Monsieur X, il ne s'agit nullement d'un hasard. C'est en fait un véritable piège qui a été tendu aux Soviétiques. Un piège dans lequel ils sont tombés et qui a fini par précipiter la fin de l'URSS !Sat, 07 Jul 2001 13:15:00Le colonel B.Un héros peut-il trahir ? Lorsque l'homme comparaît en juillet 1978 devant la Cour de Sûreté de l'Etat, le président lui dit d'emblée : "Il est pénible de demander des comptes à un personnage comme vous avec un tel passé !" Un tel passé, oui ! Le magistrat a raison. Il suffit de citer les décorations de ce héros de la Résistance : officier de la Légion d'Honneur, croix de guerre 39-45... Et pourtant, c'est cet homme-là, le colonel B., qui est accusé d'intelligence avec des agents d'une puissance étrangère et qui aurait gravement nui à la situation politique et militaire de la France.Mais un autre héros se dresse dans le prétoire. C'est le colonel Rémy, l'un des résistants les plus célèbres et les plus courageux... Une figure emblématique, un homme qui n'a jamais caché ses sympathies pour la droite, au contraire de l'accusé, ancien FTP et proche du Parti communiste. Et Rémy tonne, indigné : "Le colonel B. n'a pas pu trahir son pays. Les traîtres, nous avons payé cher d'apprendre à savoir les reconnaître ! Mon ami, lui, appartient à une race d'hommes sans laquelle la France aurait aujourd'hui une autre figure !"Malgré ce prestigieux plaidoyer en sa faveur, le colonel B. sera pourtant condamné à huit ans de réclusion. Et il lui faudra attendre l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République pour être gracié et recouvrer la liberté.Alors, ce héros était-il vraiment coupable d'espionnage ? Ou a-t-il été victime d'une machination ?Sat, 21 Jul 2001 13:15:00Patrice LumumbaUn film, un livre... Et soudain, l'une des figures les plus emblématiques de l'Afrique resurgit devant nous : celle de Patrice Lumumba, symbole des luttes de décolonisation, porte-drapeau d'un continent qui voulait à la fois se débarrasser de la tutelle blanche et lutter contre ses propres démons, à commencer par le tribalisme, le racisme et la division. Quarante ans après l'assassinat de Lumumba, ces questions demeurent tragiquement d'actualité... Y compris dans son propre pays, le Congo, devenu Zaïre puis République démocratique du Congo mais plus que jamais miné par la guerre civile et la corruption, en proie à toutes les convoitises...Un film : il s'agit de l'oeuvre du cinéaste Raoul Peck. Sorti sur les écrans au mois d'octobre, il retrace la vie et la mort de Patrice Lumumba. Un livre : publié au début de l'année en Belgique, il a fait scandale. Son auteur, le sociologue Ludo De Witte, dénonce, preuves et témoignages à l'appui, l'implication de son pays dans l'assassinat du leader congolais. Cet ouvrage a eu un tel retentissement chez nos voisins qu'une commission d'enquête parlementaire s'est emparée de l'affaire et que le gouvernement belge a affirmé vouloir faire toute la lumière sur les responsabilités des autorités de l'époque. Même la monarchie a accepté d'ouvrir ses archives à titre exceptionnel.J'ai donc tout naturellement demandé il y a quelques semaines à Monsieur X s'il disposait d'informations particulières sur ce dossier... Et lors de notre dernière rencontre, il m'a livré ce qu'il savait de cette affaire. Mais avant d'entendre ses révélations, je crois qu'il n'est pas inutile de se replonger un instant dans les archives de l'époque... Et, en passant simplement en revue les gros titres de la presse ocidentale, on se rend tout de suite compte que la personnalité de Lumumba a déchaîné les passions. Les passions et la haine. Quelques exemples édifiants : L'Express titre : 'Le diable, le prophète, et le voleur !' Pour le Daily Telegraph, c'est 'un clown'. 'Un chien' pour le Daily Mail. 'Un sorcier noir' pour Paris-Presse. Et pour d'autres journaux, Lumumba est aussi : 'l'abominable homme des neiges, le yéti, le singe, le macaque, l'étrangleur, l'Africain, le satyre, le sauvage, le primaire, la créature communiste, l'hystérique, le fanatique...' Quant au Guardian britannique, il conclut l'un de ses articles en écrivant : 'Il n'y a pas de quoi rire...'.Non, effectivement, il n'y a pas de quoi rire lorsqu'on évoque le martyr et la mort de ce jeune leader anticolonialiste : Patrice Lumumba n'avait que trente-cinq ans lorsqu'il a été assassiné le 17 janvier 1961 !Sat, 28 Jul 2001 13:15:00L'assassinat d'Olof PalmeIl y a quelques semaines, en faisant des recherches sur Internet sur les réseaux Gladio et la loge italienne P2, j'ai découvert une étrange information : un ancien agent de la CIA, Dick Brenneke, affirmait que l'agence américaine, qui avait télécommandé les activités illicites et criminelles de cette pseudo-loge maçonnique, était aussi impliquée dans l'assassinat du Premier ministre suédois Olof Palme, en février 1986. Un assassinat dont le ou les auteurs n'ont jamais été identifiés ! Malgré une longue et minutieuse enquête policièreIntrigué, j'ai donc demandé à Monsieur X s'il disposait d'informations sur cette affaire qui a bouleversé la Suède... Il m'a promis de faire des recherches. Et cette semaine, enfin, il m'a proposé de me parler de ce dossier. Et, grâce à lui, j'ai pu entrevoir la vérité sur la mort mystérieuse du leader socialiste suédois !Sat, 04 Aug 2001 13:15:00Le super canon de Saddam Hussein"Vous souvenez de Jules Verne ?" m'a demandé Monsieur X, à peine étions-nous installés... "De la Terre à la Lune, en particulier !" Bien sûr que je me souvenais de ce roman... Une de mes premières lectures d'enfant... Pouvait-on oublier les membres du Gun-Club de Baltimore, ce club d'experts en balistique qui ne rêvaient que de construire des canons de plus en plus monstrueux... Des " Anges exterminateurs " qui, selon Jules Verne, étaient par ailleurs les meilleurs fils du monde... Ce sont ces artilleurs qui vont concevoir un formidable canon chargé d'une masse énorme de fulmi-coton, capable de vaincre la gravité terrestre et d'envoyer vers la Lune un projectile habité.Un rêve fou, bien évidemment... Les futurs explorateurs de notre satellite ne s'engouffreront pas dans la gueule béante d'un canon mais dans une capsule au sommet d'une fusée. Il n'empêche, m'a dit Monsieur X, que ce sont peut-être ces chimères qui ont inspiré au XX° siècle un vrai spécialiste en balistique... Un homme qui voulait construire des canons toujours plus longs, toujours plus puissants. Et qui a fini par en mourir !Nous allons revenir longuement sur le destin de cet étrange savant... Mais sachez auparavant que cette affaire très récente a été le prélude d'une des crises internationales majeures de ces dernières années : la crise du Golfe, c'est à dire l'invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein et sa conséquence immédiate : l'opération " Tempête du désert "...Sat, 18 Aug 2001 13:15:00Les espions du GATTOn le sait, aujourd'hui les espions sont des informaticiens, des techniciens installés devant leurs claviers et leur écrans et qui surprennent les secrets des autres grâce aux satellites, au réseau Internet et aux écoutes téléphoniques... Bref, James Bond a vécu et les agents secrets sont devenus des ronds-de-cuir ! D'ailleurs, ne dit-on pas que 95% de l'information drainée par les services de renseignement sont constitués par de l'information ouverte, c'est à dire de l'information qu'on peut simplement recueillir en lisant les revues spécialisées, les documents techniques ou les magazines scientifiques....Sans doute... Mais cette évolution de l'espionnage n'empêche pas aussi de recourir parfois aux bonnes vieilles méthodes. L'histoire exemplaire que m'a contée Monsieur X cette semaine en est l'illustration, même si l'on y rencontre aussi les techniques les plus sophistiquées et si l'enjeu y est d'abord économique. Depuis l'écroulement du monde soviétique et la fin de la Guerre froide - la fin de l'Histoire ont prétendu un peu rapidement certains - ce sont en effet les affaires économiques qui occupent en priorité les services de renseignement. Les affaires économiques, c'est à dire la compétition économique, plus féroce que jamais à l'heure de la mondialisation... Or je lis dans un livre récent, "Contre-espionnage et protection du secret", paru chez Lavauzelle sous la signature de Bertrand Warusfeld, que, d'après des chiffres communiqués par la DST aux Chambres de commerce, la croissance des actes d'espionnage écono-mique est spectaculaire ! En 1993, 153 cas étaient signalés. En 1998, on en comptait plus de 2000 ! Comme l'écrit Bernard Gérard, un ancien directeur de la DST, désormais " les cibles technologiques et économiques s'ajoutent aux cibles traditionnelles militaires... Le cercle des curieux s'élargit. "Les " curieux ", dit aimablement ce spécialiste... Des curieux qui sont parfois, selon Monsieur X, nos meilleurs amis !Sat, 25 Aug 2001 13:15:00Le boeing sud-coréenCe fut l'un des temps forts de la Guerre froide ! J'allais dire la nouvelle guerre froide... Celle qui a été relancée par Ronald Reagan au début des années 80. Ce fut donc l'un de ces moments où le monde entier retient son souffle et où l'on sent que la moindre étincelle risque d'embraser la planète.Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1983, à 3 heures du matin (heure française), un Boeing sud-coréen s'abîme en mer au large de l'île de Sakhaline, entre l'URSS et le Japon, donc. On ne retrouvera aucun des 269 passagers et hommes d'équipage. Un député américain se trouvait à bord.Très vite, selon des sources américaines et japonaises, on apprend que l'avion a été abattu par un missile soviétique alors que, à cause d'une erreur de navigation, il aurait survolé par inadvertance le territoire de l'URSS. La presse et l'opinion occidentales se déchaînent aussitôt. Cette attaque contre un avion civil est un acte barbare, une preuve de plus de la nature impitoyable du régime soviétique et de la brutalité des dirigeants communistes !Moscou, visiblement embarrassé, garde d'abord le silence puis réplique assez maladroitement : l'équipage du Boeing aurait effectué une mission d'espionnage pour le compte des États-Unis. Conclusion : ce sont les Américains qui ont pris délibérément le risque d'envoyer à la mort des passagers d'un avion civil !Autant le dire tout de suite, l'affaire n'a jamais été vraiment éclaircie... Et, alors que, très récemment, une grave affaire d'espionnage aérien vient d'opposer les États-Unis et la Chine, j'ai eu envie de demander à Monsieur X s'il disposait d'informations privilégiées sur ce drame qui a exacerbé la tension entre les deux Super-Grands...Ce qu'il m'a révélé est incroyable. Incroyable et effrayant !Sat, 01 Sep 2001 13:15:00Le cinquième homme (1/2)On les appelés " Les cinq magnifiques "... Par référence au film " The seven magnificent ", " Les sept mercenaires " en français. Pourquoi " Les cinq magnifiques " ? Parce que ces cinq hommes étaient flamboyants, intelligents, cultivés... Parce qu'ils appartenaient à l'élite de la société britannique et qu'ils étaient passés par ses meilleures écoles... Parce que jamais encore une telle brochette d'espions n'avait pu infiltrer les plus hautes instances d'un pays... Et enfin parce que ces espions ont trahi par idéal et qu'ils n'ont jamais accepté d'être rémunérés par ceux pour lesquels ils travaillaient, c'est à dire les Soviétiques...J'ajoute que ces taupes sont apparues sous di-vers masques dans nombre de romans contemporains... Et surtout bien sûr, dans les oeuvres de Graham Greene et John Le Carré, des romanciers qui ont tous les deux été des agents de renseignement avant de faire la carrière littéraire qu'on connaît." Les cinq magnifiques ", donc ! Ou " les cinq de Cambridge " ! Car ils ont tous fréquenté la presti-gieuse université anglaise. Il s'appellent Kim Philby, Donald MacLean, Guy Burgess, Anthony Blunt et John Cairncross, le mystérieux cinquième homme, celui dont le nom n'a été dévoilé que dans les années 90 et dont l'identité a donné lieu aux plus folles hypothèses. Un formidable réseau de cinq hommes qui ont donc été progressivement identifiés au fil des ans mais qui n'ont jamais fait l'objet d'un procès... Trois d'entre eux ont trouvé refuge en URSS avant d'être arrêtés. Quant aux deux autres, curieusement, alors même qu'ils avaient été repérés par le contre-espionnage anglais et qu'ils avaient fini par avouer, ils sont passés à travers les mailles du filet judiciaire. C'est l'un des mystères de cette affaire d'espionnage, la plus importante que la Grande-Bretagne ait jamais connue... Monsieur X se propose de l'éclaircir !Sat, 22 Sep 2001 13:15:00Le cinquième homme (2/2)Ils faisaient si bien leur besogne d'espions qu'ils ont fini par devenir suspects ! Suspects, non pas pour ceux qu'ils espionnaient mais pour les autres, ceux pour lesquels ils travaillaient ! En effet, les informations qu'ils transmettaient étaient si importantes, si nombreuses, qu'on ne pouvait imaginer à Moscou que des espions, aussi haut placés fussent-ils, puissent accumuler autant de matériel... Il était donc tentant de croire que ces prodigieux espions étaient en fait des agents doubles chargés d'intoxiquer le Kremlin. Et c'est ainsi qu'au beau milieu du deuxième conflit mondial, alors que ceux qu'on appelait " les 5 magnifiques " ou encore " les 5 de Cambridge ", envoyaient semaine après semaine des informations essentielles pour la conduite de la guerre, Staline a failli ne pas tenir compte de ces précieux renseignements... S'il avait persévéré dans son erreur, on aurait peut-être assisté à un tournant de la guerre sur le front de l'est...Résumons ce que disait Monsieur X lors de la première partie de cet entretien diffusé la semaine passée. L'une des cinq taupes de Cambridge, l'Écossais John Cairncross, a réussi à intégrer l'un des organismes les plus secrets de Grande-Bretagne, Bletchey Park : un laboratoire où les meilleures têtes d'oeuf du royaume déchiffrent jour après jour les communications codées des armées du III° Reich. En 1943, plusieurs messages décryptés indiquent que l'armée allemande préparent une grande offensive pour l'été, dans la région de Koursk, en Union soviétique... Les autorités britanniques préviennent Staline. Mais sans donner aucun détail. Cairncross, lui, envoie à Moscou l'ensemble du plan allemand. Les Soviétiques, surmontant leur méfiance vis à vis de leur source, attaquent les premiers... Des dizaines de milliers de soldats de l'Armée rouge sont ainsi épargnés et plusieurs centaines d'avions allemands sont détruits au sol. La dernière grande offensive militaire du III° Reich sur le front de l'Est se traduit par un échec. Grâce à Cairncross !Les " 5 de Cambridge " ont donc joué un rôle éminent pendant la guerre en renseignant les Soviétiques... Une aide parfaitement désintéressée. Ils agissaient ainsi parce qu'ils étaient sincèrement communistes et ils n'ont jamais accepté de rétribution... Mais, après guerre, alors que le monde s'enfonce dans la guerre froide, ils continuent à travailler pour le camp de l'Est... Toutefois, ils vont les uns après les autres être identifiés par le contre-espionnage britannique. Mais, et c'est un des grands mystères de cette affaire, aucun d'entre eux n'aura affaire à la Justice. Et il faudra attendre le début des années 90 pour que soit connu le nom du cinquième homme : John Cairncross, justement ! Un paisible retraité qui finissait ses jours chez nous, sous le soleil de Provence...Sat, 29 Sep 2001 13:15:00L'AltalenaLes graines de la haine ! Des graines semées il y a plus de cinquante ans et qui ont longtemps germé puis tragiquement fructifié le 4 novembre 1995... Ce jour-là, le Premier ministre israélien, Itzhak Rabin, était assassiné par un jeune extrémiste de droite. Et la disparition de l'homme qui avait osé négocier directement la paix avec Yasser Arafat est sans doute le vrai point de départ de la dégradation actuelle de la situation en Palestine.Les graines de la haine, donc... Elles ont été semées le 22 juin 1948 sur la plage de Tel-Aviv. Cinq semaines plus tôt, le 14 mai, l'indépendance d'Israël a été proclamée et la première guerre israélo-arabe a aussitôt débuté. Mais le 11 juin, l'ONU a imposé un cessez-le feu d'un mois entre les belligérants. Une trêve pendant laquelle est interdite toute arrivée d'armes et de volontaires .Le 22 juin, donc, l'Altalena, un cargo bourré d'armes et de volontaires juifs de l'Irgoun, un mouvement de droite, responsable de nombreuses actions terroristes, et dirigé par Menachem Begin, vient de s'échouer très près du rivage. En dépit de l'interdiction prononcée par le chef du gouvernement israélien, David Ben Gourion, les hommes de l'Irgoun entendent débarquer les armes. Itzhak Rabin, jeune officier de la nouvelle armée régulière israélienne, Tsahal, reçoit l'ordre de s'opposer par la force à cette initiative. Le combat s'engage. De nombreux hommes tombent de part et d'autre. Finalement, un coup de canon dans la coque du cargo met fin à l'engagement. L'Altalena s'embrase et explose.Pour la première fois en Palestine, des Juifs ont donc tiré sur des Juifs. Cette dramatique affaire laisse-ra des traces profondes. Jamais Begin ne pardonnera à Ben Gourion. Quant à ce dernier, il justifiera son action en affirmant que l'Irgoun comptait se servir de ces armes pour renverser le jeune gouvernement d'Israël...L'assassin de Rabin et ceux qui ont armé sa main ont-ils pensé à l'Altalena et aux victimes de cet affrontement entre Juifs ? C'est probable. Je lis en effet ceci dans un numéro de L'Événément du Jeudi paru en février 1998 : "Le 4 novembre dernier à Tel-Aviv, lors du deuxième anniversaire du meurtre d'Itzhak Rabin, un groupe de militants du Kach, un mouvement d'extrême droite, court vers le rivage pour y déposer une stèle sur laquelle sont gravés ces mots étranges : " Pour toujours aux victimes de l'Altalena. Puisse Dieu venger leur sang. Ni oubli ni pardon. ""Mais pourquoi Monsieur X a-t-il choisi de me parler cette semaine de cette lointaine affaire ? D'abord, bien sûr, parce que les événements du Proche-Orient, avec leur cohorte sanglante et quotidienne de morts, ne cessent de remplir nos journaux. Mais aussi parce que cet épisode de l'Altalena demeure mystérieux. Pourquoi réellement, en ces jours difficiles, Ben Gourion, père de l'indépendance israélienne a-t-il pris le risque de briser la solidarité juive ? Et surtout, Menachem Begin était-il vraiment sur le point de tenter un putsch ? Ce que beaucoup d'Israéliens, surtout à gauche, croient encore aujourd'hui...Sat, 06 Oct 2001 13:15:00La révolution roumaineCe sont des images qui ont frappé l'opinion publique internationale... Des images inoubliables. Alors que le monde célébrait les fêtes de fin d'année, on voyait soudain apparaître sur nos écrans de télévision un couple, une femme et un homme, deux vieillards interrogés et jugés par des magistrats invisibles. Des inquisiteurs anonymes en face desquels les deux accusés opposaient une résistance inattendue et une incontestable dignité... Et bientôt, au bout d'une petite heure, la sentence tombait : deux condamnations à mort. Les exécutions suivaient aussitôt. Mais sur le film, on n'assistait pas à la scène. On ne voyait que sa conclusion : deux corps gisant près d'un mur... Les cadavres de Nicolae Ceausescu et de sa femme Héléna ! Et malgré le peu de sympathie qu'inspirait ce couple de dictateurs, on avait honte d'avoir assisté à ce simulacre de justice !C'était il y a plus de dix ans, à la fin du mois de décembre 1989. Le temps fort d'une révolution qui s'est déroulée en direct à la télévision et qui a donné lieu à un déluge de fausses nouvelles et à une formidable opération de désinformation ! A tel point qu'aujourd'hui, on peut légitimement se demander si cette révolution roumaine était réellement une révolution ou bien un immense truquage qui n'avait pour but que de liquider la dictature trop voyante et plus trop présentable de Ceausescu sans porter atteinte aux fondements mêmes du régime communiste.Dans cette affaire, il est évident que les services secrets ne sont pas restés inertes. Et c'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X s'il avait des informations inédites sur ce qui n'était peut-être qu'une pseudo-révolution...Sat, 20 Oct 2001 13:15:00Sylvanus OlympioIl a été victime du premier coup d'État militaire en Afrique noire. Moins de trois ans après avoir obtenu l'indépendance de son pays, le Togo ! Il s'appelait Sylvanus Olympio. Et il a sans doute été tué par l'actuel chef d'Etat togolais, le président Eyadéma - je n'invente rien puisque c'est Eyadéma lui-même qui a reconnu ce meurtre commis à Lomé au petit matin, le 13 janvier 1963, avant, plus tard, de changer de version...A de nombreuses reprises, Monsieur X m'a parlé de l'Afrique. Ce n'est nullement un hasard. Nos services secrets ont été omniprésents dans nos anciennes colonies africaines. Et ils y ont souvent fait et défait les gouvernements de pays pourtant officiellement souverains... Malgré l'indépendance, l'Afrique francophile demeure en effet le pré carré de notre pays. Voici par exemple ce que je lis dans le livre de Roger Faligot et Pascal Krop, "La Piscine", un ouvrage consacré à nos services secrets :"Indépendance, soit, à condition qu'elle ne vienne pas desservir les intérêts de Paris. La surveillance de l'Afrique est d'autant plus aisée que les jeunes nations sont fort vulnérables. Elles ne possèdent nul outil militaire et font appel à la France pour constituer leur armée. Des accords bilatéraux ou multilatéraux sont signés, selon les cas. Ce sont souvent d'anciens officiers noirs de l'armée française qui occupent les postes clefs des nouvelles unités nationales. A travers l'Assistance militaire technique (AMT), dans le triangle géostratégique Dakar, Pointe-Noire, Fort-Lamy, la France encadre ses anciennes possessions."Le maître d'oeuvre de cette politique, qui supervisait également nos services spéciaux, c'est à dire le SDECE, c'était le secrétaire aux Affaires africaines et malgaches, Jacques Foccart. Homme de l'ombre, Foccart avait le privilège de rencontrer chaque soir le général de Gaulle. C'est dire l'importance que le chef de l'Etat attachait à notre politique africaine. Foccart agissait donc sous la houlette du général qui considérait que les liens historiques et économiques, et même affectifs, qui nous liaient à l'Afrique autorisaient notre action directe ou indirecte dans ces pays nouvellement indépendants...Alors, le meurtre de Sylvanus Olympio a-t-il été téléguidé depuis Paris ?Sat, 27 Oct 2001 13:15:00Les otages français au LibanLe sujet est explosif et terriblement actuel après les effroyables attentats de New York et Washington ! Et bien des aspects de ce dossier sont choquants sinon effrayants...De quoi s'agit-il ? Des relations qu'une démocratie - la nôtre en l'occurrence - peut entretenir avec le terrorisme ou des Etats terroristes. Car s'il est de bon ton de clamer haut et fort qu'on ne négocie pas avec des terroristes, et qu'on doit tout faire pour les terroriser, la vérité oblige à dire qu'en de nombreuses occasions les émissaires des gouvernements français successifs ont dû prendre langue avec des assassins ou des preneurs d'otages. Des prises de contact qui ont ensuite donné lieu à des remises de rançons ou à des livraisons d'armes clandestines, par exemple...Et lorsque les termes de ces contrats occultes n'ont pas été respectés, la réponse est venue : terrible, sanglante...Nous allons donc revenir avec Monsieur X sur cette question délicate et en particulier sur la décennie 1980-1990 au cours de laquelle notre pays a été confronté à plusieurs entreprises terroristes très violentes. Une fois de plus, ce que me propose mon interlocuteur, c'est de voir le dessous des cartes et de percer le secret des étranges relations que des hommes agissant au nom de la France ont nouées au fil de ces années avec des organisations terroristes...Sat, 03 Nov 2001 13:15:00Mata HariC'était une sorte de provocation... Il y a quelques semaines, alors qu'une fois de plus, Monsieur X venait de m'étonner en me révélant la vérité - sa vérité, toujours surprenante - sur une affaire particulièrement étrange, je lui ai demandé s'il avait des lumières sur le dossier Mata Hari... J'avais en effet appris qu'une demande de révision de son procès venait d'être présentée au Garde des Sceaux. Et je trouvais l'initiative plutôt saugrenue ou étrange tant d'années après la mort de la danseuse.Une provocation, oui, car, franchement, que pouvait m'apprendre Monsieur X sur cette affaire, lui qui n'était même pas né lorsqu'en 1917 la célèbre espionne a été fusillée sur le polygone de tir de Vincennes ? Sur le moment, Monsieur X s'est contenté de sourire. Mais cette semaine, à ma grande surprise, il m'a proposé de rouvrir le dossier Mata Hari. Et lorsque je lui ai demandé s'il disposait d'informations inédites, il m'a révélé qu'un de ses vieux amis, un général, lui avait permis de consulter les archives, encore secrètes, du procès de l'ancienne danseuse. Un dossier qui ne sera accessible au public qu'en 2017, un siècle après la mort de Mata Hari.Disons-le tout de suite, l'affaire est troublante. Et après avoir entendu Monsieur X, je ne suis plus aussi sûr de trouver saugrenue cette demande de révision...Un mot encore : Mata Hari a toujours fasciné. Parce qu'elle a fait de son existence une légende. Parce que cette femme convaincue d'espionnage avait osé brisé le tabou de la nudité en exhibant son corps sur scène ou dans les salons les plus huppés. Les historiens, sérieux ou fantaisistes, les romanciers, bons ou mauvais (et plutôt mauvais que bons), les cinéastes ont tissé autour de cette existence un invraisemblable tissu de racontars et d'affabulations. Mais Mata Hari n'était-elle pas la première à construire sa vie sur un gros tas de mensonges ?Il reste que, malgré elle, elle est devenue l'archétype de l'espionne. Mata Hari, son nom d'artiste, est même devenu un nom commun désignant une femme fatale capable de toutes les traîtrises, alors même qu'il semble que, dans la réalité, elle ait été la moins efficace et la plus dérisoire des espionnes...Sat, 10 Nov 2001 13:15:00Les blouses blanches (1/2)Des médecins qui tuent !... Des praticiens qui assassinent impunément, protégés par leur symbolique blouse blanche !... L'idée fait frémir. Et, en 1953, au pays des Soviets, elle a fait effectivement peur ! Car on y a cru. On y a cru d'autant plus que ces médecins tueurs étaient pour la plupart juifs. L'antisémitisme latent dans la population russe ne demandait qu'à se réveiller... Ne disait-on pas autrefois que les Juifs commettaient des crimes rituels, volaient et assassinaient des enfants ? Aussi, la publication du communiqué de l'agence Tass annonçant l'arrestation d'un groupe de médecins-saboteurs appartenant aux services d'espionnage judéo-américains, accusés d'avoir tué deux dirigeants du régime et soupçonnés de préparer l'assassinat de plusieurs autres, fait-elle l'effet d'un choc. Tout de suite après on note ici et là - et surtout en Ukraine - des manifestations spontanées d'antisémitisme... Des enfants juifs sont battus par leurs camarades d'école, des adultes sont insultés par leurs collègues de travail. Et la population juive semble prise de panique...Deux mois plus tard, Staline meurt. Les médecins sont libérés. Et bientôt un communiqué officiel an-nonce qu'ils ont été accusés à tort. Ils sont réhabilités. Le complot des Blouses blanches a vécu.Monsieur X a donc choisi cette semaine d'évoquer cette troublante affaire dont on ne connaît toujours pas les ressorts. Pourquoi en effet Staline a-t-il choisi sciemment d'utiliser le poison de l'antisémitisme, alors même qu'il avait été quelques années plus tôt l'un des principaux artisans de la création de l'Etat d'Israël ? Alors quel était son véritable dessein ? Était-il lui-même antisémite ? Et, plus largement, quels ont été les rapports entre le pouvoir stalinien et la population juive de l'ex-l'URSS ?Sat, 01 Dec 2001 13:15:00Les blouses blanches (2/2)Une Palestine soviétique ! De nombreux Juifs vivant en URSS en ont rêvé... Une première fois, dans les années 20, lorsque Moscou a créé une Région autonome juive dans le lointain Birobidjan, à la frontière chinoise. Il s'agissait clairement de juguler l'influence du mouvement sioniste, très populaire chez les Juifs soviétiques. Mais seules quelques centaines de familles ont accepté d'aller coloniser ce territoire si peu hospitalier. Et le gouvernement a essuyé un échec.Une deuxième fois, pendant la deuxième guerre mondiale, on a évoqué, jusque dans les plus hautes instances du Parti communiste à Moscou, la création d'une République juive en Crimée. A l'origine de cette idée, un homme, un des plus grands acteurs du pays, Solomon Mikhoels, président du Comité antifasciste juif, une organisation secrètement pilotée par Beria. C'est à la fin 1943, revenant d'un triomphal voyage aux États-Unis et en Grande-Bretagne, que l'artiste informe Staline de son idée... Une idée spectaculaire reprise au bond par de nombreux intellectuels juifs et qui suscite l'enthousiasme d'une importante organisation philanthropique juive américaine, le Joint Distribution Commitee...En février 44, des populations Tatars installées en Crimée sont déplacées. Le Kremlin s'est-il décidé à donner cette République aux Juifs ?En réalité, nous disait Monsieur X la semaine passée, Staline n'a jamais pensé sérieusement à cette affaire... Mais il s'en est servi pour appâter les Etats-Unis, obtenir la promesse de prêts à long terme, s'attirer la sympathie des Juifs américains et, en prime, diviser le mouvement sioniste. Mikhoels, sans doute un peu trop naïf, est tombé dans un piège. Un piège mortel ! Et dès que le rideau de fer tombera aux frontières de l'Europe de l'Est, le stalinisme renouera avec ses poisons d'avant-guerre : la recherche des complots, les purges et un antisémitisme aussi sournois que réel... Cela finira en janvier 53, deux mois avant la mort de Staline, par l'incroyable affaire des Blouses blanches...Sat, 08 Dec 2001 13:15:00TrujilloLa CIA n'assassinera plus de chefs d'Etat étrangers ! C'est promis. La décision a été prise en 1975 après un grand déballage où les principaux dirigeants de la centrale américaine ont dû déposer devant une commission d'enquête parlementaire. Et à cette occasion, on en a appris de belles ! Des opérations " homo ", homo pour homicide, ont été perpétrées par la CIA, avec l'accord des plus hautes autorités des États-Unis, contre Fidel Castro, Patrice Lumumba, Ahmed Sukarno, Rafaël Trujillo, Salvador Allende, Ngô Dinh Diem, François Duvalier... Et la liste n'est pas close. Certaines de ces actions clandestines ont réussi, d'autres ont échoué.Les parlementaires américains ont, semble-t-il, été choqués par ces révélations. Vrai ou faux ? Peu importe ! Ils ont en tout cas exigé qu'à l'avenir les agents de la CIA renoncent à ces méthodes expéditives... Ont-ils été obéis ? Rien n'est moins sûr. Et si la centrale américaine a, par exemple, échoué à éliminer Saddam Hussein, ce n'était certainement pas par ex-cès de vertu...Avec Monsieur X, nous avons déjà mis en évidence la responsabilité de l'agence dans nombre de ces affaires de meurtre d'hommes politiques de premier plan. Mais cette semaine, mon interlocuteur a voulu revenir sur l'un de ces dossiers : l'assassinat en 1961 du dictateur dominicain Trujillo. Un assassinat qui sera suivi, quatre ans plus tard, d'un débarquement massif de marines américains En République dominicaine. C'est dire combien la situation politique de ce petit territoire des Caraïbes intéressait particulièrement les États-Unis. Dans un instant, Monsieur X décortique cette affaire et en révèle les secrets !Sat, 15 Dec 2001 13:15:00Robert Philip HanssenOn l'appelait " le croquemort "... Un grand type au visage cireux, toujours vêtu d'un complet noir, qui peinait à sourire et ne riait jamais. Marié à une femme dévote, père de famille nombreuse et catholique conservateur proche de l'Opus Dei, il n'aurait manqué pour rien au monde la messe dominicale célébrée dans une petite église de la banlieue résidentielle de Vienna, une ville de l'Etat de Virginie, près de Washington.Quel emploi occupait-il ? Ses voisins devinaient que cet homme tranquille qui se déplaçait dans une Ford Taurus cabossée, devait être un modeste fonctionnaire dans quelque administration fédérale... Mais ils n'en savaient guère plus. " Le croquemort " n'était pas très liant. Bonjour, bonsoir et c'est tout. Simplement remarquait-on que le soir il avait l'habitude de promener son chien dans l'un ou l'autre des parcs de cette ville de banlieue. Seul, toujours seul.Aussi la stupéfaction a-t-elle été totale lorsque, le 18 février 2001, on a appris que Robert Philip Hanssen était un crac du FBI et qu'il venait d'être arrêté pour espionnage. Depuis plus de quinze ans, cet as du contre-espionnage communiquait des documents ultra-secrets aux Russes. D'abord au KGB, puis au service qui lui a succédé, le SVR. Le chasseur d'espions était donc un espion lui-même. Et cette nouvelle histoire semblait être une réplique parfaite de l'affaire Aldrich Ames, du nom de cette taupe dissimulée au coeur de la CIA et qui était lui aussi un spécialiste du contre-espionnage. Ames a été arrêté au milieu des années 90. Nous avons évoqué ce dossier ici-même avec Monsieur X.Mais si cette nouvelle affaire a provoqué un véritable choc au sein de la communauté américaine du renseignement et, bien sûr, de l'administration fédérale, c'est qu'on semblait soudain découvrir que malgré la fin de la guerre froide, les services secrets russes demeuraient aussi actifs qu'autrefois.Toutefois, cette affaire Hanssen, qui a été vécue comme une véritable humiliation par le FBI, n'est pas aussi claire qu'il y paraît. Monsieur X se propose d'en dévoiler quelques-uns des mystères.Sat, 19 Jan 2002 13:15:00La SomalieD'aucuns le prédisent : ce sera le prochain ! Le prochain pays à subir les coups des Américains dans leur lutte contre le terrorisme et les Etats voyous, comme ils les appellent... Il s'agit de la Somalie.Accroché à la Corne de l'Afrique, ce pays quasi-désertique, ruiné par les guerres civiles et où règne toujours le plus grand chaos, abriterait certains camps d'entraînement d'Al Qaida, l'organisation de Ben Laden ! Vrai ou faux ? Nous en parlerons avec Monsieur X... En tout cas, nombre de dirigeants américains en sont persuadés. Et au Pentagone, les généraux brûlent d'en découdre avec les Somaliens ! D'autant plus qu'ils ont une sérieuse revanche à prendre : en 1993, lors de l'opération " Restore Hope ", " Restaurez l'espoir ", les G.I. ont subi là-bas une humiliation qui a rappelé aux Américains les pires heures de la guerre du Viêt-Nam. Et je suis sûr que vous non plus n'avez pas oublié les images de cette époque... Ça avait commencé par le spectacle épouvantable de ces enfants squelettiques et affamés... Des milliers, des centaines de milliers de gosses, de femmes et d'hommes promis à une mort certaine. Puis il y a eu ce spectaculaire débarquement des troupes américaines filmé en direct par des dizaines de caméras de télévision... Et enfin, quelques mois plus tard, cette vision cauchemardesque d'un G.I. traîné dans la poussière derrière un 4/4 somalien... Peu de temps après, les Américains quittaient le pays.Monsieur X avait donc de bonnes raisons de me proposer cette semaine de m'intéresser à la Somalie, possible prochaine cible des Etats-Unis, et de revenir sur ces événements et les véritables enjeux de l'opération " Restore Hope ".Sat, 26 Jan 2002 13:15:00Saar-DemichelQuelle est exactement la différence entre un es-pion, une taupe, et un agent d'influence ? Où commencent les activités de l'un et où finit le travail de l'autre ? La frontière entre les deux est-elle encore plus perméable qu'on ne l'imagine ?Ici-même, avec Monsieur X, nous avons déjà évoqué cette question... Je pense en particulier à l'affaire Charles Pathé, ce journaliste qui éprouvait de la sympathie pour l'ex-URSS et publiait une revue en partie financée par Moscou. Était-il pour autant un espion soviétique ? Monsieur X ne le pense pas. Rappelons qu'à l'époque, à la fin des années 70, Charles Pathé a été jugé coupable d'espionnage et emprisonné, seul exemple de condamnation d'un homme accusé de n'être qu'un agent d'influence.Beaucoup de spécialistes du renseignement estiment que notre pays a été une cible privilégiée pour les services secrets soviétiques. L'existence d'un puissant parti communiste, l'attraction exercée par Moscou sur de nombreux intellectuels, les sentiments anti-américains d'une partie non négligeable du personnel politique, la méfiance traditionnelle vis à vis de l'Allemagne, ont permis ce travail souterrain. Et pour certains, l'aboutissement de cette action subversive a été, en 1966, la décision du général de Gaulle de soustraire les troupes françaises du commandement intégré de l'OTAN.Un homme, très proche des milieux gaullistes, a peut-être joué un rôle essentiel dans cette affaire. Avec Monsieur X, nous allons essayer de démêler ce qui ressort de la rumeur de ce qui appartient à la vérité... Cet homme d'affaires était-il l'espion de l'Élysée ? Ce mystérieux Colombine dénoncé par la CIA, grâce aux révélations d'un transfuge soviétique, Golitsine.Sat, 02 Feb 2002 13:15:001947, l'insurrection de Madagascar100.000 morts ! 100.000 ! Tués sur ce qui était encore le sol français et par des soldats français ! Mais ce massacre est tout juste évoqué dans les livres d'Histoire... Quelques lignes à peine. Passé sous silence. Relégué dans les coulisses de l'Histoire... Oubliés tous ces morts qui ne peuvent que déranger au pays des droits de l'Homme. Et pourtant c'était hier ! En 1947 ! Mais loin, très loin de la métropole... Dans une colonie où l'on pouvait tuer impunément, sous les ordres de généraux français et sans même encourir la moindre réprimande d'un gouvernement qui regroupait alors des démocrates-chrétiens, des socialistes et des communistes !C'était donc à Madagascar, la Grande Île ou encore l'Île rouge, comme on l'appelle... Paris y a envoyé des troupes coloniales pour mater une insurrection indépendantiste qui a commencé par des tueries d'Européens. Pendant de longs mois, les rebelles su-bissent une répression très dure, impitoyable. Pour-chassés, affamés, les insurgés finissent par se rendre les uns après les autres. Plusieurs d'entre eux sont jugés et condamnés à mort. Mais bien d'autres ont été sommairement exécutés. Et les rares témoins font état de nombreuses exactions : tortures, villages détruits, etc. De nouveaux Oradour !En 1948, l'affaire est entendue : les événements de Madagascar, comme on dit pudiquement en métropole, ont vécu. C'est le Haut-Commissaire lui-même qui donne le chiffre de 100.000 morts. Un Malgache sur 40 a donc été tué. Tandis que du côté des militaires et des colons, on recense 550 morts...Aucun soldat, aucun policier, aucun fonctionnaire ne sera sanctionné, alors que le gouvernement était parfaitement informé de la situation sur le terrain. Mais le drame s'est déroulé dans la plus parfaite indifférence de la métropole. Le sort des Malgaches n'a guère ému une population mal informée et bien plus concernée par les restrictions de l'après-guerre et les nombreuses grèves suscitées par le parti communiste.Alors pourquoi revenir sur ces terribles événements ? Monsieur X me l'a dit d'emblée, avant même de commencer ce nouvel enregistrement : les indépendantistes malgaches ont été manipulés. Et, en déclenchant cette sanglante insurrection, ils sont certainement tombés dans un piège... 100.000 personnes l'ont payé de leur vie ! Mais on ne parlera plus d'indépendance avant la fin des années 50...Sat, 09 Feb 2002 13:15:00Thomas Sankara15 ans après sa mort, il reste un héros pour la jeunesse africaine... Thomas Sankara ! Un simple capitaine qui avait débaptisé son pays, la Haute-Volta, pour l'appeler le Burkina-Faso, c'est à dire " la Terre des Hommes intègres " ! Tout un programme, à l'image de cet homme qui voulait être avant tout " le président des pauvres " !Le Burkina-Faso n'a pas changé de nom mais Sankara a été assassiné ! Et la " Terre des hommes intègres " vit toujours dans le souvenir de cette figure mythique. Pourquoi a-t-on éliminé ce jeune révolutionnaire ? Qui a pris la décision de le faire disparaître ? La procédure judiciaire, qui est toujours en cours, n'a pas permis de répondre à ces questions. Mais il est évident que le bouillant capitaine gênait beaucoup de monde. Et pas seulement dans son pays !Monsieur X m'a souvent parlé de l'Afrique où, dans les soubresauts de la décolonisation, les services secrets ont joué un rôle toujours trouble et parfois néfaste... La France, en particulier, a maintes fois été tentée d'intervenir dans ses anciennes colonies où elle a gardé de nombreux intérêts et qu'elle considère, à tort ou à raison, comme sa chasse gardée... Or, on ne peut éviter de le souligner, la disparition de Thomas Sankara a eu lieu en 1987, sous la première cohabitation, et alors qu'un certain Jacques Foccart était à nouveau en charge des affaires africaines à côté du Premier ministre. Foccart, l'homme qui, auprès du général de Gaulle puis de Georges Pompidou, a exercé une tutelle vigilante sur l'Afrique francophone à travers ses réseaux... Nous verrons avec Monsieur X si la France a été mêlée à cette sombre affaire.Auparavant, je vous propose ces quelques lignes extraites de l'hebdomadaire Jeune Afrique. Elles expriment bien ce qu'était Thomas Sankara et ce qu'il symbolisait pour les Africains."Thomas Sankara fait irruption, le 4 août 1983, dans le train-train quotidien d'une génération en mal de repères. Penser en Afrique était alors risqué. Rêver, quasiment prohibé. Pas un Lumumba, pas un Nkrumah à l'horizon, pour faire la nique aux baronnies et aux conservatismes qui, presque partout, se sont installés au pouvoir. Le coup d'Etat du 4 août - c'en était un - installe aux commandes d'un des pays les plus pauvres du monde un jeune officier de 33 ans passablement différent des autres. Gueule de crooner, crâneur, le sens de la formule, la répartie facile, magicien du verbe préoccupé par le sort des démunis et des marginaux, bref, tout à l'opposé des Houphouët, Bongo, Kountché, Mobutu et autres Eyadéma. L'intrus imposa d'emblée son style chez lui et alentour. Le cocktail Sankara ? Un zeste de marxisme, un soupçon de gué-varisme, un rien de panafricanisme et d'humanisme chrétien - il échappa en effet de peu à la prêtrise. " Il utilisait volontiers un vocable marxiste, faute de mieux. Il cherchait surtout à secouer les cocotiers ", souligne l'universitaire béninois Stanislas."Tel était donc l'homme qui a été abattu d'une rafale de mitraillette le 15 octobre 1987.Sat, 23 Feb 2002 13:15:00L'affaire SperberÇa commence comme un livre de John Le Carré : un homme, accompagné d'une femme et d'une petite fille, de lourdes valises à la main, progresse à pas rapides dans un couloir sombre... On entend le grondement sourd des rames du métro. Soudain, il s'arrête devant une porte métallique. L'homme pose à terre une des valises, sort un passe de sa poche. Il l'engage dans la serrure. La porte grince. L'homme, la femme et l'enfant s'engagent dans l'ouverture. De l'autre côté, c'est l'Ouest, le monde libre... Werner Stiller a réussi. Et bientôt, les services secrets occidentaux vont se précipiter sur les centaines et les centaines de documents et de microfilms que ses valises contiennent.Je ne garantis pas l'exactitude de tous les détails de cette scène. Mais, le 18 janvier 1979, c'est à peu près ce qu'il s'est passé dans le métro de Berlin à la gare de Friedrich-Strasse, c'est à dire à la frontière entre l'Est et l'Ouest... Au même instant, un officier du service de renseignement de la RDA découvrait qu'un coffre de sécurité du département XIII, celui de l'espionnage scientifique, avait été forcé et qu'un passe spécial permettant de franchir le mur de Berlin avait disparu... Aussitôt, le patron du service, le légendaire Markus Wolf, était alerté. Mais il était trop tard. Il ne pouvait que constater que l'un de ses adjoints, le lieutenant Werner Stiller, était vraisemblablement passé à l'Ouest... Les dégâts risquaient d'être considérables : Stiller connaissait le nom de nombreuses taupes infiltrées dans les laboratoires et les centres de recherche occidentaux. Il fallait donc réagir au plus vite, activer les procédures d'alarme et d'exfiltration prévues de longue date... Quelques-unes de ces taupes vont effectivement pouvoir être prévenues à temps et passer à travers les mailles du filet. Mais en France, un scientifique de haut niveau est appréhendé dès le lendemain. C'est le début d'une longue et étonnante affaire qui va mobiliser le monde de la recherche, susciter de violentes controverses et poser une question fondamentale : où finit le libre et nécessaire échange d'informations scientifiques entre savants du monde entier et où commence l'espionnage ? Une question qui est toujours d'actualité à une époque où les services secrets consacrent une part de plus en plus importante de leur activité au renseignement technologique.Monsieur X a une connaissance très précise de ce dossier. Il en dévoile les secrets.Sat, 02 Mar 2002 13:15:00Le G.A.L.On les a appelés " les Galeux " ! Les Galeux, oui... Galeux, c'est à dire les militants du GAL, Groupe anti-terroriste de Libération, une mystérieuse et redoutable organisation qui, dans les années 80, a tué une trentaine de personnes en France, essentiellement dans le Sud-Ouest.... C'est à dire beaucoup plus que, par exemple, le terrorisme proche ou moyen-oriental pendant la même période...Les victimes ont été en général basques. En effet, cette organisation contre-terroriste entendait répondre aux attentats de l'ETA, l'organisation indépendantiste basque, en s'attaquant à ses chefs et ses militants qui trouvaient refuge sur le territoire français entre deux coups de main en Espagne.La création de ce GAL, l'impunité avec lequel il a agi pendant si longtemps, l'identité des commanditaires des tueries, posent de nombreuses questions. Et si, de récents et retentissants procès en Espagne ont permis de soulever un coin du voile sur ce qui apparaît bien être un terrorisme d'Etat, il demeure néanmoins beaucoup de mystères... C'est pourquoi, à la demande de nombreux auditeurs, j'ai invité cette semaine Mon-sieur X à me parler de cette organisation qui n'était nullement inconnue des services secrets... Des services secrets français aussi, bien entendu !Sat, 23 Mar 2002 13:15:00Le plan Condor (1/2)C'était une sorte d'internationale du crime et de la terreur... Une pieuvre dont les tentacules reliaient plusieurs polices secrètes d'Amérique du Sud entre elles. C'était alors le temps des dictatures militaires. Et les généraux au pouvoir au Chili, en Argentine, en Uruguay, au Paraguay, au Brésil et en Bolivie, avaient conclu cette union sacrée pour éliminer plus efficacement leurs opposants de gauche respectifs et d'abord empêcher qu'ils ne trouvent refuge chez leurs voisins... Mais ils n'entendaient pas en rester là : l'ultime phase prévoyait que la lutte anti-subversive s'étendrait en Europe où de nombreux militants démocratiques sud-américains s'étaient exilés.Tortures, assassinats, détentions illégales, ont donc été le lot quotidien de cette redoutable alliance qu'on a appelée le Plan Condor... Condor, comme ce rapace emblématique des montagnes andines. Selon des archives miraculeusement retrouvées en 1992 au Paraguay, plus de 13.000 opposants ont été les victimes de cette sanglante répression. Mais les organisations de défense des droits de l'Homme estiment, elles, que le sinistre bilan du Plan Condor doit être revu à la hausse : 50.000 assassinats, 35.000 disparitions et des centaines de milliers d'arrestations... Sans compter les centaines de gosses arrachés à leurs parents et placés dans des familles de militaires en mal d'enfant.Cette lutte anti-subversive menée à l'échelle d'un continent n'a pu être organisée sans le soutien actif des services secrets américains. Les Etats-Unis, tou-jours prompts à voir la main de Moscou derrière les mouvements qui s'opposaient aux dictatures en place, ont encouragé les acteurs du Plan Condor... Peut-être même ont-ils été à l'initiative de ce Plan... Mais, d'après Monsieur X, ils n'ont pas été les seuls ! Et des services français aussi ont collaboré à cette terrible entreprise !La France concernée, donc... Et d'autant plus que certains de nos concitoyens ont été les victimes des militaires sud-américains. Par exemple, un juge d'instruction, Roger Le Loire, instruit toujours les plaintes des familles de cinq Français disparus sous le régime du général Pinochet. Et il faudrait aussi parler d'autres Français résidant en Argentine et qui ont été éliminés par les tortionnaires du général Videla. Autant de victimes du Plan Condor !Sat, 30 Mar 2002 13:15:00Le plan Condor (2/2)On l'a appelé le Plan Condor ! Une internationale de la terreur ! La collaboration secrète entre les polices de plusieurs pays d'Amérique du Sud pour mieux traquer opposants et dissidents...Ce pacte aurait été conclu en 1975. Mais, nous l'avons vu avec Monsieur X, la semaine passée, c'est dès 1960 que s'ébauche cette internationale des pays du Cône sud de l'Amérique sous l'égide des services secrets américains... Washington craint en effet que la vague révolutionnaire née de la victoire de Fidel Castro à Cuba ne déferle sur tout le continent. Le premier, le président Eisenhower, crée un organisme, l'Office de Sécurité publique, chargé de former et instruire les polices latino-américaines afin de mieux lutter contre la subversion. Il s'agit alors, selon Monsieur X, d'implanter un véritable réseau contre-révolutionnaire, un peu à l'image de l'organisation anticommuniste Gladio créée en Europe après la deuxième guerre mondiale.Les spécialistes américains vont s'inspirer des méthodes coercitives utilisées par les militaires français en Indochine et surtout en Algérie, en particulier lors de la Bataille d'Alger. Mieux, des officiers français, appartenant souvent à nos services spéciaux, sont envoyés aux Etats-Unis ou en Argentine où ils enseignent les théories de la guerre psychologique et anti-subversive. Des missions qui ont naturellement reçu l'aval de Paris. Parmi ces instructeurs très particuliers, un certain Aussaresses qui fera parler de lui beaucoup plus tard.Les leçons des Français portent leurs terribles fruits... La pratique de la torture se généralise dans les commissariats sud-américains ou les casernes. Et des escadrons de la mort traquent les opposants. Parfois, les agents de la CIA mettent eux-mêmes la main à la pâte. C'est le cas d'un certain Dan Mitrione, l'homme dont l'histoire a inspiré le cinéaste Costa-Gavras dans " Etat de siège ". En 1970, Mitrione, officiellement fonctionnaire d'une organisation humanitaire, est enlevé par des révolutionnaires uruguayens, les Tupamaros, qui réclament la libération de 150 d'entre eux. Mais le gouvernement est fermement invité par Washington à ne pas céder aux exigences des révolutionnaires. Cinq jours plus tard, Mitrione est exécuté. Pour Mon-sieur X, il ne fait nul doute qu'on s'est ainsi débarrassé d'un homme dont les méthodes brutales, dénoncées par des parlementaires uruguayens, risquaient de faire scandale un jour ou l'autre. Ce qui n'empêchera pas les Américains de célébrer Mitrione comme un héros du monde libre.Et peu d'années après, en 1975, le Plan Condor va institutionnaliser la terreur dans les six pays du Cône sud... Là aussi, les services secrets américains ne resteront pas inertes !Sat, 06 Apr 2002 13:15:001982, la guerre des MalouinesCe fut un grand jeu de dupes... Une partie de poker menteur et une guerre donquichottesque où, tout de même, plus de mille soldats ont trouvé la mort.Oui, étrange et, pour tout dire, un peu ridicule cette guerre lointaine où il s'agissait en principe de se battre pour quelques arpents de terre glacée et une poignée d'éleveurs de moutons. A moins que ce conflit, qui a vu l'utilisation pour la première fois des armes intelligentes les plus modernes, n'ait caché autre chose. Et c'est ce que pense Monsieur X.Vous avez sans doute compris que mon interlocuteur a choisi cette semaine de me parler de ce que l'on a appelé la Guerre des Malouines... Les Malouines, un petit archipel de deux cents îlots situé au bout du monde, en plein Atlantique sud, à mille kilomètres des côtes argentines. Des terres hostiles, battues par les vents, où vivaient alors, au début des années 80, 1.800 éleveurs et pêcheurs et 600.000 moutons. Et on peut effectivement se demander pourquoi deux grands pays, l'Argentine et la Grande Bretagne, ont mis en jeu des moyens militaires considérables pour s'assurer de la possession de ces îlots...Un mot d'histoire d'abord, avant d'écouter Mon-sieur X : c'est un navigateur espagnol qui aurait découvert ces îlots désertiques au début du XVI° siècle. Quelques dizaines d'années plus tard, des Britanniques débarquent à leur tour. Ils prennent possession de l'archipel auquel ils donnent le nom d'un amiral anglais, Falk. Mais, aux XVII° et XVIII° siècle, des marins de Saint-Malo prennent pied sur les Falkland qu'ils rebaptisent Malouines. Toutefois, ce territoire devenu français est rapidement vendu à l'Espagne et devient donc une colonie espagnole. Au début du XIX° siècle, l'Argentine, autre colonie espagnole, devient indépendante et revendique aussitôt son autorité sur les Malouines, Malvinas en espagnol. Seules, quelques dizaines de personnes y vivent encore. Et ils n'opposent aucune résistance lorsqu'en 1833 deux bâtiments de guerre britanniques y débarquent des soldats. La Grande Bretagne, arguant de ses droits historiques sur ces terres, reprend possession des Falkland, expulse ses habitants et y installe des colons et une petite garnison.Depuis, l'Argentine n'a cessé de réclamer la restitution de ces îlots. Ce contentieux permanent est même porté devant l'ONU qui recommande aux deux pays de parvenir à un accord. En vain. Ni la Grande Bretagne ni l'Argentine ne veulent céder. Jusqu'à ce mois d'avril 1982 où 5.000 fusilliers-marins argentins débarquent à Port Stanley, immédiatement rebaptisé Puerto Argentino...Sat, 13 Apr 2002 13:15:00L'affaire Guillaume (1/2)C'est une histoire qui aurait pu être imaginée par John Le Carré... Tout y est : l'époque, celle de la Guerre froide, le décor, celui de l'Allemagne de l'après-guerre, les personnages enfin, ceux-là même qui ont inspiré l'écrivain britannique, à commencer par Karla, le machiavélique chef des services de renseignement de l'Est, Markus Wolf, dans la réalité... L'homme sans visage, comme on l'a longtemps appelé, et qui coule aujourd'hui des jours tranquilles dans l'Allemagne réunifiée.Alors de quoi s'agit-il ? De l'affaire Guillaume ou de l'affaire Brandt, comme on voudra... Car la principale conséquence de la révélation de cette énorme histoire d'espionnage a été la démission du chancelier allemand Willy Brandt en mai 1974. Mais y a-t-il eu complot ? Et si oui, qui avait intérêt à obtenir le départ de Brandt, prix Nobel de la Paix en 1971, et pionnier de la détente avec l'Est ? Une partie de la vérité se trouve-t-elle dans le passé de cet homme d'Etat qui a été l'un des rares Allemands à fuir son pays pour mieux lutter contre le nazisme ? Et enfin, cette affaire n'était-elle que la partie émergée d'une opération plus vaste visant à pénétrer les principales structures de l'Allemagne fédérale ?Autant de questions qui, aujourd'hui encore, de-meurent sans réponses. Monsieur X, dans ce nouvel entretien, se propose d'éclaircir cette affaire qui, malgré l'ouverture partielle des archives de la Stasi et du KGB, garde ses mystères... Une plongée dans le monde glauque de la guerre des espions !Sat, 20 Apr 2002 13:15:00L'affaire Guillaume (2/2)Willy Brandt était-il un agent de l'Est ? L'un des hommes politiques européens les plus prestigieux du XX° siècle travaillait-il pour le KGB ?La semaine passée, nous en avons longuement parlé avec Monsieur X. Et disons-le tout de suite : pour lui, il en est certain, le chancelier allemand n'a jamais été une taupe communiste... Mais ses adversaires politiques ont tout fait pour accréditer cette rumeur propagée par le KGB et la police secrète de l'Allemagne de l'Est. Oui, aussi paradoxal que cela paraisse, ce sont donc des communistes qui ont accusé Willy Brandt d'être un agent communiste ! Afin de le fragiliser et le compromettre.Pour autant, Monsieur X n'a pas nié que le chancelier socialiste ait eu des contacts avec les services secrets soviétiques... Toutefois, c'était pendant la guerre où, réfugié en Suède et animateur d'un réseau de résistance antinazie, Willy Brandt renseignait aussi bien les Soviétiques que les Anglo-saxons ! Mais le futur chancelier avait commis une erreur : il avait signé un reçu contre la remise par les Soviétiques d'une somme d'argent destinée à son réseau. Grâce à ce document, Moscou a essayé de le faire chanter après-guerre. En vain. Brandt a toujours refusé de collaborer avec le KGB... C'est alors qu'à la tentative de chantage a succédé la campagne de calomnie.En 1969, le SPD, le parti social-démocrate allemand, gagne les élections. Willy Brandt devient chancelier. Il mène une politique audacieuse de détente avec l'Est, ce que l'on a appelé l'Ostpolitik. Deux ans plus tard, il recevra le prix Nobel de la paix et remporte triomphalement les élections en 1973. Cependant, l'année suivante, un de ses conseillers les plus proches, Gunther Guillaume, est arrêté. C'est un espion est-allemand. Aussitôt, désirant assumé pleinement ses responsabilités, Brandt démissionne contre l'avis de ses propres amis.Mais, Monsieur X le laissait entendre à la fin de la première partie de cet entretien, l'ancien maire de Berlin a sans doute été la victime d'une machination ourdie une nouvelle fois à l'Est.Sat, 27 Apr 2002 13:15:00Marien NgouabiC'était un homme modeste... Une silhouette qu'on apercevait parfois au petit matin en train de courir, seul, dans les rues de sa capitale... Un étudiant en sciences d'une trentaine d'années qui se glissait sans bruit sur les bancs de l'université au milieu de ses pairs. Un militaire, toujours vêtu d'un simple treillis sur lequel il n'arborait aucune décoration. Un chef d'Etat, enfin, qui se gardait bien de céder au goût du faste et de la mégalomanie si répandu parmi les dirigeants, en particulier ceux du Tiers-Monde. Bref, un homme politique atypique... Mais, alors qu'il était à la tête de son pays depuis huit ans et qu'il était estimé par un grand nombre de ses compatriotes, il a été assassiné. C'était il y a tout juste un quart de siècle, dans un petit pays d'Afrique qui, malgré les apparences et un régime politique autoritaire, avait gardé des liens profonds avec la France.Marien Ngouabi, président de la République populaire du Congo, avait 39 ans. Et on ne sait toujours pas exactement qui l'a tué ni surtout qui a commandité son assassinat. C'est pourquoi Monsieur X m'a proposé cette semaine de revenir sur cette affaire où, comme d'habitude en Afrique, la France est concernée au premier chef.Encore un mot avant d'écouter mon interlocuteur : Ngouabi est devenu un mythe au Congo, le Congo-Brazzaville comme on l'appelait pour le différencier de son grand voisin, l'ex-Congo belge. Un mythe parce qu'il est mort jeune et qu'on s'accorde généralement pour considérer que c'était un dirigeant honnête, tout entier dévoué à son pays, même si sa pratique politique prêtait parfois à sourire. Mais les pays sont ainsi faits qu'ils ont besoin de héros. Surtout lorsqu'ils les ont dévorés !Sat, 04 May 2002 13:15:00Jonathan PollardC'était il n'y a pas si longtemps : au mois de mars exactement. La presse annonçait qu'un vaste réseau d'espionnage israélien avait été démantelé aux Etats-Unis en 2001. Il aurait regroupé plus d'une centaine de prétendus jeunes étudiants en Beaux-Arts, en réalité des agents, liés à des sociétés travaillant dans le secteur des technologies de pointe. Le FBI avait interpellé discrètement ces faux étudiants et la plupart d'entre eux avaient été expulsés. Seule une douzaine demeureraient emprisonnés aux Etats-Unis.J'emploie à dessein le conditionnel car le FBI n'a ni infirmé ni confirmé cette information révélée par un enquêteur d'une chaîne de télévision américaine, Fox News. Et naturellement, les autorités israéliennes ont nié avec la plus grande énergie. Il faut toutefois souligner que cette chaîne de télévision est jugée généralement très proche de la droite conservatrice et donc de l'équipe Bush. Par conséquent, il se peut que Washington ait approuvé ou encouragé cette révélation embarrassante pour Israël. Mais il y a encore plus intéressant : l'interpellation de ces agents israéliens - j'emploie encore le conditionnel - aurait eu lieu au cours de l'été 2001. Donc avant les événements du 11 septembre. Mais certains des agents du réseau israélien auraient fréquenté des lieux ou résidaient les membres présumés d'Al-Qaida qui allaient dérouter les avions du 11 septembre... S'agit-il seulement d'une coïncidence ? Et si ça n'en est pas une, que faisaient les espion israéliens ? Surveillaient-ils les futurs terroristes ? Et dans ce cas, possédaient-ils des informations sur la préparation des attentats ? Mais si c'est vrai, pourquoi Israël, dont on dit parfois en plaisantant qu'il est le 51° Etat des Etats-Unis, n'aurait pas averti son meilleur allié ?Autant de questions troublantes qui relancent la question très épineuse et très sensible de l'espionnage israélien en Amérique. Car il y a des précédents qui ont fait grand bruit. L'affaire Pollard, par exemple, qui a été présentée en 1985 par le secrétaire à la Défense américain, Caspar Weinberger, comme l'une des plus graves histoires d'espionnage que les Etats-Unis aient connues !C'est pourquoi, à l'occasion de la récente découverte de cet éventuel nouveau réseau, j'ai demandé à Monsieur X de nous éclairer.Sat, 11 May 2002 13:15:00La synarchie (1/2)Et si, derrière la mondialisation, se dissimulait la Synarchie ? Je ne plaisante pas. Il existe encore aujourd'hui des gens qui pensent que les apôtres du libre-échangisme absolu sont manipulés par une mystérieuse organisation internationale où l'on retrouverait les grands décideurs de notre planète et les représentants des trusts les plus importants... Bref, des synarques, agissant dans le secret le plus total, tirant les fi-celles des gouvernements et dont les citoyens ne seraient que les jouets.Pour les plus jeunes des auditeurs, ce mot, Synarchie, ne doit rien dire. Et pourtant, la Synarchie, mythe ou réalité, a jalonné une partie de notre Histoire contemporaine. Par exemple, de la défaite de 1940 aux circonstances du retour du général de Gaulle, en 1958. Il était donc tentant de demander à Monsieur X, lui qui se fait fort de dévoiler l'envers de la vérité historique, si la Synarchie existait vraiment et si, dans le passé, elle avait réellement joué un rôle.La question est d'autant plus d'actualité que la complotite est un fantasme partagé par un nombre grandissant de personnes. Aux Etats-Unis, par exemple, où certains ne sont pas loin de croire à la réalité des faits évoqués par une série comme X-Files. Mais en France aussi, si l'on en juge par l'étonnant et troublant succès du livre de Thierry Meyssan sur les événements du 11 septembre.Alors, le combat anti-mondialisation mené par José Bové et ses amis est-il un combat contre la Synarchie ? La réponse dans un instant avec Monsieur X... Un dernier mot avant de l'écouter : synarchie signifie, si j'en crois le dictionnaire, gouvernement de quelques-uns ou de quelques groupes.Sat, 18 May 2002 13:15:00La synarchie (2/2)Existait-il, et existe-t-il peut-être encore, une organisation clandestine internationale régnant en secret sur nos destinées, faisant et défaisant les gouvernements, décidant des principaux événements du monde ? La question n'est pas aussi saugrenue qu'il y paraît. Nombreux sont les gens qui, cédant à la tentation de la complotite, croient à l'existence de cette mystérieuse société secrète, aux Etats-Unis, principalement, mais aussi chez nous... Autrefois, cette pieuvre portait un nom : la Synarchie. Mythe ou réalité, la Synarchie aurait été l'expression d'une conspiration permanente menée par quelques élites, intellectuelles politiques ou économiques.A l'origine, Monsieur X l'a expliqué la semaine dernière, il y avait un Français, le marquis Saint-Yves d'Alveydre. Ce passionné d'ésotérisme, qui prétendait appartenir à une caste de grands Initiés a publié à la fin du XIX° siècles plusieurs ouvrages prônant la création d'un " pacte synarchique ", une sorte de contrat entre les principaux pouvoirs qui conduirait à un gouvernement harmonieux. Bref, une révolution par le haut, sans désordre dans la rue. Les écrits hermétiques de Saint-Yves ont suscité une abondante littérature dans les milieux occultistes mais n'ont débouché sur aucun projet politique sérieux.Mais soudain, lors de la révélation du complot de la Cagoule, à la veille de la guerre de 39-40, on prétend que les conspirateurs agissaient à l'instigation de la Synarchie, une instance secrète regroupant des industriels et des hauts fonctionnaires. Aussitôt, les communistes accusent les représentants des " 200 familles ", tandis que l'extrême droite dénonce les ploutocrates judéo-maçonniques et le capitalisme anglo-saxon.La question rebondit sous le régime de Vichy. D'anciens cagoulards affirment avoir été abusés par les synarques et accusent maintenant ces derniers de saboter la Révolution nationale de Pétain et d'avoir pris en main la réalité du pouvoir. Des noms de ministres sont prononcés, des rapports confidentiels circulent, la presse de la Collaboration produit même un exemplaire du pacte synarchique. Le maréchal lui-même semble ne pas douter de l'existence de la Synarchie. Le maréchal mais aussi, nous a dit Monsieur X, ses adversaires. À Londres, à Washington, les services secrets s'interrogent. Et désormais, le spectre de la Synarchie va resurgir régulièrement lors des soubresauts de notre histoire. A tel point que certains pensent aujourd'hui que le dernier avatar de la Synarchie s'appelle la mondialisation !Sat, 25 May 2002 13:15:00Bob Denard au BéninOn dirait le titre d'un mauvais film de série B... 'Opération Crevette' ! Mauvais film. Et mauvais scénario ! Car cette 'Opération Crevette', pourtant financée à coups de centaines de milliers de dollars, et soutenue en secret par plusieurs pays dont le nôtre, s'est terminée en fiasco. Un fiasco total. Une vraie gifle pour le chef militaire de cette opération, le célèbre, trop célèbre, mercenaire Bob Denard !C'était en 1977, au Bénin, ex-Dahomey.L''Opération crevette' avait pour objectif de provoquer un coup d'Etat et d'éliminer physiquement le président du pays, Mathieu Kérékou. Mais les mercenaires ont dû faire face à une résistance inattendue et, au bout de quelques heures de combat, ils ont été obligés de battre piteusement en retraite. Mais, et c'est l'avis de Monsieur X, les dés étaient sans doute pipés dès le départ. Nous y revenons dans un instant.Bob Denard, ce 'chien de guerre' comme l'a surnommé Pierre Péan, ne tardera pas à prendre sa revanche. Un an plus tard, en 1978, il interviendra aux Comores, renversera le président et rétablira l'ancien chef d'Etat, Ahmed Abdallah, qu'il avait lui même chassé du pouvoir trois ans plus tôt. Pendant dix ans, le mercenaire et ses hommes régneront sans partage sur cet archipel. Jusqu'au jour où Abdallah sera abattu dans de mystérieuses circonstances, en présence de Bob Denard.Ajoutons, avant d'écouter Monsieur X, que Bob Denard, en 1993, répondra devant la Justice française de son intervention meurtrière au Bénin. Mais des hommes ayant appartenu au monde du renseignement, viendront témoigner en sa faveur et affirmer que le mercenaire avait agi en tant que sous-traitant de nos services secrets. Résultat, Denard ne sera condamné qu'à une peine avec sursis. Les mêmes hommes, auxquels se joindra le sulfureux général Aussaresses, reviendront en 1999 soutenir le mercenaire lorsqu'il sera accusé d'avoir assassiné le président Abdallah. Et, à nouveau, leurs témoignages pèseront d'un grand poids puisque Denard sera finalement acquitté.Alors Monsieur X se propose d'éclaircir la réalité des liens qui existaient entre le mercenaire et nos services ? Et d'abord à propos de la désastreuse 'Opération crevette' !Sat, 01 Jun 2002 13:15:00Les ComoresPrendre sa revanche ! Le mercenaire Bob Denard n'a que ça en tête après son échec à Cotonou, en 1977. Nous l'avons vu, samedi dernier avec Monsieur X, ce collaborateur intermittent de nos services spéciaux a joué un rôle trouble dans cette opération armée qui visait à renverser le président du Bénin, Mathieu Kérékou. Mais, manipulé ou non, c'est Denard qui porte la responsabilité apparente de cette débâcle. Et dans un métier où la concurrence est rude et où il faut soigner son image de marque auprès des clients, c'est à dire faire la preuve de son efficacité, le mercenaire doit rebondir... Alors une nouvelle fois, la France va lui offrir une occasion d'exercer ses talents très particuliers. Dans l'archipel des Comores.Un point d'Histoire avant d'écouter Monsieur X... C'est au XIXème siècle que les quatre îles qui composent l'archipel aux parfums, comme on l'appelait autrefois, sont colonisées par la France. Les îles ont été islamisées au XIIème siècle mais à Mayotte, peuplée de Malgaches et de Créoles, il existe une forte minorité chrétienne. Ce particularisme va peser sur l'histoire mouvementée de l'archipel puisque, aujourd'hui encore, cette île demeure française alors que les trois autres, Anjouan, la Grande Comore et Mohéli, sont regroupées au sein d'une République fédérale islamique.En 1973, Georges Pompidou promet l'indépendance au président du Conseil du gouvernement de l'archipel, Si Ahmed Abdallah, un riche commerçant d'Anjouan. Mais le président français meurt prématurément. Abdallah négocie avec le candidat Giscard d'Estaing : il fera voter pour lui si le futur président s'engage à donner l'indépendance aux Comores.Giscard, élu, tient parole. Quelques mois après son élection, un référendum est organisé. Trois des îles optent massivement pour l'indépendance. Mais les habitants de Mayotte, eux, expriment leur volonté de rester français. Embarras de Paris. Abdallah exige l'indépendance pour l'ensemble de l'archipel. Tandis que le gouvernement français, arguant du vote des Mahorais, considère que Mayotte doit demeurer dans l'orbite de la France. Abdallah, furieux, dénonce le néocolonialisme français et proclame unilatéralement l'indépendance des quatre îles. Un mois plus tard, il est renversé par un coup d'Etat. Un putsch orchestré par le mercenaire Bob Denard et vraisemblablement initié par nos services secrets. Ce ne sera pas la seule intervention de Denard aux Comores... Il y reviendra en 1978, après son échec au Bénin. Et il restaurera le président Abdallah qu'il avait chassé trois ans plus tôt. Encore une fois, avec le soutien de nos services !Notons enfin, avant d'écouter Monsieur X, que les Comores occupe une situation stratégique éminente. Au sortir du canal du Mozambique, elles se trouvent sur la route maritime du pétrole moyen-oriental.Sat, 08 Jun 2002 13:15:00L'ASALAASALA ! Trois syllabes qui ont semé la terreur dans les années 80. Dans une France déjà frappée à plusieurs reprises par la violence aveugle du terrorisme proche ou moyen-oriental, surgissent de nouveaux activistes qui perpètrent de nombreux attentats dont l'un, en 1983, causera la mort de huit personnes. Des attentats revendiqués par l'ASALA, c'est à dire l'Armée secrète pour la Libération de l'Arménie. Une organisation clandestine qui se bat à la fois pour la re-connaissance internationale du génocide arménien de 1915 et la réunification du territoire arménien réparti entre la Turquie, l'URSS et l'Irak.Une question se pose tout de suite : pourquoi la France ? Notre pays, qui compte une importante communauté arménienne, n'est pourtant pas concernée au premier chef par cette douloureuse cause. D'autant que les nationalistes arméniens se sont jusqu'alors exclusivement attaqués à des objectifs turcs un peu partout dans le monde. C'est pourtant la France qui se-ra l'un des pays les plus durement touchés par les terroristes arméniens puisque près d'un quart des attentats seront perpétrés sur notre sol. La France qui, paradoxalement, considère plutôt avec sympathie la cause arménienne. Elle l'a exprimé publiquement par la voix de MM. Defferre et Mitterrand, dès le début du septennat de ce dernier.On peut donc légitimement s'interroger et se de-mander avec Monsieur X si cette violence ne cachait pas autre chose. Bref, les objectifs de l'ASALA étaient-ils strictement arméniens ? Monsieur X a son idée.Sat, 15 Jun 2002 13:15:00Les assassinats de l'O.A.S.Ce fut la dernière guerre civile qu'ait connue la France. Un conflit franco-français meurtrier puisqu'on estime qu'il a fait 2000 victimes. Je veux bien sûr parler de l'action terroriste de l'OAS dans les années 61-62 et de sa répression par les services officiels et ceux que l'on a appelés les barbouzes. Terrorisme du désespoir, politique de la terre brûlée : c'était l'époque des cadavres d'Algériens abandonnés sur les trottoirs des villes, des plasticages en Algérie mais aussi en métropole. Et enfin des tentatives d'attentats contre le général de Gaulle.L'OAS, Organisation de l'Armée secrète, rassemblait le petit peuple de Bab el Oued, un quartier qui avait toujours voté à gauche et même communiste, mais aussi des monarchistes, des factieux d'extrême droite, comploteurs de toujours, des militaires rebelles et des hommes politiques qui estimaient avoir été trompés par le général de Gaulle. Un regroupement hétéroclite, donc, qui n'a jamais menacé sérieusement le pouvoir, mais qui a ensanglanté les dernières heures de la présence française en Algérie. Et, en provoquant un rejet massif de la population métropolitaine, l'OAS n'a guère contribué à favoriser l'implantation des rapa-triés qui avaient dû choisir entre la valise et le cercueil.Pourquoi reparler avec Monsieur X de cette organisation terroriste ? Parce que les services secrets français, DST et SDECE, ont joué un rôle trouble en ces années-là ? Parce que, engagés de longue date dans la lutte contre le FLN algérien, ces services ont ensuite renâclé à lutter contre les partisans de l'Algérie française... Et peut-être même - c'est la thèse de Monsieur X - se sont-ils parfois servis de l'OAS pour éliminer physiquement certains gêneurs...Sat, 22 Jun 2002 13:15:00Ben Laden (1/2)Serait-il le Che Guevara de l'Islam ? Je veux bien sûr parler de Ben Laden... La comparaison impose, évidemment, la plus grande prudence. Mais il faut bien admettre que dans certains milieux musulmans, et pas forcément les plus extrémistes, le chef terroriste est devenu un héros qui incarne le Djihad, c'est à dire la guerre sainte contre les Infidèles...Comment en est-on arrivé là ? A-t-on fabriqué Ben Laden ? Ou bien le chef d'Al-Qaida était-il promis à jouer ce rôle dans la lutte contre le Grand Satan, les États-Unis, et plus généralement les nations occidentales ? Alors qu'il a été, de longues années durant, un allié des Américains lors de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan. Certains, affirmant même que Ben Laden est une créature de la CIA qui, tel le monstre créé par le Dr Frankenstein, s'est retourné contre son créateur...Depuis plusieurs semaines déjà, de nombreux auditeurs me pressent de demander à Monsieur X de parler des événements qui secouent le monde et ont frappé l'opinion publique en ce jour dramatique du 11 septembre 2001. Mon fidèle interlocuteur a longtemps repoussé cette demande. Et puis cette semaine enfin, c'est lui qui m'a proposé d'aborder longuement le sujet. Il sera naturellement question de l'Afghanistan mais aussi de pétrole et de gaz. Et de toutes les négo-ciations secrètes qui ont précédé les attentats du 11 septembre. Mais, avant de diffuser ce nouvel entretien, je voudrais vous rappeler ce que disait Monsieur X à propos de l'intervention soviétique en Afghanistan... Il soutenait que l'URSS avait été alors piégée par les États-Unis. Une thèse confirmée par le propre conseiller du président Carter, Zbigniew Brzenzinski, qui déclarait ceci en novembre 1997 à Vincent Jauvert du Nouvel Observateur :"Selon la version officielle de l'Histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidin a débuté courant 1980, c'est-à-dire après que l'armée soviétique eut envahi l'Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu'à présent, est tout autre : c'est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j'ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu'à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques."Brzezinski ajoute : "Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent.Et lorsque le journaliste Vincent Jauvert lui demande s'il regrette cette initiative, l'ancien conseiller de Carter répond :"Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j'ai écrit au président Carter, en substance : " Nous avons maintenant l'occasion de donner à l'URSS sa guerre du Viêt-nam. ""Mais deux décennies plus tard, les tours du World Trade Center s'écroulaient, frappées par des avions pilotés par des terroristes islamistes, vraisemblablement entraînés en Afghanistan !Sat, 29 Jun 2002 13:15:00Ben Laden (2/2)L'ennemi public numéro 1 ! Pour les Américains, aucun doute : c'est Ben Laden ! L'incarnation du mal absolu... Et pourtant, c'est sur ce même homme que les États-Unis se sont appuyés pour recruter et armer des milliers de volontaires islamistes qui sont allés se battre aux côtés des moudjahidin afghans. Mission réussie : grâce à cette aide massive, les résistants ont tenu l'Armée rouge en échec et l'ont obligée à évacuer le pays en 1989. Peu après, l'empire soviétique s'écroulait...Pourtant ce précieux allié n'a pas tardé à se retourner contre ses protecteurs. Et, le 11 septembre dernier, les États-Unis étaient frappés dans leur chair. Responsable présumé, proclamé : ce Ben Laden qui avait autrefois collaboré efficacement avec la CIA et qui, au fil des ans, a construit un véritable réseau d'islamistes purs et durs, l'organisation Al-Qaida...La semaine passée, au cours de la première partie du long entretien que Monsieur X m'a accordé, nous avons essayé de comprendre pourquoi ce fils d'une richissime famille saoudienne avait décidé de devenir l'adversaire résolu des États-Unis. Je résume : jusqu'au retrait de l'Armée rouge, aucun problème : Ben Laden est un allié fiable, indispensable. Mais, une fois les derniers soldats soviétiques partis, les Américains se désintéressent apparemment, et nous le verrons, très provisoirement, de l'Afghanistan... Les moudjahidin se sentent abandonnés sinon trahis. Car leur combat continue contre le régime communiste qui est toujours en place à Kaboul et qui ne tombera qu'en 1992. Leur déception est à la mesure de leur sentiment de triomphe. N'ont-ils pas déjà fait plier l'une des deux superpuissances ?Oussama Ben Laden revient en Arabie saoudite. Et, comme lui, beaucoup de fondamentalistes musulmans qui se sont battus en Afghanistan au nom de Djihad, réintègrent leurs patries... Ces Afghans, ainsi qu'on va désormais les appeler, toujours liés à Ben Laden, vont être à l'origine de nombreux troubles. En Algérie, par exemple, ce sont ces hommes qui sont à l'origine de la création du GIA, responsable de toutes les tueries qui vont ensanglanter le pays.Ben Laden est accueilli chez lui en héros. Mais, très vite, malgré ses relations très étroites avec le prince Turki, chef des services secrets saoudiens, le chef d'Al-Qaida prend ses distances avec la famille royale. Principale raison : la présence sur le sol sacré de l'Arabie saoudite de dizaines de milliers de soldats américains mobilisés pour la Guerre du Golfe. Ses critiques devenant de plus en plus virulentes, Ben Laden doit s'exiler. D'abord réfugié au Soudan, le Saoudien va transformer son réseau en une organisation terroriste, principalement dirigée contre les États-Unis. Mais, d'après Monsieur X, les choses ne sont pas aussi simples. Ben Laden continuera à être partiellement soutenu par l'Arabie saoudite. L'Arabie qui est pourtant un des alliés les plus fidèles de Washington !Sat, 06 Jul 2002 13:15:00Farewell et suitesJamais encore le coeur du système soviétique, le plus secret, le plus opaque, n'avait été pénétré ! Je veux parler du formidable appareil de renseignement mis en place par Moscou pour piller la technologie occidentale, pallier du même coup les faiblesses de l'industrie soviétique et faire des économies considérables en matière de recherche. C'était en 1981 : un colonel, tapi à la direction T (sciences et techniques) du Premier directorat du KGB, décidait soudain de révéler à l'Ouest l'ampleur de la pénétration soviétique dans les domaines les plus sensibles de la recherche et de la technologie. Francophile, ayant longtemps été en poste dans notre pays, cet homme choisissait de s'adresser à notre service de contre-espionnage, la DST. Grâce aux milliers de documents fournis mois après mois par cet espion, nos agents découvraient ainsi l'existence d'un organisme, le VPK, c'est à dire la Commission de l'industrie militaire, chargé de planifier et d'organiser systématiquement l'espionnage scientifique et technologique. Une collecte faite à la demande : les divers secteurs militaires et industriels faisaient connaître tous les ans leurs insuffisances ou leurs retards. A charge pour les agents des services secrets soviétiques infiltrés dans le monde entier de leur fournir les informations technologiques qui leur manquaient. Ce même VPK chiffrait aussi méthodiquement les économies ainsi réalisées : des millions de roubles, chaque année...Monsieur X a déjà évoqué ici le dossier Farewell. Farewell étant le nom de code attribué par la DST à ce colonel du KGB qui s'appelait, on le sait aujourd'hui, Vladimir Ippolitovitch Vetrov. Et s'il a voulu revenir sur cette affaire extraordinaire, qui a été longtemps un des secrets les mieux gardés de la République, c'est parce que de nombreux points demeurent obscurs. Car même si, incontestablement, l'exploitation de la source Farewell a été un des succès les plus retentissants de nos services de renseignement, succès qui s'est traduit par l'expulsion de France de 47 pseudo-diplomates soviétiques, cette opération a peut-être aussi donné lieu à une ou plusieurs étranges opérations de désinformation.Un mot encore avant d'écouter Monsieur X : Vetrov, alias Farewell, a été arrêté par la police soviétique en février 1982. Non pas pour espionnage mais pour une affaire de droit commun : le colonel, pris d'un accès de folie, a tenté de poignarder sa maîtresse et tué un policier. Mais Monsieur X ne croit pas à cette version. Pour lui, Farewell, aux abois, a imaginé un simulacre d'assassinat sur sa maîtresse : provisoirement emprisonné, pensait-il, il échapperait aux limiers du KGB qui, immanquablement, finiraient par le démasquer. Mais un policier s'est interposé. Un malencontreux grain de sable ! Vetrov a donc été condamné à 12 ans de prison et envoyé en Sibérie.En Occident, nul ne sait alors ce qu'il est devenu. Sans nouvelles de leur espion, les hommes de la DST imaginent qu'il a été découvert et capturé. L'exploitation des renseignements qu'il a fournis peut alors commencer. Des espions soviétiques sont dé-masqués un peu partout dans le monde. Le KGB apprend ainsi l'existence d'une taupe au sein de son dis-positif le plus secret... Vetrov finit par être démasqué. Extrait de sa prison sibérienne, il avoue. Condamné à mort, il aurait été fusillé au début de l'année 1985. Et j'emploie le conditionnel à dessein. Car, aujourd'hui encore, on ne sait pas si cet espion exceptionnel est réellement mort !Sat, 13 Jul 2002 13:15:00EntebbeEntebbe ! Trois syllabes qui sonnent comme un cri de victoire pour les services secrets israéliens. Après l'humiliation de la guerre du Kippour, en 1973, où leur vigilance avait été prise en défaut, ils montraient avec éclat trois ans plus tard qu'ils étaient capables de monter une opération délicate et audacieuse à presque 4.000 kilomètres de leurs frontières. Le Mossad redorait donc son blason et le gouvernement israélien affichait aux yeux du monde entier sa détermination de ne jamais céder au terrorisme et aussi sa capacité à agir seul lorsque ses intérêts ou ses citoyens étaient menacés. Mais nous le verrons, tout n'était peut-être pas aussi simple...Entebbe demeure donc comme un modèle de raid réussi : des dizaines d'otages libérés, tous les pirates de l'air abattus et un minimum de casse parmi les troupes d'élites israéliennes qui ont mené l'assaut. Un raid qui a frappé l'opinion et provoqué l'admiration de tous les spécialistes... C'est pourquoi, alors que la lutte contre le terrorisme est toujours à la une de nos journaux, Monsieur X m'a proposé de revenir sur cette opération exemplaire et d'en dévoiler quelques secrets. Ajoutons, avant de l'écouter, que la France était concernée au premier chef par cette affaire : l'avion détourné par les pirates allemands et palestiniens était en effet un Airbus d'Air France. Et nombre de nos concitoyens se trouvaient à bord. Notre diplomatie et nos services de renseignement ne pouvaient pas ne pas s'en mêler !Sat, 20 Jul 2002 13:15:00Dulcie SeptemberElle s'appelait Dulcie September... Elle représentait à Paris l'ANC, le mouvement de Nelson Mandela. Le 29 mars 1988, elle est abattue de plusieurs balles de 22 Long Rifle sur le palier de son bureau. Un assassinat exécuté, à l'évidence, par des tueurs professionnels.Immédiatement, les soupçons se portent sur l'Afrique du Sud et ses services spéciaux, même si un ministre français - on est alors en période de cohabitation - s'empresse de parler d'un règlement de comptes entre factions rivales au sein de l'ANC.Comme dans l'affaire Mecili - cet avocat franco-algérien assassiné un an plus tôt à Paris lui aussi - l'enquête se traîne et le dossier fera l'objet d'un non-lieu en 1992.Depuis, on le sait, l'Afrique du Sud est devenue un pays démocratique et l'apartheid a été aboli. Les nouveaux dirigeants ont essayé de faire la lumière sur les exactions commises par la police et l'armée. Une commission " Vérité et réconciliation " a été constituée. De nombreux cadres des services secrets et des escadrons de la mort chargés de lutter contre les militants l'ANC ont été entendus. Certains ont reconnu l'implication de leur organisation dans l'élimination de Dulcie September. Mais l'affaire n'est pas pour autant résolue... En effet, il reste à savoir pourquoi exacte-ment la représentante de l'ANC à Paris a été abattue. A-t-elle été tuée simplement parce qu'elle appartenait au mouvement de Mandela ? Ou bien a-t-elle été éliminée parce qu'elle était en possession d'informations de première importance ? Enfin, autre interrogation qui nous concerne directement : est-ce que des Français ont été mêlés à cette affaire ? Et si oui, pourquoi ?Monsieur X entend répondre à toutes ces questions. Des révélations souvent embarrassantes !Sat, 27 Jul 2002 13:15:00La guerre du GolfeTout a peut-être commencé cette année-là ! En 1990. L'année de la crise du Golfe. Une crise qui allait dégénérer en guerre dès le mois de janvier 1991...Oui, tout a peut-être commencé à cause de la guerre du Golfe ! Parce que, selon Ben Laden, chef de la nébuleuse terroriste islamique, à cette occasion des soldats américains ont foulé le sol sacré de l'Arabie... La terre du Prophète ! Et ce sacrilège s'est prolongé puisque, aujourd'hui encore, des troupes des Etats-Unis stationnent en Arabie saoudite, pas très loin des lieux les plus saints de l'Islam.Ce serait en effet à cause de cette présence américaine que Ben Laden aurait déclaré une véritable guerre à ses anciens alliés, ceux qui l'avaient soutenu et armé lors de son combat contre l'occupant soviétique en Afghanistan. Vrai ou faux ? Je ne sais pas. On peut en effet penser que, guerre du Golfe ou pas, le terrorisme islamique aurait un jour pris pour cible le Grand Satan, comme l'appelait l'ayatollah Khomeiny. Ne serait-ce qu'en raison du soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël...Quoi qu'il en soit, j'ai voulu, avec Monsieur X, revenir sur les origines de cette guerre du Golfe qui a cristallisé l'hostilité d'une partie du monde musulman à l'égard de l'Occident. Quels en étaient les enjeux réels ? Quels étaient les objectifs secrets poursuivis par les États-Unis en déplaçant un demi-million de soldats dans le Golfe ? Et pourquoi la diplomatie a-t-elle été impuissante à empêcher le déclenchement de cette guerre propre comme on l'a appelée abusivement ou cyniquement ?... Car, rappelons-le, si seulement 150 hommes de la coalition anti-Saddam Hussein y ont trouvé la mort, plus de 100.000 Irakiens, militaires et civils, ont péri au cours de cette guerre de quarante-deux jours ! Et depuis la fin du conflit, l'embargo a causé la mort de milliers d'enfants irakiens sous-alimentés. Sans compter les victimes des munitions à l'uranium appauvri !Onze ans après la fin de cette " sale guerre propre ", ainsi nommée par la journaliste Christine Abdel-krim-Delanne, les Etats-Unis vivaient l'horreur des attentats du 11 septembre 2001...Sat, 03 Aug 2002 13:15:00Le massacre des HarkisCrime contre l'humanité ! C'est la plainte qui a été déposée l'été dernier par une association de familles de harkis... Une plainte pour dénoncer l'abandon et les massacres, une plainte pour incriminer l'oubli, une plainte pour mettre en cause le mépris et la trahison...Il s'agit sans doute de l'une des pages les plus noires, les plus honteuses, de notre Histoire... Alors que le quarantième anniversaire de la fin de la Guerre d'Algérie va être célébré, il m'a semblé important de demander à Monsieur X de revenir sur ces événements tragiques de l'année 1962 afin d'essayer de comprendre, sinon de justifier...Et, tout au long de notre entretien, j'avais à l'esprit ce récit du commandant Hélie de Saint Marc :"Je me souviens de certains villageois accourus je ne sais comment et qui essayaient de s'accrocher aux camions. Je m'en souviendrai toute ma vie: les crosses des fusils contre les mains qui s'agrippent... Ce sont des scènes qui resteront à jamais gravées dans la mémoire de ceux qui les ont vécues : des hommes, des femmes, des enfants qui s'accrochent désespérément aux camions surchargés et qui, rejetés, tombent en pleurant dans la poussière de la route; des fidèles entre les fidèles, qui tentent de suivre les colonnes en retraite et qui s'effondrent, épuisés, sans secours. Faut-il décrire ce qui se passa dans les villages, à qui nous avions offert notre protection, qui l'avaient acceptée et que nous abandonnions ? Faut-il raconter les hameaux rasés, incendiés ? Faut-il dire les massacres, les assassinats ?"C'était en 1949, au nord de l'Indochine. L'armée française se repliait en abandonnant ceux qu'elle avait enrôlés et promis de protéger... Treize ans plus tard, les mêmes scènes se reproduiront en Algérie. Comme si on n'avait rien appris, rien retenu. Et ce sont des milliers, peut-être même des dizaines de milliers de harkis qui seront sacrifiés.Sat, 10 Aug 2002 13:15:00NoriegaCombien vaut la capture d'un trafiquant de drogue ? Cher, parfois beaucoup trop cher. En 1989, la prise de " Tête d'Ananas ", autrement dit Manuel Antonio Noriega, a coûté la vie de 25 soldats américains, celle de centaines de Panaméens et provoqué des dégâts chiffrés à un milliard et demi de dollars ! C'était évidemment démesuré, disproportionné. Et c'est pourquoi Monsieur X s'est intéressé à cette affaire qui concerne aussi la France, nous le verrons... Car, si, incontestablement, Noriega a été mêlé au trafic de drogue entre la Colombie et les États-Unis, les Américains avaient sans doute d'autres bonnes raisons pour mettre la main sur le dictateur panaméen...Un rappel historique avant d'écouter Monsieur X... C'est en 1881 que Ferdinand de Lesseps qui vient de construire le canal de Suez envisage le percement d'un autre canal dans l'isthme de Panama. Un ouvrage qui ferait l'économie du passage par le terrible Cap Horn. Les travaux, pharaoniques, commencent. Mais un scandale politico-financier met fin aux espérances de Lesseps. L'idée est reprise par les États-Unis, qui seraient naturellement les principaux bénéficiaires de la construction de cet ouvrage permettant de relier l'ouest et l'est du continent par la voie maritime.En 1903, le président Théodore Roosevelt suscite la sécession du Panama qui était alors partie intégrante de la Colombie. Tout de suite après, le Panama, désormais protectorat américain, concède aux Etats-Unis une bande de terrain de 16 km de large. Une concession à perpétuité ! Onze ans plus tard, le canal interocéanique est inauguré.En 1939, le Panama cesse d'être un protectorat pour devenir un Etat indépendant. Mais le canal demeure sous le contrôle des Américains. 1968, un putsch porte au pouvoir le général Omar Torrijos. Populiste et nationaliste, celui-ci conteste aussitôt la mainmise américaine sur le canal et ses installations. Et, en 1977, il obtient satisfaction et signe un traité avec le président Carter : en 1999, la concession américaine prendra fin, le canal sera remis au Panama.Quatre ans après, Torrijos trouve la mort dans un accident d'avion. L'un de ses collaborateurs, Manuel Antonio Noriega, responsable des services secrets puis chef de l'armée, devient l'homme fort du pays, même si des présidents fantoches exercent officiellement le pouvoir. Noriega, brutal et sanguinaire, n'en entretient pas moins des rapports très étroits avec les États-Unis, principal partenaire économique d'un pays où le dollar est la monnaie officielle. Toutefois, en 1988, deux grands jurys américains inculpent Noriega pour trafic de drogue. Le dictateur panaméen devient soudain infréquentable. Mais comment le chasser ?Sat, 17 Aug 2002 13:15:00Rwanda (1/2)C'est l'une des pages les plus noires de l'Histoire contemporaine... Un génocide, reconnu comme tel par l'Organisation des Nations Unies, c'est à dire, selon la définition du dictionnaire, la destruction systématique d'un groupe ethnique. Un million de femmes, d'hommes, d'enfants, massacrés. Le dernier génocide du XX° siècle ! Il y a seulement sept ans... Au Rwanda ! C'est si près de nous et en même temps si loin. Car qui s'en souvient vraiment et qui en parle encore ? D'ailleurs, même à l'époque, et sans doute pour évacuer à la fois l'horreur et la culpabilité, ce génocide a souvent été présenté dans le monde dit civilisé comme un massacre de plus entre tribus africaines rivales. Bref, une boucherie quasi banale, lointaine et exotique...Et c'est vrai que l'oubli nous arrange, nous Français. Car notre pays, pour des raisons qui n'ont toujours pas été vraiment éclaircies, a été étroitement mêlé à cette barbarie. C'est en particulier pour tenter de répondre à cette question que Monsieur X m'a proposé cette semaine d'ouvrir ce douloureux dossier.En 1998, les parlementaires français - et ce fut une première - ont créé une mission d'information sur les opérations militaires menées par la France au Rwanda. Présidée par l'ancien ministre de la Défense, Paul Quilès, cette mission, après neuf mois de travail et de nombreuses auditions, a souligné, selon le journal Le Monde, "les erreurs, les fautes et l'aveuglement de la France avant le génocide." Elle a aussi critiqué l'opacité de sa politique africaine, domaine réservé de l'Élysée. Toutefois, elle a conclu, de façon assez paradoxale, que Paris n'avait aucune responsabilité dans les massacres de 1994 qui ont fait entre 500.000 et un million de morts.Telle n'est pas l'opinion de Monsieur X.Sat, 24 Aug 2002 13:15:00Rwanda (2/2)500.000, peut-être même un million de morts... Un véritable génocide au coeur de l'Afrique. Des femmes, des enfants, des hommes tués à coups de machette ou de rafales de fusils d'assaut... Les cadavres jonchant les rues des villes et des villages. Et ensuite, ces cortèges interminables de fuyards, tête basse, regard apeuré... Parmi eux, il y avait des assassins... Ceux qui avaient massacré leurs voisins, leurs collègues... Des images qui n'ont que sept ans... Seulement sept ans. Mais ces images sont déjà brouillées, jaunies. Qui s'intéresse encore vraiment au lointain Rwanda ?Et pourtant, me disait Monsieur X la semaine passée, au cours de la première partie de cet entretien, nous, Français, devrions être concernés au premier chef par l'affaire rwandaise... Les soldats, les miliciens, les assassins des escadrons de la mort, ont en effet, pour la plupart, été formés et armés par la France. Par des militaires français !C'est en 1990 que la France intervient pour la première fois au Rwanda. Sollicité par le président hutu Habyarimana, qui doit faire face à une offensive tutsi appuyée par l'Ouganda voisin, le président Mitterrand décide de venir à son secours. Ce sera l'opération Noroît. On comptera jusqu'à 700 militaires français au Rwanda. Notre pays a choisi clairement de soutenir les Hutus majoritaires, parmi lesquels certains, les plus extrémistes, appellent à l'extermination des Tutsis. Cet appui de l'Élysée puis du gouvernement de cohabitation vaudra même à MM. Mitterrand et Balladur d'être qualifiés de " Hutus blancs " par certains Rwandais !Quatre ans plus tard, malgré un accord politique signé entre les deux ethnies, le pays est au bord de l'explosion. Le président Habyarimana est accusé par son propre camp d'avoir capitulé devant les Tutsis du FPR, le Front patriotique rwandais. Les observateurs les plus lucides prédisent un véritable génocide. Le gros de nos troupes sont alors reparties, laissant la place à des Casques bleus de l'ONU. Mais des conseillers militaires français demeurent dans le pays. Et des livraisons clandestines d'armes continuent à approvisionner le camp hutu.Le 6 avril 1994, l'avion du président rwandais est abattu par un missile alors qu'il allait atterrir à Kigali, la capitale. Tout de suite après, le massacre des Tutsis commence. Pour Monsieur X, il paraît évident que le génocide était programmé...Sat, 31 Aug 2002 13:15:00Opération ChaosComment expliquer la faillite des services secrets américains qui n'ont pu ni prévoir ni prévenir les terribles attentats du 11 septembre 2001 ? Et cela malgré les moyens financiers et matériels considérables dont ils disposent. Leur crédibilité a été gravement mise en cause. Et pas seulement aux Etats-Unis où le président Bush a d'ailleurs décidé de procéder à une vaste réorganisation des systèmes de sécurité.Alors que s'est-il passé ? Pourquoi la CIA en particulier a-t-elle connu un échec si retentissant ? Il y a déjà longtemps que je voulais en parler avec Monsieur X. L'occasion m'en a été donnée cette semaine avec l'anniversaire de la plus grande action terroriste jamais commise. Pour mon interlocuteur, qui a si souvent évoqué les interventions de la centrale américaine dans le monde, il faut, pour bien comprendre, remonter aux années 70... La CIA, mais aussi l'ensemble du monde du renseignement aux Etats-Unis, traversent alors une crise sans précédent. Une crise morale qui va durablement affecter les services secrets et compromettre leur proverbiale et redoutable efficacité...Sat, 07 Sep 2002 13:15:00Assassinats en Guinée EquatorialeC'est un tout petit pays peuplé par quelques centaines de milliers d'habitants... La seule ancienne colonie espagnole d'Afrique noire. D'un côté, il y a une partie continentale, une enclave taillée à la serpe dans la forêt équatoriale par le colonisateur, entre le Gabon et le Cameroun. Et plus loin, beaucoup plus loin, deux îles, elles-mêmes distantes de plusieurs centaines de kilomètres, ont été rattachées à ce territoire. Bref, un ensemble disparate, autant sur le plan géographique qu'ethnique. Mais ce petit pays, la Guinée équatoriale, regorge de ressources naturelles, à commencer par le pétrole qui lui a permis en seulement quelques années de décupler son produit intérieur brut...Ajoutons pour finir de brosser ce bref tableau que depuis son indépendance, en 1968, la Guinée équatoriale n'a jamais réellement connu la démocratie et que deux terribles dictatures s'y sont succédées.Mais pourquoi Monsieur X a-t-il choisi de parler de ce petit pays qui n'a jamais l'honneur de faire les grands titres des journaux et que la plupart d'entre nous ont du mal à situer sur une carte ? Parce que, dans la première partie des années 90, on y a enregistré un certain nombre de morts mystérieuses. Des morts de citoyens français, coopérants ou fonctionnaires, qui n'ont toujours pas été élucidées ! Et ne le seront sans doute jamais.Que s'est-il réellement passé en Guinée équatoriale ? Pourquoi ces hommes sont-ils morts ? Quels secrets avaient-ils percés ?Sat, 21 Sep 2002 13:15:00VenezuelaLa scène est surprenante ! A l'intérieur d'un studio improvisé planté sur une colline au beau milieu d'un bidonville de Caracas, le présentateur tient l'antenne pendant des heures. Avec une extraordinaire aisance, il mélange propos politiques et anecdotes plaisantes. A plusieurs reprises, le public qui se trouve devant lui éclate de rire. Par exemple lorsqu'il raconte comment il a réussi un jour à faire chanter Fidel Castro : " C'est fou ce qu'il peut chanter faux ! " Puis il prend une téléspectatrice au téléphone. Une femme d'origine modeste. Elle raconte sa vie, ses espoirs, ses déceptions. Il répond, la réconforte, termine la conservation en lui envoyant un baiser. Et le show continue. Il se tourne vers les hommes qui l'entourent. Ce sont des ministres. Familièrement, il leur demande de parler de leur travail et de leurs projets... Ensuite, il téléphone en direct à un chef d'Etat sud-américain, échange quelques plaisanteries avec lui. Six heures et demi après le début de l'émission, il en termine sous les applaudissements enthousiastes du public. Suit un bain de foule où il serre d'innombrables mains, embrasse des vieilles femmes, prend des enfants dans ses bras.Scène surprenante, disais-je... Oui, car ce présentateur de télévision aux allures de rock-star n'est autre que le président du Venezuela, Hugo Chávez. Et son émission, " Aló presidente " est diffusée en direct dimanche après dimanche. Enfin, elle était diffusée... Car, depuis le putsch raté d'avril dernier, Chávez a renoncé à ce show télévisé hebdomadaire... " El loco ", le fou, comme on l'appelle dans la bonne société vénézuélienne, a diminué le nombre de ses apparitions sur la télévision publique vénézuélienne.Monsieur X, vous l'avez compris, a choisi cette semaine de me parler de ce personnage hors du commun qu'on a essayé récemment d'éliminer et qui, malgré son retour triomphal au pouvoir, demeure menacé. Un personnage, disons-le tout de suite, qui irrite beaucoup de monde. Et, en premier chef, les dirigeants des Etats-Unis d'Amérique. Les Etats-Unis qui ne sont peut-être pas étrangers à la tentative de putsch du printemps dernier...Sat, 28 Sep 2002 13:15:001973, les plombiers du Canard Enchainé"Marcellin, quelle Watergaffe !" Voilà sans doute l'un des plus beaux titres du Canard Enchaîné. Et pour ceux d'entre vous qui ont oublié ou qui étaient trop jeunes, je rappelle que Raymond Marcellin était alors, en 1973, le ministre de l'Intérieur du président Pompidou. Et que le jeu de mot du titreur du journal satirique paraissant le mercredi, selon la périphrase consacrée, faisait allusion au scandale du Watergate qui venait justement d'éclater aux Etats-Unis en cette même année 73... Car il y avait des ressemblances notables : Outre-Atlantique, il s'agissait d'espionnage politique. En France, c'était la pose de matériel d'écoutes téléphoniques dans un journal qui avait la réputation de ne pas être tendre avec le pouvoir en place.Et c'est parce nous avons parlé récemment avec Monsieur X de cette affaire du Watergate, qui a coûté son mandat de président à Richard Nixon, que j'ai demandé à mon interlocuteur s'il avait des lumières sur notre Watergaffe française !Mais, disons-le tout de suite, en ces temps où l'anti-américanisme progresse, si, aux Etats-Unis, cette tentative d'espionnage politique s'est terminée par la démission du président, en France, il ne s'est rien passé du tout. Et la Justice s'est appliquée docilement à enterrer l'affaire.Alors quels sont les dessous de cette histoire rocambolesque dans laquelle ont été impliqués des policiers de la DST, notre service de contre-espionnage ? C'est la question que j'ai posée cette semaine à Monsieur X.Sat, 26 Oct 2002 13:15:001943, assassinat au sommetEtonnant Monsieur X qui se promène dans l'histoire au gré de sa fantaisie... Ainsi, cette semaine, il m'a emmené très loin et il m'a raconté une affaire extraordinaire qui mêle justement l'histoire, la grande, et la petite, la diplomatie et le roman d'espionnage.C'était à la fin 1943... C'est à dire à un moment où l'on pouvait légitimement penser que Hitler était déjà vaincu. Les trois grands alliés, URSS, Etats-Unis, Grande Bretagne, conviennent d'organiser une conférence au sommet. Il s'agit pour Staline, Roosevelt et Churchill de décider de la suite de la guerre et de préciser comment on va en finir avec le III° Reich. Mais il s'agit aussi d'évoquer la paix future et d'organiser le monde qui surgira des décombres de la guerre. Et de ce point de vue, cette conférence est au moins aussi importante que celle qui suivra en 1945, la fameuse conférence de Yalta.Mais où les 3 Grands vont-ils se réunir ? La question est cruciale. Joseph Staline répugne à quitter l'URSS. Cela fait déjà longtemps que le président américain, Franklin Delano Roosevelt demande à le rencontrer. Mais à chaque fois le dictateur soviétique a refusé. Et c'est lui, Staline, qui va proposer Téhéran ! Pourquoi ? Parce que l'Iran n'est pas éloigné de l'URSS et surtout parce que Russes, Américains et Anglais sont déjà présents dans ce pays qui, après être resté durablement neutre, vient de déclarer la guerre à l'Allemagne.Toutefois, Téhéran est un choix risqué. La capitale iranienne fourmille d'espions de tout poil. Et la sécurité des 3 Grands va être difficile à organiser. Sans compter que la présence simultanée dans un même lieu de ses trois ennemis pourrait donner des idées à un certain Hitler. Mais je peux vous dire tout de suite, sans déflorer le récit de Monsieur X, que le choix de Téhéran n'a pas été proposé au hasard par Joseph Staline ! Bref, le maître du Kremlin avait des arrière-pensées...Sat, 02 Nov 2002 13:15:00Rudolf NoureevUn bond prodigieux vers la liberté ! Une détente extraordinaire ! En un seul saut, le jeune homme a échappé aux deux colosses soviétiques qui le surveillaient. Il se trouve maintenant au côté de policiers français qui opposent leurs cartes tricolores aux menaces des hommes du KGB... L'image avait de quoi frapper les imaginations... Et les journalistes de l'époque ne se sont pas privés de gloser sur ce moment exceptionnel où l'un des plus grands danseurs du XX° siècle, Rudolf Noureev, a choisi ainsi de rompre spectaculairement avec sa patrie et d'abandonner pour toujours le camp de l'Est.Cela se passait en 1961, à l'aéroport du Bourget. Et donc en pleine guerre froide. Noureev, mort en 1993, a toujours prétendu que son geste n'était pas prémédité et qu'il avait obéi à une soudaine inspiration quand on lui avait annoncé qu'il devait abandonner ses camarades en partance pour Londres et rentrer à Moscou. Mais cette spontanéité est suspecte. Et, c'est la thèse de Monsieur X, les services secrets ne pouvaient pas ne pas avoir été mêlés à une affaire aussi sensible sur le plan de la propagande et de la compétition Est-Ouest. Et, d'ailleurs, les Soviétiques ont toujours affirmé que la défection du danseur-étoile avait été préparée par les Occidentaux, et particulièrement par la CIA.Mais Rudolf Noureev, lui, avait de bonnes raisons pour s'en tenir à sa thèse et nier que son choix était politique !Sat, 09 Nov 2002 13:15:00Le G.I.A. (1/2)Quarante ans ont passé depuis la fin du conflit. Et pourtant, nous, Français, ne cessons pas d'être concernés par ce qui se passe en Algérie. Nous en avons encore eu la preuve ces dernières semaines avec le procès des auteurs des attentats qui ont ensanglanté Paris en 1995. Car la France, qu'elle le veuille ou non, est impliquée dans la deuxième guerre d'Algérie, comme certains historiens l'ont appelée. Ne serait-ce que parce que nous abritons une importante communauté d'origine algérienne.En réalité, et malgré l'indépendance, les Algériens n'ont jamais coupé le lien avec l'ancien colonisateur. Même si l'on peut estimer que le régime algérien s'est construit contre la France. La France repoussoir, la France soupçonnée en permanence de se mêler des affaires algériennes, la France où l'on exporte sa violence. Mais la France qui demeure le premier partenaire économique de l'Algérie et vers qui l'on regarde en permanence... Liens culturels, affectifs : curieuse relation d'amour-haine.Avec Monsieur X, nous avons souvent parlé de l'Algérie. A propos de l'exécution du président Boudiaf, par exemple. Ou encore plus récemment, en évoquant l'assassinat des sept moines de Tibhirine. Mais s'il a choisi cette semaine de revenir sur ce sujet, c'est à cause de l'actualité de ce procès des poseurs de bombes du GIA. Une affaire qui dissimule bien des mystères et qui, pour mon interlocuteur, trouve son origine dans la nature même du régime algérien et de la société algérienne.Sat, 16 Nov 2002 13:15:00Le G.I.A. (2/2)100.000 morts... Peut-être plus. Tel est le terrible bilan de la guerre civile qui déchire l'Algérie depuis presque dix ans !La semaine passée, dans la première partie de cet entretien consacré à l'islamisme algérien, Monsieur X a montré comment un clan de militaires corrompus s'était servi des intégristes musulmans pour accaparer le pouvoir. Mais, en procédant ainsi, ces généraux ont ouvert la boîte de Pandore et précipité les islamistes dans la clandestinité et la violence. Toutefois, toujours selon Monsieur X, la lutte contre le terrorisme justifie aussi le fait que l'armée continue à maîtriser les principaux leviers du pouvoir algérien. Bref, a-t-on affaire à un duo infernal dont l'existence de l'un suffit à expliquer celle de l'autre ? Et, dans ce cas, les militaires algériens, pour sauvegarder leurs privilèges, n'ont-ils pas intérêt à faire en sorte que le terrorisme continue à ensanglanter le pays ? Bref, les GIA, les Groupes islamiques armés, ne seraient-ils pas infiltrés ou manipulés ? La question est d'autant plus troublante pour nous que le GIA a frappé en France. Le procès de deux des acteurs de la vague d'attentats de 1995 vient d'ailleurs de se terminer tout récemment. C'est à toutes ces questions que Monsieur X se propose de ré-pondre... Et, bien sûr, il sera aussi question des éventuelles relations entre ces groupes armés et la nébuleuse Al-Qaïda...Sat, 23 Nov 2002 13:15:00Vladimir PoutineL'incompréhension demeure. L'incompréhension mais aussi l'horreur... Que s'est-il vraiment passé au cours de cette nuit du 26 octobre quand les troupes spéciales russes ont envahi le théâtre moscovite où un commando tchétchène retenait 700 otages ? Quel gaz mortel a été utilisé ? Pourquoi les autorités russes n'ont-elles toujours pas révélé la nature de ce gaz, même aux médecins qui essayaient de sauver les otages gravement atteints ? Pourquoi aussi les assaillants ont-ils tué tous les ravisseurs alors que ces derniers se trouvaient déjà hors d'état de nuire ? N'aurait-il pas été plus utile de les capturer afin de comprendre comment ce commando surarmé avait pu pénétrer jusqu'au coeur de la capitale ? Et enfin, comment justifier la terrible décision prise au Kremlin ? Une décision qui s'est traduite par la mort de 150 personnes, peut-être même 200 ?Vladimir Poutine, car c'est lui qui a donné l'ordre de prendre d'assaut le théâtre de la rue Doubrovka, a exprimé ses regrets aux proches des otages tués, mais il s'est présenté aussi comme le vainqueur d'une opération jugée nécessaire, au nom de la lutte contre le terrorisme. Alors, et ce n'est pas la moindre des questions, qui est vraiment ce Vladimir Poutine qui était encore un inconnu il y a 3 ans, et qui a conquis le pouvoir, semble-t-il, justement en se servant de la question tchétchène ?Difficile d'oublier, surtout après cette dramatique affaire, que le président russe a fait l'essentiel de sa carrière au KGB. C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X de revenir sur le passé de Poutine et de m'expliquer comment ce simple lieutenant-colonel des services spéciaux a pu s'emparer du Kremlin...Sat, 28 Dec 2002 13:15:00La liste de Golda (1/2)" Un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ! " Comment ne pas penser à Shakespeare quand on prend connaissance, jour après jour, des nouvelles du Proche-Orient... Les attentats succèdent aux destructions de maisons, les raids répondent aux embuscades, et chaque jour apporte son lot de morts... Israéliens et Palestiniens semblent emportés dans une spirale folle qui repousse toujours plus loin l'espoir de paix suscité par les Accords d'Oslo.Nous avons déjà abordé plusieurs fois cette douloureuse question avec Monsieur X. Mais à l'heure où le spectre du terrorisme paraît menacer la planète entière, mon interlocuteur a voulu revenir sur une date-clef de l'histoire du terrorisme, la prise d'otages qui a ensanglanté les Jeux Olympiques de Munich en 1972. Pourquoi ? Parce que les circonstances au cours desquelles 11 otages israéliens, 5 terroristes palestiniens et 1 policier allemand ont trouvé la mort ne sont toujours pas vraiment éclaircies. Mais aussi parce que cette affaire est à l'origine d'une fantastique chasse à l'homme qui s'est peut-être terminée chez nous, à Paris, en 1992, par l'assassinat d'un important dirigeant palestinien, Atef Bseisso. Vingt ans après, Israël vengeait donc encore ses athlètes massacrés à Munich. Apparemment en tout cas. Mais n'allons pas trop vite, comme aime à le dire Monsieur X...Sat, 04 Jan 2003 13:15:00La liste de Golda (2/2)Il est minuit et demi. Une automobile ralentit, s'arrête le long du trottoir, devant un grand hôtel. Un homme, assis à l'arrière, sort de la voiture, remercie encore une fois les amis libanais qui l'ont reconduit à son hôtel. La portière claque. Deux silhouettes sortent de l'ombre, bondissent. L'une plaque l'homme contre la carrosserie tandis que l'autre brandit une arme munie d'un silencieux. Trois coups de feu étouffés. C'est fini. L'homme s'écroule. Déjà, les deux tueurs s'enfuient. Ils menacent de leurs armes des passants intrigués et disparaissent dans la nuit. Ces professionnels, pour ne laisser aucun indice, ont pris soin d'entourer leur pistolet d'un sac plastique afin de récupérer les douilles.Cette scène s'est passée le 8 juin 1992, en plein Paris, devant l'hôtel Méridien-Montparnasse. L'homme assassiné s'appelait Aatef Bseisso. C'était un important responsable palestinien. Peu de temps après, un général, membre des services de renseignement de l'Etat hébreu, a affirmé que Bseisso était l'un des planificateurs de la prise d'otages de Munich au cours de laquelle onze athlètes israéliens avaient trouvé la mort. Le Palestinien semblait donc être la dernière victime de ce qu'on a appelé la liste de Golda... Une liste établie en 1972 à l'initiative du Premier ministre israélien de l'époque, Golda Meir. C'est à dire le recensement de tous ceux qui avaient participé à la préparation et à l'exécution de la prise d'otages revendiquée par " Septembre noir ". Des hommes qui ont été traqués dans le monde entier et qui ont été abattus les uns après les autres par une cellule secrète du Mossad. Mais tous étaient-ils responsables ? Et cette vengeance systématique n'a-t-elle pas dissimulé d'autres objectifs moins avouables ? C'est l'une des questions que se propose d'examiner Monsieur X.La semaine passée, déjà, mon interlocuteur avait mis en évidence un des mystères de cette affaire : la lumière sur le massacre de Munich n'a jamais été faite. Et on ne sait toujours pas comment les athlètes ont été tués puisque les rapports d'autopsie n'ont pas été publiés... Mais, d'après Monsieur X, Allemands, Israéliens et Palestiniens avaient, pour des raisons différentes, la même volonté de taire la vérité. Les Allemands, parce que ce sont peut-être des balles de leurs policiers qui ont tué les athlètes. Les Israéliens parce que ce massacre a permis de dégrader encore un peu plus l'image des organisations palestiniennes. Et les Palestiniens enfin parce que, du propre aveu du cerveau de l'opération, Abou Daoud, cette spectaculaire prise d'otages a galvanisé des troupes démoralisées.Dans un instant donc, la suite, c'est à dire l'histoire de la liste de Golda...Sat, 11 Jan 2003 13:15:00L'Irak (1/2)Guerre ou pas guerre ? George W. Bush pourra-t-il dire renoncer, alors même que, semaine après semaine, de nouveaux renforts viennent compléter le formidable dispositif militaire anglo-saxon déjà en place au Moyen Orient ? Saura-t-il dire non à son entourage de faucons ? Echappera-t-il à ce climat passionnel et quasi religieux qu'il a lui-même créé le jour où il a parlé de l'axe du mal ? Après avoir tant diabolisé Saddam Hussein et son régime de terreur, acceptera-t-il de retenir son bras au dernier moment ? Et enfin a-t-il pris en compte tous les risques d'une guerre qui aboutirait à la chute du régime irakien mais pourrait précipiter toute la région dans le chaos ?Impossible pour le moment de répondre à ces questions. Mais il m'a paru utile de revenir avec Monsieur X sur les origines de ce conflit latent qui a pris au fil du temps l'allure d'un duel entre le dictateur irakien et le président américain. Et, autant le dire tout de suite, il demeure beaucoup de points d'ombre dans cette histoire. A commencer par celui-ci : pourquoi, en 1991, alors que le régime de Saddam Hussein semblait prêt à s'effondrer, le père de l'actuel président des Etats-Unis a-t-il soudain mis fin à la Guerre du Golfe et laissé ainsi le dictateur irakien massacrer les populations qui s'étaient révoltées ? Bref, pourquoi George Bush senior a-t-il épargné Saddam Hussein ? Mais ce n'est pas la seule question à laquelle se propose de répondre Monsieur X...Sat, 25 Jan 2003 13:15:00L'Irak (2/2)Renverser Saddam Hussein ! C'est une donnée obsessionnelle de la politique américaine. Comme s'il fallait à tout prix réparer l'erreur commise en 1991, ce cessez-le-feu prématuré qui a permis au dictateur irakien de sauvegarder son pouvoir et sans doute sa vie. Et, aujourd'hui, tout se présente comme si le fils, George Bush junior, s'était promis d'effacer la faute du père, c'est à dire de finir le travail, comme on dit aux Etats-Unis. En fait, nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X, si George Bush senior a sciemment choisi d'épargner Saddam Hussein, c'est qu'il ne voulait pas que l'Irak, pays majoritairement chiite, ne devienne une république islamique, à l'instar de son voisin, l'Iran. Et, c'est sciemment, qu'il a laissé le dirigeant irakien massacrer les chiites au sud et les Kurdes au nord dès l'instauration du cessez-le-feu..Il n'empêche que depuis la fin de la Guerre du Golfe, les Etats-Unis semblent acharnés à vouloir renverser le dictateur. Mais, avant de mettre en place leur formidable déploiement militaire au Moyen Orient, et la question est essentielle, les Américains se sont-ils vraiment donnés les moyens de parvenir à leurs fins ? Bref, ont-ils réellement cherché à se débarrasser de Saddam Hussein ? Ou n'en ont-ils que donné l'impression ? La réponse dans un instant avec Mon-sieur X...Sat, 01 Feb 2003 13:15:00L'accord F.L.N.-O.A.S.C'était la tentative de la dernière chance. Un petit espoir sur une terre déchirée par la violence et la haine. Des hommes sincères y ont cru. D'autres, assez cyniquement, - c'est l'opinion de Monsieur X - se sont sans doute servi de cette affaire pour avancer leurs pions politiques et affaiblir leurs adversaires... Mais la réconciliation était-elle encore possible ?À l'occasion de l'année algérienne, mon interlocuteur a souhaité revenir sur un épisode assez peu connu de la Guerre d'Algérie, et plus précisément des semaines qui ont précédé le scrutin d'autodétermination du 1er juillet 1962... Des ennemis irréductibles, je veux parler de militants de l'OAS et du FLN, ont tenté de nouer un dialogue. Ils ont même trouvé un accord qui, s'il avait été appliqué dans les faits, aurait peut-être permis la naissance d'une Algérie fraternelle où les Pieds-noirs auraient trouvé leur place et échappé à ce terrible choix : la valise ou le cercueil ! Mais, encore une fois, il était vraisemblablement trop tard. Des années d'une guerre impitoyable avaient dressé irrémédiablement les deux communautés l'une contre l'autre. Et la politique de la terre brûlée menée par les extrémistes de l'OAS ne permettait plus d'espérer.Pourtant, contre toute attente, des hommes ont donc tenté de jouer cette carte de la dernière chance. Avec, semble-t-il, l'attitude bienveillante des autorités françaises...Sat, 08 Feb 2003 13:15:00Le Tibet et la C.I.A.On l'appelle " le Toit du monde " ou encore, plus poétiquement " le Royaume des neiges "... Il s'agit bien sûr du Tibet, si longtemps oublié et abandonné à son sort, et dont, heureusement, on commence à parler de plus en plus en Occident.Il y a aujourd'hui plus de 50 ans que cet immense pays, adossé aux plus hautes montagnes du monde et qui a été au temps de sa splendeur six fois grand comme la France, vit sous la botte chinoise. Depuis, on estime que un million deux cent mille Tibétains ont payé de leur vie cette occupation militaire. En outre, la politique de colonisation active menée par Pékin fait planer une grave menace sur la culture tibétaine... Il y a en effet maintenant plus de Chinois au Tibet que de Tibétains. Les quelques villes, et même la cité sacrée de Lhassa, ont été victimes d'une urbanisation forcée qui les rend méconnaissables. Quant à la langue tibétaine, que l'occupant répugne à enseigner, elle risque tout simplement de disparaître.A l'extérieur, le très populaire et très médiatique dalaï lama, chef religieux et politique, se bat inlassablement pour que soient reconnus les droits de son peuple avant qu'il ne soit trop tard. Mais le poids politique et commercial de la Chine sur la scène internationale est tel que la plupart des Etats hésitent à prendre le parti de la cause tibétaine. Pourtant, il n'en pas toujours été de même : au début de l'occupation chinoise et jusqu'au début des années 70, les Etats-Unis ont soutenu les Tibétains. Mais dans le plus grand secret. Une histoire méconnue que Monsieur X a choisi cette semaine de me raconter.Sat, 15 Feb 2003 13:15:00GladioIl est un peu plus de minuit quand le téléphone sonne dans la caserne des carabiniers de Peteano, une bourgade du Frioul, proche de la frontière yougoslave. On est le 31 mai 1972, exactement. Et la nuit est belle. Le brigadier de garde Antonio Ferrari décroche. A l'autre bout du fil, un correspondant anonyme lui signale la présence suspecte d'une Fiat 500 blanche stationnée dans les environs de la petite ville. Sans doute une voiture volée. Puis il raccroche.L'Italie connaît alors une période troublée. Les Brigades rouges ont commencé à semer la terreur. Et l'extrême droite complote. Aussi, bien que Peteano soit une ville particulièrement tranquille, Ferrari, accompagné de deux autres carabiniers, décide d'aller voir sur place. La Fiat se trouve bien là où le correspondant anonyme l'a indiqué. Le brigadier et ses deux collègues tournent autour de l'auto. Puis ils se décident à vérifier si la Fiat est fermée. L'un des carabiniers ouvre le coffre. Et c'est l'explosion, énorme. Les trois policiers sont pulvérisés, tués sur le coup.Dix ans passent. L'enquête ne progresse guère. Bien au contraire. Même les grands chefs des carabiniers ne semble guère pressés de découvrir qui a massacré trois de leurs subordonnés. Mais le dossier arrive enfin sur le bureau d'un petit juge obstiné, Felice Casson. Le magistrat tire fil après fil. Et huit ans plus tard, en 1990, il rend publiques ses conclusions. C'est un véritable coup de tonnerre dans le ciel politique italien. L'opinion découvre l'existence d'un réseau paramilitaire clandestin proche de l'extrême droite, Gladio. Une organisation anticommuniste qui été créée avec la bénédiction de la démocratie chrétienne dès la fin de la deuxième Guerre mondiale. Un mouvement enfin qui a perpétré de nombreux attentats et assassinats et dissimulé des caches d'armes un peu partout en Italie.Mis en accusation, le pouvoir doit s'expliquer. D'autant que le président de la République, lui-même, Francesco Cossiga, semble compromis. Alors le président du conseil, Giulio Andreotti, consent à s'expliquer devant la parlement. Il reconnaît l'existence de Gladio, tout en minimisant l'importance du réseau. Il n'en est pas moins obligé de prendre la décision de le dissoudre... Mais surtout, à l'occasion de ces révélations et de l'enquête du petit juge italien, on découvre que c'est une véritable toile d'araignée qui couvrait une bonne partie de l'Europe et qui avait souvent infiltré les services secrets. C'est l'histoire de cette mystérieuse imprégnation que Monsieur X a choisi cette semaine de raconter... Une histoire qui nous concerne aussi au premier chef, nous, Français.Sat, 01 Mar 2003 13:15:00Les colonels grecsSouvenez de " Z "... Yves Montand, alias Grigoris Lambrakis, écharpé par une auto... Assassiné par des nervis au service des militaires... Le beau film de Costa-Gavras est sorti en 1969. Mais l'histoire, la véritable histoire du député Lambrakis, s'est passée en 1963. En mai 63. Quatre ans plus tard, les colonels grecs prenaient le pouvoir et le pays allait sombrer dans une longue dictature. Tortures, exactions, détentions arbitraires, corruption allaient être le quotidien des Grecs pendant sept ans...Si j'ai d'abord évoqué les images de " Z ", c'est que j'ai eu sans cesse l'impression de les avoir sous les yeux tandis que Monsieur X me parlait...Ces événements peuvent sembler lointains. Et pourtant, ils ont produit des conséquences qui aujourd'hui encore sont très actuelles. La partition de Chypre, par exemple. Chypre qui sera bientôt membre du club européen... Mais si Monsieur X a voulu revenir sur ce putsch des colonels grecs, c'est que tout n'a pas été dit. Les militaires grecs n'ont pas sans doute pas agi de leur propre chef. En cette période de guerre froide, la Grèce occupait en effet une place stratégique entre Méditerranée et Balkans. Et l'Occident ne pouvait pas tout à fait s'en désintéresser ! De ce point de vue, la liberté d'un peuple ne pesait pas lourd.Sat, 15 Mar 2003 13:15:00Extraits d'émissions sur l'Irak 1/2Sat, 22 Mar 2003 13:15:00Extraits d'émissions sur l'Irak 2/2Sat, 29 Mar 2003 13:15:00La question kurdeLe légendaire Saladin, qui a chassé les Croisés de Jérusalem, est le plus célèbre d'entre eux. Les Kurdes, dont les ancêtres probables, les Mèdes, ont autrefois bâti un formidable empire, de la Perse à la Turquie actuelle. Un peuple turbulent et montagnard dont l'existence même est, aujourd'hui comme hier, au coeur de la question moyen-orientale et de la deuxième guerre du Golfe. Répartis sur quatre pays, la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie, les Kurdes n'ont pratiquement jamais été indépendants. Et pourtant, à la fin de la Première guerre mondiale, ils ont failli posséder un Etat... En effet, à la faveur du démembrement de l'empire ottoman, les vainqueurs ont envisagé la création d'un Kurdistan dans l'est de l'Anatolie et dans le nord de l'Irak actuel. Ils l'écrivent en toutes lettres dans le traité de Sèvres signé en 1920. Mais la signature de ce traité déclenche la fureur des nationalistes turcs. Mustapha Kemal, le père de la Turquie moderne, passe immédiatement à l'action. A la tête d'une armée réorganisée, il se bat à la fois contre l'armée française qui occupe la Cilicie au sud-est et l'armée grecque qui a envahi l'Anatolie de l'ouest. Les Grecs sont vaincus et chassés. Un nouveau traité, signé à Lausanne en 1923, consacre cette victoire. La Turquie est reconnue dans ses frontières actuelles. Et il n'est plus question du Kurdistan. Bien au contraire. Les Kurdes, qui demeurent le seul élément non turc de la nouvelle République, vont être turquifiés en masse. Ce qui ne les empêchera pas de se révolter régulièrement contre Ankara, mais aussi contre les autres Etats où ils sont installés... Cette situation perdure. Ajoutons enfin que le Kurdistan géographique est riche de très importantes ressources minières et surtout pétrolifères. Une richesse qui attire de nombreuses convoitises et qui n'est sans doute pas étrangère au fait que les puissances de la région n'ont jamais voulu que se crée un Kurdistan politique. C'est en tout cas ce que pense Monsieur X...Sat, 05 Apr 2003 13:15:00ÖcalanIls disent eux-mêmes qu'ils sont les oubliés de l'Histoire... Les Kurdes. Un peuple éclaté, un peuple sans patrie de 25 millions de personnes, réparti sur au moins quatre pays tous farouchement opposés à l'idée d'un Kurdistan indépendant.Nous avons parlé la semaine passée avec Monsieur X de la question kurde dont, à la lumière des derniers événements, on voit toute l'importance. Une question difficile, une véritable épine plantée dans ces régions montagneuses, aux confins de la Turquie, de la Syrie, de l'Irak et de l'Iran.Les Kurdes n'ont jamais cessé de revendiquer et de se battre contre leurs oppresseurs. Mais ils sont aussi profondément divisés et leurs luttes fratricides ne se comptent plus. En outre, ils ont souvent été manipulés par les Etats de la région pour déstabiliser leurs voisins. Manipulés et abandonnés dès qu'ils n'étaient plus utiles.La Turquie, où vit la moitié des Kurdes, est sans doute le pays qui a mené la lutte la plus implacable, la plus longue aussi, contre le nationalisme kurde. Villages rasés, massacres, viols, tortures, déportations, rien n'a été épargné aux Kurdes qui, il faut le reconnaître, n'ont pas été en reste. Leur principal mouvement de résistance, le PKK, a lui-même pratiqué le terrorisme aveugle et épuré sans pitié ses propres rangs.Le chef du PKK, Abdullah Öcalan, a été capturé par les Turcs en février 1999 au terme d'une traque de plusieurs mois. Une affaire qui demeure encore largement mystérieuse... Comment les services spéciaux turcs ont-ils pu s'assurer de la personne du leader kurde dans un pays africain, le Kenya, alors même qu'il se trouvait à l'intérieur d'une enceinte diplomatique, celle de la Grèce ? Quelles ont été les complicités mises en jeu ? Qui avait intérêt à aider les services turcs ?... Autant de questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre.Sat, 12 Apr 2003 13:15:00ChypreC'est la dernière capitale européenne coupée en deux. Nicosie, capitale de l'île de Chypre. L'île d'Aphrodite, comme on l'appelle, car la déesse de l'amour y serait née.La partition de la capitale chypriote, mais aussi de toute l'île, a eu lieu en 1974 après une guerre entre Grecs et Turcs qui a fait quelques 5000 morts. Cette division a eu également comme conséquence la chute de la dictature des colonels à Athènes. Monsieur X nous en a parlé la semaine dernière : la junte militaire, en difficulté, a cherché dans cette aventure une adhésion populaire qui lui aurait permis de demeurer au pouvoir... Un peu à la façon des militaires argentins qui, en s'attaquant aux Malouines, ont eux aussi joué leur dernière carte avant d'être renversés. Mais, Monsieur X l'a laissé entendre, les colonels grecs n'ont peut-être pas agi de leur propre initiative. Car Chypre, la plus grande île de la Méditerranée après la Sardaigne et la Corse, faisait l'objet de beaucoup de convoitises : ce porte-avions naturel, situé à quelques dizaines de kilomètres des côtes turques et guère éloigné des pays du Proche Orient, occupe en effet une position stratégique. Et les Etats-Unis, en particulier, s'y intéressaient beaucoup. D'autant plus que le président de la république chypriote, l'archevêque orthodoxe Makarios, était soupçonné d'avoir des sympathies pour l'URSS.Mais, en 1974, le président américain Richard Nixon était empêtré dans le scandale du Watergate. Et bientôt, il devra démissionner. Une démission qui coïncidera à quelques jours près avec la chute des colonels grecs. Et pour Monsieur X, ce n'est nullement un hasard ! La Maison Blanche ayant toujours été le plus fidèle soutien du régime dictatorial d'Athènes.Ajoutons que la question chypriote reste d'actualité puisque l'île va bientôt rejoindre la Communauté européenne. Au grand dam de la Turquie.Sat, 19 Apr 2003 13:15:00Le plan ColombieDécembre 1993 : un gros homme, revolver à la main, essaie de s'enfuir en gagnant un toit. Plusieurs rafales d'armes automatiques. Il tombe. C'est la fin. L'homme est mort. Le plus grand bandit du XX° siècle est éliminé... Il s'appelait Pablo Escobar. Ce Colombien avait tué ou fait tuer des dizaines de juges, de policiers, plusieurs hommes politiques et des centaines d'innocents... C'était l'un des dix hommes les plus riches du monde, une fortune acquise grâce au trafic de cocaïne...La semaine passée, Monsieur X a raconté l'histoire de ce personnage hors du commun qui a dominé l'histoire de la Colombie pendant deux décennies et qui était devenu une des cibles prioritaires des autorités américaines dans le cadre de leur lutte contre le trafic de drogue. Et c'est certainement l'engagement américain, et en particulier la mise en place de systèmes d'écoutes très sophistiqués, qui a permis de venir à bout de Pablo Escobar. Mais, d'après mon interlocuteur, cette implication des Etats-Unis n'était pas dénuée d'arrière-pensées... En effet, il s'agissait aussi de lutter contre les guérillas d'obédience marxiste présentes en Colombie. Des guérillas liées aux narcotrafiquants et qui sont responsables de la guerre civile qui ensanglante le pays depuis près d'un demi-siècle... Assassinats, attentats, enlèvements, ne cessent de se succéder. Et la principale de ces guérillas, les FARC, c'est à dire les Forces armées révolutionnaire colombiennes, contrôle des régions entières de la Colombie. Rappelons que ce sont les FARC qui ont enlevé Ingrid Betancourt il y a un an et demi... Une otage parmi des centaines d'autres...Depuis la liquidation de Pablo Escobar, une liquidation qui n'a pas permis de réduire le trafic de drogue, les Américains sont toujours plus engagés en Colombie... Toujours sous le prétexte de démanteler les réseaux de la drogue. Monsieur X se propose de décrypter ce que cache cette guerre secrète qui a déjà coûté aux Etats-Unis plusieurs centaines de millions de dollars.Sat, 17 May 2003 13:15:00La Tchétchénie (1/2)Une guerre peut en cacher une autre... Il ne fait nul doute que, sur un point au moins, le président Poutine a dû approuver le déclenchement de la deuxième Guerre du Golfe... Cela lui a permis d'avoir les mains encore un peu plus libres en Tchétchénie... Et je ne parle pas seulement des exactions de l'armée russe qui sont quasi quotidiennes. Non, je pense aussi à cet étrange référendum qui a eu lieu au mois de mars dernier. Un scrutin, organisé dans un pays meurtri et déchiré, d'où une grande partie de la population a fui. Un scrutin auquel les envahisseurs, c'est à dire les soldats russes, étaient autorisés à participer. Un scrutin enfin qui aurait mobilisé 85% des électeurs et se serait traduit par une approbation massive, plus de 95% en faveur de la nouvelle constitution, un score digne des meilleurs plébiscites totalitaires et, pour tout dire, stalinien. D'ailleurs, avant même le dépouillement, les officiels pronostiquaient ce chiffre magique de 95%.Difficile donc, dans ces conditions, et compte tenu des menaces sur les électeurs, de la propagande et des irrégularités de toutes sortes, d'accorder foi à ce résultat et à la sincérité du scrutin. Mais peu importe : le président Poutine s'est empressé de déclarer que la question de l'indépendance de la Tchétchénie était désormais close... Circulez, il n'y a plus rien à voir. Et le président tchétchène, régulièrement élu, lui, Aslan Maskhadov, n'a plus le droit à la parole.Il y a longtemps que Monsieur X avait promis de me parler de la question tchétchène et de son instrumentalisation par le Kremlin... Il faut en effet ne pas oublier que les deux derniers présidents russes, Boris Eltsine et Vladimir Poutine, ont conforté leur pouvoir ou même accédé au pouvoir grâce à la guerre en Tchétchénie.Sat, 24 May 2003 13:15:00La Tchétchénie (2/2)Août 1996, l'inimaginable arrive : les Tchétchènes l'avaient promis, ils l'ont fait. La puissante armée russe est chassée de Grozny, la capitale de Tchétchénie. Chassée par des guérilleros bien moins armés mais décidés à libérer leur pays à tout prix. Les tanks russes quittent donc les ruines de Grozny et quelques jours plus tard, sous les auspices du général Lebed, un accord de paix est signé. Le conflit, qui a duré un peu moins de deux ans, a provoqué la mort de près de 100.000 personnes. Des villages entiers ont été rasés, les droits de l'Homme ont été systématiquement niés par les Russes. Des femmes ont été violées, des hommes exécutés sommairement. La paix survient donc dans un pays meurtri, exsangue, dont la modeste économie a été anéantie. Les Tchétchènes ont vaincu, contre toute attente. Mais leur avenir ne s'éclaircit pas pour autant. Car, disait Monsieur X la semaine passée, la fin de cette première guerre et de son cortège d'horreurs porte en elle les germes de la seconde. Et d'abord parce que les généraux russes, humiliés par la capitulation qu'on leur a imposée, brûlent de prendre leur revanche à la première occasion sur les boeviki tchétchènes, comme ils les appellent, c'est à dire les bandits.Ce n'est, bien sûr, pas la seule raison qui explique le déclenchement de la seconde guerre de Tchétchénie en 1999. Une guerre qui sera encore plus impitoyable que la première. Mais cette impatience des militaires russes est un élément dont il faut tenir compte. Surtout à un moment où, à la fin des années 90, la question tchétchène va devenir un argument de politique intérieure en Russie...Sat, 31 May 2003 13:15:00Le Congo (1/2)Quand l'horreur cessera-t-elle ? Un accord de paix est à peine signé que les massacres recommencent... Je veux parler du Congo-Kinshasa, l'ex-Zaïre, qu'on nomme aujourd'hui la République démocratique du Congo depuis la chute de Mobutu en 1997... Au début du mois d'avril dernier, par exemple. Tous les belligérants, c'est à dire les représentants du pouvoir congolais, des diverses milices armées, et des puissances de la région qui interviennent directement dans le pays, se retrouvent en Afrique du Sud pour conclure un accord qui pourrait enfin aboutir à la paix... Mais quelques heures plus tard, dans le nord-est du pays, c'est à dire dans une région contrôlée par l'Ouganda, des groupes armés de l'ethnie Lendu attaquent des villages Hemas... Il y aurait un millier de morts. L'armée ougandaise, qui a pourtant obtenu de demeurer au Congo pour y remplir une prétendue mission de pacification, n'est pas intervenue. Mais il est vrai que quelque temps plus tôt, elle avait soutenu les massacrés d'aujourd'hui contre les massacreurs d'hier.Quelques jours plus tôt, toujours dans cette même région, des soldats rebelles appartenant au MLC, le Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, se sont livrés à des actes de cannibalisme sur des populations pygmées.Cela fait donc maintenant sept ans que cet immense pays, grand comme l'Europe occidentale, est déchiré par une impitoyable guerre civile attisée par ses voisins qui veulent leur part des richesses du Congo... Sept ans de conflit qui ont ruiné un pays déjà mis à sac par la longue dictature du président Mobutu. Sept ans et trois millions de victimes, mortes au combat, ou lors de massacres collectifs. Ou bien encore tout simplement de faim et d'épuisement. Mais si les Etats de la région portent une lourde responsabilité dans ce désastre, ils ne sont pas les seuls. Les grandes puissances ne se sont jamais désintéressées du Congo... C'est la conviction de Monsieur X.Sat, 07 Jun 2003 13:15:00Le Congo (2/2)C'est l'histoire d'une marionnette qui échappe à son créateur... Pinocchio se libérant de Gepetto. Mais les pantins ont-ils le droit d'agir ainsi ? Et n'encourent-ils pas la vengeance de leurs manipulateurs ?C'est ainsi qu'on pourrait résumer très grossièrement les dernières années de la vie du président congolais, Laurent-Désiré Kabila, l'homme qui a déboulonné Mobutu et qui a lui-même été assassiné quatre ans plus tard, en 2001.Une marionnette, oui, si j'en crois Monsieur X qui m'en a longuement parlé la semaine passée. Je résume : les Rwandais, vraisemblablement avec l'accord des Etats-Unis qui désirent en finir avec Mobutu, dictateur usé et vieillissant qui a ruiné son pays, veulent intervenir militairement dans l'est du Congo. D'abord, parce que de l'autre côté de leur frontière se trouvent des camps de réfugiés hutus où se cachent des responsables du terrible génocide tutsi de 1994. Et ensuite, parce qu'ils ont des visées territoriales sur le Congo et particulièrement sur la riche province de Kivu... Mais s'ils agissent ainsi, ils seront à juste titre présentés comme des agresseurs et à ce titre ils seront condamnés par la communauté internationale... Alors, à Kigali, capitale du Rwanda, le général Kagame a l'idée d'aller chercher un vieux guérillero congolais, Laurent-Désiré Kabila. C'est lui qui, à la tête d'une force disparate, entrera au Congo sous le prétexte de combattre la dictature de Mobutu. Ainsi, on ne parlera plus d'agression rwandaise mais de guerre civile congolaise...L'affaire réussit. Presque trop bien. Car Kabila, l'homme des Rwandais, échappe à ses commanditaires et se retourne bientôt contre eux. Nationaliste sourcilleux, Kabila n'accepte pas de voir son pays dépecé. Et il entreprend de chasser les Rwandais et leurs alliés ougandais du Congo. C'est le début d'une guerre qui n'est toujours pas terminée... D'autres Etats, l'Angola, le Zimbabwe, sont appelés à la rescousse. L'immense Congo devient le champ clos d'un conflit inter-africain qui fait des centaines de milliers de victimes et divise le pays en un certain nombre de protectorats où les occupants exploitent sans vergogne les formidables richesses du sous-sol...En janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans des circonstances qui n'ont jamais été élucidées. À qui a profité le crime ? Qui étaient les commanditaires ? Peu avant, en France, deux Congolais, proches de l'ancien président Mobutu, ont été abattus. Pourquoi ? Préparaient-ils un complot contre Kabila ? Ou se livraient-ils à un vaste trafic criminel ? Autant de questions que j'ai posées à Monsieur X.Sat, 14 Jun 2003 13:15:00Haïti (1/2) : les Duvalier père et filsC'est un " sans-papiers " ! Mais un " sans-papiers " qui n'est pas tout à fait ordinaire... Car cet homme, qui vit chez nous depuis 1986, n'a jamais été inquiété par les autorités malgré le caractère illégal de son séjour en France. Et pourtant, au départ, il était prévu qu'il ne devait demeurer que quinze jours sur notre territoire. Juste une escale avant de trouver un pays qui voudrait bien l'accueillir... Mais voilà, ce " sans-papiers ", à qui on a refusé le statut de réfugié politique, est toujours là. Et lui, au moins, n'est jamais passé par Sangatte.Cet homme, c'est Jean-Claude Duvalier... Autrement dit, Baby Doc. Le dictateur haïtien qui est arrivé en France avec les millions de dollars volés à son pays. Baby Doc, fils de Papa Doc, l'homme qui, avant lui, a régné par la terreur sur cette île des Caraïbes, un des pays les plus misérables de la planète... Et le plus pauvre des Amériques. 80% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, les inégalités sociales sont criantes, le chômage touche la moitié de la population, seul un tiers de la population a accès à l'eau courante et l'épidémie de SIDA ne cesse d'y progresser.Aujourd'hui, Baby Doc, ce touriste illégal de luxe serait introuvable. On dit même que, malade et ruiné, il aspirerait à rentrer chez lui où les troubles n'ont pas cessé depuis son départ... Mais, au fond, peu importe la situation personnelle de ce dictateur déchu ! Ce qui compte, c'est le destin de cette République, une des plus vieilles d'Amérique latine... Une île francophone qui n'a jamais vraiment connu la démocratie et qui continue à s'enfoncer dans la pauvreté. Pourquoi ? se demande Monsieur X... Et quelle est la responsabilité de son puissant voisin d'Amérique du Nord ? Les Etats-Unis qui ont toujours considéré que cette région du monde faisait partie de leur arrière-cour...Sat, 21 Jun 2003 13:15:00Les moines de TibhirineSept têtes coupées au bord d'une route... Sept têtes de moines. Sept têtes, c'était tout ce qui restait des trappistes du monastère de Tibhirine... A tel point qu'au jour des obsèques, les autorités algériennes ont lesté les cercueils de terre pour faire croire que les dépouilles des moines étaient entières...Cette douloureuse affaire a frappé l'opinion, tant française qu'algérienne. C'était hier, en 1996. Les sept moines avaient été enlevés deux mois plus tôt. Et dans une Algérie torturée par une guerre civile qui avait déjà fait des dizaines de milliers de morts, le martyr de ces hommes de Dieu a semblé être un point d'orgue. Si même des moines, enracinés depuis longtemps dans ce pays, proches d'une population qu'ils soignaient et secouraient, respectés et protégés par les islamistes, oui, si même des moines étaient frappés, alors plus personne n'était à l'abri et tout pouvait arriver.Monsieur X a choisi de revenir sur ce drame car bien des questions se posent encore. Bien sûr, le GIA, Groupe islamique armé, a revendiqué la paternité de ces assassinats... Mais ce n'est pas aussi simple qu'il y paraît... D'autre part, du côté français, il semble bien qu'il ait régné la plus grande confusion. Rivalités entre services de renseignement, absence de coordination au niveau ministériel, intervention d'hommes de l'ombre, tout a contribué à faire en sorte que l'enlèvement des moines se termine tragiquement. C'est, en tout cas, l'opinion de Monsieur X.Sat, 28 Jun 2003 13:15:00Vladimiro MontesinosC'est un personnage de roman... De roman noir ! Agent secret, escroc, éminence grise, tortionnaire, trafiquant de drogue, le Péruvien Vladimiro Montesinos a accumulé une gigantesque fortune avant d'être rattrapé par la Justice et écroué l'an passé. Non sans avoir tenté de passer à travers les mailles du filet en modifiant ses traits grâce à une opération de chirurgie esthétique.L'histoire de Montesinos, le Raspoutine péruvien, comme on l'a surnommé, jette une lumière crue sur ces pays d'Amérique du Sud, minés par la corruption et la violence, soumis et manipulés par leur grand voisin du nord. Elle éclaire aussi le long règne de celui que les Péruviens appelaient " le Chinois ", le président d'origine japonaise, Alberto Fujimori. Montesinos a en effet été le conseiller influent, et même l'âme damnée, du président péruvien. Les deux hommes étaient inséparables. L'un gouvernait d'une main de fer et obtenait d'excellents résultats sur le plan économique ; l'autre agissait dans l'ombre, recourant aux pires méthodes pour assurer le pouvoir de son ami et associé. Mais qui était le mentor de ce duo ? Qui dirigeait vraiment le pays ? Fujimori ou Montesinos ?En septembre 2000, c'est le scandale ! La diffusion d'une cassette vidéo révèle une partie des activités obscures de Vladimiro Montesinos. Celui-ci s'enfuit. Deux mois plus tard, Alberto Fujimori se réfugie au Japon et démissionne. Et l'on découvre peu à peu l'étendue des exactions perpétrées par les deux complices. Mais qui a réellement fait tomber ce duo infernal. Et pourquoi ? Monsieur X se propose de répondre à ces deux questions.Sat, 05 Jul 2003 13:15:00Le Watergate (1/2)Ce n'est peut-être pas le plus grand scandale qu'ait connu les Etats-Unis. Mais c'est le plus spectaculaire. Car, en 1974, il a contraint un président à démissionner. Et si Richard Nixon ne l'avait pas fait, pour la deuxième fois dans l'histoire américaine, le Congrès aurait démis un président de ses fonctions... Pourtant, un an et demi plus tôt, Nixon avait été réélu triomphalement et il avait accumulé les succès diplomatiques et politiques, en conduisant en particulier son pays sur la voie de la paix au Viêt-Nam. Après avoir écrasé Hanoï sous les bombes, quand même.L'homme le plus puissant du monde mettait donc les pouces. Et pourquoi ? A cause d'une malheureuse tentative de cambriolage politique dans l'immeuble du Watergate. Nixon le républicain avait voulu percer les secrets de campagne de son adversaire démocrate. Alors même que tous les sondages lui prédisaient une réélection sans difficultés. En France, notons-le en passant, une affaire très semblable, la pose de micros par la DST dans les locaux du Canard Enchaîné, n'aura aucune conséquence politique. Autre pays, autres moeurs ! Et André Fontaine pouvait écrire ces quelques lignes dans Le Monde :"On ne le savait plus , on ne voulait plus le croire. Mais il y a encore au moins une nation sur cette terre où la loi est décidément est plus forte que les hommes où, à peine nommés par un président, des juges sont capables de lancer des réquisitions contre lui, où un parti peut préférer le manifestation de la justice au maintien d'un des siens au pouvoir."Il y a quelques semaines, Monsieur X, expliquant la faillite de la CIA qui n'a pas su prévenir les attentats du 11 septembre, était remonté jusqu'à ces années 70 où l'Agence américaine avait été violemment secouée par une série de scandales... Et il m'avait dit, en me promettant d'y revenir, que tout avait commencé avec la révélation de l'affaire du Watergate. Cette semaine, il a donc tenu parole. Et pour lui, les enjeux dans cette histoire dépassaient de très loin le simple espionnage politique.Sat, 12 Jul 2003 13:15:00Le Watergate (2/2)L'enchaînement était presque inévitable... C'était une sorte de machine infernale qui était lancée. Et elle ne s'arrêterait qu'avec la chute de celui qui l'avait fait démarrer, Richard Nixon !La semaine passée, dans la première partie de ce long entretien, Monsieur X m'a raconté comment peu à peu, le président américain avait été amené à commander des actes illégaux... Résumons : au début, il y a un président républicain qui, malgré une incontestable popularité, craint de ne pas être réélu en novembre 1972 et qui est prêt à utiliser des moyens peu avouables pour espionner ses adversaires démocrates. Mais il y a aussi un homme qui possède une authentique carrure de d'homme d'Etat et qui mène une politique étrangère audacieuse. Décidé à mettre fin à la désastreuse guerre que les Etats-Unis conduisent au Viêt-Nam, Nixon amorce aussi une politique de détente avec le bloc de l'Est en signant un accord de limitation des armements avec l'URSS. Et il est aussi le premier président américain à établir des relations avec la Chine de Mao. Toutes ces initiatives sont précédées par d'intenses et très secrètes manoeuvres diplomatiques. Or des fuites se produisent. Richard Nixon a le sentiment qu'on essaie de saboter sa politique. Il veut savoir, il veut découvrir d'où viennent ces fuites. C'est ainsi qu'il demande à ses collaborateurs les plus proches de monter une cellule d'action et d'espionnage, composée pour la plupart d'anciens des services secrets... Ce sont des membres de cette cellule qui se feront pincer dans l'immeuble du Watergate, QG de campagne des démocrates. L'enquête remontera progressivement jusqu'à la Maison Blanche et Nixon finira par être contraint à la démission.Mais, Monsieur X l'a clairement laissé entendre, le président américain est peut-être tombé dans un piège...Sat, 19 Jul 2003 13:15:00Le génocide arménienPrès de 90 ans après, le sujet demeure explosif et suscite la polémique. Je veux parler du génocide arménien de 1915. Le mot même de "génocide " est controversé puisque les autorités turques n'ont jamais accepté de reconnaître que leurs concitoyens d'origine arménienne ont été victimes d'une campagne systématique d'extermination. Et la récente arrivée au pouvoir à Ankara d'un parti islamiste, même modéré, ne devrait pas inciter le nouveau gouvernement à changer de position sur cette grave question qui empoisonne toujours les relations de la Turquie avec de nombreux pays occidentaux et qui ne manquera pas d'être encore soulevée le jour où la candidature européenne d'Ankara sera sérieusement examinée à Bruxelles.Il y a quelques mois, Monsieur X a déjà abordé ce sujet en m'entretenant du terrorisme arménien de l'organisation Asala qui a commencé dans les années 70 et 80 à s'attaquer à des diplomates et des représentations turcs. Un terrorisme qui a particulièrement concerné la France, mais qui selon mon interlocuteur, n'avait pas toujours pour objet réel de frapper les intérêts turcs. Inutile d'y revenir. Soulignons quand même que ces actions terroristes, aussi condamnables soient-elles, ont permis de remettre au premier plan la question arménienne si longtemps oubliée par la communauté internationale.La diffusion sur France-Inter de cet entretien a provoqué de nombreuses réactions d'auditeurs. Aussi ai-je proposé à Monsieur X de consacrer un nouveau chapitre à cette dramatique histoire dont beaucoup d'aspects demeurent encore méconnus. En particulier la responsabilité de l'armée allemande dans ces massacres... Il faut rappeler que la Turquie, au cours de la Première Guerre mondiale était l'alliée de l'Allemagne et que c'était Berlin qui avait réorganisé l'armée turque. Et si complicité il y a eu, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec les deux génocides qui suivront un quart de siècle plus tard : celui des Juifs et des Tziganes !Sat, 26 Jul 2003 13:15:00La fin de GorbatchevPersonne ne pouvait deviner que tout se passerait si vite... En quelques jours seulement, le redoutable empire soviétique s'est délité. Les républiques se sont émancipées les unes après les autres. Le 8 décembre 1991, deux ans après la chute du mur de Berlin, c'en est fini de l'URSS. Elle cède la place à la CEI, la Communauté des Etats indépendants. Encore quelques jours et à Noël, le dernier président soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, annonce sa démission au cours d'une émission télévisée. Une demi-heure plus tard, le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau qui flotte sur le Kremlin est remplacé par le drapeau russe, blanc, bleu, rouge.En fait, tout s'est joué quelques mois plus tôt, en août, lors d'une tentative de putsch perpétrée au moment où Gorbatchev prenait des vacances au bord de la Mer Noire. Le complot a échoué très rapidement. Le président soviétique est revenu, libre mais politiquement diminué, à Moscou. Car, désormais, l'homme fort s'appelait Boris Eltsine. C'était en effet le président de la République de Russie, fraîchement élu, qui avait pris la tête de la résistance aux putschistes. A partir de là, les jours de l'URSS étaient comptés.Cette tentative de putsch a donc été essentielle. Tout s'est joué au cours de ces trois jours. Mais, d'après Monsieur X, la vérité n'a jamais été faite sur cette aventure séditieuse qui a permis à Eltsine de devenir le nouveau tsar de la Russie. Il se propose d'en révéler les secrets.Sat, 09 Aug 2003 13:15:00Tchad (1/2) : l'affaire Outel BonoL'Afrique n'en finit pas d'être secouée par des crises et des guerres. Même les pays qu'on croyait les plus stables, tels la Côte d'Ivoire, sont victimes de ces convulsions dont les causes sont souvent des querelles ethniques. L'ancien pouvoir colonial, en dessinant des frontières qui ne tenaient aucun compte des réalités ethniques et linguistiques, a en effet laissé à ces pays un héritage bien difficile à gérer. Comment construire une unité nationale alors que tout sépare des populations disparates dont les coutumes et les traditions diffèrent.L'un des exemples les plus caricaturaux semble bien être celui du Tchad, pays immense qui rassemble d'innombrables ethnies et qui, de crise en crise, de coup d'Etat en coup d'Etat, n'a vraiment jamais connu la paix et encore moins la démocratie. Un clan remplace l'autre, mettant aussitôt le pays en coupe réglée, régnant par la force et opprimant les autres ethnies. Il en est ainsi depuis quarante ans.Ces transitions violentes ont bien sûr été suivies de près, quand elles n'ont été pas suscitées, par l'ancienne puissance coloniale, la France en l'occurrence. A la charnière du monde arabe et de l'Afrique noire, le Tchad occupe en effet une position stratégique au centre de notre ex-empire colonial. À plusieurs reprises, depuis l'indépendance, nous y sommes intervenus militairement. Pour soutenir les gouvernements en place ou pour juguler les ambitions de son encombrant voisin du nord, la Libye ! Et, d'ailleurs, un important contingent français continue d'y stationner.Monsieur X, qui m'a souvent parlé de l'Afrique, a donc choisi cette semaine de s'intéresser au Tchad où les services spéciaux français ont toujours été omniprésents et ont souvent joué un rôle trouble.Sat, 16 Aug 2003 13:15:00Victor LouisOù finit le journalisme et où commence la désinformation ? C'est à dire la divulgation intentionnelle de fausses nouvelles... En ces temps si hasardeux, il n'est pas inutile de se poser la question, tant est grande la tentation de manipuler les opinions...Mais Monsieur X m'a proposé de remonter un peu en arrière... Car les spécialistes incontestés de la désinformation ont été les Soviétiques. Et, nous l'avons vu il n'y a pas si longtemps en parlant de l'irrésistible ascension de Poutine, il semble bien que les vieilles méthodes du KGB n'ont pas été oubliées en Russie.En URSS, la désinformation faisait partie de ce que les stratèges de l'espionnage appelaient les " mesures actives ". C'est à dire les méthodes destinées à tromper l'adversaire... Marcel Chalet, qui fut le patron de notre service de contre-espionnage, en donne un parfait exemple dans un livre intitulé "Les visiteurs de l'ombre". Je le cite :"On fabrique par exemple un personnage, si on ne l'a pas sous la main, qui est supposé avoir des informations privilégiées grâce à des circonstances particulières, à son propre talent ou à son esprit d'initiative - provenant de milieux proches du pouvoir. Et ce monsieur va colporter jusqu'au niveau souhaité les informations qui lui auront été distillées, en parfaite connaissance de cause. C'est une sorte de diplomatie parallèle qui sera ainsi mise en place, l'agent d'influence rapportant comme le ferait un ambassadeur les " confidences " reçues de personnalités bien placées."L'un de ces personnages évoqués par Marcel Chalet s'appelait Victor Louis. Mort en 1992, ce journaliste soviétique, qui travaillait essentiellement pour la presse occidentale, a été l'un des as de la désinformation... Mais était-il pour autant un agent stipendié du KGB ? Monsieur X répond dans un instant.Sat, 30 Aug 2003 13:15:00Négociations secrètes Israël-Palestine (1/2)La paix ! Cette paix improbable et pourtant tant attendue entre les Israéliens et les Palestiniens... La décennie précédente nous a donné à plusieurs reprises l'espoir que ce conflit né après la deuxième guerre mondiale allait enfin voir sa fin... Mais à chaque fois, ce fut l'échec. Un échec dont, pour chacun des deux acteurs, la responsabilité incombait à la partie adverse, bien entendu. Et, aussitôt, la violence reprenait : actes de terrorisme d'un côté, représailles de l'autre... Cela fait cinquante ans que cela dure ! Depuis la création de l'Etat d'Israël sur une terre majoritairement peuplée d'Arabes, mais revendiquée pour des raisons à la fois historiques et religieuses par les Juifs.Aujourd'hui, le chemin vers la paix s'appelle la " feuille de route "... Une initiative internationale qui fixe le cadre d'un processus qui devrait permettre aux Israéliens et aux Palestiniens de véritablement négocier et d'aboutir à la création d'un Etat palestinien qui vivrait en bonne entente avec son voisin juif...Mais, dans les deux camps, il existe des extrémistes qui ne veulent pas d'un accord... Des Israéliens ultra-religieux qui estiment que la Palestine tout entière doit être juive... Des Arabes fondamentalistes qui ne rêvent que de détruire Israël...Alors, au moment où renaît un fragile espoir, j'ai demandé à Monsieur X de revenir sur la responsabilité des uns et des autres et sur l'histoire tourmentée et secrète de ces dix dernières années...Sat, 13 Sep 2003 13:15:00Négociations secrètes Israël-Palestine (2/2)On n'avait jamais été aussi près de la paix... C'était en 1993. Dix ans déjà ! Un vent nouveau soufflait sur la Palestine et on se prenait à espérer... Et puis il y a eu la mort d'Itzhak Rabin, l'arrivée au pouvoir de la droite israélienne, les nombreux accrocs au processus de paix et la reprise inévitable de la violence et du cycle infernal attentats-représailles...Mais en mai 1999, Benyamin Netanyahou, leader de la droite conservatrice, soutenu par l'extrême droite israélienne et les partis religieux, est battu aux élections... La gauche revient. Et avec elle l'espoir. Toutefois, le nouveau Premier ministre, le général Ehoud Barak, le soldat le plus décoré d'Israël, doit gouverner avec une majorité morcelée dans laquelle les partis religieux pèsent d'un poids excessif. Des partis qui sont favorables à l'extension de la colonisation en Cisjordanie, cette partie de la Palestine qu'ils n'appellent que Judée et Samarie, comme dans la Bible. Dans ces conditions, et malgré sa bonne volonté apparente, que peut faire Barak ?De l'autre côté, les Palestiniens sont de plus en plus impatients et déçus. Les accords d'Oslo n'ont pas tenu leur promesse, une grande partie de la Cisjordanie demeure encore sous le contrôle des autorités israéliennes et, surtout, le niveau de vie de la population s'est fortement dégradé et le chômage a progressé. Or, cette année 1999, qui voit l'arrivée au pouvoir du travailliste Barak est aussi celle qui, selon les accords d'Oslo, permettait théoriquement à l'Autorité palestinienne de décréter la création de l'Etat palestinien. Mais une déclaration unilatérale serait à coup sûr ressentie comme une provocation par Israël, Israël qui pourrait envahir à nouveau les territoires occupés. Mais Washington s'entremet et, à nouveau, va obliger les deux partenaires à dialoguer, d'abord à Camp David puis en Egypte, à Taba.La semaine passée, Monsieur X est revenu longuement sur l'histoire secrète des premières tractations. Il poursuit aujourd'hui ce récit et répond à cette question essentielle : Yasser Arafat a-t-il sciemment laissé passer l'occasion de faire la paix ? Bref, que s'est-il vraiment passé à Camp David et à Taba ?Sat, 20 Sep 2003 13:15:00Cambodge (1/3) : bombardements secretsC'est une histoire ancienne et qui semble pourtant étrangement actuelle tant elle offre de ressemblances avec l'actualité de ces dernières années. Et même l'actualité la plus brûlante comme celle de la guerre en Irak... Mais je ne veux pas déflorer le propos de Monsieur X. Monsieur X qui, la semaine passée, nous a longuement parlé de la guerre secrète que les Etats-Unis ont menée au Laos. Une guerre illégale, en somme, sur fond de trafic de drogue. Sur le plan humain, le prix à payer a été très lourd. Plus de 300.000 morts. Le petit Laos a été bombardé plus que ne l'a été l'Allemagne pendant la seconde guerre mondiale. Et les ethnies montagnardes enrôlées par les Américains ont été, soit massacrées, soit obligées de fuir. Mais n'y revenons pas. Cette semaine, Monsieur X a choisi d'évoquer un autre conflit, tout aussi clandestin. Un conflit qui s'est déroulé dans la même région, aux portes mêmes du Laos. Au Cambodge ! Le Cambodge, victime collatérale de la guerre du Viêt-Nam et qui finira par être submergé par la vague meurtrière des Khmers Rouges au cours de laquelle un million ou peut-être même deux millions de Cambodgiens périront...Mais - et c'est ce que semble penser Monsieur X - les Khmers Rouges ne sont-ils pas, d'une façon indirecte, des créatures des Américains ? Et d'ailleurs Ben Laden lui-même n'a-t-il pas d'abord été l'un des meilleurs alliés de la CIA ? Comme s'il était inévitable que les guerres, toutes les guerres, produisent des monstres.Sat, 01 Nov 2003 13:15:00Cambodge (2/3) : 1970-1979 - de l'ingérence américaine au régime des Khmers RougesLe mythe du bunker ! Déjà en 1969... Les généraux américains et leurs services secrets sont persuadés que les Nord-Vietnamiens ont établi leur QG dans un bâtiment fortifié enterré à 80 mètres de profondeur, quelque part au Cambodge, près de la frontière avec le Sud-Viêt-Nam... C'est afin de détruire ce bunker que Richard Nixon, à peine élu président, donne l'autorisation de procéder aux premiers bombardements sur le Cambodge, malgré la neutralité de ce pays. C'est le début d'une terrible campagne de bombardements secrets, décidés en toute illégalité, sans l'aval du Congrès. De 1969 à 1973, il y en aura plus de 3000 en tout et des dizaines de milliers de civils cambodgiens seront frappés.Curieusement, c'est ce que nous disait Monsieur X la semaine passée, le leader du Cambodge, le prince Sihanouk ne proteste pas. Louvoyant depuis des années entre les communistes et les Américains, résolu à tout faire pour préserver la paix, Sihanouk a-t-il eu peur que son pays ne soit irrémédiablement entraîné dans l'engrenage de la guerre du Viêt-Nam ? Peut-être. Mais il est déjà trop tard... En 1970, un militaire pro-américain, Lon Nol, profite d'un voyage de Sihanouk en Europe pour s'emparer du pouvoir. Deux mois plus tard, des soldats américains et sud-vietnamiens pénètrent au Cambodge afin de couper les bases arrière des troupes communistes. C'en est fini de la neutralité du pays.Cette intervention directe des Etats-Unis, tout autant que les bombardements qui continuent, aura deux conséquences : les combattants communistes du Vietcong s'enfonceront dans le pays et renforceront les maquis déjà existants des Khmers Rouges. Et Sihanouk, réfugié à Pékin, appellera à la résistance et constituera un gouvernement en exil avec ces mêmes Khmers Rouges... Cinq années plus tard, commencera l'un des plus grands génocides du siècle.Sat, 08 Nov 2003 13:15:00Cambodge (3/3) : 1979-1991 - aide secrète aux Khmers Rouges contre un Cambodge vietnamiséSeront-ils jugés un jour ? Et combien le seront ? Je veux parler des Khmers Rouges... Les chefs Khmers Rouges, car il n'est pas question de juger les milliers de Cambodgiens qui ont été, contraints ou pas, les auxiliaires des bourreaux.Le génocide cambodgien, l'un des plus importants du XX° siècle, a fait entre un million et deux millions de victimes. Peut-être même plus. Et il est parfois difficile d'imaginer comment ce peuple débonnaire a pu soudain basculer dans l'horreur...Les semaines passées, Monsieur X est remonté aux sources de cette tragédie. Le Cambodge, pays neutre, est dirigé pendant deux décennies par le prince Sihanouk, un leader fantasque qui louvoie entre les grandes puissances et essaie surtout de sauvegarder la paix dans son pays, alors même que son voisin, le Viêt-Nam, est déchiré par la guerre. Le pari est sans doute impossible. Les Nord-Vietnamiens violent depuis longtemps l'intégrité territoriale cambodgienne pour ravitailler le Vietcong et établir des bases arrière. En 1969, après l'entrée de Richard Nixon à la Maison Blanche, commence une campagne secrète de bombardements au-dessus du Cambodge. Puis en 1970 un putsch, inspiré par Washington, chasse le prince Sihanouk. Deux mois après, des troupes américaines interviennent sur le sol cambodgien... Le pays bascule dans la guerre tandis qu'une guérilla communiste pro-chinoise monte en puissance. Cinq ans plus tard, alors que les Américains et leurs alliés sud-vietnamiens sont défaits, les Khmers Rouges s'emparent de Phnom Penh. Et aussitôt le génocide commence... Le pays tout entier devient un gigantesque camp d'extermination. Mais en 1979, le Viêt-Nam, l'ennemi héréditaire, envahit le Cambodge et chasse les Khmers Rouges. La résistance s'organise contre l'occupation vietnamienne. Une résistance dominée par les Khmers Rouges et qui va bénéficier d'aides très curieuses...Sat, 15 Nov 2003 13:15:00Le hold-up de Condé-sur-EscautNathalie Ménigon... Egérie d'Action Directe et compagne de Jean-Marc Rouillan... On a beaucoup parlé d'elle ces dernières semaines car, gravement malade et emprisonnée depuis 1987, elle a demandé à bénéficier, comme Maurice Papon, des dispositions de la loi Kouchner qui prévoit la libération pour les détenus dont l'espérance de vie est menacée...Et, c'est en pensant à cette information, que j'ai demandé à Monsieur X s'il avait des informations sur l'un des événements les plus mystérieux de l'existence de cette organisation terroriste... Je veux parler du hold-up de Condé-sur-Escaut, perpétré en 1979. Un braquage qui aurait permis à Action Directe de rafler plus de 16 millions de francs. J'emploie à dessein le conditionnel car la preuve de la culpabilité du mouvement de Rouillan et Ménigon n'a jamais été établie... De même qu'on n'a jamais su où était passée la plus grosse partie de l'argent dérobé.Un mot encore, avant d'écouter Monsieur X... Cinq ans auparavant, en 1974, il y avait peut-être eu un précédent. En 1972, un commando particulièrement audacieux rafle 11 millions de francs à l'Hôtel des Postes de Strasbourg. Ce hold-up, on le sait, a été effectué par une bande de gangsters lyonnais. Le gang des Lyonnais. Mais deux ans plus tard, au cours d'une émission de télévision, un magistrat fait une déclaration fracassante, d'autant plus fracassante que la campagne pour l'élection présidentielle bat son plein. Il laisse entendre que le hold-up a peut-être servi à remplir les caisses d'un parti politique de la majorité de l'époque. En effet, plusieurs membres du gang des Lyonnais grenouillaient dans le milieu du SAC, le Service d'Action civique...Alors, le hold-up de Condé-sur-Escaut était-il également un braquage politique ? Un braquage d'extrême gauche. La réponse dans un instant avec Monsieur X...Sat, 22 Nov 2003 13:15:00Le Congo-BrazzavilleC'est la richesse même de ce pays qui l'a conduit à sa perte... Je veux parler du Congo-Brazzaville. Ancienne colonie française et quatrième producteur africain de pétrole. Du pétrole qui représente plus des deux tiers des ressources de l'Etat congolais et 90% de ses exportations. Et pourtant, malgré cette manne financière, le Congo est paradoxalement l'un des pays les plus endettés au monde. L'un des plus pauvres aussi, si l'on tient compte du niveau de vie de ses habitants.La cause en est justement le pétrole. Ce pétrole qui est à l'origine de toutes les convoitises et a nourri une guerre civile qui a ensanglanté le pays pendant plus d'une décennie et vient tout juste de se terminer. Mais les haines demeurent et ne demandent qu'à se réveiller.Disons-le tout le suite, c'est en tout cas ce que pense Monsieur X, la France porte une responsabilité écrasante dans les événements qui ont plongé le Congo dans le chaos. Et pourtant les massacres, les viols, les exodes n'ont trouvé que bien peu d'échos dans notre pays. Et c'est dans un silence assourdissant que les tueurs ont pu agir. Pratiquement en toute impunité ! Un dernier chiffre avant d'écouter Monsieur X : on estime que ces événements ont provoqué directement la mort d'environ 30.000 personnes. Mais il y a aussi ces centaines de milliers de Congolais qui ont dû fuir dans les forêts et dont certains sont morts de faim ou de maladie...Sat, 29 Nov 2003 13:15:00Février 1956, le rapport KrouchtchevQui a fait s'écrouler le système communiste en Europe ? Certains prétendent que c'est Ronald Reagan en imposant aux Soviétiques une coûteuse et inutile course aux armements... D'autres en tiennent pour Jean-Paul II, premier pape venu de l'Est... Enfin, les troisièmes affirment que c'est Gorbatchev lui-même, en instituant la glasnot et la perestroïka, qui est à l'origine de la chute de l'empire...Mais Monsieur X, lui, va encore plus loin. Il sou-tient que le vrai tombeur de l'URSS n'est autre que Khrouchtchev. Nikita Khrouchtchev qui, en dénonçant les crimes de Staline en 1956 et donc en amorçant le dégel, a miné les fondements mêmes du système soviétique. Dès lors, c'est toujours la thèse de Monsieur X, le régime était condamné à terme. Pourtant - il ne faut pas l'oublier - après Khrouchtchev, il y aura encore une longue période de glaciation avec l'arrivée au pouvoir de Leonid Brejnev.Toutefois, si mon interlocuteur a proposé de me parler de ce sujet, c'est qu'il existe encore beaucoup de points obscurs sur la manière d'agir du dirigeant soviétique. Il faut en effet se souvenir que c'est au XX° Congrès du parti communiste de l'URSS que Khrouchtchev a lu à huis clos un rapport secret sur les crimes de Staline. Un rapport secret, j'insiste... Mais qui ne le restera pas longtemps. A l'Ouest, on le publiera quelques mois seulement après la tenue de ce congrès historique. Comment ce rapport a-t-il été divulgué ? Quel rôle ont joué les services de renseignement occidentaux ? Et qui avait intérêt à ce que ce rapport soit rendu public ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre...Sat, 06 Dec 2003 13:15:00Jacques DoriotUne grosse voiture noire sur une route au milieu des bois... Et, soudain, dans le ciel, deux avions. Les pilotes ont repéré l'auto. Ils piquent au-dessus de la route. Des mitrailleuses crépitent. Le véhicule cahote sur le bas-côté et s'arrête. Le passager avant, les jambes brisées, pose sa main sur la poignée de la portière. Il n'a pas le temps de sortir. Les avions font un nouveau passage. L'homme est frappé en pleine tête. Il meurt sur le coup. Le chauffeur est grièvement blessé. Sur la banquette arrière, une jeune femme est miraculeusement indemne.C'est ainsi qu'est mort en 1945 celui qu'on appelait " le Grand Jacques ". Jacques Doriot, un des leaders du parti communiste français qui a basculé dans le fascisme peu avant la seconde guerre mondiale et sera ensuite un des collaborateurs les plus zélés pendant l'Occupation. Etrange personnage... Meneur d'hommes, excellent tribun et d'un courage physique incontestable. Mais aussi un opportuniste, un homme capable de se renier d'un instant à l'autre, une grande gueule gouvernée par sa seule ambition politique...Si Monsieur X a choisi cette semaine de me parler de cet homme, c'est que les circonstances de sa mort demeurent toujours un sujet de polémique. D'où venaient les avions qui ont mitraillé son auto ? Etaient-ils allemands ou anglo-américains ? Et qui avait intérêt à voir disparaître le leader fasciste au moment où, enfin, il avait réussi à fédérer la fine fleur de la Collaboration réfugiée en Allemagne ? Bref, Doriot a-t-il été sciemment liquidé. Monsieur X assure connaître la vérité !Vieille histoire, me direz-vous... Pas tant que ça quand on songe qu'il y a peu de semaines des centaines de militants d'extrême droite se sont réunis à Versailles pour célébrer les louanges du III° Reich et afficher une idéologie raciste qui était déjà celle d'un Jacques Doriot et de son parti, le PPF, Parti populaire français.Sat, 13 Dec 2003 13:15:00Wolfgang Lotz (1/2)Il s'agit sans doute de l'une des histoires d'espionnage les plus extraordinaires du siècle dernier... La plus audacieuse aussi. Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite !En juillet 1962, l'Egypte, dirigée alors par le bouillant colonel Nasser expérimente quatre fusées. Des engins d'une portée de 60 à 120 kilomètres. C'est à dire des fusées susceptibles de frapper Israël. En même temps, les services secrets israéliens obtiennent des informations particulièrement préoccupantes : les Egyptiens ont obtenu la collaboration de savants allemands qui avaient travaillé préalablement pour le régime nazi.C'est un danger mortel pour le jeune Etat hébreu : personne n'a en effet oublié les fameuses armes secrètes que Hitler prétendait posséder. Des armes qui lui auraient permis de changer le sort de la deuxième guerre mondiale s'il avait eu le temps de les utiliser avant la capitulation de 1945.Les Israéliens, comme à leur habitude vont réagir promptement pour écarter cette menace. Les savants identifiés, localisés, font l'objet d'avertissements musclés. Certains disparaissent même purement et simplement. Et, à cette occasion, les services israéliens nouent d'étranges alliances. C'est cette histoire méconnue et stupéfiante que Monsieur X m'a racontée cette semaine.Sat, 20 Dec 2003 13:15:00Wolfgang Lotz (2/2)Il a été l'un des plus grands espions du XX° siècle, m'a dit Monsieur X, la semaine passée... Un nommé Wolfgang Lotz... C'est lui qui aurait permis aux Israéliens d'identifier, de localiser et de châtier les savants nazis qui travaillaient en Egypte à la construction de fusées... Et mon interlocuteur se propose de raconter l'histoire assez étonnante de cet homme.Mais avant d'écouter la conversation que j'ai en-registrée cette semaine avec Monsieur X, un bref rappel. Tout de suite après la seconde guerre mondiale, de nombreux zélateurs du III° Reich trouvent refuge dans les pays arabes. Des pays où la propagande hitlérienne avait été particulièrement efficace avant et pendant la guerre. Et ce choix n'est pas innocent dans la mesure où les dirigeants de ces pays arabes vont bientôt se dresser contre le tout jeune Etat hébreu.Parmi ces exilés allemands, regroupés essentiellement en Egypte, on trouve une importante brochette de scientifiques. Des hommes qui ont participé aux travaux de Von Braun, l'homme qui a construit les V1 et V2, ces fusées qui ont causé de terribles dégâts en Angleterre. Désoeuvrés après la guerre, car les Alliés ont interdit à la nouvelle Allemagne de se doter de fusées, ces savants acceptent d'aller en Egypte où le colonel Nasser entend équiper son pays d'armes modernes. Et en 1962, le dirigeant égyptien fait procéder au tir de quatre fusées. Des armes d'une portée telle qu'elles peuvent atteindre le territoire israélien, même si leur système de guidage n'est pas encore au point. A Tel-Aviv, c'est la panique. D'autant plus qu'un de ces spécialistes fait défection et vient raconter aux services secrets israéliens que les Egyptiens envisagent de monter sur les fusées des ogives contenant des déchets radioactifs.Inquiétude et embarras des dirigeants israéliens. Embarras car au moment où leurs relations avec l'Allemagne sont au beau fixe toute campagne anti-allemande serait mal venue. Mais c'est la sécurité d'Israël qui est en jeu. Et le chef du Mossad prend sur lui de lancer l'opération Damoclès. Une série d'attaques ciblées, assassinats, envois de lettres piégées, menaces, est programmée contre ces savants allemands qui travaillent pour Nasser dans le plus grand secret. Et selon Monsieur X, si ces attaques ont été aussi efficaces, c'est grâce à ce Wolfgang Lotz...Sat, 27 Dec 2003 13:15:00ToukhatchevskiPeu à peu, et malgré l'inquiétante renaissance du nationalisme dans l'ex-URSS, les archives s'ouvrent. Et l'on découvre une partie de la vérité sur quelques affaires retentissantes. Ainsi ces dossiers sur l'Armée rouge que Monsieur X a ouverts pour moi cette semaine...Remontons un peu dans le temps. En juin 1941, lorsque Hitler lance ses troupes contre l'URSS, il obtient rapidement des succès stupéfiants. Les nazis atteindront même les portes de Moscou avant d'être arrêtés puis repoussés. Mais ils vont occuper durablement de vastes pans du territoire soviétique. Et dès les premiers mois de la guerre, des centaines de milliers de soldats sont tués ou faits prisonniers.La puissante Armée rouge a cédé facilement, trop facilement, face aux coups de boutoir de l'ennemi. Les maréchaux soviétiques ont semblé incapables de résister. Ils ont accumulé les fautes et leur incompétence a étonné.La raison de cette débâcle s'explique par les pur-ges staliniennes qui ont décapité l'Armée rouge quatre ans plus tôt. Les meilleurs officiers ont été fusillés ou envoyés au Goulag par dizaines de milliers. Et à l'heure même où il faut se battre contre l'ennemi, l'épuration continue. Les nazis ont donc en face d'eux des troupes mal commandées par des officiers démoralisés... Certains ont été sortis en hâte des camps où Staline les avait fait enfermer. Mais la prison les a brisés. Et ils se révéleront bientôt incapables d'affronter efficacement les forces hitlériennes. Il faudra de longs mois avant que de nouveaux officiers sortent du rang et mènent la contre-offensive jusqu'à la victoire de 1945.Ce que l'on sait moins, c'est que cette catastrophique décapitation de l'Armée rouge a résulté d'une vaste manipulation, une opération commencée à Paris, et où les services secrets allemands et soviétiques ont joué chacun leur partie. Un mot encore avant d'écouter Monsieur X... Au milieu de cette débâcle de 1941, un général qui a échappé aux purges, Andrei, Andreïevitch Vlassov, manoeuvre avec succès contre les nazis. Mais ce brillant officier, qui a les faveurs de Staline, sera finalement fait prisonnier à cause de l'incompétence de ses pairs. Et il passera aussitôt à l'ennemi. Nouvelle et terrible avanie pour l'Armée rouge. Mais nous en reparlerons...Sat, 03 Jan 2004 13:15:00VlassovC'était un rescapé... Andrei Andreïevitch Vlassov. Un général soviétique qui a échappé à la grande purge de 1937. Une purge qui a décapité l'Armée rouge et qui est directement responsable des revers subis par l'URSS lors l'attaque allemande en 1941. Des revers qui se sont traduits par la mort de centaines de milliers de soldats soviétiques.On a vu la semaine dernière avec Monsieur X comment les services secrets de Moscou et Berlin avaient travaillé pour aboutir à cette épuration et à l'élimination physique du Bonaparte rouge, ce maréchal Toukhatchevski qui inquiétait tant Staline. N'y revenons pas.Alors Vlassov... Comme Toukhatchevski, c'est un brillant officier, même s'il n'a pas les qualités de stratège de son aîné. Lui, c'est plutôt un homme d'action, un meneur d'hommes, un militaire audacieux et courageux. Un exemple lorsque commence la grande guerre patriotique comme on l'appelle là-bas. Alors que les divisions soviétiques, commandées par des officiers incompétents ou brisés parce qu'ils ont subi des années de Goulag, reculent devant les troupes nazies, Vlassov, lui, résiste et conduit même une contre-offensive victorieuse.Le général Vlassov devient donc un héros et Staline en personne le félicite. C'est pourtant le même homme qui, quelques mois plus tard, fait prisonnier par les Allemands, trahira, acceptera de pactiser avec les nazis et finira par créer une armée destinée à combattre ses anciens compagnons d'armes de l'Armée rouge. Une aventure malheureuse et désespérée qui le conduira à la potence... Mais, et ce n'est pas la moindre des questions à propos de Vlassov, qui l'a livré, lui et ses soldats, à Staline ?Sat, 10 Jan 2004 13:15:001979 : la chute du shah d'IranAu moment où presque tous les jours on parle de cette deuxième Guerre du Golfe qui ne semble pas en finir, il n'est pas inutile de revenir sur un événement qui a joué un rôle fondamental dans la région et le monde entier : je veux parler de la révolution iranienne. Il y a presque un quart de siècle, déjà... Rappelez-vous : en 1978, tandis que l'Iran est miné par les grèves, des manifestations et des émeutes quasi-quotidiennes, le Shah perd peu à peu la main. Au début du mois de janvier, alors que sous la pression populaire, il vient de nommer un nouveau Premier ministre, il quitte son pays. Officiellement, il part en vacances. Mais chacun sait qu'il ne reviendra jamais en Iran. D'ailleurs, affaibli par un cancer, il doit d'abord aller se soigner.Quelques jours plus tard, l'ayatollah Khomeiny, qui a orchestré la révolution depuis son repaire français de Neauphle-le-Château, s'envole vers l'Iran où il est accueilli avec ferveur. C'est la fin d'une monarchie qui avait deux mille cinq cents ans. Peu après, la révolution va se durcir. Et c'est un régime islamiste pur et dur qui s'installe en Iran sous la férule impitoyable de Khomeiny.Alors, cette semaine, Monsieur X propose de revenir sur cet événement fondateur. Parce qu'il pose des questions encore très actuelles aujourd'hui... Sur le rôle de la CIA, par exemple. Certains ont prétendu que l'agence américaine avait été incapable de prévoir la chute du Shah. Comme plus tard, elle a été prise au dépourvu par l'attaque contre les Twin Towers. Mais d'autres, au contraire, affirment que les Américains se trouvaient derrière la chute du Shah et qu'ils avaient tout fait pour le chasser, avec, paraît-il, la complicité de la France.Alors qu'en est-il vraiment ? Le sujet demeure brûlant et complexe. Monsieur X se propose d'en démêler les fils.Sat, 17 Jan 2004 13:15:00Djamel BhegalParanoïa ou pas, Al-Qaïda fait toujours peur... Surtout aux États-Unis, bien sûr. Mais Al-Qaïda existe-t-elle. " La base ", puisque c'est sa traduction en arabe, n'est peut-être qu'une fiction derrière laquelle s'abritent de véritables mouvements terroristes qui n'ont pas de liens structurels entre eux... C'est ce que pensent de nombreux spécialistes et nous verrons ce qu'en dit Monsieur X.Pour l'opinion, l'apparition d'Al-Qaïda sur la scène internationale commence vraiment le 11 septembre 2001 avec la destruction des Twin Towers. Mais les services secrets connaissaient depuis déjà quelques années l'existence de cette nébuleuse terroriste dirigée ou inspirée par Ben Laden. Lui étaient particulièrement attribués deux attentats perpétrés en Afrique orientale contre des ambassades américaines. Plus tard, et seulement quelques semaines avant les massacres de New York et Washington, un Français, Djamel Beghal, est arrêté à l'aéroport de Dubaï. Pour les services occidentaux tant français qu'américains, c'est un gros poisson. Le chef d'un réseau d'Al-Qaïda qui prépare un attentat contre des intérêts américains à Paris. Et son extradition en France permettra de mettre hors d'état de nuire ses complices. Mais, c'est en tout cas l'avis de Monsieur X, cette arrestation de Beghal n'est pas aussi claire qu'il y paraît. Et ce n'est pas un hasard si elle s'est produite six semaines avant les attentats du 11 septembreSat, 24 Jan 2004 13:15:00L'affaire du juge BorrelL'histoire est sulfureuse... Parce qu'elle met en cause un chef d'État étranger, parce qu'elle met en lumière les insuffisances ou la soumission de la Justice française au pouvoir, parce qu'elle illustre les aspects les plus pervers de la raison d'État... Je veux parler de l'affaire Borrel, du nom de ce magistrat retrouvé mort à Djibouti en 1995... Une mort qualifiée hâtivement de suicide, après une enquête aussi brève que bâclée. Mais l'obstination de l'épouse de ce juge aura raison de tous les obstacles qu'on a mis sur son chemin. Et aujourd'hui, grâce à son obstination la thèse du suicide est sérieusement mise en doute.Avant d'écouter Monsieur X, rappelons que Djibouti, ancienne colonie française, territoire minuscule et sans ressources, occupe néanmoins une position stratégique au débouché de la mer Rouge et donc du canal de Suez. La France y maintient toujours sa plus importante garnison militaire à l'étranger. Et, guerre d'Irak oblige, les Etats-Unis y ont également implanté une base qui leur permet de surveiller la région et même de frapper à distance des structures terroristes établies dans cette zone excessivement sensible. La présence militaire américaine, qui concurrence maintenant ouvertement celle de la France, est même si considérable qu'un observateur a pu rebaptiser cette " corne de l'Afrique " qui serait désormais " la corne de l'Amérique ".Mais revenons à l'affaire Borrel... Si le magistrat français, qui se trouvait à Djibouti en tant que conseiller technique du ministre de la Justice, ne s'est pas suicidé, qui l'a assassiné ? Et pour quelle raison ?Sat, 14 Feb 2004 13:15:00Haïti (2/2) : Jean-Bertrand AristideSon patronyme est Aristide. Mais tous les Haïtiens l'appellent " Titid ". Titid, l'avocat des déshérités, le prophète des bidonvilles, le prêtre rouge... Quand, à la fin 1990, il est triomphalement élu président de la République de Haïti, il représente un formidable espoir. Et pas seulement pour les Haïtiens ! Pour la plupart des citoyens du Tiers-monde, accablés par le sous-développement, la corruption et la tyrannie, c'est un dirigeant d'un genre nouveau qui émerge. Et les démocrates du monde entier se réjouissent.Après trente années de dictature et quatre années d'une transition démocratique sanglante et désastreuse, Haïti, qui est le pays le plus pauvre du continent américain, se met enfin à espérer. Mais neuf mois plus tard, Jean-Bertrand Aristide est renversé par un putsch militaire. Et le pays sombre à nouveau dans le chaos, l'arbitraire et la misère.Avec Monsieur X, nous avons déjà parlé de Haïti, cette moitié de l'ancienne Hispaniola, l'île où Christophe Colomb a accosté pour la première fois dans ce qu'il croyait être les Indes. Haïti devenue ensuite une possession française puis la première République noire de l'histoire. Mon interlocuteur a longuement évoqué la sanglante dictature des Duvalier père et fils, qui ont mis le pays en coupe réglée et l'ont scandaleusement exploité. Pour leur plus grand profit, naturellement... Baby Doc, le fils, a été chassé en 1986 et il a, curieusement, trouvé refuge chez nous. N'y revenons pas. Retenons simplement que cette petite République a toujours fait l'objet d'une attention particulière des Etats-Unis qui l'ont même occupée militairement pendant une vingtaine d'années.Alors, Titid, dirigeant anti-impérialiste, a-t-il été victime d'une machination tramée à Washington ?... C'est une des nombreuses questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre.Sat, 21 Feb 2004 13:15:00Guatémala, 1963-1996 (1/2)Si la CIA n'a pas été capable de prévoir les attentats du 11 septembre 2001, c'est peut-être à cause de son implication au Guatemala dans la lutte contre-révolutionnaire... C'est sans doute l'une des premières leçons qu'on peut tirer de cette nouvelle conversation enregistrée cette semaine avec Monsieur X. Mais je ne veux pas en dire plus et déflorer le propos de mon interlocuteur.Le Guatemala, donc... Nous en avions déjà parlé avec Monsieur X. Il m'avait alors raconté que ce pays d'Amérique centrale - le plus peuplé - avait été pour la CIA une sorte de terrain d'expérimentation dans la première moitié des années 50. En pleine Guerre froide, l'agence américaine avait en effet mis sur pied une opération baptisée " Success ". Elle visait à ren-verser le président légitimement élu, Jacobo Arbenz Guzman, coupable de promouvoir une réforme agraire qui portait préjudice aux intérêts américains dans le pays. Essentiellement ceux de la puissante United Fruit qui régnait presque sans partage sur les plantations guatémaltèques. Et ce n'est pas pour rien que l'expression " République bananière " a sans doute été inventée à propos du Guatemala.Les services secrets américains vont alors susciter un putsch préparé depuis le Honduras. Mais, préalablement, ils préparent une compagne de désinformation visant à présenter le président Arbenz comme un dangereux dirigeant communiste. Et ça marche ! De grands journaux états-uniens acceptent cette version et justifient donc le putsch... Le New York Times reconnaîtra même assez tardivement, en 1997, avoir été manipulé à l'époque par la CIA.Le résultat, c'est l'instauration d'un régime de terreur et le début d'une guerre civile qui ne se terminera que dans les années 90. En principe. Car la situation guatémaltèque demeure toujours troublée et la violence y est endémique. Un seul chiffre avant de rejoindre Monsieur X : les observateurs les plus impartiaux estiment que plus de 200.000 Guatémaltèques ont trouvé la mort au cours de cette terrible guerre civile de 40 ans.Sat, 28 Feb 2004 13:15:00Guatémala, 1963-1996 (2/2)Pire que le Chili de Pinochet, pire que l'Argentine des généraux !... Tel a été le Guatemala pendant près de quarante ans, soumis à une dictature militaire féroce et meurtrière. 150.000 morts, 50.000 disparus... Des chiffres effarants cités par Monsieur X la semaine dernière. J'ai vérifié depuis. Ce sont effet les chiffres avancés par des observateurs impartiaux comme des enquêteurs des Nations unies.Mais la première responsabilité incombe aux Etats-Unis qui ont encouragé et soutenu financièrement les tueurs et les tortionnaires. Ici je ne fais pas preuve d'anti-américanisme puisqu'un président états-uniens, Bill Clinton, a reconnu lui-même l'implication de son pays dans cette atroce répression conduite au nom de la lutte contre une prétendue guerre contre la subversion communiste. Un argument qui avait déjà été utilisé en 1954 lorsque la CIA avait fomenté un complot pour chasser le président guatémaltèque Arbenz, coupable de vouloir promouvoir une réforme agraire qui aurait lésé les intérêts de la puissante compagnie nord-américaine, la United Fruit.Alors, oui, il faut encore mettre en cause la CIA et ses sales méthodes. Et, nous verrons que la condamnation publique de ces actes illégaux aura une incidence sur les événements tragiques du 11 septembre 2001.Quand nous avons interrompu notre conversation samedi dernier, Monsieur X abordait un aspect assez méconnu de cette affaire guatémaltèque : l'envoi de missionnaires et prêcheurs protestants conservateurs, destinés à lutter contre l'Église catholique jugée trop progressiste. Autant d'ecclésiastiques qui vont soutenir, consciemment ou pas, la croisade contre la subversion, c'est à dire l'anéantissement des guérillas par la force et la terreur.Sat, 06 Mar 2004 13:15:00Kadhafi (1/2)Comment passer en un instant du statut de pays-voyou à celui de pays respectable ? C'est très simple : il faut faire plaisir aux Etats-Unis et surtout leur permettre de siphonner votre pétrole... J'exagère, naturellement. Mais il faut bien admettre que la réhabilitation express de la Libye, admise à nouveau à prendre sa place dans le concert des nations, a de quoi surprendre ? Bien sûr, le colonel Kadhafi a fait patte de velours : il a admis posséder des armes de destruction massive et s'est engagé à les détruire. Et, c'est promis, il cessera de se mêler de ce qui ne le regarde pas... Mais il faut se rappeler que c'était le même homme que le président Reagan traitait de " chien enragé du Proche-Orient " dans les années 80. Et, il n'y a pas si longtemps, tout de suite après la tragédie du 11 septembre 2001, Washington considérait que la Libye était l'un des sept pays qualifiés de commanditaires du terrorisme.Le revirement est donc spectaculaire. Et je vous l'ai dit, il a un fort goût de pétrole. Car le sous-sol libyen est riche, très riche. Plus riche même que le sous-sol algérien ! Et, aux yeux des experts, il est encore sous-exploité. D'autre part, il est certain que Kadhafi avait besoin de rétablir une situation sociale dégradée et une économie en perte de vitesse. Son intérêt immédiat était donc de se rapprocher de ces Anglo-saxons dont il avait dit pis que pendre pendant de si longues années... Mais, il faut le souligner, si Kadhafi, au cours des négociations secrètes qui ont été menées avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne, a été conduit à faire beaucoup de concessions, ses interlocuteurs ne lui ont demandé à aucun moment de rétablir la démocratie dans son pays et d'y respecter les droits de l'Homme ! La contrition de Kadhafi est donc bien limitée... Et George W. Bush et Tony Blair ont semblé s'en accommoder très facilement. Passons... Et revenons avec Monsieur X sur les relations tumultueuses de la Libye avec les Etats-Unis. En particulier sur les raids aériens américains de 1986. Des raids dont l'objectif était vraisemblablement l'assassinat du leader libyen. Et vous vous apercevrez que ce sujet est d'une brûlante actualité et que de nombreuses comparaisons s'imposent...Sat, 13 Mar 2004 13:15:00Kadhafi (2/2)Kadhafi, le chien enragé du Proche-Orient... Ainsi le nommait le président américain Reagan. Kadhafi, qui est réellement devenu sa bête noire dès son entrée à la Maison Blanche en 1981. Et, la semaine passée, Monsieur X ne s'est pas fait faute de mettre en évidence quelques coïncidences troublantes avec la récente actualité et la politique états-unienne en Irak. Celle-ci, en particulier : la Libye, comme plus tard l'Irak, va être accusée d'être le principal foyer de diffusion du terrorisme dans le monde entier. Et Washington finira par l'agresser militairement, après avoir fabriqué de toutes pièce un dossier accusateur. Exactement comme George W. Bush et les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein. Autre comparaison édifiante : alors qu'il existait des pays autrement plus inquiétants en matière de soutien au terrorisme - la Syrie ou l'Iran, par exemple - c'est la petite Libye qui est visée. Parce que la cible est facile à atteindre ! Il en sera de même avec l'Irak, un Etat ruiné, incapable d'opposer une réelle résistance militaire alors même qu'il y a des pays beaucoup plus dangereux pour la sécurité du monde. La Corée du Nord ou bien encore l'Iran qui est sans doute à deux doigts de posséder l'arme atomique...Arrêtons la comparaison là. Mais avouez que c'est troublant et qu'il existe des guerres dont l'objectif (la lutte contre le terrorisme) est d'abord à usage interne...Autre point notable relevé par Monsieur X : dans le camp occidental, c'est d'abord la France qui a essayé de se débarrasser de Kadhafi. Et, au fond, Ronald Reagan n'a fait que prendre la relève de Valéry Giscard d'Estaing...Sat, 20 Mar 2004 13:15:00Abou NidalC'était sans doute l'homme le plus mystérieux du Proche-Orient. Mais j'emploie peut-être l'imparfait à tort. Avec ce diable d'homme, sait-on jamais ?... Je veux parler d'Abou Nidal qui a sans doute été l'un des terroristes les plus redoutables des années 70 et 80. Un homme, qui s'est toujours gardé d'apparaître en public, qui a fui les photographes toute sa vie, et qui est vraisemblablement mort à Bagdad en 2002 dans des circonstances qui n'ont jamais vraiment été élucidées.Mais qui était ce terroriste palestinien à qui on attribuait un bon millier de morts et des dizaines d'attentats ? Un petit bonhomme qui ne payait pas de mine, un bureaucrate de la lutte armée, d'après ceux qui l'ont connu. Un type qui, paradoxalement, avait personnellement peur de la violence et savait à peine se servir du pistolet mitrailleur polonais WZ 63 qui ne quittait jamais son attaché-case.Etrange personnage qui s'est mis successivement, lui et son organisation de tueurs, au service de la plupart des pays arabes de la région et qui, farouche adversaire de Yasser Arafat, a peut-être fait assassiner plus de dirigeants palestiniens que les Israéliens eux-mêmes !Autant d'aspects qui soulèvent de nombreuses questions sur cet homme de l'ombre. Monsieur X m'avait promis depuis longtemps déjà de me parler d'Abou Nidal. Il s'est exécuté cette semaine...Sat, 27 Mar 2004 13:15:00Srebrenica (1/2)C'était il y a neuf ans. Neuf ans seulement. Depuis l'horreur des camps nazis, on n'avait jamais vu cela sur la terre de la vieille Europe... Un véritable génocide. C'est le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui s'est exprimé ainsi en parlant du massacre de Srebrenica. Rappelons que 7500 Bosniaques y ont trouvé la mort - je parle de ceux dont les corps ont été retrouvés - et que des milliers d'autres sont toujours portés disparus. Rappelons aussi que la force internationale onusienne, chargée de protéger ces Bosniaques était alors commandée par un général français. Ce qui pose forcément la question de la responsabilité de notre pays dans cette terrible affaire. Enfin, vous n'avez certainement pas oublié cette image spectaculaire : celle d'un autre général français, Philippe Morillon, monté sur un blindé et promettant solennellement à la population de Srebrenica assiégée par les troupes bosno-serbes qu'elle ne serait jamais abandonnée... Deux ans plus tard, c'était le massacre et la mise en oeuvre à grande échelle de la sinistre purification ethnique.Si j'ai demandé à Monsieur X de revenir sur cette tragédie, c'est qu'elle comporte encore de nombreuses zones d'ombre, que les exécuteurs et leurs commanditaires courent toujours et qu'elle figure au centre de l'acte d'accusation de l'ex-président Slobodan Milosevic devant le TPI, le Tribunal pénal international de La Haye. Un tribunal qui a d'ailleurs entendu il y a peu de temps le général Morillon.Alors, qui sont les vrais responsables des massacres de Srebrenica ? Et pourquoi a-t-on laissé faire ? Ce sont quelques-unes des questions que j'ai posées à Monsieur X.Sat, 03 Apr 2004 13:15:00Srebrenica (2/2)Qui est responsable ? Qui a laissé faire ? Qui a permis que soit perpétré le massacre de Srebrenica, ville martyre de l'ex-Yougoslavie où des milliers de Bosniaques musulmans ont été exterminés par les hordes serbes du général Mladic ?Poursuivons aujourd'hui la diffusion de ce nouvel entretien avec Monsieur X... Mais auparavant, je résume ce qu'il m'a dit la semaine passée. Nous sommes en 1995. La Bosnie Herzégovine est alors déchirée par une guerre cruelle qui oppose les différents groupes nationaux qui peuplent cette petite République fraîchement indépendante. Deux ans plus tôt, l'ONU a envoyé un important contingent de casques bleus. Et parmi eux, beaucoup de Français. La Forpronu, ainsi nommée, peine à contenir les incursions des Bosno-Serbes qui ont déjà conquis plus de soixante-dix pour cent du territoire bosniaque. Et pour protéger les populations musulmanes, l'ONU a décidé la création de zones de sécurité, des enclaves que Mladic et le président de la République serbe autoproclamée de Bosnie, Karadzic, entendent conquérir.En mai, répondant à une attaque aérienne de l'OTAN sur un de leurs sites, les Serbes ripostent en s'en prenant aux casques bleus. Plusieurs centaines d'entre eux sont pris en otages et humiliés. Ils doivent servir de boucliers humains en cas de nouvelles attaques aériennes. Le général français Janvier, commandant de la Forpronu, légitimement inquiet, prend langue avec la partie serbe. Il rencontre Mladic et un envoyé du président Milosevic. Les Serbes s'engagent à ne plus s'attaquer aux casques bleus et à libérer ceux qu'ils détiennent si le général français renonce aux frappes aériennes. Janvier a toujours affirmé qu'il n'avait rien signé. Toutefois, on observe que, très rapidement, les casques bleus otages sont libérés. Et, le jour où la zone de sécurité de Srebrenica sera submergée par les troupes de Mladic, aucune opération aérienne, seule susceptible de les repousser, n'interviendra. Bref, si rien n'a été signé entre les généraux français et serbe, tout se passe dans les faits comme s'il y avait eu réellement un accord, la sinistre conséquence étant le massacre de Srebrenica...Sat, 10 Apr 2004 13:15:00La politique secrète des Britaniques en Irlande du NordCe n'est pas encore la paix. Mais ce n'est plus la guerre. Je veux parler de la situation de l'Irlande du Nord où, après la signature des accords dits du Vendredi Saint en 1998, les communautés protestante et catholique semblent avoir à peu près renoncé à la violence. Mais, même si la peur a reculé, les facteurs de tension demeurent, les dernières élections l'ont montré clairement. Les deux parties campent sur leurs positions et la coexistence est toujours aussi fragile. De part et d'autre, des groupes paramilitaires gardent l'arme au pied : illuminés orangistes ou extrémistes de l'IRA réelle qui rêvent d'en découdre à nouveau malgré les horreurs d'une sale guerre qui a duré presque quatre décennies. Il y a surtout le fait que la plupart des causes du conflit n'ont pas été résolues : par exemple, les inégalités sociales et économiques, l'apartheid religieux ou encore l'existence d'une police locale qui reste majoritairement protestante.Toutefois cette paix armée a permis de commencer à mettre en lumière les méthodes utilisées par les autorités britanniques pour lutter contre l'IRA. Et un rapport établi par un des chefs de Scotland Yard, et publié l'an dernier, a fait l'effet d'une véritable bombe. Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite... Avant de commencer la diffusion de ce nouvel entretien, je voudrais simplement citer un bon connaisseur de ce dossier, le journaliste Roger Faligot, qui a écrit dans l'un de ses ouvrages que l'Irlande avait été utilisée comme un terrain d'expérience par l'armée britannique, en liaison avec l'OTAN. Le commandement militaire et les gouvernements successifs de la Grande Bretagne, écrit-il encore, ont transformé l'Irlande en vaste laboratoire de la répression et sa minorité catholique du Nord en cobaye.Sat, 17 Apr 2004 13:15:00L'opération TigreC'est l'une des histoires les plus mal connues de la seconde Guerre mondiale. Et ce n'est pas par hasard car cette affaire a longtemps été couverte par le secret militaire. C'était compréhensible à l'époque : cette peu glorieuse opération a coûté des centaines de vies humaines et sa révélation aurait pu menacer le secret absolu qui entourait tous les projets alliés de débarquement sur le continent européen. Mais pourquoi certains détails sur cette catastrophe ont-ils dormi si longtemps dans les archives alliées ? Et existe-t-il encore à ce propos des mystères qui n'ont pas été percés ?Si j'ai demandé à Monsieur X d'ouvrir pour moi ce dossier, c'est non seulement en raison du proche anniversaire du débarquement de juin 1944 mais aussi parce que France Bleue et France-Info co-éditent à cette occasion un nouveau livre dans la célèbre collections " Paroles de... ", dirigée par Jean-Pierre Guéno. Dans cet ouvrage, " Paroles du Jour J ", d'anciens acteurs du débarquement font allusion à cette étrange histoire. Une histoire calamiteuse, dont le déroulement a précédé de quelques semaines le débarquement en Normandie, mais qui a bien failli en compromettre l'initiative.Dans un instant, la vérité sur l'opération Tigre, avant-première malheureuse du Jour J...Sat, 24 Apr 2004 13:15:00HobeïkaC'était il y a deux ans dans une ville de Beyrouth qui avait recouvré la paix et peu à peu effacé les stigmates de la guerre... Il est 9 heures 30 du matin. Un 4/4 aux vitres fumées pénètre dans le quartier d'Hazmieh, à la périphérie de la capitale libanaise. Soudain, alors que l'auto se porte à la hauteur d'une Mercedes garée le long du trottoir, c'est l'explosion. Enorme ! Les deux voitures sont pulvérisées et brûlent aussitôt. Les quatre passagers du 4/4 sont tous morts. L'un a été projeté à cinquante mètres, le corps d'un autre a atterri sur un balcon au troisième étage d'un immeuble. De toute évidence la bombe qui se trouvait dans la Mercedes était télécommandée et elle a été actionnée à vue au passage du 4/4 par un homme qui se trouvait quelque part dans les immeubles de la rue.Celui qui était visé par cet attentat est rapidement identifié. Il s'appelle Elie Hobeïka. Les trois autres étaient ses gardes du corps. Hobeïka, ancien chef des milices chrétiennes, l'homme qui a sans doute présidé aux massacres de Sabra et Chatila et qui s'était refait une virginité en entrant au gouvernement libanais. Un personnage implacable qui s'était enrichi grâce à la guerre civile, avait été mêlé à de nombreux assassinats et avait fini par trahir les siens en prenant le parti de la Syrie... Autant dire que beaucoup de gens pouvaient avoir de sérieuses raisons de vouloir sa mort. A commencer par certains Israéliens qui pouvaient tout craindre des révélations que Hobeïka avaient promis de faire lors de sa prochaine audition par la chambre belge des mises en accusation, chargée d'instruire une plainte contre Ariel Sharon à propos des massacres de Sabra et Chatila.Alors qui ? Et qu'en était-il vraiment de sa responsabilité dans ces tueries qui ont provoqué la mort de plus d'un millier de réfugiés palestiniens ?Sat, 01 May 2004 13:15:00Ferdiand MarcosL'archipel aux trésors ! Tel pourrait être nommé l'archipel des Philippines, si j'en crois certains historiens... Des trésors fabuleux dont certains demeureraient cachés dans quelques-unes de ses 7000 îles... Il y a là de quoi rêver ou faire rêver. Et effectivement, chercheurs de trésors, agents secrets, aventuriers de tous crins, escrocs ont essayé de s'emparer ces trésors qui auraient été cachés aux Philippines par les Japonais avant de faire leur reddition, à la fin de la seconde guerre mondiale. Des trésors qui étaient le fruit de leurs rapines dans tous les pays asiatiques qu'ils avaient occupés : des dizaines et dizaines de tonnes et des coffres entiers de pierres précieuses... Nous allons y revenir avec Monsieur X et voir ce qu'il y a de sérieux dans cette affaire.Plus avéré, il rôde autour de cette histoire l'ombre du président Ferdinand Marcos... L'homme qui a régné en maître sur les Philippines pendant plus de vingt ans et qui y a exercé une dictature impitoyable. Marcos que le livre Guiness des records a qualifié de plus grand voleur du monde. Personne n'a oublié la découverte symbolique du bon millier de paires de chaussures de son épouse, Imelda, lorsque les Philippins ont envahi le palais présidentiel, en 1986, après le départ précipité des Marcos.Les Marcos qui auraient peut-être eux aussi découvert une partie des trésors des Japonais... Ce qui expliquerait en partie l'origine de la fabuleuse fortune amassée par le couple...Sat, 08 May 2004 13:15:00La colonie Dignidad, une secte néo-nazie au ChiliL'affaire est aussi effrayante qu'inimaginable : l'existence d'une colonie nazie établie depuis plusieurs dizaines d'années en Amérique du Sud... Au Chili, précisément. Une colonie établie au vu et au su de tous, même si son accès était interdit aux visiteurs. Un Etat dans l'Etat qui bénéficiait, et bénéficie encore, de nombreux avantages économiques et douaniers, qui a servi de refuge à des dignitaires nazis et où de nombreux crimes ont été perpétrés : crimes sexuels mais aussi politiques, sous la dictature de Pinochet.À la tête de cette colonie concentrationnaire, un homme étrange, mi-gourou, mi-führer, un certain Paul Schaefer, ancien brancardier de la Wehrmacht, admirateur de Hitler et pédophile notoire. Un individu qui a aujourd'hui disparu et qui est activement recherché par Interpol. Mais ne se cache-t-il pas au sein de cette Colonia Dignidad qui portait au temps de sa splendeur le nom officiel de " Société Dignité de bienfaisance et d'éducation " ? A moins que Schaefer ne soit tout simplement mort. Le mystère demeure. Mais ce n'est pas le seul. A commencer par celui-ci : comment expliquer l'impunité dont a si longtemps bénéficié la Colonia, alors même que le Chili est redevenu une démocratie ? Et pourquoi la Justice a tant tardé à s'intéresser à cette étrange colonie ?Sat, 29 May 2004 13:15:00AndropovQui gouverne la Russie ? Pour de nombreux spécialistes et historiens, c'est incontestablement le KGB ou plutôt son avatar d'aujourd'hui, le FSB ! Le KGB dont Poutine a été un zélé serviteur. Le KGB qui tire les ficelles de l'histoire russe depuis plus de 30 ans. Depuis qu'un certain Youri Andropov s'est installé à la Loubianka, siège redoutable et redouté de la police politique soviétique, l'ancienne Tchéka des premiers temps de la révolution.Ainsi, tous les changements spectaculaires constatés en URSS dans les années 80, perestroïka et glasnost, auraient été décidés dans le secret des bureaux du KGB. Et peut-être même la fin de l'empire soviétique... En effet, si l'on considère objectivement la situation de la Russie contemporaine, on constate que des hommes de l'ex-KGB se sont installés aux plus hauts postes du pays et ont largement profité de la manne financière des privatisations et de la corruption.Alors, cette semaine, Monsieur X m'a proposé de me parler de l'homme qui a porté le KGB au pouvoir, cet Andropov qui demeure un personnage mystérieux. Etait-il ce personnage libéral, ouvert aux moeurs occidentales, qui, s'il n'était pas mort prématurément aurait transformé l'URSS en profondeur ? Ou n'était-ce qu'un néo-stalinien qui cachait son jeu ? Il est en effet difficile d'oublier qu'Andropov, pendant les 15 ans où il a dirigé le KGB, a traqué impitoyablement les dissidents...Il n'est jusqu'à sa mort qui ne pose des questions. Mort naturelle ou assassinat ?Sat, 05 Jun 2004 13:15:001983, l'opération RyanEt si le monde était passé à côté de l'apocalypse nucléaire sans le savoir ? A l'automne 1983, très exactement. Au beau milieu de la crise des euromissiles, comme on l'a appelée.Je ne veux pas déflorer le propos de Monsieur X mais je vous rappelle simplement ce qu'il me disait la semaine passée à propos de Youri Andropov, l'ex-numéro un soviétique, l'homme qui avait entrepris de lutter contre la corruption qui gangrenait l'URSS... Andropov, m'a-t-il dit, avait naturellement beaucoup d'ennemis à l'intérieur... Tous ces hiérarques du Parti communiste qu'il a limogés, menacés et même jetés en prison. Mais il en avait aussi autant à l'extérieur, des gens qui ont exploité la paranoïa propre à tout dirigeant politique... Toutefois, ces manoeuvres, si j'en crois Monsieur X, ont bien failli précipiter la planète dans une catastrophe sans précédent.Un mot avant de l'écouter : jamais autant qu'en 1983 la tension n'a été aussi vive entre les deux super-Grands. Le président Ronald Reagan vient d'annoncer la mise en oeuvre de l'IDS, c'est à dire la " Guerre des étoiles ", qui représente une importante brèche dans l'équilibre de la terreur. D'autre part, l'URSS, accusée d'avoir abattu un Boeing 747 coréen, est victime d'une violente campagne d'opinion alors que l'OTAN commence, après l'échec des négociations de Genève, à installer en Europe de l'Ouest ses premiers missiles Pershing destinés à riposter à la menace virtuelle des SS-20 soviétiques positionnés de l'autre côté du rideau de fer... Enfin, et surtout, au Kremlin, on se dit persua-dé que tôt ou tard, les Etats-Unis lanceront une attaque nucléaire contre l'URSS. Jamais depuis la crise des fusées de Cuba, on ne s'est trouvé aussi prêt du gouffre.Mais que dissimulent vraiment tous ces événements ? Quelle est la part de la réalité et celle de la désinformation ?Sat, 12 Jun 2004 13:15:001983, l'invasion de l'île de La GrenadeL'Histoire ne se répète pas, elle bégaie... Difficile de ne pas penser à cette expression en ouvrant ce dossier vieux de tout juste vingt ans. Un dossier oublié, tombé dans les poubelles de l'Histoire. Et pourtant, comme il semble actuel aujourd'hui... Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite.C'était donc en octobre 1983. Au beau milieu de la crise des euromissiles et alors que la Guerre froide flambe à nouveau comme au temps du maccarthysme ou des procès staliniens... A Washington, le président Reagan ne parle de l'URSS que comme de l'empire du mal ! Et à Moscou, nous en avons parlé il y a peu de temps, le numéro un soviétique, Youri Andropov, est persuadé que tôt ou tard, les forces de l'OTAN déclencheront une attaque nucléaire au-delà du rideau de fer. Et pour prévenir cette attaque, il a mobilisé l'énorme machine du KGB dont les agents, dans le monde entier, doivent en priorité noter tout ce qui pourrait apparaître comme un début de préparation de cette offensive nucléaire... Bref, jamais depuis la crise des fusées de Cuba, le monde n'est passé aussi près de l'apocalypse !C'est dans ce contexte de tension extrême que les Etats-Unis envahissent soudain une petite île paradisiaque des Caraïbes, la Grenade. Un minuscule Etat indépendant qui est attaqué au mépris du droit international sous le prétexte que cette île est en train de devenir un nouveau Cuba... Et donc une menace pour les Etats-Unis dont les premières côtes se trouvent pourtant à 2400 kilomètres de la Grenade.Alors pourquoi cette invasion ? Que cache-t-elle ?Sat, 19 Jun 2004 13:15:00Le groupe terroriste grecLa menace est-elle réelle ? Elle est en tout cas prise au sérieux : 20.000 homme supplémentaires vont être affectés à la sécurité et le budget total des mesures de protection va friser le milliard d'euros, alors qu'il n'avait été que de 650 millions à Sidney, en l'an 2000... Je veux parler, bien sûr, des Jeux Olympiques d'Athènes qui vont s'ouvrir au mois d'août prochain.Car, en dehors même du contexte international troublé - Irak, Afghanistan, Palestine - les Grecs ont soudain découvert le 5 mai dernier qu'ils n'en avaient pas fini avec le terrorisme. Ce jour-là, trois bombes ont explosé près d'un commissariat d'Athènes. Un attentat qui a fait peu de dégâts mais qui a réveillé la hantise du terrorisme dans l'opinion grecque. Pendant un quart de siècle, en effet, plusieurs groupes radicaux ont tué ou posé des bombes en Grèce. Jusqu'à l'arrestation en 2002 des dirigeants de l'organisation la plus importante et la plus mystérieuse - celle en tout cas qui avait fait parler le plus d'elle -, le mouvement du " 17 novembre ".Aussitôt après l'attentat du 5 mai, un nouveau groupe, " Lutte révolutionnaire " a revendiqué cette action violente et publié un communiqué rédigé dans un style que n'auraient pas renié les dirigeants d'Action directe, des Brigades rouges italiennes ou de la Fraction Armée rouge allemande. Je cite : " Tous les responsables du capital international, les assassins mercenaires planétaires, les responsables gouvernementaux, ainsi que les riches touristes occidentaux qui prévoient d'assister aux jeux sont indésirables. La transformation de la Grèce en forteresse, l'appel à l'OTAN, la présence de services secrets étrangers montrent de la manière la plus claire possible qu'il ne s'agit pas d'une célébration, comme disent les organisateurs des JO, mais d'une guerre."Bref, l'avertissement semble clair et paraît donner raison à tous ceux qui pensent que les autorités grecques ont peut-être été vite en besogne en pensant que la décapitation du mouvement du " 17 novembre " avait mis fin au terrorisme dans le pays. Et d'abord parce que le procès qui a suivi, en 2003, n'a aucunement dissipé le mystère qui plane autour de cette organisation responsable de dizaines d'attentats et d'une bonne vingtaine de meurtres.Sat, 26 Jun 2004 13:15:00Le docteur Petiot" Je suis un voyageur qui emporte ses bagages... "Que voulait dire exactement Marcel Petiot, l'un des plus grands criminels français, peu avant de monter sur l'échafaud ? Quels étaient ces bagages qu'il entendait emporter avec lui ? Voulait-il parler de ses secrets ? Les secrets d'une vie hors du commun qui s'est déroulée pour partie dans la période la plus troublée de notre histoire contemporaine, je veux parler de l'Occupation...Oui, les secrets de Marcel Petiot ! Car si l'on sait que ce médecin diabolique a réellement été un tueur en série, aujourd'hui encore on est incapable de dénombrer avec exactitude ses victimes. De la même façon, il est toujours impossible de déterminer avec certitude pourquoi Petiot a tué ! Quels étaient ses mobiles ? Etait-il fou, cupide ? Et comment a-t-il tué ? Avec quelle arme ? On l'ignore.Autre question : était-il résistant ou collaborateur ? Le mystère, toujours ! Un mystère que Petiot lui-même a soigneusement entretenu jusqu'au bout, jusqu'à ce petit matin de mai 1946 où, pour reprendre l'expression de Robert Badinter, la lame de la guillotine l'a coupé en deux...Mais pourquoi Monsieur X a-t-il choisi d'exhumer ce dossier vieux d'un demi-siècle ? Parce qu'il prétend savoir une partie de la vérité ! Et parce que, aussi invraisemblable que cela paraisse, le Dr Petiot a fricoté avec les services secrets. Au moment de son arrestation, il était même capitaine de la DGER, c'est à dire la Direction générale des études et recherches, l'ancêtre de notre actuelle DGSE...Sat, 03 Jul 2004 13:15:001956, Budapest (1/2)Les chars de l'Armée rouge ! Une obsession qui dura un demi-siècle, le temps de la guerre froide... Une obsession si prenante qu'en 1981 des journalistes et des hommes politiques prétendument sérieux ont pu annoncer qu'avec la victoire de François Mitterrand et de l'Union de la gauche, les chars soviétiques allaient bientôt déferler sur les Champs-Elysées...Mais malheureusement, il s'est trouvé des pays où ces chars si redoutés sont entrés... Avant même l'Afghanistan et la répression du " Printemps de Prague "... En 1953, par exemple, on les a vus à Berlin massacrer les ouvriers révoltés. Mais les images les plus spectaculaires demeurent celles des chars entrant dans Budapest.Novembre 1956. Pendant 150 heures, les Hongrois ont secoué le joug soviétique et se croient libres. Moscou leur a fait même croire que les chars de l'Armée rouge ont reflué vers la frontière. Mais c'est un mensonge. Et bientôt, la révolution aura vécu.Pourquoi revenir sur ces événements lointains, des événements qui, rappelons-le, vont déclencher un véritable séisme dans l'univers communiste... ? Parce qu'on ne sait peut-être pas toute la vérité sur leur déroulement et les véritables enjeux de cette tragédie où les services secrets de l'Est et de l'Ouest ont joué un rôle essentiel. C'est en tout cas la conviction de Monsieur X qui a eu connaissance d'informations récemment déclassifiées...Sat, 10 Jul 2004 13:15:001956, Budapest (2/2)Dès le début, la révolution hongroise de 1956 était condamnée ! C'est en tout cas la conviction de Monsieur X... Le clan stalinien au sommet de l'Etat soviétique avait décidé d'en finir. Et si, au Kremlin, on a semblé hésiter, c'est parce que les conservateurs et les services secrets, largement représentés à Budapest, ont piégé Khrouchtchev... Khrouchtchev, l'homme du XX° Congrès, celui qui a dénoncé les crimes de Staline... Et qui sera ensuite celui de la féroce répression contre les Hongrois. " Il a jeté le masque ! " pensera-t-on dans le monde entier. Et il s'en suivra un véritable séisme dans l'univers communiste... Ce sera en particulier le premier grand divorce entre les intellectuels et les communistes.Mais le piège, si piège il y a eu, n'a-t-il pas été aussi tendu par des Occidentaux qui avaient intérêt à noircir le tableau et à faire apparaître Khrouchtchev sous son plus mauvais jour ? C'est l'une des questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre dans ce nouvel entretien.Rappelons simplement que la Hongrie était depuis un an traversée par un puissant mouvement contestataire, essentiellement dans les milieux intellectuels. Et les opposants au régime communiste ne pouvaient qu'être stimulés par l'agitation qui se produisait en même temps dans la démocratie populaire voisine, la Pologne.Ajoutons enfin que les événements dramatiques de 1956 vont coïncider avec l'intervention militaire franco-britannique en Egypte. Et comme Monsieur X ne croit pas beaucoup au hasard...Sat, 17 Jul 2004 13:15:00Pablo EscobarIl voulait être Al Capone ou Robin des Bois... Mais il n'était ni l'un ni l'autre... Al Capone, à côté de lui, n'était qu'un petit garçon, tant ses crimes ont été innombrables... Quant à Robin des Bois, ce n'est même pas la peine d'en parler, même si effectivement, il lui est arrivé de venir en aide aux plus miséreux de ses concitoyens... Et pourtant, aujourd'hui encore, dix ans après sa mort, le peuple colombien lui voue un véritable culte. Et, dans certaines maisons de Medellin, la photo de ce trafiquant de drogue voisine avec un chromo de la Vierge.Cet homme s'appelait Pablo Escobar. Et il fut sans aucun doute le plus grand narcoterroriste d'Amérique latine. Le plus fortuné aussi. On a estimé qu'au temps de sa splendeur, Escobar faisait partie du club très fermé des dix homme les plus riches du monde. Et sa puissance était telle qu'il a pu défier pendant des années les différents gouvernements colombiens, imposant sa volonté, traitant d'égal à égal avec le pouvoir, corrompant les uns et les autres et assassinant dirigeants politiques, juges et policiers qui voulaient en finir avec lui...Il faut aussi tenir compte du climat de violence exceptionnel de la Colombie... Hier comme aujourd'hui, le pays était déchiré par une vraie guerre civile opposant l'armée et la police à plusieurs guérillas d'obédience marxiste. Dans ces conditions, la production et le trafic de drogue ne pouvaient être que florissants. Pablo Escobar, en particulier, a joué avec habileté de ces conflits internes. Et il ne tombera qu'après une longue traque... Une traque soutenue et même pratiquement dirigée par les Etats-Unis, concernés au premier chef par ce flot de cocaïne qui aboutissait en priorité chez eux. Mais, et c'est la question que j'ai posée à Monsieur X, les Américains n'en ont-ils pas profité pour prendre pied en Colombie ? Où ils se trouvent toujours d'ailleurs...Sat, 24 Jul 2004 13:15:001988, la mort du président pakistanais Zia Ul HaqC'est sans doute un des endroits les plus dangereux au monde pour les Occidentaux : le Pakistan ! Dangereux car c'est un vivier d'islamistes et que, selon toute vraisemblance, Ben Laden et ses séides y ont trouvé refuge. Attentats et assassinats ensanglantent régulièrement le pays qui, par ailleurs, entretient un foyer de troubles au Cachemire, un territoire montagneux revendiqué aussi par l'Inde... L'Inde, le puissant voisin, le colosse de la région auquel l'ont déjà opposé quatre guerres. L'Inde qui possède, comme le Pakistan, la bombe nucléaire. Ce qui explique l'intérêt que portent les diplomates à l'évolution des rapports toujours tendus entre ces deux pays, une nouvelle guerre pouvant provoquer une catastrophe internationale.Nous allons revenir avec Monsieur X sur l'histoire tumultueuse du Pakistan, né en 1947 de la partition de l'Empire colonial britannique des Indes. Mais si mon interlocuteur a choisi cette semaine ce sujet, c'est qu'il voulait me parler d'un événement demeuré aujourd'hui encore mystérieux : la mort en 1988 du président pakistanais, le général Zia Ul Haq... Accident, sabotage ? L'avion qui le transportait s'est écrasé au sol. L'affaire est d'autant plus curieuse que beaucoup, beaucoup de monde, avait de très bonnes raisons de faire disparaître le dictateur... L'homme qui, en islamisant son pays et en y instituant la chari'a, est sans doute l'un des premiers responsables de la vague de fondamentalisme qui s'est répandue dans la région et bientôt dans le monde entier... Avec les conséquences qu'on connaît en matière de terrorisme.Sat, 31 Jul 2004 13:15:00Les Hmongs du Laos et la C.I.A.Rappelez-vous : c'était l'été dernier. Deux journalistes européens, qui ne faisaient que leur métier, étaient condamnés à 15 ans de prison. Malgré l'éloignement - cela se passait au Laos - une véritable campagne de presse a été engagée, des diplomates se sont entremis. Et, après quelques semaines de détention, les deux hommes ont été libérés... Une histoire qui se terminait bien... Une histoire presque banale tant d'autres journalistes, dans le monde entier, paient de leur vie le simple droit d'exercer leur métier. Oui, mais la mésaventure de ces reporters a eu au moins le mérite de jeter un bref coup de projecteur sur un peuple oublié : les Hmongs... Une ethnie montagnarde qui vit au nord du Laos et qui, au fil des guerres, a été utilisée, manipulée. Et finalement abandonnée dans les poubelles de l'Histoire.Selon les dernières informations, ils seraient encore 2000, malades, affamés, à mener un combat désespéré, sans issue, contre les troupes gouvernementales laotiennes et le régime communiste. Un dernier avatar tragique des guerres d'Indochine, celles où se sont fourvoyées les armées françaises puis américaine. C'est en allant voir de plus près ces guérilleros oubliés que les deux journalistes ont été arrêtés. Aussi ai-je demandé à Monsieur X d'éclairer la malheureuse histoire des Hmongs, et plus généralement celle du Laos. Un petit pays où, pendant des années, les Américains ont mené une guerre secrète mais particulièrement meurtrière : leurs avions y ont déversé des millions de tonnes de bombes. Des bombes qui tuent encore, car un cinquième d'entre elles n'a toujours pas explosé...Sat, 07 Aug 2004 13:15:00L'assassinat de Kennedy (1/2)Qui et pourquoi ? À l'occasion du quarantième anniversaire de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, beaucoup d'auditeurs, sans doute troublés par la multiplicité des hypothèses qui ont été émises, m'ont écrit : ils voulaient connaître le point de vue de Monsieur X sur cette affaire. Il y a plusieurs années, mon interlocuteur m'avait déjà entretenu de ce dossier et il m'avait donné sa version. Nous allons en reparler. Mais je vous rassure tout de suite : il n'a pas changé d'avis. Toutefois, il m'a proposé, afin de satisfaire la curiosité de ces auditeurs, de rappeler les faits, de passer en revue toutes les thèses, de les éplucher et de me rappeler ce qu'il me disait déjà en 1997.Quelques chiffres auparavant : l'assassinat de Kennedy, 35° président des Etats-Unis, n'a cessé de fasciner le monde entier. Même si l'image de ce jeune et charismatique président américain, qui n'a régné qu'un peu plus de 1000 jours, a été depuis sérieusement écornée. On a calculé que 1000 livres ont déjà été écrits sur cette affaire. 1000 livres et presque autant d'hypothèses ! Et ce n'est certainement pas fini. Le dernier en date, paru en France, accuse même le clan Bush d'avoir été mêlé au meurtre de Kennedy!! Autre chiffre : les Américains, dans leur immense majorité, ont toujours l'impression que les autorités, les différents départements de police et les services secrets leur ont menti et que leur président a été victime d'une conspiration. Et aujourd'hui, à Dallas, il existe même, à proximité du lieu de l'attentat, un " musée de la conspiration ".Sat, 21 Aug 2004 13:15:00L'assassinat de Kennedy (2/2)La, ou plutôt les vérités sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy... Car, aujourd'hui encore, il faut bien l'avouer, on ne sait toujours pas, si Lee Harvey Oswald était réellement le tireur. Le seul assassin !La semaine passée, Monsieur X s'est attaché à mettre en lumière un certain nombre d'erreurs ou d'incohérences. À commencer par l'étrange personnalité d'Oswald. Le pigeon comme l'appelle Monsieur X. Manipulé par certains éléments de la CIA, mais affichant des convictions communistes et sa sympathie pour Fidel Castro... Un homme qui, selon mon interlocuteur devait être abattu aussitôt après l'assassinat du président américain au cours d'une arrestation qui aurait tourné mal. Mais il y a eu cafouillage. Un cafouillage qui va aboutir à l'élimination d'Oswald dans les locaux mêmes de la police de Dallas. Car lorsqu'on apprendra que son assassin est un homme de la Mafia, on commencera à se poser des questions. Mais n'allons pas trop vite, comme dirait Monsieur X... Et reprenons là où il s'est arrêté : si Oswald avait des accointances avec des agents de la CIA, il était aussi très bien connu de l'autre grand service américain, le FBI, pour lequel, à l'occasion, il était indicateur. Et à Dallas, il est même surveillé par un agent de ce bureau fédéral dont le patron est le tout puissant et quasi-inamovible Edgar Hoover. Un homme qui exige que l'enquête soit confiée à son service et qui, lorsque le nouveau président, Lyndon Baines Johnson, se résoudra à créer une commission d'enquête, la fameuse commission Warren, en surveillera de très près les travaux, n'hésitant jamais à intervenir ou à influencer ses membres.Sat, 28 Aug 2004 13:15:00L'Arabie SaouditeC'est un colosse aux pieds d'argile. Dans cet Orient compliqué, comme l'écrivait le général de Gaulle, c'est sans doute le pays, en dehors de l'Irak, dont le destin semble le plus hasardeux : l'Arabie saoudite.Alliée traditionnelle des Etats-Unis, riche des plus importantes réserves de pétrole du monde, dirigée par une monarchie absolutiste adossée à l'Islam le plus rigoriste, l'Arabie saoudite est pourtant menacée à la fois de l'intérieur et de l'extérieur... A l'intérieur, à cause de la violence terroriste, mais aussi parce que les Saoudiens sont toujours plus nombreux à exiger des réformes et à désirer bousculer un système moyen-âgeux qui accroît les inégalités sociales. A l'extérieur, parce que, depuis les attentats du 11 septembre, l'Arabie saoudite est accusée par ses meilleurs amis, les Américains, de financer le terrorisme islamiste. Des Américains qui considèrent qu'ils ont des intérêts majeurs dans la région et qu'ils doivent être prêts à les défendre. Quitte à en découdre avec un régime despotique dont les excès même alimentent le terrorisme.Enfin, il y a les problèmes de succession au sein de la famille royale. Le roi Fahd est empêché de gouverner depuis son attaque cérébrale de 1995. C'est son demi-frère Abdallah qui tient les rênes du pouvoir. Mais lui-même est un vieil homme. Et de nombreux princes peuvent prétendre à la succession.Sat, 04 Sep 2004 13:15:00Le Portugal (1/2) : l'affaire du Santa MariaC'était une première : la prise de contrôle en pleine mer d'un paquebot transportant plus de six cents passagers et trois cent cinquante hommes d'équipage... Acte de piratage ou spectaculaire manifestation politique ? Pour les propriétaires du bâtiment battant pavillon portugais et pour le gouvernement de Lisbonne, il ne fait nul doute que les vingt-cinq hommes qui se sont emparés du navire sont des pirates qui doivent être traités comme tels. Mais pour les hommes du commando et d'une façon générale pour les opposants à la dictature de Salazar, c'est une action politique. D'ailleurs, les pseudo-pirates n'ont-ils pas proclamé tout de suite que le Santa-Maria - aussitôt rebaptisé Santa-Liberdade - est désormais une parcelle de territoire portugais libéré...Monsieur X se propose donc de nous raconter cette semaine cette extraordinaire odyssée qui, en cette année 1961, a alors un énorme retentissement dans le monde entier et qui va voir intervenir plusieurs gouvernements étrangers. Plus important encore, cet événement aura des répercussions considérables sur l'avenir du Portugal et marquera le commencement de la fin d'un régime totalitaire vieillissant et d'une société figée depuis plus de trente ans... Et au fond, il faut sans doute voir dans l'aventure un peu folle du capitaine Galvao et de ses hommes l'amorce de ce qui deviendra treize ans plus tard la " Révolution des oeillets ".Sat, 11 Sep 2004 13:15:00Le Portugal (2/2) : la révolution des oeilletsOn l'a appelée " la Révolution des oeillets ". Une drôle de révolution ! Ce sont des militaires qui la conduisent. Mais des militaires progressistes et, pour certains d'entre eux, proches des communistes... Quelques mois plus tôt, il faut le rappeler, d'autres militaires ont pris le pouvoir au Chili... Et ceux-là, qui ont imposé une dictature féroce, étaient loin d'être progressistes.Autre particularité, cette révolution a été fomentée par des officiers subalternes, des capitaines. Enfin, et ce n'est pas anodin, ces militaires portugais, qui ont mis à bas un régime totalitaire vieux de presque un demi-siècle, ne voulaient surtout pas faire couler le sang. Et si, malgré tout, il y a eu une poignée de morts, ils sont le fait d'une population qui a voulu se venger de la police secrète, la sinistre PIDE, principal bras armé de la dictature, qui était à la fois une police politique et un service d'espionnage.Oui, curieuse révolution qui voit les habitants de Lisbonne descendre dans la rue et glisser dans les canons des fusils des oeillets, la fleur de ce mois d'avril au Portugal.La semaine passée, Monsieur X a évoqué les premiers soubresauts qui ont agité le pays et surtout l'armée dès la fin des années 50 : l'odyssée épique du capitaine Galvao, qui s'empare d'un paquebot de luxe et nargue le pouvoir pendant plus de dix jours, puis la montée en puissance d'un opposant, le général Humberto Delgado, qui devient l'adversaire numéro un du régime et sera assassiné dans un guet-apens tendu par la PIDE. Mais Antonio de Oliveira Salazar n'en a pas terminé avec la grogne : le ver est dans le fruit. Et la politique colonialiste qu'il entend poursuivre contre vents et marées finira par être fatale à son régime et à son successeur, Marcelo Caetano.Monsieur X revient donc cette semaine sur ces événements portugais, une histoire où rôde l'ombre des services secrets et où l'on retrouve même la présence tentaculaire des réseaux Gladio.Sat, 18 Sep 2004 13:15:00Klaus Barbie (1/2)Ce devait être un irremplaçable document pour l'Histoire : le procès filmé de Klaus Barbie. Si cette première a tenu en partie ses promesses en jetant un éclairage cru sur l'action de la Gestapo dans la région lyonnaise et les crimes contre l'humanité qui y ont été commis, elle n'a toutefois pas permis de dissiper les mystères de la capture de Jean Moulin... Pas plus qu'elle n'a mis en lumière toute l'étendue des rapports entre le nazi et les services secrets américains. Certes un rapport établi en 1983 par l'avocat Ryan, assistant spécial du ministre de la Justice états-unien, a révélé une partie de la vérité sur le recrutement de Barbie par les services américains et les effort de ceux-ci pour empêcher le criminel de guerre de répondre de ses actes devant la Justice française, alors même qu'ils connaissaient son passé. Une affaire qui a longtemps empoisonné les rapports entre les deux pays.À tel point que l'avocat Ryan a même recommandé que son gouvernement présente des excuses à la France. Mais ce rapport, aussi précis et même courageux soit-il, ne répond pas à toutes les questions. Il reste en effet à savoir jusqu'où est allé la collaboration entre Barbie et la CIA. Exfiltré en Bolivie à partir de 1951, le boucher de Lyon a en effet mis son savoir-faire si particulier au service des dictateurs boliviens, multipliant les exactions, constituant un escadron de la mort qui a semé la terreur dans le pays, participant au trop fameux " Plan Condor " et s'acoquinant même avec les barons de la drogue.Barbie était-il en service commandé ? Etait-il toujours un agent de la CIA ?Sat, 25 Sep 2004 13:15:00Klaus Barbie (2/2)Il a torturé, tué, manipulé... Klaus Barbie, criminel de guerre nazi puis espion au service des Etats-Unis avant de devenir le zélé serviteur des dictatures sud-américaines et l'un des acteurs du trop fameux " Plan Condor ".Dans un premier entretien, Monsieur X a longuement et précisément raconté comment Barbie, après avoir fui la France juste avant la Libération, a été recruté par les services secrets américains qui l'ont chargé, c'est à peine croyable, d'espionner les Français présents en Allemagne occupée.Ses employeurs connaissaient-ils son passé criminel ? Pour Monsieur X, oui, sans aucun doute. Et ceux qui se sont émus de voir un criminel de guerre collaborer avec des organismes alliés ont été fermement priés de se taire. Pire, les dirigeants de ces services, embryons de la future CIA, ont tout fait pour soustraire Barbie à la curiosité des enquêteurs français qui avaient de nombreuses questions à lui poser et qui voulaient que le criminel réponde de ses actes devant la Justice. Mais c'était la guerre froide et Barbie, comme de nombreux autres nazis, était considéré comme un précieux auxiliaire dans la lutte contre le communisme...Pourtant, cette protection accordée à Barbie commençait à devenir très embarrassante. Et en 1950, les Américains se sont décidés à l'exfiltrer d'Allemagne. Ce qui sera fait au début 1951 et c'est ce que nous allons voir dans un instant. Mais Monsieur X va aussi revenir sur la sanglante carrière sud-américaine de Barbie et, bien sûr, l'énigme Jean Moulin... Avec cette question troublante : dans les années d'après-guerre, les autorités françaises ont-elles vraiment tout fait pour obtenir l'extradition de Klaus Barbie ? Et ne craignaient-elles pas des révélations très gênantes ?Sat, 02 Oct 2004 13:15:00Le Népal (1/2)C'était à la fin du mois d'août. Douze travailleurs népalais étaient assassinés par un groupe islamiste irakien. Douze jeune gens qui n'avaient pour seul tort que de travailler pour une société liée à l'armée américaine.Au-delà de ce massacre qui, malheureusement, n'a guère suscité beaucoup d'émotion en Occident, se pose la question des rapports entre le petit Népal et la super-puissance américaine. Depuis quelques années, et en particulier après le 11 septembre, Washington s'intéresse de très près à ce qui se passe au Népal où un mouvement armé d'inspiration maoïste contrôle désormais une grande partie du pays. Une organisation inscrite sur la fameuse liste des groupes terroristes internationaux établie par le Département d'Etat.Si ces maoïstes gagnaient et s'emparaient du royaume, ne risquerait-on pas de voir naître une nouvelle Corée du Nord ? Un nouvel Etat voyou, pour reprendre la terminologie états-unienne. En tout cas, la situation préoccupe la Maison Blanche. Washington a décidé de venir en aide au roi Gyanendra qui, à la faveur de cette lutte contre la guérilla, s'est octroyé tous les pouvoirs. Un roi qui a aussi annoncé son intention d'envoyer 900 soldats en Irak pour soutenir la coalition. Finalement, il n'en fera rien mais favorisera néanmoins le recrutement de travailleurs népalais destinés à assister les services d'intendance de l'armée américaine. Pour leur plus grand malheur.Monsieur X se propose donc d'ouvrir le dossier népalais. À Katmandou, capitale d'un des pays les plus pauvres du monde, personne n'a oublié le drame de 2001 qui a vu une grande partie de la famille royale assassinée par l'un des siens... Une affaire qui demeure encore aujourd'hui obscure. Ce n'est pas le moindre des mystères de ce royaume himalayen coincé entre les deux géants asiatiques, la Chine et l'Inde.Sat, 09 Oct 2004 13:15:00Le Népal (2/2)Verra-t-on un jour des Gardes Rouges faire la loi à Katmandou ? Katmandou, paradis des doux illuminés des années hippies, ville-mystère où les dieux semblent descendus sur terre. Mais une capitale aujourd'hui frileuse et inquiète, peu à peu désertée par ses touristes et qui a même récemment subi un blocus impitoyable organisé par la guérilla maoïste qui s'est peu à peu emparée d'une grande partie du pays...Dans un premier entretien, diffusé la semaine passée, Monsieur X a évoqué les conditions qui ont permis la naissance et la progression de ce parti communiste extrémiste s'inspirant d'une idéologie que l'on croyait dépassée : à commencer par la misère et le sous-développement d'un peuple encore majoritairement analphabète, exploité par quelques grands propriétaires féodaux et toujours soumis au système officieux des castes.La fin de l'absolutisme royal en 1990 et une relative démocratisation n'ont guère permis d'enrayer les progrès des maoïstes. Bien au contraire l'instabilité ministérielle, la corruption généralisée et la participation au gouvernement d'un parti communiste légal, ont renforcé leurs rangs. En outre, la guérilla a bénéficié d'aides extérieures. Non pas tant celle de la Chine, qui a désavoué ces maoïstes d'un nouveau genre, que celle d'autres militants maoïstes qui fomentent des troubles dans les Etats du nord-est de l'Inde, sans doute avec le soutien des services secrets pakistanais, selon Monsieur X.Enfin, nous allons le voir, les grandes puissances occidentales ne pouvaient pas se désintéresser de l'évolution du Népal qui risque de devenir à terme une nouvelle Corée du Nord et pourrait déstabiliser une partie du sous-continent indien. Peut-être est-ce là l'explication du massacre de la famille royale en 2001 ? Un drame qui a abouti à la montée sur le trône d'un nouveau roi qui a peu à peu rétabli dans les faits la monarchie absolue.Sat, 16 Oct 2004 13:15:00La Géorgie (1/2)Et si la guerre froide n'était pas terminée ? C'est la première réflexion qui m'est venue à l'esprit en écoutant Monsieur X cette semaine... En effet, il existe au moins une région dans le monde où la compétition Est-Ouest se poursuit de façon acharnée... Il s'agit du Caucase, cette incroyable mosaïque de peuples et de langues. Le Caucase qui, passez-moi ce cliché car il est pour une fois justifié, demeure une véritable poudrière. Personne n'a oublié la récente et monstrueuse prise d'otages de Beslan en Ossétie du Nord où près de 500 personnes ont trouvé la mort. Une action revendiquée par Chamil Bassaiev, un chef de guerre tchétchène qui, nous allons le voir, n'a pourtant pas toujours entretenu de mauvais rapports avec Moscou... La question tchétchène continue donc d'être le principal foyer de troubles de la région et la guerre coloniale que le Kremlin y conduit a des répercussions sur l'ensemble du Caucase. Et d'abord sur le voisin géorgien lui-même confronté à plusieurs mouvements irrédentistes. Et il faudrait aussi évoquer le conflit latent entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan à propos de l'enclave du Haut Karabakh. Sans oublier, à la lisière du Caucase, la querelle entre Moldaves et Russes à propos de la petite Transnitrie.Dans la plupart de ces violentes confrontations nées de la dislocation de l'Empire soviétique, Moscou et Washington se livrent une guerre larvée. Une guerre autant politique qu'économique car il flotte au-dessus du Caucase une forte odeur de pétrole. Dans un instant, Monsieur X essaie d'y voir plus clair et s'intéresse plus particulièrement à la situation de la Géorgie qui est l'un des principaux enjeux de cette nouvelle guerre froide.Sat, 30 Oct 2004 13:15:00La Géorgie (2/2)" L'éclatement de l'URSS a été la plus grande tragédie que mon pays a vécu. " Qui parle ainsi ? Non pas un nostalgique de l'ère stalinienne mais l'actuel maître du Kremlin, Vladimir Poutine. Un aveu qui explique la politique russe dans le Caucase. Et d'abord, nous en avons parlé la semaine passée avec Monsieur X, parce que les généraux en particulier n'ont toujours pas accepté que cette implosion de l'Empire soviétique ait ruiné l'oeuvre colonisatrice de la Russie traditionnelle. Des regrets d'autant plus amers qu'en Asie centrale et au Caucase les Américains taillent des croupières aux Russes et essaient de s'imposer, tant politiquement qu'économiquement. A tel point que certains observateurs ont pu parler de nouvelle guerre froide.Au centre de cette confrontation se trouve la Géorgie. Une ex-République soviétique qui a accouché de son indépendance dans la douleur et la violence. Un territoire en miettes, une mosaïque de nationalités qui n'ont pas cessé de se déchirer jusqu'à aujourd'hui. Et malgré l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili en 2003, à la faveur de ce qu'on a appelé la "révolution des roses", deux régions géorgiennes, l'Abkhasie et l'Ossétie du Sud sont encore indépendantes du pouvoir central.La guerre qui sévit toujours chez le voisin tchétchène, l'action souterraine des Etats-Unis et de la Russie, attisent ces conflits sur lesquels flottent une forte odeur de pétrole. Monsieur X continue à démêler l'écheveau géorgien.Sat, 06 Nov 2004 13:15:00Le Tchad (1/2)Le général de Gaulle parle au futur ambassadeur français au Tchad... Je cite : "Le Tchad est un pan de mur de l'édifice vermoulu ; il faut qu'il reste debout !" Explication de texte de Pierre Péan qui évoque ce propos présidentiel dans son livre "L'homme de l'ombre" : "Votre mission est de maintenir en l'état le glacis de protection de la zone d'influence française, y compris par des solutions de force."Quarante ans plus tard, malgré une présence militaire française continue, l'édifice est toujours aussi vermoulu. D'autant que la crise du Darfour, dans le Soudan voisin, précipite au Tchad des dizaines de milliers de réfugiés. Le président actuel, un seigneur de la guerre mis en place par la France, comme ses prédécesseurs d'ailleurs, règne grâce à une garde présidentielle musclée principalement recrutée dans son ethnie d'origine. Une troupe accusée de multiples exactions commises sous le prétexte de combats contre les guérillas qui continuent de lutter contre le pouvoir central.Enfin, il faut ajouter un élément nouveau : le Tchad est devenu depuis peu un Etat pétrolier. Pour son bonheur ou pour son malheur ? Le Tchad sera-t-il à son tour victime de ce que certains ont nommé la malédiction du pétrole ! C'est à dire une richesse qui ne profite qu'aux dirigeants, accroît la corruption, détruit l'environnement et multiplie les sources de conflit.En tout cas, cette richesse attire de nombreuses convoitises. Il semble bien, en effet, que les Américains qui exploitent cette ressource énergétique en profitent pour pousser leurs pions dans une région qui, traditionnellement, a toujours été le pré carré de la France.Monsieur X revient donc sur l'histoire récente et secrète de cette ex-colonie où nos services spéciaux ont joué un rôle éminent et où les ingérences étrangères n'ont jamais cessé.Sat, 13 Nov 2004 13:15:00Le Tchad (2/2)L'imbroglio tchadien ! Jamais sans doute, cette expression n'a été aussi justifiée. Car l'histoire récente du Tchad, depuis la décolonisation, n'est qu'une succession de coups d'Etat, de renversements d'alliance, de guerres ethniques entre sudistes et nordistes, ponctuées de nombreux massacres... Une situation chaotique exploitée ou suscitée par des puissances étrangères au Tchad. La France d'abord, tuteur traditionnel de cette ancienne colonie située à la charnière du monde arabe et de l'Afrique noire, qui y entretient toujours un important contingent. Mais aussi la Libye qui a longtemps lorgné sur une partie du territoire tchadien, la fameuse bande d'Aouzou. Et encore le puissant voisin du Sud, le Nigeria... Et même la République centre-africaine. Enfin, aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis qui s'intéressent à ce pays qui figure parmi les plus pauvres du monde. Car, depuis peu, le Tchad est devenu un Etat producteur de pétrole. Mais, d'après Monsieur X, il y a déjà un certain temps que les Américains interviennent dans le pays... Pour y supplanter l'influence française et aussi pour faire pièce à son bouillant voisin, la Libye du colonel Kadhafi. Washington y a même entraîné dans le plus grand secret une petite armée d'opposants libyens, à la barbe des Français. Cette affaire serait à l'origine du lâchage du président tchadien Hissène Habré par la France.Il faudrait aussi évoquer la crise du Darfour, cette province nigériane située à la frontière tchadienne. Une crise qui n'est pas sans effet sur la situation actuelle du Tchad qui doit accueillir des dizaines de milliers de réfugiés. Je vous propose donc de retrouver Monsieur X pour un deuxième entretien consacré à ce pays. En septembre 1987, nous disait-il la semaine passée, après une deuxième intervention militaire française, les Libyens ont été repoussés vers le nord par les troupes tchadiennes et contraints de signer un cessez-le feu. Mais cet apaisement tout provisoire ne met pas un terme aux rivalités internes et aux velléités d'ingérence du colonel Kadhafi...Sat, 20 Nov 2004 13:15:001970, Septembre NoirDans la longue et tumultueuse existence de Yasser Arafat, c'est un épisode essentiel et dramatique : " Septembre noir ". Ce mois de 1970 où l'armée jordanienne a massacré des milliers de Palestiniens et où Arafat lui-même a failli périr.Il s'en est suivi la création d'une organisation secrète, " Septembre noir ", organisation qui a frappé des Jordaniens et qui a aussi perpétré la malheureuse prise d'otages des Jeux Olympiques de Munich où plusieurs athlètes israéliens ont trouvé la mort.Monsieur X m'a donc proposé cette semaine de revenir sur les événements de " Septembre noir " qui seront un peu plus tard indirectement à l'origine de la Guerre du Liban. Pourquoi le roi Hussein de Jordanie a-t-il lancé son armée contre les feddayin palestiniens ? Craignait-il d'être renversé ? Arafat a-t-il été manipulé par ses rivaux ? Quelle a été l'attitude des grandes puissances dans un conflit qui a menacé d'être mondial ? Et quel a été le rôle des autorités israéliennes et de leurs services secrets ?Sat, 27 Nov 2004 13:15:00Iyad Allaoui, le 1er ministre irakienRappelez-vous, c'était en septembre 2004. Un homme déclarait à propos du kidnapping de mes confrères Christian Chesnot et Georges Malbrunot : " ce rapt est une sorte de leçon administrée à la France, la preuve que Paris a eu tort de ne pas participer à la guerre contre l'Irak et de se croire à l'abri du chaos qui y règne. "Non, il ne s'agit pas de George Bush mais du Premier ministre irakien désigné, Iyad Allaoui. Inutile de dire que ce propos brutal et peu diplomatique a entraîné aussitôt une réplique ferme et justifiée de Paris. Mais cela m'a donné envie d'en savoir plus sur ce dirigeant dont on dit qu'il est non seulement une créature des Américains mais aussi un agent de la CIA. (Agent sans doute mais qui est en train de tourner lentement casaque : veut retarder de 6 mois les élections irakiennes prévues en janvier prochain et tente de faire revenir en Irak des baassistes exilés ...)Cette semaine, Monsieur X nous livre donc sa réponse... Une plongée ténébreuse dans les arrière-cours des services secrets et les luttes de pouvoir à l'intérieur de l'opposition irakienne à Saddam Hussein. Un retour aussi sur les manipulations effectuées pour lancer les Etats-Unis dans la deuxième Guerre du Golfe. Essentiellement l'affirmation que l'Irak possédait des armes de destruction massive et que Saddam Hussein avait des liens avec Al-Qaïda...Sat, 11 Dec 2004 13:15:00Abou Moussad Al-ZarkaouiC'est l'homme le plus recherché d'Irak. Abou Moussad Al-Zarkaoui ! Le nouveau ennemi numéro un des Etats-Unis, le terroriste qui serait à l'origine de la plupart des attentats perpétrés en Irak, et surtout dans le fameux triangle sunnite, mais aussi le bourreau qui aurait parfois personnellement égorgé les otages capturés dans le pays... Et sa tête est maintenant mise à prix : elle vaut 25 millions de dollars. Autant que la tête de Ben Laden.Et Ben Laden, justement... Zarkaoui ne serait rien moins que le représentant en Irak d'Al-Qaïda. Le meilleur associé de Ben Laden.Toutefois, Monsieur X a des doutes. Et d'abord parce que personne ne sait exactement à quoi ressemble Zarkaoui, ce terroriste fantôme qui aurait réussi à s'enfuir de Falloudja lors de la sanglante bataille que vient d'y livrer l'armée états-unienne. Falloudja où il aurait établi son QG avant de disparaître mystérieusement.Alors qu'en est-il exactement ? Zarkaoui est-il une créature imaginée de toutes pièces par les Américains ? Ou bien est-il réellement ce redoutable terroriste que Washington, mais aussi le gouvernement du Premier ministre Ilyad Allaoui, recherchent en vain ?Sat, 18 Dec 2004 13:15:00La Fraction Armée Rouge (1/2)On l'a appelée la " Bande à Baader ", comme on disait autrefois " la bande à Bonnot "... Une organisation terroriste allemande d'extrême gauche qui a été active pendant trente ans outre-Rhin. C'est en effet seulement en 1998 que les héritiers de Baader ont annoncé la cessation de leurs activités criminelles. Et en 2004 encore, une ex-terroriste a été condamnée à 12 ans de réclusion.Une longévité exceptionnelle pour cette Fraction armée rouge, " Rote Armee Fraktion " en allemand. L'organisation est née des révoltes étudiantes de la fin des années 60 et elle a fait ensuite école dans d'autres pays européens, en Italie, aux Pays-Bas et en France avec Action directe... Mais plus profondément, nous allons le voir avec Monsieur X, elle plonge ses racines dans le passé allemand sur fond de Guerre froide.À noter que le creuset soixante-huitard qui a donné naissance à ce terrorisme extrêmement violent, responsable d'attentats très meurtriers, a aussi permis l'émergence d'une nouvelle génération politique qui se trouve aujourd'hui au pouvoir et a rejoint la social-démocratie ou créé le parti des Verts. Et parmi eux Joshka Fischer, le ministre des Affaires étrangères, Otto Schily, le ministre de l'Intérieur et même le chancelier Gerhard Schröder qui a été l'ardent défenseur d'un avocat convaincu de complicité avec les terroristes. Autant de personnages qui ont fait partie de ce qu'on appelait à l'époque l'opposition extra-parlementaire et qui, parfois, n'ont pas hésité à faire le coup de poing dans la rue.Alors la page est-elle tournée ? Sans doute. Mais de nombreux points restent à élucider dans cette sanglante histoire : le rôle de la RDA, les liens avec le terrorisme palestinien ou encore la mort des premiers leaders de la Fraction Armée rouge, retrouvés officiellement suicidés dans leur prison...Sat, 08 Jan 2005 13:15:00La Fraction Armée Rouge (2/2)On l'a appelé " l'automne allemand "... L'automne 1977. Jamais encore le terrorisme d'extrême gauche n'avait atteint un tel degré de violence Outre-Rhin... Et pourtant, depuis des années, nos voisins vivaient avec la menace terroriste malgré un renforcement considérable de l'appareil policier et de la législation. Et surtout malgré l'arrestation en 1972 des chefs historiques de la Fraction armée rouge, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Ulrike Meinhof.Cette décapitation d'un mouvement qui s'inspirait des guérillas sud-américaines n'avait donc nullement altéré sa virulence... C'est ce que disait Monsieur X la semaine passée. D'autant que les terroristes qui n'avaient pas encore été arrêtés poursuivaient en priorité un objectif : la libération de leurs camarades emprisonnés.En 1976, Ulrike Meinhof, épuisée par plusieurs grèves de la faim, mentalement atteinte par des conditions de détention très dures - on a même parlé de torture par l'isolement - met fin à ses jours dans sa cellule. Aussitôt la Fraction armée rouge se déchaîne. Une prise d'otages à l'ambassade allemande de Stockholm se termine dans le feu et le sang. Et un peu plus tard, un commando assassine le procureur général de la République et deux de ses collaborateurs. 15 jours après, à l'issue d'un long procès, Baader et sa compagne Ensslin sont condamnés à la prison à vie. La riposte ne tarde pas : en juillet 1977, le président de la Dresdner Bank est abattu à son domicile. Parmi les assassins, figure sa propre nièce, Suzanne Albrecht...C'est le début d'une série qui se terminera trois mois plus tard par la mort de Baader, de sa compagne et d'un autre membre fondateur de la Fraction armée rouge... Officiellement, ils se sont suicidés. Mais, rapidement, on prétendra qu'ils ont été en réalité assassinés. Qu'en est-il ? Et pourquoi la Fraction armée rouge pourra-t-elle sévir jusque dans les années 90 ?...Sat, 15 Jan 2005 13:15:00Le Japon (1/2) : les YakusasOn croît les connaître par les nombreux films qui leur ont été consacrés... Les yakusas ! Des gangsters japonais extrêmement violents mais qui obéissent à un véritable code de l'honneur, subissent une cruelle initiation en se coupant une phalange, se tatouent le corps et tirent leur sabre à la première occasion. Bref, des samouraïs dévoyés mais qui gardent un esprit chevaleresque et sont dévoués corps et âme au chef de leur clan.La réalité est moins glorieuse et plus prosaïque... Et surtout beaucoup moins folklorique. Les yakusas, même si leur nombre a diminué, n'ont en rien perdu de leur influence, sont toujours étroitement liés au personnel politique japonais et contrôlent des pans entiers de l'activité du pays. Une intrication inquiétante étant donné la puissance économique du Japon.Mais Monsieur X choisit d'abord d'éclaircir les conditions dans lesquelles les yakusas ont prospéré après la capitulation japonaise de 1945. Et il met en lumière leurs rapports avec les services secrets alliés.Un dernier mot avant d'écouter mon interlocuteur : un excellent ouvrage de deux journalistes américains sur l'emprise de la mafia japonaise n'a pu trouver d'éditeur au Japon. C'est dire combien les yakusas font toujours peur !Sat, 12 Feb 2005 13:15:00Le Japon (2/2) : l'affaire LockheedOn les appelle les yakusas... Les gangsters japonais. Mais pas des gangsters comme les autres. Ceux-là sont généralement ultra-nationalistes car ils entendent incarner les plus vieilles traditions japonaises et vouent un véritable culte à la maison impériale. Hommes de main, maquereaux, maîtres-chanteurs, briseurs de grève, ils ont largement profité, après la capitulation de 1945, de la politique de l'occupant états-unien qui avait besoin d'eux pour faire face à la menace communiste. Les yakusas sont donc devenus incontournables. De plus en plus présents dans de larges pans de l'économie du pays, ils ont aussi infiltré les partis politiques. Et surtout le PLD, le Parti Libéral Démocrate qui exerce le pouvoir depuis plus d'un demi-siècle.Cet entrisme, comme ont dit chez les trotskistes, a été rendu possible par les kuromakus, des parrains à la japonaise. De richissimes personnages, hommes d'affaires et faiseurs de rois... Entendez, faiseurs de Premiers ministres... Des hommes de l'ombre qui servent d'intermédiaires entre la pègre et la classe politique.L'un des plus connus s'appelait Yoshio Kodama. Un criminel de guerre, ancien espion, qui a fait fortune avant la Seconde Guerre mondiale en pillant la Chine occupée par l'armée japonaise. Après avoir passé un peu plus de deux ans en prison, ce personnage d'extrême droite, déjà abouché avec les yakusas, passe au service des Américains, continue à faire des affaires et consacre une partie de sa fortune à créer le parti conservateur PLD et hisse au pouvoir son ami Nobusuke Kishi. Mais, en 1976, il est rattrapé par un énorme scandale qui jette une lumière crue sur les rapports entre le monde des affaires, les politiciens, les yakusas. Et la CIA !Sat, 19 Feb 2005 13:15:001954, la guerre secrète franco-américaine en IndochineC'est une histoire largement méconnue, une petite guerre entre alliés où tous les mauvais coups étaient permis. Et ils ont été nombreux ! Je veux parler de la période qui a suivi immédiatement les accords de Genève sur l'Indochine, en 1954... Après le désastre de Diên Biên Phu, les Français ont perdu la main. Le Viêt-Nam est alors coupé en deux. Au nord, un gouvernement communiste dirigé par un nationaliste de toujours, Ho Chi Minh. Au sud, une monarchie théorique où le souverain, l'empereur Bao Dai, règne mais ne gouverne pas. D'ailleurs, il réside la plupart du temps en France, sur la côte d'Azur. Tout de suite après Diên Biên Phu, il a nommé un Premier ministre, Ngo Dinh Diêm, un catholique rigoriste et un homme à poigne. Mais le pays est alors profondément divisé et ce sont les diverses sectes politico-religieuses qui y font souvent la loi.La France a perdu, certes. Mais son corps expéditionnaire, fort de plusieurs dizaines de milliers de soldats, est toujours présent. Et la jeune armée sud-vietnamienne est encore très francophile. Toutefois, les Américains, qui ont puissamment soutenu notre effort de guerre, sont déjà là. Dans le contexte de la Guerre froide, ils entendent suppléer les Français et faire du Sud-Viêt-Nam un glacis anticommuniste face à la menace de Hanoï qui rêve de réunifier le pays à son profit.Cependant, malgré l'alliance qui nous lie aux Etats-Unis, il existe, essentiellement dans l'armée française, des hommes qui ne sont pas prêts à passer la main. Déjà humiliés par la défaite, ces militaires veulent continuer à jouer un rôle au Sud-Viêt-Nam et peser sur son destin... Il va donc s'ensuivre une guerre secrète qui ne s'achèvera qu'avec le départ d'Indochine du Corps expéditionnaire français en 1956. C'est l'histoire de cette lutte souterraine que m'a racontée Monsieur X cette semaine.Sat, 12 Mar 2005 13:15:00L'Holocauste : qui savait ? (1/2)Aussi étonnant que cela paraisse, tous les secrets de la Seconde Guerre mondiale n'ont pas encore été dévoilés... Et certains documents ne sont toujours pas déclassifiés. Il en est bien sûr ainsi en Russie où, malgré la fin de l'empire soviétique, certaines archives demeurent inaccessibles. Mais aux Etats-Unis aussi ! Et en 1998, le président Clinton a dû créer une commission spéciale, rassemblant des agents des principaux services secrets, afin d'ouvrir une partie des dossiers sur les crimes nazis. Une partie seulement... Quant à la Grande Bretagne, elle commence tout juste à permettre aux chercheurs de fouiller ses archives. Toutefois certains documents ne seront pas consultables avant 2018. Et en France, la DGSE, notre service de renseignement, garde toujours dans ses coffres des informations jugées sensibles.Pourquoi cette chape de plomb ? Que faut-il encore cacher plus d'un demi-siècle après la fin de la guerre ? La première idée qui vient à l'esprit est que les anciens Alliés, tant à l'Est qu'à l'Ouest, n'ont guère envie que l'on mette à jour leurs compromissions avec des criminels de guerre, dans le cadre de la guerre froide. Mais ce n'est pas tout. Et alors qu'on vient de célébrer le soixantième anniversaire de la libération des camps d'extermination, deux questions reviennent, toujours aussi lancinantes : qui savait ? Et aurait-on pu agir pour mettre fin à l'holocauste ? Ce que les nazis nommaient hypocritement la " solution finale ".Sat, 19 Mar 2005 13:15:00L'Holocauste : qui savait ? (2/2)Oui, ils savaient !... Je veux parler des principaux dirigeants politiques au pouvoir pendant la Seconde Guerre mondiale... Ils n'ignoraient rien du sort réservé aux Juifs des territoires occupés par les nazis. Et cela au moins depuis 1942. C'est à dire au moment où des informations précises et concordantes n'ont plus permis de douter. La Croix-Rouge, le Vatican savaient aussi... Alors pourquoi autant de silences ? Et surtout pourquoi rien n'a été fait pour empêcher que l'Holocauste ne se perpétue jusqu'à fin de la guerre ?Mais était-il possible d'agir ? C'est essentiellement à cette question que se propose de répondre aujourd'hui Monsieur X.Un rappel auparavant : derrière les réticences des Alliés à reconnaître que les nazis exterminaient systématiquement les Juifs des territoires occupés, il y avait un motif moins avouable : la peur que le III° Reich ne se débarrasse de ses Juifs en les envoyant chez eux. Ou bien encore en Palestine où la puissance mandataire, la Grande Bretagne, se refusait à les accueillir pour ne pas attiser la colère des Arabes.Il est donc clair que la question juive n'était pas une priorité pour les Alliés qui entendait concentrer tous leurs efforts sur la conduite de la guerre.Sat, 26 Mar 2005 13:15:00Houphouët-Boigny (1/2)C'était apparemment le meilleur de la classe. Un pays donné en exemple dans un continent miné par la misère et les guerres. On avait même pu parler de " miracle ivoirien " tant cette ancienne colonie française avait accumulé les succès économiques en tout juste deux décennies après l'indépendance. Et son président, l'homme qui personnifiait son pays, Félix Houphouët-Boigny, était présenté comme " le Sage de l'Afrique " ou encore " l'Homme de la paix ".On sait aujourd'hui ce qu'il en est. Le pays est coupé en deux, toujours à la merci d'une reprise des combats entre les rebelles et les forces gouvernementales. L'économie est dévastée et de nombreux Européens, ceux-là mêmes qui contribuaient à la prospérité du territoire, ont été contraints de fuir. Et je ne parle pas des massacres perpétrés tant au sud qu'au nord de la Côte d'Ivoire.Alors que s'est-il passé ? Pourquoi ce pays réputé si calme, si hospitalier, a-t-il soudain basculé dans la violence ? En réalité, selon Monsieur X, le ver était depuis longtemps dans le fruit. Et il se propose aujourd'hui de remonter jusqu'aux origines de la crise. Une crise où les responsabilités françaises sont évidentes, tant l'ancien colonisateur a été impliqué dans la politique ivoirienne.Sat, 09 Apr 2005 13:15:00Houphouët-Boigny (2/2)Le ver était dans le fruit, a affirmé Monsieur X la semaine passée. Il fallait donc qu'il tombe un jour ou l'autre. Le fruit, c'était la Côte d'Ivoire au temps du " miracle ivoirien " comme on l'a appelé... Parmi les anciennes colonies françaises d'Afrique, la Côte d'Ivoire, à l'exception notable du Sénégal, semblait être la seule à connaître un développement harmonieux et à échapper à la malédiction de la misère et des déchirements internes. Sous la férule du " Sage de l'Afrique ", Félix Houphouët-Boigny, la Côte d'Ivoire était donc promise à un avenir radieux. En 20 ans le PIB, le Produit intérieur brut par habitant, avait quintuplé. La scolarisation, les services sociaux, la construction avaient progressé dans les mêmes proportions. Mais ces succès réels dissimulaient de nombreux points noirs...D'abord, cette évolution prometteuse n'avait été possible que parce que la Côte d'Ivoire, demeurée sous la tutelle de fait de la France, avait largement ouvert son économie aux investisseurs étrangers. Un libéralisme à tout crin qui avait engendré de nombreuses inégalités et un considérable accroissement de la corruption. Ensuite, il y avait, en raison du manque de main d'oeuvre locale, l'appel aux travailleurs étrangers qui avaient fini par constituer plus du quart de la population ivoirienne. Une situation qui ne présentait pas de risques tant que l'économie demeurait florissante. Mais, justement, à partir du début des années 80, les prix de la principale richesse de la Côte d'Ivoire, le cacao, chutent... Enfin, et surtout, ce pays aux 60 ethnies demeure uni tant que l'autocratique et richissime Houphouët-Boigny tient solidement les rênes et réprime, parfois férocement, les tentatives sécessionnistes. Or, le président ivoirien, malade et vieillissant, gouverne souvent à distance. Et sa succession attise les convoitises. En 1990, il est réélu pour la septième fois. Mais, et c'est une première, il a dû affronter un concurrent, le socialiste Gbabgo. Trois ans plus tard, miné par un cancer, il s'éteint. Toutes les conditions sont réunies pour que le pays bascule dans le chaos. Dans un instant, l'explication de la crise ivoirienne...Sat, 16 Apr 2005 13:15:00La guerre du Liban (1/3)Le cauchemar à nouveau... Depuis 1990, les Beyrouthins avaient oublié ou feint d'oublier. Et soudain, au coeur de la ville, ce spectacle d'automobiles calcinées, de cadavres pantelants au milieu de la chaussée. Comme un mauvais réveil.Mais après le drame, il y a eu la ferveur, le sursaut d'un peuple qui ne veut plus revivre les horreurs d'une guerre civile qui a ensanglanté leur pays pendant 15 ans. Car, au-delà de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, les Libanais essayaient d'exorciser ce retour de la violence et leur propre peur... D'autant que l'homme qui venait de périr dans ce terrible attentat était justement celui qui avait présidé à la reconstruction de la capitale, balayant les ruines et truffant la ville de luxueux buildings.Alors le Liban, convalescent mais pas guéri, risque-t-il de replonger dans la violence ? Plusieurs signes inquiétants, comme la recrudescence des attentats en territoire chrétien, peuvent le laisser craindre. Car même si les troupes syriennes commencent à se replier, la question communautaire demeure. Et l'incroyable puzzle religieux libanais est toujours porteur de menaces... L'occasion pour Monsieur X de revenir sur les origines de la guerre et sur l'implication des puissances étrangères qui ont manipulé et armé les différentes factions.Sat, 23 Apr 2005 13:15:00La guerre du Liban (2/3)Le Liban va-t-il à nouveau basculer dans la violence ? Malgré la promesse des Syriens d'évacuer leurs troupes, malgré la volonté affirmée des Libanais d'en finir avec les poisons du passé, les ferments de division demeurent entre les différentes communautés confessionnelles. Et les derniers attentats sont venus le rappeler, même s'ils ont été vraisemblablement commis à l'initiative de l'envahissant voisin syrien.La semaine passée, Monsieur X nous a raconté la genèse de la guerre civile qui a commencé à ensanglanter le Liban à partir de 1975... En dépit d'une prospérité économique trompeuse - trompeuse, car elle masquait de profondes inégalités - tout était en place pour que les Libanais se déchirent. Un système politique obsolète basé sur l'existence des communautés religieuses, institué par la France lors du mandat qu'elle a exercé sur le pays jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un système devenu injuste car tenant compte d'un recensement effectué en 1932 et jamais révisé depuis... Alors que la population musulmane était devenue plus nombreuse que la population maronite et les clans chrétiens disposaient toujours de pouvoirs exorbitants. Et puis il y avait la question palestinienne... Tous ces réfugiés qui avaient afflué au Liban et qui en étaient venus à former un Etat dans l'Etat, Beyrouth étant désormais de fait leur capitale. Une présence exécrée par la plupart des Chrétiens.Enfin, il y avait les voisins. La Syrie d'abord... Le président Hafez al-Assad, considérant que le Liban faisait traditionnellement partie de la Grande Syrie, était décidé à intervenir par tous les moyens dans les affaires libanaises. Ce que vont lui permettre les Chrétiens qui, mis en difficulté par les milices progressistes, l'appellent au secours en 1976. L'armée syrienne entre au Liban. Elle n'en sortira plus. Israël ensuite : la concentration des forces palestiniennes au Liban ne peut pas laisser l'Etat hébreu indifférent. Tel-Aviv multiplie les actions de commando et les incursions au Liban-Sud. Et soutient secrètement les Chrétiens qui sont pourtant officiellement alliés aux Syriens.Fin 1976, la Guerre de deux ans se termine à l'initiative des pays arabes qui imposent l'envoi au Liban de la FAD, la Force arabe de Dissuasion, formée surtout d'éléments syriens. Une accalmie trompeuse dans un pays ruiné par la guerre civile. Car tous les acteurs du conflit n'ont pas baissé les armes.Sat, 30 Apr 2005 13:15:00La guerre du Liban (3/3)On croyait avoir vu le pire. Déjà 7 ans de guerre civile, et des dizaines de milliers de morts. En 1982, le petit Liban, cette " Suisse du Moyen Orient ", comme on l'avait autrefois appelé, était en lambeaux et sa capitale, Beyrouth, n'était plus qu'un champ de ruines... Deux puissances étrangères, Israël et la Syrie, occupaient de larges pans de son territoire (presque 80%), son armée, divisée entre Chrétiens et Musulmans, était réduite à l'impuissance et ses autorités politiques étaient dans l'impossibilité de gouverner.Pourtant, en août 1982, les Libanais s'étaient repris à espérer. Un jeune président de la République, Béchir Gémayel, venait d'être élu. Chef du camp chrétien, il promettait la réconciliation et l'apaisement. Et on oubliait ses violences passées et même le fait qu'il devait son élection à l'invasion israélienne. Mais 3 semaines plus tard, un attentat anéantissait cet espoir.Fous de haine et de vengeance, ses partisans allaient massacrer les réfugiés des camps palestiniens de Sabra et Chatila grâce à la passivité sinon la connivence des soldats israéliens. Mais un nouvel espoir ne tardait pas à naître : le frère du président assassiné, Amine, était à son tour élu. Lui aussi prêchait la pacification des esprits et recevait non seulement le soutien des principaux seigneurs de la guerre libanais mais également celui d'une partie de la communauté internationale qui acceptait d'envoyer au Liban une force d'interposition composée de soldats états-uniens, français, italiens et britanniques.Malgré tout, le Liban allait bientôt retomber dans le chaos... Une situation peut-être encore plus catastrophique que celle qu'il avait connue durant les 7 premières années de la guerre civile. C'est la 3ème partie de l'entretien que m'a accordé Monsieur X sur le douloureux dossier libanais.Sat, 07 May 2005 13:15:00Jean CremetC'est une histoire extraordinaire. Un roman vrai aux confins du monde du renseignement et de l'aventure politique. Le portrait d'un idéaliste de la révolution, d'un fidèle qui a lutté pour ses idées jusqu'aux portes de la mort. Tel était cet homme, Jean Cremet, un quasi-inconnu pour la plupart de nos contemporains. Et pour cause : dès que, sur ordre de Moscou, ce révolutionnaire a plongé dans la clandestinité, il a de facto renoncé à la grande carrière politique qui lui était promise. Et il a ensuite tout fait pour se faire oublier, de pseudonymes en pseudonymes, de femmes en femmes, sans jamais cesser le combat. Son combat.Militant politique, agitateur, trafiquant d'armes, agent secret, résistant, Cremet, qui a pourtant croisé l'existence de Lénine, Staline, Ho Chi Minh ou encore George Orwell et même André Malraux, a donc failli disparaître définitivement des livres d'histoire. C'était sans compter avec deux journalistes-écrivains, Roger Faligot et Rémi Kauffer. Fascinés par ce personnage hors du commun, ils l'ont arraché à la mort et à l'oubli au cours d'une longue et passionnante enquête qu'ils restituent dans leur dernier livre, "l'Hermine rouge de Shangaï".Monsieur X ne pouvait pas passer à côté de cette histoire. Lui aussi, à sa manière, a essayé de reconstituer la trace de feu que Jean Cremet a laissé dans le siècle dernier.Sat, 14 May 2005 13:15:00Le LibériaUn flot d'images, toutes plus effrayantes les unes que les autres... Des gamins drogués aux yeux fous, dépenaillés, mais armés d'une Kalachnikov presque aussi grande qu'eux... Des hommes dont on a sectionné le poignet, " manche longue ", ou l'avant-bras, " manche courte "... Des agglomérations devenues des cloaques... Toutes ces images d'horreur prises ça et là au Liberia ou chez son voisin, la Sierra-Leone. C'est à dire l'émergence dans les années 90 d'une nouvelle barbarie. Viols, massacres de masse, torture, cannibalisme, Et comme une épidémie, le mal gagnera d'autres pays africains, la Guinée, le Rwanda, le Congo, se juxtaposant à une autre terrible pandémie, celle du Sida... Un seul chiffre : les spécialistes estiment qu'au terme de la prochaine décennie, 55 millions d'Africains seront morts du Sida.Mais revenons au Liberia, le mal nommé. L'explosion se produit en 1989 lorsqu'un "Warlord ", un Seigneur de la Guerre, Charles Taylor, inaugure un nouveau genre de conflit en Afrique : la guerre de rapines. Comme elle a pu exister au temps de la Guerre de Trente ans, lorsque des chefs de bandes ravageaient l'Europe, massacrant, violant, pillant et échappant à leurs commanditaires, les princes européens.Une comparaison d'autant plus troublante qu'au Liberia aussi des intérêts étrangers ont attisé le feu. Et pas seulement des intérêts africains. Les anciennes puissances colonisatrices de la région, dont la France, ont joué un rôle néfaste dans cette guerre civile qui a provoqué la mort de 250.000 Africains. C'est en tout cas l'opinion de Monsieur X.Sat, 28 May 2005 13:15:00Pierre GoldmanSaura-t-on un jour ? Oui, saura-t-on un jour pourquoi Pierre Goldman a été tué Et par qui ?Plus d'un quart de siècle après sa mort, l'énigme demeure. Et le mystère est un peu à la mesure de l'homme, mi-révolutionnaire, mi-voyou... Un personnage entre deux mondes, à la marge de la société, et qui était devenu, malgré lui, un symbole.Rappelons rapidement qui était Pierre Goldman. Fils de résistants juifs, le jeune homme est un rebelle né. Militant chez les étudiants communistes et même organisateur musclé de leur service d'ordre, Goldman ne tarde pas à comprendre que la France est trop étriquée pour lui. C'est la Révolution qui l'appelle. Et la Révolution en ces années 60, c'est en Amérique du Sud qu'il espère la trouver... Cuba, Venezuela, cet émule de Che Guevarra rêve d'y faire ses armes. Mais en attendant, il revient en France, Mai 68 fleurit dans Paris. Une révolution de pacotille pour le jeune homme qui aspire à devenir un authentique guérillero. La suite est plus sombre... Faute d'avoir pu participer à une vraie insurrection, Goldman passe la ligne et commet des hold-up. Un soir de décembre 1969, deux pharmaciennes sont tuées dans une pharmacie du boulevard Richard Lenoir. Quelques mois plus tard, Goldman est arrêté, inculpé. Et malgré ses dénégations, il est condamné à la réclusion à perpétuité. Une condamnation qui provoque une vive émotion parmi les intellectuels et les anciens amis gauchistes de Goldman. Le procès est cassé pour vice de forme. Rejugé, Goldman est acquitté pour l'affaire du boulevard Richard Lenoir, mais condamné pour les hold-up qu'il a commis et reconnus. En 1976, après avoir publié un très beau livre autobiographique, "Souvenirs obscurs d'un Juif polonais né en France", il bénéficie d'une mesure de libération anticipée. Mais trois ans plus tard, il tombe sous les balles de tueurs qui ne seront jamais identifiés...Sat, 04 Jun 2005 13:15:00Le USS LibertyImages de guerre insolites : des vedettes lance-torpilles, des chasseurs-bombardiers israéliens attaquent un navire américain qui arbore le pavillon de l'US Navy. Deux alliés traditionnels qui se combattent... Et il ne s'agit pas de manoeuvres. Il y a des morts et de nombreux blessés... Et le bâtiment états-unien gîte et menace de couler. La suite n'est pas moins surprenante : en pleine Guerre froide, ce sont deux destroyers soviétiques qui viennent au secours des marins américains et permettent au navire blessé de faire route au nord, vers l'île de Malte...Je n'ai rien inventé. Ces scènes se sont réellement déroulées en juin 1967, au large des côtes égyptiennes. Et l'USS Liberty, tel était son nom, était dans un état si pitoyable que cet ancien cargo refait à neuf a été envoyé directement à la ferraille dès son arrivée aux Etats-Unis.Alors que s'est-il passé exactement ? Pourquoi cette attaque israélienne qui a eu lieu en pleine Guerre des Six-jours ? Au moment même où les deux Super-Grands, également préoccupés par la bataille qui opposait Israël aux pays arabes, avaient déclenché l'alerte atomique. Et où le moindre incident pouvait dégénérer. Le secrétaire états-unien à la Défense, Robert Mc Namara a d'ailleurs avoué vingt ans plus tard que ce jour-là une troisième guerre mondiale avait été évitée de justesse.Monsieur X revient sur cette étrange affaire, qui a été prestement étouffée, et essaie d'expliquer pourquoi les Israéliens ont attaqué un bâtiment ami, tué plus de 30 marins américains et blessé plus de 150 autres...Sat, 11 Jun 2005 13:15:00Henri NanotUn portrait. Une simple photo d'identité. Celle d'un jeune homme vêtu d'un blouson militaire en gros drap, tel qu'en portaient autrefois les troufions. Le cheveu est cranté, le sourcil épais. L'homme, à l'évidence, est un costaud. Et pourtant, dans le regard rêveur, dans la bouche aux lèvres délicatement ourlées, dans l'ovale du menton, il y a quelque chose de féminin... Henri Nanot, poète et paysan ! Ou plutôt, d'abord paysan puis poète...Nanot, un fantôme qui hante toujours certaines mémoires limousines. Car le fou dérange encore. Le fou, oui, mais n'appelait-on pas son chef de maquis, le légendaire Georges Guingouin, le "fou des bois " ? Guingouin, victime lui aussi d'une justice et d'une police revanchardes qui ne pouvaient pas oublier leur collaboration ou leur connivence avec les autorités de Vichy.Guingouin, " le préfet du maquis ", comme on l'appelait aussi, nous en avons parlé avec Monsieur X, il n'y a pas si longtemps... Et nous avons démonté la machination qui a conduit le héros de la Résistance, compagnon de la Libération, en prison et même brièvement dans un hôpital psychiatrique. Et l'histoire de Nanot, le poète-paysan qui a combattu sous ses ordres, n'est pas sans rappeler celle de Guingouin ... A la différence près que les hommes qui se sont acharnés contre lui ont eu raison de sa santé mentale et l'ont finalement conduit à la mort.Sat, 18 Jun 2005 13:15:00Le docteur Khan et la bombe pakistanaise (1/2)On a fait de lui un " Docteur Folamour " ! Le principal responsable de la prolifération nucléaire. L'homme qui a vendu son âme aux pays voyous pour reprendre la terminologie états-unienne... Bref, le Diable en personne, un Diable islamiste qui plus est ! Et aussitôt, derrière lui se glissait la silhouette inquiétante de Ben Laden ! Ben Laden qui, un jour ou l'autre, utilisera l'arme nucléaire, propre ou sale, contre l'Occident.Tout n'est pas faux dans ces assertions : Abdul Quadeer Khan a réellement organisé une sorte de marché noir de l'atome. Mais il n'était pas seul ! Il a bénéficié de nombreuses complicités. Dans son pays, le Pakistan, mais aussi à l'étranger : et dans cette affaire, les grandes puissances sont loin d'être innocentes, même si, officiellement, elles militent pour le respect du traité de non-prolifération nucléaire et sa signature par les derniers pays qui renâclent encore : Israël, l'Inde et le Pakistan !En même temps, le club très fermé des Etats qui possèdent l'arme nucléaire ne cesse de s'agrandir : si la Libye a renoncé - nous verrons avec Monsieur X dans quelles conditions - la Corée du Nord et l'Iran semblent près de rejoindre le club... Et peut-être en font-ils déjà partie, clandestinement bien sûr. Grâce en particulier au redoutable Dr Khan ! Quant à Israël, c'est un secret de Polichinelle : l'Etat hébreu disposerait déjà d'une bonne centaine de bombes atomiques. Dans un instant, Monsieur X dévoile la réalité de ce terrifiant marché de l'atome...Sat, 02 Jul 2005 13:15:00Le docteur Khan et la bombe pakistanaise (2/2)On le trouve dans presque toutes les grandes villes : un monument bizarre représentant un missile sur fond de montagne... C'est dire à quel point les Pakistanais sont fiers d'appartenir à une nation devenue une puissance nucléaire et qui a construit la première bombe musulmane, comme ils le disent eux-mêmes.Nous avons évoqué la semaine passée avec Monsieur X les conditions qui ont permis au Pakistan d'acquérir l'arme nucléaire afin de pouvoir rivaliser avec son voisin et ennemi, l'Inde. Mon interlocuteur a notamment mis en lumière le rôle des grandes puissances dans cette affaire, alors même qu'elles prônaient officiellement la non-prolifération nucléaire... Les Etats-Unis, mais aussi la France, relayés ensuite par la Chine, ont joué les apprentis sorciers en aidant le Pakistan dans cette course à l'atome.Deux grands pays possédant une longue frontière commune et qui sont pratiquement en conflit permanent depuis leur indépendance commune en 1947 sont donc dotés de l'arme nucléaire et des vecteurs qui permettent de la transporter. Cette dangereuse coexistence sera-t-elle pacifique ? La sagesse l'emportera-t-elle ? Ou bien un jour, à l'occasion d'un nouvel incident, au Cachemire par exemple, un nouveau docteur Folamour appuiera-t-il sur le bouton nucléaireSat, 09 Jul 2005 13:15:00Kaarlo TuomiPour les spécialistes du renseignement, ce sont des " illégaux "... Des espions qui opèrent à l'étranger sans couverture diplomatique, immergés dans la société où ils vivent. En fait, cette appellation a surtout été utilisée pour désigner les agents du KGB et des services des pays de l'Europe orientale installés clandestinement à l'Ouest. Mais il est évident qu'il existait des illégaux de part et d'autre du Rideau de fer. Et la fin de la Guerre froide n'a certainement pas mis fin à un système qui a fait ses preuves par le passé. Surtout à une époque où la question de l'intelligence économique devient de plus en plus cruciale.L'agent illégal dont m'a parlé Monsieur X cette semaine s'appelait Kaarlo Tuomi. Et aujourd'hui encore, malgré la déclassification d'un certain nombre de dossiers, tant à l'Est qu'à l'Ouest, il demeure une énigme. Qui était-il vraiment ? Quelle était sa véritable mission ? Etait-ce un agent double ? Et qui trahissait-il réellement ? Les Américains ou les Soviétiques ? Ou les deux à la fois ?Autant de questions que j'ai posées à Monsieur X qui à cette occasion donne un coup de projecteur sur la guerre secrète qui opposait l'Est et l'Ouest dans une atmosphère à la John Le Carré... Car Tuomi était un espion qui venait vraiment du froid.Sat, 16 Jul 2005 13:15:00L'affaire Louis Hazan" Et si, pour une fois, je vous parlais d'un fait divers ? " m'a dit Monsieur X. Pourquoi pas... Toutefois, je devais m'y attendre, il ne s'agissait pas d'un fait divers comme les autres. Mais n'allons pas trop vite, comme dirait Monsieur X...L'affaire remonte à 1975... Le rapt de la Saint Sylvestre, comme on l'a appelé. L'enlèvement, en pleine réunion d'état-major, de l'un des personnages les plus influents du show business, le P.-D.G. de Phonogram, filiale de Philips, Louis Hazan, l'éditeur et ami de Johnny Halliday, de Georges Brassens ou encore de Serge Gainsbourg. Les ravisseurs se manifestent assez rapidement et demandent une énorme rançon. Mais ils se font arrêter une semaine plus tard de façon assez stupide qui fait douter de leur professionnalisme. D'où toute une série de questions... S'agissait-il d'un vrai rapt ? Un rapt, comme il s'en commettait alors tant en Italie. Ou bien n'était-ce qu'un simulacre ? Une opération en trompe-l'oeil destinée à escroquer Phonogram avec des complicités intérieures... Et, disons-le tout de suite, comme trop souvent, malheureusement, c'est la victime, Louis Hazan, qui ne tardera pas à être traité en suspect par la presse et les vrais coupables... Une attitude qui n'est pas trop étonnante, car elle permettait de jeter un rideau de fumée sur les véritables motivations des uns et des autres...Enfin, que penser de l'obstination de la police et de la Justice à ne voir dans cette affaire qu'une opération purement crapuleuse ? Et à dissiper toutes les implications politiques, alors même que plusieurs des protagonistes étaient des extrémistes notoires ?... Aujourd'hui encore, cette affaire demeure mystérieuse. Dans un instant, Monsieur X tente d'y voir plus clair.Sat, 30 Jul 2005 13:15:00Le Sentier LumineuxC'est une histoire terrifiante... L'histoire du "Cacheton ", comme l'appelle familièrement le peuple péruvien... " El Cacheton ", c'est à dire le " joufflu " ! Mais ses partisans, eux, l'appellent plus respectueusement " le Président Gonzalo ". Et lui-même, au temps de sa splendeur, n'hésitait pas à se qualifier " d'incarnation de la pensée la plus élevée de l'humanité ". Ou encore de " Soleil rouge ", de " phare de la révolution mondiale " et même de " quatrième épée du marxisme ", les trois autres épées n'étant rien moins que Marx, Lénine et Mao...Bref, vous l'avez compris, le " Joufflu " avait une très haute idée de lui-même. Mais sa mégalomanie a causé, directement ou indirectement, la mort de quelques 60.000 Péruviens.Monsieur X a donc choisi cette semaine de me parler de cet étrange personnage qui répond plus modestement au patronyme de Guzman... Abimaël Guzman Reynoso, pour être tout à fait précis. Leader charismatique d'une organisation révolutionnaire et terroriste connue sous l'appellation de Sentier lumineux, Guzman a terrorisé le Pérou pendant plus de dix ans. Jusqu'à son arrestation en 1992. Mais sa défaite n'a pas mis fin à la violence. Et certains de ses partisans, s'inspirant de sa pensée, n'ont pas déposé les armes et réapparaissent sporadiquement. Même si, de sa cellule, leur gourou, lui, a aujourd'hui condamné la lutte armée.Qui est vraiment Abimaël Guzman ? Est-ce une sorte de Pol Pot à la péruvienne qui prophétisait que le triomphe de la Révolution coûterait un million de morts ? Comment a-t-il été arrêté ? A-t-il été trahi ? Ou bien a-t-il passé une sorte de pacte avec les autorités péruviennes et le sulfureux président Fujimori ? Et enfin quels étaient les rapports du Sentier lumineux avec les narcotrafiquants ?Sat, 06 Aug 2005 13:15:00Diên Biên Phu" Mais c'est un pot de chambre ! On va nous pisser dessus de tous les côtés ! " L'homme qui s'exprime aussi trivialement est un capitaine des services de renseignement français et il parle de Diên Biên Phu... La cuvette de Diên Biên Phu où l'armée française va connaître l'un des plus grands désastres de son histoire. Une défaite qui efface presque d'un seul coup des décennies de présence française en Indochine...Mais que s'est-il vraiment passé à Diên Biên Phu ? Cinquante ans après cette catastrophe au cours de laquelle des milliers de soldats ont trouvé la mort, peut-on clairement et objectivement déterminer les responsabilités des uns et des autres ?Les hommes politiques de la IV° République se sont généralement défaussés sur les militaires. Leurs chefs ont fait un choix désastreux en fixant l'élite de l'armée dans une cuvette difficilement défendable... Pour les généraux, la faute originelle revient au contraire aux différents gouvernements de la IV° République, incapables de tracer une ligne claire et coupables d'avoir laissé l'armée s'embourber en Indochine sans lui donner les moyens de lutter efficacement contre les combattants communistes du Viet-minh... Il faudrait encore ajouter que ces généraux n'étaient pas d'accord entre eux. En particulier sur le choix de Diên Biên Phu.Mais au fond, la véritable explication n'est-elle pas que le contingent français était condamné à perdre face à une armée révolutionnaire et nationaliste ? Tout comme les Américains, vingt ans plus tard...Sat, 20 Aug 2005 13:15:00Heinrich MüllerQu'est-il devenu ? Je veux parler de l'un des plus grands criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Le chef tout puissant de la Gestapo, l'homme qui est donc directement responsable de toutes les atrocités commises par cette police politique qui a envoyé Juifs et Tziganes vers les camps d'extermination et Résistants dans les camps de concentration. Heinrich Müller, un dirigeant nazi qui prenait soin d'éviter les objectifs des photographes et qui a mystérieusement disparu à la fin de la guerre.Encore plus étrange, il ne semble pas que les Alliés se soient acharnés à découvrir s'il était encore vivant ou s'il avait succombé dans les ruines de Berlin. Que dissimule ce peu de curiosité ? Quels secrets cachent-ils ?Monsieur X tente de répondre. Une plongée dans l'univers glauque des services de renseignement où réalisme et cynisme l'emportent toujours et, au bout, une vérité stupéfiante. Car Gestapo-Müller, comme il aimait à se faire appeler, tant il s'identifiait à ce monstrueux instrument de terreur, jouait sans doute un double jeu. Ce pourvoyeur des camps de la mort était aussi un traître !Sat, 27 Aug 2005 13:15:001975, l'invasion du Timor OrientalSelon la tradition, il s'agit d'un monstrueux crocodile qui, naviguant vers le sud, émergea peu à peu des eaux et se transforma en île. Les anciens expliquent ainsi la création de Timor, une des petites îles de la Sonde, située à quelques 500 kilomètres au nord de l'Australie. Un pays accidenté, tout en longueur, à peu près grand comme la Belgique, mais divisé en deux. A l'ouest le Timor indonésien. A l'est, le Timor-Oriental, indépendant depuis 2002, mais qui a été longtemps une colonie portugaise avant d'être envahi puis purement et simplement annexé par l'Indonésie pendant presque un quart de siècle... Et c'est justement de cette annexion dont Monsieur X veut parler aujourd'hui. Une période terrible pour ce petit pays de 800.000 habitants car on estime généralement que 200.000 Timorais ont payé de leur vie cette colonisation indonésienne. Un quart de la population, donc. Et certains ont pu parler sans exagérer de génocide... Pourquoi un tel massacre ? Pourquoi cette horreur a si longtemps été ignorée par l'opinion mondiale ? Une guerre oubliée menée au nom de quels intérêts ? Monsieur X essaie de répondre à ces questions... Et, au-tant le dire tout de suite, au Timor-Oriental comme dans beaucoup d'autres pays victimes de la violence, il flotte sur cette tragédie une forte odeur de pétrole.Sat, 03 Sep 2005 13:15:00Joseph OleksyL'affaire a fait scandale... Soudain, fin 1995, les Polonais apprennent que leur nouveau Premier ministre, Joseph Oleksy, a été un espion. Il aurait en effet été longtemps en relations avec le résident du KGB à Varsovie. Et il sera bientôt obligé de démissionner.Dans ce pays qui vient tout juste d'en finir avec le communisme, le choc est considérable et le soupçon se généralise. Les Polonais exigent des éclaircissements et ce qu'on appellera un peu plus tard une lustration, c'est à dire une sorte d'épuration dans les rangs du monde politique et administratif... Il faut ouvrir au plus tôt les dossiers des services secrets et démasquer tous ceux qui ont été compromis avec l'ex-Grand Frère soviétique ou les organes de sécurité du régime communiste... Une exigence partagée par les citoyens des autres pays de l'ancien bloc communiste et qui sera peu ou prou respectée... Ce n'est par exemple qu'en mai 2005 que les autorités hongroises ont décidé d'ouvrir les archives de la police secrète.Toutefois, nous allons le voir avec Monsieur X, l'affaire Oleksy dissimule sans doute des manoeuvres tortueuses... Elle éclate à un moment où le président polonais, Lech Walesa, le héros de Solidarnosc, arrive au terme d'un mandat calamiteux et doit céder le pouvoir à la gauche. Il y a aussi la question très délicate de l'adhésion de la Pologne à l'OTAN, une adhésion très mal vue à Moscou. Alors que cache exactement l'affaire Oleksy ?Sat, 10 Sep 2005 13:15:00Le Printemps de Prague1953, Allemagne de l'Est... 1956, Pologne puis Hongrie... 1968, Tchécoslovaquie... Régulièrement, tout au long de la période de glaciation communiste en Europe de l'Est, des pays ont essayé de secouer le joug soviétique. Mais, à chaque fois, ce sont les chars de l'Armée rouge qui ont mis fin à ces tentatives d'émancipation. Pour Moscou, il était évident qu'il fallait éviter la contagion et donc l'effondrement du bloc de l'Est. Pour l'Occident, au contraire, il était tentant d'enfoncer un coin dans le Rideau de fer en aiguillonnant les rebelles et en leur apportant une aide plus ou moins déguisée... Mais, à chaque fois c'est la " real politik " qui l'a emportée. Et, jusqu'à la chute du mur de Berlin, l'Europe est demeurée telle qu'elle avait été dessinée à Yalta, à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.Cette histoire des révolutions manquées a été émaillée d'interventions secrètes et de d'obscures manoeuvres. Ainsi en a-t-il été au cours de ce que l'on a appelé le " Printemps de Prague " en 1968. Un mouvement qui a nourri pendant quelques mois l'illusion d'une possible édification d'un " socialisme à visage humain ", débarrassé des tares du communisme à la soviétique.Monsieur X revient sur ces événements et ses ressorts les plus secrets. Un épisode qu'éclairent des documents récemment déclassifiés à l'Est.Sat, 17 Sep 2005 13:15:00La Révolution de Velours" Un Biafra culturel " ! Ainsi l'écrivain communiste Louis Aragon définit-il la Tchécoslovaquie de la fin des années 60, alors que les espoirs du Printemps de Prague viennent d'être écrasés sous les chenilles des chars de l'Armée rouge.Un Biafra, oui. Parce que si l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie n'a pas donné lieu à des actions violentes, la répression qui suit est impitoyable. La " normalisation ", telle qu'on l'appelle hypocritement, n'épargne aucun des acteurs du Printemps de Prague. La purge est massive, féroce, durable. A tel point que les historiens estiment qu'elle n'a pas d'équivalent dans le monde communiste, à l'exception peut-être de la révolution culturelle chinoise.Le pays est assommé pour de longues années. Et même les réformes entreprises en URSS par Gorbatchev resteront longtemps sans écho dans la société tchécoslovaque verrouillée par un parti communiste archaïque, débarrassé de ses éléments les plus novateurs. Dubcek, par exemple, le héros de 1968, est devenu un modeste jardinier de sa ville natale, Bratislava. Quant aux intellectuels qui essaient de relever la tête, ils connaissent la prison ou sont astreints à exercer des métiers manuels. Et beaucoup d'entre eux choisiront l'exil.Pourtant, après la chute du mur de Berlin, le régime s'écroulera de façon surprenante, en seulement quelques jours et pratiquement sans effusion de sang. C'est ce qu'on a nommé " la Révolution de velours ". Une très curieuse révolution qui n'était peut-être pas aussi spontanée qu'il y paraissait...Sat, 24 Sep 2005 13:15:00L'espionnage chinois au Etats-UnisEst-ce une nouvelle guerre froide qui s'annonce ? En tout cas, ça commence à y ressembler. Je veux parler du conflit feutré qui oppose la superpuissance d'aujourd'hui - même si elle a donné récemment d'étonnants signes de faiblesse -, c'est à dire les Etats-Unis, et la grande puissance de demain, la Chine ! Un conflit feutré, oui, car pour l'instant les intérêts économiques l'emportent : la Chine est en effet le 3ème partenaire commercial des Etats-Unis, et si l'excédent commercial chinois n'a cessé de progresser dans des proportions colossales, les industriels états-uniens continuent à lorgner sur l'immense marché chinois. Mais les relations entre les deux pays sont régulièrement traversées par des poussées de fièvre qui exacerbent le nationalisme chinois et la xénophobie des Américains dont certains n'hésitent pas à agiter le spectre du péril jaune.Certes, la Chine n'est pas encore en mesure de rivaliser avec les Etats-Unis, ni militairement ni économiquement, mais sa formidable croissance inquiète. À tel point que de l'autre côté de l'Atlantique, la tentation est grande de considérer que la Chine deviendra tôt ou tard une sorte de réincarnation de l'ex-puissance soviétique. Bref la République populaire apparaît comme étant le seul pays capable de menacer un jour l'hégémonie états-unienne Et bien sûr, comme dans la précédente guerre froide, il se mêle à cette confrontation latente de nombreuses affaires d'espionnage. Des affaires mystérieuses qui illustrent la méfiance qui existe entre les deux pays.Sat, 08 Oct 2005 13:15:00L'Irak (1/3) : HalabjaSaddam Hussein devrait en principe être jugé dans quelques jours et on en saura un peu plus sur la totalité des crimes dont il est accusé... Mais le dictateur aura-t-il droit à un procès impartial ? Et n'aurait-il pas été préférable qu'il comparaisse devant un tribunal international ? Comme Milosevic, par exemple.Et surtout, les magistrats réussiront-ils à démêler l'écheveau de complicités dont Saddam Hussein a bénéficié. Je veux ici parler des Etats et des grandes sociétés qui ont armé l'Irak et contribué à faire de ce pays un vaste camp de concentration où les forces de répression ont tué ou fait disparaître des centaines de milliers de personnes... Terrible bilan que recense un ouvrage collectif récent, "Le Livre noir de Saddam Hussein", préfacé par Bernard Kouchner. L'ancien ministre et co-fondateur de Médecins sans frontières, écrit en particulier, je le cite : "La première arme de destruction massive, ce fut Saddam Hussein. Pendant 35 ans, il s'acharna sur son propre peuple. On compte près de 500.000 disparus, kurdes, femmes et enfants pour la majorité d'entre eux. Plus de 4500 villages ont été rasés. Les fosses communes sont innombrables. 4 millions d'exilés cherchent encore, en 2005, à regagner ce qui reste de leurs foyers. On estime à un million et demi les handicapés des guerres successives et des nombreux attentats, et à des centaines de milliers les chiites assassinés."Oui, terrible bilan dont devra répondre Saddam Hussein devant ses juges irakiens. Et parmi tous ces crimes : l'utilisation de l'arme chimique. Non seule-ment contre l'ennemi iranien mais aussi contre son propre peuple. Mais encore une fois, les premiers responsables ne sont-ils pas ceux qui ont aidé Saddam Hussein à construire ce vaste arsenal ? Toutefois, il y a peu de chances que le prochain procès fasse la lumière sur ce point.Sat, 15 Oct 2005 13:15:00L'Irak (2/3) : les armes de destruction massiveMais où sont-elles passées ? Je veux parler des armes de destruction massives, les ADM, que Saddam Hussein est censé posséder... Des armes chimiques, biologiques et même nucléaires que les experts états-uniens ont cherché en vain pendant des mois et des mois après leur facile victoire sur le dictateur irakien... Alors qu'en était-il réellement ? Il faut en effet se rappeler que c'était la présence de ces ADM qui avaient justifié la guerre de Bush. Ça et de prétendues relations entre Saddam Hussein et Al-Qaïda...Donc les Etats-Unis, malgré des recherches acharnées n'ont rien trouvé. Et pourtant, ces ADM existaient... Au moins avant la guerre du Golfe de 1991 puisqu'il est avéré que Saddam Hussein les a utilisées contre les troupes iraniennes et même contre son propre peuple au Kurdistan, en particulier à Halabja où 5.000 personnes ont été gazées.Le dictateur irakien, c'est certain, possédait alors un arsenal considérable qui devait beaucoup à certaines firmes occidentales... Nous avons vu cela la se-maine passée avec Monsieur X.Certes, les inspecteurs de l'ONU, qui ont sillonné l'Irak jusqu'en 1998 ont trouvé un certain nombre de ces armes et les ont détruites. Mais pour Washington, le compte n'y était pas : Saddam Hussein devait forcément avoir caché des quantités importantes d'ADM... Peut-être même en avait-il envoyées clandestinement en Syrie, par exemple... Quoi qu'il en soit, ces armes n'ont jamais été détectées. Et, aujourd'hui, Georges W. Bush, mais aussi son principal allié Tony Blair, sont fortement soupçonnés d'avoir tout inventé. Un mensonge d'Etat sans précédent.Sat, 22 Oct 2005 13:15:00L'Irak (3/3) : les affaires Wilson et KellyEst-ce que ce sont des " dommages collatéraux ", pour reprendre le titre du livre du journaliste Seymour Hersh ? En tout cas, il n'est pas inintéressant d'observer que deux affaires sulfureuses ont éclaté à peu près en même temps chez les deux principaux acteurs de la coalition anti-Saddam Hussein, c'est à dire les Etats-Unis et la Grande Bretagne... Deux affaires qui ont eu pour point de départ ce qu'il faut bien appeler les mensonges proférés tant par George W. Bush que par Tony Blair au sujet des armes de destruction massive irakiennes, les fameuses ADM. Deux affaires aussi qui ont donné lieu à d'obscures manoeuvres de coulisses et même à des coups bas où l'on a vu la main d'officines secrètes.Dans le premier cas, il s'est agi de mettre en cause l'un des principaux arguments développés par les Alliés dans leur acte d'accusation contre le dictateur irakien : la volonté de Saddam Hussein de se do-ter de l'arme nucléaire. Pour preuves, ses tentatives d'achat d'uranium en Afrique. Mais un ancien ambassadeur états-unien va ruiner cette affirmation. Il sera plus tard victime d'une véritable machination.Deuxième cas : celui du Dr Kelly, un scientifique britannique, spécialiste en désarmement, qui, ulcéré par les mensonges contenus dans un mémoire du gouvernement, se confie à deux journalistes. Confondu et accusé de trahison, Kelly finira par se suicider, si l'on en croit la version officielle. Car en Grande Bretagne, des doutes subsistent. Monsieur X, après avoir dissipé la semaine passée les mystères des ADM introuvables, décortique ces deux dossiers, donne son interprétation et met en lumière le rôle qu'ont joué ceux qu'on appelle les " spin doctors ". Conseillers en communication, champions du marketing, ce sont aussi des gourous. Et même des mauvais génies.Sat, 29 Oct 2005 13:15:00Georges GuingouinC'est une histoire qui fait froid dans le dos ! L'histoire d'un homme humilié, calomnié, emprisonné, battu, neuf ans seulement après avoir commandé le plus grand maquis de France et reçu les décorations nationales et internationales les plus prestigieuses. Telle est pourtant la vérité. Une vérité qui dérange encore aujourd'hui tant elle semble incroyable. Georges Guingouin, l'une des plus belles figures de la Résistance, selon le général de Gaulle, a en effet connu cette descente aux enfers après avoir été fêté en héros à la Libération.Si Monsieur X a voulu ouvrir ce douloureux dossier, c'est que malgré l'issue judiciaire favorable au colonel Guingouin, il reste à dénouer les fils de la monstrueuse machination qui l'a conduit en prison.Une citation, avant d'écouter mon interlocuteur. Je l'ai trouvée dans Philippe Robrieux, auteur d'une monumentale Histoire du Parti communiste français, parue chez Fayard. Robrieux dresse le portrait de Guingouin."De haute stature, dans les 1,75m au moins, il était presque devenu en Limousin un personnage de légende avec son casque, ses lunettes, sa forte mâchoire, son visage un peu anguleux, sa carrure sportive et son allure de grand " trois quart aile ", son langage d'instituteur, non pas châtié, mais toujours correct, sa parole forte et sa façon bien à lui de se montrer chaleureux, avenant même, avec le mot qu'il faut et la mine qui convient, le teint légèrement coloré qui caractérise les hommes du peuple, un peu le genre des bons officiers de terrain, des meneurs d'hommes de la guerre de 14-18. Il était de ces leaders qui gardent ce qu'il faut de distance tout en sachant parler aux gens sous leurs ordres, avec lesquels ils établissent un bon contact. Bien que quelque peu nerveux dans certaines de ses réactions, sa stature, sa façon de parler, ses mérites et son courage connus de tous lui conféraient une autorité naturelle, et une aura incontestable auprès de sa base militante."Sat, 12 Nov 2005 13:15:00TienanmenPersonne n'a oublié cette image : un jeune homme seul affrontant une colonne de chars et jouant une sorte de danse mortelle avec le blindé de tête. Quand l'engin essayait de passer à droit ou à gauche, aussitôt le jeune homme se précipitait pour le bloquer... Une danse mortelle, oui. Car cet audacieux manifestant a fini par être appréhendé. Et, selon toute vraisemblance, il a été fusillé séance tenante.C'était le 4 juin 1989 à Pékin, sur la célèbre place Tiananmen. Le prélude à un massacre nocturne qui laissera sur le pavé plusieurs centaines de cadavres d'étudiants... Peut-être même des milliers. Un épisode sanglant qui vaudra à la Chine populaire d'être quelque temps mise à l'écart de la communauté internationale et de subir un embargo sur les ventes d'armes. Mais, les années passant et le commerce aidant, la Chine a recouvré sa place dans le concert des nations et, même si on n'a pas oublié l'image du jeune homme courageux, prêt à périr sous les chenille d'un char de l'Armée populaire, les instances sportives internationales ont par exemple confié à la Chine l'organisation des prochains jeux olympiques. Quant aux diplomates et aux industriels, ils sont chaque jour plus nombreux à faire le voyage de Pékin, tant il semble impossible, et surtout improductif, d'ignorer un pays et un marché de plus d'un milliard d'habitants !Tiananmen est donc passé par pertes et profits et la politesse veut que les visiteurs n'évoquent pas ce sujet désagréable lorsqu'ils se rendent en Chine. Pourtant le sujet reste d'actualité, à l'intérieur même des plus hautes instances du parti communiste. L'ombre de Tiananmen n'est toujours pas dissipée et pèsera longtemps sur le destin de la Chine. D'autant que l'on sait ce que cachait la funeste décision de mater par la force la rébellion des étudiants. Et comment cette décision a été prise au sommet de l'Etat. C'est le sujet de ce nouvel et étonnant entretien avec Monsieur X. Selon lui, l'homme fort du pouvoir, Deng Xiaoping, est peut-être tombé dans un piège... A moins que ce petit homme subtil n'ait lui-même précipité les événements pour se débarrasser de quelques-uns de ses compagnons.Sat, 03 Dec 2005 13:15:00Ukraine : la Révolution Orange (1/2)Révolution de velours, révolution des roses, révolution orange... Autant de révolutions qui se ressemblent étrangement et qui ont plusieurs dénominateurs communs... Ceux-ci, par exemple ; à chaque fois ces révolutions ont eu lieu dans d'anciens pays communistes devenus indépendants et elles ont été conduites sans violence ou presque... Mais elles ont été précédées par la mise en oeuvre de mesures très sophistiquées : propagande sur internet, utilisation de symboles, campagnes téléphoniques, mobilisation non violente des foules. Toutefois, ce qui fait essentiellement que ces révolutions se ressemblent, c'est qu'elles ont été initiées par les mêmes personnages... Des " faiseurs " de révolutions ! Des professionnels, un peu comme il existait autrefois, dans la première partie du XX° siècle, des commis-voyageurs de la révolution appartenant à l'Internationale communiste et dirigés par Moscou. Mais ceux-là n'avaient pas peur de la violence... Tandis que ces nouveaux représentants en révolution entendent agir sans qu'un coup de feu soit tiré...Enfin, dernier point commun, et pas le moindre, ces professionnels sont financés par de l'argent occidental et principalement états-unien... Quel pays, après la Serbie, la Géorgie et l'Ukraine, verra-t-il arriver ces faiseurs de révolution ? La Biélorussie ou peut-être l'Azerbaïdjan où, récemment, le pouvoir dynastique du président Aliev vient d'être contesté après la tenue d'élections pour le moins douteuses. Mais, dans ce dernier pays, les intérêts pétroliers de l'Ouest semblent ne pas s'accommoder d'une réelle évolution vers la démocratie... Pour l'instant, en tout cas.Sat, 17 Dec 2005 13:15:00Ukraine : la Révolution Orange (2/2)Foulards, écharpes, drapeaux... Uniformément de couleur orange... Un flot orange qui a envahi la principale place de Kiev pendant des jours et des jours, malgré le froid et la neige... C'était en effet la révolution orange. Une révolution tranquille qui s'est terminée par la victoire électorale de l'homme défiguré, Viktor Iouchtchenko.Mais d'où vient cette révolution orange ? Qui a allumé la mèche ? Et pourquoi a-t-elle tout emporté sur son passage ? Même si aujourd'hui, ses principaux acteurs connaissent de sérieuses difficultés...Dans un premier entretien, Monsieur X a évoqué les années qui ont suivi l'indépendance, après l'implosion de l'empire soviétique... Il a en particulier souligné la mainmise du pays par les clans issus directement de l'ancien appareil communiste. Des clans à la tête desquels quelques oligarques ont bâti des fortunes colossales alors que le reste de la population s'appauvrissait. Un système corrompu et sclérosé qui était de plus en plus contesté par les Ukrainiens qui aspiraient à plus de démocratie et de justice. Mais le pouvoir était décidé à résister. Par la force et aussi en se débarrassant physiquement de quelques gêneurs... Et ça se terminera par la tentative d'empoisonnement du leader de l'opposition, Viktor Iouchtchenko. Ainsi est née l'opposition qui devait devenir un peu plus tard la révolution orange. Mais une révolution qui n'était peut-être pas aussi spontanée qu'elle le paraissait. Car derrière se trouvaient des " faiseurs de révolution ", des hommes discrets que l'on avait déjà vus à l'oeuvre en Serbie et en Géorgie...Sat, 24 Dec 2005 13:15:00Paul Touvier (1/2)Il était jeune, blond et il parlait avec un accent de titi parisien... C'est à peu près tout ce que l'on sait de lui. La veille de son exécution, il s'est adossé contre la porte de sa cellule et il a chanté La Tosca. Les vers du condamné à mort. "Le ciel luisait d'étoiles/ Il est fini ce jour heureux/ Et c'est mon dernier jour/ Je meurs désespéré/ Et jamais je n'ai tant aimé la vie..."Au petit matin, le jeune homme blond a été sorti de sa cellule par des hommes en uniforme armés de mitraillettes. Puis on l'a fait monter dans un véhicule où se trouvaient déjà six autres détenus. Quelques kilomètres plus loin, le cortège s'est arrêté devant le mur d'un cimetière. Tout le monde est descendu. Les sept prisonniers se sont alignés. Et aussitôt les hommes en uniforme ont tiré. Plusieurs rafales. Jusqu'à ce que le dernier homme tombe. Puis les hommes en uniforme ont posé sur chacun des cadavres un carton où était écrit un nom. Sauf sur la dépouille du jeune homme blond. Car nul ne savait qui il était. Et aujourd'hui encore, 60 ans après, ce jeune homme sans épitaphe demeure un inconnu.Un peu plus tard, le commissaire Faury, alerté par des voisins du cimetière, est venu faire les premières constatations. Il a observé les sept suppliciés et il a noté dans son carnet que tous présentaient un profil juif ! Ainsi, cette observation raciste permettait-elle au jeune inconnu de rejoindre à jamais ses six frères assassinés...C'était le 29 juin 1944 à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue de Lyon. Et ces sept Juifs avaient été désignés et envoyés à la mort par un certain Paul Touvier, chef régional du Deuxième Service de la Milice. Le premier Français condamné pour " crime contre l'Humanité ", mais plus d'un demi-siècle après ce crime. Un demi-siècle pendant lequel le milicien a échappé à la Justice grâce à un étrange réseau de complicités...Sat, 14 Jan 2006 13:15:00Paul Touvier (2/2)Il a été le premier Français condamné pour crime contre l'Humanité ; le deuxième étant Maurice Papon. Paul Touvier, ancien milicien, spécialiste du renseignement et du fichage, proxénète, collaborateur zélé, antisémite notoire, délinquant de droit commun, maître-chanteur et dévot affiché. Et peut-être même, c'est en tout cas la conviction de Monsieur X, indicateur de police...Deux fois condamné à mort par contumace en 1946, Touvier a plongé dans la clandestinité avant même la libération de Lyon. D'abord caché chez un prêtre, il vit d'expédients, commet des hold-up avant d'être arrêté en 1947 pour sa participation à un complot d'extrême droite. Mais, très mystérieusement, il s'échappe avec une grande facilité. Ce qui fait penser qu'en fait on l'a laissé fuir. A partir de ce moment, Touvier, malgré les recherches dont il devrait en principe faire l'objet, vit dissimulé dans sa maison familiale de Chambéry. Soutenu par des ecclésiastiques qui partagent ses affinités politiques, il s'entend aussi habilement à inspirer la pitié à des gens qui ignorent souvent son passé. Se posant en proscrit, il arrive ainsi à abuser des personnalités du show-biz, tel Jacques Brel...Enfin, en 1967, ses deux condamnations à mort étant prescrites, il va entreprendre une vaste entreprise de lobbying afin d'obtenir une grâce présidentielle qui lui permettrait notamment d'entrer en possession de l'héritage paternel et d'annuler la confiscation de ses biens. Et en 1971, il obtient de Georges Pompidou ce que lui a refusé le général de Gaulle. Mais quand l'information transpire dans la presse, c'est le scandale. Touvier, qui était quasiment oublié, fait la une des journaux, et ce personnage emblématique de la Collaboration et de ses exactions, doit retourner à la clandestinité. Il n'en sortira qu'en 1989 entre deux gendarmes...Un dernier mot avant d'écouter la suite du récit de Monsieur X... Un jour, cet ultra-catholique se confie à un ami. Et dans un rare moment de faiblesse, il livre une partie de sa vérité. Je cite : "Toute ma vie n'a été qu'une énorme tromperie. Je crois bien que j'arriverais à tromper Dieu ! Qu'importe ! Je suis bien à ce point où Dieu et le Diable ne font qu'un !"Sat, 21 Jan 2006 13:15:00Le Cachemire (1/2)"S'il est un paradis, il est ici ! Il est ici !" Ainsi s'exprimait au XVIII° siècle l'empereur moghol Jahan-guir en évoquant le Cachemire... Ce malheureux pays qui vient d'être frappé par un terrible séisme, l'une des plus grandes catastrophes naturelles des temps modernes dont le bilan humain peut encore s'aggraver, car maintenant c'est le froid qui risque de tuer les survivants. Malheureux pays, oui, car ce paradis sur terre, célèbre pour ses jardins et la splendeur de ses paysages, est ravagé depuis plus d'un demi-siècle par une impitoyable guerre... Un conflit lointain dont on parle peu mais qui a déjà provoqué des dizaines de milliers de morts et qui est à l'origine des conflagrations qui ont opposé l'Inde et le Pakistan. Ces deux puissances se disputant la possession de ce territoire grand comme la moitié de la France et enfoncé comme un coin dans le massif de l'Himalaya.Paradoxalement, le tremblement de terre avec sa cohorte de morts et de naufragés du froid, a permis un rapprochement entre les deux pays. Mais un rapprochement timide et méfiant : si les deux frères ennemis ont accepté d'ouvrir un passage au milieu de la ligne de contrôle qui sépare le Cachemire pakistanais du Cachemire indien, les autorités d'Islamabad ont refusé l'aide des hélicoptères envoyés par New Delhi car elles exigeaient que ces appareils soient pilotés par des Pakistanais. En outre, cette trêve sur fond de catastrophe naturelle, n'a pas empêché l'assassinat d'un politicien cachemiri modéré ni des actions terroristes perpétrées à Delhi par des groupes islamistes proches du pouvoir pakistanais.La tension demeure donc. Et l'on peut s'étonner de la passivité de la communauté internationale qui ne fait guère d'efforts pour mettre fin à ce conflit. Exactement comme si on feignait d'oublier que le Pakistan et l'Inde détiennent désormais l'arme atomique.Monsieur X revient aux sources de cette guerre par procuration qui peut dégénérer à tous moments. Et où l'on retrouve l'ombre de Ben Laden et des services secrets.Sat, 28 Jan 2006 13:15:00Le Cachemire (2/2)C'est l'un des plus beaux pays du monde. Un véritable paradis aux paysages idylliques, adossés à l'Himalaya. Le Cachemire. Pourtant, depuis plus d'un demi-siècle, cet ancien royaume est coupé en deux par une ligne de contrôle militarisée, une horrible balafre de l'Histoire, pour reprendre les mots de l'écrivain Salman Rushdie qui est lui-même à demi Cachemiri. Deux Etats, deux frères ennemis, l'Inde et le Pakistan, se partagent en effet le Jammu-et-Cachemire depuis 1947. C'est à dire depuis le moment où le colonisateur britannique a décidé de la partition du sous-continent indien. Au nord, le Pakistan, créé sur une base religieuse, c'est à dire musulmane. Au sud, l'Inde laïque. Quant au Cachemire de 1947, c'est un pays grand comme une petite moitié de la France, semi-autonome, en majorité musulman mais gouverné par un maharadjah hindou.Dès l'indépendance indienne et pakistanaise, des troubles éclatent, fomentés par des Musulmans qui réclament le rattachement au Pakistan. Avec le soutien armé de ce dernier Etat. Devant cette menace, le souverain cachemiri décide d'en appeler à l'Inde. L'Inde à laquelle il va rattacher son pays... L'Inde qui ne demande pas mieux que d'intervenir militairement car elle a également des vues sur le Cachemire. Ainsi commence la première guerre indo-pakistanaise qui n'aura pour seul résultat que la partition du Cachemire et l'occupation militaire par les deux armées de chaque côté de la ligne de cessez-le feu. Une situation qui perdure encore aujourd'hui. L'Inde estimant être dans son bon droit puisque c'est le souverain cachemiri qui a décidé du rattachement de son pays à New Delhi. Et le Pakistan revendiquant de son côté la tutelle du Cachemire étant donné qu'il est peuplé majoritairement de Musulmans. Et Islamabad n'a cessé de réclamer la tenue d'un référendum.Enfin, il faut souligner que ce conflit latent qui a déjà provoqué la mort de dizaines de milliers de Cachemiris alimente aussi le terrorisme international... Monsieur X le disait la semaine passée : les terroristes qui ont récemment ensanglanté Londres avaient été entraînés par une organisation, " L'Armée des purs ", qui lutte au Cachemire contre la présence indienne. Monsieur X, qui poursuit son récit...Sat, 04 Feb 2006 13:15:00L'Ethiopie de Haïlé Sélassié dit le NégusC'était une légende vivante. Le " Roi des Rois ", ainsi qu'on le nommait... Mais ce n'était pas son seul titre puisqu'on l'appelait aussi "l'Elu de Dieu ", " le Lion conquérant de la tribu de Juda ". Et plus simplement le "Négus", c'est à dire le roi. Je veux bien sûr parler de Haïlé Sélassié, souverain d'un pays tout aussi légendaire que sa personne : l'Ethiopie ! L'Ethiopie qui est peut-être le berceau de l'Humanité puisqu'on y a trouvé la célèbre Lucy, une australopithèque qui vivait dans la vallée de l'Aouach il y a trois millions d'années. Une de nos lointaines grand-mères pour reprendre un cliché journalistique... Beaucoup plus près de nous, l'Ethiopie, c'est le pays de Pount des Egyptiens, là où le Pharaon envoyait des expéditions qui rapportaient de l'encens et de l'or. Encore un peu plus tard, il y a environ trois mille ans, des émigrants de la péninsule arabique, issus du mythique royaume de Saba, ont traversé la Mer Rouge, et se sont installés sur les hauts plateaux éthiopiens où ils se sont mêlés à la population locale. Une mixité dont sont issus la plupart des Ethiopiens d'aujourd'hui... Il faudrait encore parler de la christianisation du pays au IV° siècle de notre ère et de sa résistance farouche à l'Islam conquérant trois siècles plus tard. Une résistance qui doit aussi beaucoup à la géographie... Les hauts plateaux éthiopiens sont difficilement accessibles et favoriseront l'existence d'une civilisation originale au milieu du grand ensemble musulman... Un isolement naturel qui permettra également au pays d'échapper longtemps à la colonisation européenne.Mais ce qui intéresse Monsieur X c'est l'histoire moderne de l'Ethiopie et cet événement inouï qui vit, en 1974, la chute du plus vieil empire du monde... Le plus vieux mais aussi le plus mystérieux.Sat, 18 Feb 2006 13:15:00Tchernobyl (1/2)20 ans déjà ! Et toujours la controverse, le mystère et les mensonges... Je veux parler de Tchernobyl. La plus grande catastrophe du nucléaire civil. L'équivalent de cent bombes d'Hiroshima. Un territoire contaminé au coeur de l'Europe incluant quasiment toute la Biélorussie, une petite partie de l'Ukraine et de la Russie et couvrant au moins 130.000 kilomètres carrés. Soit le tiers de la France. Un territoire sur lequel vivent toujours 9 millions de personnes dont 2 millions d'enfants. Et, malgré le temps, les conséquences demeurent. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a même pu parler d'une catastrophe en devenir...Rappelons aussi que l'Europe centrale n'a pas été la seule région à être touchée. Les pays scandinaves aussi ont été survolés par le nuage radioactif et, contrairement à ce que prétendaient les autorités, tant scientifiques que politiques, la France aussi a reçu sa part de radionucléides. Le prix Nobel Georges Charpak a ainsi estimé que les retombées de Tchernobyl pourraient provoquer 300 cancers mortels dans notre pays... Toutefois, soyons prudent : les chiffres, tous les chiffres, donnent lieu à de vives polémiques entre les pro et les antinucléaires... En 2001, par exemple, affirmant qu'il n'existe aucune preuve validée internationalement d'un impact sur la santé publique qui soit attribuable à Tchernobyl par exposition, le représentant de l'AIEA, l'Agence internationale pour l'énergie atomique, le Dr Gonzales fait état de 31 morts avérés et de 2000 cancers de la thyroïde chez les enfants. Quatre ans plus tard, la même organisation admet 4.000 décès effectifs et à venir. Tandis que d'autres experts parlent de dizaines de milliers de morts...Alors pourquoi Monsieur X s'intéresse-t-il à Tchernobyl ? Parce que, dit-il, cette affaire dissimule encore de nombreux secrets... Politiques, militaires, sanitaires et même scientifiques...Sat, 11 Mar 2006 13:15:00Tchernobyl (2/2)Mensonge et dissimulation ! Il y a 20 ans, lorsque les autorités soviétiques découvrent l'ampleur de la catastrophe de Tchernobyl, elles retrouvent leurs réflexes d'antan. Vis-à-vis de l'étranger d'abord. Moscou minimise les conséquences de l'accident, alors même que les pays scandinaves ont déjà observé une augmentation inquiétante de la radioactivité... Toutefois cette dissimulation est aussi à usage interne : il s'agit d'abord d'éviter la panique et d'opérer dans l'ordre, mais un peu tardivement, l'évacuation des villes et villages proches de la centrale nucléaire. Mais il faut aussi rasséréner les centaines de milliers de liquidateurs, comme on les appelle, qui sont chargés de colmater le réacteur N°4 et de décontaminer la zone. Des hommes qui, insuffisamment protégés contre les radiations, font néanmoins preuve d'un véritable héroïsme. Pour eux, les autorités vont se livrer à un coupable trucage : d'un trait de plume, les taux d'irradiation mortels sont revus à la hausse. Ainsi, alors que le seuil mortel pour la durée d'une vie humaine était de 35 rems, le plafond passe soudainement à 70 rems. Et, du même coup, nombre de liquidateurs sont sacrifiés et condamnés à subir une irradiation fatale.Et Gorbatchev, l'inventeur de la glasnost, c'est à dire la transparence ?... D'abord insuffisamment informé, et même trompé, il tangue. L'enjeu est en effet considérable. Il y va du prestige de l'URSS et de la technologie soviétique. Et il attendra presque trois semaines avant de s'exprimer publiquement.Dans un premier entretien, Monsieur X a refait l'historique de la centrale de Tchernobyl et de ses quatre réacteurs d'une conception obsolète, car issue des premiers réacteurs militaires destinés à fournir le combustible des bombes. Il a aussi évoqué les erreurs humaines et le grand secret de Tchernobyl : la présence non loin du site de la centrale d'un super-radar destiné à devenir une pièce maîtresse de la Guerre des étoiles. Dans ce deuxième entretien, il continue à décortiquer les mystères de Tchernobyl.Sat, 18 Mar 2006 13:15:00Le conspirationnismeIls voient des complots partout ! Et pour eux tout est complot ! On les appelle les conspirationnistes, ou encore les complotistes. Ils pullulent en particulier aux Etats-Unis où le drame du 11 septembre 2001 n'a fait qu'ajouter à cette propension à voir derrière chaque événement une manipulation ourdie par quelque main mystérieuse.Mais le Vieux Continent n'est pas à l'abri. C'est d'ailleurs en Europe, au XVIII° siècle, qu'est née cette idée du complot. Une théorie conspirationniste qui a encore de beaux jours devant elle si l'on en juge, par exemple, par le succès des ouvrages de Dan Brown et de son "Da Vinci Code", ou encore de la série télévisée "X Files". Et si les Ufologues, c'est à dire les personnes qui s'intéressent aux soucoupes volantes et à leur existence, sont de moins en moins nombreux, il en est encore qui croient dur comme fer à la présence d'extra-terrestres sur notre bonne vieille terre. Ce qu'avaient déjà prétendu Pauwels et Bergier dans leur fameux "Matin des Magiciens" où ils affirmaient que les extra-terrestres avaient autrefois visité notre monde et formé des Grands Initiés.L'idée conspirationniste n'est donc pas neuve. Mais, et c'est surtout ce point qui a intéressé Monsieur X, ces complotistes, ces créateurs de fantasmes, ne sont-ils pas eux-mêmes les principaux acteurs d'un complot visant à jeter le trouble et à détruire toute certitude. Et Monsieur X qui a pour ambition d'éclairer notre Histoire et d'en dévoiler les secrets n'est-il pas lui aussi un conspirationniste ?Sat, 15 Apr 2006 13:15:00La mort d'un lieutenant-colonel10 ans d'enquête. Et un non-lieu. Un acte de Justice qui ne résout donc pas le mystère de la mort de ce lieutenant-colonel, un agent de nos services secrets. Suicide, assassinat ? Toutes les hypothèses peuvent être encore envisagées. Mais, 23 ans après la mort de cet officier, il est peu probable que la vérité apparaisse enfin. Mais voulait-on vraiment que cette vérité voit le jour ?Rivalités entre services, insinuations, délires de la presse, pressions sur la police, ont eu raison de l'acharnement de deux magistrats qui entendaient percer le mystère. C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X de rouvrir ce dossier.Un mot auparavant : pour ne pas réveiller inutilement de vieilles blessures, et surtout pour épargner sa famille, mon interlocuteur a choisi de masquer le nom de ce lieutenant-colonel. Nous parlerons donc de l'officier Robert P. Un homme proche de la cinquantaine retrouvé mort au bord d'une route, dans la neige du haut pays niçois. Un anonymat qui ne dissimule pourtant rien du contexte de l'affaire et des nombreuses questions qu'elles posent.Sat, 22 Apr 2006 13:15:00Roland Farjon (1/2)C'est l'une des plus grandes énigmes de la Résistance. L'une des plus douloureuses aussi ! L'affaire Farjon ! Farjon, un nom qui vous dit forcément quelque chose. Souvenez-vous : Baignol et Farjon. Fabricants de plumes puis de crayons, qui ont équipé des générations d'écoliers... Roland Farjon, donc, l'un des héritiers de cette dynastie d'industriels nordistes. Un homme à qui tout semble sourire. Jeune, beau, fortuné, entreprenant, il a épousé une femme délicieuse qui lui a déjà donné trois enfants lorsque la guerre arrive. Officier de réserve, il est précipité dans le maelström de la " drôle de guerre " puis dans la débâcle du printemps 40. Fait prisonnier, comme tant d'autres, il n'a de cesse d'être libéré. Ce qu'il doit sans doute à l'influence de sa riche famille. Toutefois, à peine revenu dans la France occupée, il se lance à corps perdu dans la Résistance et devient l'un des responsables militaires de l'un des mouvements les plus actifs, l'OCM. Mais, en octobre 1943, ce jeune homme intrépide et impétueux est arrêté par la Gestapo. Que se passe-t-il alors ? Trahit-il ses camarades qui vont tomber les uns après les autres ? A moins qu'il ne paye simplement ses imprudences ? Aujourd'hui encore, de nombreux Résistants croient plutôt à la version de la trahison. Quoi qu'il soit, Farjon arrive à s'évader quelques semaines avant la Libération. Et malgré, ou à cause des soupçons dont il est l'objet, il s'engage dans un maquis où il se conduit avec panache. Cherche-t-il à faire une fin glorieuse, en côtoyant quotidiennement la mort ? Ou bien donne-t-il simplement cours à sa vaillance naturelle ? En tout cas, il fait preuve d'un incontestable courage qui fait l'admiration de tous ses compagnons. Et il poursuit le combat jusqu'à la fin en s'engageant ensuite dans une unité de fusiliers-marins. Mais le passé le rattrape. Un juge d'instruction est chargé d'enquêter sur sa présumée trahison. C'est insupportable pour ce jeune héros. En juillet 1945, il disparaît. Deux jours plus tard, on retrouve son corps dans la Seine. Mais était-ce vraiment son corps ? Farjon n'a-t-il pas maquillé son suicide pour fuir la Justice, son pays et la vengeance de ceux qu'il a peut-être trahis ? Certains, et pas des moindres, affirmeront l'avoir rencontré après juillet 1945. Ils affirmeront même que Farjon a trouvé refuge en Amérique du Sud.Sat, 13 May 2006 13:15:00Roland Farjon (2/2)Tout lui réussissait dans la vie. Physique avantageux, tempérament enjoué, famille fortunée, beau mariage avec une cousine du général de Gaulle, ce trentenaire n'avait au fond qu'un regret : monsieur son père n'avait pas voulu que ce jeune et impétueux officier de cavalerie fasse une carrière militaire et lui avait enjoint de s'occuper de l'entreprise familiale, la célèbre firme Baignol et Farjon. Des industriels qui ont permis à des dizaines de millions d'écoliers de découvrir les élégances de la plume métallique.Lorsque la guerre est déclarée, en 1939, Roland Farjon saute naturellement dans son uniforme. Mais quelques mois plus tard, malgré quelques exploits, il est fait prisonnier. Il demeure un an dans un stalag et, l'influence de sa famille aidant, il revient en France. Mais c'est pour aussitôt s'engager dans un mouvement de Résistance, l'Organisation civile et militaire. Cette OCM, née dès l'été 40 dans les beaux-quartiers de la capitale, regroupe d'abord des grands bourgeois et d'anciens militaires qui nourrissent pour la plupart de franches convictions réactionnaires et même fascistes. Pourtant ils n'ont pas écouté les sirènes de Vichy car, à la différence d'un Pétain, ils veulent se battre contre l'Occupant. La nature sociale et politique de l'OCM va évoluer au fur et à mesure du recrutement. Des ouvriers, des instituteurs, des médecins la rejoindront. Et aussi un jeune militant socialiste qui s'appelle Guy Mollet. Un panachage qui doit beaucoup à Roland Farjon, gai luron et bon compagnon, qui est nommé responsable militaire pour la zone A, c'est à dire les départements du Nord. Jusqu'au milieu de l'année 1943, l'OCM grandit en nombre et en puissance. Dans la région nord, elle devient même la principale organisation de Résistance. Mais son succès est aussi à l'origine de sa perte : un traître a infiltré le mouvement. Des dizaines de Résistants sont arrêtés. Et en octobre, c'est au tour de Roland Farjon de tomber. Ici commencent les questions, car de nombreuses interpellations suivront, décapitant l'OCM. Et celle-là d'abord : Farjon a-t-il trahi ? Certes, les apparences sont contre lui. Mais une autre trahison de grande ampleur n'a-t-elle pas précédé l'arrestation de Farjon ? Autre interrogation : l'OCM, déjà affaiblie par les rafles de l'été, n'a-t-elle pas été donnée sciemment afin d'intoxiquer les Allemands à propos du lieu du futur débarquement?Sat, 20 May 2006 13:15:00Yougoslavie : nationalisme et purification ethnique (1/3)Il est parti en emportant ses secrets, comme on dit dans les mauvais feuilletons. Mais ses fantômes sont restés dans l'ex-Yougoslavie... 200, peut-être même 300.000 morts. Et 3 millions de personnes déplacées... Je veux bien sûr parler de Slobodan Milosevic, mort en mars 2006 dans sa cellule du TPI, le Tribunal pénal international. Milosevic à qui l'on ne pourra donc plus demander de comptes sur les crimes de guerre qu'il a commis. Ou en tout cas qu'il était présumé avoir commis.Certes, l'ancien président yougoslave ne porte pas la responsabilité directe des tous les massacres, viols et déportations. Mais ils ont souvent été perpétrés en son nom. Et surtout la plupart des historiens s'accordent à dire qu'il en est l'instigateur dans la mesure où c'est sa politique qui a conduit à l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, cet espace des Slaves du Sud, ainsi que nous l'apprend l'étymologie. Mais cette région européenne n'était-elle pas vouée à une perpétuelle division ? Une malédiction qui semblait la poursuivre de siècles en siècles... Ou bien a-t-elle été victime de la folie des hommes ? De quelques hommes, parmi lesquels Slobodan Milosevic... Et quelle est la responsabilité de la communauté internationale qui a laissé se perpétuer si longtemps ce conflit d'un autre âge ?Sat, 27 May 2006 13:15:00Yougoslavie : nationalisme et purification ethnique (2/3)La Yougoslavie était-elle viable ? N'était-elle pas vouée, dès sa naissance entre les deux guerres mondiales, à éclater un jour ? Certes, la longue parenthèse Tito avait abouti à la formation d'un Etat fédéral où les différents peuples ont coexisté en paix. Mais c'était au prix de l'institution d'un régime fort et quasi-dictatorial, au moins dans les premières années. Toutefois, dès la mort du maréchal Tito en 1980, les démons du nationalisme ressurgissent. Et en 1991, c'est la guerre et l'implosion.Dans un premier entretien, Monsieur X a remonté aux sources de ces nationalismes, tant serbe que croate. Et il a surtout mis en évidence que l'homme fort de Belgrade, le communiste Slobodan Milosevic, a sciemment et cyniquement joué la carte du nationalisme pour conforter son pouvoir et régner sur les siens. Il a ainsi inventé une sorte de national-communisme qui, de guerre en guerre, va conduire son pays à la ruine et provoquer dans toute l'ex-Yougoslavie des dizaines de milliers de morts et même sans doute des centaines de milliers. Mais, pour être tout à fait juste, il faut ajouter que les dirigeants des autres Républiques, le Croate Franjo Tudjman ou le Bosniaque musulman Izetbegovic, ont eu leur part dans l'exacerbation de ces sentiments nationaux qui ont poussé les uns et les autres à recourir à cette arme terrible : le nettoyage ethnique. Une notion qui avait été théorisée dès les années 30 par un historien serbe, Vasa Cubrilovic, qui prônait que seul un Etat peuplé par son propre peuple autochtone pouvait assurer sa sécurité. Il convenait donc de se débarrasser, y compris par la force, de tous les éléments allogènes. Et après tout, Hitler n'a pas agi autrement lorsqu'il a entrepris d'exterminer les Juifs...Sat, 03 Jun 2006 13:15:00Yougoslavie : nationalisme et purification ethnique (3/3)Tout a commencé au Kosovo. Et tout a fini dix ans plus tard dans ce même Kosovo où s'est fracassé le rêve nationaliste d'une Grande Serbie.Pour la troisième semaine, Monsieur X propose de décrypter les dramatiques événements de l'ex-Yougoslavie... Je résume brièvement. Le point de départ, c'est en effet la célébration au Kosovo, en juin 1989, du 600° anniversaire de la célèbre bataille du " Champ des Merles ". Une cérémonie grandiose où les dirigeants de Belgrade, Milosevic en tête, exaltent le nationalisme serbe et caressent le rêve de reconstruire la Grande Serbie sur les ruines d'une Yougoslavie fédérale qui se morcelle après la mort de Tito.Très rapidement, les Serbes passent à l'action au Kosovo même en abolissant l'autonomie dont bénéficiait cette province peuplée majoritairement d'habitants d'origine albanaise et en organisant la répression contre cette population. Puis, alors que les Républiques déclarent leur indépendance les unes après les autres, l'armée fédérale, qui n'est plus qu'une armée presque exclusivement composée de Serbes, attaque brièvement en Slovénie puis en Croatie. Le prétexte, c'est la préservation de la Fédération et aussi la protection des Serbes présents dans les autres Républiques. En Croatie, où les Serbes se créent de véritables fiefs autonomes, la guerre est terriblement meurtrière. Et l'on assiste aux premiers déplacements de population, cette monstrueuse purification ethnique qui va faire tant de victimes. Puis, le président croate Tudjman et Slobodan Milosevic ayant conclu un accord secret, Zagreb et Belgrade se retournent vers la Bosnie-Herzégovine, une République multiethnique où jusque là cohabitaient pacifiquement Musulmans, Croates et Serbes. C'est le début d'une véritable entreprise de dépeçage où, à nouveau, il est procédé à un impitoyable nettoyage ethnique souvent mené par des bandes de paramilitaires qui déportent, violent et massacrent, tandis que la capitale, Sarajevo, est assiégée et systématiquement bombardée.La communauté internationale, malgré l'envoi de milliers de Casques bleus, assiste, impuissante, à ce désastre humain qui semble consacrer le triomphe de Milosevic. Non seulement, ses amis serbes de la République Srpska dirigée par Karadzic occupent les deux-tiers du territoire bosniaque mais il est devenu un interlocuteur indépassable. Et il se pose même en arbitre.Toutefois en 1994, les Etats-Unis, d'abord passifs, décident de s'impliquer. Et selon Monsieur X, ce n'est pas tout à fait innocent : à Washington, les stratèges nord-américains aimeraient bien démontrer que l'Alliance atlantique, en dépit de l'effondrement de l'Empire soviétique, est toujours utile.Sat, 10 Jun 2006 13:15:00La taupe vietnamienneEspion ? Non, c'est un mot qui ne lui plaît pas. M. Pham Xuan Ân, qui ne nie pas avoir espionné, préfère dire qu'il a été un agent de renseignement stratégique. Et au fond, peu importe ! Ce qui compte c'est que ce vieil homme courtois, discret et modeste a sans doute été l'une des taupes les plus considérables du siècle dernier. Un patriote vietnamien qui, plus que tout autre, a joué un rôle essentiel dans le destin de son pays. Mais n'allons pas trop vite, comme dirait Monsieur X.M. Pham Xuan Ân, que nous appellerons plus familièrement par son prénom, Ân, a longtemps été un journaliste reconnu, un des hommes les mieux informés de Saigon, le correspondant permanent de prestigieux organes de presse anglo-saxons. Mais personne ne pouvait deviner qu'il était aussi le meilleur agent de Hanoi et qu'il a transmis aux généraux nord-vietnamiens des renseignements si importants que le sort de la guerre du Viêt-Nam en a été changé. Aujourd'hui, au soir de sa vie, Ân reconnaît non sans humour qu'il avait compartimenté son existence. Et il a confié à mon confrère Jean-Claude Pomonti, longtemps envoyé spécial permanent du Monde, et qui lui a consacré un livre, cette réflexion : "Le journaliste est en quête de la moindre nouvelle pour la publier alors que l'espion se prête au même exercice mais pour cacher ce qu'il a découvert !"Sat, 17 Jun 2006 13:15:00Les Loups Gris en TurquieLe sujet dérange. C'est sans doute pourquoi on en parle peu. Mais, beaucoup plus que l'aspect religieux, c'est l'importance du fait mafieux qui devrait faire réfléchir partisans ou adversaires de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne... Depuis longtemps en effet, ce pays moderne et constitutionnellement laïque, qui connaît par ailleurs de remarquables succès économiques, est pénétré par une puissante mafia. Une ou des organisations criminelles, quasi-invisibles, mais qui ont infiltré les sphères économiques et politiques. Et il faut y voir l'une des explications - peut-être la plus importante - de la victoire électorale des islamistes modérés fin 2002. L'AKP, c'est à dire le Parti de la Justice, est en effet apparu aux Turcs comme étant l'une des seules forces politiques qui ne soit pas gangrenée.Comment en est-on venu là ? Pourquoi les mafieux ont-ils peu à peu imposé leur loi ? Monsieur X propose cette semaine son explication... On va en particulier croiser dans ce nouvel entretien une redoutable organisation, les " Loups Gris ", au confluent du banditisme, du terrorisme et du nationalisme... Il faut rappeler que c'est un Loup Gris, Ali Agça, qui a tiré sur Jean-Paul II en mai 1981. Une tentative d'assassinat qui demeure encore aujourd'hui mystérieuse...Sat, 01 Jul 2006 13:15:00L'assassinat de Robert DenoëlC'était une arme de gros calibre. Du 11.43... L'arme des gangsters ! Mais l'homme qui gisait maintenant sur ce trottoir parisien, touché par une seule balle mortelle, était pourtant bien étranger à l'univers de la pègre. C'était un éditeur, l'un des plus prestigieux, Robert Denoël. Le découvreur de Louis-Ferdinand Céline. L'homme qui, après avoir édité "Voyage au bout de la nuit", avait publié pendant la guerre les oeuvres les plus nauséabondes de l'écrivain mais aussi celles d'Elsa Triolet, l'épouse de Louis Aragon. Un éditeur d'origine belge, passionné, instinctif et formidablement ambitieux qui avait surgi dans le petit monde de l'édition à la fin des années 20, et qui avait bientôt taillé des croupières aux plus grands. Autant le dire tout de suite : Denoël avait des ennemis, beaucoup d'ennemis. Des rivaux, jaloux de son prodigieux succès, mais aussi des Résistants qui ne lui pardonnaient pas d'avoir édité les textes antisémites de Céline sous l'Occupation. Et puis, il y avait aussi la vie sentimentale tumultueuse de l'éditeur.Mais cela suffisait-il à expliquer pourquoi, un soir de décembre 1945, un mystérieux tireur l'avait assassiné ? Et pourquoi les enquêteurs ont si vite, trop vite, évoqué un crime de rôdeur, alors qu'une somme de 12.000 francs, une petite fortune pour l'époque, a été retrouvée dans le portefeuille de l'éditeur...Sat, 08 Jul 2006 13:15:00Politique et gangsterisme à Marseille (1/2)Politique et gangstérisme ont trop souvent fait bon ménage. Aux Etats-Unis, d'abord. Difficile d'oublier par exemple que Kennedy doit son élection au soutien de la Mafia qui a fait voter démocrate dans certains secteurs de Chicago qu'elle contrôlait... Kennedy qui, ensuite, a peut-être été victime de cette même Mafia qui lui a reproché de manquer de reconnaissance. Mais il faut aussi songer à l'Italie où les mafias, sicilienne, napolitaine ou calabraise, ont largement infiltré la Démocratie chrétienne et se sont parfois acoquinées à l'extrême droite pendant les " années de plomb "... En Belgique également, la mystérieuse affaire des " Tueurs fous du Brabant ", toujours non résolue, a vraisemblablement des relents politiques.Et en France ? Il n'en pas été autrement. Souvenons-nous de l'affaire Ben Barka où des truands notoires ont joué le rôle que l'on sait. Ou encore du SAC gaulliste qui n'a jamais hésité à recruter des gros bras dans la pègre. Et puis il y a les Guerini. Un clan de caïds corses qui a longtemps tenu le haut du pavé à Marseille et qui a joué un rôle politique important dans l'histoire de la cité phocéenne. Une histoire obscure que Monsieur X a choisi de raconter cette semaine. Une saga où l'on va découvrir aussi que les services secrets n'ont pas été étrangers à l'ascension des frères Guerini...Sat, 15 Jul 2006 13:15:00Politique et gangsterisme à Marseille (2/2)Qu'avaient-ils de plus que les autres ? Quasi-analphabètes, comment ces souteneurs, tout juste débarqués de leur île natale vont-ils parvenir à s'élever dans la hiérarchie du milieu jusqu'à en devenir les parrains pendant plus de deux décennies ? Mais surtout, et c'est l'une des questions qui occupe Monsieur X, pourquoi sont-ils si longtemps restés intouchables ?Je veux bien sûr parler des frères Guerini, des caïds corses qui ont fait pendant des années la pluie et le beau temps à Marseille... Des frères, essentiellement les deux aînés Antoine et Barthélémy, dit Mémé, qui vont s'élever au-dessus de leurs pairs en gangstérisme parce qu'ils sont plus intelligents mais surtout parce qu'ils exploitent habilement la situation politique... A vrai dire, ils ont eu des précurseurs, les sinistres Carbone et Spirito qui ont frayé avant guerre avec le fascisme avant de sombrer dans la Collaboration et la collusion avec la Gestapo. Les Guerini, eux, choisissent le camp opposé. Mémé, résolument et avec un courage certain. Antoine, de façon plus opportuniste et sans jamais oublier de faire fructifier ses affaires délictueuses... Il n'empêche qu'à la Libération le clan des Guerini règne sans partage et va exploiter sans vergogne les amitiés et les complicités forgées dans la Résistance.Et bientôt, alors que la Guerre froide va enfoncer un coin dans les alliances politiques passées dans le combat, les Guerini s'engagent à nouveau et deviennent des auxiliaires précieux dans la lutte contre le communisme. Des auxiliaires qui n'hésitent pas à fricoter avec les services secrets...Sat, 22 Jul 2006 13:15:00Georges ArnaudLe mystère demeure entier. Le malaise aussi. Georges Arnaud, le célèbre auteur du " Salaire de la peur " a-t-il, alors qu'il s'appelait encore Henri Girard, assassiné son père, sa tante et une domestique ?Juridiquement, la question ne se pose plus puisque l'écrivain a été acquitté par un jury populaire. Il est donc réputé innocent à jamais. Il n'empêche que le triple crime du château d'Escoire, le 24 octobre 1941, reste une énigme. Et si, pour une fois, Monsieur X a choisi de me parler d'un fait divers, c'est que, justement, il ne s'agit peut-être pas d'un simple fait divers mais d'une affaire beaucoup plus compliquée. Et puis il y a le personnage central de ce dossier : Henri Girard, 24 ans à l'époque. Un jeune homme singulier et fantasque qui, après la guerre, s'embarquera pour l'Amérique du Sud, mènera une vie aventureuse et reviendra deux ans plus tard pour écrire sous le nom de Georges Arnaud son best-seller, " le Salaire de la peur ", un ouvrage adapté au cinéma par Clouzot et qui obtiendra une Palme d'or à Cannes. Georges Arnaud qui sera ensuite de tous les combats contre l'injustice : journaliste, pamphlétaire, militant n'hésitant jamais à payer de sa personne et de risquer sa liberté. Un homme généreux et flamboyant mais qui n'a pu faire oublier qu'il était aussi le personnage central de l'affaire du triple crime d'Escoire.Sat, 05 Aug 2006 13:15:00Jacques Foccart (1/2)Un homme ou un mythe ? On lui a tant prêté... Artisan des basses oeuvres, barbouze en chef, éminence grise, Père Joseph... Et encore, le Bacille, le Sphinx, le Doyen, le Chanoine, etc. Autant de surnoms qui peinent à le définir... Encore que Chanoine lui convienne assez bien : petit, chauve, dodu, le visage rond, les paupières tombantes... Un physique pourtant trompeur car il a toujours surveillé sa ligne, sauté régulièrement en parachute et s'est longtemps entraîné au tir, un exercice où il était d'une remarquable adresse.Cet homme, c'est Jacques Foccart. Ou plutôt, c'était, car il est mort en 1997, emportant avec lui nombre de secrets de la V° République. Foccart, le personnage qui est toujours en retrait sur les photos... Derrière les chefs d'Etat. Visage impénétrable... " L'homme de l'ombre " comme l'a appelé assez justement Pierre Péan dans la seule biographie qui lui a été consacrée et qui, malgré le talent de son auteur, n'a pas éclairci toutes les facettes de cet homme-mystère.Le nom de Jacques Foccart a souvent traversé mes entretiens avec Monsieur X... Quand nous avons évoqué l'Afrique et l'action de la France, bien sûr... La Françafrique, comme on dit aujourd'hui... Mais aussi dans quelques dossiers bien français, comme ceux du SAC, le Service d'Action civique dont nous avons parlé récemment. Alors qui était réellement Jacques Foccart ? Et a-t-on réellement eu raison de voir sa main dans tant de sombres affaires ? Et faut-il le rendre responsable de l'exécution de si nombreux coups tordus ?Sat, 12 Aug 2006 13:15:00Jacques Foccart (2/2)On a vu en lui l'homme de tous les mauvais coups... Une sorte de montreur de marionnettes qui avait la haute main sur nos services de renseignement et manipulait à distance les dirigeants de l'empire franco-africain, ce qu'on appelle aujourd'hui la Françafrique... Je veux parler bien sûr de Jacques Foccart, le principal conseiller du général de Gaulle. L'homme à qui de Gaulle, lorsqu'il était président de la République, accordait chaque soir un entretien d'un bon quart d'heure. C'est dire son influence et aussi son pouvoir.Pourtant, Foccart qui a joué un si grand rôle et continuera de conseiller les présidents gaullistes Pompidou et Chirac jusqu'à sa mort, en 1997, a toujours veillé à rester dans l'ombre et à parler le moins possible... Ce qui, naturellement, a accru la légende de ce " Père Joseph " de la V° République...Dans un premier temps, Monsieur X a retracé les débuts de la carrière de Foccart... Une famille bourgeoise aux origines imprécises et peut-être mystérieuses, une éducation religieuse très stricte... Puis l'import-export et la Résistance, avec ici et là quelques points obscurs. En tout cas, très vite, Foccart rejoint le premier cercle du gaullisme. Conseiller de l'Union française, il cultive ses relations africaines et fait connaissance avec les élus qui seront les futurs dirigeants après l'Indépendance. Ancien des services secrets de la France libre, il noyaute le SDECE et surtout son service action. Et c'est enfin l'une des chevilles ouvrières du retour au pouvoir du général en mai 1958. Le général qui en fait aussitôt son conseiller pour l'Afrique mais le charge aussi de superviser les affaires de renseignement tandis que Foccart prend l'initiative de créer le Service d'Action civique, une association censée soutenir le général mais qui deviendra assez vite une officine douteuse...Foccart est donc, malgré sa discrétion naturelle, l'un des tout premiers personnages du régime et manifeste une fidélité sans faille au général... Et c'est sans aucun état d'âme qu'il approuve sa politique algérienne. Un revirement qui fait des remous au SDECE où on est plutôt Algérie française... Foccart doit donc épurer parmi ces agents qu'il avait souvent recrutés lui-même. Une trahison que beaucoup ne lui pardonneront pas et dont ils se vengeront en propageant une vilaine rumeur : Foccart serait en réalité une taupe soviétique infiltrée à l'Elysée...Sat, 19 Aug 2006 13:15:00Bloody Sunday, 30 janvier 1972Plus de 34 ans après, on attend toujours la vérité. Et cela malgré la décision de Tony Blair, en 1997, de nommer une commission d'enquête sur ces événements tragiques. C'est dire si le sujet est sensible !Je veux bien sûr parler du Bloody Sunday. Le dimanche sanglant de Derry. Une tache indélébile sur le drapeau de l'armée britannique, quelles que soient les conclusions, qui se font toujours attendre, de cette commission. Car il apparaît bien que ce jour de janvier 1972 les paras ont tiré délibérément sur des manifestants catholiques irlandais qui n'étaient pas armés. Bilan : 14 morts et de très nombreux blessés.Mais les soldats britanniques ont-ils agi sur ordre ? Ou bien ont-ils cédé à l'affolement ? Et s'ils ont réellement reçu des ordres, qui les a donnés ? Ce sont quelques-unes des questions que j'ai eu envie de poser à Monsieur X, après avoir revu sur Arte le remarquable film de Paul Greengrass, Bloody Sunday. Une reconstitution précise et terriblement réaliste des événements.Il faut ajouter que, malgré l'apaisement qui s'esquisse en Irlande du Nord, cette affaire demeure une plaie ouverte pour la plupart des Républicains de l'Ulster. Et qu'une véritable coexistence pacifique entre Catholiques et Protestants ne pourra pas durablement s'établir tant que la vérité sur le Bloody Sunday n'aura pas émergé.Sat, 26 Aug 2006 13:15:00Patricia HearstC'est l'histoire d'une pauvre petite fille riche, comme dirait Claude François... L'histoire d'une très riche héritière américaine qui a sombré dans le terrorisme avant de se repentir, de rentrer dans le rang et de recouvrer le luxe douillet de la jet-set après seulement 21 mois de prison.Autant le dire d'emblée, l'affaire Patricia Hearst n'a jamais été éclaircie. Et Monsieur X croit savoir pourquoi. Mais comme il le dit souvent, n'allons pas trop vite... Patricia Hearst est la petite fille du célèbre magnat de la presse, William Randolph Hearst, l'homme qui a inventé la presse à sensation et inspiré le "Citizen Kane " d'Orson Welles. Au début de 1974, elle vit en Californie et étudie l'histoire de l'art à l'université de Berkeley. Berkeley, au coeur de la contestation étudiante qui agite les campus depuis 1968. Guerre du Viêt-Nam, revendications noires pour les droits civiques, ont contribué à la création de mouvements radicaux et même terroristes... Et le président Nixon, pourtant confortablement réélu en 1972, commence à tanguer à cause du scandale du Watergate. C'est dans ce contexte qu'apparaît une mystérieuse organisation clandestine au nom étrange, l'Armée de Libération symbionaise. Qui se cache derrière ce groupuscule qui va tout de suite user de la violence pour se faire connaître ? Quels sont ses objectifs ? Et pourquoi cette armée symbionaise enlèvera-t-elle Patricia Hearst, un jour de février 1974 ?Sat, 02 Sep 2006 13:15:00Tchad (2/2) : l'affaire ClaustreOn l'a appelée la prisonnière du désert... Françoise Claustre. Une archéologue française enlevée au Tibesti par un rebelle Toubou qui allait se faire un nom grâce à ce kidnapping : Hissène Habré, futur chef d'Etat du Tchad... Quinze ans après les faits, ce ravisseur allait être reçu avec les honneurs à Paris !C'était dans les années 70. Françoise Claustre allait rester plus de trente mois prisonnière. Et disons-le tout de suite, sans l'extraordinaire persévérance de son époux, Pierre, et sans le courage de quelques journalistes, elle aurait pu rester encore longtemps captive tant l'affaire ne semblait que médiocrement intéresser les autorités françaises de l'époque.La semaine passée, Monsieur X m'a longuement parlé du Tchad et du long règne du président Tombalbaye, premier président de cette ancienne colonie française dont la population hétéroclite -on recense plus de 200 ethnies au Tchad - ne favorise guère l'éclosion d'un sentiment d'unité nationale. Au sud vivent des agriculteurs, des animistes christianisés à la faveur de la colonisation. Au nord et à l'est, dans les déserts et les montagnes, on trouve des pasteurs, souvent nomades et de tradition guerrière. Ces anciens trafiquants d'esclaves sont musulmans. Regroupés sous l'appellation Toubous, ils sont eux-mêmes divisés en plusieurs clans rivaux.Très peu de temps après l'indépendance, alors que Tombalbaye, un sudiste, gouverne avec le soutien très actif de la France, les tribus du nord se rebellent. La situation devient si précaire que le pouvoir tchadien en appelle à Paris. Un important corps expéditionnaire est envoyé au Tchad. Malgré l'absence de menace extérieure qui aurait seule justifié l'intervention militaire française, notre armée participe au rétablissement de l'ordre. La rébellion Toubou du Frolinat, le Front de Libération nationale du Tchad, est sinon vaincue, du moins contenue. Très provisoirement. Car les Toubous ne désarment pas. Et alors même que la France maintient plus de mille hommes dans ce pays dont la position est stratégique en Afrique, les Toubous recommencent à s'agiter. Avec cette fois le soutien du voisin libyen qui a des visées territoriales sur le nord du pays, la bande d'Aozou.Telle est la situation quand, en 1974, l'archéologue Françoise Claustre est enlevée.Sat, 09 Sep 2006 13:15:00Les Tamouls du Sri LankaIl y a des conflits qui lassent... Je veux dire qu'ils n'intéressent plus la presse tant ils semblent interminables et que les informations à leur propos se répètent aussi inlassablement que tragiquement. Il en est ainsi de la guerre du Sri-Lanka qui oppose depuis presque un quart de siècle les Tigres tamouls à l'armée cinghalaise.Le Sri-Lanka, cette île en forme de goutte, comme un point d'exclamation qui prolongerait le sous-continent indien. Goutte de diamant tant ce pays dispose d'atouts géographiques, climatiques, économiques et même culturels - les Sri-Lankais sont alphabétisés à 90%. Mais goutte de sang à cause de ses déchirements internes. Des déchirements chroniques et meurtriers qui ruinent ce pays de Cocagne. Ainsi ce regain de violence qu'on observe depuis décembre 2005 où les Tigres Tamouls ont répondu aux bombardements de l'armée par de nouveaux attentats terroristes. On assiste depuis la fin juillet 2006 à une guerre totale et le cessez-le feu signé en 2002 est bel et bien oublié : près de 1000 victimes déjà dont plus de 200 civils et 170000 personnes qui ont fui les combats depuis 2 mois. Deux exemples particulièrement sanglants : l'assassinat de douze collaborateurs de l'ONG française " Action contre la faim " et le bombardement très meurtrier d'un orphelinat. Une situation si préoccupante que la mission de contrôle de la trêve installée en zone tamoule dans le Nord et nord-est du pays s'est repliée dans la capitale, Columbo.Alors quelles sont les raisons profondes de ce conflit ? Le fanatisme religieux et nationaliste est-il le seul responsable de cette violence qui a déjà provoqué la mort de plus de 60.000 Sri-Lankais et poussé des centaines de milliers d'autres habitants à fuir à l'étranger ? Quel rôle ont joué les grandes puissances dans l'histoire de cette île qui occupe une position stratégique sur la route maritime qui relie l'Europe à l'Asie du Sud-Est ? Et surtout quelle à été l'implication de l'Inde, le grand voisin, que tant de liens unissent au Sri-Lanka... Et qui est le mystérieux chef de la rébellion tamoul ? Un chef implacable qui, bien avant les terroristes islamistes, a inventé les attentats-suicides ? Enfin, le fils et successeur d'Indira Gandhi, Rajiv, a-t-il été la victime indirecte de ce lointain conflit ?Sat, 16 Sep 2006 13:15:00Honduras-Salvador, été 1969, laOn l'a appelée 'la guerre des 100 heures'. Mais c'est surtout sous le nom de 'guerre du foot' qu'elle est connue... Non, je ne veux pas parler d'un fameux coup de boule mais d'un vrai conflit, aussi bref que sanglant, qui a quand même causé la mort de quelques milliers de latino-américains. C'est en effet en Amérique latine qu'a eu lieu cette guerre du foot. Sur un continent où, ainsi que l'écrit le grand reporter polonais, Riszard Kapuscinski, témoin de l'événement, la frontière entre le football et la politique est extrêmement ténue, puisqu'on ne compte plus le nombre de gouvernements renversés par l'armée après une défaite de l'équipe nationale. Un continent aussi où, en allant au stade, on peut parfois y laisser la vie...Mais, disons-le tout de suite, cette fièvre politico-sportive, qui donne libre cours au nationalisme le plus véhément, peut aussi dissimuler des motifs de conflit autrement plus sérieux. C'est le cas de cette 'guerre du foot' qui a opposé deux pays voisins d'Amérique centrale, le Honduras et le Salvador. Monsieur X se propose donc de décrypter les vraies raisons qui ont transformé une simple compétition footbalistique en une guerre qui a fait entre 3000 et 6000 morts, des milliers de blessés, et la destruction d'autant de maisons.Sat, 07 Oct 2006 13:15:00Quelques vérités dérangeantes sur 14-18On a dit que c'était la première bataille industrielle de l'Histoire : Verdun, une bataille de 300 jours dont on célèbre cette année le 90° anniversaire... Verdun, un nom devenu symbolique." Un nouveau Valmy ", écrit même Jean-Pierre Guéno, dans un récent ouvrage de la célèbre collection " Paroles de... " éditée par Radio France.Verdun, 300.000 morts dans chaque camp. En somme, 2000 chaque jour. Mais une guerre pour rien : les Allemands, initiateurs de l'offensive en février 1916, seront purement et simplement reconduits sur leurs lignes 300 jours plus tard en décembre 1916. Et pourtant, dans l'opinion française, Verdun sera perçu comme une victoire. Sans doute parce qu'après toute une série de revers depuis le début de la Grande Guerre en août 1914, l'armée française a tenu bon. Malgré de nombreuses fautes de commandement. Et en particulier celle-ci : pourquoi le généralissime, Joseph Jacques Joffre, n'a-t-il pas tenu compte des avertissements qu'on lui avait lancés et qui tous, prédisaient une offensive allemande à Verdun ? Bien au contraire, il a pris la décision de désarmer les forts...Sat, 11 Nov 2006 13:15:00Le trafic de drogue en Afghanistan (1/2)Une guerre peut en cacher une autre ! C'est le cas en Afghanistan où les soldats de l'OTAN combattent les Taliban au nom de la lutte contre le terrorisme mais où se déroule une autre guerre : celle contre la drogue, contre les producteurs et trafiquants d'opium. Une guerre qui semble d'ores et déjà perdue : l'Afghanistan est en effet malheureusement devenu le pays champion du monde de la production d'opium, avec plus de 4200 tonnes par an. Une production en progression constante, à tel point que certains n'hésitent pas à évoquer un narco-Etat. C'est à dire un Etat infiltré, corrompu par le poison de la drogue et les gains fabuleux que son commerce engendre. Et ici, il faut tout de suite reconnaître que ni les Américains, leaders de la coalition anti-taliban, ni le gouvernement afghan ne semblent sérieusement décidés à lutter contre ce fléau. Bien au contraire. Certains des plus grands trafiquants sont des alliés objectifs de la coalition. Et il est tentant de fermer les yeux sur leurs activités illicites tant les intérêts géostratégiques sont importants et dépassent, et de loin, la stricte lutte contre le terrorisme islamique...Sat, 18 Nov 2006 13:15:00Le trafic de drogue en Afghanistan (2/2)Est-il vraiment devenu ce que l'on appelle désormais un narco-Etat ? C'est à dire un Etat dont l'économie et le système politique dépendent étroitement de la production et du commerce de la drogue. Je veux parler de l'Afghanistan dont Monsieur X m'a entretenu la semaine passée. L'Afghanistan où la culture du pavot était traditionnelle mais qui ne produisait avant l'invasion soviétique de 1979 que de petites quantités d'opium. Mais la guerre va tout changer. Pour financer leur combat contre l'Armée rouge, les seigneurs de la guerre afghans vont se lancer dans une production à plus grande échelle. Ils y sont encouragés par les services secrets pakistanais, mais aussi états-uniens dont le premier objectif est l'affaiblissement de l'URSS. C'est ainsi, par exemple, que la CIA initiera un programme d'approvisionnement en héroïne des soldats soviétiques.Toutefois, lorsqu'une machine est lancée, il est difficile de l'arrêter. Il en est ainsi de la production de drogue qui va exploser dès la fin de cette guerre de 10 ans. Ne serait-ce parce que, ne disposant plus de l'aide financière de la CIA, les seigneurs de la guerre utilisent dorénavant l'argent de l'opium pour continuer à payer leurs milices. Suit une période chaotique où les différents clans se disputent le pouvoir. Jusqu'à l'arrivée des Taliban. En 1995, ces étudiants en religion, comme ils se nomment eux-mêmes, s'emparent de Kaboul et d'une grande partie du pays, à l'exception des provinces du Nord. Dans leur conquête du pouvoir, ils ont été puissamment aidés par l'Arabie saoudite, le Pakistan mais aussi par les Etats-Unis. Ces Musulmans fondamentalistes offrent en effet la possibilité d'installer en Afghanistan un régime stable : une condition nécessaire pour faire passer à travers le pays un gazoduc permettant l'exploitation des fabuleuses réserves de gaz du Turkménistan. Toutefois Washington ne va pas tarder à déchanter : non seulement les Taliban imposent un régime archaïque et réactionnaire unanimement décrié mais dans leurs bagages se trouve un certain Ben Laden...Autre inquiétude : la drogue. Les Taliban vont-ils, à l'imitation de leurs prédécesseurs, se servir de l'argent de l'opium ?Sat, 25 Nov 2006 13:15:00Le Darfour (1/2)Bien peu d'entre nous en avaient entendu parler avant 2003. Et, à vrai dire, rares étaient ceux qui se préoccupaient de cette province soudanaise oubliée, isolée et encastrée au coeur de l'Afrique... Le Darfour, 6 millions d'habitants et un territoire grand comme la France... 300.000 morts et 2 millions et demi de déplacés plus tard, on s'intéresse enfin au Darfour et un fonctionnaire de l'ONU peut même déclarer que c'est aujourd'hui la plus grande urgence dans le monde.Alors que s'est-il vraiment passé au Darfour ? La tragédie qui s'y est déroulée - et qui, malheureusement, se poursuit encore - n'est-elle que le résultat de l'une de ces conflagrations ethniques qui ensanglantent régulièrement l'Afrique ? Ou bien s'agit-il, comme le proclament certains, de la mise en oeuvre d'un véritable génocide... Un nouveau Rwanda, en somme.Et quelle est la véritable responsabilité des dirigeants soudanais ? Et pourquoi est-ce que Khartoum refuse toujours que des troupes de l'ONU interviennent au Darfour et vient même d'expulser l'envoyé spécial de l'organisation internationale ? Est-ce simplement parce que désormais flotte au Soudan une forte odeur de pétrole... Et ce conflit ne risque-t-il pas de déstabiliser deux de nos anciennes colonies, le Tchad et la République centrafricaine ? Enfin quel est le rôle que jouent là-bas ceux qu'on appelle les " évangéliques ", des sectateurs d'églises nord-américaines, très proches des néo-conservateurs de George Bush ?Sat, 02 Dec 2006 13:15:00Le Darfour (2/2)C'était le fabuleux pays de Yam des anciens Egyptiens... Un vaste territoire où ils ont conduit d'audacieuses expéditions qui leur ont permis d'en rapporter du bois d'ébène, de l'encens, des bêtes sauvages. Et sans doute aussi des esclaves, dont un pygmée qui a provoqué la très vive curiosité du pharaon Pépi II. Ce pays, grand comme la France et peuplé de seulement 6 millions d'habitants, c'est le Darfour, une province soudanaise en proie à une guerre civile qui a fait depuis 2003 des centaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de deux millions de personnes qui végètent aujourd'hui dans des camps de fortune en plein désert et dépendent de l'aide humanitaire internationale. Quand elle arrive.Mais que se passe-t-il exactement dans ce pays longtemps oublié Et que veut-on y cacher puisque l'envoyé spécial de l'ONU, chargé justement d'étudier dans quelles conditions des Casques bleus pourraient s'interposer au Darfour, vient d'être expulsé par les autorités soudanaises. Est-ce parce que, selon certains, on y perpètre un véritable génocide ?La semaine passée, Monsieur X m'a longuement parlé de l'histoire mouvementée du Soudan où une autre guerre opposant les Nordistes musulmans et arabes aux Sudistes noirs chrétiens ou animistes vient tout juste de se terminer. Une guerre où la querelle religieuse ne jouait pas tout à fait le rôle qu'on voulait lui attribuer. Car il flotte là-bas une forte odeur de pétrole.Par contre, au Darfour, ancien pays indépendant annexé au début du XX° siècle par le Soudan, la religion n'entre pas en jeu dans le conflit actuel : au Nord comme au Sud, on y est musulman. Et depuis fort longtemps. Quant à la question ethnique, elle n'a pas toujours eu l'importance qu'on lui accorde aujourd'hui : il faut en effet savoir que tous les habitants du Darfour, qu'ils soient nomades ou sédentaires, "arabes " ou " africains " - ces derniers étant prénommés zourgas - sont tous plus ou moins Noirs, avec tout de même des traits physiques distinctifs, et qu'ils ont vécu ensemble fort longtemps dans une paix relative. Alors de quoi s'agit-il ?Sat, 09 Dec 2006 13:15:00Le Rwanda" Il en a fait de belles, le juge Bruguière ! " C'est ce qu'on a dû penser dans les milieux feutrés de la diplomatie en prenant connaissance de la décision du magistrat de délivrer neuf mandats d'arrêt internationaux contre des proches du président rwandais Paul Kagamé accusés d'avoir perpétré l'attentat contre l'avion du prédécesseur de ce dernier, Juvénal Habyarimana. Le magistrat n'en est d'ailleurs pas resté là puisqu'il a estimé que Kagamé, malgré l'immunité due à sa qualité de chef d'Etat, devrait être lui-même traduit devant le TPIR, c'est à dire le Tribunal pénal international pour le Rwanda.On sait ce qu'il est advenu. Fâché, très fâché, le président rwandais a rompu avec Paris et notre ambassadeur à Kigali a dû faire ses valises. Mais il est vrai que beaucoup de dirigeants de pays pseudo-démocratiques ont du mal à croire que la Justice puisse être indépendante du pouvoir politique...Alors pourquoi ces mandats d'arrêts et ces graves mises en cause ? C'est la conclusion logique de l'enquête menée par Bruguière à la suite de la plainte déposée par la famille de l'un des pilotes français de l'avion présidentiel. Mais le juge d'instruction assortit ces accusations d'une analyse gravissime. Selon lui, Paul Kagamé aurait pris l'initiative de commanditer cet attentat dans le seul but de parvenir au pouvoir. Quitte à provoquer un véritable génocide chez les siens.Certes, ce n'est pas la première fois que Kagamé est soupçonné. Cette affaire, mais aussi la responsabilité française dans le génocide des Tutsis par les Hutus, ont d'ailleurs récemment provoqué une intense polémique. Certains, tel Pierre Péan, en tenant pour l'innocence de nos dirigeants, d'autres, surtout représentés par des ONG, accusant Paris d'avoir aidé sinon soutenu les génocidaires.Avec Monsieur X, nous avons déjà longuement évoqué ce sujet. Mais nous avons pensé que cette affaire embrouillée et confuse méritait qu'on y revienne. Ne serait-ce que pour essayer d'y voir plus clair et de dégager quelques vérités.Sat, 16 Dec 2006 13:15:00Les attentats de Buenos AiresUne fois n'est pas coutume, commençons par une anecdote... En septembre 1970, l'ex-président Juan Peron, donne audience à l'écrivain argentin, Tomas Eloy Martinez, et parle avec enthousiasme d'un généticien qu'il avait reçu à plusieurs reprises dans son palais présidentiel à Buenos Aires. Un scientifique qui travaille à l'amélioration du bétail dans une grande propriété du Paraguay voisin et fait des merveilles. Un Bavarois, cultivé et bien bâti, fier de ses origines. " Et comment s'appelle ce petit génie ? " demande l'écrivain. " Gregor " répond Perón. " Le docteur Gregor ! " Autrement dit, Josef Mengele, le diabolique médecin d'Auschwitz qui se fait désormais appeler ainsi.Si j'ai commencé par là, c'est pour souligner combien l'Argentine a été une terre d'asile pour les Nazis après la défaite du III° Reich. Des fuyards qui ont été accueillis en toute connaissance de cause par les autorités. D'où l'antisémitisme latent qui imprègne de larges pans de la société argentine, en particulier dans l'armée et la police.Alors comment s'étonner si c'est justement en Argentine qu'ont été perpétrés dans les années 1990 deux attentats antisémites d'une extrême gravité ? Et surtout comment s'étonner que l'enquête sur les responsables de ces deux crimes ait si longtemps bafouillé et ait même été sciemment sabotée. Et qu'aujourd'hui encore on ne sache pas qui étaient les commanditaires malgré l'apparente détermination des autorités argentines actuelles !Sat, 30 Dec 2006 13:15:00La guerre civile au SalvadorGuatemala, Nicaragua, Salvador... Sur un territoire moitié moins grand que la France et moitié moins peuplé, les guerres civiles des années 80 ont tué 160.000 personnes et provoqué le déplacement de 2 à 3 millions d'autres. Monsieur X, qui semble très bien connaître l'Amérique centrale, nous a souvent parlé de ces pays. Et encore récemment en évoquant cette ridicule mais meurtrière guerre du foot qui a opposé le Honduras et le Salvador en 1969.Mais s'il revient aujourd'hui sur les événements qui ont ensanglanté ce dernier pays, c'est que cette guerre scélérate, pour reprendre l'expression de notre ancien ambassadeur au Salvador, Alain Rouquié, a été aussi un terrain d'expérimentation grandeur nature pour les Etats-Unis. Il s'agissait, sur fond de Guerre froide, de juguler la contagion marxiste et donc d'adresser un sérieux avertissement aux autres pays de la région qui seraient tentés de rompre avec le grand protecteur nord-américain. Et ce dossier est particulièrement actuel à l'heure où les uns après les autres les Etats d'Amérique latine virent à gauche.Une citation avant d'écouter Monsieur X. En décembre 1980, un journaliste du "New-York Times" interviewe Napoléon Duarte, un démocrate-chrétien qui vient curieusement d'accepter de présider la junte qui vient de s'emparer du pouvoir au Salvador. " Pourquoi, lui demande ce journaliste, existe-t-il une guérilla dans les collines ? " Et Duarte de lui répondre avec une grande lucidité : " 50 ans de mensonges, 50 ans d'injustice, 50 ans de frustration. C'est l'histoire d'un peuple crevant de faim, vivant dans la misère. Pendant 50 ans, ce sont les mêmes qui ont eu tout le pouvoir, tous les emplois, toute l'éducation, toutes les opportunités. "Sat, 20 Jan 2007 13:15:00Halabja, le massacre des Kurdes irakiensIl restera toujours un doute... La pendaison précipitée de Saddam Hussein n'avait-elle pas d'abord pour objectif d'occulter une partie de la vérité sur les plus grands crimes qu'il ait commis : c'est à dire l'utilisation de l'arme chimique contre le peuple kurde. Une arme chimique qu'il avait par ailleurs déjà expérimentée contre l'ennemi iranien lors de la terrible et interminable guerre qui a opposé l'Irak au pays des ayatollahs.Il est en effet troublant de constater que Saddam Hussein a été exécuté alors même que ses juges commençaient à instruire son procès pour génocide contre les Kurdes. Un monstrueux crime contre l'humanité qui a provoqué la mort de 180.000 personnes. Certes le procès va se poursuivre puisque le cousin de Saddam, Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le Chimique, et cinq autre co-accusés devront répondre de leurs actes. On évoquera donc dans le détail l'opération al-Anfal, " Butin de guerre ", qui, en 1988, visait en principe à éliminer physiquement la rébellion kurde accusée de complicité avec l'Iran mais qui, dans les faits, s'est traduite par une extermination massive des populations civiles. Ainsi, les magistrats s'attarderont en particulier sur le cas spécifique de la petit ville d'Halabja, 5.000 Kurdes tués en quelques minutes par un bombardement au gaz moutarde.Les exécutants seront donc jugés et sans doute même condamnés eux aussi à mort et exécutés. Mais la responsabilité du principal accusé, Saddam Hussein, ne sera jamais vraiment établie puisque dès la reprise du procès, le 8 janvier dernier, le président du tribunal a annoncé l'abandon des poursuites contre l'ancien dirigeant irakien en raison de sa mort. Pour les Kurdes, c'est une énorme frustration. Et surtout, en l'absence de Saddam Hussein, on se gardera vraisemblablement de mettre en cause tous ceux, gouvernements et industriels, qui ont permis à l'Irak d'acquérir et fabriquer ces armes de destruction massive.Sat, 27 Jan 2007 13:15:00Mars 2004, putsch raté des mercenaires en Guinée Equatoriale (1/2)Les " Chiens de guerre " ! Pour reprendre le titre d'un best-seller de Frederick Forsyth, c'est ainsi qu'on les a nommés. Les mercenaires ! Ces hommes, d'anciens militaires la plupart du temps, qui louent leurs services et leur savoir-faire à qui veut bien les payer. Ils ont longtemps sévi en Afrique, là où les anciens colonisateurs ne pouvaient plus envoyer leurs armées officielles. C'était le temps des "Affreux " comme on les a encore appelés, au Congo ou ailleurs. Soldats perdus, aventuriers, militaires de fortune, et même condamnés de droit commun, on trouvait alors de tout chez ces mercenaires, spécialistes en coups tordus et autres putschs. Et encore assez récemment, en 2004 précisément, une équipe de chiens de guerre a tenté de chasser du pouvoir le président de la Guinée équatoriale. Une étrange affaire où ont été impliqués des personnages de premier plan, dont le propre fils de la Dame de fer, Mark Thatcher. Monsieur X va y revenir longuement.Un rappel toutefois avant d'écouter son récit... Selon notre mercenaire français le plus emblématique, le célèbre et très controversé Bob Denard, le mercenariat serait le deuxième plus vieux métier du monde. Effectivement, on trouve la présence de ces soldats sans armée à toutes les époques. Pour ne parler que de l'époque moderne, citons les reîtres, les condottieri, les corsaires, les uhlans. Même les Gardes suisses du Vatican peuvent être considérés comme des mercenaires. Et aujourd'hui ? Eh bien le mercenariat vit son âge d'or. Il existe de véritables entrepreneurs de guerre qui font fortune en proposant par exemple leurs services aux armées de la coalition présentes en Irak. Des milliers de mercenaires, en général anglo-saxons, sont ainsi engagés en Irak et remplissent des missions dévolues en principe aux armées officielles. Une privatisation de la guerre qui n'est pas sans inquiéter et qui fait débat, en particulier dans les instances internationales.Sat, 10 Feb 2007 13:15:00Mars 2004, putsch raté des mercenaires en Guinée Equatoriale (2/2)On croyait leur époque révolue. Affreux, soldats de fortune, chiens de guerre... Bref, les mercenaires. Après avoir longtemps sévi en Afrique, artisans de putschs improbables, bras armés des dictatures ou chiens de garde du pouvoir blanc, ils semblaient avoir disparu. Mais ils ont refait surface en 2004, à l'occasion d'une tentative de coup d'Etat en Guinée équatoriale... Les mêmes ou presque. Le cuir un peu plus recuit et les réflexes ralentis. Mais ce sont dans les nouveaux conflits, Irak, Afghanistan, que s'illustrent, si j'ose dire, les nouveaux mercenaires. Ils sont par exemple des milliers à Bagdad où, employés par les armées de la coalition, ils assurent des missions de sécurité et même exercent parfois des fonctions qui relève de la police, comme des interrogatoires de prisonniers. On assiste donc à une privatisation progressive de la guerre. Une perspective qui inquiète de nombreux Etats et les organisations internationales.Mais revenons d'abord à la suite du récit de Monsieur X. La semaine passée, il a commencé de parler de la préparation de ce coup d'Etat en Guinée équatoriale. Un minuscule pays mis en coupe réglée par le clan du président Obiang Nguema. Un pays fabuleusement riche depuis qu'on a trouvé du pétrole au large de ses côtes. Et donc un pays qui attire de nombreuses convoitises... En 2003, un ancien mercenaire sud-africain, Nick du Toit, crée une société dont l'objet social est en principe la pêche industrielle et le transport aérien. Un autre célèbre mercenaire, Simon Mann, va bientôt lui apporter une partie du capital et des membres du clan présidentiel, dont un frère du président équato-guinéen, figureront aussi parmi les associés. Du Toit achètera un bateau, louera deux avions. Et il embauchera du personnel. Et parmi celui-ci, quelques hommes sont aussi d'anciens mercenaires. Enfin des personnalités britanniques seront aussi de la partie. Le plus connu étant Mark Thatcher, le fils de la Dame de fer. Mais selon Monsieur X, tous vont tomber dans un piège...Sat, 17 Feb 2007 13:15:00La bataille d'Alger (1/2)La Bataille d'Alger ! Pourquoi l'a-t-on appelée ainsi alors même que cela n'a pas été une bataille au sens où l'on entend d'habitude ce mot, c'est à dire selon la définition du Petit Robert l'action de deux armées qui se combattent. Rien de cela dans la Bataille d'Alger ! Pas de front ni même d'affrontements directs. Des uniformes, oui, mais dans un seul camp. Et, puisqu'on nage en pleine hypocrisie, il n'est même pas question de guerre puisque, officiellement, il ne s'agit que de pacification.Et pourtant l'expression s'est peu à peu imposée. D'abord sur les ondes de Radio-Alger. Puis, c'est le chef des paras engagés sur le terrain, le général Mas-su, qui va parler de "bataille ", même si plus tard il a avoué trouver le terme excessif. Mais après tout, pourquoi pas ? Car l'armée française a soif de batailles victorieuses. Humiliée en 1940, chassée d'Indochine, paralysée et contrainte à la retraite à Suez, elle veut, elle doit gagner. Et, incontestablement, elle vaincra à Alger. Mais à quel prix ! A tel point que pour la plupart des historiens, ce fut en réalité une victoire à la Pyrrhus !C'était donc en 1957. Il y a tout juste 50 ans. Un véritable tournant dans cette Guerre d'Algérie qui ne veut pas dire son nom. Pour la première fois en effet, avec la bénédiction des autorités civiles, l'armée dispose de tous les pouvoirs et lâche la bride à ses officiers qui rêvaient d'appliquer grandeur nature leurs théories de guerre révolutionnaire...Monsieur X revient donc sur ces événements et des méthodes qui feront école jusque dans la lointaine Amérique du Sud...Sat, 17 Mar 2007 13:15:00La bataille d'Alger (2/2)On l'a appelée la Guerre révolutionnaire. Ou encore la Guerre moderne. Un concept élaboré par certains officiers français qui ont combattu en Indochine. Et des idées d'abord empruntées à l'ennemi, c'est à dire le Vietminh communiste, et aussi au fameux Petit livre rouge de Mao Zedong. Priorité au renseignement, action psychologique, propagande politique, embrigadement des populations... Autant de principes que ces mêmes officiers vont ensuite appliquer en Algérie lorsque les opérations dites de pacification vont commencer après la Toussaint 1954... Mais à la différence de la situation qu'ils ont vécue en Indochine, ces jeunes Turcs ont désormais l'oreille de leurs supérieurs. Les généraux Salan, Lorillot et Allard qui vont commander en Algérie sont acquis à leurs idées. Et ils vont toujours couvrir leurs subordonnés qui se livrent pourtant à des actions qui sont non seulement contraires à la morale mais aussi aux lois de la guerre telles qu'elles ont été définies par les Conventions de Genève.En août 1955, les rebelles algériens déclenchent une insurrection dans le Constantinois. Plus de 100 Européens sont massacrés. La répression est terrible : des centaines, peut-être même des milliers, d'Algériens sont tués. Certains ayant été exécutés sommairement dans l'enceinte du stade de Philippeville. Toutefois, contrairement ce qu'il s'est passé dix ans plus tôt à Sétif, cette campagne de terreur ne produit pas les effets escomptés : le FLN, qui a sciemment programmé cette insurrection, voit croître ses effectifs et va multiplier les actes de terrorisme, particulièrement à Alger. Et bientôt, ce sera justement ce que l'on a appelé la Bataille d'Alger, il y a tout juste cinquante ans. Monsieur X qui, la semaine passée, a raconté la genèse de la guerre révolutionnaire, entreprend aujourd'hui de décrire son application au cours de cette Bataille d'Alger qui n'a pourtant de bataille que cette appellation trompeuse.Sat, 24 Mar 2007 13:15:00Ouganda (1/2) : Idi Amin DadaPour lui, c'était la " perle de l'Afrique ". L'Ouganda ! Ainsi parlait Winston Churchill au début du XX° siècle lors d'une tournée dans les colonies britanniques. Un territoire aux paysages variés qui produisait à foison du café, du tabac, du coton... C'est pourtant ce même pays de Cocagne qui a connu depuis l'indépendance les pires calamités : dictatures, guerres civiles, déchirements ethniques, famines, sécheresses, pandémie de sida. Et encore aujourd'hui une rébellion mystico-guerrière unique en Afrique qui multiplie les exactions contre les populations du Nord.Cependant, en dépit de tous ces malheurs, l'Ouganda est désormais la principale puissance économique et politique de l'Est africain. Un Etat influent qui, sous la férule vigoureuse du président Museveni, maître du pays depuis 20 ans, se modernise à grands pas et se singularise au coeur de cette région des Grands Lacs qui a connu et connaît encore tant de difficultés.Monsieur X a donc choisi cette semaine de revisiter l'histoire de ce pays qui a suscité l'intérêt et les convoitises de nombreux Etats étrangers : la Grande Bretagne, bien sûr, mais aussi Israël, le Soudan, et aujourd'hui les Etats-Unis.Enfin, il ne faut pas oublier que l'Ouganda est le pays d'Idi Amin Dada, une caricature de dictateur africain, le " cancer de l'Afrique " selon l'un de ses biographes. Un personnage grotesque, c'est certain, et qui a nourri durablement le racisme anti-africain des Occidentaux. Mais, on l'oublie trop facilement, Amin Dada était aussi un pur produit de la colonisation !Sat, 31 Mar 2007 13:15:00Ouganda (2/2) : L'armée de Résistance du Seigneur, de Joseph KonyPresque un demi-siècle de violences ininterrompues... Voilà ce qu'a connu l'Ouganda, un pays de l'Est africain qui est pourtant devenu l'un des plus prospères de la région. Sans toutefois connaître vraiment la paix puisqu'une curieuse et sanguinaire guérilla continue à semer le trouble dans le nord. Une guérilla menée par un illuminé, un inquisiteur quasi-dément qui, au nom de son ou de ses dieux, torture et massacre depuis plusieurs années. Et si l'armée ougandaise, forte de 100.000 hommes, réussit plus ou moins à contenir cette rébellion, il n'empêche que celle-ci a réussi à essaimer au Sud-Soudan, au Congo et même en Centrafrique où elle a partie liée avec des opposants locaux. C'est d'ailleurs sans doute pour cette raison que l'armée française vient d'intervenir récemment dans ce dernier pays.Un rappel d'abord. En 1979, l'Ouganda, à peine délivré du régime cauchemardesque d'Idi Amin Dada, sombre dans une guerre civile et ethnique qui va provoquer la mort de centaine de milliers de personnes. Mais un homme va s'imposer : Yoweri Museveni. Un dirigeant qui, à peine sorti des maquis où il combattait, se débarrasse de ses oripeaux marxistes et ne tarde pas à se rapprocher des Etats-Unis qui ont un oeil sur la région. En effet, l'Ouganda, situé à la marge du monde musulman, peut jouer un rôle essentiel dans la lutte contre l'islamisme. Et il est certain que le pays doit une partie de sa récente prospérité aux excellents rapports qu'il entretient avec l'Amérique.Monsieur X revient sur cette histoire et pose une question essentielle : pourquoi l'armée ougandaise, nombreuse et bien équipée, n'arrive-t-elle pas à éliminer cette guérilla mystique d'un autre âge qui s'est affublée du nom d'Armée de Résistance du Seigneur ?Sat, 07 Apr 2007 13:15:00Le trésor du Parti Communiste soviétique (1/2)C'était il y a quelques semaines... Au tout début du mois de mars. Ivan Safronov, journaliste du quotidien russe indépendant Kommersant, regagnait son appartement moscovite, sacs de provision à la main. Quelques minutes plus tard, une fenêtre s'est ouverte au quatrième étage de l'immeuble. Et le corps du journaliste s'est presque aussitôt écrasé sur le trottoir.Très vite, les policiers ont évoqué la thèse du suicide. Thèse immédiatement contestée par tous les proches de Safronov : le journaliste, âgé d'une cinquantaine d'années, n'avait aucun souci d'ordre privé... Et puis fait-on ses courses avant de se suicider ? Non, pour la plupart des gens qui connaissaient Safronov, il était quasi-certain que le journaliste avait été défenestré. Assassiné, donc ! Mais c'est pourtant sans illusion que le Kommersant a écrit le lendemain : " Il est peu probable que l'enquête officielle apporte un résultat. " Car il existe malheureusement plusieurs précédents dont celui de la célèbre journaliste Anna Polit-kovskaya... Des assassinats qui n'ont jamais été élucidés et qui ont même été si fréquents qu'une organisation internationale spécialisée a constaté que la Russie est, tout juste derrière l'Irak, le pays où l'on compte le plus grand nombre de journalistes morts en exerçant leur métier. Des femmes, des hommes qui ont été manifestement trop curieux et qui ont cherché par exemple à percer quelques-uns des mystères du Kremlin.Mais le journalisme n'est pas la seule catégorie professionnelle russe à avoir subi les coups des tueurs professionnels. Des banquiers, des hommes d'affaires, des politiciens sont aussi tombés par dizaines. Assassinats politiques ? Ou mafieux ? Ou les deux à la fois... Monsieur X essaie d'y voir clair et remonte à ce qui est pour lui la genèse de cette monstrueuse série : l'étrange disparition, au moment où l'URSS s'effondrait, de ce que l'on a appelé le trésor du parti communiste..Sat, 21 Apr 2007 13:15:00Le trésor du Parti communiste soviétique (2/2)Combien de milliards de dollars ? Des dizaines, certainement... Peut-être même plus d'une centaine. C'est l'estimation des spécialistes de l'ex-URSS, ceux qu'on appelait du temps du régime soviétique les " Kremlinologues ". Et l'objet de cette estimation, c'est le trésor du parti communiste, un trésor fabuleux qui a disparu en même temps que s'écroulait l'empire soviétique : 60 tonnes d'or, 8 tonnes de platine, 150 tonnes d'argent, d'innombrables diamants, selon un colonel du KGB qui n'évoque là que les biens matériels. Car l'essentiel était surtout composé de capitaux placés à l'étranger sur des comptes numérotés : en Suisse, au îles Caïman ou dans d'autres paradis fiscaux... Une entreprise d'évasion minutieusement conduite par le pouvoir avant même que l'on entende les premiers craquements de l'URSS...En fait, disait Monsieur X la semaine passée, c'est au tout début des années 1980 que Youri Andropov, patron du KGB puis numéro un du régime, conscient des tares de l'URSS et de son retard grandissant sur l'Occident, a envisagé cette opération. Il s'agissait pour lui de préparer l'avenir et de préserver l'élite soviétique et ses forces vives. Essentiellement les cadres du KGB... Et Il faut bien constater qu'Andropov a réussi sur toute la ligne : les milieux dirigeants russes, tant économiques que politiques, sont aujourd'hui truffés d'anciens officiers du KGB. A commencer par l'hôte du Kremlin, Vladimir Poutine.Sat, 28 Apr 2007 13:15:00Le retour du terrorisme en AlgérieAl-Qaïda menace la France ! Je ne fais là que reprendre le titre d'un récent ouvrage d'Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient, l'un des meilleurs connaisseurs de l'islamisme, un homme habituellement peu enclin à exagérer et qui n'a pas hésité à illustrer la une de son livre par un photo-montage montrant un avion percutant la Tour Eiffel.Alors faut-il avoir peur ? Un attentat terroriste perpétré par les zélateurs de Ben Laden est-il déjà programmé et quand frappera-t-il notre territoire ? Pour Sfeir, mais aussi pour nombre de spécialistes du terrorisme, notre engagement militaire en Afghanistan accroît la menace. Et la France, malgré son refus de participer à la guerre de George Bush en Irak, demeure une cible. C'est d'ailleurs ce qu'a déclaré récemment le numéro deux d'Al-Qaïda, le docteur Al Zawahiri.Mais c'est essentiellement la montée en puissance de l'autre côté de la Méditerranée du GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, qui inquiète. Un mouvement terroriste qui se présente aujourd'hui comme une branche d'Al-Qaïda et qui aurait adopté un nouveau nom, Al-Qaïda Maghreb islamique. Mais j'emploie le conditionnel à dessein car ce rapprochement n'est avéré que par des textes de propagande.C'est en tout cas le GSPC qui a frappé le 11 avril dernier au coeur d'Alger et qui, selon la police, préparait des opérations-suicides au Maroc. Alors assiste-t-on à une unification des groupes terroristes au Maghreb, et plus largement dans le Sahel, qui risquerait de devenir, au dire des Américains, un nouvel Afghanistan ?Toutefois il convient, c'est l'avis de Monsieur X, de demeurer prudent... Les services secrets algériens sont en effet des experts en manipulations et les appétits des Etats-Unis pour les ressources pétrolières et gazières de la région ne doivent pas être négligés.Sat, 12 May 2007 13:15:00Al Qaïda implanté au Sahara ?C'est un sigle qui a surgi à la fin des années 1990... Le GSPC, Groupe salafiste pour la prédication et le combat... Une organisation terroriste et islamique qui serait aujourd'hui affiliée à Al-Qaïda. À tel point que le GSPC s'appelle aujourd'hui " Al-Qaïda Maghreb islamique ". C'est en tout cas ce que révèle un communiqué de l'organisation diffusé fin 2006. Réalité ou propagande ? Monsieur X qui, la semaine dernière, est remonté aux origines du GSPC, va revenir sur cette question. Il est en effet constant, a affirmé mon interlocuteur, que l'histoire du terrorisme algérien est jalonné de manipulations opérées par le pouvoir et spécifiquement par l'ancienne Sécurité militaire, devenue le puissant DRS, Département du renseignement et de la sécurité. Ainsi en a-t-il été en particulier lors des attentats qui ont frappé la capitale française en 1995 et qui ont été officiellement revendiqués par le ou les GIA algériens. Des structures terroristes souvent infiltrées par les services secrets et qui ont ensuite donné naissance au GSPC.Alors justement ce Groupe salafiste, qui serait inféodé à Ben Laden, pourrait-il être lui aussi pénétré par le DRS ? Et pourquoi aurait-il décidé de perpétrer une nouvelle vague d'attentats alors que l'Algérie semblait connaître un répit après une guerre civile qui a causé la mort de presque 200.000 personnes ? Existerait-il réellement une volonté islamique de faire du Sahel un nouvel Afghanistan, comme le prétendent les Américains ? Enfin quelles sont les implications économiques d'un combat anti-terroriste où les Etats-Unis entendent désormais occuper la première place ?Sat, 19 May 2007 13:15:0013 mai 1981, l'attentat contre Jean-Paul IIC'est toujours l'un des grands mystères du XX° siècle : l'attentat contre Jean-Paul II, le 13 mai 1981. Certes, on a arrêté le coupable, le Turc Ali Agça. Mais on sait aujourd'hui avec une quasi-certitude qu'il avait un complice qui a réussi à s'échapper, Oral Celik. Un Loup Gris lui aussi, c'est à dire un membre de cette organisation terroriste, nationaliste et mafieuse qui sévit depuis si longtemps en Turquie et a déjà commis des dizaines d'assassinats. Un groupe d'extrême droite qui a souvent été le bras armé du Gladio turc, cette pieuvre pro-occidentale mise en place après la Seconde Guerre mondiale et qui a poussé ses tentacules dans la plupart des pays de l'OTAN.On connaît donc les coupables, c'est à dire les hommes de main. Mais on ignore toujours l'identité du ou des commanditaires... Qui avait intérêt à faire disparaître le pape polonais élu en 1978 après le très bref pontificat de son prédécesseur Jean-Paul Ier ? Il était bien sûr séduisant de penser que l'ordre venait de Moscou. L'URSS avait en effet tout à craindre de cet énergique pape venu de l'Est qui risquait d'enfoncer un coin anticommuniste dans l'Empire soviétique et particulièrement dans sa patrie, la Pologne. Et ce soupçon a donné naissance à l'hypothèse de la filière bulgare. Une hypothèse qui a fait long feu lorsque la justice italienne a mis hors de cause les diplomates bulgares qui auraient été impliqués. Mais, régulièrement, cette version refait surface... Et ce n'est certainement pas innocent.Alors qui ? Monsieur X m'a déjà longuement entretenu de cette affaire lors d'un entretien consacré aux Loups Gris. Mais je lui ai demandé de rouvrir ce dossier à l'occasion de la parution d'un livre très documenté de la journaliste et universitaire Roumiana Ougartchinska, "La Vérité sur l'attentat contre Jean-Paul II". Cette jeune femme d'origine bulgare exerçant en France a mené une enquête autant passionnante que troublante et ouvre de nouvelles pistes.Sat, 26 May 2007 13:15:00Juin 1940 : les négociations secrètes entre le PCF et les AllemandsCe fut longtemps une question mystérieuse. Et aussi très polémique : est-ce que, aux premiers temps de l'occupation allemande, les communistes français ont réellement pris contact avec les autorités allemandes afin de demander la reparution de l'Humanité et, plus généralement la légalisation du parti communiste dissous en septembre 1939 par le gouvernement Daladier ?Aujourd'hui, on le sait, et les communistes l'ont reconnu et même ouvert leurs archives, ces contacts ont bien eu lieu, même s'ils n'ont été suivis d'aucun effet. En tout cas, la question était suffisamment embarrassante pour que, pendant de longues années, le PCF ait nié vigoureusement ces faits et imposé le silence. Il était en effet difficile pour le parti des 75.000 fusillés - le chiffre est exagéré mais le sacrifice des communistes est bien réel - de reconnaître que certains de ses dirigeants avaient au cours de l'été 1940 conduit de véritables négociations avec l'Occupant. Difficile aussi d'admettre que le Parti, fer de lance du combat antifasciste pendant les années 30, était prêt à, sinon collaborer mais au moins passer sans hésiter sous les fourches caudines de l'ennemi.Pour expliquer ces errements, il faut bien sûr regarder du côté de Moscou qui dirige le parti communiste français par l'intermédiaire du Komintern, l'Internationale communiste. Moscou où, à la fin août 1939, on a signé un pacte de non-agression avec l'Allemagne hitlérienne. Un pacte assorti de clauses secrètes qui prévoient entre autres le dépeçage de la Pologne. Ce spectaculaire rapprochement entre les deux puissances de l'Europe orientale déchire les communistes du monde entier et provoque indirectement la dissolution du Parti français et l'arrestation de ceux de ses dirigeants qui ne sont pas encore passés dans la clandestinité. Mais certains d'entre eux, arrêtés par la police, seront libérés dès le mois de juin, à la demande des autorités allemandes. Le commencement d'un coupable engrenage ?Sat, 02 Jun 2007 13:15:00Les KarensC'est un conflit qui dure depuis 50 ans... Une guerre interminable et pourtant quasi-oubliée. Alors que c'est tout un peuple qui risque de disparaître. Et dans le plus grand silence... Les Karens, une ethnie de Birmanie, ou plutôt du Myanmar, selon la terminologie en usage. Cela fait donc un demi-siècle que les Karens se battent simplement pour survivre.Combien sont-ils encore ? Peut-être 4 millions... Mais nombre d'entre eux croupissent dans des camps de réfugiés situés à la frontière thaïlandaise. Beaucoup d'autres vivent dans des conditions misérables au sud-est de la Birmanie, leur lieu d'habitat originel, où ils essaient d'échapper aux exactions de l'armée et au travail forcé. Tandis que leur guérilla, qui ne compte plus que 5.000 combattants équipés de bric et de broc, essaie désespérément de résister.Alors est-ce un génocide qui est en train de se perpétrer dans un pays où sévit une dictature impitoyable qui consacre 50% de son budget à ses forces armées, alors même qu'aucun ennemi extérieur ne menace la Birmanie ? Une dictature qui entretient les meilleures relations du monde avec la Chine et avec son voisin, la Thaïlande, malgré les innombrables violations des droits de l'Homme dont elle se rend coupable.Et quel a été le véritable rôle de la compagnie Total qui exploite là-bas des gisements gaziers et qui a été accusée d'avoir eu recours au travail forcé pour la construction d'un gazoduc au coeur du pays Karen ?Enfin, dernière question : qui étaient ces mystérieux mercenaires français qui sont allés combattre dans la jungle au côté des guérilleros Karens ?Sat, 09 Jun 2007 13:15:00Retour sur l'affaire Robert BoulinSaura-t-on un jour ? Oui, 27 ans après, saura-t-on comment Robert Boulin, ministre de la République, est mort ? Et, s'il a été assassiné, qui l'a tué et pourquoi ?Un rappel d'abord. En 1979, moins de deux ans avant la prochaine élection présidentielle, le gouvernement de Raymond Barre est au plus bas dans les sondages. Le président Giscard d'Estaing envisage très sérieusement de changer de Premier ministre. Et Robert Boulin, ministre du Travail, fait partie du tout petit cercle d'hommes politiques susceptibles d'être appelés à l'hôtel Matignon. Gaulliste historique, ancien résistant, c'est un personnage consensuel même si ce membre du RPR a gardé ses distances avec Jacques Chirac à qui il reproche d'avoir trahi Chaban-Delmas en 1974. Pour Giscard d'Estaing, c'est un atout car le président sait qu'il trouvera Chirac sur son chemin en 1981. Enfin, et surtout, Boulin est un honnête homme qui a la réputation d'être un gros travailleur.C'est alors qu'à l'été 1979 le ministre est victime d'une véritable manipulation : une petite affaire immobilière dans laquelle sa bonne foi a été abusée. Boulin a beau se défendre comme un beau diable, il est pris dans la nasse. Encore quelques semaines et l'on retrouve son corps dans un étang de la forêt de Rambouillet : aussitôt, précipitamment même, la thèse du suicide est évoquée. Le ministre n'a pas supporté que l'on mette en cause son intégrité. Et, après avoir ingurgité du Valium, il s'est noyé... La messe est dite : jamais les autorités judiciaires ne remettront en cause cette thèse alors même qu'au fil du temps, on ne va cesser de découvrir des anomalies, des incohérences et même des trucages. À commencer par ceci : comment peut-on se suicider dans 60cm d'eau ? Et pourquoi n'a-t-on trouvé nulle trace de valium dans l'estomac du ministre mais seulement dans son sang. Comme si Robert Boulin s'était fait une injection avant d'entrer dans l'étang.Mon confrère Benoît Collombat, grand reporter à France Inter, a enquêté pendant 4 ans sur cette affaire. Il en a tiré un livre magistral : "Un homme à abattre." Après l'avoir lu, on ne peut plus croire sérieusement à la thèse du suicide. C'est l'avis de Monsieur X avec lequel je m'étais déjà entretenu de ce dossier il y a tout juste dix ans...A noter : en 2002, à la suite des contre-enquêtes de Canal+ et de France Inter, a eu lieu l'audition de nouveaux témoins dans l'affaire Boulin, interrompant donc la prescription qui devait prendre fin quelques jours plus tard.....A suivre : début mais 2007, saisi par la fille de Robert Boulin, le procureur général de Paris, Laurent le Mesle, doit décider prochainement s'il y a lieu d'ouvrir une nouvelle information judiciaire sur les circonstances de la mort de R.Boulin, notamment l'audition des témoins entendus ces 5 dernières années dans le cadre de l'enquête préliminaire ordonnée en 2002 par le parquet général de Paris.Sat, 23 Jun 2007 13:15:00L'affaire Umaru DikkoLe procédé n'est pas nouveau mais il est généralement efficace : il suffit d'une simple caisse et d'une accréditation diplomatique. Ajoutez une poignée de gros bras et un homme qui possède quelques notions médicales. Le tour est joué : vous pouvez procéder au rapatriement forcé d'un individu avec lequel vous souhaitez avoir une conversation soutenue et en toute discrétion. Mais parfois il peut y avoir des ratés. Des gabelous trop curieux ou des manifestations intempestives du locataire de la caisse sont susceptibles de faire échouer l'opération.C'est ainsi que des agents des services secrets du président Nasser ont été surpris sur l'aéroport de Rome alors qu'ils étaient en train d'embarquer une malle qui contenait un espion auquel ils avaient beaucoup de questions à poser. Mais ce n'était certainement pas la première fois que cette malle aux espions, conçue pour transporter un voyageur dans les meilleures conditions possibles de confort et éviter les désagréments provoqués par la brutalité des bagagistes, était utilisée par les agents de Nasser. Et il ne fait nul doute que des moyens de transport semblables ont été imaginés par d'autres services secrets.C'est pourquoi, lorsque Monsieur X a évoqué la mésaventure d'Umaru Dikko, je me suis aussitôt souvenu de ce ratage des Egyptiens. Cependant, avant de l'entendre, je veux vous livrer mon impression : mon interlocuteur m'a semblé plutôt content d'évoquer cette affaire où les hommes de l'un des services secrets les plus réputés au monde ont été pris la main dans le pot de confiture !Sat, 30 Jun 2007 13:15:0017 octobre 1961Il s'agit de l'une des pages les plus noires de notre histoire contemporaine : la répression de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961. Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, les forces de l'ordre, policiers, gendarmes, CRS confondus ont fait preuve d'une violence inouïe, rarement vue sur le territoire français. Un véritable déchaînement au coeur de Paris qui a sans doute fait au moins 200 morts parmi les manifestants. Et pendant plusieurs jours on repêchera régulièrement des cadavres dans la Seine.Pourtant, ces événements sanglants passeront presque inaperçus. Il est clair que la France n'a pas voulu voir. Et d'abord parce que les victimes étaient des indigènes, comme on disait à l'époque. C'est à dire des Français de seconde zone. Cet aveuglement sera tel que les autorités, à commencer par le préfet de police Maurice Papon, pourront longtemps prétendre que seuls trois hommes ont trouvé la mort ce 17 octobre 1961. Et encore l'un d'entre eux, un européen, n'aurait-il été victime que d'une crise cardiaque.Censure, indifférence, mensonges, amnistie précipitée se seront donc conjugués afin que ce massacre soit rejeté dans les oubliettes de l'Histoire. Et il faudra presque 30 ans et l'ouverture du procès de Maurice Papon pour crimes contre l'Humanité pour que la vérité, accablante, émerge peu à peu.Mais le plus étonnant n'est peut-être pas là. Pourquoi, alors que la paix en Algérie semblait pratiquement acquise en cette fin 1961, une manifestation pacifique a-t-elle été réprimée de façon aussi meurtrière ? Quels étaient les mobiles des uns et des autres ? Qui avait intérêt à noyer dans le sang ce sursaut de fierté des Algériens de France ?Monsieur X essaie de démêler les fils d'une affaire qui demeure une tache indélébile sur l'histoire de notre pays.Sat, 07 Jul 2007 13:15:00Eugenio Berrios : le chimiste de la DINA (1/2)Il trompait son monde, comme on dit familièrement... Joufflu, affable, presque toujours souriant. Un bon compagnon à tout coup. Et pourtant, cet homme, Eugenio Berrios, était un monstre et un assassin. L'artisan des basses oeuvres du régime de Pinochet. Celui qui fournissait drogues et poisons aux tueurs des services spéciaux... Et qui, on l'a appris récemment, aurait même trempé dans le trafic de drogue organisé par le fils Pinochet, un trafic qui serait à l'origine de la fortune du dictateur déchu.Berrios en savait donc trop. Lorsque le Chili est redevenu un Etat démocratique, ses anciens employeurs l'ont soustrait à la Justice. Et puis un peu plus tard, alors qu'il menaçait de faire des révélations, ils l'ont vraisemblablement supprimé. Car le squelette que des pêcheurs ont retrouvé sur une plage uruguayenne en 1995 était bien celui d'Eugenio Berrios. Un assassinat qui a d'ailleurs valu à Augusto Pinochet en mai 2006 une nouvelle demande de levée de son immunité d'ancien parlementaire et de chef d'Etat.Monsieur X a donc choisi cette semaine de s'intéresser à ce mystérieux personnage et à ses secrets. Une affaire qui ne nous est pas tout à fait étrangère à nous, Français. En effet, au détour de ce dossier touffu, on voit par exemple apparaître le nom d'Albert Spaggiari, l'homme du fabuleux casse de Nice. Et il est vraisemblable qu'un journaliste chilien réfugié en France a été la victime des recherches criminelles de Berrios.Le récit de Monsieur X va tenter d'éclairer quelques-unes des pages les plus noires de l'histoire récente du Chili. Un récit où l'on croise aussi des affaires déjà traitées par mon interlocuteur : la mystérieuse colonie nazie Dignidad ou encore la mise en place du Plan Condor en Amérique du Sud.Sat, 14 Jul 2007 13:15:00Eugenio Berrios : le chimiste de la DINA (2/2)Ils formaient une équipe redoutable. Deux assassins. L'un, Michael Townley, spécialiste en électronique et expert en fabrication de bombes télécommandées. L'autre, Eugenio Berrios, chimiste et concepteur de poisons sophistiqués. De ces poisons qui ne laissent pas de traces, font croire à une mort naturelle et qu'il n'a pas hésité à expérimenter sur des prisonniers politiques. Deux hommes enfin qui ont été engagés par la police secrète de Pinochet, la sinistre DINA et qui ont déjà éliminé plusieurs opposants politiques au Chili comme à l'étranger. Mais en 1976, il y a un mort de trop. Une morte plutôt, la secrétaire états-unienne d'Orlando Letelier, un ancien ministre chilien de la Défense. La jeune femme a été tuée par la bombe qui a détruit la voiture de son patron. À Washington, la Justice se montre intraitable et exige du dictateur chilien qu'il lui livre l'assassin, Michael Townley, en l'occurrence. Et Pinochet finit par céder.Pour son complice Berrios, c'est une catastrophe. Townley était son mentor. C'est même dans sa villa qu'il avait installé le laboratoire où il mettait au point ses précieux poisons. Après une période chaotique où Berrios devient cocaïnomane, il est récupéré par l'armée chilienne et encouragé à poursuivre ses travaux tant chimiques que bactériologiques. Et, d'après Monsieur X, on va bientôt retrouver la trace de ses activités criminelles. La cible, c'est Eduardo Frei, un ancien président de la République jugé de plus en plus gênant par la junte dirigée par Pinochet...Sat, 21 Jul 2007 13:15:00Wolfgang VogelQui est-il vraiment ? Un trafiquant d'êtres humains ? Ou un philanthrope ?... Aujourd'hui encore, on se dispute à son propos. Alors voyons ce que pense Monsieur X de cet étrange personnage, l'avocat est-allemand Wolfgang Vogel, qui, selon certaines sources aurait obtenu la libération d'une trentaine de milliers de prisonniers politiques et qui aurait aussi permis à plus de deux cent milliers d'Allemands de l'Est de passer à l'Ouest. Des faits qui ne semblent guère contestables. Mais qui ne peuvent faire oublier que Vogel a rendu ces éminents services contre monnaie sonnante et trébuchante. Et que, littéralement, ces hommes et ces femmes ont été vendus à l'Allemagne de l'Ouest. Un formidable marché qui a rapporté au fil des ans de précieuses devises à la RDA et de très confortables revenus à Vogel lui-même. Un commerce sur fond de Guerre froide et d'espionnage qui pose des questions troublantes... Celles-ci par exemple ; l'avocat travaillait-il pour lui ou n'était-il qu'un zélé serviteur de la fameuse Stasi ? A-t-il permis à certains dirigeants communistes de se constituer une véritable fortune ? Et de quelles complicités Vogel bénéficiait-il à l'Ouest ? Et enfin, malgré le procès qu'on lui a intenté, a-t-on réellement fait la lumière sur ce gigantesque trafic. Et le voulait-on vraiment ?Sat, 28 Jul 2007 13:15:00Le projet NevaC'est sans doute le plus bel exemple de reconversion réussie. Car ils sont partout. Au pouvoir, bien sûr, mais ils tiennent aussi les rênes de l'économie. Dans leurs pays mais aussi hors de leur sphère traditionnelle où peu à peu ils grignotent des secteurs entiers. Non, je ne veux pas parler des Trotskistes mais des anciens du KGB et des services de renseignement qui leur étaient affiliés dans les ex-démocraties populaires. En Russie, c'est évident puisque Vladimir Poutine règne et a pris soin de placer ses collègues dans presque tous les centres de décision, qu'ils soient politiques ou économiques. C'est ainsi que l'ex-KGB a pris le contrôle de plusieurs régions et de grandes entreprises privatisées dès la dislocation de l'Empire soviétique. Mais en Occident aussi, on voit apparaître d'anciens maîtres-espions qui, profitant du boom pétrolier russe, essaient de pénétrer de grandes entreprises.En réalité, on le sait aujourd'hui, les hommes du KGB avaient largement anticipé la fin de l'ère soviétique et s'étaient préparés à cette discrète prise du pouvoir. Pour s'en convaincre, il suffit de constater que les services secrets ont accompagné la fin du communisme plus qu'ils ne l'ont combattue. Et parfois, comme en Roumanie, ils l'ont provoquée ! Quant à l'argent rouge, il avait déjà pris le chemin de l'Ouest à travers les nombreuses filiales créées par les banques de l'Est.Espions hier, dirigeants ou chefs d'entreprises aujourd'hui, ce sont les mêmes hommes. Et malgré la disparition du Rideau de fer, ils appliquent encore des programmes élaborés auparavant. Il en est ainsi, selon Monsieur X, de l'opération " Neva " conçue sous Gorbatchev. Une gigantesque affaire d'espionnage où l'on rencontre un certain Robert Maxwell et des personnages qui sont intervenus en France, à Belfort plus précisément, dans l'aventure puis la déconfiture de l'entreprise Gigastorage...Sat, 04 Aug 2007 13:15:00Edgar Hoover (1/2)On a dit de lui que c'était le plus grand salaud d'Amérique ! John Edgar Hoover, le patron du FBI, pendant presque un demi-siècle. Un cas unique dans l'histoire de l'administration états-unienne où à la suite de l'élection d'un nouveau président, il est d'usage de remplacer la plupart des hauts fonctionnaires. Ce qu'on appelle là-bas le " spoil system "... C'est à dire littéralement le " système des dépouilles ". Mais Hoover, lui, a vu passer huit présidents sans jamais quitter sa prestigieuse fonction. Et il est mort à 77 ans alors qu'il était encore à son poste...Alors comment expliquer cette exceptionnelle longévité ? Alors même que certains de ces présidents brûlaient de l'envie de se débarrasser de lui. Mais aucun n'a osé passer à l'acte. De quoi avaient-ils donc peur ? Le tout-puissant Hoover a-t-il réellement exercé un chantage sur ces dirigeants, comme on l'a longtemps insinué ? Et, au-delà, a-t-il abusé de son pouvoir pour exercer une surveillance sur ses concitoyens contraire à toutes les traditions démocratiques américaines ? A quoi servaient les dizaines de millions de fiches individuelles accumulées pendant toutes ces années ?Sat, 11 Aug 2007 13:15:00Edgar Hoover (2/2)La chasse aux sorcières... Menée dans un climat hystérique par un sénateur alcoolique, elle a bouleversé l'Amérique de l'après-guerre. Des hommes ont vu leur carrière brisée et ont subi l'opprobre de leurs concitoyens, d'autres, d'origine étrangère, ont été contraints à l'exil et certains ont dû dénoncer leurs proches, leurs amis... L'émergence du maccarthysme, comme on l'a appelé, du nom de ce sénateur-imprécateur, a coïncidé avec le début de la Guerre froide. Un homme, déjà tout puissant au sortir du conflit mondial, a joué un rôle considérable dans la mise en place de cette campagne anticommuniste : John Edgar Hoover, directeur du FBI, en poste depuis 1924. Peut-être même en a-t-il été le véritable chef d'orchestre...Dans un premier entretien, Monsieur X a retracé la jeune carrière de ce redoutable policier qui n'a jamais redouté de mettre en scène ses exploits et ceux de ses agents spéciaux, les fameux " Incorruptibles ". D'où sa grande popularité et son maintien à la direction de FBI, en dépit des méthodes inquiétantes qu'il a généralisées. Maniaque du fichage, Hoover espionne, ne craint pas de violer les droits civiques de ceux auxquels il s'attaque et, lorsqu'il le faut, se livre au chantage en utilisant les dossiers confectionnés par ses services. Malgré ces excès, le patron du FBI se sent invulnérable. Surtout depuis que le président Roosevelt a commis l'erreur de lui confier, juste avant guerre, la possibilité de mener aussi des enquêtes politiques...Sat, 18 Aug 2007 13:15:00Joseph FontanetC'était le troisième ! Le troisième ministre ou ancien ministre à périr de mort violente sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing. D'abord Jean de Broglie, assassiné sur un trottoir de Paris. Puis Robert Boulin qui se serait suicidé dans un étang de la forêt de Rambouillet. Et enfin Joseph Fontanet tué en février 1980 au pied de son immeuble parisien.Trois morts et trois énigmes. Si on a retrouvé l'assassin du prince de Broglie et ses complices, les vrais commanditaires du meurtre n'ont jamais été formellement identifiés. Quant au prétendu suicide de Boulin, il n'a jamais convaincu ses proches et la minable affaire immobilière dans lequel il était empêtré ne suffit pas à expliquer une éventuelle exécution. Enfin Joseph Fontanet... Un homme sans histoires, retiré de la politique depuis plusieurs années. Qui aurait pu vouloir le tuer ? Et surtout pourquoi ?Les enquêteurs, après suivi plusieurs pistes suscitées par des revendications largement fantaisistes et évacué d'autres hypothèses un peu plus sérieuses, ont fini par conclure au meurtre fortuit : l'aboutissement de l'errance mortelle d'une bande de jeunes dévoyés dans les rues de Paris. Identifiés, ces marginaux ont été arrêtés, emprisonnés. Oui, mais les policiers n'ont obtenu aucun aveu. Et surtout, ils n'ont pu apporter aucune preuve contre ces jeunes gens même si, aujourd'hui, ils croient toujours à leur culpabilité.Sat, 25 Aug 2007 13:15:00L'affaire JPK (1/2)Il était malheureux. Alors un soir, après avoir absorbé des somnifères, il a chaussé ses palmes et il est entré dans l'eau. Et il a nagé en direction de l'horizon. Jusqu'à ce que la fatigue et les médicaments fassent effet. Il l'avait d'ailleurs dit à un ami : si un jour je voulais me suicider, c'est ainsi que je ferais : nager vers le large jusqu'à épuisement. Jusqu'à la mort !Oui mais il s'est trouvé des gens pour douter de cette histoire qui arrangeait pourtant beaucoup de monde. Des frères, une soeur, une mère qui n'ont pas longtemps cru que Jean-Pascal Couraud, dit JPK, avait décidé d'en finir ce 15 décembre 1997, dernier jour où il a été vu en vie. Alors, si JPK ne s'est pas suicidé, qu'est-il devenu ? A-t-il fui son épouse, sa famille, son métier ? Ou bien, hypothèse la plus vraisemblable, a-t-il été assassiné ?En effet ce journaliste de 37 ans était très curieux. Trop, sans doute. Mais d'abord plantons le décor en cette année 1997 : Tahiti, le paradis sur terre ! Des palmiers, des plages étincelantes, des vahinés, des colliers de fleurs... Mais aussi le chômage, d'importantes inégalités sociales, la corruption et des moeurs politiques discutables : la Polynésie française, pays d'outre-mer qui vit sous perfusion des subventions de la métropole, est alors dirigée depuis le début des années 80 par un monarque républicain, Gaston Flosse, qui concentre les pouvoirs, accumule les affaires et les mises en examen, dispose d'une milice forte de plus d'un demi-millier d'hommes et même de deux services de renseignement !C'est donc dans ce climat délétère que Jean-Pascal Couraud a disparu... Monsieur X explore toutes les pistes. Même les plus explosives.Sat, 08 Sep 2007 13:15:00L'affaire JPK (2/2)Il aurait enfilé ses palmes et nagé vers le large. Et il serait mort épuisé, noyé... Un suicide, donc. Ainsi aurait disparu fin 1997 le journaliste Jean-Pascal Couraud qui, à Tahiti, signait ses articles JPK. Désillusion politique et amoureuse. L'affaire est dite et jamais l'on ne retrouvera le corps de ce sportif de 37 ans ! Mais des amis, des parents contestent rapidement cette thèse. Sa mère porte même plainte contre X pour enlèvement et séquestration. En fait, même s'ils n'osent pas prononcer le mot, c'est à l'assassinat que pensent les amis de JPK.Le mobile ? Ou plutôt les mobiles ? Ils sont nombreux. Certes, il pourrait s'agir d'une affaire passionnelle : l'épouse de Couraud avait un amant et le couple battait de l'aile. Mais c'est la piste politique qui retient surtout l'attention : JPK était un adversaire résolu du système polynésien fait de clientélisme et d'affairisme. Cela lui avait d'ailleurs valu d'être licencié du quotidien local dont il était le rédacteur en chef. Le journaliste avait ensuite rejoint Boris Léontieff, leader d'un petit parti politique dont JPK avait pris en charge la communication. Pour autant, il n'avait pas abandonné l'investigation journalistique. Et d'ailleurs, peu de temps avant sa disparition, après avoir décortiqué une affaire immobilière, il venait de porter plainte pour ingérence contre le président de la Polynésie française, le tout-puissant Gaston Flosse. Mais il est vraisemblable que le journaliste devait posséder d'autres dossiers, peut-être encore plus sensibles. C'est la conviction de Monsieur X qui affirmait la semaine passée que l'après-midi précédant sa disparition, JPK avait été enlevé et interrogé par des membres du GIP, le Groupe d'intervention de la Polynésie, une sorte de milice dépendant de la présidence du Territoire. Insatisfaits des réponses du journaliste, ces gros bras sont-ils revenus le soir-même ? Et que penser de l'étrange passivité de la Justice dans cette affaire ? Qu'avait découvert JPK ?Sat, 15 Sep 2007 13:15:00Carlos (1/2)C'était le " grand méchant loup " ! Carlos ! Le terroriste numéro 1. Omniprésent, omni-puissant. L'homme qui osait adresser des lettres manuscrites et menaçantes signées de ses empreintes digitales à notre ministre de l'Intérieur afin d'obtenir la libération de ses comparses. Et qui, en l'absence de réponse positive, passait à l'acte et perpétrait des attentats meurtriers en France...Carlos, trait d'union entre les divers mouvements terroristes, Bande à Baader, Brigades rouges, Front Populaire pour la Libération de la Palestine, Armée rouge japonaise, Action directe, etc. Une internationale de la terreur dont ce Vénézuélien, Illich Ramirez-Sanchez de son vrai nom, aurait été le chef d'orchestre et parfois le bras armé. Comme le furet de la chanson, on croyait le voir partout. Dans les hôtels internationaux, dans les aéroports, toujours très élégant, un cigare au bec et inévitablement entouré de jeunes et jolies femmes... Bref le play-boy du terrorisme !Et puis, après la chute du Mur, il mène une vie d'errance, rejeté peu à peu par ses anciens protecteurs. Jusqu'à son arrestation en 1994 à Khartoum. Une capture qui, selon Monsieur X, reste encore à bien des égards mystérieuse. Pourquoi le gouvernement soudanais, fer de lance de l'islamisme et réputé soutenir le terrorisme international, l'a-t-il soudain lâché? Comment a-t-il pu laisser faire les agents français qui ont profité d'une banale opération d'une varice pour se saisir d'un Carlos amoindri et sans doute drogué?... Les médecins soudanais étaient-ils complices? Et quel prix la France a-t-elle payé?Des questions essentielles qu'il faut aussi examiner à la lumière de ce qui se passe aujourd'hui au Soudan et dans sa province occidentale, le Darfour.Sat, 22 Sep 2007 13:15:00Carlos (2/2)Comment a-t-il été capturé ? Y a-t-il eu marchandage avec les autorités soudanaises ? Et si oui, qu'a-t-on offert à Khartoum pour obtenir la livraison de Carlos en août 1994, le terroriste le plus recherché des décennies 70, 80 et 90 ? La question est très controversée, très polémique et cache une vérité très dérangeante.Monsieur X poursuit donc son récit consacré à Carlos, de son vrai nom Illitch Ramirez-Sanchez. Un citoyen vénézuélien, issu d'une famille aisée, qui a rapidement décidé d'épouser la cause palestinienne et rejoint un des groupes les plus radicaux, le FPLP, Front Populaire pour la libération de la Palestine. Un pied dans la révolution, un autre dans le luxe, comme l'a écrit une journaliste, Carlos multiplie assassinats et attentats et frappe particulièrement la France. En juin 1975, à la suite d'une manipulation vraisemblablement fomentée par les services israéliens selon Monsieur X, le terroriste abat deux policiers de la DST, notre service de contre-espionnage. Auparavant, il a été l'un des organisateurs de la prise d'otages perpétrée dans l'ambassade française de La Haye. Et, pour mettre la pression sur les autorités françaises, il lance une grenade dans le Drugstore Saint-Germain, tuant deux personnes. Ces exactions expliquent pourquoi la capture de Carlos devient une priorité pour la police française et les services de renseignement...Ensuite, Carlos est l'un des maîtres d'oeuvre d'une autre prise d'otages spectaculaire lors d'une réunion des ministres de l'OPEP... Mais peu à peu, l'aventurisme de Carlos, ses imprudences et son inextinguible soif d'argent font que ses liens avec les dirigeants du FPLP se distendent. Et à la fin des années 70, Carlos décide d'agir pour son propre compte. Mercenaire, il vend ses services. Mais pas à n'importe qui ! Fidèle à ses engagements marxiste et anti-impérialiste, il ne travaille que pour les Etats arabes et de plus en plus fréquemment pour le camp de l'Est où il réside désormais. Mais n'a-t-on pas prétendu qu'en réalité Carlos était un agent des services soviétiques ?Sat, 29 Sep 2007 13:15:00Rebondissement dans l'affaire de LockerbieC'est un véritable rebondissement ! La Libye ne serait sans doute pas impliquée dans l'attentat contre le Boeing 747 qui a explosé en 1988 au-dessus de l'Ecosse, à Lockerbie exactement... Ce que disait déjà Monsieur X en 1998. Aussi, je vous propose de réécouter intégralement cet enregistrement. Mais d'abord, j'ai demandé à mon interlocuteur pourquoi l'agent secret libyen, qui était considéré jusqu'à aujourd'hui comme le principal instigateur de cet acte terroriste qui a provoqué la mort de 270 personnes, sera rejugé et peut-être innocenté...Sat, 06 Oct 2007 13:15:00Le Zimbabwe : la Rhodésie du Sud (1/2)De temps en temps, elle réapparaît ici ou là : la maladie ! La terrible maladie du charbon qu'on appelle aussi l'anthrax... 9 morts en 2000, 15 personnes contaminées en 2001, d'autres encore en 2003... Et en 2004, pour la première fois, des animaux sauvages sont touchés... Exactement comme si les germes de la maladie polluaient le sol rhodésien... Monstrueux souvenirs de la colonisation ? C'est très possible. Car il semble presque certain que lors de la lutte contre les rebelles indépendantistes, le pouvoir blanc a répandu des spores de la maladie du charbon pour tuer le bétail des tribus révoltées... Et donc affamer les populations.C'est l'un des points qu'entend soulever Monsieur X au cours de ce nouvel entretien. Un épisode qui n'est peut-être pas étranger à ces mystérieux envois postaux de lettres contaminées à l'anthrax qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Une affaire qui n'a jamais été éclaircie. Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite...Mon interlocuteur a donc choisi de parler de la Rhodésie du Sud, l'avant-dernier pays africain à connaître un régime colonial et la suprématie blanche... Une histoire curieuse à laquelle, de façon très inattendue, la France a été mêlée.Sat, 20 Oct 2007 13:15:00Le Zimbabwe de Mugabe (2/2)C'est l'une des pires dictatures dans un monde qui pourtant n'en manque pas... Je veux parler du Zimbabwe, l'ancienne Rhodésie du Sud où l'ancien libérateur Robert Mugabe impose à son peuple un régime impitoyable.Mais ce chef d'Etat, mis peu à peu au ban des nations occidentales, n'en reste pas moins un leader estimé par beaucoup de pays africains. Et d'abord parce qu'il incarne la lutte contre l'ex-colonisateur et l'accaparement des terres par les Blancs. Toutes proportions gardées, c'est un nouveau Idi Amin Dada... L'un de ces personnages qui, à cause de ses excès, justifie à bon compte l'ostracisme occidental. Et même, osons-le dire, le racisme des Blancs. Et sans vouloir défendre Mugabe, qui ne le mérite pas, il faut bien reconnaître la responsabilité des grandes puissances, à commencer par la Grande Bretagne, qui par leur intransigeance, ont poussé progressivement le Zimbabwe à se rapprocher du camp de l'Est. Et particulièrement de la Chine, qui dans ce pays, comme en Birmanie ou au Soudan, se moque de la question des droits de l'Homme et multiplie là-bas ses activités commerciales.Mais avant d'écouter Monsieur X, un petit retour en arrière : au cours de la deuxième moitié des années 70, le pouvoir blanc rhodésien de Ian Smith doit faire face à une rébellion armée noire qui ne cesse de mon-ter en puissance et s'étend à tout le pays. Malgré l'utilisation criminelle d'armes interdites, et sous la pression de l'ONU et de la Grande Bretagne, Ian Smith recule. Fin 1979, Margaret Thatcher obtient la tenue d'une conférence constitutionnelle à Lancaster House réunissant tous les belligérants et qui débouche sur une série d'accords qui consacrent l'indépendance du Zimbabwe, le nouveau nom de la Rhodésie du Sud, après des élections au suffrage universel.C'est donc enfin la paix. Mais ces accords contiennent en eux-mêmes les futurs germes de la discorde : l'économie reste dans les mains des Blancs. 6500 fermiers peuvent ainsi continuer à cultiver 46% des terres agricoles. Cette clause est garantie par un moratoire de dix ans. La redistribution des terres ne pourra donc avoir lieu que sur la base du volontariat. Les propriétaires blancs ne partiront que s'ils le veulent bien. Et la Grande Bretagne se déclare garante des dédommagements qui leur seront versés et, dans ce but, met 44 millions livres à la disposition du nouveau pouvoir. Mais le système va peu à peu se gripper...Sat, 27 Oct 2007 13:15:00Poutine et le retour du KGB (1/2)Une journaliste tuée à coup de pistolet, un ancien agent secret empoisonné à l'aide d'une substance radioactive... Mais combien d'autres crimes qui n'ont pas retenu la curiosité des médias occidentaux ! Hommes politiques, banquiers, policiers... Malgré la poigne de fer de Poutine, la société russe est chaque jour plus violente...Monsieur X m'a souvent parlé de la Russie. Et il n'y a encore pas si longtemps, il a mis l'accent sur la mainmise du pays par les anciens du KGB et son avatar actuel, le FSB... Une opération préparée de longue date, depuis l'ère Andropov, c'est à dire au début des années 1980. C'est ainsi que les guébistes ou les tchékistes ont conquis peu à peu tous les leviers du pouvoir. Le pouvoir politique, naturellement, mais aussi la sphère économique. Quant à la presse, elle est muselée et rares sont encore les journaux indépendants qui peuvent faire preuve d'esprit critique vis à vis des institutions officielles.Face à une Justice aux ordres et une opinion apathique et chloroformée par les deux premières chaînes de télévision contrôlées par le pouvoir, les assassins peuvent agir en toute impunité. Et si, par exemple, les hommes de main qui ont exécuté la journaliste Anna Politkovskaïa ont été identifiés, il est douteux que les commanditaires de ce crime ne soient jamais retrouvés et donc condamnés. Il en va de même pour les instigateurs de l'empoisonnement d'Alexandre Litvinenko...Sat, 17 Nov 2007 13:15:00Poutine et le retour du KGB (2/2)" De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts "... J'ai beaucoup pensé au titre cynique de l'ouvrage de Thomas de Quincey en feuilletant le dossier de l'affaire Litvinenko. Car, malgré les recherches approfondies des médecins et chercheurs britanniques, le diagnostic d'empoisonnement au polonium 210 a beaucoup tardé et a même failli ne jamais être établi...Mais nous allons revenir sur la mort atroce de l'ancien espion russe. Auparavant, évoquons à nouveau son protecteur, l'oligarque Boris Berezovski... Le milliardaire qui a largement contribué à mettre sur orbite un certain Vladimir Poutine, obscur lieutenant-colonel du FSB, le service secret qui a succédé au KGB de l'époque soviétique. Berezovski, devenu Secrétaire du Conseil de sécurité, a en effet l'oreille du président Eltsine et fait partie du petit clan qui a dépecé à son profit l'économie russe et fait des fortunes considérables.En 1999, Poutine, chef du FSB, gravit encore un échelon et devient Premier ministre. Il est manifestement mis en place pour protéger le clan présidentiel et empêcher que l'on enquête sur les prévarications de la famille Eltsine lorsqu'elle aura quitté le Kremlin.Mais Poutine, qui s'acquittera d'ailleurs fidèlement de cette tâche, poursuit un autre objectif : pourquoi ne pas tenter d'accéder à la présidence lorsque le vieux Eltsine usé et malade quittera le pouvoir ? Mais pour atteindre ce but, ce quasi-inconnu doit frapper un grand coup et conquérir l'opinion. La Tchétchénie va lui offrir cette occasion en criminalisant les indépendantistes tandis que, parallèlement, Boris Berezovski, pour des raisons encore plus obscures, poussera un chef de guerre tchétchène, l'islamiste radical Chamil Bassaiev, à provoquer les autorités russes. Conséquence de ces deux actions conjointes, ce sera la deuxième guerre de Tchétchénie !Sat, 24 Nov 2007 13:15:00La Centrafrique ou la Françafrique? (1/2)On les appelait autrefois les " barracudas ". Et aujourd'hui, ils sont devenus les EFAO, c'est à dire les Eléments français d'Assistance opérationnelle. Mais aux yeux de la population, sous une autre étiquette, ce sont les mêmes qui sont revenus ! Des militaires français qui mènent en République centrafricaine une véritable guerre dont on parle peu ou pas en France... Il faut d'ailleurs noter que nos forces ont été engagées là-bas aux côtés de l'armée du pays sans que la représentation nationale ait été consultée. Une guerre pourtant terriblement meurtrière : les combats entre les rebelles et les loyalistes ont déjà fait nombre de morts. Mais ce sont surtout les civils qui paient le prix fort : de part et d'autre, on se livre à tous les excès, pillages, viols, exécutions sommaires, maisons incendiées, etc. Des localités entières dévastées, des habitants terrorisés qui préfèrent fuir dans la brousse et abandonner le peu qu'ils possèdent avant l'arrivée des mutins mais aussi des militaires centrafricains qui commettent les même exactions que leurs adversaires.La situation est d'autant plus catastrophique que ce ventre de l'Afrique est particulièrement sinistré. Au nord, il y a le Tchad dont le pouvoir chancelant a été sauvé par notre armée, encore elle, en 2006. Plus à l'Est, c'est le Darfour et son flot de réfugiés. Et au Sud, il y a le Congo qui n'est toujours pas stabilisé, surtout à l'est dans le Kivu, à la frontière du Rwanda. Et partout, le puzzle ethnique et la misère suscitent des conflits régionaux que la future force européenne, l'Eufor, ambitionne d'éteindre tant en République centrafricaine qu'au Tchad. Le Tchad où la récente mésaventure de " l'Arche de Zoé " risque de laisser des traces. Deux pays en tout cas qui ont toujours fait partie du pré carré français et où notre pays a souvent fait la pluie et le beau temps et entretenu de façon presque ininterrompue de grosses garnisons depuis l'indépendance.Monsieur X s'intéresse particulièrement à la Centrafrique où jadis régnait un empereur bien français, Jean-Bedel Bokassa.Sat, 01 Dec 2007 13:15:00La Centrafrique ou la Françafrique? (2/2)On les a appelés les Barracudas... Tous ces parachutistes français envoyés d'urgence en Centrafrique pour débarquer l'empereur Bokassa Ier du pouvoir... Nom de code l'opération : Barracuda ! Et depuis 1979, pour les Centrafricains, tous les militaires français qui stationnent dans le pays sont des " Barracudas "...Avec Monsieur X, nous avons donc évoqué l'histoire de la Centrafrique et cette période mi-loufoque, mi-dramatique de l'empire. La France, ainsi qu'elle en avait pris l'habitude, est donc intervenue dans cette affaire pour siffler la fin de la partie. Comme elle avait auparavant déjà choisi Jean-Bedel Bokassa pour occuper le fauteuil présidentiel de la Centrafrique ! Car, selon mon interlocuteur, dans aucun autre pays africain la France ne s'est autant impliquée qu'en Centrafrique ! Et d'ailleurs, ça va continuer après la chute de Bokassa. A commencer par l'ancien président exilé David Dacko, l'homme que Paris a choisi pour remplacer l'empereur déchu et qui rejoint même son pays dans un des Transall qui transportent les paras français.Et aujourd'hui encore, notre pays intervient dans la politique centrafricaine puisque ce sont des éléments de notre armée qui ont réduit une rébellion dans le nord du pays... Rébellion qui risquait à terme de chasser le président actuel, François Bozizé. Et une intervention opérée sans tambour ni trompettes et presque clandestinement... Comme d'autres opérations militaires accomplies au Tchad. Toujours pour venir au secours des pouvoirs en place au nom des accords souvent secrets passés avec ces pays du temps de Jacques Foccart. Celui-ci - Monsieur X nous l'a révélé l'an passé - détenait même dans son coffre des demandes d'intervention militaire en blanc signées préalablement par des dirigeants africains.Sat, 08 Dec 2007 13:15:00L'Iran, l'atome et les Etats-UnisQuel crédit un dirigeant doit-il accorder à ses services de renseignement ? La question est d'actualité après le récent rapport des agences de renseignement américaines à propos du nucléaire iranien... George Bush, apparemment, a décidé de ne pas en tenir compte. Pourtant c'est le même homme qui, en 2003, a décidé d'intervenir militairement en Irak sur la seule foi de ces services de renseignement... Mais il ne faut pas exclure le fait que ces services aient été sciemment abusés.Alors, la question reste posée. Malgré ce rapport qui conclut à l'arrêt du programme nucléaire militaire de Téhéran, les Etats-Unis attaqueront-ils l'Iran ? Pour certains experts, la question n'est même plus celle-là mais bien plutôt celle-ci : " Quand les Etats-Unis attaqueront-ils ? "Bien sûr, il faut faire la part de la propagande et de l'épreuve de force tactique et psychologique qui se joue entre les deux pays. Mais George Bush nous a déjà donné la preuve en Irak et en Afghanistan qu'il n'hésitait pas à se lancer dans des guerres aussi hasardeuses que dangereuses. Et encore récemment, l'amiral Michael Mullen, nouveau chef d'état-major inter-armées et militaire états-unien le plus gradé, a déclaré : " Je n'exclurai jamais l'option militaire vis-à-vis de l'Iran ! ".D'ailleurs, pour ces mêmes experts, la guerre aurait déjà commencé : une guerre secrète menée avec des opposants iraniens. Essentiellement des actions de sabotage opérées par des commandos agissant à l'intérieur des frontières du pays.Une guerre, si Washington prenait le risque de l'entreprendre afin d'anéantir le potentiel nucléaire iranien, aurait à coup sûr des conséquences innombrables. Non seulement parce que toute la région - et peut-être même au-delà -serait déstabilisée, mais aussi parce que les plans militaires américains prévoient la possibilité d'utiliser des bombes atomiques tactiques. Seuls ces engins seraient en effet capables de détruire les installations nucléaires iraniennes profondément enterrées. Mais ce serait évidemment ouvrir la boîte de Pandore et briser un tabou...Monsieur X, qui a étudié ce dossier complexe, révèle quelques incroyables bévues de la CIA et essaie de répondre à cette autre question : faut-il vraiment avoir peur de l'Iran ?Derrière les gesticulations menaçantes et caricaturales du président iranien Mahmoud Amadinejad et un obscurantisme religieux qui oblige la moitié de sa population à porter un tchador, se dissimule une véritable puissance régionale. Alors, une citation avant d'entendre Monsieur X... Quelques lignes que j'ai trouvées dans un livre collectif paru en 2007 chez Fayard : "L'Iran au XX° siècle", et qui présente ainsi l'ancienne Perse : "70 millions d'habitants, un vaste territoire confinant aux frontières de presque tous les Etats qui comptent dans la région, des richesses énergétiques exceptionnelles, des élites nombreuses, bien formées, une culture intellectuelle, artistique ou scientifique sans équivalent dans la région."Sat, 15 Dec 2007 13:15:00Les FarcOn ne cesse de parler d'elles... Mais qui sont-elles exactement ? Je veux parler des FARC qui font tous les jours l'actualité. Ces Forces armées révolutionnaires de Colombie qui, malgré un récent petit espoir, détiennent toujours un millier d'otages dont le plus célèbre est la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, retenue quelque part dans la jungle depuis février 2002.Cette guérilla, l'une des plus anciennes au monde, est aussi dirigée par le plus vieux guérillero, Marulanda, bientôt 80 ans. De son vrai nom, Pedro Antonio Marin, Marulanda répond aussi au sobriquet de " Tirofijo ", " Tire au but " parce qu'autrefois, il aurait tué un policier à 500 mètres de distance.D'inspiration marxiste, les FARC regroupent à peu près 15.000 combattants, dont une moitié de femmes, et sont présentes sur plus d'un tiers de la Colombie, essentiellement au sud du pays. Riches, grâce au trafic de drogue et à l'industrie de l'enlèvement, les FARC tiennent tête à l'armée colombienne, aux paramilitaires et aussi aux forces états-uniennes chargées, en principe, d'éradiquer les cultures de coca. Mais que veulent-elles exactement ? Combattent-elles encore pour s'emparer un jour du pouvoir ? Protègent-elles toujours les plus pauvres ? Ou se contentent-elles d'exister et de se livrer à un fructueux trafic de drogue ? Bref, ses militants sont-ils des Robin de Bois ou des mafieux ? A moins que la vérité ne se trouve à mi-chemin...Sat, 29 Dec 2007 13:15:00Les Moudjahiddin du PeupleCe sont peut-être les meilleurs espions de George Bush ! Je veux parler des Moudjahidin du Peuple, ces opposants iraniens à la politique des ayatollahs et du président Amadinejad... Ce sont eux qui, en 2002, auraient révélé l'ampleur du programme nu-cléaire militaire de Téhéran. Et ce sont eux qui, à peine connu le rapport des agences de renseignement américaines affirmant que l'Iran a interrompu son programme de fabrication de la bombe, ont dénoncé la duplicité des autorités de leur pays. Et, dans un communiqué récent diffusé sur Internet, ces Moudjahidin du Peuple affirment que Téhéran dispose d'installations secrètes qui lui permettront de se doter de l'arme nucléaire. Bref, selon eux l'Iran est toujours dangereux. Et c'est exactement le commentaire de George Bush après la publication du rapport de ses propres services secrets.Alors qu'en est-il ? Et qui a raison ? Ces Moudjahidin du Peuple ont-ils accès à des informations que les Américains sont incapables de collecter ? Et d'abord parce que leur réseau d'espionnage - c'est en tout cas ce que disait Monsieur X, il n'y a pas si longtemps - a été démantelé à la suite d'une incroyable bourde. Mais dans leur volonté d'impliquer les Etats-Unis dans leur lutte contre le régime iranien les Moudjahidin du Peuple ne pratiquent-ils pas de la désinformation ? Car on ne peut pas s'empêcher de faire un rapprochement avec ce qu'il s'est passé avant l'intervention états-unienne en Irak... Des opposants à Saddam Hussein, tels Ahmed Chalabi, n'avaient alors cessé de clamer que l'Irak possédait des armes de destruction massive. Or il n'en était rien. Ces manoeuvres d'intoxication, relayées par les néo-conservateurs américains, n'avaient pour objectif que de justifier la guerre irakienne de George Bush !Monsieur X essaie donc d'y voir plus clair. Et en particulier il tente de faire la lumière sur ces Moudjahidin du Peuple, dont beaucoup résident en France et qui sont toujours considérés par les Etats-Unis comme appartenant à une organisation terroriste. Ce qui n'empêche pas ces mêmes Etats-Unis de les aider et même, probablement, de les financer.Sat, 12 Jan 2008 13:15:00L'affaire Gabriel ArandaOn l'a appelé " l'Archange " ! Et pas seulement parce qu'il se prénommait Gabriel !Non, il y avait chez cet homme quelque chose de messianique. Cette volonté d'aller jusqu'au bout des choses, quitte à y perdre son honneur et peut-être même la vie !... Et aussi ce sens de la Justice, si étonnant, si aigu... Et en même temps un peu fou en ces années où la vertu, surtout dans les milieux politique, était largement émoussée... Car les scandales ne cessaient de se succéder... Il y avait d'abord eu ces escroqueries en chaîne, Garantie foncière, affaire des Abattoirs de la Villette, inculpation d'un inspecteur des impôts, publicité clandestine à la télévision, inculpation de policiers et de parlementaires lyonnais pour proxénétisme. Et puis cette mise en cause du Premier ministre Chaban-Delmas qui utilisait les ficelles du code des impôts pour s'abstenir d'être lui-même contribuable... Certes Chaban n'avait rien commis de répréhensible. Mais son cas était choquant... D'ailleurs, dans la presse, on commençait à parler de gaullisme immobilier. Et c'est dans ce climat détestable que surgit un petit homme chauve et discret, l'Archange Gabriel. Autrement dit Gabriel Aranda, un conseiller influent dans le cabinet d'Albin Chalandon, alors ministre de l'Equipement et du Logement... Et dans sa besace, il y avait de quoi faire sauter la République !Sat, 19 Jan 2008 13:15:00La saga Bhutto (1/2)On l'appelait " l'Incomparable ", traduction de son prénom ourdou, Benazir. Et le magazine états-unien People magazine l'avait même classée parmi les 50 personnalités les plus belles du monde ! Mais son père, Ali Bhutto, l'appelait affectueusement, et plus simplement " Pinkie ", la " petite rose ".Benazir, assassinée le 27 décembre dernier, était incontestablement la femme politique la plus glamour des deux dernières décennies du XX° siècle. Première femme à avoir dirigé un Etat musulman, elle se savait belle et en usait... En témoignait la manière dont elle jouait avec coquetterie de son voile blanc qui, parfois, recouvrait complètement sa foisonnante chevelure brune afin de complaire aux Islamistes, et, en d'autres occasions, rejeté à mi-crâne, servait au contraire à mettre en valeur cette même chevelure et le charme de cette madone orientale.Mais foin de futilité ! Béatifiée à peine morte par ses partisans, idolâtrée par les médias occidentaux, Benazir, bien qu'incontestablement courageuse, était aussi une femme implacable qui vivait dans le culte de son père exécuté par le dictateur Zia Ul Haq et rêvait de le venger. Cependant, au cours des deux périodes où elle a accédé au pouvoir, elle a accumulé les erreurs politiques et n'a jamais oublié de satisfaire ses propres intérêts.Il faudrait enfin ajouter que la seule histoire de la famille Bhutto ressort plus du feuilleton " Dallas " que d'un roman à l'eau de rose... Une façon aussi pour Monsieur X de revenir sur le destin tourmenté du Pakistan...Sat, 26 Jan 2008 13:15:00La saga Bhutto (2/2)Est-ce la démocratie qui a été assassinée avec la mort de Benazir Bhutto, comme l'ont écrit hâtivement certains commentateurs qui n'ont pas hésité à faire un parallèle entre ce meurtre et celui du commandant Massoud ?...Certes, Benazir représentait encore un espoir pour son pays. Mais sous la pression de Washington, elle avait abdiqué une partie de ses convictions en acceptant de faire casaque commune avec le général-président Pervez Musharraf, représentant de la caste militaire qui a pendu son père, Ali Bhutto.S'agissait-il uniquement de satisfaire sa soif du pouvoir après deux échecs successifs en tant que Premier ministre du Pakistan ? Ou bien y avait-il chez elle une réelle volonté de transformer son pays et de le faire évoluer vers la démocratie ?Certes, Benazir était une ambitieuse. Mais l'ambition n'est-elle pas le moteur qui fait agir les femmes et les hommes qui aspirent à diriger leurs concitoyens ? Alors chez elle, quelle était la part de l'ambition et celle de la sincérité ?Le semaine dernière, Monsieur X a évoqué la figure de son père, Ali Bhutto. Héritier d'une grande famille féodale, porteur d'idées généreuses, démocratiques et même socialistes, cet homme n'a pourtant pas appliqué son programme et a même contribué à précipiter son pays dans un obscurantisme islamiste qui produit aujourd'hui de terribles effets.Monsieur X poursuit donc son récit et dévoile la vérité sur la famille Bhutto. Une histoire qui n'est pas sans rappeler celle des Atrides !Sat, 02 Feb 2008 13:15:00Les paramilitaires colombiensOn l'a sans doute un peu trop oublié ces dernières semaines : les FARC, qui détiennent des centaines d'otages, ne sont pas le seul mouvement armé qui sévit en Colombie. Et je ne parle pas de la petite ELN, l'Armée de Libération nationale, une guérilla guevariste qui pratique aussi la prise d'otages mais semble en perte de vitesse... Non, je veux évoquer ici tous ceux que l'on classe sous le nom de "paramilitaires"... Des milices armées qui, en toute impunité, ont terrorisé le pays sous le prétexte de lutter contre les guérillas d'extrême gauche. Alliées du pouvoir et même complices de ce pouvoir, elles ont peu à peu pris en main une grande partie du narcotrafic. Et bien souvent, leurs confrontations armées avec les guérilleros des FARC ont d'abord eu pour objectif la conquête de nouveaux territoires dévolus à la culture des cocaïers.Plusieurs initiatives politiques ont permis d'aboutir à des démobilisations progressives (et très avantageuses) de ces unités paramilitaires qui sont responsables de milliers d'assassinats et de disparitions, mais à chaque fois, elles ont ressurgi, toujours aussi meurtrières, toujours aussi cruelles. Malgré les scandales et malgré les enquêtes de certains magistrats et journalistes courageux.Des parlementaires, des hauts fonctionnaires, des politiciens appartenant à l'entourage du président colombien Uribe ont été mis en cause et emprisonnés. Le scandale de la parapolitique est dévoilée au grand jour. Sans autre dommage pour Uribe que ses concitoyens ont appelé " le président Teflon ", le président sur lequel tout glisse... Mais, au moment où l'on ne cesse de découvrir de nouveaux charniers des victimes des paramilitaires, la Justice est loin d'en avoir terminé avec ce cancer qui continue à miner la société colombienne... Après m'avoir longuement parlé des FARC il y a quelques semaines, Monsieur X tente de percer quelques-uns des secrets de ces redoutables paramilitaires.Sat, 09 Feb 2008 13:15:00Le plan ColombieOn l'a appelé le " Plan Colombie "... Un plan élaboré par les autorités états-uniennes en collaboration avec Bogota et destiné à éradiquer la culture des plants de cocaïers sur le territoire de la Colombie, premier producteur de cocaïne au monde.Ce plan, initié sous la présidence de Bill Clinton, a été doté dès le départ de milliards de dollars. C'est dire l'importance qu'y attachaient les Etats-Unis, premier pays victime de la propagation démesurée de cette drogue en Occident. Mais, nous en avons parlé tout récemment avec Monsieur X, cette lutte se heurte à de nombreux obstacles. Et d'abord, en Colombie même, à l'existence de deux forces armées qui vivent du trafic de drogue.Il y a bien sûr les FARC, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, une guérilla enracinée depuis des décennies et qui, à côté des prises d'otages, tire ses principales ressources du commerce de la drogue. En face, on trouve ses ennemis irréductibles : les unités paramilitaires... Des milices privées surarmées qui bénéficient de la complicité des autorités colombiennes et qui, sous prétexte de combattre la guérilla, se livrent elles aussi au trafic de cocaïne.Un prétexte, oui... Mais ce " Plan Colombie " qui répond en principe à des motifs louables n'a-t-il pas été utilisé par Washington pour tenter de venir à bout d'une guérilla marxiste jugée intolérable. Surtout depuis que George Bush a déclaré la guerre totale au terrorisme ?Et que penser des acteurs de ce combat contre la drogue ? Toutes ces entreprises nord-américaines, dont la puissante société Monsanto, qui ont été associées à l'opération et ont largement profité des subsides accordés par les Etats-Unis.Sat, 16 Feb 2008 13:15:00Le TchadCela fait 48 ans que ça dure ! Comme une mauvaise maladie qui ne guérit jamais et provoque à intervalles réguliers de violentes poussées de fièvre et de graves rechutes. Le patient, c'est le malheureux Tchad. Et le médecin, souvent empêtré dans de fâcheuses habitudes, n'est autre que la France !Une fois encore, notre pays a donc été confronté à une crise tchadienne. Et comme les précédentes fois, Paris a essayé tant bien que mal de se sortir d'affaires sans trop donner l'impression qu'il se mêlait de ce qui ne le regardait pas. Mais c'est impossible. Et pour plusieurs raisons. D'abord parce que depuis des décennies Paris entretient au Tchad une importante garnison. Ensuite parce que tous les gouvernements français, à l'exception peut-être de celui de Lionel Jospin, ont considéré que notre ancienne colonie était l'un des éléments essentiels de notre dispositif en Afrique francophone, notre fameux pré carré que l'on désigne aussi sous le néologisme Françafrique ! Et enfin, parce que nous sommes liés avec le Tchad par un traité dont certaines clauses secrète datent de l'époque Foccart. Foccart qui, il faut le rappeler, avait même demandé à certains dirigeants africains de signer des lettres en blanc demandant l'intervention de la France au cas où ils seraient physiquement empêchés de le faire... Par exemple, à l'occasion d'un putsch !Dans le cas du Tchad, il existe bien une clause qui permet à Paris de participer au maintien de l'ordre si N'Djaména le demande. Mais cette intervention n'est pas automatique et dépend du bon vouloir du président de la République française... Une clause qui donne donc lieu à toutes les interprétations possibles et a permis à la France de donner quelques sérieux coups de main à l'armée tchadienne face aux offensives de la rébellion. En particulier en matière de renseignement.Sat, 23 Feb 2008 13:15:00Pérou : Fujimori et Montesinos, le couple infernalC'est une première ! Et une leçon dans un sous-continent toujours agité et où on ne compte plus les putschs et l'instauration de régimes autoritaires. Une première, oui, au moins pour le Pérou où un ancien président comparaît devant un tribunal. Déjà condamné en décembre 2007 à 6 années de prison pour avoir ordonné une perquisition illégale, Alberto Fujimori comparaît à nouveau devant la Cour suprême fédérale et risque maintenant une peine de 30 années pour son implication dans deux massacres perpétrés dans les années 90, alors qu'il était au pouvoir.El Chino, comme les Péruviens l'appellent à cause de son ascendance japonaise, a donc perdu et, à près de 70 ans, sa vie politique est vraisemblablement terminée. Et pourtant, après avoir fui son pays, il préparait activement son retour et n'excluait pas d'être à nouveau candidat à l'élection présidentielle. A moins - et cette hypothèse a été sérieusement envisagée -qu'il n'ait choisi d'être élu sénateur conservateur au Japon où il s'était provisoirement réfugié et dont il avait acquis la nationalité durant son exil.Monsieur X revient sur les réelles responsabilités de Fujimori dans les affaires criminelles qui l'accablent et sur l'existence de son âme damnée, un curieux personnage, Vladimiro Montesinos, chef tout puissant des services secrets, numéro 2 du régime et accessoirement agent de la CIA...Sat, 01 Mar 2008 13:15:00Roger DelpeyC'était un petit homme au regard malicieux, toujours tiré à quatre épingles. Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose : Roger Delpey. Et pourtant à deux reprises au moins, il a joui d'une grande notoriété. D'abord dans les années 50 où ce journaliste et ancien combattant en Indochine a publié un best-seller vendu à des centaines de milliers d'exemplaires, "Soldats de la boue". Et ensuite à la fin des années 70 lorsqu'il a joué un rôle éminent dans la fameuse affaire des diamants de Bokassa. Ami de l'empereur du Centrafrique, informateur du Canard Enchaîné, Delpey a sans doute été de ceux qui ont fait chuter Valéry Giscard d'Estaing lors de l'élection présidentielle de 1981. Mais il faut dire que l'ancien baroudeur avait de bonnes raisons d'en vouloir au président de la République qui l'a fait emprisonner sept mois durant, sans réelle justification.Pour le reste, il vous faut savoir que Delpey, toute sa vie, a navigué entre le gaullisme et l'extrême droite et qu'il a été aussi mêlé à l'opération " Résurrection ", une des pièces maîtresses du retour au pouvoir du général de Gaulle. Et ce n'était certainement pas un hasard s'il habitait Luzarches dans la banlieue parisienne, non loin de la propriété de l'un de ses bons amis, un certain Jacques Foccart !Roger Delpey est mort à la fin de l'année 2007, en emportant une partie de ses secrets... C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X de revenir sur la vie tumultueuse de cet homme de l'ombre. Et peut-être justement de m'aider à percer quelques-uns de ses secrets !Sat, 08 Mar 2008 13:15:00Irving Brown (1/2)Peu de gens connaissaient son nom... Irving Brown, un nom par ailleurs passe-partout... Et ils étaient encore moins nombreux à savoir ce que faisait exactement cet Américain jovial et bon vivant qui aimait tellement notre cuisine et nos vins qu'il s'est définitivement installé en France et qu'il y est mort.Mais combien de secrets demeurent enfouis à jamais sous la dalle de pierre du cimetière Montparnasse où il repose depuis le 14 juillet 1989 ? Une date symbolique pour cet homme qui appréciait tant notre pays.Sans déflorer le long entretien que Monsieur X m'a accordé, je peux simplement vous dire que Brown a sans doute l'un des personnes-clefs de la Guerre froide... Un acteur présent sur presque tous les fronts mais qui a raté de peu le succès de son camp, et donc de sa vie, c'est à dire la chute du Mur de Berlin et l'implosion de l'Empire soviétique.Homme de l'ombre, espion, manipulateur, Irving Brown, syndicaliste de formation, a été un infatigable commis-voyageur de la propagande occidentale. Ce polyglotte était à l'aise partout où il passait. D'autant qu'il ne venait rarement les mains vides. Mais c'est sans doute en France qu'il a le plus souvent exercé ses talents.Sat, 15 Mar 2008 13:15:00Irving Brown (2/2)Qui était-il vraiment ? Une éminence grise du grand capital, pour reprendre les clichés de l'époque ? Un révolutionnaire fourvoyé ? Ou simplement un personnage supérieurement intelligent qui se jouait des hommes comme d'autres avancent des figurines de bois sur un échiquier ? Sans oublier l'amour immodéré qu'il avait pour nos vins et nos plats en sauce...Irving Brown, citoyen américain et manipulateur de grand talent qui présida dans l'ombre à la naissance du syndicat Force Ouvrière et conduisit à travers toute l'Europe d'obscures manoeuvres contre l'hydre soviétique, rameutant pour son camp d'illustres intellectuels mais n'hésitant pas à s'acoquiner avec d'authentiques gangsters... On va le constater dans ce deuxième épisode consacré à cet ancien syndicaliste américain qui a distribué des millions de dollars directement issus des caisses de la CIA... Première étape, Marseille. Et la lutte féroce pour le contrôle du port !Erratum : Les intervenants parlent du "Congrès pour la liberté et pour la culture", or il s'agit du "Congrès pour la liberté de la culture"Sat, 22 Mar 2008 13:15:00Le TibetCombien de morts ? Des dizaines, des centaines ? La chape de plomb qui pèse sur le Tibet ne permet pas de le savoir. Mais l'explosion qui vient de secouer ce pays colonisé par la Chine est particulièrement emblématique à quelques mois de l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. Car la répression entreprise par la police et sans doute l'armée chinoises remet brusquement en lumière la question tibétaine, trop souvent reléguée dans les oubliettes de l'Histoire.Ces événements récents ont été précédés par plusieurs succès diplomatiques du dalaï lama qui, malgré son exil, demeure le leader politique et spirituel de son pays. En octobre dernier, il a en effet été reçu officiellement à la Maison Blanche par le président états-unien qui, jusque là, ne le rencontrait qu'entre deux portes. Et, auparavant, il avait bénéficié du même accueil en Autriche, en Australie et en Allemagne qui entretiennent pourtant d'excellentes relations commerciales avec la Chine.Il y a aujourd'hui plus de 50 ans que cet immense pays, adossé aux plus hautes montagnes du monde et qui a été au temps de sa splendeur six fois grand comme la France, vit sous la botte chinoise. Depuis, on estime que un million deux cent mille Tibétains ont payé de leur vie cette occupation militaire.Mais le poids politique et commercial de la Chine sur la scène internationale est tel que la plupart des Etats hésitent à prendre le parti de la cause tibétaine. Pourtant, il n'en pas toujours été de même. C'est l'un des secrets les mieux gardés des services de renseignement de Washington.Monsieur X avait déjà ouvert ce dossier il y a quelques années. Il le complète aujourd'hui.Sat, 29 Mar 2008 13:15:00Le règne de la Stasi (1/2)Ce n'était plus du cinéma, mais un cauchemar... Ulrich Mühe avait l'impression que le film continuait ! Mais dans sa propre vie...Peut-être avez-vous vu le formidable film de Florian Henckel, "La vie des autres" ? L'histoire d'un officier de la Stasi, la police politique est-allemande, qui, pour mieux espionner un metteur en scène de théâtre soupçonné de déviationnisme, obtient de son épouse, une actrice, qu'elle participe à la surveillance de son mari et devienne ainsi une auxiliaire de cette même police...Une fiction, oui. Mais nourrie par des exemples bien réels, puisés dans l'histoire de la Stasi. Servi par un solide scénario, une distribution impeccable et une excellente mise en scène, le film a remporté un succès mérité qui lui a aussi valu de triompher à Hollywood en remportant un oscar. Ulrich Mühe lui-même a reçu également cette prestigieuse récompense. Le couronnement d'une vie d'artiste. Et il est vrai qu'on n'oubliera pas de si tôt les yeux bleus et le visage immobile de l'acteur, casque d'écoute sur les oreilles qui essaie de percer les secrets du couple qu'il espionne...Mühe, vous le savez sans doute, est mort soudainement l'an passé. Mais avant de disparaître, il a eu la funeste curiosité de prendre connaissance de son propre dossier conservé dans les archives de la Stasi... Et le ciel lui est tombé sur la tête car il a découvert que selon toute vraisemblance l'actrice talentueuse avec laquelle il a vécu de longues années était une informatrice de la police. Certes, il savait que, comme d'autres personnalités connues, il avait fait l'objet d'enquêtes et d'une surveillance assidue... Mais chez lui, dans son propre foyer, au sein de ce qu'il possédait de plus intime... La femme qui dormait près de lui le trahissait... Le diable était entré chez lui... La vie des autres n'était plus seulement celle de ces millions d'existences que la Stasi scrutait jour après jour... C'était aussi la sienne, violée par des officiers de la Stasi qui devaient ressembler au personnage qu'il venait d'interpréter à l'écran. La fiction se perpétrait dans la réalité.C'est l'occasion pour Monsieur X de jeter un coup de projecteur sur le système de surveillance de la population le plus considérable jamais mis en place par une police et qui, des années après la chute du mur de Berlin, continue à provoquer drames et déchirements chez les citoyens de l'ex-Allemagne de l'Est.Sat, 05 Apr 2008 13:15:00Le règne de la Stasi (2/2)Ouvrir ou ne pas ouvrir ? Tel a été le dilemme des autorités allemandes après la réunification de la RFA et de la RDA... Je veux bien sûr parler des fameuses archives de la Stasi, la police politique de l'Allemagne communiste... Ouvrir représentait un risque certain : celui de plonger le pays à peine réunifié dans de longues et cruelles querelles internes... Certains, du côté des victimes, étant légitimement avides de vengeance et d'autres, parmi les persécuteurs, craignant d'être livrés à la vindicte publique.Mais la question ne se posait pas simplement aux dirigeants de la nouvelle Allemagne : tous les citoyens - et ils étaient des centaines de milliers - qui estimaient avoir été espionnés par la Stasi ne devaient-ils pas avoir peur qu'en compulsant leurs dossiers, ils ne découvrent de pénibles vérités... Comme dans le film "La vie des autres", ne risquait-ils pas d'apprendre que même leurs conjoints les avait trahis au profit de la Stasi ?... Pour d'autres, c'étaient de vieilles amitiés qui s'écrouleraient d'un seul coup... Exactement, comme si un fossé s'ouvrait soudain à leurs pieds et engloutissait des pans entiers de leur passé...Alors, c'est vrai, certains ont hésité tandis que d'autres n'ont pas reculé devant l'épreuve, quitte à affronterSat, 12 Apr 2008 13:15:00Le Sahara OccidentalLa blague circule sous les tentes des nomades sahraouis : "Le jour du Jugement Dernier, aux portes du royaume des cieux, Dieu garde les vertueux et met de côté les mauvais. Reste un groupe d'hommes auxquels il demande de se présenter. "Nous sommes les Sahraouis " répondent-ils - "Ah ! alors installez-vous là avec vos tentes, le temps que je décide de ce que je vais faire de vous "."Comme souvent, sous la plaisanterie, il y a une réalité, le sort de quelques centaines de milliers d'êtres humains qui vivent souvent dans des conditions misérables. Une population africaine qui, pour au moins une partie d'entre elle, ne subsiste que grâce à l'aide internationale dans des camps de fortune installés en territoire algérien.Pour tous ces gens, l'attente est interminable. Mais ils ne voient toujours rien venir tant la solution qui permettrait de soulager enfin leur sort semble impossible. Malgré les négociations, malgré les missi dominici de l'ONU, malgré les armes qui parlent encore dans cette région désolée de l'ouest du Sahara. Et pourtant ce territoire oublié mais convoité préoccupe au plus haut point le monde occidental. Ne serait-ce que parce qu'il est riche de promesses pétrolières et que les Etats-Unis, à tort ou à raison, y voient grossir la menace d'Al-Qaïda.Sat, 19 Apr 2008 13:15:00La Pologne (1/2) : 1980, SolidarnoscQuel symbole ! L'image même de la dictature ! Ce visage fermé, toujours désespérément impassible et surtout ces lunettes noires qui enfermaient le regard et lui interdisaient toute expression ! Un visage au garde-à-vous ! Comme son propriétaire : le général Wojciech Jaruzelski, dictateur polonais à la retraite qui, malgré son état de santé chancelant et plusieurs procès, n'en a pas encore fini avec la Justice de son pays... Cependant on sait depuis Pinochet que les dictateurs ont une manière bien particulière d'échapper aux poursuites judiciaires... Mais au reste, Jaruzelski est-il vraiment coupable ? Et de quoi ?Depuis l'effondrement de l'Empire soviétique, la question fait débat... Le général Jaruzelski, en décrétant la loi martiale en décembre 1981, n'a-t-il pas épargné à la Pologne une intervention de l'Armée rouge ? Et les Polonais ne devraient-ils pas lui être reconnaissants de leur avoir évité une occupation militaire et étrangère qui aurait été, à coup sûr, beaucoup plus sanglante que la dictature qu'il a imposée pour juguler l'irrésistible ascension du syndicat Solidarnosc, Solidarité en français ? A moins, bien sûr, que la menace soviétique n'ait été qu'un formidable bluff destinée à justifier la loi martiale...Monsieur X répond à ces questions et à bien d'autres - comme par exemple l'importance réelle de l'action du pape Jean-Paul II tout au long de ces années cruciales pour la Pologne mais aussi pour le destin de toutes les démocraties populaires. Un détail, toutefois, avant d'écouter mon interlocuteur : Jaruzelski, l'homme au visage de cire, ne porte pas des lunettes noires pour se dissimuler mais pour protéger ses yeux brûlés par la réverbération de la neige de Sibérie lorsque sa famille et lui-même ont été envoyés au Goulag au début de la Seconde Guerre Mondiale !Sat, 26 Apr 2008 13:15:00La Pologne (2/2) : décembre 1981, l'état de guerreIls ont été les premiers ! Mais il faudra encore attendre neuf ans avant que le mur, miné par ces pionniers, ne finisse par s'écrouler tout entier... Mais, pendant cinq cents jours, en 1980-81, les Polonais ont pu croire qu'ils avaient gagné et que la brèche qu'ils avaient creusée ne pourrait plus jamais être refermée. Cinq cents jours de liberté et d'euphorie après des décennies de grisaille... Et puis soudain le retour de bâton et la loi martiale imposée par un général aux lunettes fumées. Mais Wojciech Jaruzelski, en imposant la dictature militaire, n'avait-il pas épargné le pire à son pays ? Le pire, c'est à dire une intervention des blindés de l'Armée rouge ! Comme à Berlin en 1953, comme à Budapest en 1956 ou à Prague en 1968... La question fait toujours débat.La controverse est d'autant plus brûlante qu'on sait aujourd'hui que, grâce à des informations recueillies à la meilleure source, les leaders syndicaux de Solidarité, mais aussi les puissances occidentales, n'ignoraient rien des desseins les plus secrets des dirigeants communistes. Bref, n'a-t-on pas assisté de part et d'autre à une sorte de double-jeu ?La réponse de Monsieur X dans un instant. Déjà, dans la première partie de cet entretien, il a décrit la montée en puissance de l'opposition polonaise... Une contestation en partie orchestrée, au moins au début, par une Eglise catholique aiguillonnée par l'élévation au pontificat de Jean-Paul II, premier pape slave de l'Histoire. Mais derrière, il y avait aussi toute une cohorte d'intellectuels et d'ouvriers qui ont courageusement et pacifiquement construit un mouvement unique dans le monde clos de l'ex-Empire soviétique !Sat, 03 May 2008 13:15:00Dominique Erulin ou l'obsession de la Cellule antiterroriste de l'ElyséeOn l'appelait " le syndrome Salvador Allende "... Au moins dans les milieux élyséens. La crainte que le président socialiste François Mitterrand élu en 1981 ne soit un jour victime d'une opération semblable à celle qui avait précipité la fin du président chilien... C'est à dire un complot d'extrême droite...Dans le cas d'Allende, on le sait, c'est essentiellement la CIA qui a inspiré et coordonné le putsch qui a permis à Pinochet d'éliminer le président socialiste régulièrement élu. En France, malgré l'inquiétude suscitée à la Maison Blanche par l'arrivée au gouvernement de ministres communistes, il ne semble pas que la centrale états-unienne ait imaginé une telle opération. Il n'empêche que dans l'entourage du président français, au début du premier septennat, on a cultivé et nourri cette peur.La meilleure preuve en est fournie par une affaire extravagante, celle d'un ancien légionnaire, Dominique Erulin, qui a été l'objet de toutes les attentions de certains services de police et, en particulier, de la fameuse cellule antiterroriste de l'Elysée.Si Monsieur X a consacré à ma demande ce nouvel entretien à cette sombre histoire, c'est que le nom d'Erulin est apparu la semaine passée lorsqu'il m'a parlé d'Ante Gotovina, général croate, jugé aujourd'hui pour crime de guerre par le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie. Ancien caporal-chef de la Légion étrangère, soupçonné dans plusieurs dossiers de gangstérisme et de trafic d'armes, Gotovina a en effet été l'un des plus proches amis d'Erulin et a partagé plusieurs de ses aventures.Sat, 17 May 2008 13:15:00La Révolution Culturelle chinoise (1/2)C'était un signe important. Encore fallait-il être capable de l'interpréter ! Le 10 juillet 1966, Mao Zedong se jette à l'eau : au sens propre comme au sens figuré ! Ce jour-là le dirigeant chinois, 72 ans, a choisi de se baigner dans le grand fleuve Yang Tsé... Porté par le courant, il nage sur une distance d'une quinzaine de kilomètres, accompagné par ses fidèles et au milieu d'une véritable flottille de petits bateaux où ont pris place photographes et opérateurs des actualités filmées...Les images retransmises par la télévision chinoise font sensation : le président Mao vient de donner une preuve éclatante de sa bonne santé. Et certains thuriféraires n'hésiteront pas à affirmer que le numéro un chinois a nagé à une allure de champion olympique... Peu de gens ont encore compris mais ce bain symbolique est le point de départ d'un phénomène inédit et qui restera longtemps mystérieux pour l'Occident : la Révolution culturelle ! Une vague irrépressible qui déferle sur tout le pays, déchaîne l'enthousiasme de la jeunesse, bouscule tout sur son passage et cause la mort de centaines de milliers, sinon de millions de Chinois.Car Mao Zedong est de retour... Et il entend le montrer de façon spectaculaire. Une résurrection politique inattendue qui se traduit par une révolution dans la révolution ! Nul n'est à l'abri : les têtes tombent, les potentats sont chassés et humiliés, les statues sont brisées... Mao l'a dit : sans destruction, il n'y a pas de reconstruction possible !A quelques semaines de l'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin et alors que le Tibet vient d'être frappé par la répression, Monsieur X tente de décrypter cette très étrange Révolution culturelle qui a bouleversé pendant au moins quatre ans le pays le plus peuplé du monde !Sat, 24 May 2008 13:15:00La Révolution Culturelle chinoise (2/2)Il fallait écraser les vieilleries, mettre le feu à la plaine, détruire pour mieux reconstruire... Les expressions imagées ne manquent pas pour symboliser la Révolution culturelle chinoise. Un événement inouï dans un pays qui était communiste depuis moins de vingt ans. Car tout s'est passé comme si le parti communiste chinois s'était dévoré lui-même... Ce mouvement d'une violence inattendue a en effet surgi au sein même des instances communistes. Et c'est Mao Zedong en personne qui a donné l'impulsion originale et qui a ensuite tenté de contrôler tant bien que mal le cours de ce torrent qu'il avait lui-même libéré...En fait, c'est ce que nous a dit Monsieur X la semaine passée, sous les apparences de Grand Guignol souvent prises par la Révolution culturelle, il s'est agi essentiellement d'une banale lutte pour le pouvoir. En effet, contre toute attente, Mao, le Grand Timonier, le père de la Révolution de 1949, avait été peu à peu mis à l'écart, payant ainsi ses erreurs et d'abord celle du Grand Bond en avant, une initiative révolutionnaire destinée à galvaniser les énergies mais qui a condamné à la famine des millions de Chinois...Symboliquement retiré à Shanghai, remplacé à la tête de l'Etat par Liu Shaoqi, son dauphin, Mao ronge son frein et prépare son retour. Pour réussir son coup d'Etat - car c'est bien de cela qu'il s'agit - il s'appuie sur l'armée noyautée par Lin Biao, les forces de sécurité du redoutable Kang Sheng, le maître des services secrets, et surtout sur l'exaltation de la jeunesse ! Une classe d'âge frustrée qui, n'ayant pas connu la ferveur de la Révolution de 1949, a soif de reconnaissance et d'héroïsme et voue un véritable culte au Grand Timonier...Un dernier mot avant d'écouter la suite du récit de Monsieur X : l'adjectif " culturel " ne doit pas faire illusion. Si cette révolution est culturelle, c'est qu'elle a commencé par la critique virulente d'une médiocre pièce de théâtre autorisée par les autorités de Pékin. Un prétexte brandi par la sinistre " Bande des Quatre " pour mettre en cause les dirigeants en place et les traîner dans la boue... En plein accord avec Mao, bien évidemment !Sat, 31 May 2008 13:15:00Les Maos français : La Gauche Prolétarienne (1/2)"Ce fut une divine surprise !" Ainsi est apparu après coup l'éruption de Mai 68 aux futurs dirigeants de la Gauche prolétarienne, ceux qu'on allait appeler les " maos ", en raison de leur attachement à la Chine de Mao Zedong, celle de la Révolution culturelle dont nous avons parlé la semaine passée... Oui, une divine surprise, car ce qui s'est déroulé au cours de ce printemps échappait à leurs constructions théoriques. C'est si vrai que beaucoup d'entre eux ont failli passer à côté de l'événement et que ces gauchistes ont souvent pris le train en marche et se sont ralliés tardivement à cette révolution de petits-bourgeois, comme ils la considéraient à ses débuts.Et pourtant, c'est Mai 68, dont on vient de célébrer le quarantième anniversaire, qui va permettre aux maos d'émerger sur la place publique et d'occuper le terrain politique à la gauche de la gauche pendant plusieurs années... Une curieuse et parfois tragique aventure où la violence l'a disputé au mysticisme. Où la fidélité aux principes maoïstes a atteint des sommets d'aveuglement et où une bonne partie de l'intelligentsia française a sombré dans un culte aussi enthousiaste qu'incompréhensible...Toutefois, et c'est toujours une interrogation qui demeure, cette fièvre révolutionnaire n'a pas débouché sur une dérive sanglante comparable à celle des Brigades rouges italiennes ou de la Fraction armée rouge allemande...Pourquoi?Sat, 07 Jun 2008 13:15:00Les Maos français : la Gauche Prolétarienne (2/2)Ce fut un tournant dans l'histoire du maoïsme à la française : la mort en 1972, aux portes d'une usine Renault, d'un jeune ouvrier, Pierre Overney. Un tournant, oui, exactement comme si la mort n'avait jamais été envisagée dans ce grand jeu social qui, depuis la fin de mai 68, opposait des jeunes gens révoltés et sincères aux gardiens de l'ordre !La mort ! Soudain, pour les maos comme pour leurs supporters membres de la fine fleur de l'intelligentsia française, quelque chose a changé... Quelque chose qui pourrait s'appeler la responsabilité.Monsieur X a entrepris la semaine passée de raconter cette histoire née du foisonnement de mai 68 lorsqu'une poignée de brillants élèves de l'Ecole normale supérieure a découvert que le soleil se levait à l'extrême-est... A l'ombre du grand Mao Zedong qui venait de lancer deux ans plus tôt la Révolution culturelle, un formidable coup de pied dans la fourmilière communiste chinoise. Paradoxe, c'est au moment même où ce grand chambardement se termine en Chine et où les Gardes rouges vont être victimes d'une terrible et sanglante répression que ces intellectuels s'entichent du modèle maoïste ! Il en résulte la création d'une organisation, la Gauche prolétarienne, et toute une série d'initiatives originales dont la moindre n'est pas l'établissement, c'est à dire l'immersion dans le monde du travail... Pour être au plus près des réalités de la condition ouvrière !Et c'est justement dans une usine que le drame a surgi !Sat, 14 Jun 2008 13:15:00Le massacre de Beslan, septembre 2004Ce fut le fait divers de tous les superlatifs... La prise d'otages la plus importante jamais effectuée, mais aussi la plus meurtrière... Le plus grand nombre d'enfants tués au cours d'une telle opération. Mais également une pagaille et un manque de coordination rarement observés... Il faudrait encore évoquer les moyens disproportionnés employés par les forces de l'ordre pour réduire une prise d'otages : des chars, des bazookas, des lance-flammes, alors que des centaines d'enfants risquaient de périr au cours de l'assaut... Et enfin un terrible bilan : 331 civils tués dont 186 écoliers et également une grosse dizaine de membres de forces de l'ordre...Vous avez sans doute reconnu la tragédie de Beslan en septembre 2004... Une affaire confuse et qui reste à bien des égards encore très mystérieuse. C'est en tout cas l'avis de Monsieur X...Cependant, avant de l'écouter, je vous propose quelques lignes de la journaliste Yulia Yuzik, auteur d'un ouvrage bouleversant, "Requiem pour Beslan" :"La tragédie de Beslan c'est quand des millions d'hommes et de femmes adultes ont regardé pendant plusieurs jours sur tous les écrans de télévision du monde mourir des enfants. Tuer des enfants. Toute une école. Et personne n'est devenu fou. Beslan c'est quand on a appris aux enfants à boire leur urine au lieu de boire de l'eau. Beslan c'est quand on a appris aux enfants à dormir dans une flaque de sang... tout ce qu'il restait d'un père assassiné. Beslan c'est quand on a enseigné la haine au lieu de l'amour... Beslan, c'est... Beslan, c'est un degré de plus vers l'enfer. C'est notre monde révélé à des yeux étonnés d'enfants qui ont découvert qui nous sommes en réalité..."Sat, 21 Jun 2008 13:15:00Le Front de Libération du Québec" Vive le Québec libre ! " Personne, et surtout pas au Canada, n'a oublié la retentissante conclusion du discours du général de Gaulle prononcé au balcon de la mairie de Montréal... Comme un cri du coeur !C'était en 1967. Et le voyage triomphal du président français au Québec avait fait sensation et allait durablement pesé sur l'évolution politique du Canada et de la " Belle province ", comme on dit outre-atlantique. Encouragement aux sécessionnistes québécois, ingérence inacceptable dans les affaires d'un Etat étranger. Ou réparation de la faute commise au XVIII° siècle lorsque Louis XV a abandonné à l'Angleterre nos compatriotes installés au Canada ?... Quoi qu'on en pense, le coup d'éclat du général n'a pas laissé indifférent. Et ce n'est peut-être pas un hasard si trois ans plus tard, les indépendantistes du FLQ, le Front de Libération du Québec, sont passés à la vitesse supérieure et ont même assassiné un ministre qu'ils avaient préalablement enlevé.Et que penser de cette affaire mystérieuse et jamais résolue ? Le meurtre, en 1971, dans la banlieue parisienne, de l'un de ces militants québécois, un fléquiste, ainsi qu'on dit là-bas. Des militants qui, après la spectaculaire sympathie pour leur cause exprimée par le général, ont rejoint Paris.Mais qui pouvait avoir intérêt à tuer ce jeune homme exilé chez nous ? Etait-il dangereux ? Ou avait-il trahi ces amis séparatistes ? Ou encore, détenait-il des documents importants dont on voulait s'emparer ? Et pourquoi a-t-il été assassiné quelques jours avant la visite en France du Premier ministre canadien ?Monsieur X ouvre cet étrange dossier : l'affaire Mario Bachand !Sat, 28 Jun 2008 13:15:00Mexico, octobre 1968 : le massacre de TlatelolcoPersonne n'a oublié cette image : deux poings noirs et gantés de cuir dressés contre le ciel. Les poings vengeurs de deux athlètes états-uniens, Tommie Smith et John Carlos, montés sur le podium olympique de Mexico et qui, arborant le symbole du Black Power au moment même où retentit leur hymne national, entendent ainsi dénoncer la condition des Noirs. Une attitude qui fait scandale dans le petit monde des dirigeants de l'olympisme, peu habitué à affronter de telles manifestations intempestives. Mais un geste, aussi spectaculaire soit-il, qui ne parvient pas à effacer le drame qui a ensanglanté Mexico deux semaines plus tôt et a d'ailleurs failli entraîner l'annulation de ces jeux de 1968. Un massacre ! Deux cents manifestants étudiants, peut-être même trois cents ou plus, tombés sous les balles des soldats au cours d'une interminable fusillade sur la place des Trois Cultures, dite aussi place Tlatelolco. Un lieu parfaitement symbolique car les Aztèques y ont mené leur dernier combat avant d'être exterminés par les conquistadors.Pourquoi ce massacre d'étudiants ? Qui l'a ordonné ? La prochaine tenue des Jeux olympiques ex-plique-t-elle cette féroce répression ? Y a eu-t-il des provocations ? Et enfin le grand voisin nord-américain a-t-il joué un rôle dans cette affaire ?Sat, 05 Jul 2008 13:15:00Les ballets rosesC'est une petite phrase qui a attiré mon attention. Je l'ai trouvée dans un livre au titre énigmatique, "Je ne sais rien... Mais je dirai presque tout." Son auteur, Yves Bertrand a été le patron des Renseignements généraux pendant douze ans, de 1992 à 2004. Autant dire que cette longévité exceptionnelle en a fait l'homme le mieux informé de France. Le plus informé et aussi le plus redoutable ! Quels secrets cachait-il ? Quelles informations confidentielles détenait-il ? Quels dossiers explosifs gardait-il sous le coude ? C'est dire combien d'hommes politiques pouvaient légitimement le craindre !Alors cette petite phrase... N'allons pas trop vite ! comme dirait Monsieur X. Yves Bertrand a fait toute sa carrière dans cette véritable police politique que constitue le service des Renseignements généraux. Il a certainement eu accès à des dossiers établis avant même son engagement. Et c'est ainsi qu'il donne son sentiment - et c'est forcément proche de la vérité - sur une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre dans les commencements de la V° République. Une affaire que vous ne connaissez peut-être pas ou que vous avez oubliée mais qui a donné naissance à une célèbre expression maintes fois reprise : les " Ballets roses ". C'est à dire une affaire de pédophilie qui a secoué le monde politique et le Tout-Paris et qui a définitivement compromis la réputation d'un homme qui, au moment des faits, était le deuxième personnage de la République... Mais, première question, pourquoi André Le Troquer a-t-il été le seul homme politique à être poursuivi ? Et, deuxième question, n'a-t-il pas été victime d'une machination ?C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X de se pencher sur ce dossier sulfureux, un dossier dont il se souvenait parfaitement.Sat, 12 Jul 2008 13:15:00Le Brésil (1/2) : avril 1964, putsch militaireOn l'a appelé le " pays-continent ". 15 fois grand comme la France et aujourd'hui peuplé de 180 millions d'habitants. Le Brésil. Le pays du président Lula... Un géant économique et démographique qui ne cesse de progresser. Un Etat au passé troublé qui, ainsi que de nombreux autres pays de la région, a connu une longue dictature.Certes, les généraux brésiliens ont eu la main moins lourde qu'un Pinochet ou un Videla. Il n'empêche que des centaines de personnes ont disparu et que l'armée a torturé et assassiné. Une armée qui, même après avoir réintégré ses casernes, a longtemps inspiré une grande méfiance et n'a toujours pas répondu de ses crimes ni manifesté des regrets pour son action passée. Et ce n'est qu'en 2007 que l'Etat brésilien a reconnu officiellement sa responsabilité dans les exactions commises sous la dictature. Et il reste, selon le président Lula, une blessure toujours ouverte : la localisation des dépouilles des victimes. Une recherche macabre qui risque de durer très longtemps. Mais c'est sans doute à ce prix que le Brésil se réconciliera définitivement avec son douloureux passé.Mais il faudra aussi faire la lumière sur la mort mystérieuse de deux anciens présidents de la République, sur l'implication des Etats-Unis dans les affaires brésiliennes et même, selon Monsieur X, sur la responsabilité de quelques officiers français, devenus maîtres ès-torture, après la Guerre d'Algérie.Sat, 26 Jul 2008 13:15:00Le Brésil (2/2) : 1964-1985 : la dictature" Je vous adresse mes voeux les plus chaleureux... " Tel était le premier télégramme de félicitations qu'a reçu le général Humberto Castello Branco après le succès de son putsch. Un télégramme signé par la président américain Lyndon Johnson qui exprimait ainsi sans détour sa satisfaction d'être enfin débarrassé d'un dirigeant brésilien qui en prenait trop à son aise et mésestimait ses rapports avec le grand allié nord-américain.C'était au tout début 1964. Le président Goulart venait d'être débarqué par son armée. Un épisode presque banal au Brésil où les généraux intervenaient fréquemment dans les affaires publiques mais regagnaient aussitôt leurs casernes après avoir placé un civil au pouvoir... A la différence près que ces militaires putschistes de 1964 ne comptaient nullement s'effacer et resteraient vingt ans à la tête du pays. Vingt ans de dictature et d'exactions diverses : assassinats, emprisonnements arbitraires, tortures, etc. Même s'il faut reconnaître que les généraux brésiliens ont eu plutôt la main moins lourde que, par exemple, leurs homologues chiliens ou argentins...Monsieur X propose d'abord un petit retour en arrière sur les circonstances de ce " golpe " comme on dit en Amérique du Sud...Sat, 02 Aug 2008 13:15:00L'affaire Boyce/Lee" Le faucon et le bonhomme de neige " ! Ainsi ont-ils été appelés par la presse populaire et même par Hollywood qui a tiré un film de leur curieuse et sulfureuse histoire... Le " faucon ", tout simplement parce que Christopher Boyce pratiquait la chasse au faucon... Et le " bonhomme de neige " car Andrew Lee, pour son malheur et celui de son ami, faisait une grande consommation de cocaïne. Deux jeunes Américains compromis dans une affaire d'espionnage qui les dépassait et qui a permis plus tard de jeter une lumière crue sur les pratiques des services secrets états-uniens... A commencer par la puissante NSA, la plus importante agence de renseignement aux Etats-Unis qui regrouperait - même si le chiffre est tenu secret - des dizaines de milliers d'employés. C'est en particulier la NSA qui a mis en place le fameux réseau Echelon, Une gigantesque toile d'araignée électronique qui permet en principe d'intercepter les communications dans le monde entier : fax, internet, téléphone. Même les échanges cryptés n'échappent pas à la curiosité de la NSA et de ses ordinateurs superpuissants.Toutefois, dans les années 70, lorsque le faucon et le bonhomme de neige vont, bien malgré eux, faire la une de l'actualité, on ignore encore tout de ce réseau qui se met peu à peu en place dans le plus grand secret.Sat, 09 Aug 2008 13:15:00L'Armée Rouge JaponaiseElles s'appelaient " Mademoiselle Neige " ou " Mademoiselle Pleine lune "... Elles étaient belles, délicates, élégantes, raffinées. C'étaient pourtant de redoutables terroristes qui ont longtemps tenu en haleine les polices du monde entier. Et " Neige ", qu'on nommait aussi " la Reine rouge ", n'a été arrêtée qu'en l'an 2000, après 30 ans de clandestinité.Toutes deux, et bien d'autres, étaient des militantes du Nihon Sekigun, c'est à dire l'Armée rouge japonaise, une organisation révolutionnaire qui, à partir du début des années 70 a perpétré des dizaines d'opérations terroristes de toutes natures.Comme les Brigades rouges italiennes, la Fraction armée rouge allemande et dans une moindre mesure Action directe en France ou les Cellules communistes combattantes en Belgique, l'Armée rouge japonaise est née des révoltes étudiantes de mai 68. Un mouvement de contestation inspiré par le marxisme, qui a traversé les continents, puisque, aux Etats-Unis aussi les campus ont flambé.Mais, au Japon, à cause des traditions locales et également d'un passé récent particulièrement violent, cette rébellion a pris un caractère original et internationaliste... C'est ce qui a surtout retenu l'attention de Monsieur X. Cela et l'histoire si étrange de Fusako Shigenobu, cette terrible Reine rouge...Sat, 23 Aug 2008 13:15:00Le L.S.D. et la C.I.A.C'est le rêve de tous les services de renseignement : détenir enfin une drogue ou un système qui permettent d'obtenir d'un individu la vérité. La vraie vérité, si j'ose dire. Plus de mensonge possible ! Plus de faux-fuyants, plus de truquage ! La vérité, rien que la vérité... Certes, il existe ce que l'on appelle à tort le sérum de vérité, c'est à dire le penthotal... Mais il n'est pas complètement fiable. Quant au détecteur de mensonges qui mesure les émotions d'un sujet que l'on interroge il n'est pas sûr à 100%. Et des services secrets, tels que le KGB, ont même entraîné leurs agents envoyés à l'étranger à passer avec succès l'épreuve du détecteur de mensonges... Et puis, malheureusement, vieille comme le monde, il y a la torture. Mais là encore, aussi sophistiquée et cruelle soit elle, certains individus résistent. Et même s'ils avouent, leurs tortionnaires ne pourront jamais être convaincus de leur totale sincérité...Alors on cherche toujours la substance miracle, celle qui permettrait à coup sûr de confondre les espions et de faire par exemple le tri entre les vrais et faux transfuges.Si tous les services de renseignement qui comptent ont effectué ce genre de recherches, les Américains, CIA et armée, ont été particulièrement en pointe et ont procédé à de très nombreuses expérimentations sur l'homme. Et parfois clandestinement, à l'insu des cobayes utilisés. Mais, ce qui est encore plus curieux, c'est que ces recherches sont à l'origine de la grande vague contestataire qui va submerger la jeunesse états-unienne dans les années 60. Hippies, baba-cools, femme-fleurs viennent en effet de découvrir le LSD, une drogue nouvelle tout juste sortie des laboratoires de la CIA.Sat, 30 Aug 2008 13:15:00La GéorgiePoutine en rêvait, Saakachvili le lui a accordé... Ainsi pourrait-on résumer grossièrement les derniers événements de Géorgie qui amorcent peut-être l'émergence d'une nouvelle guerre froide !Alors ce rêve de Vladimir Poutine ? Il tient tout entier dans cette ancienne déclaration du président russe devenu aujourd'hui Premier ministre mais qui demeure toujours l'homme fort de son pays : " L'éclatement de l'URSS a été la plus grande tragédie que mon pays a vécu. " Un aveu qui explique la politique russe dans le Caucase. Car Poutine, en accord avec une large majorité de ses concitoyens, n'a toujours pas accepté que l'implosion de l'Empire soviétique ait ruiné l'oeuvre colonisatrice de la Russie traditionnelle. Des regrets d'autant plus amers que dans tous les Etats issus de ce démembrement les Américains taillent des croupières aux Russes et essaient de s'imposer, tant politiquement qu'économiquement.C'est pourquoi l'initiative du président géorgien Saakachvili en Ossétie du Sud a été pain bénit pour Poutine qui a aussitôt lancé ses troupes en Géorgie sous le prétexte de venir au secours des Ossètes... Une revanche qui préfigure peut-être d'autres reconquêtes...J'ai donc demandé à Monsieur X de décrypter cette actualité qui a dominé le mois d'août... Une actualité qui a aussi une forte odeur de pétrole et de gaz !Sat, 06 Sep 2008 13:15:00Le Niger (1/2)On les appelle " les hommes bleus "... Et leur seule apparence fait rêver tant ils respirent un parfum d'aventure. Visages dissimulés derrière leur chèche, ces seigneurs du désert, guerriers mythiques des sables, ont toujours enflammé les imaginations... Et d'abord à cause de la singularité de leur existence. Nomades, indépendants, faisant fi des frontières, ils semblaient appartenir de toute éternité à un monde légendaire. Mais la réalité les a cruellement rattrapés. Les Touareg d'aujourd'hui sont souvent les oubliés d'une société en recomposition qui n'a que faire de ces marginaux dont la seule patrie est le désert !Pire, certains, et parmi eux des ethnologues de renom, estiment qu'il faut en finir avec les mythes et que les " hommes bleus " doivent abandonner leur nomadisme et leurs moeurs archaïques pour entrer de plain pied dans l'ère moderne. Et donc renoncer à ces rébellions absurdes qui les opposent aux gouvernements en place. Pour d'autres, au contraire, il existe une nation touarègue qui doit être reconnue en tant que telle et doit bénéficier d'une réelle représentation dans les Etats où ils vivent.C'est en particulier le cas au Niger où un conflit meurtrier embrase de nouveau depuis février 2007 tout le nord du pays sur fond de guerre de l'uranium. Monsieur X s'est penché sur ce dossier où se joue une partie du destin de l'Afrique !Sat, 13 Sep 2008 13:15:00Le Niger (2/2)Des Touareg, un voisin très, trop remuant, la Libye, et de l'uranium, beaucoup d'uranium : voilà comment on peut résumer les trois questions les plus brûlantes du petit Niger, petit par la population, grand par l'espace... Trois questions auxquelles il faut ajouter celle-ci : une extrême pauvreté qui vaut à ce pays d'être classé au dernier rang mondial du développement par les instances internationales, alors même qu'il possède un très riche sous-sol... Mais il y a aussi la sécheresse qui accable régulièrement le Niger et affame ses populations les plus vulnérables, c'est-à-dire d'abord les centaines de milliers de nomades qui vivent dans les zones désertiques du Sahel et du Sahara...Depuis l'indépendance acquise en 1960, la France a toujours surveillé de près son ancienne colonie, ne serait-ce que parce qu'elle y contrôle la production de l'uranium nécessaire au fonctionnement de ses centrales nucléaires et à la fabrication de son arsenal atomique... Mais des intrus venus de Pékin ont commencé à mettre en cause ce monopole, de même intéressés par le pétrole prêt à jaillir en quantité dans la région, une nouvelle calamité pour le Niger. D'autre part - c'était l'essentiel du propos de Monsieur X la semaine passée - le Niger doit composer avec une population nomade impatiente qui revendique sa différence et réclame des droits... Une composante ethnique qui a souvent été le jouet du voisin libyen, toujours prêt à fomenter des troubles dans le pré carré français...En 1985, pour la première fois, les armes parlent lors d'un grave incident qui oppose un commando Touareg aux forces nigériennes... La situation se tend un peu plus. Le calme ne reviendra plus jamais et le Niger doit aujourd'hui faire face à une vraie rébellion dans un contexte international de plus en plus sensible : les Etats-Unis considérant aujourd'hui que le Sahara est un nouveau sanctuaire du terrorisme islamique... Et donc d'Al-Qaïda !Sat, 20 Sep 2008 13:15:00Magda et Günter Quandt (1/2)Comment et pourquoi sont-ils passés à travers les gouttes ? La question demeure mystérieuse, encore aujourd'hui... Je veux parler ici des Quandt, une des familles d'industriels allemands parmi les plus riches mais aussi les plus discrètes... Et il suffira que je vous dise que les Quandt possèdent la moitié des actions de BMW pour que vous compreniez quelle place ils occupent en Allemagne ! BMW, la firme prestige, le fleuron de l'industrie allemande, une entreprise dont les automobiles sentent bon le luxe, le cuir et le bois précieux...Oui, mais voilà : à la fin de l'année dernière, deux documentaristes allemands jettent un vrai pavé dans la mare ! Le film qu'ils ont réalisé pour la télévision révèle le passé nazi des Quandt. Et donc l'origine d'une partie de la fortune familiale !Certes, la plupart des grands industriels allemands ont été favorables à Hitler et l'ont soutenu activement tout en profitant du système concentrationnaire des nazis... Certains, les moins nombreux, ont payé après guerre... D'autres ont été beaucoup plus tard contraints de reconnaître leurs fautes et ont essayé de réparer ce qui pouvait encore l'être. Mais les Quandt, eux, avaient jusque là échappé à tout acte de contrition... C'est pourquoi ce film, d'abord programmé dans la plus grande discrétion, a fini par faire scandale outre-Rhin, obligeant même la famille à charger un historien de faire la lumière sur son passé. Une affaire d'autant plus troublante qu'on y croise une des figures les plus sulfureuses de la saga criminelle nazie, Magda Friedländer, épouse de Gunther Quandt avant de devenir celle de l'âme damnée du Führer, Joseph Goebbels !Sat, 27 Sep 2008 13:15:00Magda et Günter Quandt (2/2)Pendant des dizaines d'années, ils ont cru échapper au passé... Et puis, soudain, il a suffi de la simple diffusion d'un film de télévision pour que le scandale éclate... Les Quandt, propriétaires entre autres de la firme BMW, doivent aujourd'hui faire face : leur famille, comme d'autres grandes familles d'industriels allemands, a bâti une partie de sa prospérité sur les monstruosités nazies...D'ores et déjà, les Quandt ont annoncé qu'un historien sera chargé d'examiner les archives familiales et de faire la lumière sur les liens tissés entre leur entreprise et le régime nazi. Des liens très anciens qui, c'est ce qu'a affirmé Monsieur X la semaine passée, doivent beaucoup à une très jolie femme, Magda, épouse de Gunther Quandt avant de devenir celle du ministre de la Propagande d'Adolf Hitler, Joseph Goebbels ! Magda qui, dans une première vie, s'est appelée Friedländer, du nom juif de son beau-père, et a aussi connu un premier grand amour avec un certain Victor Arlosoroff, futur dirigeant sioniste...Alors, je vous propose de retrouver le récit de Monsieur X au moment où celui-ci raconte comment au tout début des années 30, Magda Quandt, riche et belle divorcée, est subjuguée par l'orateur Goebbels et adhère sans restriction à l'idéologie nazie !Sat, 04 Oct 2008 13:15:00L'affaire Mécili"La démocratie s'arrête là où commence l'intérêt de l'Etat !" La phrase est signée Charles Pasqua. Et justement, dans le dossier que Monsieur X ouvre aujourd'hui, il va beaucoup être question de Charles Pasqua, alors qu'il était ministre de l'Intérieur du premier gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac.André Mecili était un avocat français d'origine algérienne. En 1987, Il a été assassiné sur le sol français et le tueur, rapidement identifié par la police, a été expulsé en urgence absolue vers Alger. Exactement comme si Paris ne voulait pas s'impliquer dans une af-faire algérienne ! Ou plutôt exactement comme si la France ne voulait pas contrarier l'Algérie avec laquelle elle entretient des rapports aussi houleux que passionnels.Pendant plus de vingt ans, et malgré les efforts incessants de la veuve de Mecili, le dossier de ce crime d'Etat - car c'est bien de cela qu'il s'agit - n'a guère progressé. La Justice ne s'est pas hâtée et a même, à plusieurs reprises, essayé d'enterrer purement et simplement l'affaire. En octobre 1992, par exemple, la Cour d'appel de Lyon juge irrecevable la plainte d'Annie Mécili au motif qu'elle ne saurait prétendre avoir personnellement souffert de préjudice ! Et, bien sûr, aussitôt après, le juge d'instruction prononce un non-lieu.Mais, enfin, cet été, l'affaire rebondit de façon spectaculaire : un certain Hasseni est appréhendé à l'aéroport de Marseille. C'est lui, ancien officier de la Sécurité militaire algérienne, qui aurait peut-être payé le tueur !Monsieur X qui avait déjà évoqué cette affaire il y a plusieurs années rend compte des derniers développements et rappelle les faits...Sat, 11 Oct 2008 13:15:00Le complot de la ricineOn l'a appelé " le complot de la ricine " ! La ricine, un poison végétal extrêmement dangereux, extrait de la graine de ricin, qui tue s'il est ingéré, inhalé ou injecté. Car cette substance provoque une défaillance des organes vitaux et on ne lui connaît aucun antidote...Le ricin a d'abord fait parler de lui dans l'Italie fasciste. Les séides de Mussolini utilisaient en effet son huile, un puissant purgatif, pour humilier leurs adversaires politiques. Mais c'est pendant la Guerre froide qu'on évoque à nouveau le ricin et la toxine qu'on tire de sa graine : les deux victimes du fameux parapluie bulgare ont en effet été empoisonnées avec de la ricine. Et l'une d'entre elles, un Bulgare réfugié en Grande Bretagne, en est morte.Mais c'est après le 11 septembre 2001 que la ricine va faire, si j'ose dire, sa véritable entrée dans le domaine public ! En effet, et presque simultanément, aux Etats-Unis, en Angleterre et aussi en France, il se dit que Al-Qaïda prépare des attentats à la ricine... La petite graine de ricin est soudain devenue une ADM, une arme de destruction massive ! Et la presse britannique de s'enflammer : après la découverte d'une cellule terroriste islamiste susceptible de fabriquer de la ricine, un tabloïd titre : " 25.000 d'entre nous auraient pu mourir ! "Et ce n'est certainement pas un hasard si seulement quelques semaines plus tard, les Etats-Unis et la Grande Bretagne se lancent à l'assaut du régime de Saddam Hussein. Monsieur X nous aide à comprendre et décortique cet étrange complot de la ricine !Sat, 25 Oct 2008 13:15:00Le génocide rwandais et la FranceLa France est-elle coupable ? Directement ou indirectement, porte-t-elle une responsabilité dans le drame rwandais de 1994, un génocide qui a causé au bas mot la mort de huit cent mille personnes... Peut-être même un million... La question est récurrente depuis de nombreuses années et ici-même nous en avons déjà parlé avec Monsieur X... Mais, au beau milieu de l'été dernier, l'affaire a rebondi de façon spectaculaire avec la parution d'un gros rapport rédigé à l'initiative du gouvernement rwandais. Un véritable réquisitoire contre l'action de la France et des accusations extrêmement graves qui, de l'avis des meilleurs spécialistes du dossier, ne peuvent pas être traitées par le mépris et mises simplement sur le compte de la rancoeur et de la revanche. Ce document de plus de trois cents pages fourmille en effet de témoignages très précis et relate des faits difficilement contestables.C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X d'ouvrir à nouveau ce douloureux dossier. Un mot auparavant : en 1998, les parlementaires français - et il s'agissait d'une première - ont créé une mission d'information sur les opérations militaires menées par la France au Rwanda. Présidée par l'ancien ministre de la Défense, Paul Quilès, cette mission, après neuf mois de travail et de nombreuses auditions, a souligné - je cite le journal Le Monde - "les erreurs, les fautes et l'aveuglement de la France avant le génocide." Elle a aussi critiqué l'opacité de sa politique africaine, domaine réservé de l'Élysée. Toutefois, elle a conclu, de façon assez paradoxale, que Paris n'avait aucune responsabilité dans les massacres de 1994.Alors qu'en est-il exactement ? Monsieur X essaie d'y voir plus clair.Sat, 01 Nov 2008 13:15:00Le Chemin des DamesRarement aussi joli nom n'aura symbolisé une telle tragédie ! Le Chemin des Dames ! Une route empierrée qui flânait au pied des falaises calcaires de la vallée de l'Aisne et qu'empruntait autrefois le carrosse des deux filles de Louis XV et de leurs dames d'atour lorsqu'elles allaient visiter leur bonne amie, Françoise de Chalus en son château de Bove. Ainsi passaient les belles dames de la Cour qui ont baptisé sans le savoir ce charmant chemin qui sillonnait entre bois et taillis. Et sans doute valait-il mieux oublier que des siècles plus tôt les reines Frédégonde et Brunehaut avaient réglé sur ce même vieux sentier une querelle qui avait laissé au sol trente mille cadavres...Alors peut-être faut-il penser que le sang appelle le sang : plus de treize siècles après ce premier massacre, des dizaines de milliers de soldats allaient trouver la mort sur ce Chemin des Dames au cours de l'une des batailles les plus meurtrières de la Grande Guerre... Une véritable boucherie qui a marqué les mémoires pour toujours, illustrant à jamais les absurdités d'une guerre et les erreurs de commandement d'une caste militaire aussi obtuse qu'aveugle. Un engagement qui a aussi engendré les mutineries qui ont marqué l'année 1917 et forgé quelques mythes dont celui d'un certain général Pétain, sauveur de l'armée française et économe du sang de ses poilus...Une fois n'est pas coutume, au moment où l'on commémore le quatre-vingt dixième anniversaire de l'armistice novembre 1918, j'ai demandé à Monsieur X d'exhumer quelques-uns des feuillets jaunis du dossier du Chemin des Dames !Sat, 08 Nov 2008 13:15:00La Transnistrie (1/2)Impossible de ne pas penser à Tintin et au "Sceptre d'Ottokar" ! Souvenez-vous, les méchants Bordures voulaient provoquer un putsch en Syldavie et en profiter pour annexer cette charmante royauté située quelque part dans les Carpates... Mais Tintin, heureusement, a éventé le complot et mis fin aux activités criminelles d'un certain Müsstler, chef d'une Garde d'Acier qui n'est pas sans rappeler les SA d'Adolf Hitler ou les chemises noires de Benito Mussolini. Car l'ouvrage d'Hergé a été écrit avant la Seconde Guerre mondiale.Mais quel rapport avec notre monde contemporain ? Eh bien, il existe aujourd'hui au coeur de l'Europe un pays oublié, la Moldavie, une ancienne République soviétique, qui est en conflit depuis de longues années avec une partie sécessionniste de son propre Etat, la Transnistrie... Un conflit qui a même dégénéré en véritable guerre au début des années 1990. Alors, dans cette affaire, qui sont les Syldaves et les Bordures ? D'une façon un peu simpliste, il est difficile de ne pas associer Syldaves et Moldaves tandis que les Bordures pourraient se trouver en Transnistrie, un territoire indépendant de fait qui est aussi un musée vivant du stalinisme et bénéficie du puissant soutien de Moscou !Il n'est jusqu'aux récentes menaces du Kremlin qui ne rappellent Hergé et son idée d'annexion ! Le président russe Dimitri Medvedev vient en effet de lancer une sévère admonestation aux Moldaves : l'intervention militaire de l'ex-Armée rouge en Géorgie doit être comprise comme un avertissement !Restons-en là, au moins provisoirement. Monsieur X se penche sur cette question trop souvent ignorée mais qui concerne toute l'Union européenne : depuis l'intégration de la Roumanie, la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe, se trouve aux frontières de l'Union ! Et avec elle, c'est un foyer de tensions et de trafics divers qui s'installe durablement dans notre voisinage. Car la Transnistrie est aussi devenue un hypermarché mondial clandestin des ventes d'armes. Des plus simples au plus sophistiquées ! Une vraie poudrière à nos portes !Sat, 15 Nov 2008 13:15:00La Transnistrie (2/2)Certains l'ont appelée le " Trou noir " de l'Europe. Un pays improbable, sans véritable existence légale, qui tiendrait d'un album de Tintin revisité par le George Orwell de " 1984 " ou le Alfred Jarry d' " Ubu roi ". Ce pays, c'est la République moldave de Transnistrie, capitale Tiraspol. Nichée au coeur de l'Europe centrale, coincée entre la Moldavie et l'Ukraine, la petite Transnistrie, à peine quatre mille km², a connu en 1992 une guerre meurtrière qui est pratiquement passée inaperçue en Occident. Un conflit où l'on a vu surgir, vestiges anachroniques de l'époque tsariste, des Cosaques venus combattre au côté de leurs frères russophones.Musée vivant du communisme à la soviétique pour les rares visiteurs autorisés à y entrer, ce morceau de Moldavie qui a proclamé unilatéralement son indépendance et qui n'est reconnu par aucun Etat, est aussi une sorte de supermarché de la mort. On y trafique, on y vend des armes de toutes catégories qui vont alimenter les conflits du monde entier. Autant dire qu'il s'agit d'une véritable poudrière située aux portes de l'Europe depuis l'adhésion de la Roumanie à l'Union en janvier 2007... Mais c'est aussi et surtout un bastion avancé de Moscou, bien que la Transnistrie se trouve à six cents kilomètres de la frontière russe. Un coin enfoncé entre deux pays qui regardent résolument vers l'ouest. Bref une situation qui ne manque pas de rappeler celle de la Géorgie qui vient de subir un sévère rappel à l'ordre du Kremlin...Sat, 22 Nov 2008 13:15:00L'affaire Pietro TressoJamais autant de Résistants ne s'étaient évadés ensemble en une seule fois ! Cette nuit du 1er octobre 1943, ils étaient en effet quatre-vingt prisonniers politiques à franchir les hauts murs de la prison du Puy... Une prison jugée parmi les plus sûres de France. L'événement est sans précédent et fait sensation à Londres dans les milieux de la France Libre tandis qu'à Vichy et à la Gestapo on fait grise mine... Malheureusement, pour cinq de ces évadés, il ne s'agit pas d'une véritable libération. Non pas qu'ils ne soient pas d'authentiques Résistants mais, tenus pour trotskistes, ils font l'objet d'une véritable suspicion de la part de leurs camarades communistes... Cette défiance va même si loin qu'on ne reverra jamais quatre d'entre eux...Qui a ordonné leur exécution ? Et au nom de quels intérêts supérieurs ? Monsieur X essaie de débrouiller cette ténébreuse affaire qui ne sera jamais éclaircie, malgré des demandes pressantes adressées aux instances dirigeantes des partis communistes français et italiens jusque dans les années 90... Quels secrets détenaient donc ces quatre militants trotskistes morts au maquis mais abattus par leurs propres camarades de combat ? Et pourquoi cette chape de silence qui perdure jusqu'à aujourd'hui ?Sat, 29 Nov 2008 13:15:00La guerre en République démocratique du Congo (1/2)" Ce qui se passe aujourd'hui au Congo, c'est l'équivalent d'un "11 septembre" par jour ! " Ainsi parle Brian Wood, un responsable sur place d'Amnesty International. Et pourtant qui s'intéresse vraiment à ce drame humain, sans comparaison ou presque, dans notre monde assommé par la crise financière et d'abord soucieux de sauvegarder ses privilèges ?La République démocratique du Congo, ex-Zaïre, connaît donc sa troisième guerre civile en une décennie. Un conflit qui déchire en ce moment le Kivu, une province située à l'est du pays, c'est-à-dire dans une région limitrophe du Rwanda et de l'Ouganda, deux Etats qui n'ont jamais réellement dissimulé leur intérêt pour ce territoire où abondent les richesses naturelles tant minières et même gazières et pétrolifères qu'agricoles ou forestières.Outre ces convoitises, il faut aussi souligner que la crise actuelle découle directement des événements tragiques qui se sont déroulés au Rwanda en 1994, un génocide qui a provoqué la mort d'au moins huit cent mille Tutsi et qui a été suivi par d'autres massacres au Congo même.Au Kivu on assiste donc à une sorte de répétition tragique de ces horreurs où, comme d'habitude, ce sont les civils qui paient le prix fort : assassinats, viols, pillages, épidémies et, bien sûr, déplacements de populations qui fuient par dizaines de milliers et se réfugient tant bien que mal dans la jungle. Et ceci malgré la présence du plus gros contingent de Casques bleus jamais mobilisés par l'ONU...Monsieur X, qui m'a souvent parlé du Congo, revient donc d'abord aux sources de ce drame dont on voit mal l'issue et qui ne semble guère préoccuper la communauté internationale.Sat, 13 Dec 2008 13:15:00La guerre en République démocratique du Congo (2/2)Viols, assassinats, pillages, et toujours ces réfugiés qui cheminent sur des routes improbables, le dos chargé du bagage de toute une vie... Telles sont les images qui nous viennent du Kivu lorsque la grande presse daigne s'intéresser à cette province orientale de la République démocratique du Congo déchirée pour la troisième fois en un peu plus de dix ans par une terrible guerre civile...La semaine passée, Monsieur X est remonté à la genèse de cette crise permanente ou presque qui a déjà provoqué des millions de morts et continue de meurtrir les deux Kivu. L'événement déclencheur a été le génocide rwandais qui a précipité vers la frontière congolaise des centaines de milliers de Hutu fuyant les représailles des Tutsi. Et parmi eux se trouvaient des acteurs du génocide... Une présence sans cesse dénoncée par le régime de Kigali et son président, Paul Kagame, qui y a trouvé prétexte pour intervenir au Kivu, une région excessivement riche en minerais de toutes sortes et qui suscite maintes convoitises. Cette première intervention, en 1996, se fait sous couvert d'une rébellion conduite par un ancien guérillero congolais, Laurent-Désiré Kabila, qui s'appuie sur les Tutsi autochtones et bénéficie donc d'un appui militaire rwandais. L'aventure se traduit par des massacres à grande échelle de Hutu réfugiés dans des camps à la frontière. Mais l'ambitieux Kabila, qui marche jusqu'à Kinshasa et finit par s'emparer du pouvoir corrompu du maréchal-président Mobutu, échappe bientôt à ses maîtres rwandais accusés de vouloir annexer le Kivu. C'est le début, en 1998, d'une deuxième guerre civile encore plus meurtrière que la première.Cependant, en 2002, après l'assassinat de Kabila et l'intervention de troupes étrangères qui ne pensent qu'à dépecer le trop riche Congo, la paix revient. Kabila junior, légitimé par les urnes en 2006, essaie de reconstruire son pays. Mais les ferments de la division n'ont pas disparu... Et malgré la présence d'un contingent de Casques bleus fort de 17.000 hommes pour l'ensemble du Congo dont 6000 au Kivu, le Kivu qui demeure un foyer d'agitation où l'antagonisme entre Tutsi et Hutu, autochtones ou pas, perdure et où les Etats voisins, Rwanda et Ouganda, ne cessent de lorgner sur ses richesses minières et encouragent les dissidences. Quitte à provoquer une troisième guerre civile dont on voit mal aujourd'hui quelle pourrait en être l'issue.Sat, 20 Dec 2008 13:15:00La Bolivie (1/2)C'est le pays des Indiens... C'est à dire le pays où les Indiens d'Amérique, comme Christophe Colomb les a nommés à tort, sont proportionnellement les plus nombreux : la Bolivie ! Le pays aux presque deux cents coups d'Etat mais où, depuis 2005, c'est un authentique Indien qui est aux commandes. Ou plutôt, car le mot " Indien " est péjoratif dans les pays andins, un indigène, Evo Morales ! Le premier élu indigène depuis l'indépendance acquise en 1825 et un ardent représentant de tous ces dirigeants d'Amérique latine qui rejettent désormais de plus en plus la tutelle traditionnelle de l'encombrant grand voisin du nord, les Etats-Unis.Une conquête du pouvoir encore fragile dans l'un des pays les plus pauvres du continent où les inégalités sont criantes, où l'oligarchie économique blanche n'a toujours pas accepté de se voir déposséder et où la lutte contre la drogue sert trop souvent de prétexte aux Américains pour reprendre pied dans le pays. Il faut aussi rappeler, au moment où Cuba célèbre le cinquantième anniversaire de la révolution castriste, que c'est en Bolivie que le Che a été capturé et assassiné et que le bourreau de Jean Moulin, Klaus Barbie, y a longtemps trouvé refuge et même accédé à de hautes fonctions grâce à la complicité des services nord-américains.Sat, 07 Feb 2009 13:15:00La Bolivie (2/2)Trop d'Indiens, pas assez de Blancs ! Qu'à cela ne tienne ! Il faut faire venir des colons d'origine européenne pour blanchir ce pays... Et pas n'importe lesquels ! Des individus originaires d'Afrique australe, élevés au lait de l'Apartheid ! Tel est le projet raciste qui a germé au début des années 1970 dans le cerveau des généraux boliviens qui régnaient d'une main de fer sur leur pays depuis 1964...Nous avons vu la semaine passée avec Monsieur X que ce plan, soutenu par des organisations internationales respectables, et que l'Allemagne fédérale était disposée à financer en partie, a fini par capoter. Inutile d'ajouter que le puissant parrain de la Bolivie, je veux parler des Etats-Unis, n'était nullement hostile à ce projet secret... Bien au contraire, puisqu'il s'agissait aussi de construire au coeur de l'Amérique du Sud un bastion blanc et anticommuniste. Car c'étaient aussi les belles années du " Plan Condor ", une sorte de coopérative des dictatures de la région qui mettaient en commun leurs moyens policiers pour traquer et parfois assassiner leurs opposants...Enfin, la Bolivie, " le pays du coup d'Etat ", comme on l'a appelé - 187 en un siècle et demi - abritait aussi quelques nazis notoires, dont un certain Klaus Barbie qui n'était d'ailleurs pas étranger à la conception de ce projet destiné à " blanchir " la Bolivie, c'est-à-dire à continuer à dominer et exploiter encore un peu plus les autochtones. Ces Indiens, souvent descendants des Incas, qui forment les deux-tiers de la population du pays et ont enfin élu à la présidence l'un des leurs en 2005. Pour la première fois depuis l'indépendance acquise en 1825 !Sat, 14 Feb 2009 13:15:00Le 11 septembre 1968, le crash de la caravelle AjaUn autre " 11 septembre " !... Il y a un peu plus de quarante ans. À l'aéroport de Nice, des familles, des amis, attendent l'arrivée de la Caravelle d'Air France qui a décollé moins d'une demi-heure plus tôt d'Ajaccio... Un saut de puce au-dessus de la Méditerranée. Mais l'appareil n'atterrira jamais... Après de longs moments d'angoisse, tous apprendront enfin la terrible nouvelle : la Caravelle s'est abîmée en mer alors qu'elle se trouvait en phase d'approche de la piste de Nice. Il n'y a aucun survivant, 89 passagers et 6 membres d'équipage ont péri. Au-delà de la légitime émotion des proches de tous ceux qui ont trouvé la mort, la polémique ne va pas tarder tant cette catastrophe semble inexplicable... On va même imaginer les hypothèses les plus échevelées dont celle de l'attentat. Mais, progressivement, une autre version s'impose pour ceux qui ont perdu un ami ou un parent : celle d'une erreur militaire ! C'est un missile qui aurait frappé la Caravelle.Le ministère des Armées, alors dirigé par Michel Debré, a beau démentir avec fermeté, la lenteur de l'enquête et la mauvaise volonté des autorités militaires accréditent peu à peu l'hypothèse du missile. Et malgré le non-lieu prononcé par la Justice en 1973, le doute subsiste. À tel point qu'en septembre 2008, il y a donc seulement quelques mois, un collectif de proches des victimes a déposé une plainte contre X pour homicide volontaire en se basant sur de nouveaux témoignages. Mais quarante ans après, est-il encore possible d'approcher la vérité ?Sat, 21 Feb 2009 13:15:00L'Estonie (1/2)Ce pourrait être une classique histoire d'espionnage. Une intrigue à la John Le Carré du temps où les espions venaient du froid. Oui, mais voilà : l'affaire dont m'a entretenu Monsieur X cette semaine est d'une actualité brûlante et prouve que, malgré la chute du Mur de Berlin, l'Est et l'Ouest se livrent une lutte qui n'est pas moins vive qu'au bon temps de la Guerre froide. Et c'est particulièrement vrai dans les anciennes républiques autrefois soumises à Moscou...C'est ainsi qu'on a appris il y a peu de temps l'arrestation d'un espion estonien, Hermann Simm, qui trahissait son pays et l'OTAN au profit d'un service russe, le SVR, l'un des avatars de feu le KGB. Une affaire jugée cruciale par les autorités de Tallinn mais aussi par les dirigeants de l'Alliance atlantique tant il semble avéré que Simm ait causé de considérables dégâts. Monsieur X a donc choisi d'ouvrir ce dossier très sensible où l'on va aller de surprises en surprises. Car, en marge de cette affaire d'espionnage, qui ne serait que la partie émergée de l'iceberg, on découvre la formidable guerre du gaz qui est d'une criante actualité et concerne tout le continent européen. Mais aussi ce que l'on a appelé le cyber-terrorisme. Et même le mystérieux naufrage d'un ferry suédois en mer Baltique qui a provoqué la mort, en 1994, de 852 personnes.Sat, 14 Mar 2009 13:15:00L'Estonie (2/2)La statue de la colère ! Une modeste statue réalisée dans le plus pur style stalinien, et qui représente un soldat de l'Armée rouge... Mais une statue qui est devenue en Estonie un enjeu symbolique et a même provoqué en 2007 de véritables émeutes au cours desquelles un jeune homme est mort.Cependant, à la différence de l'urinoir de Clochemerle, la présence de ce monument sur une place de Tallinn, la capitale de l'Estonie, a fait resurgir un passé douloureux : celui d'un pays qui, après avoir été brièvement indépendant, a été successivement occupé par les Soviétiques puis par les Nazis avant de subir à nouveau pendant presque un demi-siècle la férule de Moscou... Un passé douloureux parce que chaque oc-cupation a déchiré le pays entre collaborateurs et résistants...Aujourd'hui, l'Estonie, comme les deux autres Républiques baltes a recouvré son indépendance. Mais la présence d'une forte minorité russophone exacerbe toujours les tensions et permet au puissant voisin russe de peser sur les affaires d'un pays qui a pourtant rejoint l'Alliance atlantique. Car, à côté de cet épisode de la statue de la division, se livre une confrontation beaucoup plus souterraine à base d'espionnage, de guerre du gaz, de cyber-attaques et même, plus surprenant encore, qui a fait naître de terribles soupçons à propos du naufrage d'un ferry qui a précipité dans la mort plus 850 passagers...Monsieur X poursuit son récit : une histoire à forte odeur de guerre froide !Sat, 21 Mar 2009 13:15:00Mai 1999, le bombardement de l'ambassade chinoise à Belgrade par l'OTANEtait-ce une bavure ? Ou bien une action délibérée ? Il est question ici du bombardement de l'ambassade chinoise de Belgrade lors de la Guerre du Kosovo, en 1999. Il y a donc tout juste dix ans... Dans la nuit du 7 au 8 mai, des bombardiers furtifs B-2, arrivés tout droit des Etats-Unis, larguent trois bombes auto-guidées sur le bâtiment neuf abritant la mission diplomatique chinoise. Les dégâts sont considérables et trois citoyens chinois périssent dans les décombres. Très vite, les autorités de l'OTAN qui supervisent ces frappes aériennes sur la Serbie de Milosevic présentent leurs excuses : une erreur de cartes serait à l'origine de cette tragique erreur. Mais, naturellement, Pékin refuse cette version et évoque un crime de guerre et une action barbare perpétrée par la CIA.Alors que le président Clinton, embarrassé, exprime ses regrets sincères et adresse ses condoléances au peuple chinois et à ses dirigeants, des centaines de milliers de manifestants envahissent les rues chinoises et s'en prennent aux ambassades états-unienne et britannique. Bien évidemment, la spontanéité de ces mouvements de foule ne fait pas illusion : ces manifestations sont orchestrées par le gouvernement communiste ; de même que les attaques de hackers chinois qui ont suivi contre les sites gouvernementaux Etats-UniensLes relations sino-américaines, déjà affectées par une récente affaire d'espionnage, sont alors au plus mal. Et il faudra plusieurs mois avant qu'elles ne s'apaisent.Mais au-delà de ces excuses et des éruptions de mauvaise humeur, que cache exactement cette affaire qui ne doit peut-être rien au hasard ? Dissimule-t-elle des deux côtés des objectifs inavouables ?Sat, 28 Mar 2009 13:15:00Madagascar et La France (1/2)Et la France dans tout cela ? ai-je demandé à Monsieur X, paraphrasant Jacques Chancel, lorsque j'ai pris connaissance des derniers événements de Madagascar. La France qui, malgré l'indépendance de l'Île rouge, a conservé avec son ancienne colonie des liens étroits, autant passionnels qu'économiques... La France qui, sans toutefois l'avouer, ne pouvait que se réjouir de voir un président qui ne l'aimait guère, Ravalomanana, être chassé du pouvoir... La France enfin qui demeure le principal bailleur de Madagascar où réside toujours 25.000 de nos compatriotes.Alors, en attendant la réponse de mon interlocuteur, il faut observer que cette île grande comme la France, connaît régulièrement des crises politiques qui voient s'affronter pendant des semaines, parfois des mois, des hommes qui revendiquent également la légitimité du pouvoir. Autre observation préliminaire : Madagascar, qui occupe une position stratégique dans l'Océan indien, est potentiellement riche et possède de nombreux atouts économiques. Et pourtant une partie de sa population vit encore dans la misère et l'île a même connu des périodes de famine !Un dernier mot avant d'écouter Monsieur X : la France a aussi laissé de terribles souvenirs à Madagascar où personne n'a oublié qu'en 1947, la répression d'une révolte indépendantiste par les troupes françaises a provoqué la mort de cent mille Malgaches... Un bain de sang passé quasiment inaperçu en métropole mais qui n'a cessé de hanter la mémoire des habitants de l'île.Sat, 04 Apr 2009 13:15:00Madagascar et la France (2/2)Tous les dix ans ou presque, l'Histoire semble bégayer à Madagascar... Des manifestations pacifiques, parfois violemment réprimées, finissent par avoir raison du président en place. Mais celui-ci résiste et pendant une période plus ou moins longue, deux pouvoirs, et donc deux dirigeants, revendiquent également leur légitimité... C'est le cas aujourd'hui dans l'Île rouge... Comme ça l'a été en 2002, 1991 et 1975...Mais, et c'est ce que Monsieur X a commencé à développer la semaine dernière, l'ancien colonisateur n'a pas toujours été un spectateur neutre de ces crises politiques à répétition. La France demeure en effet le principal bailleur de Madagascar et il y réside toujours une importante communauté française. Et même lorsque l'île a connu un raidissement idéologique et collectiviste, les ponts n'ont jamais été rompus, bien que l'ancienne puissance colonisatrice ait servi de repoussoir et parfois cristallisé les haines et les ressentiments.En 1991, alors que l'Amiral rouge, c'est à dire le président Ratsiraka, vit une lune de miel avec la France de Mitterrand après avoir longtemps flirté avec la Corée du Nord de Kim Il Sung, les Malgaches expriment leur mécontentement... La socialisation forcée de l'économie a en effet produit des effets désastreux et même affamé une île qui était autrefois auto-suffisante sur le plan alimentaire... Il est d'autre part reproché à Didier Ratsiraka ses méthodes de gouvernement autoritaires. Jour après jour, les manifestants défilent dans la capitale, Antananarivo, pour demander la démission du président. Mais en août, alors qu'un défilé monstre marche vers le palais présidentiel, la garde, entraînée par des gendarmes français, ouvre le feu. Il y a des dizaines de morts. L'opposition annonce la formation d'un gouvernement provisoire. Mais Ratsiraka, reclus dans l'un de ses palais, n'entend pas se retirer... Quant à la France, elle tergiverse et essaie surtout de conserver ses positions, sans trop donner l'impression de s'ingérer dans les affaires intérieures de Madagascar.Sat, 11 Apr 2009 13:15:00Ed Wilson, l'agent voyou de la CIAÀ peine sorti de prison, il a clamé sa volonté de se battre... C'était en 2004. Edwin Wilson, condamné à 52 ans de prison pour haute trahison et libéré après plus de 20 ans passés dans un pénitencier états-unien, a décidé qu'il consacrerait ses dernières forces à obtenir sa réhabilitation... Aujourd'hui, à plus de 80 ans, il n'a toujours pas renoncé. Mais il semble bien que sa cause soit désespérée... Et d'abord parce que l'innocence de cet étrange personnage semble hautement improbable. Bref, Wilson n'est certainement pas un Dreyfus américain. Mais son existence est suffisamment mystérieuse pour qu'on puisse encore se poser de nombreuses questions. Et d'abord celle-ci : Wilson, ancien de la CIA, accusé d'avoir trahi les Etats-Unis au profit de la Libye, n'a-t-il pas été un bouc émissaire ? Et lorsqu'il fournissait Kadhafi en armes, explosifs et même mercenaires, ne continuait-il pas à travailler secrètement pour la centrale états-unienne ? A moins, autre hypothèse, qu'il n'ait été un agent de l'Est, manipulé par le KGB...Monsieur X a donc choisi cette semaine d'élucider cette énigme où apparaissent le bouillant et déconcertant leader libyen Kadhafi mais aussi de hauts personnages états-uniens.Il faut enfin noter que la libération de Wilson a coïncidé avec la fin de l'embargo international sur les armes destinées à la Libye d'un Kadhafi soudain assagi et presque recommandable... Un simple hasard ? Mais, dans le monde obscur de Monsieur X, il y a décidément beaucoup de curieux hasards !Sat, 25 Apr 2009 13:15:00Le DC3 fantômeOn l'a appelé le " DC3 fantôme " ! Un DC3 ! L'un de ces bons vieux Dakotas qui a été si utile aux parachutages alliés pendant la Seconde Guerre mondiale et qui a ensuite été la bête de somme du transport aérien sur de nombreux continents... Celui-là, immatriculé Fox Bravo Indiana Echo Echo, a disparu quelque part au nord de l'Afrique en 1978. Et l'on ne sait toujours pas ce que sont devenus ses deux pilotes et son passager, tous trois partis de l'aérodrome de Toulouse-Blagnac, un jour de la fin du mois de juillet. Trois hommes qui partaient accomplir une étrange mission dont ils ne sont donc jamais revenus.J'ai demandé à Monsieur X d'essayer d'éclaircir ce mystère. Surtout depuis qu'il m'a appris la semaine passée que le non moins curieux Edwin Wilson était vraisemblablement mêlé à cette affaire... Je résume : Wilson, ancien agent de la CIA, est devenu dans les années 70 un marchand d'armes qui a longtemps fricoté avec le colonel Kadhafi à qui il a fourni des tonnes d'explosifs, de détonateurs et d'autres joujoux du même ordre. Mais il est allé encore plus loin puisque, toujours à la demande du dictateur libyen, il s'est mué en sergent recruteur en envoyant à Tripoli nombre d'anciens Bérets verts. C'est à dire des mercenaires.Wilson, en agissait ainsi, travaillait-il encore pour son ancien employeur, la CIA, qui, à l'évidence, n'ignorait rien de ses activités, malgré de nombreuses mises en garde ? Quoi qu'il en soit, Wilson a fini par devoir rendre des comptes à la Justice de son pays et il a été lourdement condamné. Mais le doute demeure. Car, Wilson, qui a bénéficié d'une libération conditionnelle, continue à clamer son innocence.En tout cas, il semble bien qu'il ait été à l'origine de la mission confiée aux trois occupants français du DC3 fantôme...Sat, 02 May 2009 13:15:0011 septembre 2001 (1/3) : le jihad afghanEnfin! se diront certains d'entre vous... Oui, enfin, Monsieur X, répondant aux très nombreux courriels ou lettres que vous lui avez envoyés, a accepté de parler du 11 septembre 2001, c'est à dire de la plus importante action terroriste jamais perpétrée...Mais, disons-le tout de suite, s'il a tant tardé à évoquer ce sujet brûlant, c'est qu'il voulait échapper à toute accusation de manipulation et qu'il tenait essentiellement à écarter tout soupçon de " conspirationnisme ", ainsi qu'on qualifie désormais quelques-unes des théories qui remettent en cause la version officielle de l'administration états-unienne.Aussi, pour inaugurer cette série sur le 11 septembre, a-t-il d'abord voulu remonter aux sources, c'est à dire à l'invasion soviétique de l'Afghanistan et à l'implication des services américains dans le combat des moudjahidin contre l'Armée rouge. Mais, sans déflorer la suite de ce nouvel entretien avec mon interlocuteur, je peux d'ores et déjà vous dire que Monsieur X a systématiquement mis en évidence toutes les zones d'ombre qui obscurcissent toujours cette monstrueuse affaire. Zones d'ombre à tous les niveaux, c'est à dire avant, pendant et après les attentats qui ont anéanti les tours emblématiques du World Trade Center. Zones d'ombre enfin qui ont permis de nourrir tous les fantasmes possibles... Et d'abord parce que les Etats-Unis n'avaient jamais été frappés aussi durement sur leur propre territoire ! L'ampleur de l'événement justifiait donc la prolifération des théories et des hypothèses... D'autant que les mensonges et les manoeuvres dilatoires des autorités de Washington ont forcément contribué à alimenter ce foisonnement de contestations et de questions, dont certaines demeurent malheureusement sans réponse !Sat, 09 May 2009 13:15:0011 septembre 2001 (2/3)Le trou existe toujours. Ce que les Américains ont appelé « Ground Zero ». C'est-à-dire l'endroit d'où s'élevaient autrefois les « Twin Towers », les deux célèbres tours jumelles du World Trade Center. Et cette gigantesque absence se prolongera encore longtemps puisqu'on vient d'apprendre que la construction de la tour centrale avait été retardée et que ses locaux ne pourraient pas être mis en service avant 2019 !Vous l'avez compris, Monsieur X a donc décidé de répondre aux nombreuses sollicitations d'auditeurs qui lui demandaient de les éclairer sur les mystères du 11 septembre 2001… En fait, il nous l'a dit dès la semaine dernière, il veut surtout faire la part entre ce qui relève du fantasme et un certain nombre de questions qui n'ont toujours pas obtenu de réponses. Ainsi a-t-il déjà mis en évidence le fait que Ben Laden, commanditaire présumé des attentats, était à la fois une créature des services secrets pakistanais et saoudiens qui se sont servis de lui pour recruter des moudjahiddin au cours de la guerre d'Afghanistan. Une complicité qui s'est poursuivie bien au-delà du retrait des forces soviétiques en 1989…Mais Monsieur X a aussi évoqué les liens étroits qui unissaient la famille Bush aux milieux d'affaires saoudiens et en particulier au puissant groupe Ben Laden. Ce qui explique pourquoi, deux jours après la tragédie du 11 septembre, alors que l'espace aérien états-unien était encore fermé, 140 citoyens saoudiens ont pu rejoindre leur pays en toute hâte… Et parmi eux, il y avait des membres de la famille Ben LadenSat, 16 May 2009 13:15:0011 septembre 2001 (3/3)George Bush était parfaitement informé des desseins de Ben Laden. Mais il ne prenait pas cette menace au sérieux… Non, pour lui, le danger venait principalement de l'Irak. L'Irak où, dès son installation à la Maison Blanche en janvier 2001, il avait l'intention de porter le fer et de châtier Saddam Hussein que son père avait eu la faiblesse d'épargner… Telle était la conclusion de Monsieur X la semaine passée. Monsieur X qui continue aujourd'hui à nous entretenir du 11 septembre et des nombreuses zones d'ombre qui persistent autour de ces attentats monstrueux et permettent de formuler les hypothèses les plus échevelées…Malgré les bévues des agences de renseignement, leur manque évident de coordination, bien des lourdeurs administratives et surtout des effectifs pléthoriques qui nuisaient à leur efficacité, le président états-unien savait donc que Al-Qaïda se préparait à frapper son pays. La preuve en a été apportée tardivement lorsque la Maison Blanche a enfin autorisé la publication d'un mémorandum destiné au président, mémo remis à Bush le 6 août 2001 alors qu'il passait des vacances dans son ranch texan. Mais, à l'évidence, le président a négligé l'avertissement précis que contenait ce texte. Pour autant, cette négligence coupable permet-elle de crier au complot ?Sat, 23 May 2009 13:15:00Le massacre de la place TiananmenTiananmen connais pas ! C'est, pour reprendre le titre du célèbre documentaire de Bertrand Blier, la réponse que peuvent faire les jeunes Chinois si on les interroge sur les événements dramatiques de Tiananmen dont on va célébrer dans quelques jours le vingtième anniversaire. Tiananmen connais pas, car aucun livre d'histoire chinois n'en fait mention et la presse locale n'est pas autorisée à évoquer ce massacre qui a provoqué la mort de centaines, peut-être même de plusieurs milliers de Chinois. Un bilan précis étant impossible à établir tant que le sujet restera tabou pour les autorités de Pékin qui s'en tiennent par ailleurs à la version officielle, je cite : "Les manifestants étaient des criminels et des voyous, sans lien avec les étudiants. Et l'armée est intervenue pour sauver le socialisme en Chine."Malgré cette chape de plomb, le souvenir du «Printemps de Pékin », qui s'est terminé dans le sang sur la place Tiananmen, reste vif dans la mémoire de tous les contemporains. Et le gouvernement communiste redoute que ce vingtième anniversaire ne donne lieu à de nouveaux épisodes contestataires dans cet immense pays où les signes de rébellion se multiplient. Paysans déracinés rejetés des villes par la crise économique, chômeurs, victimes du lait frelaté, habitants du Sichuan ravagé par le dernier séisme qui accusent la mauvaise qualité des constructions, contempteurs de la corruption des fonctionnaires du Parti, sinistrés de la pollution industrielle, dissidents politiques régulièrement embastillés, ou encore Tibétains opprimés…Monsieur X, qui m'a déjà entretenu des événements de Tiananmen, revient donc sur cette tragédie à la lumière des dernières informations qui ont filtré de Chine malgré le silence officiel et le contrôle rigoureux des médias et de l'Internet. Des révélations souvent surprenantes !Sat, 30 May 2009 13:15:00Les Tamouls du Sri LankaCombien de civils ont-ils payé de leur vie l'atroce guerre du Sri-Lanka qui vient de s'achever ? Au moins sur le terrain. Des civils qui étaient les vrais otages de ce conflit vieux d'une trentaine d'années.Pour le gouvernement de Colombo qui fête avec une ostentation impudique sa victoire, les redoutables Tigres tamouls se servaient des civils comme de boucliers humains. Ce qui est aux termes des lois internationales un crime de guerre. Mais, de leur côté, les Tigres accusaient l'armée gouvernementale de bombarder à l'arme lourde les populations qui se trouvaient encore confinées dans leur dernier réduit… Et c'est aussi un autre crime de guerre ! Mais, au-delà de cette controverse où la mauvaise foi le dispute au mensonge, il y a les chiffres. Terribles ! Au moins 6.500 personnes ont péri et 100.000 autres, peut-être même plus, ont dû quitter en toute hâte leurs villages et vivent désormais derrière les barbelés de camps d'internement dans des conditions d'extrême précarité…Devant ce drame lointain, il faut bien reconnaître que la communauté internationale, comme on a l'habitude de la nommer, n'a guère réagi, pire l'ONU a minimisé le nombre de victimes civils dans les récents massacres. Certes, le Conseil de sécurité a débattu de cette grave question. Mais il n'en est rien sorti : et d'abord parce que la Russie et la Chine ne voulaient surtout pas que l'organisation internationale intervienne dans les affaires internes d'un pays-membre… La peur sans doute qu'un jour l'ONU ne s'intéresse au Tibet ou à la Tchétchénie… Quant au gouvernement sri-lankais, il est demeuré sourd aux appels de ses homologues occidentaux. Car il entendait bien mener cette guerre à son terme et donc exterminer jusqu'au dernier des Tigres tamouls.Monsieur X a déjà évoqué ce conflit qui a ensanglanté cette île paradisiaque de si longues années. A l'occasion des derniers événements, il revisite cette question.Sat, 06 Jun 2009 13:15:00Léon M'Ba président du GabonC'était une première dans cette Afrique francophone qui venait tout juste d'accéder à l'indépendance : une intervention militaire française visant, non pas à venir en aide à un pays en proie à une agression extérieure mais à permettre à un dirigeant mal en point de récupérer son pouvoir. Et donc une ingérence armée de l'ancien colonisateur dans la vie politique d'un Etat en principe indépendant. Une première mais pas une dernière.C'était en 1964, au Gabon. Le président M'Ba, renversé par un putsch militaire, a donc récupéré le pouvoir grâce aux paras français. Une manière, pour le général de Gaulle et son fidèle Jacques Foccart, grand manitou de la politique africaine de la France, de rassurer les autre dirigeants de notre pré carré. Menacés d'être déposés par leurs opposants, ils pourraient toujours compter sur la main armée de la France. Et c'est ainsi que l'on a découvert que notre pays et certaines de ses anciennes colonies étaient liés par des accords secrets, accords qui permettaient ce genre d'intervention militaire. Néocolonialisme ou défense de nos intérêts économiques et stratégiques menacés par des rivaux étrangers ? Ou bien les deux ? Monsieur X revient sur cette curieuse mais exemplaire histoire au fort parfum barbouzard.Sat, 13 Jun 2009 13:15:00Le Congo BrazzavilleÉtrange et dramatique coïncidence : le 21 janvier 2009, à 6000 kilomètres de distance, deux journalistes franco-congolais ont vu leurs maisons ravagées par un incendie. Deux journalistes qui, autre coïncidence, ne craignaient pas de critiquer avec virulence le président de leur pays d'origine, Denis Sassou Nguesso, lui reprochant son autoritarisme, son népotisme mais surtout le fait de s'être fabuleusement enrichi au détriment du peuple congolais.Une information qui, il faut bien le dire, n'a guère été relayée par les médias français… Pourtant, le premier journaliste, demeurant à Brazzaville et dont la compagne et les deux enfants ont péri dans l'incendie, possédait aussi la nationalité française. Et il est mort assez mystérieusement une dizaine de jours plus tard, alors qu'il n'était pas grièvement brûlé. Quant au deuxième journaliste, également professeur dans un collège français, il habitait Orléans… Autant dire que cette double information, outre la coïncidence de ces deux incendies qui ont éclaté le même jour et à peu près à la même heure, aurait pu éveiller la curiosité de la presse.Mais il faut bien avouer que tout ce qui touche la Françafrique, car c'est bien de cela qu'il s'agit, demeure toujours un domaine sensible. La récente affaire des « biens mal acquis » par trois présidents africains l'illustre de façon spectaculaire… Et justement, ce dernier développement n'est pas absent du dossier qu'ouvre aujourd'hui Monsieur X.Sat, 27 Jun 2009 13:15:00Jonas Savimbi (1/2)L'actualité l'imposait. L'actualité, c'est à dire le procès de ce que l'on a appelé 'l'Angolagate' ou encore 'l'affaire Falcone' du nom de cet homme d'affaires français qui a conclu un formidable contrat de ventes d'armes avec l'Angola. Mais un contrat qui, aux yeux de la loi, aurait été illégal et vaut aujourd'hui à une impressionnante brochette de personnalités de s'asseoir dans le box des accusés pour un procès qui va durer des mois !J'ai donc demandé à Monsieur X de se pencher sur ce dossier sulfureux et, plus largement, sur l'implication de la France dans les affaires angolaises. Notre pays a en effet joué un rôle essentiel en Angola, ancienne colonie portugaise, qui ne faisait pourtant pas partie de son pré carré en Afrique, c'est à dire ce qu'on a appelé la Françafrique.Mais il y avait les gigantesques ressources pétrolières de l'Angola, principal producteur africain avec le Nigeria. Des richesses qui ont donné le tournis à une myriade d'hommes d'affaires et de politiciens de tout poil et ont engendré une atroce guerre civile qui s'est prolongée pendant plus d'un quart de siècle... Au beau milieu de ce désastre humain, la stature d'un homme émerge, celle de Jonas Savimbi, un dirigeant qu'un ancien chef de nos services secrets n'a pas hésité à qualifier de de Gaulle africain ! Savimbi est mort les armes à la main il y a six ans au cours d'un épisode qui ressemble à une exécution en bonne et due forme. Et là encore, des Français sont impliqués. C'est en tout cas la conviction de Monsieur X...Sat, 04 Jul 2009 13:15:00Jonas Savimbi (2/2)Pierre Falcone a-t-il sauvé le président Eduardo dos Santos ? La question n'est pas aussi absurde qu'il y paraît. Le président angolais affirme en effet que les armes que lui a livrées Falcone, figure centrale du procès de l'Angolagate qui se déroule en ce moment à Paris, lui ont permis de triompher des forces de l'Unita alors que sa situation était désespérée ! Et cela explique pourquoi Dos Santos a continué à soutenir bec et ongles son ami Falcone en essayant d'obtenir que son procès n'ait jamais lieu. Un procès qui, par ailleurs, embarrasse autant la France que l'Angola eu égard aux rapports commerciaux que les deux pays ont noués.Des liens, nous a rappelé Monsieur X la semaine passée, qui sont aussi anciens qu'ils ont été ambigus ! En effet, en Angola, pendant fort longtemps, le champion de Paris a été le meilleur ennemi de Dos Santos et de son prédécesseur, le président Agostino Neto. C'est à dire Jonas Savimbi, le chef du mouvement rebelle Unita. Un héros du monde libre, selon Ronald Reagan et l'ancien chef de nos services de renseignement, Alexandre de Marenches. Ou encore l'un de nos ex-ministres de la Défense, François Léotard ! Mais la realpolitik a fini par l'emporter : lorsque d'énormes ressources pétrolières sont en jeu, on ne peut guère hésiter. Quand Savimbi a été abattu en 2002, les armes à la main, il était devenu un homme traqué, abandonné par tous ses sponsors internationaux. Monsieur X revient sur cette histoire qui dissimule encore pas mal de secrets !Sat, 11 Jul 2009 13:15:00L'affaire René LucetL'affaire, si elle a incontestablement déclenché un véritable séisme politico-financier, restera aussi à jamais une énigme pour la police scientifique... Je veux parler de l'affaire Lucet, du nom de ce directeur de la Caisse primaire de l'Assurance maladie de Marseille qui se serait suicidé en se tirant deux balles de gros calibre dans la tête... Et j'emploie le conditionnel à dessein car, au moins techniquement, la thèse du suicide paraît hautement improbable... Mais si, en 1982, quelques mois après la victoire présidentielle de François Mitterrand, René Lucet ne s'est pas vraiment suicidé, qui l'a tué ? Et pourquoi ?Monsieur X va bien sûr essayer de répondre à ces questions... Cependant, avant de l'écouter, il n'est pas inutile de rappeler à tous ceux qui auraient pu oublier cette affaire vieille de plus d'un quart de siècle, qu'elle a d'abord suscité une polémique politique d'une rare violence et qu'elle a débouché ensuite sur la révélation d'un vaste système de corruption. Le début d'une avalanche d'affaires qui conduira la classe politique à tenter de réglementer le financement des partis et de le moraliser un tant soit peu. Dans cette mesure, ce curieux épisode a donc marqué durablement l'histoire de la V° République, bien au-delà du simple fait divers...Sat, 18 Jul 2009 13:15:00Dimitri Polyakov, l'espion parfaitLe plus grand espion du XX° siècle ? Peut-être. En tout cas certainement l'un des plus mystérieux... Il s'appelait Dimitri Fédérovitch Polyakov et encore aujourd'hui, nombreux sont les spécialistes états-uniens du renseignement à estimer que jamais la CIA n'a possédé une source aussi précieuse au coeur de " l'Empire du mal ", pour reprendre l'expression de Ronald Reagan... Toutefois il se trouve aussi d'autres experts pour estimer que le général Polyakov était en réalité un agent double chargé d'intoxiquer la centrale de Langley. Mais alors pourquoi ce haut responsable des services secrets de l'Armée rouge aurait-il été fusillé au milieu des années 1980 ? Une condamnation à mort révélée par la Pravda en 1990. C'est-à-dire à une époque où l'URSS existait encore. Il s'agissait donc d'une information officielle directement téléguidée par le Kremlin... C'est pourquoi ces mêmes experts, qui mettaient en cause la duplicité de Polyakov, ont estimé qu'il y avait là un subterfuge, une manoeuvre de désinformation, un classique du KGB. Où se trouve la vérité ? C'est bien sûr la question que j'ai posée à Monsieur X... Autant le dire tout de suite, la chute de l'Empire rouge n'a guère permis d'éclaircir les mystères des services secrets soviétiques qui ont été soigneusement protégés par leurs avatars actuels, le FSB ou le SVR. Mais comment s'en étonner quand on sait que l'homme fort de la Russie est un ancien du KGB qui a fait en sorte de placer à la tête de son pays un grand nombre de ses ex-camarades ?Sat, 25 Jul 2009 13:15:00Cuba, octobre 1959, la mort de Camilo CienfuegosC'était il y a exactement soixante ans. Presque au jour près. Des individus barbus et rigolards, vêtus de treillis verts défraîchis, descendaient de la montagne et investissaient tranquillement la première ville du pays tandis que les troupes gouvernementales se débandaient et leur abandonnaient le terrain. La révolution cubaine était victorieuse et, quelques jours plus tard, un grand barbudo, un cigare perpétuellement planté entre les lèvres, commençait une marche triomphale qui le conduirait une semaine plus tard dans les rues de La Havane...Il y a soixante ans, donc. Et Fidel Castro, bien qu'affaibli par la maladie, est toujours là, même s'il a confié le pouvoir à son demi-frère Raúl. Un vrai record de longévité, donc, pour ce dictateur qui a soulevé autant de haines que de ferveurs... En effet, la tyrannie et les crimes de Fidel Castro ont été impuissants à effacer totalement le halo de romantisme révolutionnaire qui a auréolé la victoire des barbudos cubains. Les raisons en sont multiples, à commencer par le fait qu'il était tentant de prendre le parti du faible, Cuba, qui osait résister au puissant, c'est à dire les Etats-Unis. Sans compter l'anti-américanisme latent qui demeure sur le Vieux Continent. Mais il y avait aussi, dans les milieux de gauche, l'agréable surprise de découvrir des dirigeants révolutionnaires qui n'étaient pas engoncés dans les lourds pardessus gris des caciques du Kremlin... Ajoutez à cela la gaieté naturelle de la musique cubaine et vous avez tous les ingrédients qui ont trop longtemps mystifié l'opinion et dissimulé les dévoiements de cette joyeuse révolution tropicale.Parmi les héros de cette aventure commencée de façon si romanesque se trouvait, aux côtés de Castro et Guevara, un personnage singulier, peut-être même encore plus populaire que ces deux derniers personnages : Camilo Cienfuegos ! Un héros qui n'aura cependant vécu que les premiers mois de la révolution car il a péri en octobre 1959 dans un mystérieux accident d'avion. Mais s'agissait-il vraiment d'un accident ? Monsieur X a son idée.Sat, 01 Aug 2009 13:15:00Le Carrefour du DéveloppementLe " vrai-faux passeport " ! L'expression a fait florès. Mais qui se souvient qu'elle est apparue il y a plus de vingt ans lors d'une affaire qui, plus que tout autre, a contribué la première à ternir les moeurs de notre classe politique ? Argent sale, corruption, financement illégal des partis, fausses factures, on trouve en effet de tout dans l'affaire du Carrefour du développement ! Un vrai résumé de toutes les infractions et scandales qui jalonneront ensuite l'actualité politique jusqu'à nos jours...Et puis il y a ce nom bizarre à l'accent topographique et vaguement intrigant : le Carrefour du développement ! Officiellement, il s'agissait d'une association régie par la loi de 1901, destinée à participer au développement des pays africains. Mais en réalité, on s'en apercevra peu à peu, c'était aussi d'une officine destinée à fabriquer de l'argent sale et à financer des opérations illégales.En 1986, la découverte du scandale doit beaucoup à la première cohabitation qui s'instaure entre un Premier ministre de droite et un président de la République de gauche. En jeu, il y a bien sûr la future élection présidentielle de 1988 et tous les coups bas sont permis. Mais la déflagration sera telle qu'elle dépassera bien vite ceux qui ont allumé la mèche et jettera une lumière crue sur les rapports entre l'argent et la politique... En même temps qu'elle révèlera, s'il en était encore besoin, un éclairage cruel sur la politique africaine de la France.Monsieur X revient donc sur une affaire qui, malgré ses nombreux aléas judiciaires, conserve encore des zones d'ombre...Sat, 08 Aug 2009 13:15:00L'Affaire AlexiOn l'a appelé " l'affaire Alexi ". Un fait divers terrifiant : un sextuple assassinat dans une paisible villa de Louveciennes, banlieue parisienne paisible s'il en est ! Un massacre quasi-familial puisque quatre des victimes sont parentes. Mais c'est surtout le personnage du principal suspect qui provoque un choc : un adolescent aux joues rondes, un gamin trop sérieux qui affirme avoir tué avec le plus grand sang-froid son père, sa belle-mère, les père et mère de cette dernière et un couple d'amis qui séjournait dans la maison. Avec le plus grand sang-froid, oui... Sur les seize coups de feu tirés, une seule munition n'a pas atteint sa cible !...L'adolescent, Alexi, avoue presque d'emblée être le sextuple meurtrier... L'affaire est donc entendue. La suite appartient aux experts et autres psychiatres qui devront essayer de comprendre. Et peut-être même expliquer cette folie meurtrière ! Oui, mais voilà, l'adolescent ne tarde pas à se rétracter. Et ce théâtre d'ombres s'écroule ! Apparaît alors un fond de décor qui n'est pas moins terrifiant : des hommes en noir ca-goulés qui menacent avant de disparaître dans la nuit à bord d'une puissante voiture sombre... Et un spectre qui surgit, celui de la mafia russe qui, en ces années 1990, élimine sans pitié tous ceux qui s'opposent à sa mainmise sur l'économie d'un empire à l'agonie...Sat, 15 Aug 2009 13:15:00Mai 1967 : émeutes et massacre à Pointe-à-PitreUne fois n'est pas coutume, mais je voudrais commencer par le propos d'un ancien footballeur... Lilian Thuram, en l'occurrence. Interviewé il y a quelques semaines par un journaliste du Monde à propos de la grève générale en Guadeloupe, le sportif déclare : "La Guadeloupe est souvent en avance sur la métropole en matière de conflit social. Si je vous demande ce que vous inspire "mai 67", vous allez me répondre que je me trompe d'une année ou que je ne connais pas l'histoire de France !" Mai 67. Je dois moi aussi avouer, sans doute comme la majorité d'entre vous, que cette date ne m'inspirait aucun souvenir. Je me suis donc plongé dans les archives. Que s'était-il donc passé en Guadeloupe, en mai 1967 ? Et c'est ainsi que j'ai découvert une information assez stupéfiante : la Guadeloupe, département français, a connu à l'époque trois journées de grande violence qui ont provoqué la mort de nombreuses personnes. Vraisemblablement plusieurs dizaines abattues par les forces de l'ordre... Et pourtant, il faut se rendre à l'évidence : ni la grande presse ni le monde politique ne s'y sont vraiment intéressé ! Alors imagine-t-on un pareil massacre resté inaperçu dans tout autre département français de métropole ? C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur X de m'éclairer. Car, malgré le temps qui a passé, la vérité ne s'est toujours pas fait jour et certains documents sont toujours inaccessibles ! Notre ancienne colonie antillaise n'était donc pas un département comme un autre et il faut bien constater, à la lumière des récents événements, que cet état d'exception demeure !Sat, 22 Aug 2009 13:15:00La Papouasie Occidentale annexée et pillée par l'IndonésieInterdit ! C'est clair, net, sans aucune ambiguïté ! Les journalistes étrangers ne sont pas autorisés à pénétrer sur le territoire de la Papouasie occidentale. Dans cette colonie verrouillée par d'anciens colonisés, les Indonésiens, on doit pouvoir continuer à spolier, tuer, massacrer et exploiter la nature en toute discrétion. Et en toute impunité. Une situation particulièrement révoltante au moment où l'on célèbre le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme à laquelle France-Inter consacre ce week-end plusieurs de ses programmes.La Papouasie ! Un pays lointain, quasi-légendaire mais qui nous est parfaitement étranger... Et cependant, lorsque nous nous asseyons sur nos chaises de jardin fabriquées dans un beau bois blond imputrescible, c'est souvent sur un petit morceau de Papouasie que nous nous installons... Un bois arraché à l'une des plus importantes forêts primaires du monde aujourd'hui menacée d'extinction à cause de la voracité des marchands qui l'exploitent sans vergogne. La forêt meurt mais les hommes d'abord. Victimes de la cupidté des grandes sociétés anglo-saxonnes qui fouillent leurs montagnes pour y extraire l'or et le cuivre et polluent irrémédiablement leurs terres. Victimes d'une armée qui sert de garde-chiourme à ces industriels. Victimes d'un système qui les exclut et n'a de cesse de vouloir détruire leur civilisation et leurs croyances... Bref, leur âme !Sat, 29 Aug 2009 13:15:00Réseau Ergenekon : le Gladio turc ? (1/2)Ce pourrait être le titre d'un roman gothique du 19° siècle : Ergenekon ! Et, effectivement, ce nom mystérieux recouvre une histoire aussi fantastique qu'inquiétante : un complot à l'échelle de tout un pays et dont on ne cesse depuis deux ans de démêler difficilement les fils tant les conspirateurs bénéficient de nombreuses complicités? Ce pays, c'est la Turquie où l'on découvre avec effarement que la pieuvre Ergenekon avait lancé ses tentacules au plus profond de l'Etat et des institutions.Alors, avant d'ouvrir ce dossier avec Monsieur X, une explication sur cette appellation ténébreuse? Ergenekon, c'est le nom d'une vallée mythique des montagnes de l'Altaï, au fin fond de l'Asie centrale. Là d'où seraient originaires les tribus turques originelles? Selon la légende, une louve au pelage gris-bleu aurait incité ces féroces guerriers à quitter leurs montagnes pour se lancer à la conquête du vaste monde. Et c'est ainsi que, conduits par ce fauve, les Turcs auraient abandonné l'Asie centrale pour avancer vers la Méditerranée et se rendre d'abord maîtres de l'Anatolie? Avant de conquérir une grande partie du bassin méditerranéen et des Balkans.Et ce n'est pas par hasard si, plus tard, au XX° siècle, une redoutable organisation turque nationaliste et terroriste a choisi de s'appeler "Les Loups gris". Les Loups gris qui seront le bras armé et clandestin du complot Ergenekon ! Et ici, il faut rappeler que c'est à l'occasion de l'attentat contre Jean-Paul II, en 1981, que les Loups gris accèderont, si j'ose dire, à une notoriété internationale lorsqu'on apprendra que l'homme qui a tiré sur le chef de la catholicité, Ali Agça, était membre de cette organisation criminelle?Mais au-delà de cette appellation folklorique ou légendaire, c'est donc la réalité d'une vaste opération conspirationniste qui est en train d'être mise au jour en Turquie. Une entreprise née au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, qui n'a cessé de peser sur les orientations politiques du pays et qui est responsable des épisodes les plus sanglants de l'histoire récente de la Turquie.Sat, 12 Sep 2009 13:15:00Réseau Ergenekon : le Gladio turc ? (2/2)Les Turcs l'ont appelé « l'Etat profond » ! Et l'expression dit bien ce qu'elle veut dire : pendant des années, il a existé en Turquie, dissimulé derrière les acteurs visibles de la vie publique, une structure secrète qui détenait la réalité du pouvoir et qui se trouvait dans les mains des militaires? L'armée turque, Monsieur X le rappelait la semaine passée, a en effet toujours joué un rôle éminent depuis l'accession au pouvoir du père de la Turquie moderne, Atatürk. L'armée qui, à la suite de l'un des nombreux putschs qu'elle a perpétrés, s'est même arrogé le droit constitutionnel d'intervenir dans la vie publique du pays dès lors qu'elle estimait que les principes républicains étaient menacés?Cette toute puissance des militaires a été récemment battue en brèche par l'irruption dans l'arène politique des Islamistes du parti de La Justice mené par le Premier ministre Recep Tayep Erdogan? Un véritable bouleversement qui a permis, non sans difficultés, de mettre en lumière la réalité de ce mystérieux « Etat profond » mais aussi l'existence d'une vaste conjuration visant à restaurer le pouvoir des militaires, le complot Ergenekon? Ergenekon étant le nom d'une vallée asiatique légendaire d'où les premiers Turcs seraient sortis, guidés par une louve au pelage gris-bleu, afin de conquérir le monde.Le complot Ergenekon se réfère donc aux mythes fondateurs? Il n'en a pas moins une véritable existence, celle d'une pieuvre où l'on retrouve pêle-mêle des généraux, les services secrets, la section turque de Gladio, l'organisation terroriste des Loups gris et les principaux parrains de la mafia locale?Mon, 21 Sep 2009 13:15:00Mai 1987, l'attaque du USS Stark (1/2)C'est l'un des grands mystères de la première guerre du Golfe, c'est à dire celle qui a opposé pendant huit longues années l'Irak et l'Iran. Une guerre particulièrement meurtrière? En mai 1987, un navire de patrouille états-unien croisant dans le Golfe, le Stark, est victime d'une attaque de missiles. 37 marins sont tués. L'agresseur est assez vite identifié : contre toute attente, il s'agit de l'Irak? Alors même que, de longue date, Bagdad bénéficie d'un soutien actif de Washington en matière de fourniture d'équipements militaires? Est-ce cette violente agression va modifier le jeu diplomatique ? Est-ce que les Etats-Unis, comme ils en ont souvent l'habitude, vont procéder à des représailles et punir les Irakiens ? Pas du tout. Saddam Hussein présente des excuses, immédiatement acceptées par le président Reagan. Et on en reste là. Mieux, on assiste au contraire à un rapprochement entre les deux Etats?Alors que s'est-il passé ? Pourquoi un pilote irakien a-t-il ouvert le feu contre un bâtiment états-unien ? S'agit-il d'une méprise ? Et comment expliquer l'absence de réaction américaine dont la marine n'a pourtant jamais été aussi durement frappée depuis 1967 ? Et enfin, cette passivité s'explique-t-elle par les embarras de Ronald Reagan, empêtré dans le scandale de l'Irangate ? Monsieur X revient sur tous ces mystères dont le moindre, on le verra, n'est pas la nature de l'avion qui a frappé le Stark? L'occasion aussi d'examiner avec un oeil neuf cette sanglante guerre du Golfe.Sat, 26 Sep 2009 13:15:00Mai 1987, l'attaque du USS Stark (2/2)Il s'agit sans doute de l'un des événements les plus incompréhensibles de la première guerre du Golfe, celle qui a opposé huit années durant l'Irak à l'Iran : la frappe en 1987 d'une frégate américaine, l'USS Stark, par des missiles tirés par un appareil irakien? Alors même que les Etats-Unis avaient nettement choisi le camp de Bagdad dans cet interminable et meurtrier conflit? Un choix purement stratégique : Saddam Hussein apparaissant comme le meilleur rempart contre la contagion islamique téléguidée par les ayatollahs de Téhéran.Et nous avons vu la semaine passée avec Monsieur X que ce soutien s'est traduit par une aide massive, tant militaire qu'alimentaire. Un puissant lobby pro-irakien s'est alors constitué à Washington et les représentants des plus grandes entreprises états-uniennes se sont précipités à Bagdad pour signer de fructueux contrats, en parfait accord avec l'administration et la Maison Blanche. Quitte à planter des banderilles aux industriels français qui étaient jusqu'alors les principaux fournisseurs de l'Irak. Quitte surtout à accroître encore plus la faramineuse dette d'un Etat qui mène depuis longtemps sa guerre à crédit? Et sera bien sûr incapable de rembourser. Ce qui sera l'une des causes principales de la deuxième guerre du Golfe, celle qui opposera l'Irak seulement trois ans plus tard à une formidable coalition alliée conduite par les mêmes Etats-Unis ! Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite : en 1987, donc, entre Washington et Bagdad c'est la lune de miel. Et rien n'est trop beau pour équiper l'armée irakienne et lui permettre de résister aux coups de boutoir des combattants iraniens qui déferlent par vagues sur le front !Alors, dans ces conditions, pourquoi un appareil irakien va-t-il attaquer un bâtiment états-unien qui navigue tranquillement dans les eaux du Golfe ? Une frappe meurtrière qui provoque la mort de 37 marins américains. Et qui, paradoxalement ne donnera lieu à aucune réaction belliqueuse de Washington. Mais ce n'est pas la seule question posée par cette mystérieuse agression...Sat, 03 Oct 2009 13:15:00Retour en Somalie (1/2)Est-ce le pays le plus dangereux du monde, comme certains l'ont écrit ? En tout cas, il est vrai que la Somalie concentre aujourd'hui un grand nombre de situations et de faits dramatiques? Non seulement ce pays sans Etat vit une guerre civile pratiquement ininterrompue depuis 1991 mais il s'enfonce dans la misère et le chaos qui poussent sur les chemins toujours plus de déplacés. Un million déjà !? On n'y compte pas non plus les prises d'otages d'étrangers et enfin, personne ne peut plus ignorer que c'est aussi des côtes somaliennes que partent en mer ces redoutables pirates afin d'arraisonner les bâtiments qui osent toujours s'aventurer dans la Mer rouge ! Cette route maritime indispensable au commerce international.Enfin, et ce n'est pas la moindre des difficultés que connaît le pays, l'ombre de Ben Laden et d'Al-Qaïda plane sur la Somalie. Et certains experts occidentaux n'hésitent pas à proclamer qu'on se trouve devant un nouvel Afghanistan ! C'est à dire une zone noire où le terrorisme se développerait en toute quiétude avant de déferler plus tard sur tous les pays qui se refusent à l'islamisme? Fantasmes, propagande ? Il y a certainement de cela. Mais il y a sans doute aussi une part de vérité?Sat, 10 Oct 2009 13:15:00Retour en Somalie (2/2)La Somalie ne quitte plus guère la une des journaux. Quand il ne s'agit pas d'un affrontement qui, une fois de plus, ensanglante les rues de Mogadiscio, on évoque une nouvelle tentative de piratage en Mer rouge. Ou encore une prise d'otages, la dernière étant celle de deux agents français des services de renseignement. Un chaos qui dure depuis 1991, c'est à dire depuis la fin de l'existence de l'Etat somalien. Un régime qui n'aura donc vécu qu'une trentaine d'années car, avant l'indépendance intervenue en 1960, il n'existait pas d'Etat mais une juxtaposition de clans, divisés eux-même en sous-clans et en lignées? Une démocratie pastorale ou une hyperdémocratie anarchique, comme la décrit l'un des meilleurs connaisseurs de la région, Gérard Prunier. Et, pour lui, il était donc vain d'essayer d'imposer aux nomades somalis les structures d'un Etat conçu à l'image de nos démocraties occidentales. L'ONU et les Etats-Unis s'y sont cassé les dents.Cependant, malgré ces échecs retentissants, la communauté internationale continue à s'intéresser de très près à la Somalie. Ou plutôt aux trois Somalies puisque deux provinces à l'extrême nord ont fait sécession, le Somaliland, ancienne colonie britannique, et le Puntland, l'ancien pays de Pount des Egyptiens, un territoire accroché à la Corne de l'Afrique qui est aujourd'hui la Côte des pirates. Et justement, c'est d'abord la question du piratage qui préoccupe au premier chef les grandes puissances. La Mer rouge est en effet l'une des routes maritimes les plus fréquentées au monde : vingt mille bâtiments y naviguent chaque année et cette insécurité grandissante est une menace pour le commerce international. Mais il y a ensuite le terrorisme ! Selon certains experts occidentaux, la Somalie serait devenue un nouveau sanctuaire pour Al-Qaïda. Vrai ou pur fantasme ? C'est l'une des questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre, après avoir esquissé la semaine passée l'histoire de la Somalie jusqu'au début des années 90.Sat, 17 Oct 2009 13:15:00Le tunnel sous Berlin, 1955-1956Il s'agit certainement de l'une des opérations d'espionnage la plus audacieuse du siècle dernier. La plus audacieuse mais aussi la plus méconnue. Et si j'ai voulu vous la raconter aujourd'hui avec Monsieur X, c'est qu'elle a eu pour théâtre Berlin. Berlin dont nous allons beaucoup parler les jours prochains en raison de la célébration du vingtième anniversaire de la chute du Mur.Alors quelle est cette opération ? C'est la construction, dans la première moitié des années cinquante, d'un tunnel sous Berlin. Un tunnel d'un demi-kilomètre qui a permis aux services secrets anglo-saxons d'espionner pendant presque un an les communications militaires des Soviétiques.Mais, vous le savez si vous êtes des auditeurs fidèles de « Rendez-vous avec X », les dés étaient pipés dès le départ puisqu'un agent double avait alerté le KGB avant même la construction de ce tunnel. En effet, avec Monsieur X, nous avons déjà évoqué il y a une dizaine d'années cette extraordinaire affaire. Mais si j'ai voulu y revenir, c'est non seulement à cause de l'actualité mais aussi parce que des documents récemment déclassifiés par la CIA jettent une lumière nouvelle sur cette opération et sur cette taupe qui y a joué un rôle essentiel. Un certain George Blake, l'un des plus grands espions du XX° siècle ! « L'espion qui ne regrette rien ! » comme l'ont appelé d'aucuns.Sat, 24 Oct 2009 13:15:00Les liens entre Berlin-Est et le terrorisme dans les années 70 et 80Quand saura-t-on la vérité ? La vérité sur les vrais rapports qui ont existé entre la RDA, l'ex-Allemagne de l'Est, et le terrorisme.Alors que l'on célèbre le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, la question est toujours disputée et fait débat dans la nouvelle Allemagne réunifiée où l'on n'a pas oublié le menace qu'a longtemps fait peser sur le pays la RAF, la Fraction Armée rouge... C'est à dire ce que l'on a appelé aussi la « bande à Baader » ! Dans quelle mesure, la Stasi, la police politique de la RDA, a-t-elle aidé les terroristes en leur offrant assistance matérielle et asile ? Et a-t-elle même été à l'origine de certaines actions criminelles de la RAF ?Autre question : quel a été le rôle de la RDA dans l'orchestration du terrorisme international ? Berlin-Est a vu passer la fine fleur des maîtres en terrorisme... A commencer par l'incontournable Carlos qui s'y est même installé quelque temps à l'heure où la France était frappée par de terribles attentats. Et là encore on peut se demander s'il a ou non bénéficié de la collaboration des services secrets est-allemands...L'ouverture des archives, en particulier celles de la Stasi, a permis d'apporter quelques réponses à toutes ces questions... Mais dans la plupart des cas, le mystère n'est pas vraiment dissipé.Sat, 31 Oct 2009 13:15:00Les mystères du MurOn l'a oublié, mais c'était plus qu'un symbole du totalitarisme ! Une nécessité économique pour la RDA, l'ex-Allemagne de l'Est. Je veux bien sûr parler du Mur de Berlin qui est tombé il y a tout juste vingt ans sous les coups de boutoir de la démocratie... Ecoutez par exemple ce que disait le numéro un de la RDA, Walter Ulbricht, quelques mois seulement avant la construction de ce mur qui allait couper Berlin en deux : "Dans le combat économique et politique contre notre république, Berlin-Ouest joue le rôle de filière à l'aide de laquelle s'effectue ce commerce de chair humaine, et par laquelle aliments et autre produits s'échappent de notre république. Berlin-Ouest est par conséquent une énorme brèche au milieu de notre république, qui nous coûte plus d'un milliard de marks chaque année."Il fallait donc, selon Ulbricht, combler tôt ou tard cette brèche. Ce qui fut fait le 13 août 1961 avec une célérité tout à fait extraordinaire... La preuve que depuis longtemps les communistes avaient programmé cette opération qui a semblé prendre par surprise les Occidentaux... Je dis bien « semblé » car à l'Ouest, certains savaient. Ce n'est pas le moindre mystère de cette affaire qui a été aussi l'un des points culminants de la Guerre froide.Avec Monsieur X, qui nous a déjà entretenus de l'implication de la RDA dans le terrorisme et de l'édification d'un autre ouvrage exceptionnel, la construction du tunnel sous Berlin qui permettait aux Américains d'espionner les Soviétiques, nous ouvrons donc une nouvelle page du dossier Berlin.Sat, 07 Nov 2009 13:15:00La Guinée (1/2)La Françafrique, c'est un peu comme le sparadrap du capitaine Haddock... On ne s'en débarrasse vraiment jamais. L'actualité nous le rappelle en permanence... Il y a eu par exemple, très récemment, l'arrêt de la cour d'appel de Paris qui n'a pas reconnu à un certain nombre d'ONG le droit de poursuivre des dirigeants africains coupables d'avoir acquis en France des biens considérables avec de l'argent volé à leur propre pays... Il y a aussi cette diplomatie parallèle française qui continue à s'exercer sur le continent africain dans la meilleure tradition d'un Foccart ! Un avocat bien connu, Me Bourgi, ne rendant compte qu'à l'Elysée, n'est-il pas en Afrique le véritable missi dominici de la France ? Bien avant le ministre de la Coopération. Et faut-il rappeler que le précédent ministre de la Coopération, Jean-Marie Bockel, a rapidement changé de portefeuille après qu'il eut osé dire qu'il fallait en finir avec la Françafrique... Comme un certain Jean-Pierre Cot avait été lui aussi remercié pour les mêmes raisons sous le premier septennat de François Mitterrand.Il n'est jusqu'aux derniers et tragiques événements de Guinée pour montrer que la Françafrique est toujours vivante. Une semaine avant le massacre de Conakry le 28 septembre 2009, Patrick Balkany, dont on sait qu'il est un proche du chef de l'Etat, affirme que la candidature du chef de la Junte guinéenne à la présidence ne pose aucun problème. Et cela en par-faite contradiction avec la position de notre ministère des Affaires étrangères ! Mais justement, les 150 opposants qui ont manifesté pacifiquement le 28 septembre à Conakry sont morts parce qu'ils estimaient, eux, que cette candidature du capitaine Camara posait un problème !La Françafrique donc. Encore et toujours ! Monsieur X m'en a souvent parlé. Il y revient cette semaine à la lumière de la tragédie guinéenne...Sat, 28 Nov 2009 13:15:00La Guinée (2/2)Au moins 150 morts, des femmes violées, des gens battus... C'était le 28 septembre dernier dans un stade de Conakry, la capitale de la Guinée... Tous venaient protester pacifiquement contre la décision du chef de la Junte, Moussa Dadis Camara, qui, malgré ses promesses, avait décidé de se présenter à l'élection présidentielle... Un épisode sanglant de plus dans un pays qui vit un vrai cauchemar depuis un demi-siècle... De dictature en dictature, de massacre en massacre, de terreur en terreur... Et de misère en misère ! Alors que ce petit Etat africain dispose d'atouts considérables et d'innombrables richesses naturelles.Tout a commencé dans les années 50 avec le premier maître du pays, Sékou Touré. L'homme qui a osé dire « non » au général de Gaulle en refusant à sa façon le système paternaliste de la Françafrique. Paris lui a fait payer cher cet affront en multipliant les tentatives de déstabilisation. Mais en réalité, c'est le peuple guinéen qui a payé le prix fort : Sékou Touré, obsédé par les complots vrais ou imaginaires qu'on fomentait contre lui, a engagé son pays dans un régime de terreur inspiré par la Corée du Nord qui va perdurer pendant un quart de siècle...Pourtant, disait Monsieur X la semaine passée, la fin des années 70 et l'orée des années 80 voient un début de rapprochement avec la France qui va largement ouvrir son porte-monnaie. Les investisseurs reviennent, les vautours planent à nouveau au-dessus de Conakry. Mais en 1984, Touré meurt subitement. Et presque immédiatement, les militaires font main basse sur la Guinée.Sat, 05 Dec 2009 13:15:00La Révolution roumaine, décembre 1989 (1/2)C'était il y a seulement 20 ans... Et, si vous les avez vues à la télévision, vous n'avez pu oublier ces images d'un procès surréaliste... Un couple de vieillards comparaissant devant des magistrats quasi-invisibles... Une petite heure de débats au cours de laquelle les accusés se défendent bec et ongles... Et la sentence qui tombe : la mort. Et puis aussitôt après les dernières images : deux corps gisant près d'un mur... Justice avait été faite, si l'on peut dire : les époux Ceausescu avaient payé.C'était donc il y a 20 ans alors qu'un peu partout dans le monde, on ne pensait qu'à célébrer les fêtes de fin d'année. L'épilogue provisoire d'une étrange révolution roumaine qui, en dépit de la satisfaction de voir la chute d'une dictature ubuesque, laissait un mauvais goût dans la bouche... Comme si, dès la diffusion de ces images d'un procès expéditif filmées à la sauvette, on sentait le trucage... Et même l'arnaque ! Et que penser aussi de ce flot de fausses nouvelles qui avaient précédé cette double exécution ? Ces dizaines de milliers de morts qui n'avaient existé que dans l'imagination des journalistes. Ou plutôt dans les officines de très habiles manipulateurs...Monsieur X, très tôt, avait déjà suspecté la supercherie alors que la plupart des observateurs, des commentateurs et des diplomates s'accrochaient encore à la thèse d'une révolution spontanée du peuple roumain... A l'occasion du vingtième anniversaire, et à la lumière des dernières informations parvenues à sa connaissance, il revient sur les événements de cette fin de l'année 1989...Sat, 12 Dec 2009 13:15:00La révolution roumaine, décembre 1989 (2/2)A quelques jours près, c'était donc il y a vingt ans ! La révolution roumaine. La révolution en direct, comme on l'a appelée ! Car les caméras de télévision, omniprésentes, ont joué un grand rôle dans le déroulement de l'événement, distribuant sans compter images et commentaires... Et pourtant certaines images mentaient. Quant aux commentaires, quand ils n'étaient pas approximatifs, ils étaient tout simplement fantaisistes. Il suffit pour s'en persuader de se rappeler la fable des 60.000 morts abondamment véhiculée par les télévisions du monde entier...Mais comment s'en étonner ? La révolution roumaine était aussi une révolution en trompe-l'?il, une super-production mise en scène de main de maître. C'est ce que nous allons voir aujourd'hui avec Monsieur X.Auparavant, un rappel : la semaine passée, mon interlocuteur a énuméré un certain nombre de faits curieux qui annonçaient l'épilogue : la chute du dictateur Ceausescu. Mais le Conducator ou le « Génie des Carpates », comme une presse aux ordres n'hésitait pas à le nommer, dûment prévenu des menaces, n'a pas voulu en prendre compte tant il était certain que la Roumanie anesthésiée sur laquelle il régnait depuis 1965 ne pourrait jamais se révolter... Il comptait essentiellement sur sa police, la fameuse Securitate, qui surveillait et terrorisait toute la population.Mais, nous allons le voir, le ver était dans le fruit. Et l'affaire était préparée de longue date.Sat, 19 Dec 2009 13:15:00Le S.A.C. (1/2)Il s'agit de la face obscure du gaullisme... L'existence du SAC. Ce Service d'Action civique, créé en 1959, au lendemain du retour au pouvoir du général de Gaulle et dont la raison d'être était justement de soutenir l'action du général. Mais très rapidement, cet objectif respectable a été dévoyé et le SAC est devenu une sorte de police parallèle qui a recruté ses hommes de main à la fois chez les représentants de l'ordre et dans la pègre. La possession de la fameuse carte d'adhérent, barrée de tricolore, était en effet un précieux sésame qui permettait aux truands de passer sans encombre les contrôles de police et leur assurait une sorte d'impunité... Cette dérive ne fera que s'amplifier au fil des ans car le SAC sera mêlé à la plupart des événements qui jalonnent les débuts de l'histoire de la V° République, lutte contre le FLN puis l'OAS, mai 1968, etc. Et malgré l'épuration entreprise par Georges Pompidou au lendemain de la démission du général, ses militants se distingueront encore par de nombreuses malversations et des actions violentes lorsqu'ils sont chargés, par exemple, de briser des grèves, de commettre des attentats ou de participer à des campagnes électorales musclées.Enfin, alors que l'organisation entre en déliquescence et que la gauche vient d'arriver au pouvoir, c'est l'affaire de la tuerie d'Auriol... Toute une famille massacrée par un commando du SAC. Un dossier encore mystérieux car les mobiles des tueurs n'ont pas été véritablement éclaircis... En tout cas, ce drame sera à l'origine de la dissolution du SAC en 1982."SAC, des hommes de l'ombre", un téléfilm de Thomas Vincent, scénario de Claude Angeli - diffusé sur Canal+ le 29 novembre 2005http://www.canalplus.fr/index.php?pid=&cid=17734Sat, 26 Dec 2009 13:15:00Le S.A.C. (2/2)C'est l'histoire d'une dérive... Mais une dérive presque obligée. Le climat de violence, la culture du secret, un recrutement peu scrupuleux, ont conduit presque naturellement le SAC à s'engager dans des voies de plus en plus tortueuses, de plus en plus douteuses.Pourtant, à l'origine, le SAC n'est qu'une association loi de 1901, destinée à soutenir l'action du général de Gaulle. Rien de répréhensible, donc. Mais déjà, dans l'ombre, ses dirigeants, dont le célèbre Jacques Foccart, veulent faire de ce mouvement une police parallèle chargée de surveiller les opposants et de prévenir toute contestation... Une officine qui, au fil du temps et des événements, infiltre la police et ses services secrets mais qui est aussi amenée à lancer des ponts vers le milieu pour accomplir ses besognes les moins honorables. C'est ainsi, par exemple que le caïd lyonnais Jean Augé devient aussi le chef régional occulte du SAC. Un compagnonnage dangereux car il est évident que les malfrats recrutés se soucient bien peu de politique et ne se servent du SAC que pour faire prospérer leurs propres affaires. La carte tricolore du service est en effet un vrai sésame. Et les différentes tentatives d'épuration de l'organisation n'y peuvent mais : le ver est dans le fruit.En 68, nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X, le SAC contribue de façon relativement efficace à la reprise en main et au sursaut gaulliste. C'est le SAC qui a en particulier organisé la grande manifestation du 30 mai qui a scellé la véritable fin du mouvement de contestation.Monsieur X poursuit donc son récit sur l'histoire du SAC. Une histoire qui se terminera tragiquement en 1981 à Auriol par un vrai massacre."SAC, des hommes de l'ombre", un téléfilm de Thomas Vincent, scénario de Claude Angeli - diffusé sur Canal+ le 29 novembre 2005http://www.canalplus.fr/index.php?pid=&cid=17734Sat, 02 Jan 2010 13:15:00Les Tupamaros (1/2)Quelle revanche ! Trois décennies après l'écrasement sans pitié de leur mouvement par les militaires, un guérillero Tupamaro vient d'accéder le plus légalement du monde à la tête de l'Uruguay... José Mujica, plus familièrement appelé « Pepe », a été élu président de son pays et entrera en fonctions dans quelques semaines.Avec l'élection de ce vieux guérillero, qui a combattu les armes à la main, c'est tout un morceau de passé qui remonte à la surface... Dans les années 60-70, l'Amérique du Sud était alors le théâtre de l'éclosion de nombreux mouvements insurrectionnels, souvent d'inspiration marxiste... Ou plutôt, à l'image de ce qui venait de se passer à Cuba, guévariste... Certains, faisant référence à la lutte ancestrale des Indiens contre le colonisateur espagnol, avaient d'ailleurs choisi de s'appeler Tupamaros, du nom du chef de la plus grande rébellion indienne, Tupac Amaru, vaincu puis écartelé sur la grande place de Cuzco en 1781.Ce fut donc le cas en Uruguay où ces rebelles ont fait leur apparition dans les années 1960 en donnant naissance à une opposition clandestine très originale où, au moins dans un premier temps, ils ont mis les rieurs de leur côté en ridiculisant le pouvoir en place.Mais le grand voisin nord-américain s'en est rapidement mêlé et est venu au secours des dirigeants uruguayens... Le terrible cycle violence-répression s'est enclenché, comme dans d'autres pays du continent. Et le petit Uruguay, longtemps considéré comme la Suisse de l'Amérique latine, a sombré dans l'horreur. À tel point qu'on y a expérimenté l'utilisation systématique de la torture. Des méthodes qui feront école ailleurs sur le continent.Monsieur X a donc choisi cette semaine de revenir aux sources de cette spectaculaire guérilla qui a permis aujourd'hui à l'un des siens de devenir le numéro un de son pays !Sat, 16 Jan 2010 13:15:00Les Tupamaros (2/2)Prendre aux riches pour donner aux pauvres ! C'était l'un des objectifs poursuivi par ces curieux Robins des Bois qu'étaient les Tupamaros uruguayens des années 60 et 70. Une guérilla parfaitement originale en Amérique du Sud et qui a d'ailleurs commencé par ridiculiser le pouvoir en place à Montevideo en mettant les rieurs de son côté... Actions spectaculaires, imaginatives et généralement pacifiques, pendant les premières années de leur existence, les Tupamaros ont multiplié les initiatives contre un gouvernement conservateur sclérosé et corrompu par les puissances d'argent... Mais, nous a dit Monsieur X la semaine passée, ça ne pouvait pas durer. La spirale de la violence a fini par l'emporter. Et d'abord parce que, très rapidement, les forces de police vont utiliser les pires méthodes contre ces guérilleros... A commencer par l'emploi systématique de la torture. Une répression qui va être puissamment aidée par les Etats-Unis, obsédés par la contagion castriste sur le continent.C'est ainsi que sous couvert de l'Agence pour le développement international, en 1969, un expert en interrogatoire, Dan Mitrione, est envoyé en Uruguay où il met immédiatement ses talents de tortionnaire au ser-vice de la police. Mais les Tupamaros l'enlèvent. Et, en échange de sa vie, demandent la libération d'un certain nombre de prisonniers... Cependant, sous la pression de Washington, le gouvernement uruguayen ne cède pas... Mitrione, sacrifié, est abattu par ses geôliers. Immédiatement une violente campagne anti-Tupamaros se développe... Le prétendu fonctionnaire humanitaire Mitrione devient un héros. Et c'est maintenant l'armée uruguayenne qui va traquer les guérilleros avec de gros moyens et une férocité inouïe...Retour donc sur l'histoire de cette guérilla pas comme les autres dont l'un des premiers militants historiques, José Mujica, vient d'être élu à la présidence uruguayenne après avoir passé de longues années en prison et avoir connu lui aussi la torture. Une revanche unique sur un continent trop longtemps gangrené par la violence !Sat, 23 Jan 2010 13:15:00Le Yémen (1/2)Le modeste Yémen se serait sans doute bien passé de cette soudaine publicité... Il a en effet suffi de la tentative d'attentat ratée d'un Nigérian qui y a séjourné pour que le Yémen soit présenté comme un antre de terroristes, l'un des pays les plus dangereux au monde, un Etat qui mériterait qu'on y envoie une force internationale pour en chasser tous les fauteurs de troubles...Heureusement, la situation actuelle qui prévaut en Afghanistan a réfréné les ardeurs des plus frénétiques boutefeux. Qui sait ce qui attendrait de nouveaux coalisés s'ils débarquaient au Yémen ? Et le président Obama ne semble nullement pressé de tomber dans un nouveau piège anti-terroriste hors des Etats-Unis... La lutte contre Al-Qaïda ne peut conduire à tous les aveuglements.Il n'empêche que ce pays qui a si peu fait parler de lui jusqu'à aujourd'hui suscite légitimement de vraies inquiétudes et que la guerre interne dans le nord qui le mine depuis 2004 peut contribuer à embraser cette région déjà fragilisée par le chaos qui existe de l'autre côté de la Mer rouge, en Somalie.Il faut ajouter la position stratégique du Yémen, au sud de la péninsule arabique, c'est à dire le long de cette route maritime de l'Océan indien par où transitent les tankers pétroliers et les cargos si indispensables aux économies occidentales.Autant de raisons de s'intéresser de très près à ce pays dont la mauvaise réputation, à tort ou à raison, ne cesse de croître. Monsieur X analyse les enjeux véritables de cette nouvelle crise internationale où le puissant voisin du nord, l'Arabie saoudite, joue un rôle obscur et particulièrement ambigu. Mais on pourrait aussi s'interroger à propos des menées iraniennes au Yémen... Le début d'un long entretien.Sat, 06 Feb 2010 13:15:00Le Yemen (2/2)Est-ce la nouvelle zone noire de notre monde ? L'antre du terrorisme, le nouveau sanctuaire d'Al-Qaïda et de tous les émules de Ben Laden ?C'est en tout cas ce que l'on lit un peu partout à propos du Yémen, en particulier depuis la tentative d'attentat perpétrée dans un avion américain par un jeune Nigérian qui aurait été formé au terrorisme par un maître yéménite. Un jeune homme de bonne famille qui aurait affirmé aux enquêteurs avoir été mandaté par Al-Qaïda. Fantasmes ou réalité ? C'est l'une des questions auxquelles Monsieur X se propose de répondre dans la deuxième partie de cet entretien consacré au Yémen.La semaine dernière, il a évoqué l'histoire récente de ce pays qui est, malgré sa mauvaise réputation actuelle, la seule démocratie du monde arabe, certes de plus en plus fragilisée et tribalisée... Une histoire tourmentée qui explique en partie son destin actuel... Longtemps divisé en deux Etats, l'un conservateur et très religieux au Nord et l'autre, marxiste, au Sud, le Yémen a vécu dans la douleur sa réunification dans les années 90... C'est à cette occasion que ses dirigeants ont laissé filtré le poison tribal qui le mine aujourd'hui... Autre point essentiel : les man?uvres insidieuses du voisin saoudien qui n'a eu de cesse d'essayer de le déstabiliser, y compris en instrumentalisant les Islamistes qui n'ont cessé de gagner en influence au fil des années... Et il faudrait encore rappeler que c'est au Yémen que les Américains ont pour la première fois fait appel, bien avant l'Afghanistan, à des combattants djihadistes pour contrer les Soviétiques présents au Sud-Yémen... Un précédent très dangereux.Tel était donc le Yémen au début du troisième millénaire... Ruiné par d'innombrables guerres civiles, divisé et sur le point de devenir le nouveau foyer du terrorisme international...Sat, 13 Feb 2010 13:15:00Le conflit du Haut KarabakhC'est une grenade dégoupillée aux portes de l'Europe. Le conflit du Haut Karabakh ! Une enclave arménienne au sein de l'Azerbaïdjan. Un minuscule territoire, certes, et qui ne dispose pas de richesses particulières, mais qui se trouve au carrefour des principales routes du gaz et du pétrole vers l'Europe, et dans une région, le Caucase, qui est un véritable bouillon de culture nationaliste? On l'a vu en Tchétchénie, en Ingouchie, en Ossétie ou encore récemment en Géorgie. Une région aussi où les enjeux géostratégiques sont capitaux. Située au sud de la Russie, elle se trouve à mi-chemin entre l'Asie centrale et les Balkans. Autant dire que les grandes puissances veillent sur son destin.Enfin, et c'est important à une époque où on se sert de l'Islam comme d'un épouvantail, l'enclave du Karabakh est peuplé majoritairement de Chrétiens alors que l'Azerbaïdjan est musulman et que certains voudraient bien y voir la présence d'Al-Qaïda.Le conflit est né tout juste avant la dislocation de l'Empire soviétique et il a ensuite donné lieu à une guerre très meurtrière jusqu'en 1994. Depuis, c'est la paix. Mais une paix armée. Car, aucune solution politique n'ayant été trouvée, la guerre peut se réveiller d'un jour à l'autre et risquer de déstabiliser tout le Caucase.Monsieur X ouvre donc ce dossier brûlant et se demande en particulier qui a intérêt à perpétuer cet interminable conflit et cette curieuse guerre froide qui oppose l'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux anciennes Républiques soviétiques.Sat, 20 Feb 2010 13:15:00La guerre civile au SurinameD'aucuns l'ont appelée la Babel tropicale... Un curieux petit pays métissé, où l'on croise des créoles, des Indiens, des Amérindiens, des Javanais, des Chinois et des Européens... Et où, malgré le fait que la langue officielle soit le néerlandais, on parle au moins 15 dialectes. Je veux parler du Suriname, l'ancienne Guyane hollandaise, un Etat situé au nord du Brésil, coincé entre le Guyana et notre Guyane française.Mais pourquoi évoquer aujourd'hui avec Monsieur X ce pays lointain dont la plupart d'entre nous ignorent l'histoire et même la localisation exacte ? D'abord parce qu'à lui seul le Suriname concentre un certain nombre des dangers qui pèsent sur notre planète : une déforestation démesurée, une exploitation irraisonnée des richesses naturelles et la pollution qui en découle, une misère latente, une violence endémique, une situation politique chaotique, une corruption latente, un trafic de drogue en expansion et, coiffant toutes ses difficultés et les expliquant en partie, la fièvre de l'or...Il faut ajouter que le voisinage du Suriname avec la Guyane française ne laisse pas d'inquiéter... Car le Suriname exporte aussi ses propres maux sur l'autre rive du fleuve Maroni... Là où se trouve la précieuse base européenne de lancement de fusées de Kourou... Autant dire l'importance stratégique du Suriname dont, pourtant, les médias parlent rarement.Monsieur X propose donc de donner un coup de projecteur sur cette région méconnue et d'analyser les menaces qu'elle représente...Sat, 27 Feb 2010 13:15:00Moussa Sadr (1/2)Quand la réalité rejoint le mythe... L'imam caché, celui dont les Musulmans chiites du monde entier attendent la réapparition à la fin des temps, se serait-il réincarné en la personne d'un imam libanais bien réel qui, lui aussi, a mystérieusement disparu. Mais... en 1978... En tout cas, certains croyants sont tout près de le croire et identifient au moins symboliquement Moussa Sadr au douzième descendant de Mahomet, le Mahdi, c'est à dire le Guide attendu, sorte d'équivalent musulman du Jésus chrétien.Moussa Sadr, donc... Un dirigeant religieux atypique qui disparaît à l'occasion d'un voyage en Libye alors que son pays d'adoption traverse une des pires tourmentes de son histoire pourtant mouvementée. Un personnage au physique impressionnant qui jouit alors d'une grande autorité autant morale que politique... Mais aussi un homme qui dérange ! Et pas seulement au pays du Cèdre. Ses positions hétérodoxes irritent ceux qui l'ont soutenu. Le Chah d'Iran et sa police secrète, le président syrien Hafez el-Assad, le bouillant dictateur libyen Kadhafi, mais aussi ses anciens alliés palestiniens... Et n'est-il pas aussi un rival dangereux pour le futur guide iranien, l'ayatollah Khomeiny, qui va bientôt s'emparer du pouvoir à Téhéran ? Et que penser des Israéliens qui ne pouvaient que voir d'un mauvais ?il ce dirigeant qui avait galvanisé les Chiites libanais et leur avait rendu d'une certaine façon dignité et fierté ?Autant de raisons qui donnent à penser que l'imam Moussa Sadr a vraisemblablement été supprimé. Mais exactement où ? Et par qui ? Ces questions demeurent encore aujourd'hui sans réponse. Et pour les Chiites, la blessure n'est pas refermée. Certains sont d'ailleurs persuadés que plus de trente ans après sa disparition, Moussa Sadr est toujours vivant... Et, assez récemment, en 2008, la justice libanaise vient même d'inculper Kadhafi pour le rôle qu'il aurait joué dans cette affaire...Monsieur X revient sur les aspects les plus obscurs de ce dossier.Sat, 06 Mar 2010 13:15:00Moussa Sadr (2/2)Les spécialistes de la région ne se demandent plus si la guerre va éclater. Mais quand ? Une nouvelle guerre aux frontières nord de la Palestine entre Israël et le Hezbollah libanais... Une réédition en somme du conflit de 2006 au cours duquel, pour la première fois, on a assisté non pas à une véritable défaite mais à une humiliation sans précédent de Tsahal...La semaine passée, Monsieur X a évoqué le parcours d'un imam libanais d'origine iranienne, Moussa Sadr. Un dirigeant chiite charismatique qui, le premier, a organisé une communauté chiite libanaise déshéritée et qui, en lui permettant de se doter d'un bras armé, la milice Amal, se trouve être indirectement à l'origine de la création du Hezbollah. C'est à dire du Parti de Dieu.Mais c'est surtout l'aspect le plus curieux de la vie de Moussa Sadr qui a justifié l'intérêt de Monsieur X pour ce personnage... Je veux parler de sa disparition en 1978, une disparition toujours inexpliquée aujourd'hui... L'imam a-t-il été assassiné à l'occasion d'un voyage en Libye et alors que son pays d'adoption était plongé dans une terrible guerre civile ? Ou vit-il encore, enfermé dans quelque improbable prison ? Mystère. Et l'affaire suscite toujours de nombreuses interrogations. Une plainte vient même très récemment d'être déposée par les autorités de Beyrouth.Autre question : si Moussa Sadr, comme cela paraît vraisemblable, a été liquidé, qui a ordonné son exécution ? Les candidats, si j'ose dire, ne manquent pas, tant Moussa Sadr était devenu au fil des ans un personnage encombrant. Un personnage au parcours sinueux auquel nombreux étaient ceux qui voulaient lui demander des comptes... Monsieur X poursuit son récit et revient d'abord sur tous ces ressentiments que l'imam avait suscités...Sat, 13 Mar 2010 13:15:00Georges Albertini (1/2)C'est un fantôme toujours embarrassant ! On l'a encore constaté très récemment lorsqu'un secrétaire d'Etat du gouvernement actuel a tout fait pour qu'il ne soit pas fait mention de son passé lors de la campagne électorale... Un passé d'extrême droite qui, justement, avait à voir avec l'homme dont Monsieur X a choisi de nous parler aujourd'hui ! Georges Albertini ! Un homme de l'ombre, un mystérieux personnage qui a joué un rôle occulte dans l'histoire de notre pays après avoir été mêlé à ses épisodes les plus nauséabonds.Aujourd'hui, presque trente ans après sa mort, l'homme n'a toujours pas livré tous ses secrets... Et ne dit-on pas qu'il existe, quelque part au fond d'un coffre-fort, des papiers qui pourraient encore être très compromettants pour quelques acteurs de la scène politique ?...« Monsieur Georges », comme certains l'appelaient, fait donc toujours peur. Mais il est vrai qu'il suffit de se pencher sur quelques affaires récentes, comme le scandale de la caisse noire de l'Union des Industries métallurgiques et minières, pour renifler la présence de Georges Albertini...Qui était donc réellement ce personnage ? Une éminence grise ? Un homme d'influence ? Ou le deus ex machina de la politique française pendant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale ?Sat, 27 Mar 2010 13:15:00Georges Albertini (2/2)L'énigme Albertini ! Ainsi concluait Monsieur X dans la première partie de notre entretien consacré à ce personnage mystérieux, Georges Albertini. Je résume : Albertini est d'abord un ardent militant socialiste, pacifiste et antifasciste, avant de basculer au tout début de la Seconde Guerre mondiale dans l'extrémisme de droite. Apôtre d'une collaboration totale avec l'Occupant, il devient secrétaire général du RNP, Rassemblement national populaire, une mauvaise copie française du parti nazi. Dans ses écrits, dans ses discours, il professe alors un antisémitisme virulent et appelle les adhérents de son parti à pourchasser les Juifs partout où ils se trouvent...Quand vient la Libération, contrairement à son mentor et patron Marcel Déat, Albertini demeure en France. Fin septembre 1944, il est arrêté. Inculpé d'intelligence avec l'ennemi, il risque la peine de mort. Ce sera le sort réservé à d'autres éminentes figures de la Collaboration. Mais Albertini, jugé fin décembre 44, écope d'une peine qui est sans aucune mesure avec les faits qui lui sont reprochés : cinq ans de travaux forcés... Ce qui lui permet de recouvrer la liberté dès 1948 ! Pourquoi cette clémence assez incompréhensible, surtout à un moment où l'épuration bat son plein ? De quels puissants soutiens a bénéficié Albertini ? Ces mêmes soutiens qui vont lui permettre dès sa libération de devenir un personnage incontournable de la vie politique... Une éminence grise consultée par quelques-uns des politiciens les plus importants de la IV° et de la V° République.Sat, 03 Apr 2010 13:15:00Le Nigéria (1/2)L'ombre du Biafra ! Elle plane à nouveau au-dessus du Nigeria, ce colosse africain aux pieds fragiles ! A tous moments, comme il y a plus de quarante ans, les mêmes causes entraînant les mêmes effets, la région du Delta du Niger, au sud du pays, pourrait s'embraser et dégénérer en une véritable guerre... Mais déjà, une guerre de basse intensité, comme disent les spécialistes en stratégie, sévit dans cette vaste région marécageuse qui regorge de pétrole... Car une fois encore, c'est le pétrole, comme autrefois, qui est au c?ur du conflit... « La merde du Diable », comme l'appellent les habitants du Delta, car cette ressource génère autant de convoitises que de malheurs de tous ordres, à commencer par une gigantesque pollution qui transforme cette région grande comme quatre fois la Corse en poubelle nauséabonde !Mais d'autres catastrophes menacent le Nigeria, géant économique et pays le plus peuplé d'Afrique... Il y a quelques semaines, un massacre perpétré par des commandos musulmans a endeuillé la communauté chrétienne du Plateau, région située au centre du pays. Plus de 400 personnes, y compris des enfants, ont été tuées à coups de machettes ou brûlées vives dans leurs maisons... Peu de temps auparavant, dans le même secteur c'étaient également près de 400 Musulmans qui étaient victimes de la colère des Chrétiens. Une guerre religieuse est-elle en train de s'allumer dans cette région qui se trouve entre le nord musulman qui a adopté la charia et le sud chrétien et animiste ? Nous verrons avec Monsieur X que c'est beau-coup plus compliqué que cela et qu'il faut se garder de toute simplification hâtive.Enfin, Il faut ajouter que ces désordres qui menacent la cohésion du Nigeria surviennent à un moment où le pouvoir est quasiment vacant, ce qu'il en reste étant partagé entre un président moribond et un vice-président aux dents longues... Une situation dont pourraient bientôt profiter les militaires qui n'ont cessé, depuis l'indépendance de cette ancienne colonie britannique, d'intervenir dans la vie politique du pays... Y compris en instaurant d'impitoyables dictatures. Monsieur X ouvre donc ce dossier complexe, suivi de près par toutes les capitales. Car une déstabilisation du Nigeria pourrait entraîner de graves conséquences pour tous les pays de l'Afrique de l'Ouest et les économies occidentales qui ont besoin de son pétrole.Sat, 17 Apr 2010 13:15:00Le Nigéria (2/2)"Le Nigeria va jouer sa dernière chance dans les mois à venir !" C'est un citoyen de ce pays qui parle ainsi. L'un des plus prestigieux, le premier prix Nobel africain de littérature, Wole Soyinka. Et celui-ci d'énumérer les signes annonciateurs de la crise : les attaques armées dans le delta du Niger, les massacres entre communautés religieuses dans le centre du pays et enfin la vacance du pouvoir depuis plusieurs mois. Et toujours selon l'écrivain, très engagé dans la défense des droits civiques, la colère du peuple nigérian est à son paroxysme... "Si rien ne change, dit-il encore, un risque de fracture n'est pas exclu. C'est le risque que court un Etat défaillant."Le Nigeria, nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X, est un géant africain, le pays le plus peuplé du continent et une incontestable puissance économique grâce à ses formidables réserves en pétrole. Mais c'est aussi un colosse aux pieds d'argile qui connaît depuis l'indépendance, acquise en 1960, un climat de violence ininterrompu : assassinats politiques, coups d'Etat et tueries collectives n'ont cessé de jalonner l'histoire récente du Nigeria sur fond de corruption généralisée.Il faut ajouter que cette ancienne colonie britannique est un pays profondément divisé où coexistent tant bien que mal quelques 250 ethnies. Division aussi en matière de religion : le nord est musulman ? une douzaine d'Etats ayant même décrété la loi coranique ? tandis que le sud est chrétien et parfois animiste. Toutefois, et c'était la conclusion de Monsieur X dans son premier entretien consacré au Nigeria, il faut se garder de qualifier les derniers massacres du mois de mars de conflits strictement religieux. La possession de la terre, la lutte pour le pouvoir et les rivalités ethniques sont en réalité les véritables ferments de ces confrontations sanglantes...Enfin, il y a le pétrole, principale richesse du pays et source de toutes les convoitises... Le pétrole qui fait aujourd'hui du vaste delta du Niger une zone de guerre qui inquiète tous les voisins du Nigeria et même les économies occidentales qui redoutent de voir cette indispensable ressource pétrolière s'assécher.Sat, 24 Apr 2010 13:15:00Jimmy Hoffa, patron des TeamstersQu'est-il devenu ? A-t-il été haché menu, incinéré dans une usine de retraitement d'ordures du Michigan ou coulé dans le béton du Giant Stadium de New York ? A moins qu'il n'ait été jeté dans un marais de Floride où les alligators n'auraient pas tardé à dévorer son cadavre ? Mystère ! En tout cas, on n'a jamais retrouvé son corps ! Et ça dure depuis 35 ans. Depuis qu'un jour de 1975, à Detroit, Jimmy Hoffa a purement et simplement disparu. Hoffa, un syndicaliste emblématique, le patron du puissant syndicat des camionneurs américains, les fameux et redoutables Teamsters. Une personnalité charismatique, un entraîneur de foule et donc un agent électoral de première importance, courtisé par les hommes politiques. Mais aussi un homme lié à la mafia nord-américaine, maintes fois inculpé et même emprisonné pendant plusieurs années à cause de ses relations douteuses et des malversations commises dans le cadre de ses activités syndicales.Pour compléter le tableau, il faut ajouter que Jimmy Hoffa, comme ses amis, les parrains de la pègre, a été soupçonné d'avoir été mêlé à l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy et de son frère Robert, son meilleur ennemi, le ministre de la Justice qui avait juré de le perdre.La mystérieuse disparition d'un tel personnage ne pouvait donc passer inaperçue. Et elle n'a cessé de donner lieu aux hypothèses les plus diverses... Monsieur X fait le point, propose sa propre explication et revient sur la carrière d'un homme qui a été autant détesté qu'adulé !Sat, 01 May 2010 13:15:00Septembre 1989, l'attentat contre le DC10 d'UTA (1/2)Le sujet est aussi délicat que douloureux. C'est sans doute pourquoi Monsieur X a tant tardé à l'évoquer, même si, il y a presque dix ans, il avait brièvement abordé cette affaire et déjà esquissé un commencement d'explication qui allait à rebours de la thèse officielle. Je veux parler de l'attentat qui a frappé le vol UTA 772 au-dessus du désert de Ténéré, le 19 septembre 1989. Un drame qui a provoqué la mort de 170 personnes, passagers et membres d'équipage, et dont la responsabilité a été attribuée à la Libye du colonel Kadhafi... Une responsabilité que Tripoli a apparemment reconnue puisque les Libyens ont dédommagé les familles des victimes après des années de tergiversations et de difficiles négociations. Et pourtant, une relecture minutieuse et objective du dossier incline à penser que le vrai commanditaire de l'attentat se trouvait peut-être ailleurs qu'en Libye. Ce qui d'ailleurs n'exonère pas totalement la responsabilité de Kadhafi : il est en effet certain que des agents libyens ont joué un rôle dans la préparation de ce monstrueux attentat.Monsieur X revient donc longuement sur cette affaire où il sera aussi question des otages français capturés au Liban et des actions terroristes qui ont frappé Paris au cours de la décennie 80.Sat, 08 May 2010 13:15:00Septembre 1989, l'attentat contre le DC10 d'UTA (2/2)Le crime était signé, le coupable rapidement désigné. L'affaire était entendue : c'était Kadhafi ! Un trublion international déjà responsable de tant de mauvais coups qu'on pouvait sans crainte lui attribuer ce nouveau forfait. Et d'ailleurs le fait qu'il ait consenti tardivement à indemniser les familles de ses victimes était bel et bien un aveu de culpabilité.Certes, c'était troublant. Mais pour autant ce n'était peut-être pas l'entière vérité. C'est en tout cas ce que semble penser Monsieur X qui a commencé la semaine passée à rouvrir le dossier de l'attentat contre le DC 10 d'UTA en 1989. Un drame qui a provoqué la mort de 170 personnes. Bref, si, dans cette affaire, la Libye n'est pas absolument innocente, bien au contraire, on s'est peut-être trompé de commanditaire.Je résume le propos de mon interlocuteur avant de lui donner à nouveau la parole. Immédiatement après ce terrible attentat, les services secrets français ciblent un pays du Moyen-Orient, Syrie ou Iran. Le mode opératoire utilisé, une valise tapissée d'explosif, porte en effet la signature d'un groupe terroriste, le FPLP-Commandement général du Syro-Palestinien Ahmed Jibril. Un homme qui, à l'époque, s'est rapproché de l'Iran et de son pays d'adoption, la Syrie, et qui a été expulsé de la Libye où il s'était établi depuis de longues années.Cependant, la Sécurité militaire congolaise qui mène l'enquête de son côté, puisque l'appareil a décollé de Brazzaville, produit un témoin qui accuse les services libyens et en particulier son représentant sur place, Abdallah Elazrag. Ce diplomate, membre des services spéciaux, aurait manipulé le porteur de la valise piégée, un certain Apollinaire Mangatany. Le magistrat instructeur français, le célèbre Jean-Louis Bruguière, accrédite aussitôt cette version. Il n'en démordra plus. Pourtant un certain nombre de spécialistes de la guerre secrète font observer que la Libye, qui a été longtemps en conflit avec la France au sujet de ses prétentions territoriales au nord du Tchad, vient de faire la paix avec notre pays, quelques jours seulement avant l'attentat. Kadhafi n'aurait donc plus de mobile pour frapper la France.Cela ne suffit pas à convaincre le magistrat. Bientôt, il va pouvoir faire état d'une nouvelle preuve mettant en cause la Libye.Sat, 15 May 2010 13:15:00Mars 1968, le mystérieux naufrage du sous-marin soviétique K129Il s'agit là sans doute d'une des affaires les plus mystérieuses de l'histoire de l'espionnage... Mais une histoire qui, a posteriori, fait froid dans le dos. Car, si elle avait été menée à son terme, elle aurait pu donner lieu à une terrible conflagration mondiale, une véritable guerre atomique... Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite... Au départ de cette histoire se trouve la disparition d'un sous-marin soviétique... Une disparition parmi beaucoup d'autres car nombreux ont été ces engins de la marine soviétique à connaître de sérieux incidents entraînant la mort de dizaines de sous-mariniers...Celui-là, de la classe Golf II, portait le matricule K129. A la fin du mois de février 1968, ce sous-marin équipé de missiles nucléaires quitte sa base de Rybachy, dans la péninsule du Kamchatka. Il doit en principe effectuer une mission de routine dans le Pacifique. Mais on le verra, c'était un camouflage. Le K129, commandé par un officier très compétent, embarque 98 marins. Aussitôt après son départ, il prend la direction du sud. On ne le reverra jamais et on ne sait toujours pas vraiment ce qui lui est arrivé. Seule certitude, une explosion s'est produite à bord dans la nuit du 7 au 8 mars alors qu'il remontait en surface. Il se trouvait alors à 355 miles nautiques de Hawaï et de sa fameuse base de Pearl Harbour.Grâce à leur système de surveillance satellitaire et hydrophonique des mers du monde entier, les Américains ont été les premiers à détecter la catastrophe. Dès lors, une authentique course à la montre va s'engager entre les marines des deux super-puissances afin de percer le mystère de la disparition du K129 et tenter de surprendre les secrets qu'il a emportés avec lui jusqu'au fond de l'océan.Sat, 22 May 2010 13:15:00John Walker ou l'espionnage en familleIl avait constitué une petite entreprise familiale... Et, comme dans la chanson de Baschung, cette petite entreprise ne connaissait pas la crise... Bien au contraire. Et les dollars arrivaient par milliers... Jusqu'à ce jour de 1985 où, à la suite de la trahison d'un membre de la cellule familiale, tout s'est écroulé...À ma connaissance, dans l'histoire de l'espionnage, le cas de la famille Walker est unique. Unique aussi la masse de renseignements, plus d'un million, que cette entreprise familiale, nichée au sein de la marine états-unienne, a transmise au KGB contre de solides rétributions. Sa situation était si prospère que John Anthony Walker, le chef de famille, a pu envoyer benoîtement à ses employeurs soviétiques la note suivante : "Aucun des membres de l'organisation ou futur membre n'a les problèmes qui sont la plaie habituelle de ce type de business : drogue, alcool, homosexualité. Nous sommes tous psychologiquement sains et matures. Et l'organisation a la capacité de blanchir les fonds que vous nous adressez !"La semaine passée, Monsieur X a brièvement évoqué John Walker et son rôle dans l'affaire du naufrage du sous-marin soviétique, K129. Je résume : à Moscou, en 1968, quelques hauts dirigeants communistes proches du KGB auraient mis sur pied un plan machiavélique destiné à provoquer un conflit entre les deux meilleurs ennemis de l'URSS, les Etats-Unis et la Chine... Pour ce faire, ils auraient imaginé d'utiliser un sous-marin soviétique déguisé en submersible chinois... A portée de la base américaine de Pearl Harbour, un missile nucléaire aurait alors été tiré. Mais la fusée se serait autodétruite car les comploteurs ne connaissaient pas la totalité du protocole à respecter avant le lancement d'un tel engin nucléaire. Et l'explosion aurait entraîné le naufrage du K129.Tant à Washington qu'à Moscou, cette effrayante histoire a été étouffée. Mais les Américains, qui ont récupéré une partie de l'épave du K129, aurait découvert le fin mot de l'histoire... Une vérité rigoureusement tenue secrète jusqu'à aujourd'hui malgré quelques fuites dans la presse. Quant à l'intervention de Walker, elle aurait constitué à informer le KGB que Washington s'attendait à être attaqué par la Chine. Munis de cette précieuse information, les félons du Kremlin seraient donc passés à l'action en escomptant que leur action criminelle serait aussitôt attribuée aux Chinois.Mais, nous allons le voir avec Monsieur X, la capacité de nuisance de Walker est allée bien au-delà...Sat, 29 May 2010 13:15:00Deborah Palfrey, la Madame Claude AméricaineC'est un des classiques de la télévision et de la vie politique américaine : un politicien, accompagné de son épouse, se présente devant les caméras. La main sur le coeur, il reconnaît qu'il a péché, offensé gravement ses électeurs et sa famille, mais qu'il a renoncé à ses turpitudes. A côté de lui, l'épouse opine et pardonne. Et, dans le meilleur des cas, on essuie quelques larmes furtives avant de s'embrasser...L'un des derniers à se livrer à cet exercice de repentir médiatique était un sénateur de Louisiane, David Vitter. Un client parmi d'autres, tous appartenant à la fine fleur de l'establishment de Washington, d'une agence d'accompagnatrices ou escort-girls en anglais, dirigée par celle qu'on a appelée la « Madame Claude » américaine, Deborah Palfrey.Si Monsieur X a décidé cette semaine d'évoquer cette affaire de moeurs, c'est justement parce qu'elle va bien au delà d'un banal scandale sexuel. Et qu'elle jette une lumière crue sur la pratique politique états-unienne et l'exploitation ou la manipulation de la vie privée. Et qu'elle illustre les liaisons dangereuses qui existent entre le sexe et la politique. Une affaire qui s'est terminée de façon tragique et où l'on rencontre quelques grands noms de la politique américaine. À commencer par celui de Dick Cheney, le sulfureux vice-président de George Bush, l'homme qu'on a parfois présenté comme étant le véritable homme fort de la Maison Blanche sous les deux mandats de Bush junior ! Et par conséquent, l'inspirateur de sa politique !Sat, 05 Jun 2010 13:15:00Le nucléaire syrien (1/2)Mais que se passe-t-il à Damas, capitale du plus secret des pays arabes, et traditionnellement l'un des plus sûrs ? On a assisté assez récemment en Syrie à toute une série d'événements mystérieux : assassinats et même attentats... Et les observateurs les plus perspicaces n'ont pas manqué de noter que cette série meurtrière a été précédée en 2007 par un audacieux raid israélien sur un bâtiment qui abritait peut-être un réacteur nucléaire, susceptible de fournir un jour à la Syrie l'arme atomique...Y a-t-il vraiment un rapport entre ce bombardement aérien et les épisodes sanglants qui ont suivi ? Et que penser de la politique de ce pays qui, tout en affichant des liens étroits avec l'Iran, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, semble dans le même temps vouloir se rapprocher de l'Occident et en finir avec sa réputation d'Etat-voyou ? C'est à dire, pour reprendre une expression chère à l'ancien président états-unien, d'un Etat protégeant et accueillant des organisations terroristes...Monsieur X, dans ce nouvel entretien où il sera aussi question du nucléaire iranien, essaie de répondre à ces questions et de dissiper quelques-uns des mystères de ce pays qui a été pendant trente ans dirigé d'une main de fer par le « Bismark » du Moyen Orient, Hafez el-Assad, Au pouvoir depuis maintenant dix ans, son fils, Bachar, peut-il lui aussi continuer à faire de son pays un acteur incontournable de cette région aussi tourmentée ? Au risque de mener en permanence un double-jeu.Sat, 12 Jun 2010 13:15:00Le nucléaire syrien (2/2)La Syrie a-t-elle tenté de se doter de l'arme atomique ? Et l'aviation de l'Etat hébreu a-t-elle brisé dans l'?uf cette tentative ? Tel était le sujet la semaine passée de mon dernier entretien avec Monsieur X. Et selon mon interlocuteur, l'audacieux et mystérieux bombardement effectué en septembre 2007 d'un site syrien situé dans le désert visait une installation nucléaire secrète, sans doute un réacteur destiné à produire la matière fissile d'une bombe... Mais le silence observé tant à Damas qu'à Tel Aviv à propos de cette affaire n'a guère permis d'en savoir beaucoup plus... Même s'il semble à peu près avéré que la Corée du Nord a été impliquée dans la tentative syrienne... Et peut-être aussi l'Iran, le meilleur allié de la Syrie. En effet, selon les révélations d'un général de Téhéran qui a fait défection, ce réacteur aurait été une installation nucléaire délocalisée financée par l'Iran et destinée à expérimenter l'autre filière de fabrication d'une bombe, celle du plutonium. Alors que sur leur propre territoire, les Iraniens ont choisi la technique de l'uranium enrichi. En détruisant ce réacteur, Israël aurait donc aussi frappé l'Iran dont les ambitions nucléaires inquiètent au plus haut point les dirigeants israéliens.Monsieur X annonçait aussi que le raid des F15 israéliens était vraisemblablement à l'origine d'une série d'événements mystérieux, assassinats et attentats, qui ont été observés récemment en Syrie, l'un des pays les plus secrets du monde arabe.Sat, 19 Jun 2010 13:15:00Mai 1945, les massacres de SétifTexte de la diffusion du 04/11/2006 :Ils ont été, à juste titre, reconnus. Et ils vont même recevoir enfin le prix de leur sacrifice. Plus d'un demi-siècle après. Je veux bien sûr parler des combattants issus de notre ancien Empire colonial qui ont rejoint volontairement l'armée de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a donc suffi d'un bon film, "Indigènes" et d'une poignée de vedettes, pour qu'on s'émeuve au plus haut sommet de l'Etat et que justice leur soit rendue.Cependant il ne faut pas oublier que le jour même où l'on célébrait dans la joie la Capitulation allemande, c'est à dire la fin de ce conflit mondial, le 8 mai 1945, l'Algérie prenait feu et que certains de ces valeureux soldats de l'armée coloniale qui venaient d'en finir avec l'ennemi nazi, tirailleurs sénégalais ou tabors marocains, ont peut-être dû faire feu sur leurs frères indigènes. Combien de morts à Sétif, à Guelma et dans tout le Constantinois ? Difficile à dire. Seule certitude, ils ont été des milliers à tomber sous les balles des soldats, des policiers et des milices dites civiques, constituées à la hâte pour réprimer ceux que l'on appelait encore les Indigènes. Un véritable bain de sang qui passe pratiquement inaperçu en métropole. Les événements de Sétif, comme on les nomme pudiquement de l'autre côté de la Méditerranée, ne provoquent guère d'émotion. Et d'ailleurs on fera tout pour occulter ce massacre. Quant au général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, il n'y consacre que deux lignes dans ses Mémoires. Pourtant, aujourd'hui, la plupart des historiens s'accordent à dire que ces jours sanglants de mai 1945 ont constitué le vrai commencement de la Guerre d'Algérie.Texte de la diffusion du 26/06/2010 :Il a failli faire un scandale à Cannes! "Hors la loi" le dernier film de Rachid Bouchareb, simplement parce qu'il consacrait quelques minutes aux événements de Sétif. Un massacre survenu alors que la France fêtait le retour à la paix en mai 1945. et c'est justement à l'occasion de la sortie d'un autre film de Bouchareb, "Indigènes" que Monsieur X m'a entretenu de ces événements dramatiques.Le jour même où l'on célébrait dans la joie la Capitulation, c'est à dire la fin de ce conflit mondial, l'Algérie prenait feu et que certains de ces valeureux soldats de l'armée coloniale qui venaient d'en finir avec l'ennemi nazi, tirailleurs sénégalais ou tabors marocains, ont peut-être dû faire feu sur leurs frères indigènes. Combien de morts à Sétif, à Guelma et dans tout le Constantinois ? Difficile à dire. Seule certitude, ils ont été des milliers à tomber sous les balles des soldats, des policiers et des milices dites civiques, constituées à la hâte pour réprimer ceux que l'on appelait encore les Indigènes. Un véritable bain de sang qui passe pratiquement inaperçu en métropole. Les événements de Sétif, comme on les nomme pudiquement de l'autre côté de la Méditerranée, ne provoquent guère d'émotion. Et d'ailleurs on fera tout pour occulter ce massacre. Quant au général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, il n'y consacre que deux lignes dans ses Mémoires. Pourtant, aujourd'hui, la plupart des historiens s'accordent à dire que ces jours sanglants de mai 1945 ont constitué le vrai commencement de la Guerre d'Algérie.Sat, 26 Jun 2010 13:15:00La sulfureuse affaire Altantuya en MalaisieOn l'a appelée, bien à tort, la « Mata Hari mongole ». A tort, parce qu'elle n'était sans doute pas une espionne et qu'elle était beaucoup plus belle que Mata Hari ! Mais si quelques journalistes l'ont ainsi nommée, c'est que dans sa brève existence on trouve les ingrédients qui ont servi à bâtir la légende de la danseuse nue : le sexe, l'argent et la mort…Altantuya Shaaribuu - mais ses proches l'appelaient plus simplement « Tuya » - a été assassinée en octobre 2006 en Malaisie. Elle avait alors 28 ans. Et si je vous parle d'elle aujourd'hui, c'est qu'elle est au centre d'un scandale politico-policier qui n'a pas fini de créer des remous à Kuala-Lumpur et qui concerne aussi une importante firme française exportatrice de matériels militaires. Et, disons-le tout de suite, cette affaire n'est pas sans rappeler une autre histoire qui n'a toujours pas livré ses secrets, celle des fameuses frégates de Taïwan !Bref, vous l'avez compris, Monsieur X nous propose dans ce nouvel entretien d'effectuer aussi une plongée dans le monde obscur des marchands d'armes. Ce que d'aucuns ont appelé les « marchands de mort ». Un commerce dangereux, pas très moral, mais qui rapporte aussi beaucoup de devises à la France !Sat, 03 Jul 2010 13:15:00Le Cameroun (1/2)Une guerre peut en cacher une autre. C'est la première réflexion qui m'est venue à l'esprit lorsque Monsieur X a commencé à évoquer cette affaire... Oui, une guerre oubliée car, tandis qu'en Algérie l'armée française menait ce qu'on appelait alors pudiquement des opérations de pacification, d'autres éléments de cette même armée étaient engagés au Cameroun. Et, comme en Algérie, ils pacifiaient à leur façon et traquaient les opposants au régime de ce pays nouvellement indépendant... Une longue traque qui a causé la mort de milliers de personnes. Mais la presse et l'opinion n'étaient alors préoccupées que par la trop longue Guerre d'Algérie et son cortège d'horreurs... On pouvait donc massacrer en toute discrétion au Cameroun ! Et il faudra attendre des années avant que des journalistes ou des historiens ne tentent de faire la lumière sur ces tragiques événements.Monsieur X revient en détail sur ce qui demeure l'une des pages les plus noires de l'histoire coloniale de notre pays et de la Françafrique comme l'a baptisée lui-même le président ivoirien Houphouët-Boigny... Mais une page quasi-inconnue où les services secrets ont joué leur partition avec une redoutable efficacité.Sat, 10 Jul 2010 13:15:00Le Cameroun (2/2)Ce sont des événements inconnus ou presque... D'autant plus qu'ils ont été occultés par la Guerre d'Algérie qui occupaient alors l'esprit des Français. Mais une autre " pacification ", puisque tel était le nom officiel attribué aux opérations algériennes, était à l'oeuvre au Cameroun. Beaucoup plus discrètement. Et pourtant, elle finira par provoquer la mort de milliers de personnes.La semaine passée, Monsieur X a commencé d'en parler. Je résume à grands traits. Le Cameroun n'est pas une vraie colonie mais un territoire dont la tutelle a été attribuée par l'ONU à la France. Très vite, un mouvement indépendantiste voit le jour, l'UPC, c'est à dire l'Union des Populations du Cameroun. Son leader est un personnage charismatique, Ruben Um Nyobé, un ancien fonctionnaire mystique mais féru de marxisme.A plusieurs reprises, Nyobé et les siens ont revendiqué la fin de la tutelle française et donc l'indépendance. En vain. En pleine guerre froide, Nyobé fait peur car on le dit crypto-communiste. Et si la France de la IV° République envisage à terme l'indépendance du Cameroun, elle n'entend pas confier les rênes du pouvoir à ce dangereux révolutionnaire. Après quelques épisodes sanglants qui ont opposé la troupe aux indépendantistes camerounais, Nyobé a finalement décidé de prendre le maquis et donc d'organiser la lutte armée, tandis que d'autres chefs de l'UPC ont choisi l'exil.Fin 1957, l'administration coloniale, malgré le statut d'autonomie interne qui a été attribué au Cameroun, opte pour la répression. Dans les régions où se sont implantés les maquis de l'UPC, les pays Bamiléké et surtout Bassa, les habitants sont regroupés dans des villages contrôlés par l'armée le long des grandes voies de communication. L'objectif, c'est de couper les maquisards de leur base populaire. Puis les militaires, commandés par des officiers français, entreprennent d'éradiquer les maquis par la force. Et c'est une véritable chasse à l'homme qui commence... Clairement, il s'agit d'éliminer Nyobé !Sat, 17 Jul 2010 13:15:00La taupe du quai d'OrsayEst-ce un retour au bercail ? La France, selon le désir de Nicolas Sarkozy, a donc regagné le commandement intégré de l'Alliance atlantique 43 ans après la décision du général de Gaulle de s'en éloigner. Une décision qui n'était d'ailleurs pas un réel divorce mais exprimait simplement la volonté du président français d'afficher l'indépendance de notre pays en matière de défense, sans toutefois remettre en cause nos alliances traditionnelles.Si Monsieur X revient sur cette affaire, c'est qu'elle illustre clairement l'ambiguïté des rapports que la France a toujours entretenus avec les Etats-Unis. Un mélange de cordialité et de méfiance, d'amitié et de soupçon, traversé régulièrement par des crises : la dernière étant celle ouverte par la décision de Paris de ne pas participer à la guerre en Irak.Dans les années 60, c'est la question de l'OTAN qui fait débat. Washington ne se fait guère d'illusion. Dès le retour au pouvoir du général, on sait à Washington que le président français sera un allié incommode. Mais osera-t-il pour autant rebattre toutes les cartes et par exemple se rapprocher de l'URSS ?? C'est dire que la Maison Blanche suit l'affaire avec attention. La Maison Blanche qui dispose au plus haut niveau de notre diplomatie d'une taupe qui l'informe semaine après semaine. Trahison d'un haut fonctionnaire pro-américain ? Ou, plus prosaïquement, volonté d'un diplomate atlantiste d'empêcher la catastrophe que serait pour lui la rupture avec les Etats-Unis ? Monsieur X décrypte ce curieux épisode.Sat, 24 Jul 2010 13:15:00Janvier 1991, les chars soviétiques dans VilniusDeux dates pour commencer.15 octobre 1990, Mikhaïl Gorbatchev reçoit le prix Nobel de la Paix à Stockholm. 13 janvier 1991, trois mois plus tard, donc, les troupes spéciales soviétiques interviennent à Vilnius, capitale de la Lituanie : 14 personnes tombent sous leurs balles.Est-ce le même homme, le chouchou de l'Occident, qui, après avoir été encensé en Suède, a ordonné ce massacre ? Ou bien Gorby, comme on l'appelle désormais familièrement à l'Ouest, a-t-il été victime d'un complot ? Le début d'un processus qui conduira inévitablement à l'implosion de l'Empire et donc à la fin de l'URSS quelques mois plus tard ?Telle est la question à laquelle Monsieur X a choisi de répondre au cours de ce nouvel entretien. Une question qui demeure controversée aujourd'hui encore et qui peut se résumer ainsi : Gorbatchev est-il tombé dans un piège tendu par ses adversaires ? Mais qui étaient ces adversaires ? Les conservateurs putschistes qui tenteront au mois d'août 1991 de le renverser ? Ou les modérés qui ont dénoncé un peu plus tôt sa dérive dictatoriale et qui, sous le drapeau de Boris Eltsine, viendront à bout du régime soviétique peu après l'échec du putsch et démembreront l'URSS...La question est d'autant plus actuelle que l'homme fort de la Russie d'aujourd'hui, Vladimir Poutine, a toujours considéré que ce démantèlement avait été la plus grande catastrophe géopolitique qu'ait connue son pays. Et qu'il rêve de reconstituer cet empire défunt. Par exemple en envoyant des troupes en Géorgie, en semant la confusion en Ukraine ou en resserrant ses liens avec les Républiques d'Asie centrale... Tout en appelant aux mannes de Staline !Sat, 31 Jul 2010 13:15:00Heinz Felfe le Philby allemandOn l'appelait, non sans une certaine crainte, le « général gris » ! Car l'homme faisait peur, même si, une fois de plus, la légende a eu raison de la réalité... Champion de l'anticommunisme aux manières d'inquisiteur, celui qu'on nommait aussi « l'Homme de l'ombre » a longtemps été considéré comme l'un des maîtres-espions du monde libre... L'énigmatique Reinhard Gehlen ! Le fondateur des services secrets de la RFA. L'adversaire le plus pugnace des services secrets de l'Est ! Mais cette réputation n'était-elle pas usurpée ? Car, en écoutant Monsieur X, vous aurez sans doute comme moi l'impression qu'en plusieurs occasions le terrible Gehlen a fait preuve de coupables négligences. Et même d'aveuglement. A moins que son passé d'officier nazi n'ait permis à ses ennemis communistes d'avoir prise sur lui... Ce qui expliquerait ces manquements. Une hypothèse, certes hasardeuse, mais qu'il ne faut pas négliger. Pourquoi, alors que certains de ses plus proches collaborateurs, tous issus de la nébuleuse nazie, ont accepté de gré ou de force de trahir, le « général gris » n'aurait-il pas lui aussi traversé le gué ?Monsieur X a donc décidé aujourd'hui d'évoquer l'histoire de l'un de ces hommes qui, après avoir travaillé de longues années auprès de Gehlen et bénéficié de son entière confiance, s'est révélé être un agent soviétique. Un certain Heinz Felfe, un espion qui a causé des dégâts considérables aux services occidentaux, mais qui, après avoir été démasqué, a précipité la chute de Gehlen. Un homme dont le destin reste encore aujourd'hui mystérieux.Sat, 07 Aug 2010 13:15:00L'affaire TinnerL'histoire fait froid dans le dos : des plans d'un engin nucléaire très sophistiqué se promènent dans le monde et sont peut-être déjà tombés dans des mains criminelles... Il ne s'agit pas ici d'alimenter des craintes irraisonnées ou de nourrir des fantasmes à la George Bush qui voyait des terroristes partout... Non, l'information est sérieuse et émane de sources qui ne le sont pas moins.C'est en tout cas la conclusion qu'on peut tirer de ce nouvel entretien avec Monsieur X que je vous propose aujourd'hui...A l'arrivée, il y a la découverte d'une curieuse affaire de contrebande et d'espionnage qui met en scène une famille suisse d'ingénieurs apparemment honorables, les Tinner ! Un père et ses deux fils. Aujourd'hui libres, ils ont passé plusieurs années en détention provisoire dans leur pays. Mais au départ, il y a ce qu'on a appelé le supermarché noir de la bombe, l'entreprise tentaculaire montée par le célèbre docteur Khan, le scientifique pakistanais qui a contribué à donner l'arme nucléaire à son pays mais qui a surtout vendu ses petits et grands secrets à de nombreux pays, ceux que l'Amérique de George Bush a classé parmi les Etats-voyous !Quelle est la réalité, quels sont les vrais dangers ? Monsieur X décortique la sulfureuse affaire Tinner. Un dossier qui inquiète au plus haut point les dirigeants de la paisible Confédération helvétique. Mais pas simplement eux !Sat, 14 Aug 2010 13:15:00Katrina Leung, agent triple chinoisC'est une alternance de chaud et de froid... Et, en ce moment, c'est le froid qui domine ! Je veux parler des relations entre la Chine et les États-Unis... Le froid parce que Washington a annoncé son intention de vendre pour 6 milliards d'armes à l'ennemi de toujours, Taïwan... Cependant, il convient de relativiser : les économies états-unienne et chinoise sont désormais tellement dépendantes l'une de l'autre que la brouille actuelle, comme les précédentes, finira rapidement par s'apaiser... Même si, de plus en plus, les Chinois, conscients de leur puissance grandissante, n'hésitent plus à provoquer durablement leurs meilleurs adversaires...Il est toutefois un domaine, beaucoup plus discret, qui demeure un foyer permanent de tensions et provoque même de véritables poussées de fièvre aux Etats-Unis : celui de l'espionnage et du pillage technologique et scientifique systématique auquel se livreraient les services de Pékin... Certains spécialistes estiment même que, depuis l'implosion de l'URSS, les of-ficines de contre-espionnage n'ont jamais eu à faire face à tel défi. D'autant que le renseignement chinois semble avoir trouvé de nouvelles méthodes de collecte. On n'aurait plus affaire à des agents classiques, des professionnels, mais à des myriades de collaborateurs, des étudiants, par exemple, qui, l'air de rien, soutirent des informations apparemment sans importance à leurs relations... Autant de précieux renseignements qui, une fois triés et rassemblés, permettraient aux analystes de Pékin d'avoir une vue d'ensemble dans un domaine particulier.Mais cette pratique inédite n'a pourtant pas mis un terme à des manoeuvres plus classiques. En témoigne l'histoire récente de la très énigmatique Katrina Leung... Une charmante chinoise exilée aux États-Unis qui, grâce à ses talents très spéciaux, a réussi à circonvenir deux agents du FBI et à causer d'importants dégâts au sein des services états-uniens...Sat, 21 Aug 2010 13:15:00Victor BoutDans sa partie, c'est le plus grand ! Plus grand encore que ce Jacques Monsieur dont nous avons parlé il n'y a pas si longtemps... Oui, c'est le plus grand. Ou plutôt, c'était le plus grand marchand d'armes du monde. Car depuis le printemps 2008, Victor Bout dort dans une prison thaïlandaise !Un seul chiffre donne une idée de l'envergure de son entreprise : Bout a possédé jusqu'à soixante avions de transport. La flotte aérienne privée la plus importante au monde ! Des appareils appartenant à des compagnies fantômes ou éphémères qui ont déversé des centaines de tonnes d'armement dans les endroits les plus chauds du monde et qui ont donc alimenté les guerres les plus atroces et permis qu'elles se poursuivent.Marchand de mort, comme l'a qualifié un ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Victor Bout était par conséquent une multinationale à lui seul. Un personnage qui a bâti une immense fortune et qui a pendant des années nargué les polices de nombreux pays malgré les mandats d'arrêt internationaux décernés contre lui. Mieux, en dépit de ces poursuites, il a parfois mis ses avions au service de l'ONU ou des forces armées américaines ou britanniques...Victor Bout, c'est évident, a donc bénéficié tout au long de sa carrière criminelle de puissantes protections...Sat, 28 Aug 2010 13:15:00Mikhaël KhodorkovskiEst-il le Fouquet de sa Majesté Poutine ? L'homme richissime qu'on jalouse et qu'on peut envoyer par une simple lettre de cachet à la Bastille... Ou plutôt, dans le cas présent, vers les terres glacées de l'ancien goulag... La ressemblance est en effet troublante entre le milliardaire Khodorkovski, l'homme le plus riche de la Russie, et l'ancien surintendant aux Finances de Louis XIV... Une simple anecdote m'a inspiré cette comparaison : un jour, raconte un banquier occidental, j'ai vu comment les gardes du corps de Poutine regardaient ceux de Khodorkovski, mieux équipés et habillés qu'eux. Cela les agaçait. J'ai eu l'impression d'un Poutine pauvre par rapport à ce magnat de l'économie ! » Louis XIV n'avait-il pas été de la même façon humilié lorsque Fouquet l'avait invité dans son fastueux château de Vaux-le-Vicomte ?Bien sûr, d'autres raisons, beaucoup plus profondes, expliquent l'arrestation du milliardaire russe et la décision du maître du Kremlin de le briser et même, de le ruiner... Nous allons voir cela dans un instant avec Monsieur X. L'affaire de l'oligarque Khodorkovski illustre en tout cas de façon particulièrement éclairante l'histoire récente de la Russie depuis l'implosion de l'URSS... Et les dérives d'un pouvoir tenté par l'absolutisme.Sat, 04 Sep 2010 13:15:00La Main RougeEn ces temps où le terrorisme ne cesse d'occuper la une de nos journaux, Monsieur X a choisi de revenir sur l'histoire d'une mystérieuse organisation, la Main rouge. Un groupe contreterroriste qui a essentiellement sévi au Maghreb dans les années 50 et 60 et dont il m'a déjà entretenu autrefois. Mais sur lequel il me promet de nouvelles révélations.Et d'abord pourquoi ce nom, la Main rouge, une appellation qui sent le Grand Guignol ? Il aurait été choisi par référence à la "Main de la Fathma", ce porte-bonheur des Musulmans. Mais, contrairement au talisman arabe qui est généralement noir et or, cette main, comme son nom l'indique, est rouge. Rouge comme le sang que l'organisation clandestine a fait couler à de nombreuses reprises.À l'origine, la Main rouge aurait été composée d'ultras, de pieds-noirs, de partisans acharnés de la présence française dans le Maghreb. Mais, assez rapidement, on va soupçonner la présence derrière ce groupe d'un service secret qui utilise cette appellation pour se livrer à un véritable terrorisme d'Etat. C'est-à-dire, pour reprendre l'expression de Constantin Melnik, un homme qui a été étroitement impliqué dans l'affaire, la mise en place d'une redoutable machine à tuer qui a été initiée par les plus hautes autorités de notre pays.Sat, 11 Sep 2010 13:15:00Le Caucase du Nord948 attentats en 2008, 749 en 2009 ! Dans quelle région du monde a-t-on pu comptabiliser de telles manifestations de violence ? Eh bien, vous serez sans doute étonné mais ces chiffres officiels concernent la Fédération de Russie. Et pourtant, à part les faits les plus graves, comme ceux qui ont frappé le métro de Moscou à deux reprises en mars 2010, ces événements attirent rarement l'attention de la grande presse occidentale. Et, bien entendu, à Moscou, on ne s'empresse nullement de leur donner une publicité excessive... Au contraire, on minimise. Mais il faut dire tout de suite qu'au moins la moitié de ces actes criminels se produisent au sud de la Fédération, dans les républiques caucasiennes. Et que, selon toute évidence, ceux qui ont lieu sur le territoire russe sont directement liés à la situation de crise qui prévaut dans tout le Caucase du nord. Une mosaïque ethnique, religieuse, linguistique et politique qui, depuis la première guerre de Tchétchénie dans la précédente décennie, ne cesse de connaître des troubles. À tel point qu'on parle maintenant de « tchétchénisation » de toute la région.C'est assurément pour les maîtres du Kremlin l'une de leurs principales préoccupations. Car rien n'indique que l'incendie pourrait s'éteindre dans les prochaines années tant les autorités semblent impuissantes à rétablir l'ordre et un minimum d'apaisement.Monsieur X revient sur les origines de cette crise et ses derniers développements. Une crise qu'il faut aussi analyser à travers le prisme de l'inévitable rivalité qui oppose déjà et opposera dans l'avenir les deux hommes forts de la Russie actuelle, le président Medvedev et son Premier ministre Poutine.Sat, 18 Sep 2010 13:15:00La dictature argentine (1/2)Au creux de l'été, la nouvelle est passée quasi-inaperçue : 34 ans après son enlèvement en Argentine, la dépouille d'un jeune étudiant ingénieur français a été formellement identifiée grâce à une analyse génétique. Son cadavre, troué de balles, avait été abandonné par ses bourreaux au bord d'une route et enterré de façon anonyme. Et, au moins jusqu'en 2008, les parents d'Yves Domergue n'avaient aucune idée du sort qui avait été réservé à leur fils. Mais, à cause de son engagement politique, ils ne se faisaient guère d'illusions : leur fils, comme des milliers d'autres, avait certainement été l'une des victimes des militaires argentins qui, pendant sept ans de dictature, avaient multiplié les exactions et les assassinats. Autant de crimes qu'ils ont essayé de dissimuler en enfouissant les dépouilles de ces malheureux dans des charniers ou pire en les jetant par avion dans l'océan.Mais aujourd'hui en Argentine, on assiste à ce que l'on appelle là-bas un printemps judiciaire. Les assassins, à commencer par les plus hauts responsables de la junte, répondent enfin de leurs crimes malgré les lois d'amnistie qu'ils avaient eux-mêmes promulguées avant de quitter le pouvoir. Et peu à peu la vérité se fait jour, en dépit des mensonges et autres falsifications et aussi de la mystérieuse disparition d'indispensables témoins. Ce qui signifie que les tueurs d'hier peuvent encore sévir.Monsieur X revient donc sur cette longue et cruelle histoire et essaie d'abord de comprendre pourquoi la dictature argentine a été la plus sanglante sur un continent qui, pourtant, a vu se lever d'innombrables apprentis-putschistes et de militaires dévoyés. Et en particulier il pointera du doigt la responsabilité d'une large frange de l'armée française qui a non seulement inspiré les dictateurs mais a concouru, sur le terrain, au nom de la guerre contre-révolutionnaire, à conseiller les tortionnaires argentins.Sat, 25 Sep 2010 13:15:00La dictature argentine (2/2)Pires que Pinochet ! Les généraux qui ont régné sur l'Argentine de 1976 à 1983 ont fait pire que le dictateur chilien. Plus de morts, plus de tortures, plus d'horreurs, comme ces centaines de bébés arrachés à leur mère dès leur naissance en détention. Des enfants confiés ensuite à des familles de militaires tandis qu'on assassinait les jeunes accouchées.Alors pourquoi tant de violences et de férocité ? Monsieur X nous l'a montré dans son précédent entretien : avant même la prise du pouvoir par le général Videla et ses complices, l'Argentine a connu plusieurs cycles de violence et, depuis 1930, c'est l'armée qui a imposé sa loi pratiquement sans interruption. Et si la première parenthèse Perón, de 1945 à 1955 a été marquée par de nombreux progrès sociaux, elle s'est aussi traduite par l'instauration d'un pouvoir dictatorial où l'on faisait fi des droits de l'Homme.Perón chassé du pouvoir par l'armée dont il était pourtant lui-même issu, l'Argentine vit ensuite une série d'événements chaotiques où s'illustrent les géné-raux les plus brutaux et leurs adversaires les plus déterminés, de jeunes révolutionnaires qui ont créé deux mouvements armés et clandestins : les Monteneros, des péronistes d'extrême gauche et l'ERP, l'Armée révolutionnaire du peuple.C'est pendant cette période agitée que les militaires argentins expérimentent des méthodes de répression directement inspirées par les officiers français qui ont théorisé et pratiqué la guerre révolutionnaire en Indochine puis en Algérie. Des hommes dont certains viendront jusqu'en Argentine pour instruire leurs collègues.En 1973, alors que la violence atteint des sommets, Juan Perón, exilé à Madrid, pense pouvoir prendre sa revanche.Mon, 04 Oct 2010 13:15:00Les moines de TibhirineEst-ce le huitième mort de Tibhirine ? Un mort un peu oublié tant l'émotion suscitée par l'assassinat des sept moines l'a emporté. Une émotion qui s'est à nouveau exprimée grâce au très beau film de Xavier Beauvois, "Des dieux et des hommes". Ce huitième mort c'est Pierre Claverie, l'évêque d'Oran, victime d'un attentat à la bombe deux mois seulement après l'exécution des moines... Car il ne fait nul doute que cet assassinat est directement lié au drame de Tibhirine...Ce n'est pas le moindre mystère d'une affaire qui est loin d'être éclaircie et qui, seize ans après les faits, fait toujours l'objet d'une information judiciaire en France. Une affaire d'autant plus actuelle que le récent enlèvement de Français au Niger a vraisemblablement été perpétré par Al-Qaïda-Maghreb islamique, une organisation où l'on retrouve beaucoup d'anciens du GIA algérien... Ce GIA qui, officiellement, est l'auteur de l'enlèvement des moines de Tibhirine.Monsieur X a une première fois évoqué ce dossier en 2002. Et déjà, il mettait en lumière les falsifications et les manipulations qui entourent cette affaire et ont si longtemps étouffé la manifestation de la vérité. Il m'a donc proposé de rouvrir ce dossier à l'occasion de la sortie du film de Beauvois. En effet, depuis 2002, l'enquête a progressé et la nomination d'un juge d'instruction déterminé permet d'espérer qu'un jour prochain la vérité émergera enfin. Malgré la raison d'Etat, malgré un silence coupable entretenu tant à Paris qu'à Alger. Car au centre de cette affaire se trouvent les rapports complexes et ambigus qu'entretiennent la France et l'Algérie depuis des décennies.Sat, 09 Oct 2010 13:15:00Bouaké, novembre 2004C'est la plus grande perte en vies humaines subie par l'armée française depuis l'attentat du Drakkar à Beyrouth en 1983... Rappelez-vous, c'était en 2004. Le 6 novembre, exactement. Ce jour-là, à Bouaké, en Côte d'Ivoire, un camp militaire de la Force Licorne est bombardé par un appareil appartenant aux forces ivoiriennes... 9 soldats français et un citoyen américain travaillant pour une ONG sont tués... On compte aussi de nombreux blessés.L'attaque semble inexplicable. La Force Licorne, placée sous le parapluie de l'ONU, est une force d'interposition entre les rebelles du nord et l'armée ivoirienne... Elle n'est donc pas partie prenante du conflit armé qui oppose les deux camps depuis 2002. Au contraire, elle est en principe chargée de veiller à l'application des accords de paix signés l'année précédente en France. Alors comment expliquer ce bombardement meurtrier ? S'agit-il d'une bavure, comme le prétendra bientôt le gouvernement ivoirien du président Gbagbo ? Ou bien y a-t-il eu une volonté délibérée de tuer des soldats français ? Et dans ce cas, pourquoi ?Ce ne sont pas les seules questions suscitées par cette affaire où Paris semble avoir été piégé... Il y aura par exemple l'étrange libération par les forces françaises des pilotes mercenaires qui étaient au service des forces ivoiriennes... Exactement comme si on n'avait pas voulu découvrir la véritable identité des donneurs d'ordres... Une fois de plus est-ce la raison d'État qui a prévalu ? Monsieur X essaie d'y voir plus clair et livre quelques vérités dérangeantes.Sat, 16 Oct 2010 13:15:00La disparition de Guy-André Kieffer en Côte d'IvoireDes diamants de sang ! Une expression créée pour qualifier ces diamants africains extraits à la sueur de travailleurs exploités et qui ont servi à financer des guerres civiles plus atroces les unes que les autres... Les diamants de sang, oui.. Mais s'il existait aussi un cacao de sang ?... Le cacao, extraordinaire richesse d'un Etat comme la Côte d'Ivoire dont c'est la principale ressource, pétrole excepté. Le cacao, objet de nombreuses convoitises, dont la vente alimente les trafics d'armes et concourt donc à perpétuer la division d'un pays déchiré... Un commerce obscur dont il ne fait pas bon essayer de percer les secrets. Le journaliste franco-canadien Guy André Kieffer l'a sans doute payé de sa vie. Nous allons y revenir longuement avec Monsieur X... Mais d'autres personnes, fonctionnaires, enquêteurs internationaux ou experts, ont été menacés, parfois enlevés et battus...La semaine passée, mon interlocuteur a évoqué les événements sanglants de Côte d'Ivoire et le drame de Bouaké : le bombardement d'un camp de la force française d'interposition par un appareil des forces aériennes ivoiriennes où neuf soldats ont trouvé la mort... Une action militaire délibérée contrairement aux affirmations des autorités ivoiriennes qui ont parlé de bavure... Aujourd'hui, alors qu'une élection présidentielle, sans cesse reportée d'année en année depuis 2005, devrait enfin avoir lieu à la fin du mois, Monsieur X a donc décidé d'ouvrir le dossier de la disparition en 2004 du journaliste Guy André Kieffer... Un dossier embarrassant pour le président ivoirien Laurent Gbagbo et son entourage... Mais à Paris aussi, on ne semble guère désireux de voir aboutir une enquête qui risquerait d'envenimer les rapports déjà difficiles entre la France et son ancienne colonie... Toutefois c'est sans compter avec un juge aussi obstiné que courageux.Sat, 23 Oct 2010 13:15:00Les sociétés militaires privées ou le néo-mercenariat (1/2)Le mot écorche leurs oreilles et surtout celles de leurs patrons : mercenaire ! Un mot qui sent le soudard, le chien de guerre sans foi ni loi... Non, ils préfèreraient qu'on les appelle comme aux Etats-Unis « contractors », c'est à dire « contractants » ou « contractuels »... Un mot plus policé mais une même réalité : ces paramilitaires, des civils recrutés par des sociétés commerciales, sous contrat avec une armée, et qui remplissent des fonctions ressortissant du métier militaire, sont bel et bien des mercenaires... Par définition. Si Monsieur X a décidé d'en parler aujourd'hui, c'est que ces soldats privés, ces soldats de fortune comme on disait autrefois, sont de plus en plus nombreux de par le monde... Et d'abord sur les principaux points chauds actuels, Irak et Afghanistan où ils font jeu égal en nombre avec les combattants officiels... Mais on les trouve aussi sur d'autres théâtres d'opération où ils assurent la sécurité de militants d'ONG, de diplomates ou de travailleurs expatriés... Et certains verraient bien ces nouveaux Rambos remplacer les Casques bleus trop souvent inexpérimentés car issus d'armées de pays pauvres mal équipées.Cette tendance à la privatisation ne va pas sans inquiéter. Non seulement parce que ces mercenaires sont à l'origine de nombreuses bavures meurtrières mais aussi parce que la guerre devient un enjeu commercial et que, logiquement, les dirigeants et les actionnaires de ces entreprises privées ne poursuivent qu'un seul objectif : gagner de l'argent ! Toujours plus d'argent. De là à imaginer qu'ils ont intérêt à prolonger les conflits, il n'y a pas loin...Enfin, et ce n'est pas le moindre danger, ces sociétés essentiellement anglo-saxonnes pour l'instant, sont aussi constituées en puissants lobbies qui tentent d'influencer la politique des Etats qui les emploient. C'est d'autant plus facile qu'elles phagocytent également peu à peu le monde du renseignement. Aux Etats-Unis, un spécialiste a même affirmé récemment que le rapport ultra-secret de la CIA remis chaque matin au président américain était en partie rédigé par des analystes privés.Sat, 30 Oct 2010 13:15:00Les sociétés militaires privées ou le néo-mercenariat (2/2)On ne privatise pas, on externalise ! Il en va donc de l'armée américaine comme de ces call centers (centres d'appels en français dans le texte) qui sont délocalisés à l'étranger... En Irak, en Afghanistan, les militaires privatisés sont aujourd'hui presque aussi nombreux que les soldats qui portent l'uniforme de leur pays. Des mercenaires recrutés par dizaines de milliers pour le plus grand profit des entrepreneurs qui les emploient et, disait Monsieur X la semaine passée, se paient grassement sur la bête. C'est à dire le contribuable.Ce phénomène en croissance constante touche pour l'instant en priorité le monde anglo-saxon. Mais on le verra dans la suite de cet entretien consacré au nouveau mercenariat, certaines entreprises françaises spécialisées dans la sécurité se verraient bien participer au partage de ce juteux gâteau. Et les autorités françaises, même si le mercenariat est réprimé par la loi, n'y seraient pas forcément hostiles.D'autre part, ces grandes compagnies privées lorgnent vers un marché qui pourrait être tout aussi profitable : celui du maintien de la paix ! C'est à dire la création de Casques bleus privés qui, aux yeux des promoteurs très intéressés de cette proposition, remplaceraient avantageusement les contingents actuels, souvent issus de pays pauvres et donc insuffisamment équipés et entraînés. Et il faut déjà observer qu'une organisation qui regroupe un certain nombre de ces SMP, sociétés militaires privées, a entamé une intense action de lobbying en ce sens. Son nom : l'Association internationale des opérations de paix ! Défense de sourire !Mais un autre secteur est aussi guigné par le privé, celui du renseignement. Et aux Etats-Unis, déjà, on observe une multiplication sans précédent des agences de renseignement... Et donc des informations recueillies. Ce qui, on va le voir, ne contribue pas toujours à apporter aux dirigeants états-uniens une vision claire des enjeux actuels et des menaces qu'ils doivent affronter.Enfin, cet appel de plus en plus important au mercenariat inquiète à plus d'un titre. D'abord en raison des bavures plus ou moins meurtrières provoquées par ces sociétés militaires privées. Et ensuite parce que les gains phénoménaux initiés par cette privatisation de la guerre n'incitent guère ces entrepreneurs à travailler à la résolution des conflits...Sat, 06 Nov 2010 13:15:001995, les deux pilotes français otages en Bosnie (1/2)Qui croire ? Oui, qui a vraiment obtenu la libération de deux pilotes français abattus fin août 1995 au cours d'une mission de bombardement sur la République serbe de Bosnie ?La question fait débat depuis cette libération acquise en décembre de la même année après quelques semaines de captivité. Elle a déchaîné des querelles fratricides au sein même des services secrets français. Elle a révélé des pratiques douteuses et mis en lumière les agissements d'hommes de l'ombre qui, curieusement, se sont aussi trouvés être au même moment les acteurs de l'Angolagate, ce scandale de fournitures d'armes à l'Angola via des intermédiaires français. Y a-t-il un rapport entre les deux affaires ? Et à quel prix, ces mêmes personnages, s'ils sont vraiment les libérateurs de nos pilotes, ont-ils rempli leur mission ?Enfin, il est difficile d'oublier que cet épisode des pilotes français est intervenu tout juste six semaines après les massacres de Srebrenica où quelques dix milles Bosniaques musulmans ont été exécutés par les troupes serbes du général Mladic, malgré la protection qui leur avait été promise par les grandes puissances et les instances internationales. Mladic, un criminel de guerre qui, grâce à de mystérieuses protections, continue à défier la justice internationale. À moins qu'au nom d'intérêts supérieurs, on préfère éviter d'avoir à l'arrêter !Sat, 13 Nov 2010 13:15:001995, les deux pilotes français otages en Bosnie (2/2)C'était un exercice grandeur nature... Et une sorte de première pour les forces de l'OTAN. Le 30 août 1995, avant l'aube, 64 avions bombardiers décollent de plusieurs aérodromes européens. Direction le sud. En trois vagues successives, ils survolent le petit territoire de la République serbe de Bosnie et lâchent leurs bombes sur des objectifs précis : casernes, usines d'armement, site de missiles, etc.Pour la première fois depuis que la guerre a enflammé les Balkans et atomisé la République fédérale de Yougoslavie, les instances internationales ont donc décidé de frapper et d'en finir par la force avec les exactions, les humiliations et les provocations. Six semaines plus tôt, des milliers d'hommes ont été massacrés à Srebrenica, une enclave musulmane en terre serbe. Une tragédie que les Casques bleus présents sur place ont été impuissants à empêcher... Et qui, peut-être, a été précédée par de douteuses tractations entre le commandement des Serbes bosniaques et l'état-major des forces de l'ONU commandé alors par un général français.Fallait-il aussi effacer cette tache ? En tout cas, ces frappes massives qui vont durer jusqu'au 14 septembre auront raison de l'intransigeance des chefs de la République serbe de Bosnie, le président Karadzic et le général Mladic. L'interminable siège de Sarajevo est levé et bientôt, des négociations vont commencer entre les représentants de tous les belligérants ex-yougoslaves réunis à Dayton, aux Etats-Unis.Mais, dans l'ombre, une autre partie se joue : ce 30 août 1995, un Mirage français a été abattu par un missile sol-air tiré par les Serbes. La scène a été filmée. Le pilote, le capitaine Chiffot et son navigateur, le lieutenant Souvignet, ont pu s'éjecter à temps de leur appareil. Mais que sont-ils devenus ? Leur sort va être l'objet de man?uvres obscures et confuses...Sat, 20 Nov 2010 13:15:00L'affaire Al DuraPersonne n'a oublié ces images télévisées. On voit d'abord des affrontements de rue sur fond d'échanges de coups de feu. Puis des ambulances arrivent. Il y a des blessés, peut-être des morts. On découvre ensuite un père et un enfant cachés derrière une sorte de tonneau en ciment. Encore des coups de feu. Des cris. Derrière, sur le mur en parpaings, on voit des impacts de balles. Le père, tout en serrant l'enfant contre lui, fait des gestes en direction de l'endroit, devant lui, d'où, pense-t-il, viennent les tirs. Puis on entend le bruit caractéristique d'une rafale d'arme automatique. Le père et l'enfant disparaissent derrière un nuage de poussière. Un instant, quelqu'un passe devant l'objectif. Le cameraman lui demande de se baisser mais continue à filmer. Quand l'image redevient nette, l'homme, tête pantelante, semble blessé. Son fils gît à terre, devant lui. Il est touché à l'abdomen. Le bras gauche est replié sous son ventre. On voit une blessure sur l'avant-bras droit du père. L'enfant bouge brièvement puis s'immobilise. Le père, prostré, est adossé au mur.Cette séquence, filmée le 30 septembre 2000 au carrefour de Netzarim dans la bande de Gaza, a été diffusée le soir-même dans le journal de 20 h de France 2. Elle était ainsi commentée par le correspondant de la chaîne en Israël, Charles Enderlin, je cite : "Les Palestiniens ouvrent le feu et les Israéliens ripostent. Des conducteurs d'ambulance, des journalistes et des passants sont pris entre deux feux. Ici, Jamal et son fils Mohammed sont la cible de tirs venant de la position israélienne. Mohammed a douze ans. Son père tente de le protéger. Il fait des signes... Mais une nouvelle rafale. Mohammed est mort et son père gravement blessé."La diffusion de ce document, repris par toutes les télés, provoque aussitôt une intense émotion. Un enfant est mort en direct devant une caméra. Et ces images vont être abondamment exploitées. Et d'abord, naturellement, et de façon parfois cynique, par le camp pro-palestinien. Mais ce qu'on ne pouvait pas prévoir à l'époque, c'est qu'elles allaient aussi un peu plus tard alimenter une véritable chasse à l'homme. Sur la sellette, le journaliste Charles Enderlin auquel quelques fanatiques remettront même le prix Goebbels de la désinformation.Dans un instant, Monsieur X explique pourquoi il a choisi cette semaine de traiter ce dossier qui semble, a priori, un peu étranger à son registre habituel.Sat, 27 Nov 2010 13:15:00La guerre froide des espions (1/2) : TolkatchevIl n'y a pas de vérité absolue en matière d'espionnage. Il y règne en permanence le soupçon... Bref, ce n'est pas un monde en noir et blanc mais en gris où parfois tel est pris qui croyait prendre...Monsieur X nous a habitués depuis longtemps à énoncer ce genre de sentences... Et il les a souvent illustrées avec talent. Mais jamais peut-être comme dans l'affaire qu'il nous raconte aujourd'hui, elles n'ont paru plus évidentes.Une affaire d'espionnage typique de la période de la Guerre froide. Mais une affaire qui, très curieusement, n'a été révélée que très tardivement, dans les années 2000. Et pour des raisons qui ressortent essentiellement de la propagande. Car les grands services de renseignement, aussi, doivent faire leur publicité... Ne serait-ce que pour obtenir de l'autorité politique des crédits supplémentaires. Ou bien encore pour faire oublier quelques erreurs passées...Alors de quoi s'agit-il ? Ou plutôt de qui s'agit-il ? Parce que c'est d'abord l'histoire d'un homme, d'un grand espion, un héros qui, selon ses thuriféraires états-uniens, a été présenté comme « l'espion au bil-lion de dollars ». Son nom : Adolf Tolkatchev. Son métier : technicien en informatique et aéronautique. Un espion qui aurait donc apporté aux Américains des informations qui valaient un milliard de dollars et le place ainsi au panthéon des taupes soviétiques ayant travaillé pour la CIA.Mais au fil du récit de Monsieur X on rencontrera aussi un personnage machiavélique et inquiétant, un certain Rem Krassilnikov, qui aurait été le véritable modèle du Karla de John Le Carré, le tout puissant chef des services secrets de l'Est...Sat, 04 Dec 2010 13:15:00La guerre froide des espions (2/2) : KrassilnikovIl est mort à Moscou en 2003 aussi discrètement qu'il a vécu... Et pourtant cet homme, Rem Krassilnikov, a sans doute été l'un des maîtres-espions les plus considérables du XX° siècle... Car c'est lui qui a manipulé les taupes qui ont provoqué les dégâts les plus importants à l'Ouest dans les années 70-80. Particulièrement aux Etats-Unis. Et encore ne sait-on sans doute pas toute la vérité car un mystère demeure : celui, si j'ose dire, de l'existence d'une super-taupe... Un agent-double qui n'a jamais été officiellement découvert et qui a longtemps travaillé pour les services de l'Est. Peut-être jusque dans les années 2000. Car, on le sait maintenant, et l'expulsion cet été d'une dizaine d'espions russes installés en Amérique le prouve, l'effondrement de l'Empire soviétique n'a nullement mis fin à l'espionnage entre l'Est et l'Ouest...Krassilnikov, donc... Il a excellé dans ce jeu du chat et de la souris où s'affrontent les services de renseignement. Et, c'était le thème de mon dernier entre-tien avec Monsieur X, il a aussi conduit avec maestria plusieurs opérations de désinformation visant à abuser ses adversaires en les appâtant avec de faux transfuges... Car là se trouve le point faible de tous ceux qui font métier de contre-espionnage : comment évaluer la sincérité d'un homme qui entend trahir son pays ? Ne joue-t-il pas en réalité le rôle d'un cheval de Troie ? Et quels moyens utiliser pour éventuellement le démasquer ? Et n'est-il pas envoyé chez l'adversaire pour dissimuler d'autres trahisons en livrant de vraies-fausses informations ?Certes, avec la fin de Guerre froide, les rapports entre l'Est et l'Ouest ont apparemment changé de nature. Mais ces questions demeurent éternelles. Ne serait-ce que parce que d'autres menaces sont apparues.Sat, 11 Dec 2010 13:15:00Henri Nanot, le poète-paysan bientôt réhabilité ?Sera-t-il un jour réhabilité ? Henri Nanot, le poète-paysan, le poète-Résistant, l'ami d'André Breton, victime d'une accusation douteuse... Nanot, torturé, calomnié, emprisonné et qui a fini par sombrer dans la folie avant de mourir prématurément à l'aube de la quarantaine...Monsieur X a déjà évoqué ce personnage dérangeant il y a plusieurs années. Et s'il revient aujourd'hui sur la vie tragique de Nanot, c'est que son fils, Jean-Jacques, a annoncé en octobre 2010 son intention d'introduire une action en justice afin d'obtenir la révision du procès de son père. Henri Nanot a en effet été condamné à cinq ans de prison en 1958 par la cour d'assises de Tulle, pour avoir commis un attentat contre un notable politique local, Marcel Champeix. Un forfait qu'il a toujours nié. Mais l'ancien maquisard, exalté, non-conformiste et provocateur, faisait un coupable idéal pour la Justice et la classe politique que Nanot exaspérait... Mais avant d'être condamné, il a été arrêté par des policiers qui avaient été en service sous l'Occupation et il a été sévèrement et longuement frappé. Une véritable séance de torture qui l'a physiquement brisé et a ébranlé sa raison... Nanot ne s'en remettra jamais. Et, après être passé de prisons en hôpitaux psychiatrique, il mourra de sa folie en 1962.J'ajoute, avant de retrouver Monsieur X, qu'il existe aussi une raison supplémentaire pour parler d'Henri Nanot : son livre "Scène de la vie du maquis" écrit dès 1945, vient opportunément d'être réédité aux éditions Lucien Souny... C'est un témoignage de première main sur ces hommes de la terre limousine qui ont pris les armes contre l'Occupant sous l'autorité du légendaire chef FTP, Georges Guingouin. Le «préfet du maquis », comme on l'a appelé.Sun, 19 Dec 2010 13:15:00La chinoiseVaudeville ou tragédie ? Bagatelle ou véritable affaire d'espionnage ? Difficile de se faire une idée... Mais, quoi qu'il en soit réellement, l'histoire que m'a contée Monsieur X cette semaine est assurément l'une des plus extraordinaires qu'il m'ait présentée !Et pourtant, m'a-t-il dit d'emblée, il a longtemps hésité avant de choisir ce sujet. Pourquoi ? Parce qu'il met en scène des gens qui vivent encore... Des gens qui ont souffert et dont il ne voulait pas raviver inutilement les blessures... C'est pour cette raison qu'il s'est refusé à me donner les noms des véritables protagonistes. Et au fond, peu importe ! Les masques dont il a affublés ces personnages n'enlèvent rien au caractère exceptionnel de cette histoire qui tient donc tout autant du roman d'amour que de l'affaire d'espionnage...J'ajoute que cette histoire a inspiré le cinéaste américain David Cronenberg qui en a tiré un film, Mister Butterfly, récemment diffusé à la télévision sur une chaîne câblée. Et peut-être est-ce en voyant ce film que Monsieur X s'est enfin décidé à ouvrir cet étonnant dossier qui recèle encore beaucoup de mystères...Sat, 25 Dec 2010 13:15:00Einstein harcelé par le F.B.I.On l'a oublié. A moins qu'on ait feint de ne pas le savoir... Mais Einstein, le savant le plus célèbre au monde, la personnalité du siècle passé selon le magazine américain Time, était aussi à sa façon un homme politique. Ou plutôt un homme engagé. Un homme qui a été de tous les combats contre l'intolérance et pour la justice... De la lutte contre le nazisme à la dénonciation de la ségrégation raciale aux Etats-Unis.Einstein l'humaniste, qui prônait l'institution d'un gouvernement mondial, pour en finir avec la guerre, jugeait que le seul moyen de supprimer l'oppression était d'établir une société socialiste où, disait-il, le système d'éducation serait guidé par les lois de l'intelligence.Einstein le pacifiste, qui écrivait en 1930 : "Si quelqu'un peut prendre plaisir à marcher en rang et au son d'une musique, cela suffit pour que je le méprise. C'est par erreur qu'il a reçu un cerveau puisque sa moelle épinière lui suffirait amplement." C'est pourtant ce même homme, naturalisé américain, qui, averti de l'avancement des travaux des savants d'Hitler en matière nucléaire, alertera le président Roosevelt et sera donc, indirectement, à l'origine de la création de la bombe atomique.Autant d'engagements qui lui ont attiré beaucoup d'inimitiés. Et, on le sait aujourd'hui grâce à des documents récemment déclassifiés, cela lui a valu d'être étroitement surveillé par le FBI dont l'inamovible patron, Edgar Hoover, a sans cesse agi en secret pour obtenir l'expulsion du savant... Juif, étranger, gauchiste, Einstein était devenu, presque naturellement, sa bête noire. Et tous les moyens ont été utilisés pour le perdre...Sat, 01 Jan 2011 13:15:00Les liens entre l'ISI, les services secrets pakistanais, et les talibansLe soupçon est permanent et hante l'état-major américain... Dans quelle mesure peut-il faire confiance à l'allié pakistanais dans sa lutte contre les talibans ? Un allié qui jouerait double-jeu et n'aurait jamais cessé de soutenir et même manipuler ces talibans qui sont plus puissants que jamais et contrôlent déjà plus ou moins 70 % du territoire afghan...La question est donc récurrente. Elle est au centre des réflexions de l'administration Obama qui voudrait bien se désengager du bourbier afghan et a d'ailleurs rendu public le calendrier du retrait des forces de la coalition à l'occasion de la dernière réunion des pays membres de l'OTAN.Un calendrier idéal car on ne voit pas aujourd'hui, à moins de reconnaître l'échec de la Force internationale d'assistance à la Sécurité, son nom officiel, comment Washington pourrait retirer ses troupes.Où se trouve la solution ? Dans une négociation avec les talibans ? Mais avec lesquels ? Les bons ou les mauvais, comme on a désormais l'habitude de les nommer...Dans ce Grand Jeu, plus compliqué que jamais, le Pakistan, qui s'est toujours intéressé de très près à son voisin, est un partenaire obligé... Mais la vérité oblige à dire que malgré les milliards de dollars offerts à Islamabad les Pakistanais continuent à jouer leur propre partie et à considérer que le conflit afghan est aussi un autre aspect de la perpétuelle rivalité qui les oppose à l'Inde dans le sous-continent.Monsieur X essaie donc de décrypter les enjeux en cause et d'y voir plus clair dans les man?uvres tortueuses des services secrets pakistanais, le redoutable ISI dont on a récemment beaucoup parlé chez nous aussi, à propos de l'attentat de Karachi.Sat, 08 Jan 2011 13:15:00Les deux CoréeImprévisible ! Tel est l'adjectif qui revient le plus souvent sous la plume des journalistes ou diplomates à propos de la Corée du Nord. Imprévisible, car cette dernière survivante de l'ère stalinienne ne cesse de souffler le chaud puis le froid... Alternant les provocations guerrières et les rodomontades avec des propositions de négociations ou des déclarations rassurantes sur son arsenal nucléaire...Et pourtant ! Monsieur X, pour sa part, il va nous en faire la démonstration, pense que les foucades nord-coréennes sont en réalité très calculées. Et qu'elles répondent à la poursuite d'objectifs très précis.Autre raison de parler de cette monarchie communiste où les dirigeants se succèdent de père en fils, la récente révélation par Wikileaks de la livraison de missiles balistique de longue portée à l'Iran... Vraie ou fausse, cette information inquiète au plus haut point les pays occidentaux qui envisagent même ? c'était l'un des objets de la dernière réunion des pays de l'OTAN ? de construire un bouclier anti-missile pour se protéger des fusées iraniennes.Monsieur X revient donc sur toutes ces questions, à commencer par les liens troubles entre ces pays-voyous, pour reprendre l'expression de George Bush junior, qui échangent armes et secrets nucléaires... Mais il évoque aussi les relations dangereuses qui existent entre les deux Corée, deux pays qui, officiellement, sont toujours en état de guerre...Sat, 15 Jan 2011 13:15:00La guerre secrète contre l'Iran"Il faut couper la tête du serpent !" Ainsi se serait exprimé le roi Abdallah d'Arabie saoudite devant un conseiller de la Maison Blanche. Le serpent étant, dans l'esprit du monarque, l'Iran de Mahmoud Ahmadinejad. C'est l'une des révélations des documents Wikileaks. Mais, à vrai dire, personne ne doutait de l'hostilité des Saoudiens, et plus généralement de tous les pays arabes du Golfe, à l'encontre de l'Iran. Une hostilité qui tourne même à l'obsession. Et c'est bien sûr la perspective de voir bientôt Téhéran posséder l'arme nucléaire qui explique cette violente animosité.L'Arabie saoudite, au moins autant qu'Israël, voudrait donc que les Etats-Unis utilisent les grands moyens pour anéantir le potentiel nucléaire iranien. Mais à Washington, officiellement, on s'en tient pour l'instant à la politique des sanctions économiques pour inciter Téhéran à renoncer à ses ambitions nucléaires. Ce qui ne veut pas dire que les Américains, et pas seulement eux, n'utilisent pas d'autres armes contre l'Iran. En réalité, Monsieur X l'affirme, c'est une véritable guerre de l'ombre qui est menée par la plupart des services secrets occidentaux. Une guerre où tous les coups sont permis, y compris les assassinats... Mais aussi une course contre la montre : car l'Iran est peut-être à deux doigts de pouvoir fabriquer sa bombe...Sat, 22 Jan 2011 13:15:00Les frégates de Taiwan (1/2)Enfin ! J'attendais depuis longtemps que Monsieur X ouvre ce délicat dossier : celui des Frégates de Taïwan, comme on le nomme communément. Une affaire particulièrement emblématique des m?urs politiques et industrielles des dernières années et qui a mis en lumière un formidable système de corruption : celui des rétro-commissions. Je résume à grands traits : à l'occasion d'une importante vente de matériel à l'étranger, souvent du matériel militaire, il est versé des commissions à des intermédiaires qui ont apparemment joué un rôle dans l'attribution du marché et qui rétribuent à leur tour les autorités politiques du pays acheteur. Une corruption assez classique. Mais en retour, ces mêmes intermédiaires reversent une partie de leurs gains aux donneurs d'ordre français qui ont initié la vente ; c'est ce qu'on appelle les rétro-commissions... On en a récemment beaucoup parlé à propos de l'attentat de Karachi et de la vente de sous-marins au Pakistan : selon l'avocat des familles des victimes de l'attentat, Jacques Chirac, soupçonnant que des rétro-commissions avaient alimenté la caisse électorale de son rival, Edouard Balladur, aurait décidé, dès son accession à la présidence de la République de fermer le robinet des commissions qui restaient à verser. Mais du même coup, il aurait suscité la colère des décideurs pakistanais corrompus. Et ceux-ci, pour se venger, auraient commandité cet attentat où une dizaine de nos compatriotes ont trouvé la mort.Un système semblable de corruption a donc été mis en place lors de la vente, en 1991, de six frégates ultramodernes à la marine de Taïwan. Et les points de comparaison entre les deux affaires sont nombreux : à commencer par l'existence du même fournisseur d'équipement militaire, la DCN, Direction des Cons-tructions navales, et surtout l'utilisation abusive par les gouvernements successifs de gauche et de droite du « secret-défense » pour dissimuler quelques vérités dérangeantes. Et si, dans le ténébreux dossier des Frégates, on ne trouve nul attentat, il faut quand même souligner que ses divers développements ont causé directement ou indirectement la mort d'une demi-douzaine de personnes... C'est d'ailleurs par la relation des circonstances de l'une de ces morts très suspectes que Monsieur X a choisi de commencer ce nouvel entretien...Sat, 29 Jan 2011 13:15:00Les frégates de Taiwan (2/2)Un demi-milliard d'euros de commissions et rétro-commissions, et une demi-douzaine de morts suspectes : voilà comment on pourrait résumer l'affaire des Frégates de Taïwan que Monsieur X a commencé à nous raconter la semaine passée. Mais il faudrait aussi ajouter l'amende faramineuse que la DCN et l'entreprise Thalès, ex-Thomson, mais plus vraisemblablement le contribuable français, devront payer à Taïwan pour avoir mis en place un système illégal de commissions. Et il y en aura pour des centaines de millions de dollars.Enfin, il faut souligner que le juge Van Ruymbeke, chargé d'instruire ce dossier en France, a fini par rendre une ordonnance de non-lieu après sept ans d'enquête, en 2008. Un aveu d'impuissance, à cause en particulier des nombreux obstacles et l'utilisation abusive et permanente du « secret-défense » qu'on lui a opposés tout au long de ses investigations. Conclusion : les corrompus peuvent dormir sur leurs deux oreilles et même, pour au moins l'un des intermédiaires, récupérer peut-être l'argent de la fraude bloqué en Suisse.Mais entre temps, donc, au moins six personnes qui avaient connaissance des secrets de cette affaire l'ont payé de leur vie.Monsieur X revient par conséquent sur ce scandale d'Etat où il est acquis que des hommes politiques de notre pays ont bénéficié de ces fameuses rétro-commissions, c'est-à-dire de sommes d'abord versées à des intermédiaires étrangers mais qui sont revenues, au moins en partie, clandestinement en France.A voir : la série documentaire de Jean Guisnel et David Korn-Brzoza "Histoire des services secrets français" sur France 5, les dimanches 6, 13, 20 et 27 février à 21 h 30.Sat, 05 Feb 2011 13:15:001956, l'expédition de Suez (1/2)Le canal de Suez ! A cause de la révolte égyptienne, on en parle presque tous les jours dans la presse car c'est une artère commerciale indispensable pour les économies européennes... Ce que l'on a longtemps appelée la « route des Indes » ! Un passage presque obligé pour toutes les marchandises, pétrole compris, qui transitent de l'Est vers l'Ouest... Un seul chiffre : un million et demi de barils de brut sont transportés chaque jour sur les eaux du canal. Et une raison supplémentaire pour les grandes puissances de surveiller de très près les événements égyptiens... Car, dans le passé, à deux reprises, des crises régionales ont affecté la circulation sur le canal. En 1967, bien sûr, à l'issue de la Guerre des 6 jours qui a entraîné sa fermeture pendant huit longues années... Mais aussi en 1956, lorsque le colonel Nasser a soudain décidé de nationaliser le canal au détriment de la compagnie anglo-française qui en assurait la gestion. Une affaire dont tous les mystères n'ont pas, encore aujourd'hui, été entièrement dissipés.Monsieur X revient donc sur cette importante crise internationale dont on a pu craindre un moment qu'elle débouche sur le déclenchement de la troisième guerre mondiale. Quels étaient donc les enjeux secrets qui ont incité Français et Britanniques à intervenir militairement en Égypte, au risque de provoquer une conflagration internationale ?Sat, 12 Feb 2011 13:15:001956, l'expédition de Suez (2/2)Au moment où l'Egypte traverse l'un des plus grands bouleversements de son histoire contemporaine, Monsieur X a choisi de revenir sur une autre crise qu'a connue sa jeune République, l'affaire de Suez en 1956? Un épisode qui, dit-il, n'a pas encore livré tous ses secrets.Je résume notre entretien de la semaine passée : en juillet, le colonel Nasser, furieux de ne pas avoir bénéficié d'un prêt des puissances occidentales pour construire le gigantesque barrage d'Assouan qui doit sortir son pays du sous-développement, se tourne vers Moscou et riposte en nationalisant la Compagnie du canal de Suez, une société franco-britannique.Face à ce qu'ils considèrent être une spoliation, Britanniques et Français envisagent très vite de répondre par la force. Et leurs services secrets élaborent même des projets d'assassinat de Nasser, ce nouveau Hitler, comme la presse le présente des deux côtés du Channel. Mais ces tentatives de liquidation échouent. Reste donc l'hypothèse militaire. Cependant les deux pays ne poursuivent pas forcément les mêmes objectifs. Pour la France, en particulier, il s'agit d'abord de se débarrasser d'un dirigeant arabe qui arme les rebelles algériens du FLN. A la mi-octobre, une opération téléguidée par le SDECE en apporte la preuve : un bateau bourré d'armes chargées à Alexandrie et destinées au FLN est arraisonné dans les eaux internationales. La collusion de Nasser et des rebelles algériens est ainsi clairement établie. Cela renforce encore le camp de ceux qui veulent à tout prix en découdre avec le dictateur égyptien.A cela s'ajoute la question israélienne. Les socialistes français au pouvoir, très proches des dirigeants de Tel-Aviv, estiment que tôt ou tard Nasser, champion du panarabisme, attaquera Israël. Il faut donc prévenir cette menace.Sat, 19 Feb 2011 13:15:00BizerteÉtait-ce seulement l'affrontement de deux hommes ? De Gaulle et Bourguiba ! Deux chefs d'Etat orgueilleux également persuadés d'incarner leur pays... Il y avait de cela, c'est certain. Mais au-delà se profilaient aussi de considérables intérêts. En tout cas, ce combat de coqs a été particulièrement meurtrier. 1000, peut-être 2000 morts... Et pour rien ou presque.Je veux parler ici d'une affaire oubliée : les combats qui ont opposé Tunisiens et Français à Bizerte en 1961. Une base militaire que la France occupait depuis des dizaines d'années mais aussi une enclave située dans un pays devenu indépendant... On s'est donc battu furieusement pour Bizerte. Mais deux ans plus tard, l'armée française rendait les clefs de la base aux Tunisiens. Et tant pis pour les morts inutiles de Bizerte...Monsieur X a donc choisi cette semaine de revenir sur cette étrange affaire et d'en dévoiler les dessous. Une histoire qu'il connaît parfaitement car les services secrets y ont joué un rôle important.Sat, 26 Feb 2011 13:15:001962, la disparition d'Enrico Mattei, président de l'ENI"Je suis un affreux matou qui mourra écrasé par une nuit noire dans une ruelle obscure." C'est Pier Paolo Pasolini qui a écrit cette phrase prémonitoire. Le 2 novembre 1975 au matin, son corps martyrisé a été retrouvé sur un terrain vague proche de la plage d'Ostie.Pourquoi parler à nouveau de Pasolini, cinéaste et écrivain incandescent, « pythie des années de plomb », comme l'ont appelé certains ? Parce que sa mort, longtemps considérée comme l'inéluctable aboutissement d'une errance homosexuelle dans les lieux les plus dangereux, ne semble plus relever du fait divers ! Parce qu'on devine qu'il fallait taire le poète avant qu'il ne divulgue quelques secrets bien embarrassants sur les m?urs politiques de l'Italie de ces années-là, et qui annonçaient ce qui adviendrait beaucoup plus tard : le berlusconisme !Et parmi ces secrets, recensés dans un chapitre de son dernier livre qui a mystérieusement disparu, il y aurait d'abord une enquête sur la mort du célèbre industriel Enrico Mattei dans le crash de son avion en 1962... Un attentat maquillé en accident. Mais Pasolini évoquait aussi dans ce texte, qui a été vraisemblablement volé, la disparition jamais expliquée d'un journaliste en 1970, Mauro di Mauro, qui, justement, enquêtait sur la mort de Mattei et s'apprêtait à rendre publiques quelques informations explosives sur les liens entre la Mafia et le monde politique...Mattei, Mauro di Mauro, Pasolini, une chaîne de morts violentes qui seraient donc liées entre elles. Mais probablement une seule piste !Monsieur X ouvre à nouveau ce dossier qui reste d'une brûlante actualité puisque la justice italienne semble enfin décidée à s'y intéresser.Sat, 05 Mar 2011 13:15:001975, l'assassinat de Pier Paolo PasoliniQu'y avait-il dans le chapitre disparu, sans doute volé, du roman de Pier Paolo Pasolini, "Pétrole" ? Et est-ce pour éviter la publication d'un ouvrage accusateur que l'écrivain-cinéaste a été assassiné ?La semaine passée, Monsieur X a évoqué la mort en 1962 d'une autre grande figure italienne, Enrico Mattei, l'homme qui, en édifiant un considérable empire industriel nationalisé, a permis à son pays d'acquérir son indépendance énergétique. Mais un homme qui gênait beaucoup de monde... Or il est vraisemblable que dans ce chapitre qui a mystérieusement disparu, Pasolini donnait sa version de la mort de Mattei, assassiné dans un crash d'avion maquillé en accident... Il y aurait donc un lien entre ces deux morts brutales auxquelles il faut ajouter la disparition en Sicile d'un journaliste, Mauro di Mauro, qui lui aussi enquêtait sur l'affaire Mattei et a été vraisemblablement liquidé par la Mafia en 1970...Et Monsieur X d'alléguer que derrière ces assassinats on retrouve les mêmes commanditaires... Les responsables d'une pieuvre qui a travaillé tout au long de ce que l'on a appelé les « années de plomb » à semer la terreur et à déstabiliser la démocratie italienne en mettant sciemment en ?uvre une véritable stratégie de la tension où ont alterné les actions violentes d'extrême droite et d'extrême gauche. Une pieuvre dont l'existence ne sera dévoilée qu'en 1981, la Loge P2 ! Son Grand-Maître, Lucio Gelli, aurait réussi à rassembler dans cette organisation pseudo-maçonnique la plupart des responsables des forces de sécurité et d'importants personnages politiques. Mais, nous a dit Monsieur X, le véritable cerveau de la pieuvre s'appelait en réalité Eugenio Cefis. Et, numéro deux de l'empire Mattei, il a succédé à ce dernier après sa disparition.Autant de secrets qu'avait sans doute percés Pasolini, qu'il avait donc couchés sur le papier dans un chapitre de son livre posthume, "Pétrole", et qui lui ont certainement coûté la vie une nuit de novembre 1975. Un meurtre qu'on a longtemps attribué à un jeune garçon qui aurait refusé les avances sexuelles du cinéaste... Une thèse qui est aujourd'hui raisonnablement battue en brèche.Sat, 12 Mar 2011 13:15:00Al Qaïda Maghreb islamique (AQMI) (1/2)"O nation de l'Islam au Maghreb, celle de la résistance et du djihad, voici que vos enfants s'unissent sous la bannière de l'islam et du djihad contre les Etats-Unis, la France et l'Espagne et entreprennent de nettoyer nos terres de leurs esclaves Mouammar Kadhafi, Zine el Abadine Ben Ali, Abdelaziz Bouteflika et Mohammed VI... "Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette proclamation appelant à renverser les dictateurs du Maghreb n'est pas liée à l'actualité immédiate... Non, elle a été rédigée en 2007 et son auteur n'est autre que le numéro 2 d'Al-Qaïda, Ayam Al-Zawahri. Le second d'Oussama Ben Laden rendait ainsi hommage aux créateurs de l'Aqmi. C'est à dire d'Al-Qaïda-Maghreb islamique, cette organisation qui fait régner la terreur dans le Sahel et a récemment procédé à plusieurs prises d'otages de Français. Dont celle où deux jeunes gens ont trouvé la mort au cours d'une intervention des forces françaises et nigériennes.Monsieur X a donc décidé de dévoiler quelques-uns des secrets de cette mystérieuse organisation affiliée aujourd'hui à Al-Qaïda... Quel danger représente-t-elle exactement ? Quelles sont ses forces ? Et quelle est la part de la propagande et du mythe ? A-t-on affaire à de vrais djihadistes qui combattent au nom d'Allah ? Et qui ont l'ambition de faire du Sahel un nouvel Afghanistan, comme le pensent certains experts américains ? Ou ces hommes qui se déplacent librement dans cette vaste étendue de sable et de rochers, sans frontières réelles, ne sont-ils que des trafiquants qui dissimulent leurs activités mafieuses sous le couvert d'une idéologie fondamentaliste ? Enfin, faut-il craindre que ce terrorisme soit exporté en Europe et d'abord en France qui semble être une des cibles prioritaires d'Aqmi ? Autant de questions qui sont d'une actualité brûlante... D'autant que les révolutions démocratiques qui viennent de secouer le monde arabe peuvent être aussi interpréter comme une défaite des thèses islamistes.Sat, 19 Mar 2011 13:15:00Al Qaïda Maghreb islamique (AQMI) (2/2)Que cache exactement la mystérieuse organisation terroriste Al-Qaïda-Maghreb islamique ? Aqmi, responsable de l'enlèvement au mois de janvier de deux jeunes Français au Niger morts au cours de la tentative de libération opérée par des forces spéciales... Aqmi qui a aussi pris en otages en septembre 2010, toujours au Niger, sept personnes, dont cinq Français, employés sur le site d'extraction d'uranium d'Arlit. Aqmi, enfin, qui a vraisemblablement assassiné l'humanitaire Michel Germaneau, toujours en 2010...Cette structure terroriste, liée à Al-Qaïda, comme son nom l'indique, règnerait sur une vaste zone de plusieurs millions de kilomètres carrés, le Sahel. Là, dans un immense désert de sables et de rochers, elle pourrait procéder pratiquement en toute impunité à des exactions mais serait aussi mêlée à de nombreux trafics qui ont de tous temps existé dans la région. En toute impunité car les frontières n'y sont que virtuelles et les pays qui bordent le Sahel sont parmi les plus pauvres du monde et ne disposent pas des forces armées capables de riposter.Devant cette impuissance, certains Etats, et d'abord la France mais aussi les Etats-Unis, tentent de réagir et d'abord de surveiller cette zone grise qui pourrait même devenir, selon ce qu'affirmaient les généraux américains au temps de Bush, un nouvel Afghanistan...La semaine passée, Monsieur X nous a raconté la genèse d'Aqmi, issue du GIA, le Groupe islamique armé qui a lui même donné naissance au GSPC, Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat. Autant d'organisations terroristes algériennes... Et d'ailleurs, les principaux émirs d'Aqmi, comme ils s'appellent eux-mêmes sont des Algériens... D'où le soupçon d'une manipulation d'Aqmi par les services de sécurité d'Alger qui ont joué un rôle trouble avec le GIA dans la décennie 90. Vrai ou fause cette implication ? La réponse dans quelques instants.extrait de la dépêche AFP du mardi 22 mars 2011 :"Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a rejeté lundi une demande de rançon d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'au moins 90 millions d'euros pour libérer quatre Français enlevés au Niger, estimant qu'on ne peut négocier "sur ces bases"."Nous ne négocions pas sur ces bases", a-t-il déclaré à la presse, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a réclamé "au moins 90 millions d'euros" pour la libération de quatre Français enlevés en septembre 2010 au Niger et toujours otages, a appris l'AFP lundi de source nigérienne proche de la médiation depuis Gao (nord du Mali).Sat, 26 Mar 2011 13:15:001978, la mort de Jean-Paul Ier (1/2)C'est l'un des grands mystères du siècle dernier. Et l'un des secrets les mieux protégés... Mais le Vatican, le plus petit Etat du monde, n'est pas réputé pour être le plus transparent. Alors oui, Monsieur X a décidé de nous parler de la vie et de la mort du Pape qui s'est sans doute assis le plus brièvement sur le trône de Saint-Pierre : Jean-Paul Ier. Patriarche de Venise, Albino Luciani, élu le 26 août 1978, est en effet mort trente-trois jours plus tard, le 28 septembre. Officiellement, il a été victime d'un infarctus du myocarde. Mais les rumeurs, alimentées par les imprécisions et même les dissimulations des autorités ecclésiastiques quant aux circonstances exactes de son décès, n'ont pas tardé à surgir. Jean-Paul Ier, le Pape qui voulait donner un sérieux coup de balai au Vatican, aurait été assassiné...Une thèse assurément choquante pour les fidèles de l'Eglise catholique mais qui, à la lumière des scandales financiers révélés tout au long des années 70 et 80, a pris de la consistance et fait toujours débat. Le prouve la parution récente d'une nouvelle édition du livre de l'Anglais David Yallop, "Le Pape doit mourir !"Et ce n'est pas par hasard si un grand cinéaste comme Francis Ford Coppola a en fait l'un des thèmes principaux du troisième opus de sa série sur la mafia.Monsieur X revient donc sur cette ténébreuse affaire où l'on croise nombre de personnages qui ont perdu tragiquement la vie et où il est beaucoup question de la mafia, d'un système bancaire corrompu et de la sinistre Loge P2, qui a joué en Italie le rôle que l'on sait tout au long de ce que l'on a appelé les années de plomb.Sat, 02 Apr 2011 13:15:001978, la mort de Jean-Paul Ier (2/2)Jean-Paul Ier a-t-il été assassiné ? La question ressurgit régulièrement. Et encore tout récemment avec la nouvelle édition très documentée de l'ouvrage du journaliste britannique David Yallop, "Le Pape doit mourir !" Si Yallop répond positivement à la question, il faut, pour être tout à fait impartial, relever que d'autres auteurs ont contredit cette thèse. Même s'il faut aussi observer qu'ils ont parfois été conseillés indirectement ou pas par le Vatican.En effet, pour l'Eglise, il n'a jamais été question d'assassinat. Jean-Paul Ier est décédé de mort naturelle, sans doute d'un infarctus du myocarde. Mais, médicalement impossible d'en dire plus puisque le Vatican a refusé que la dépouille papale soit autopsiée. Je signale simplement que les tenants de la mort naturelle ont prétendu que Jean-Paul Ier était un homme malade tandis que les autres, dont son médecin personnel, ont affirmé que cet homme de 66 ans jouissait d'une excellente santé.Dans la première partie de cet entretien, Monsieur X a mis en évidence que le Pape avait l'intention de procéder à une véritable réorganisation de la hiérarchie vaticane. Car il était bien placé pour savoir que l'Institut pour les ?uvres de religion, autrement dit la Banque du Vatican dirigée par Mgr Marcinkus, s'était laissée aller à se compromettre dans des opérations financières douteuses. En particulier avec un banquier sicilien, Michele Sindona, très proche de la mafia et, on l'apprendra plus tard, de la Loge P2 de Licio Gelli.Jean-Paul Ier était donc décidé à faire le ménage. Et certains grands personnages avaient tout à craindre. Mais pour autant, ces gens-là sont-ils passés à l'acte et se sont-ils réellement débarrassés d'un Pape qui n'a donc pu régner que 33 jours ?Sat, 09 Apr 2011 13:15:00Les tentatives occidentales pour assassiner Kadhafi dans les années 1970 et 1980Officiellement, il n'en était pas question. Mais l'idée a dû germer dans plus d'un cerveau des dirigeants de la coalition anti-Kadhafi : et si, sous prétexte de protéger la population libyenne ? objectif assigné par la résolution 1973 de l'ONU ? on en profitait pour se débarrasser une fois pour toutes du colonel Kadhafi ?Une fois pour toutes, oui. Car nombreuses ont été par le passé les tentatives d'assassinat qui ont échoué. Exactement comme si ce diable de colonel était invulnérable...Mais comment s'en étonner ? Depuis sa prise du pouvoir, en 1969, Kadhafi a multiplié les occasions de se faire des ennemis... En exerçant une dictature implacable sur ses concitoyens, en soutenant des groupes terroristes internationaux, en impliquant directement ses services spéciaux dans des actes meurtriers, en encourageant la subversion sur le continent africain et même en Europe ou en tentant d'engager son pays dans des mariages plus ou moins forcés avec ses voisins... Ou encore en décidant de doter la Libye d'armes de destruction massive.Bref, Kadhafi a fourni à ses adversaires de nombreux mobiles pour essayer de l'éliminer physiquement.Monsieur X se propose donc dans ce nouvel entretien de recenser ces man?uvres obscures perpétrées par des services secrets de plusieurs pays avec, parfois, la complicité de Libyens, opposants déclarés ou non. Et il apparaît tout de suite que la France a joué un rôle notable dans quelques-unes de ces tentatives dont certaines gardent encore leur part de mystère...Sat, 16 Apr 2011 13:15:00Décembre 1979, l'invasion soviétique en AfghanistanDix ans avant la chute du Mur de Berlin, certains y ont vu les prémisses de la chute de l'Empire soviétique : l'invasion de l'Afghanistan par les soldats de l'Armée rouge en 1979... Ce sera leur Vietnam, avaient prédit quelques stratèges occidentaux qui avaient peut-être d'ailleurs intrigué afin de précipiter l'URSS dans le piège afghan. Et, effectivement, les Soviétiques n'en sortiront qu'au début 1989, après dix ans d'une guerre aussi coûteuse en hommes qu'en roubles... Quelques mois plus tard, le Mur de Berlin tombera, entraînant la dislocation progressive du glacis de l'Europe de l'Est.La décision de Moscou de s'engager militaire-ment en Afghanistan est donc une question fondamentale. Mais elle ne s'est pas imposée d'emblée. Elle a même été l'objet de longues discussions au sein des plus hautes instances de l'URSS. Et, c'est en tout cas l'opinion de Monsieur X, elle a aussi donné lieu à un certain nombre de manoeuvres tortueuses où se sont affrontées les ambitions des hommes qui voulaient succéder à un Brejnev affaibli et malade.La conséquence, c'est que dans la mise en ?uvre de l'opération elle-même, on a assisté à une étrange confusion. On en a une illustration spectaculaire avec la récente parution d'un récit exclusif dans un nouveau magazine, "Guerres et Histoire". Le témoignage hallucinant du chef du commando soviétique chargé de liquider le numéro un afghan : Hafizullah Amin, un dirigeant communiste qui avait pourtant été hissé à la première place par les hiérarques du Kremlin.Sat, 23 Apr 2011 13:15:00La Syrie de Bachar El AssadChaque jour ou presque, de nouveaux morts ! La Contestation et répression ne faiblissent pas en Syrie. Dans l'échiquier moyen-oriental, le pays semblait pourtant aux yeux des spécialistes l'un de ceux qui serait le plus hermétique au souffle du printemps arabe.L'impensable s'est donc produit. La Syrie, soumise depuis 40 ans au pouvoir du clan Assad, s'est donc soudain réveillée. Apparemment. Car il y a longtemps qu'elle est traversée par des vents contraires... Mais, jusqu'à maintenant, on réprimait en silence, à l'abri des frontières d'un Etat rigidifié et encore largement indéchiffrable pour le profane.Monsieur X, qui a déjà évoqué la situation syrienne l'an dernier, se propose donc d'essayer de comprendre pourquoi la Syrie, à son tour, est touchée par la contestation populaire. Mais il ne manquera pas de rappeler que depuis quelques années, le régime était déjà ébranlé par une série d'événements mystérieux : attentats, assassinats, suicides maquillés...Enfin, il s'interrogera sur l'éventualité d'interventions extérieures. Car, dans cet «Orient compliqué », pour reprendre l'expression du général de Gaulle, la Syrie occupe une place à part. Et une révolution ne manquerait pas de chambouler toute la région... Mais qui y a vraiment intérêt ?Sat, 30 Apr 2011 13:15:00SamaranchSurprise : Monsieur X a choisi cette semaine de me parler de sport ! Et j'avoue que sur le moment, je n'ai pas très bien compris tant le sport me paraît éloigné des préoccupations habituelles de mon interlocuteur... Cependant mon étonnement a été de courte durée : il s'est en effet proposé d'ouvrir un dossier bien sulfureux, celui d'un homme qui, malgré un passé politique ô combien contestable, a régné pendant vingt ans sur le sport international, imposé des mutations irréversibles et a peut-être entretenu des relations coupables avec le monde du renseignement...Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite... Cet homme, c'est Juan Antonio Samaranch, l'ancien patron du Comité international olympique. Le marquis Samaranch, puisqu'il a été anobli par le Roi Juan Carlos. Et pour commencer, je n'ai pas trouvé mieux que ces quelques lignes écrites à l'annonce de son décès par le journaliste Sylvain Cypel dans Le Monde du 24 avril 2010. Je cite :« D'une ambition et d'un orgueil extrêmes, fou de politique, grand séducteur, il était aussi fidèle en amitié jusque dans ses relations les moins honorables. Un Espagnol florentin comme personne. Pas d'une intelligence fulgurante, mais profonde. C'était un lent, mais d'une habileté diabolique », disait de lui un vieux complice, le journaliste Andres Merce Varela. Sa maxime préférée : « Le meilleur moyen de gagner une bataille est souvent de ne pas la livrer ». Juan Antonio Samaranch, a dit Maurice Herzog, qui fut ministre des sports du général de Gaulle, « avait un don pour juguler toute opposition. Sa force était d'embrasser ses ennemis pour les paralyser sans les étouffer ». Dans les milieux sportifs français, on l'avait surnommé « Ça m'arrange ! »."Dans un instant donc, retour sur l'étonnant parcours de ce curieux personnage et les zones d'ombre qui demeurent autour de son existence...Sat, 07 May 2011 13:15:00L'affaire Ben Barka (1/2)C'était « l'Affaire ». Avec un grand « A ». Un peu, comme on nommait l'Affaire Dreyfus à la fin du XIX° siècle.« L'Affaire », donc. Sans doute l'un des plus grands scandales de l'ère gaulliste. Car, soudain, elle a mis au jour une nébuleuse inquiétante où grenouillaient des hommes politiques proches du pouvoir, des policiers officiels et d'autres qui l'étaient un peu moins, des agents secrets, des barbouzes et, pour reprendre l'expression gaullienne, un quarteron de truands ! Et elle a provoqué l'une des plus grosses colères du général de Gaulle juste au moment où celui-ci venait de décider de solliciter un second mandat présidentiel.Vous l'avez sans doute compris, « l'Affaire », c'est l'affaire Ben Barka. Et si Monsieur X, qui m'en a parlé autrefois, a décidé d'ouvrir à nouveau ce dossier, c'est que la Justice n'en a pas fini avec « l'Affaire » ! Un juge d'instruction est toujours saisi. Et ce magistrat tenace est bien décidé à faire surgir un jour la vérité, malgré tous les obstacles qui ne cessent de se dresser sur son chemin.Alors, raisonnablement, 46 ans après le rapt de Mehdi Ben Barka, est-il encore possible d'élucider cette affaire ? La famille du leader marocain, tout comme le juge, en sont persuadés. Car certains des protagonistes, sinon des instigateurs, sont encore en vie et pourraient témoigner si, enfin, la raison d'Etat n'était plus abusivement invoquée, des deux côtés de la Méditerranée.Sat, 14 May 2011 13:15:00L'affaire Ben Barka (2/2)Il s'agit sans doute de la plus vieille affaire criminelle dont la Justice française est encore saisie : l'affaire Ben Barka !La semaine passée, Monsieur X a détaillé le mécanisme du piège dans lequel le leader marocain et tiers-mondiste Mehdi Ben Barka devait tomber. Un bref rappel pour ceux d'entre vous qui n'étaient pas à l'écoute... Pour l'attirer à Paris et procéder à son enlèvement, on a fait miroiter à Ben Barka un projet de film sur un sujet qui lui tient particulièrement à c?ur, la décolonisation... Un metteur en scène connu, un journaliste et une scénariste non moins célèbre, Marguerite Duras, ont été pressentis. Mais tous ignorent le rôle qu'on leur fait jouer. Quant au producteur, il s'agit d'un nommé Figon, un curieux personnage qui fréquente à la fois le Milieu et les cercles germano-pratins... Mais lui, à la différence des autres, agit en toute connaissance de cause.Derrière cette machination, se trouve un agent des services secrets marocains, Chtouki, un honorable correspondant du SDECE, Antoine Lopez et son officier traitant Leroy-Finville, un avocat gaulliste proche des milieux barbouzards et mentor de Figon, Me Lemarchand, et un quarteron d'authentiques truands. Sans compter deux policiers français, Souchon et Voitot, qui usent de leur carte tricolore pour interpeller Ben Barka devant le Drugstore de Saint-Germain-des-Prés et l'enlever.Mais bien sûr, les véritables instigateurs du rapt étaient marocains, Oufkir, le ministre de l'Intérieur et son adjoint Dlimi... Deux fidèles du roi Hassan II dont on n'imagine pas qu'ils aient pu agir sans avoir reçu l'aval de leur maître.Revenons donc à ce 29 octobre 1965. Mehdi Ben Barka, confiant, vient de monter dans la voiture de service des policiers Souchon et Voitot. Il pense qu'on le conduit à un rendez-vous avec une importante personnalité française... Et, d'après Monsieur X, il s'agit sans doute de l'un des secrets de cette affaire.En fait, Ben Barka ne va pas tarder à le comprendre, il est emmené dans la maison de campagne d'un truand, Georges Boucheseiche...Sat, 21 May 2011 13:15:00OctogonC'est un sujet qui a toujours excité les imaginations : l'or des nazis ! Ce trésor accumulé au fil des pillages et des exactions, tout au long des années d'occupation des pays européens, et qui aurait mystérieusement disparu à la fin de la guerre... Aurait-il été immergé dans quelque lac alpin ? Ou bien aurait-il servi à financer les filières d'évasion des nazis ? Ou bien encore aurait-il utilisé pour perpétuer insidieusement l'idéologie nazie grâce à quelques fructueux investissements et l'infiltration de partis politiques ayant pignon sur rue.Le sujet continue à intriguer et passionner. Mais il faut croire qu'il demeure délicat sinon dangereux. La paisible chaîne de télévision Arte, qui ne nous a jamais habitués à provoquer des éclats, a pourtant été l'objet d'une véritable polémique en décidant de garder sous le coude un film consacré à l'argent des nazis et à sa destination. Et si le « Système Octogon » va être enfin diffusé le 1er juin dans la case des "Mercredis de l'Histoire", c'est grâce à l'obstination de son réalisateur, Jean-Michel Meurice qui, pendant trois ans, a refusé toute censure.Avec Monsieur X, nous avons visionné ce film passionnant. Et nous avons enregistré ensuite ce nouvel entretien où mon interlocuteur, qui m'a souvent parlé de ce sujet, a ajouté son petit grain de sel au travail de recherche effectué par Meurice et ses deux journalistes-enquêteurs, Fabrizio Calvi et Franck Garbely.Sat, 28 May 2011 13:15:00LeunaAu départ, ce pourrait être l'histoire d'un vieux couple. On s'aime, on se dispute, on aspire à se rabibocher. Mais pour sceller les retrouvailles, l'offensé exige un gros cadeau... Ce que finit par accepter l'offenseur, même s'il lui en coûte beaucoup.Ainsi peut-on résumer le début d'une affaire qui a fait scandale des deux côtés du Rhin dans les années 90. Le couple, c'est celui que forme l'Allemagne et la France, incarnées par leurs dirigeants respectifs, le chancelier Helmut Kohl et le président François Mitterrand. Le duo moteur de la construction européenne et, au-delà, deux hommes qui sont, à l'instar de leurs prédécesseurs, le chancelier Adenauer et le général de Gaulle, d'ardents partisans de la réconciliation franco-allemande. Personne n'a oublié la photographie de Verdun prise en 1984 : Kohl et Mitterrand, la main dans la main, rendant hommage aux victimes de la Grande guerre. Toutefois, cinq ans plus tard, cette image harmonieuse se brouille. Le Mur de Berlin tombe. La réunification devient possible... Kohl s'enthousiasme et se lance à corps perdu dans l'entreprise. Mitterrand, lui, n'a rien vu venir et se méfie : une réunification précipitée est grosse d'incertitudes et peut-être même de menaces... Le couple franco-allemand vacille.Pourtant, après quelques mois difficiles, les deux dirigeants se rapprochent : Mitterrand a obtenu satisfaction sur plusieurs points essentiels. Son partenaire a accepté de ne pas remettre en cause la frontière de l'Est avec la Pologne. Il a aussi renoncé solennellement à l'arme nucléaire et décidé de se lancer avec la France dans le projet de création d'une monnaie européenne... Mais en retour, Kohl veut qu'on l'aide... La réunification est une tâche immense et surtout très coûteuse. Paris doit s'engager. Le cadeau que réclame Kohl pèse 20 milliards, c'est le prix à payer pour réhabiliter le site de Leuna où le chancelier entend symboliquement construire une des raffineries les plus modernes d'Europe qui sauvera l'industrie chimique allemande.Mais la mise en oeuvre de ce gigantesque projet va mettre en lumière de curieuses pratiques de corruption politique dans les deux pays...Sat, 04 Jun 2011 13:15:00Le narcotrafic au Mexique (1/2)De la réalité à la fiction... En 2009, le célébrissime John Le Carré lit un article du journal The Observer. Il découvre une déclaration d'un certain Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, qui affirme que l'argent de la drogue a sauvé les banques pendant la crise financière mondiale... L'écrivain, impressionné, en fera l'argument de son dernier roman, "Un traître à notre goût", qui vient de paraître au Seuil, tandis que les journalistes de l'hebdomadaire britannique poursuivaient leur enquête. Dans l'un de ses derniers numéros The Observer publie un long papier où il est révélé une affaire troublante : une importante banque états-unienne, Wachovia, rachetée depuis par le groupe Wells Fargo, y est accusée d'avoir blanchi des dizaines de milliards de dollars provenant du trafic de drogue. Et cela, malgré les avertissements répétés de l'un de ses employés, qui avait conçu des doutes sur l'origine de ces fonds qui transitaient par des bureaux de changes mexicans. Bien au contraire, les dirigeants de la banque n'ont eu de cesse de discréditer cet homme et de le pousser à la démission.Cependant, la Wachovia a fini par être rattrapée par la Justice américaine en mars 2010. Mais, pour échapper au scandale, la banque a préféré une transaction à l'amiable et payer sans aller jusqu'au procès cent cinquante millions de dollars. C'est à dire seulement 2% des bénéfices réalisés par la banque en 2009...L'affaire est exemplaire mais elle ne doit pas dissimuler ce que représente vraiment ce trafic de drogue au Mexique : en 2010, 15.273 personnes ont payé de leur vie la guerre de la drogue qui sévit là-bas depuis tant d'années. La guerre, oui, mais une guerre entre les narcotrafiquants et le pouvoir sur fond de corruption politique. Et où chaque jour le pays semble s'enfoncer un peu plus dans l'horreur. Mais aussi une guerre qui trouve son origine dans quelques opérations clandestines menées par le grand voisin nord-américain.Sat, 11 Jun 2011 13:15:00Le narcotrafic au Mexique (2/2)« L'overdose de la violence » ! C'est ainsi que le quotidien Libération titrait il y a peu un appel signé par le poète mexicain Javier Sicilia dont le fils a été torturé et assassiné fin mars par les narcotrafiquants et par des policiers corrompus... Une victime de la guerre de la drogue parmi des milliers d'autres. Pour la seule année 2010, plus de 15.000 Mexicains y ont perdu la vie et 5.000 ont disparu. Une véritable hécatombe et un cycle de violence que rien ne paraît pouvoir arrêter. Il semble même que la décision du président Calderon de lancer l'armée à l'assaut des cartels de la drogue n'ait fait qu'exacerber la violence...Nous allons voir cela dans un instant avec Monsieur X qui, dans un premier entretien, est remonté à l'origine de l'existence du crime organisé au Mexique. Et déjà, il a mis en lumière les racines du mal, c'est à dire les liens occultes qui existent entre les narcotrafiquants et le pouvoir politique. La lutte contre les cartels de gangsters qui se sont constitués dès le début du siècle dernier est donc biaisée. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque l'on sait qu'aujourd'hui 90% de la cocaïne consommée aux Etats-Unis passe par le Mexique et que cette activité criminelle génère un chiffre d'affaires annuel estimé à 30 milliards d'euros ?Cependant, et c'est sans doute la seule note d'espoir, de plus en plus de citoyens mexicains, à l'instar de Javier Sicilia, sont engagés dans un vaste mouvement de protestation. Le 8 mai dernier, à son appel, une gigantesque Marche pour la paix et la justice a réuni des femmes et des hommes révoltés. Le début d'une croisade dirigée tout à la fois contre les criminels et la corruption de la classe politique au nom des dizaines de milliers de victimes de cette guerre de la drogue qui mine toute la société mexicaine.En témoigne ces quelques lignes extraites de l'appel du poète :"Vous « Messieurs » les politiques et vous « Messieurs » les criminels, vous avilissez les nations avec vos omissions, vos querelles, vos actes. Car si vous, Messieurs les politiques, vous ne gouvernez pas bien et ne prenez pas au sérieux le fait que nous sommes dans un état d'urgence nationale, qui nécessite l'unité, et si vous Messieurs les criminels, vous ne tempérez pas vos actions, vous finirez par triompher, mais vous gouvernerez ou vous régnerez sur un tas d'ossements et d'êtres terrifiés, détruits dans leurs âmes. Un songe qu'aucun de nous ne vous envie. "Mon, 20 Jun 2011 13:15:00L'échangeTout y était. Le choix du lieu, d'abord. Les confins de l'aérodrome de Vienne à l'écart des caméras et des appareils photos. Vienne, la ville mythique de l'espionnage Est-Ouest après la Seconde Guerre mondiale... Puis ce fut l'atterrissage presque simultané de deux avions, l'un venant de Russie, l'autre des Etats-Unis. Et enfin le transfèrement des passagers à bord de petits autocars qui se croisent au milieu du tarmac... De part et d'autre, on se regarde, peut-être, avant d'embarquer à nouveau. Et bientôt c'est l'envol des avions qui repartent, l'un pour l'Est, l'autre vers l'Ouest ! Une scène emblématique de la Guerre froide quand les deux Empires échangeaient leurs espions respectifs. Sauf que ce troc a eu lieu plus de vingt ans après la chute du Mur... Le 9 juillet 2010, exactement.Une curieuse affaire. Et qui dissimule encore bien des mystères. Car dans un premier temps il apparaît que les deux plateaux de la balance n'étaient pas chargés de façon égale. D'un côté, il y avait dix Russes, présentés comme des espions d'opérette, à peu près inoffensifs pour la sécurité des Etats-Unis. Mais de l'autre, il y avait du lourd : quatre taupes dont deux ex-colonels des services russes qui travaillaient pour la CIA... Des hommes convaincus de trahison qui, au temps de l'URSS, après un procès expéditif, auraient dû être exécutés dans quelque bas-fond de l'immeuble du KGB, la Loubianka.Quels mystères cachait donc cet échange ? Et pourquoi à cette occasion les spécialistes les mieux informés ont-ils exhumé des affaires considérables et plus anciennes, comme, par exemple, la découverte en 1994 et en 2001 de deux taupes américaines, tapies au c?ur même des services de renseignement états-uniens... Et comment ne pas s'étonner qu'en cette même année 2010 quatre éminents personnages russes ayant exercé de hautes responsabilités dans le renseignement aient trouvé la mort dans des circonstances suspectes ?Enfin, est-ce que la sourde rivalité qui oppose le président Medvedev à son Premier ministre Poutine a joué un rôle dans cette affaire ?Sat, 25 Jun 2011 13:15:00Eli CohenPour les Israéliens c'est un héros national ! Une véritable légende. Un homme mort en service pour sa patrie, au cours d'une mission particulièrement dangereuse et audacieuse... Il s'appelait Elie Cohen. Une nuit de mai 1965, les mains liées et sous bonne garde, il est monté sur l'échafaud qui avait été dressé Place des Martyrs au centre de la ville de Damas. Malgré l'heure tardive, des milliers de Syriens se pressaient autour du gibet. Et la scène était retransmise en direct par la télévision locale.Là-haut sur l'échafaud, le bourreau, un géant nommé Abbu-Salim, a tenté de poser un capuchon sur la tête du condamné. Mais Cohen a secoué la tête et refusé. Quelques secondes plus tard, la corde était passée autour de son cou. Deux minutes plus tard, Elie Cohen était déclaré mort par le bourreau. L'un des espions les plus célèbres venait de disparaître. Et en Israël, on ne l'a toujours pas oublié : en 2000, on a célébré officiellement l'anniversaire de sa disparition et un timbre à son effigie a été mis en vente. Cette même année, le Premier ministre, Ehud Barak, a demandé officiellement que sa dépouille soit restituée à Israël afin d'y être enterrée. Mais la Syrie a refusé. Comme elle avait déjà refusé à de nombreuses reprises dans le passé.Il y a longtemps que je voulais que Monsieur X me raconte l'histoire de cet homme que l'on a par exemple comparé au célèbre Richard Sorge, l'espion soviétique qui avait pu annoncer à l'avance l'attaque des troupes de Hitler contre l'URSS en juin 1941... Un jour, en effet, alors que nous devisions après un enregistrement, mon interlocuteur m'avait laissé entendre que l'histoire d'Elie Cohen n'était peut-être pas aussi limpide qu'elle paraissait être... Les circonstances au cours desquelles cette taupe israélienne, infiltrée à Damas au coeur même de la classe dirigeante syrienne, a été démasquée, n'ont en effet jamais été tout à fait éclaircies... Et Monsieur X a son idée ! Assez dérangeante.Sat, 02 Jul 2011 13:15:00MrozPour certains, c'était encore l'âge d'or de la guerre secrète. Une époque en noir et blanc. Un temps où les choses étaient claires : l'adversaire, bien identifié, se trouvait à l'Est et une frontière quasi imperméable séparait les deux mondes. Les maîtres espions, qui semblaient tout droits sortis d'un roman de John Le Carré, jouaient une interminable partie sur cet immense échiquier que traversait le rideau de fer. Et, parfois, lorsque les deux partenaires faisaient jeu égal, le pat se terminait dans la lumière glauque d'un pont qui séparait les deux mondes et où l'on procédait à un échange d'espions.Cette semaine, en écoutant Monsieur X, j'ai eu l'impression qu'il voulait ressusciter cette époque révolue. Il m'a en effet conté une étonnante affaire qui s'est déroulée en France dans les années 60... Une histoire en clair-obscur où, comme dans les meilleurs récits d'espionnage, les traîtres ne sont pas toujours ceux que l'on imagine.Ajoutons - et ce n'est pas moi qui l'affirme, mais l'un des anciens patrons de la DST- qu'à cette occasion, ce service est entré dans l'ère moderne du contre-espionnage. C'est dire l'importance de cette affaire pratiquement méconnue...Sat, 09 Jul 2011 13:15:00James Jésus Angleton (1/2)On l'appelait l'homme aux orchidées ! Parce qu'il cultivait ces fleurs exotiques avec passion et une telle patience qu'il remportait régulièrement des concours dans les salons spécialisés... Et ceux qui voyaient cet échalas voûté et distingué déambuler dans les couloirs de la CIA le surnommaient le " fantôme gris "... Ajoutons que c'était aussi un excellent pêcheurs de truites qui capturait lui-même ses mouches... Bref, vous l'avez compris, James Jesus Angleton était un type curieux, intrigant. Un vrai personnage de roman... Et il y avait longtemps que je voulais demander à Monsieur X ce qu'il pensait de cet homme qui a peut-être été le plus grand chasseur de taupes soviétiques de l'histoire de la CIA... Peut-être, oui. Car, aujourd'hui, on a des doutes... Et si ce chef du contre-espionnage américain qui voyait des espions partout avait lui-même été une taupe ?... Un agent double chargé de mettre la pagaille dans les services secrets occidentaux en les déstabilisant, en faisant révoquer les meilleurs éléments et en instillant en permanence le doute !La question n'est toujours pas résolue. Angleton a lui-même été chassé de la CIA dans les années 70. Et ce personnage légendaire est mort quelque temps après. Mais son ombre demeure. Et avec elle cette interrogation sur le véritable rôle qu'a joué ce personnage dans l'histoire de l'espionnage pendant la guerre froide... Une affaire qui nous concerne nous aussi, Français, car Angleton est à l'origine de la plus grande tentative de déstabilisation de nos services de renseignement...Sat, 16 Jul 2011 13:15:00James Jésus Angleton (2/2)Un comble ! James Angleton, responsable du contre-espionnage américain, le plus grand chasseur d'espions de la CIA, a été abusé pendant des années par un homme qu'il considérait comme un ami et même un maître... Le célèbre espion britannique Kim Philby ! L'espion du siècle, comme on l'a appelé ! L'un des meilleurs agents du KGB !Monsieur X nous le disait la semaine passée, la découverte tardive de la trahison de Philby a été ressentie douloureusement par Angleton. L'homme, déjà excessivement méfiant, l'est devenu encore plus. Sa paranoïa naturelle a été exacerbée et il a commencé à voir des espions partout tant il était attaché à traquer les taupes, vraies ou fausses, qui avaient infiltré les services américains. Le résultat le plus évident a été une vague de licenciements et de démissions qui ont profondément désorganisé et paralysé la CIA. Mais n'était-ce pas l'objectif poursuivi par les Soviétiques et Kim Philby qui avait réussi à persuader son ami Angleton de l'existence d'une taupe dissimulée au sommet de la CIA ? Et que penser de la défection d'un officier du KGB, Anatoli Golitsine, qui apparaît opportunément à l'Ouest, à peu près au moment où Philby, lui, trouve refuge à l'Est ? Un Soviétique qui, pris en main personnellement par Angleton, va multiplier révélations et accusations, alimentant une suspicion généralisée dans tous les services occidentaux, y compris en France où le SDECE a connu sans doute la crise la plus grave de son existence...Mais, et c'est l'une des questions essentielles de ce dossier, Golitsine était-il un authentique transfuge ? Monsieur X se propose de répondre à cette question. Enfin, je vous rappelle, et ça ne simplifie pas les choses, que certains spécialistes estiment que James Angleton, le chasseur de taupes, était peut-être lui-même une taupe soviétique...Sat, 23 Jul 2011 13:15:00Gabriel GastOn les appelait les " Roméos ". C'est un journaliste occidental qui les avait baptisés ainsi... Des agents est-allemands chargés de séduire des secrétaires de l'Ouest, en RFA, et de les faire travailler pour les services secrets de l'autre Allemagne, la RDA.Une entreprise très fructueuse qui a permis au camp de l'Est, à l'époque de la guerre froide, de glaner quantité de renseignements ultra-confidentiels. Car ces secrétaires étaient effectivement choisies en fonction de leurs attributions : assistantes de ministres ou d'hommes politiques, par exemple.Le personnage qui a présidé à cette importante opération n'est autre que Markus Wolf, le patron des services de renseignement est-allemand, l'un des espions les plus doués de son temps et qui aurait, prétend-on, servi de modèle à John Le Carré pour son personnage de Karla, l'ennemi impitoyable de son héros, George Smiley.En lançant à travers la RFA ses Roméos, Wolf n'a fait au fond qu'adapter le système soviétique des " hirondelles "... Ces femmes de peu de vertu chargées de piéger les diplomates et agents occidentaux en poste en URSS selon une méthode éprouvée depuis longtemps dans le monde de l'espionnage... On séduit, on couche. Et les complices photographient. A moins qu'un supposé conjoint n'arrive à l'improviste et menace l'imprudent de provoquer un scandale. Ainsi fut pris au piège un ambassadeur de France à Moscou qui a eu ensuite bien du mal à s'en sortir et s'est attiré cette remarque cinglante du général de Gaulle : " Alors Dejean, on couche ! "Mais revenons au Roméos et à leurs Juliettes ! Monsieur X s'est particulièrement intéressé au cas troublant de l'une de ces Juliettes, une certaine Gabrielle Gast.Sat, 30 Jul 2011 13:15:00Wennerström, l'espion suédoisPourquoi trahissait-il ? Et pour qui ? Aussi étonnant que cela paraisse, plus de quarante ans après son arrestation, on ne sait toujours pas ce qui a motivé le colonel suédois Wennerström... Cet homme mondain et polyglotte était-il seulement un ambitieux déçu ? A-t-il agi par jeu ? Ou avait-il des motivations plus profondes ? De nombreuses questions demeurent toujours sans réponse. Même si on en sait un peu plus sur les conséquences de sa trahison. Ce mystérieux crash d'un DC3 de l'aviation suédoise, par exemple, dont on vient tout juste de récupérer la carcasse au fond de la mer Baltique...Mais, comme ne cesse de le dire Monsieur X, n'allons pas trop vite. En tout cas, le dossier Wennerström fait apparaître la Suède sous un éclairage nouveau... Qu'en était-il réellement de la légendaire neutralité suédoise ? Et quelle a été la véritable attitude des autorités de Stockholm pendant la Seconde Guerre mondiale ?Sat, 06 Aug 2011 13:15:00L'affaire OgorodnikC'est la nuit. Imaginez une longue et large avenue déserte telle qu'on en trouve dans les environs de Moscou. Un homme est tapi dans l'ombre. Il attend en fumant. On ne voit que le bout incandescent de sa cigarette. Et soudain des silhouettes noires et cagoulées surgissent de nulle part. L'homme n'a même pas le temps d'esquisser un geste de fuite. Les nouveaux venus l'ont déjà plaqué au sol et menotté.Une arrestation classique, me direz-vous, opérée par des spécialistes bien entraînés, comme peuvent l'être chez nous les militaires du GIGN. Eh bien, pas tout à fait, car dès que l'individu est maîtrisé, un petit homme bondit sur lui. Il a une corde à la main. Et d'un geste sûr, il la passe entre les mâchoires du prisonnier et la noue derrière sa nuque. Puis il lui arrache sa chemise tandis qu'un autobus sans fenêtre avance et s'arrête devant le groupe. L'homme appréhendé est projeté à l'intérieur, dévêtu, palpé... Et le véhicule prend la direction de Moscou.Si les membres de ce commando d'élite du KGB ont agi d'une façon si curieuse en appréhendant cet homme soupçonné d'espionnage, c'est que, instruits par l'expérience, ils ont d'abord tout fait pour empêcher leur prisonnier de se suicider en avalant du poison. Du cyanure qui aurait pu par exemple être dissimulé dans la pointe du col de sa chemise...Instruits par l'expérience, oui. Car un autre espion, une taupe de toute première importance, leur aurait ainsi échappé quelques années plus tôt en choisissant la mort plutôt que de dévoiler le mécanisme de sa trahison... Un homme qui s'appelait Alexander Dimitriovitch Ogorodnik. C'est son histoire que Monsieur X révèle aujourd'hui. Mais, disons-le tout de suite : comme dans toute bonne affaire d'espionnage, la vérité n'est peut-être pas aussi simple qu'il y paraît.Sat, 13 Aug 2011 13:15:00GrigoulevitchDans le petit monde du renseignement, c'est une légende. Un " illégal ", comme on disait à l'Est, qui a eu une carrière exceptionnelle, joué un rôle capital dans quelques-uns des événements les plus importants du XX° siècle et qui, bien sûr, s'est toujours gardé d'apparaître au grand jour. À tel point qu'aujourd'hui encore la vie de cet homme aux cents métiers et aux cents identités est auréolée d'un vrai mystère. Et s'il a accepté de se laisser photographier, c'est seulement au soir de sa vie, alors qu'il était devenu un écrivain et historien reconnu. Et encore ce membre correspondant de l'Académie des Sciences de l'URSS n'a-t-il publié sa soixantaine de livres que sous des pseudonymes !Espion, assassin, diplomate, il a approché les plus grands personnages de son époque, même le pape Pie XII qui a accepté de se laisser photographier en sa compagnie. On y voit, selon le portrait qu'a tracé de lui l'écrivain chilien José Miguel Varas "un homme à l'énorme tête quadrangulaire, dans laquelle prédominait un très grand front ; des yeux protubérants, malicieux et généralement à moitié fermés ; un grand nez irrégulier et une bouche sardonique. Il avait la peau pâle, un peu olivâtre, et une petite moustache à peine fournie, triangulaire, qui brillait au milieu du vaste espace qui allait de la base du nez jusqu'à la lèvre supérieure. Son visage avait à la fois un air vaguement militaire et une touche orientale, comme on peut le voir chez beaucoup de gens de notre Continent. Dans une rue de Santiago, personne n'aurait pu le prendre pour un Soviétique. On aurait pensé peut-être à un professeur de lycée ou à un général."Tel était donc l'homme qui s'appelait peut-être Iossif Romualdovitch Grigoulevitch. À moins que ce ne soit José Grigoulievitch Lavretski. Ou même Teodoro Castro !Dans un instant, Monsieur X éclaire la vie de cet espion exceptionnel mais pratiquement méconnu. Le " Zelig de l'espionnage soviétique ", comme l'a écrit un journaliste argentin.Sat, 20 Aug 2011 13:15:00Anthony BluntC'était un gentleman. Jusqu'au bout des ongles. Complet sombre à fines rayures bleues, cravate rouge, chemise bleue sur une silhouette, longue, mince, dégingandée et légèrement voûtée... Et puis surtout ce long visage osseux à l'expression mélancolique où brillait un regard clair mais froid. Et enfin cette chevelure crantée et tout juste un peu longue, séparée à gauche par une impeccable raie. Un gentleman, oui, familier de Buckingham Palace, chevalier de la couronne mais aussi commandeur dans l'ordre de notre Légion d'honneur. Et pourtant, Sir Anthony était aussi un espion. L'un de ces " Cinq Magnifiques de Cambridge ", comme on les a appelés. Cinq traîtres issus de la meilleure société et qui, pendant la Seconde Guerre mondiale et dans les années qui ont suivi, ont rendu d'immenses services aux Soviétiques.Monsieur X a déjà évoqué cette affaire en s'intéressant en particulier au plus flamboyant d'entre eux, Kim Philby, un personnage qui semble tout droit sorti d'un roman de John Le Carré. Mais il est resté très discret sur Anthony Blunt, grand historien d'art, conseiller de la Reine, et dont le rôle n'a été rendu public qu'à la fin des années 70. Il y avait pourtant longtemps que le service de contre-espionnage britannique savait toute la vérité sur Sir Anthony qui aurait cent ans aujourd'hui. Mais aucune poursuite n'avait été entamée contre lui. Ce n'est pas le moindre mystère d'une affaire dont tous les secrets n'ont pas été totalement révélés. L'occasion pour Monsieur X de revenir sur un dossier sur lequel flotte un parfum de scandale typiquement " british ", mêlant sexe, politique et trahison.Sat, 27 Aug 2011 13:15:00Cesare BattistiIl n'a jamais cessé de clamer son innocence. Et il est devenu malgré lui un symbole des déchirements de l'Italie des « années de plomb »... C'est à dire de ces années 70 où la péninsule a vécu au rythme des attentats terroristes perpétrés par l'extrême droite puis par l'extrême gauche. Au total, 12.690 attentats et 362 morts. Et derrière, probablement, une machiavélique stratégie de la tension qui visait à déstabiliser la démocratie italienne.Cet homme, c'est Cesare Battisti... Un ancien terroriste d'extrême gauche, réfugié en France où il pensait bénéficier à jamais de ce que l'on a appelé la « doctrine Mitterrand » aux termes de laquelle notre pays accordait l'hospitalité aux militants révolutionnaires italiens qui avaient renoncé à l'action violente. Cesare Battisti, qui a refait sa vie en France et qui, tout en étant gardien d'immeuble, a écrit une dizaine de romans policiers à succès. Cesare Battisti qui, sans doute à cause de son talent de plume, a aussitôt été soutenu par de nombreux intellectuels français dès lors que les autorités italiennes ont réclamé son extradition en alléguant sa responsabilité directe dans quatre homicides.La suite, vous la connaissez certainement : emprisonné en France puis remis provisoirement en liberté en attendant la décision de la Justice, Battisti a préféré fuir au Brésil où il a été retrouvé trois ans plus tard et aussitôt arrêté en vertu du mandat d'arrêt délivré par la Justice italienne.Depuis, en juin dernier, après quatre ans d'incertitude, la Cour suprême brésilienne a décidé de le libérer au motif que l'incrimination de Battisti était d'abord politique... Ce qui a provoqué l'indignation du gouvernement Berlusconi mais aussi d'une large partie de l'opinion italienne. D'ailleurs, Rome entend introduire un recours auprès de la Cour internationale de Justice de La Haye...Sat, 03 Sep 2011 13:15:00Le complot du MilléniumLes images sont obsédantes, même si, quasi-irréelles, elles ont été vues des centaines de fois : cet avion, sur fond de ciel bleu, qui pénètre dans la tour, comme si elle était faîte d'une matière molle...Et soudain l'embrasement !... Oui, des images vues et revues, surtout en ces jours où on s'apprête à commémorer le dixième anniversaire de ce qui reste comme le plus grand attentat terroriste de tous les temps...Mais si Monsieur X revient sur cet événement, c'est qu'il a été précédé de nombreuses alertes et menaces qui auraient peut-être pu permettre aux autorités états-uniennes d'éviter le désastre. À commencer par la découverte, fin 1999, d'un vaste complot, le complot du Millenium qui, déjà, avait l'ambition de semer la terreur en plusieurs points de la planète...Retour, donc, sur ce plan d'envergure qui a avorté, mais qui avait été initié par Al-Qaïda ou des hommes proches de l'organisation de Ben Laden.Sat, 10 Sep 2011 13:15:00Le KirghizstanC'est l'un de ces petits pays de nulle part, situés aux confins du monde et dont on ne parle que lorsque s'y produit une catastrophe naturelle d'importance... Ou lorsqu'une guerre civile ensanglante ses villes... A condition que le nombre des victimes se compte par centaines. Et justement, ce fut le cas en juin 2010 où, soudain, le paisible Kirghizstan a connu une flambée meurtrière inédite : une véritable guerre ethnique entre deux communautés qui, jusque là, avaient toujours vécu en paix...Mais pour mieux comprendre, il faut savoir que le Kirghizstan, petit morceau de l'immense puzzle de l'Asie centrale, est l'objet de nombreuses rivalités et convoitises. C'est par exemple le seul pays au monde qui abrite deux considérables bases militaires étrangères : l'une américaine, l'autre russe. Et c'est bien sûr en rapport avec le conflit afghan. Il faudrait aussi parler des Chinois qui partagent une frontière avec les Kirghizes... Une frontière particulièrement sensible puisque, côté chinois, on trouve le Xinjiang où le nationalisme de la population Ouighour inquiète en permanence Pékin.Sat, 17 Sep 2011 13:15:00Le 17 octobre 1961La comparaison est impitoyable : le 17 octobre 1961, la police parisienne et ses supplétifs ont tué plus de manifestants nord-africains désarmés que les militaires chinois sur la place Tiananmen en juin 1989... Et pourtant, alors que dans le monde entier la condamnation des autorités de Pékin a été quasi-unanime, la tuerie parisienne n'a suscité que peu de réprobations. Et il a fallu attendre les années 80 pour que la vérité se fasse jour sur un véritable massacre : « la répression d'état la plus violente et la plus meurtrière qu'ait jamais subie une manifestation de rue désarmée dans l'histoire contemporaine de l'Europe occidentale » selon les universitaires britanniques Jim House et Neil Mac Master.Pourquoi un aussi long silence observé tant à Paris que dans le camp des indépendantistes algériens ? Pourquoi aussi un tel déchaînement de haine qui a causé la mort de dizaines de Nord-Africains en 1961 alors même qu'on s'acheminait vers la paix en Algérie et que les autorités françaises avait commencé à négocier avec le gouvernement provisoire algérien ? Pour Monsieur X qui revient sur cette affaire 50 ans après, il est évident que la tuerie a été préméditée et qu'elle répondait à d'obscurs objectifs politiques...Sat, 15 Oct 2011 13:15:00L'affaire MagnitskiÉtait-ce un simple coup de bluff ? N'ont-ils pas fait semblant d'être différents, et même de se concurrencer avec âpreté, que pour mieux se retrouver et afficher une union parfaite ? Je veux parler de ce tandem improbable que forment Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev... Le premier, dans l'impossibilité de se représenter, a fait du deuxième un président et s'est résolu à devenir son Premier ministre... Mais les élections approchant, voilà soudain que Poutine se décide à intervertir les rôles. Je me présente à la présidence et tu seras mon Premier ministre ! Et Medvedev d'obéir comme le petit jeune homme sage qu'il a toujours été. Curieux jeu de bonneteau qui donne l'impression à tous les kremlinologues qui avaient cru à une véritable rivalité entre les deux hommes d'avoir été dupés... Mais n'est-il pas à l'image de cette Russie de moins en moins démocratique où les services de sécurité, omni-puissants, n'oublient jamais qu'ils sont les héritiers du KGB ?... Et comment pourrait-il en être autrement puisque l'homme fort du pays est issu de ses rangs !Une récente et dramatique affaire illustre cette évolution inquiétante sur fonds de corruption galopante. Monsieur X ouvre le dossier Magnitski...Sat, 05 Nov 2011 13:15:00Medvedev met les poucesPoutine plus fort que Brejnev ! Si l'ancien président et actuel Premier ministre russe réussit, comme c'est probable, à se faire réélire à la présidence en 2012, il peut espérer régner sur le Kremlin jusqu'en 2024. C'est à dire au terme des deux mandats de six ans que la constitution lui permet d'exercer... 12 ans donc, plus ses 8 ans de présidence de 2000 à 2008, cela fera 20 ans. Et peut-être faudrait-il ajouter ces quatre ans pendant lesquels il a été Premier ministre et où il a pesé de tout son poids sur le pouvoir, face au pâlot Medvedev ! 24 ans à la tête de l'état russe, donc, si la fortune lui sourit. Leonid Brejnev, lui, ne sera resté numéro un que 18 ans... Et seul Staline, si j'ose dire, a fait mieux en demeurant maître de la Russie pendant 30 ans...Poutine, en annonçant récemment qu'il serait à nouveau candidat, aurait donc mis fin à une farce. Et tous ceux qui croyaient que l'élection présidentielle de 2012 permettrait une authentique confrontation entre le modernisateur Medvedev, réputé plus libéral et proche de l'Occident, et le nationaliste autoritaire Poutine, ont l'impression d'avoir été bernés... Et même cocus, soyons franc !Monsieur X revient donc sur ce faux duel qui a tenu en haleine tous les observateurs et spécialistes de la Russie post-soviétique. Un faux duel mais un vrai pacte : Poutine et Medvedev, depuis le début, auraient été d'accord pour interchanger leurs fauteuils quand viendrait le temps de l'élection présidentielle... Mais Monsieur X a des doutes...Sat, 12 Nov 2011 13:15:00Jacques Monsieur (1/2)On l'a appris il y a tout juste quelques semaines : l'un des plus importants marchands d'armes au monde, en tout cas l'un des plus connus, a été arrêté aux Etats-Unis. Jacques Monsieur, citoyen belge résidant en France, a été inculpé par un grand jury pour conspiration. L'administration américaine lui reproche en effet d'avoir tenté d'exporter illégalement des pièces détachées d'avions de combat vers l'Iran, un Etat frappé d'embargo par Washington !C'est une accusation très grave dans un pays où l'on ne plaisante pas avec ce genre d'affaires : le trafiquant encourt une peine de 65 ans de prison. Cette arrestation pourrait donc sonner l'âge de la retraite ? une retraite forcée ? pour un homme qui a joué un rôle occulte dans la plupart des conflits armés de ces trois dernières décennies.Mais le mystère qui entoure le personnage de Jacques Monsieur sera-t-il dissipé pour autant ? Pas sûr. L'homme est habile et détient encore de nombreux secrets. Ses liens avec les services de renseignement de nombreux Etats n'ont jamais vraiment été éclaircis. Et, bien conseillé par quelques avocats éminents, il n'est pas exclu qu'il puisse une fois de plus échapper à une détention de longue durée... Comme il l'a déjà réussi en Iran, en Turquie, en Belgique et en France !Il était donc tentant pour Monsieur X de retracer la carrière du marchand d'armes et de mettre en lumière quelques vérités très embarrassantes...Sat, 24 Dec 2011 13:15:00Jacques Monsieur (2/2)Espion ou marchand d'armes ? Ou bien espion et marchand d'armes ! Le mystère demeure quand on se penche sur l'existence de ce curieux personnage qu'est Jacques Monsieur !Aujourd'hui emprisonné aux Etats-Unis, ce Belge qui a longtemps vécu en France a été un rouage de ce que l'on a appelé l'Irangate... C'est à dire la fourniture secrète et illégale, en pleine guerre Irak-Iran, de considérables quantités d'armes américaines à Téhéran par l'intermédiaire d'Israël. Un trafic auquel certaines entreprises ont aussi participé et Jacques Monsieur n'y a sans doute pas été tout à fait étranger...Mais, c'est en tout cas ce qu'a affirmé Monsieur X la semaine passée, le trafiquant ne s'est pas contenté de vendre des armes. Il a aussi effectué du renseignement et il aurait même recruté un général iranien qui a ensuite connu une fin tragique... Mais si Monsieur a espionné, pour quel service secret a-t-il travaillé ? Les Belges, les Américains ou peut-être même les Israéliens avec lesquels il était régulièrement en contact ?Quoi qu'il en soit, après la fin, en 1988, de la première guerre du Golfe, le marchand d'armes a poursuivi ses activités. Et on a retrouvé sa trace dans presque tous les point chauds du monde des années 90. Une décennie qui a aussi vu son installation en France dans une belle et discrète propriété berrichonne où il a élevé des chevaux. Un exil qui lui également permis de prendre ses distances avec les autorités belges... Monsieur X poursuit le récit de cette vie hors du commun. Quelques lignes auparavant. Je les emprunte à Johan Peleman, un spécialiste du trafic d'armes, qui parle ainsi de Jacques Monsieur en 2002 :"C'est un grand professionnel par excellence. Il s'installe près du pouvoir et crée des réseaux entre Etats. Chic, à demi aristocrate, le cas typique d'un intermédiaire de la guerre froide, comme les grands intermédiaires arabes. C'est un joueur de l'ancien monde !"Sans doute. Mais Monsieur, on va le voir, prouvera aussi qu'il était très à l'aise dans le nouveau monde qui a vu le jour après l'implosion de l'empire soviétique ...Sat, 31 Dec 2011 13:15:001988, la grotte d'OuvéaFaut-il avoir peur de la vérité ? C'est, semble-t-il, ce qu'on a pensé à Nouméa où, de fait, le dernier film de Mathieu Kassovitz, "L'Ordre et la Morale" a été interdit de diffusion... Non pas que cette fiction sur le drame d'Ouvéa reflète entièrement la vérité mais on y voit clairement, et pour la première fois au cinéma, la réalité de ce que fut l'assaut de la Grotte des Guerriers en 1988 et les exactions commises ensuite par des soldats français sur les prisonniers canaques.Monsieur X m'a donc proposé de revenir sur ce dossier qui demeure sulfureux. Et dix ans après l'avoir ouvert ici-même à France-Inter, il fait le point, recense les questions qui font encore débat et ajoute, comme d'habitude, quelques informations inédites.Sat, 07 Jan 2012 13:15:00La BiélorussieC'est la dernière dictature d'Europe. Une sorte d'anomalie politique au c?ur d'un continent apaisé où la démocratie l'a emporté partout. Même si les dérives autoritaires d'un pays comme la Hongrie, mais aussi de l'Ukraine, inspirent de justes craintes. Cette dictature, c'est celle de la Biélorussie ou Bélarus : une caricature stalinienne où l'Histoire semble figée.Combien de temps l'épaisse moustache d'Alexandre Grigorevitch Loukachenko, une moustache bordurienne qui aurait pu être dessinée par Hergé, pourra-t-elle encore régner sur ce modeste pays de 9 millions d'habitants ? Pour répondre, selon Monsieur X, il faut sans doute regarder du côté de Moscou dont l'emprise sur la Biélorussie paraît irrésistible. Une véritable colonisation économique qui, forcément, se traduira un jour par des changements politiques...Mais on n'en est pas encore là. Et le Batka, comme il aime à se faire appeler, c'est à dire le « Père de la nation », dirige encore d'une main de fer son petit peuple...Sun, 05 Feb 2012 13:15:00Les dessous de la guerre des Malouines« Cette guerre, c'était l'histoire de deux chauves se battant pour un peigne... » Ainsi le grand écrivain argentin Borges parlait-il avec humour du conflit qui, il y a exactement trente ans, a opposé son pays à la Grande Bretagne... La guerre des Malouines, du nom français de cet archipel désolé jeté à l'extrémité sud du continent américain, à quelques centaines de kilomètres des côtes argentines. Une petite guerre, certes, mais qui a quand même causé un millier de morts... C'était payer très cher pour la possession de ces îlots inhospitaliers où vivaient alors 1.800 éleveurs et pêcheurs et 600.000 moutons. Alors une guerre pour rien ? Pas tout à fait car pour les dirigeants des deux pays belligérants il s'agissait aussi, en suscitant une vague de nationalisme, de redorer une popularité déclinante... Opération réussie pour le Premier ministre britannique Margaret Thatcher qui, en remportant la victoire sur le terrain, y a gagné aussi sa réélection. Opération perdue pour le dictateur argentin, le général Galtieri, qui a entraîné la junte la plus sanguinaire d'Amérique du Sud dans sa défaite militaire.Trente ans plus tard, la tension monte à nouveau entre la Grande Bretagne et l'Argentine au sujet des Malouines... Mais, pour reprendre l'image de Borges, les dents du peigne sont aujourd'hui dégoulinantes de pétrole et ça explique bien des choses... Monsieur X rouvre donc ce dossier qu'il avait déjà traité en 2002... Il y apporte bon nombre de révélations.Sat, 17 Mar 2012 13:15:00L'Erythrée sous l'emprise du dictateur Issayas Afeworki (1/2)Prison à ciel ouvert, bagne africain, Corée du Nord africaine... Les expressions ne manquent pas pour qualifier ce petit pays dont on ne parle presque jamais et où journalistes et touristes ne sont pas les bienvenus : l'Érythrée ! Un pays fermé, donc. Mais aussi un pays dont il est interdit de sortir : les Érythréens sont prisonniers chez eux. Et s'ils sont pris en essayant de passer clandestinement une frontière, ils risquent de croupir dans l'un des quelques trois cents camps de détention.Il fut pourtant une époque où ce jeune état de la Corne de l'Afrique était considéré avec bienveillance par les grandes puissances... Certains y voyaient même la naissance d'une nouvelle Afrique, débarrassée de ses péchés originaux. Une Afrique propre en somme. Démocratique, moderne, sans corruption ni népotisme. C'était à la fin du siècle dernier, dans les années 90... Alors comment est-on passé de la lumière à l'ombre ?Sat, 24 Mar 2012 13:15:00L'Erythrée sous l'emprise du dictateur Issayas Afeworki (2/2)C'est une histoire effrayante : celle d'un pays qui donnait à espérer, qui suscitait des sympathies dans tout le monde occidental, malgré quelques dérives inhérentes, pensait-on, à sa jeunesse... Un pays même dont le modernisme, le dynamisme et l'absence de corruption pourraient servir d'exemple à ses voisins africains... Et puis soudain, la chute ! La glaciation ! En quelques jours de 2001, la petite Erythrée ferme ses frontières, interdit le pays à la presse étrangère, emprisonne tous ses opposants, met fin à toutes les libertés dont celle de la presse... C'est la dictature, un régime totalitaire qui terrorise ses cinq millions d'habitants.Et pourtant, il n'y a pas eu de putsch, pas de changement de dirigeant... C'est le même homme, Isssayas Afeworki, héros de la guerre d'indépendance, une légende vivante, qui est resté à la tête de l'Etat et qui a donc ordonné ce retour vers les ténèbres. Le héros est devenu un tyran alcoolique.La semaine dernière, Monsieur X a retracé à grands traits l'histoire de ce pays de la Corne de l'Afrique, longtemps assujetti à l'Ethiopie voisine, puis devenu colonie italienne, avant de passer sous le contrôle de la Grande Bretagne au cours de la Seconde Guerre mondiale... Puis d'être récupéré par l'Ethiopie au sein d'une improbable fédération. Ce sera ensuite une longue guerre d'indépendance qui va durer 30 ans et une destruction quasi-totale du pays. Mais la paix revenue est fragile... Cinq ans après l'indépendance de l'Erythrée, une nouvelle guerre éclate en 1998. La puissante Ethiopie est victorieuse. Mais politiquement, c'est la petite Erythrée, pourtant exsangue, qui gagne. Et malgré des accords de paix signés en 2000 la tension demeure. D'autant que la Corne de l'Afrique demeure une région agitée, propice aux man?uvres les plus tortueuses... En attendant, l'Erythrée est donc devenue l'un des pays les plus fermés au monde...Sat, 31 Mar 2012 13:15:00Les relations entre Israël et l'IranLa menace est-elle réelle ? En tout cas, Israël ne cesse de la brandir : si l'Iran ne met pas un terme à la fabrication de son arme nucléaire, un bombardement des installations iraniennes sera inéluctable... Benyamin Netanyahou vient encore de le rappeler avec force lors de son dernier voyage aux états-Unis. Il a été aussitôt indirectement rappelé à l'ordre par le président Obama qui a jugé bon de déclarer devant les délégués de l'AIPAC, le puissant lobby américain qui soutient les intérêts de l'état hébreu : "On parle trop de guerre à la légère."Qu'a voulu dire le locataire de la Maison Blanche ? Y aurait-il une part de bluff dans les menaces incessantes de Netanyahou ? Une manière, par exemple, en parlant inlassablement de l'Iran de ne pas évoquer la question palestinienne. Et d'abord, Israël dispose-t-il vraiment des moyens militaires pour annihiler durablement le processus nucléaire iranien ? Beaucoup d'experts en doutent. D'autre part, si réellement l'Iran est en mesure de posséder l'arme atomique ? ce que le régime des ayatollahs nie constamment ? est-il imaginable qu'il attaque Israël au risque de connaître presque immédiatement une terrible réplique nucléaire israélienne et sans doute aussi états-unienne ?Toutes ces questions qui se posent au monde d'aujourd'hui ont donné l'idée à Monsieur X de se pencher sur l'évolution des relations entre l'Iran et Israël... Des rapports qui se sont apparemment dégradés ces dernières années mais qui ont été longtemps tissés de multiples connivences... De quoi, peut-être, relativiser l'état actuel de la tension entre les deux pays...Sat, 07 Apr 2012 13:15:00Le KosovoQue savait-on ? Et si l'on savait, pourquoi a-t-on soutenu aveuglément un homme et une faction coupables des pires crimes de guerre ? à moins que les dirigeants politiques européens et les opinions publiques n'aient été victimes d'une sorte d'escroquerie humanitaire ? Rappelez-vous ces images, c'était hier... Des milliers de Kosovars, vieillards, femmes, enfants fuyaient en désordre devant la soldatesque de Slobodan Milosevic. Comment ne pas ressentir de la compassion pour ces malheureux, victimes d'une véritable épuration ethnique ? Et surtout comment ne pas prendre fait et cause pour ceux qui les défendaient et affrontaient l'armée serbe, les para-militaires de l'UçK qui sont devenus les maîtres du petit Kosovo aujourd'hui indépendant ? Une attitude qui exigeait, realpolitik oblige, de fermer les yeux sur des aspects bien peu ragoûtants de cette Résistance kosovar.Telles étaient donc les questions qui se posaient à la fin du siècle dernier et qui sont malheureusement toujours d'actualité. Car, manifestement, nombreux sont les intérêts qui s'opposent toujours à la manifestation de la vérité.Sat, 14 Apr 2012 13:15:00L'enjeu du Sahara dans la guerre d'Algérie (1/2)"Il faut fermer la boîte à chagrins !" C'est le général de Gaulle qui utilise cette curieuse expression en septembre 1961. "La boîte à chagrins", dans l'esprit du général, c'est la Guerre d'Algérie, une guerre dont on ne veut même pas prononcer le nom puisque, officiellement en tout cas, on ne parle que d'opérations de pacification... Mais une guerre meurtrière qui n'en finit pas et dont le premier président de la V° République a décidé de se débarrasser au plus vite afin de se consacrer à son grand ?uvre : la construction d'une France plus forte, capable de tenir son rang de puissance mondiale...Et pour atteindre plus rapidement son objectif, de Gaulle est maintenant prêt à céder sur le dernier point qui fait encore obstacle à la paix : le Sahara ! Alors qu'il a jusque là fait preuve d'une rare intransigeance quant au destin de ces millions de kilomètres carrés de sable et de rochers qui, selon lui, n'avaient nulle vocation à appartenir à la future Algérie indépendante... à propos de ce désert, le président avait même parlé d'une invention française, faisant allusion aux formidables richesses en pétrole et en gaz que des ingénieurs français venaient d'y découvrir...Pourquoi le général a-t-il donc brusquement cédé ? 50 ans après la fin de la Guerre d'Algérie, Monsieur X rouvre un dossier qui comporte encore aujourd'hui nombre de points obscurs !Sat, 21 Apr 2012 13:15:00L'enjeu du Sahara dans la guerre d'Algérie (2/2)C'était la question la plus sensible lors des négociations entre les représentants français et algériens ! L'avenir du Sahara ! Une question cruciale et qui a sans doute retardé la conclusion d'un accord de paix ! Le Sahara ! Pour les Français et le général de Gaulle, ces millions de kilomètres carrés de désert n'avaient nulle vocation à être algériens... Territoire à peine peuplé, le Sahara, cette vaste mer intérieure de sable et de rochers aurait pu a contrario être géré et exploité en commun par la France et les nations voisines, toutes des colonies françaises. Car on venait d'y découvrir dans les années 50 de considérables ressources en pétrole et en gaz...Et presque naturellement, c'est ce que nous avons vu la semaine passée avec Monsieur X, on a pensé que si le général de Gaulle se refusait à accorder aux indépendantistes algériens la propriété du Sahara, c'était pour sauvegarder cette richesse si utile à un pays, la France, dépourvu de pétrole. Mais il n'en était rien. Si de Gaulle a soudain décidé en septembre 61 de céder aux Algériens, c'était pour de toutes autres raisons... La première, bien sûr, c'est qu'il fallait mettre un terme à cette interminable guerre. Cette boîte à chagrins selon l'expression même du général. Mais il y en avait d'autres, certainement plus secrètes, en tout cas plus obscures...Sat, 28 Apr 2012 13:15:00Nikolaï Fiedorovich Artamonov alias Nicholas George ChadrineEn écoutant Monsieur X aujourd'hui, j'ai eu la curieuse impression de me trouver devant l'un de ces délicieux meubles à secret dans lequel s'emboîtent de nombreux tiroirs, chacun ouvrant sur un autre. Et ainsi de suite !... Telle en effet semble l'existence de l'homme dont il m'a parlé : un invraisemblable emboîtage dont l'issue est incertaine... Mais n'est-ce pas la caractéristique de la vie des espions qui ne livrent jamais tout à fait leur mystère et emportent leurs secrets jusque dans la mort ?... S'ils sont vraiment morts ! Car on ne sait même pas avec certitude si Nikolaï Fiedorovich Artamonov est décédé. Monsieur X a donc choisi de me raconter la vie de cet agent double ou triple dont le destin a préoccupé les plus éminents dirigeants internationaux, de Gerald Ford à Leonid Brejnev, en passant par Henry Kissinger. Artamonov, un marin soviétique que rien pourtant ne prédisposait à devenir l'un des espions les plus intrigants du XX° siècle...Sat, 05 May 2012 13:15:00Raidissements en Turquie (1/2)C'était un lieu commun il y a quelques mois : les animateurs du printemps arabe, tunisiens ou égyptiens, s'inspireraient à coup sûr de l'exemple turc... C'est à dire de cet islamisme modéré de la Turquie qui pouvait co-exister avec la démocratie et qu'on citait un peu partout en exemple... Et pas uniquement dans les pays musulmans. Il faut aujourd'hui déchanter : non seulement parce que la victoire électorale des islamistes, tant au Caire qu'à Tunis, inspire les plus grandes craintes en matière de droits de l'Homme ? et surtout de droits de la Femme ? mais aussi parce que l'exemple turc ne fait plus autant rêver... Le régime d'Ankara se durcit. Le pouvoir n'hésite plus à s'attaquer à la liberté de la presse, les arrestations de complotistes, ou de personnes présentées comme telles, se multiplient et, comme aux pires moments de la dictature militaire, la répression anti-kurde est à nouveau à l'ordre du jour. Bref, pour les observateurs les plus aguerris, on est en train de passer d'un état-Kémaliste à un état-AKP, du nom du parti au pouvoir, celui du Premier ministre, Recep Erdogan, qui semble procéder à une islamisation progressive de son pays...Qu'en est-il exactement ? Monsieur X, qui m'a souvent parlé de la Turquie, fait le point.Sat, 12 May 2012 13:15:00Raidissements en Turquie (2/2)Où va la Turquie ? Et comment évolueront les islamistes dits modérés qui sont au pouvoir à Ankara et qui pourraient inspirer les acteurs du printemps arabe ? Finiront-ils par jeter le masque et adopter un islamisme plus radical ? Plusieurs indices semblent le montrer. Ainsi, par exemple, ces arrestations arbitraires de dizaines de journalistes. Ou encore la reprise de la répression contre les Kurdes. Mais ces islamistes doivent d'abord saper définitivement l'influence et le pouvoir des militaires qui ont si longtemps dirigé le pays. Directement ou indirectement. Des militaires qui se présentent, rappelons-le, comme les garants de la laïcité instaurée il y a 89 ans par le père de la Turquie moderne, Atatürk...Nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X, la confrontation entre les généraux et les islamistes a commencé dès 2002 lorsque ces derniers ont remporté les élections législatives... Fort de ce succès électoral renouvelé à deux reprises, le Premier ministre Erdogan a donc entrepris de réduire progressivement le pouvoir des militaires... Avec une méthode imparable : la dénonciation des crimes passés des généraux et leur implication dans des complots destinés à renverser le régime. Mais si certaines de ces accusations semblent fondées, d'autres sentent la manipulation...Sat, 19 May 2012 13:15:00Dusko Popov ou le vrai James BondJames Bond, c'était peut-être lui ! Dusko Popov ! Un espion bien réel que l'écrivain Ian Fleming, agent secret lui-même, a croisé autrefois dans un hôtel de Lisbonne pendant la Seconde Guerre mondiale... Et même dans un casino dont le décor ressemblait étrangement à celui de « Casino Royale »... Mais l'homme lui-même, qui était-il vraiment ? Et pourquoi Fleming a emprunté certains des traits de son héros au vrai Dusko Popov ?Incontestablement, le futur romancier a été frappé par l'élégance de ce séducteur qui semblait fait pour porter un smoking. Et aussi, et peut-être surtout, par sa désinvolture apparente alors même qu'il vivait une existence dangereuse où cet agent double pouvait à tout moment être démasqué et donc éliminé.Toutefois, il y a loin de la légende à la réalité... Par exemple, Popov, contrairement à Bond, portait rarement une arme sur lui. Et il a lui-même ironisé beaucoup plus tard, alors que la presse révélait qu'il était le modèle du héros de Ian Fleming : « Je doute qu'un James Bond réel ait pu survivre plus de 48 heures ! »Pour autant, il est certain que Popov a été l'un des espions les plus importants de la Seconde Guerre mondiale. Monsieur X s'attache à éclaircir une période controversée de son activité : l'agent double a-t-il oui ou non averti les Américains, et en particulier le numéro un du FBI, Edgar Hoover, que les Japonais allaient attaquer Pearl Harbour ?... Et si oui, pourquoi Washington n'a pas pris de mesures pour prévenir cette attaque qui a causé la mort de plus de 2.000 personnes ?Sat, 26 May 2012 13:15:00AQMI au SahelMais que se passe-t-il au Mali, un pays désormais coupé en deux ? Au sud, des militaires putschistes rechignent à regagner leurs casernes et continuent à semer le trouble... Paradoxe, ils ont démis le président légalement élu parce qu'ils l'accusaient de laxisme vis à vis de la rébellion des Touaregs du Nord. Mais en se révoltant et donc en paralysant le pouvoir, ils ont permis à ces mêmes Touaregs de s'emparer sans coup férir des principales villes du Nord.Plus inquiétant encore, l'offensive-éclair de des Touaregs dans la partie sahélienne du Mali a été accompagnée par une progression parallèle des islamistes qui ont partie liée avec AQMI, c'est à dire Al-Qaïda au Maghreb islamique, une organisation terroriste qui détient plusieurs otages français et rêve d'édifier au c?ur de l'Afrique, au Sahara et au Sahel, un califat musulman où la loi serait la charia...Mais si le danger représenté par ces émules de Ben Laden devient si préoccupant c'est que ces combattants ont largement profité de la révolution libyenne. Non seulement la chute de Kadhafi a précipité l'émigration de nombreux Touaregs et de mercenaires africains qui se trouvaient en Libye mais ceux-ci ne sont pas partis du pays les mains vides. Ils ont pillé les prolifiques arsenaux du dictateur et se sont emparés d'armements modernes et redoutables, tels ces missiles sol-air qui sont susceptibles de frapper des avions de ligne...Sat, 02 Jun 2012 13:15:00L'affaire Bo XilaïSexe, meurtres et corruption... L'affiche est aussi sensationnelle que scandaleuse. Mais son cadre n'est pas ordinaire : la République populaire de Chine qui, jusque là, ne nous avait guère habitués à mettre à la une ce genre de turpitudes...Il s'agit pourtant d'une affaire très grave qui secoue les plus hautes instances du parti communiste chinois et n'est sans doute pas sans rapport avec le prochain grand renouvellement des dirigeants chinois qui doit avoir lieu à l'automne, lors du 18° Congrès...Au centre, il y a un personnage flamboyant, Bo Xilaï , promis aux plus hautes destinées et qui a édifié sa réputation dans la lutte impitoyable qu'il a menée contre la corruption dans la plus grande agglomération du pays, Chongqing , une ville monstrueuse de 30 millions d'habitants. Un véritable état dans l'état, situé à 2.000 kilomètres de Pékin.Mais l'incorruptible n'était-il pas lui-même un mafieux ? Et n'a-t-il pas amassé une considérable fortune en usant des moyens les plus contestables ? Et son épouse, la belle avocate Gu Kailaï, n'a-t-elle pas commandité l'assassinat d'un citoyen britannique qui, après avoir été son amant et associé, menaçait de révéler quelques dossiers embarrassants pour le couple ? Et enfin que penser de la défection du policier Wang Lijun, héros de la lutte contre le crime organisé, qui a soudain choisi de trahir son patron, Bo Xilaï, et donc de précipiter sa chute ?Sat, 09 Jun 2012 13:15:00BahreinY aurait-il deux poids deux mesures ? La Tunisie, l'Egypte, la Libye, la Syrie et le Yémen sont encouragés par les grandes puissances occidentales lorsqu'ils tentent de se débarrasser de leurs dictateurs... Mais quand les habitants du petit Bahreïn veulent faire leur printemps arabe, on détourne pudiquement les yeux. Et on se félicite même discrètement de voir le grand voisin saoudien envoyer des troupes pour rendre à la raison les révoltés bahreïnis.Pourquoi cette exception ? Est-ce parce que la V° flotte américaine y dispose d'une importante base navale ? Ou bien a-t-on peur que ce minuscule royaume, peuplé majoritairement de chiites, ne bascule un jour prochain dans le camp iranien ? à moins, tout simplement, qu'on ne veuille pas fâcher l'Arabie saoudite qui a déjà tendance à considérer que le Bahreïn n'est qu'une excroissance de son propre territoire... Ou bien encore craint-on qu'une révolution au Bahreïn ne déclenche une onde de choc dans la région qui menacerait même le royaume saoudien ? Une monarchie réactionnaire qui fait fi des droits de l'Homme mais qui est si riche en pétrole.Sat, 16 Jun 2012 13:15:00QatarMais où s'arrêtera le Qatar ? Le petit émirat, guère plus grand que la Corse, est devenu un géant économique et boulimique ! Il ne cesse de procéder à des acquisitions, d'accroître ses participations dans nombre de grandes sociétés occidentales et d'acheter par exemple des clubs sportifs ou des palaces... à tel point que sa capitale, Doha, est maintenant une étape indispensable pour les entrepreneurs en mal de financement.Mais le Qatar est aussi devenu un acteur politique incontournable dans le monde arabe... Grâce en particulier à sa chaîne de télévision, Al Jazira, il étend son influence et n'hésite plus à jouer un rôle actif dans les grandes questions internationales, comme on l'a constaté récemment au cours de la crise libyenne...Plus préoccupant est le soutien que l'émirat accorde aux islamistes un peu partout dans le monde musulman, Doha étant même aujourd'hui le refuge de la fine fleur des salafistes indésirables dans leur pays...Alors doit-on se demander si l'émir qatari joue un double jeu ? Et son pays n'est-il pas un colosse aux pieds d'argile, susceptible d'être soudainement déstabilisé ?Sat, 23 Jun 2012 13:15:00Fernand Pouillon et l'affaire du Point du JourCe fut l'un des premiers scandales de la V° République... Et aussi le début d'une série d'affaires immobilières qui ont révélé des liens troubles entre certains notables du gaullisme et quelques promoteurs véreux. Mais si celui-là a tellement marqué les esprits, c'est qu'il y avait au centre un personnage flamboyant, l'un des plus grands architectes français, Fernand Pouillon. Ajoutez quelques épisodes rocambolesques et vous avez tous les ingrédients d'un feuilleton à sensations...Et ça commence par une image, la première photographie de Pouillon publiée dans la grande presse. Écoutez par exemple ces quelques lignes écrites par le grand reporter de L'Express, Jacques Derogy :"La photographie ne faisait qu'accuser des traits de caricature: crocs d'escroc, profil de prédateur, sourire carnassier sous un double sillon de rides, long nez aquilin de rapace jouisseur, mâchoire et crinière chevaline. Un cheval de retour dont la tête émergeait d'un accoutrement de fêtard, smoking de satin blanc et jabot à manches de dentelle habillant sa silhouette osseuse de grand échalas dégingandé aux allures d'échassier. Tourmentée comme un Giacometti, cette image de l'architecte Fernand Pouil­lon allait devenir légendaire."Intéressante cette photo ! Surtout quand on sait qu'elle a été prise cinq ans plus tôt lors de l'anniversaire de la fille de l'architecte et qu'elle a été transmise aux journalistes par le ministère de l'Information ! Et c'est la preuve très troublante que l'affaire du Point du Jour, comme on va l'appeler, dissimulait aussi d'obscures man?uvres politiques. De là à penser que Pouillon n'a été qu'un bouc émissaire, il n'y a qu'un pas ! C'est en tout cas l'avis de Monsieur X.Sat, 30 Jun 2012 13:15:00Tora BoraÇa été la plus grande erreur militaire des états-Unis dans leur lutte contre Al-Qaïda ! C'est en tout cas l'avis d'un éminent journaliste anglo-saxon, Jonathan Randal, auteur d'une biographie de Ben Laden. Il s'agit en effet de la très mystérieuse et inexplicable disparition du leader terroriste alors qu'en décembre 2001 il était localisé à Tora Bora dans les montagnes du sud de l'Afghanistan et que sa capture par les forces spéciales semblait imminente...Pourquoi Ben Laden a-t-il réussi à échapper à ceux qui le pourchassaient ? L'homme le plus recherché au monde a-t-il bénéficié de complicités ? Ou a-t-il pu corrompre certains seigneurs de la guerre afghans qui l'auront laissé filer ? Ou bien encore, faut-il parler d'incompétence du commandement américain ? à moins que cette faute ne cache des motifs moins avouables. Monsieur X décrypte cet épisode qui a permis à Ben Laden de parfaire sa légende et de gagner dix ans de vie, puisqu'il ne sera abattu par un commando états-unien qu'en mai 2011.Sun, 01 Jul 2012 13:15:00Soljenitsyne et le KGBLe veau a finalement été plus fort que le chêne... Ainsi pourrait-on résumer le destin d'Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne qui, sa vie durant, en tout cas jusqu'à l'implosion de l'URSS en 1991, a dû se battre contre le chêne, c'est à dire le tout puissant Empire soviétique. Le chêne contre le veau ou plutôt "Le chêne et le veau", pour reprendre le titre d'un livre où le plus grand écrivain russe du siècle dernier raconte ses longues années de résistance contre un KGB implacable qui n'a jamais cessé d'essayer de l'abattre et a même imaginé de le liquider physiquement. Une vraie guerre, comme l'explique Soljenitsyne lui-même dans cet ouvrage déjà cité :"Les livres, c'est comme des divisions ou des corps d'armées ; tantôt ils doivent, s'enfouissant sous terre, ne pas faire feu ni sortir le nez ; tantôt, tous feux éteints, sans faire de bruit, franchir des ponts ; tantôt, masquant les préparatifs, évitant de faire s'ébouler la moindre poignée de terre ? du côté inattendu, à l'instant inattendu, bondir pour une attaque concertée. Et l'auteur, comme un généralissime, tantôt lance les uns, ramène les autres pour les garder en attente."Monsieur X revient sur ces années de lutte et les secrets qui ont permis à l'écrivain de triompher du totalitarisme avec l'aide de dizaines de citoyens soviétiques, les Invisibles comme il les appelle, qui ont pris le risque de soustraire ses manuscrits aux man?uvres inquisitoriales du KGB...Sat, 07 Jul 2012 13:15:00Viktor Orekhov, agent du KGB et dissidentC'est un cas unique dans l'histoire du KGB ! Certes, la centrale soviétique a vu certains de ses agents espionner pour l'Ouest, faire défection puis passer à l'ennemi. Toutefois l'officier du KGB, Viktor Orekhov, lui, n'a pas trahi sa patrie. Mais il a choisi d'être un dissident tout en restant au coeur de la pieuvre. Mieux, ayant ouvert les yeux sur l'imposture soviétique, il a courageusement décidé de venir au secours de ces dissidents, alors même qu'il était chargé de les traquer et de les envoyer au Goulag ou dans l'un des ces hôpitaux psychiatriques où le KGB enfermait les citoyens qui osaient critiquer le système.Oui, un cas unique et douloureux. Car Orekhov a fini par être victime du double-jeu qu'il menait. Et, dénoncé par l'un de ces dissidents qu'il tentait de protéger, il a connu lui aussi le Goulag... Et il a été poursuivi par la haine de ses anciens supérieurs jusque dans les années 90, c'est à dire après la disparition de l'URSS... Mais comment s'en étonner, puisque le FSB, héritier du KGB, poursuivait ses activités avec les mêmes hommes et parfois les mêmes méthodes...Sun, 08 Jul 2012 13:15:00Sabra et ChatilaLa guerre de 60 ans ! La guerre qui oppose depuis la fin du second conflit mondial Juifs et Arabes en Palestine... Et peut-être faudrait-il plutôt parler de guerre de 100 ans puisque les premiers incidents ont éclaté au début du siècle dernier lorsque les premiers colons sionistes sont arrivés... Aujourd'hui, moins que jamais, la paix ne semble possible. Israël, diplomatiquement et géographiquement isolé, risque de vivre les heures les plus dangereuses de son Histoire tandis que la condition des Palestiniens des territoires occupés ne cesse de se dégrader...Monsieur X revient aujourd'hui sur un épisode tragique de cet affrontement centenaire : en 1982 « l'Opération Paix en Galilée » qui porte si mal son nom et qui a débouché sur l'un des pires massacres d'une région pourtant si peu économe en vies humaines, la tuerie de Sabra et Chatila... Mais derrière cette offensive militaire israélienne sans précédent qui a conduit Tsahal jusqu'au c?ur de Beyrouth, il y avait un grand dessein qui visait tout simplement à procéder à un vaste redéploiement des populations de la région...Sat, 14 Jul 2012 13:15:001982, des sous-marins soviétiques dans la mer suédoise ?On a appelé ça « le syndrome du périscope » ! Une véritable hantise qui a tenu en haleine des centaines de milliers de Suédois, et peut-être même plus, pendant plus de dix ans... Car ces périscopes de sous-marins semblaient être partout, au large et au milieu de ces nombreux chapelets d'îles qui bordent les côtes suédoises... Des périscopes dont chacun s'accordait, à commencer par l'état-major de la marine, à dire ou à penser qu'ils appartenaient à des sous-marins russes... La Russie, l'ennemie historique, toujours soupçonnée de vouloir envahir le royaume...A partir du début des années 80, l'affaire est peu à peu montée en puissance : une brochure spéciale diffusée par le ministère de la Défense intitulée « Nos invités sans invitation » a même exhorté les citoyens suédois à surveiller les côtes et à dénoncer au plus vite tout sous-marin suspect... Des centaines d'observations ont donc été recueillies, la marine suédoise a mobilisé ses forces pour traquer les submersibles indésirables... En vain. Et le mystère de la nationalité des intrus n'est officiellement toujours pas dissipé.Peut-être parmi vous ceux qui sont des lecteurs du grand romancier suédois Henning Mankell ont-ils reconnu là le thème autour duquel l'écrivain a tissé son avant-dernier livre, "L'homme inquiet" ? Une intrigue romanesque, certes... Mais qui, selon Monsieur X, colle au plus près de la réalité suédoise !Sun, 15 Jul 2012 13:15:00Rudolf Izraël Kasztner (1/2)Héros ou salaud ? Pendant longtemps la question s'est posée... Et même aujourd'hui, certains doutent encore. Héros ou salaud, cet homme hors du commun qui a osé négocier avec Adolf Eichmann pour sauver quelques centaines ou quelques milliers de juifs de Hongrie... Autant d'hommes, de femmes et d'enfants qu'il a littéralement achetés pour leur épargner d'être gazés à Auschwitz.Alors Izraël Kasztner avait-il le droit de proposer ce terrible marché au tueur de Juifs, au péril de sa propre vie ? Avait-il raison de vouloir arracher à la mort quelques-uns de ses coreligionnaires ? Ou bien, au contraire, prenant langue avec le technicien en chef de la « solution finale » et en essayant de corrompre quelques officiers SS, ne s'est-il pas conduit en collaborateur des nazis ? Et puis comment a-t-il choisi ceux qu'il a sauvés ? Pourquoi ceux-là et pas d'autres ?Aujourd'hui, ces questions ne font plus polémique... Pour la majorité des Juifs et les autorités de l'état hébreu, Izraël Kasztner est un héros. Mais il n'en a pas toujours été ainsi... Et ce n'est certainement pas un hasard si, un jour de 1957, un assassin d'extrême droite a pointé son arme sur Kasztner et l'a tué.Monsieur X revient sur sa tragique histoire et les secrets qui entourent encore son existence et les conditions de sa mort...Sat, 21 Jul 2012 13:15:00Rudolf Izraël Kasztner (2/2)Pour dîner avec le Diable, il faut une longue cuillère de bois ! Izraël Kasztner a-t-il oublié cet adage lorsqu'il a négocié avec le nazi Adolf Eichmann pour arracher à la mort quelques milliers de Juifs hongrois contre monnaie sonnante et trébuchante ? Bref, en prenant le risque d'aller rencontrer le technicien en chef de la Solution finale, ce journaliste n'est-il pas devenu un collabo ?C'est en tout cas la terrible accusation qui a été portée contre lui plusieurs années après la fin de la Seconde Guerre mondiale alors que Kasztner avait gagné la Palestine où les sionistes venaient de créer l'état hébreu. Une accusation qui a brisé la vie de cet homme entreprenant qui pensait être accueilli en héros dans sa nouvelle patrie et occupait déjà d'importantes fonctions au sein du parti au pouvoir. Une vie brisée au sens propre comme au sens figuré. En 1957, Izraël Kasztner est tombé sous les balles d'un assassin extrémiste.La semaine passée, Monsieur X nous a raconté comment Kasztner, responsable d'une association d'aide et de secours aux Juifs hongrois ou à ceux réfugiés en Hongrie, a osé prendre langue avec Eichmann quand les troupes nazies ont déferlé sur le pays au printemps 44. Et, contre toute attente, il a réussi à arracher des Juifs à la machine de mort en achetant leurs vies. Alors s'est-il vraiment compromis ? Et jusqu'où ? Kasztner, pour sa défense, a toujours déclaré qu'il avait agi en parfait accord avec les chefs de l'Agence juive qui seront bientôt les dirigeants du nouvel état hébreu. Même quand il a permis à certains criminels nazis d'échapper au châtiment... Monsieur X l'a laissé entendre dans la première partie de cet entretien : Kasztner protégeait peut-être ainsi quelques secrets inavouables. Mais il l'a payé de sa vie...Sun, 22 Jul 2012 13:15:00Curveball (1/2)Il s'agit sans doute de l'une des plus grandes supercheries de l'histoire du renseignement... Une supercherie qui a eu des conséquences considérables : rien moins que le déclenchement de l'invasion de l'Irak par la coalition internationale conduite par les états-Unis en 2003. Et donc le déclenchement d'un conflit meurtrier qui a coûté des dizaines de milliers de vies...Au centre de cette affaire, il y a la question des ADM, ces Armes de Destruction massives censées être possédées par Saddam Hussein. Des armes chimiques, bactériologiques et même nucléaires, qui auraient menacé l'Occident et ses alliés. D'où l'intervention états-unienne destinée à conjurer ce danger potentiel.Nous avons souvent évoqué ce thème avec Monsieur X... Et mon interlocuteur m'a toujours dit que la pseudo-existence de ces ADM n'avait été qu'un prétexte pour envahir l'Irak et chasser Saddam Hussein du pouvoir. Une manipulation opérée par les faucons de la Maison Blanche, ces néo-conservateurs appelés aussi de façon plus triviale, les néo-cons ! Mais on en sait aujourd'hui encore plus : l'essentiel de cette mystification reposait en effet sur le témoignage d'un mystérieux personnage, nom de code « Curveball ». Curveball, c'est une expression américaine utilisée par les joueurs et supporters de base-ball et qui pourrait se traduire par « balle à effet »... Bref, une balle destinée à tromper l'adversaire... Passée dans l'argot, l'expression « lancer un curveball », est donc synonyme de mystification. Et c'est l'arme utilisée par ceux que l'on appelle les « escrocs au renseignement »... Des personnages qui peuvent causer de terribles dégâts si on ajoute foi à leurs déclarations mensongères. La preuve avec cet étonnant Curveball !Sat, 28 Jul 2012 13:15:00Curveball (2/2)L'image a frappé les esprits : le secrétaire d'état américain Colin Powell, visage grave, prend la parole devant le Conseil de sécurité de l'ONU. "Tout ce que je vais vous dire aujourd'hui repose sur des sources très solides !" Pendant plus d'une heure, à l'aide de diagrammes, de photos et même d'échantillons de poison qu'il manipule devant les caméras, le chef de la politique étrangère des états-Unis affirme que l'Irak de Saddam Hussein continue à produire des ADM, des armes de destruction massive qui menacent ses voisins et même l'Occident... On est alors le 5 février 2003. Six semaines plus tard, l'armée états-unienne envahissait l'Irak. Saddam Hussein était vaincu en quelques jours et devait fuir Bagdad.Mais, on le sait aujourd'hui, malgré la mobilisation d'une armée de 1.400 inspecteurs cornaqués par la CIA, il ne sera trouvé nulle trace de ces terrifiantes ADM. Et Powell, humilié, devra reconnaître qu'il a été délibérément trompé afin de justifier devant le monde entier l'urgente nécessité de chasser Saddam Hussein !Ce qu'on connaît moins, par contre, c'est l'exacte manipulation qui a conduit le secrétaire d'état à prononcer ce discours mensonger. Car derrière, Monsieur X l'annonçait la semaine passée, il y avait un mystérieux personnage, nom de code Curveball, un escroc au renseignement, qui a abusé la plupart des services spéciaux occidentaux... Et parfois, avec leur consentement. Dans ce nouvel entretien, Monsieur X décrypte le mécanisme de cette mystification sans précédent.Sun, 29 Jul 2012 13:15:00les réseaux d'espionnage est-allemands en France (1/2) : le réseau des poupéesCertains l'ont appelé le « réseau des poupées »... Tout simplement parce que ces espions de l'Est utilisaient parfois pour dissimuler et transmettre leur moisson de renseignements des poupées astucieusement évidées... Mais c'est un détail parfaitement anecdotique et surtout destiné à divertir la presse : car les deux couples d'espions impliqués connaissaient aussi les techniques de communication les plus sophistiquées en usage dans les services spéciaux modernes.Si Monsieur X a cru bon de me conter cette histoire d'espionnage qui remonte à la période de la Guerre froide, c'est qu'elle illustre à merveille l'ingéniosité mais aussi la méticulosité dont ont fait preuve les services de l'Est, et particulièrement celui de l'ex-RDA qui était dirigé par un personnage quasi-légendaire, Markus Wolf.Sat, 04 Aug 2012 13:15:00les réseaux d'espionnage est-allemands en France (2/2) : Hans VoelknerUne vie cabossée, fracassée. Rarement être humain aura connu une existence semblable dans ce XX° siècle plein de bruit et de fureur... Mais pour autant pouvait-on pardonner à Hans Eugene Voelkner d'être devenu un espion en France, dans le pays de son enfance, celui qu'il aimait pourtant par-dessus tout ? La question a été longtemps débattue. La cause de Voelkner a même trouvé un avocat de talent, l'écrivain Gilles Perrault, qui s'est battu avec acharnement pendant de longues années pour obtenir la libération de l'espion.Monsieur X avait annoncé la semaine passée qu'il ouvrirait un autre dossier sur l'espionnage est-allemand... Après m'avoir raconté l'histoire du « réseau des poupées », il évoque donc aujourd'hui l'affaire Voelkner et l'itinéraire stupéfiant d'un jeune homme dont les parents ont été des héros. Des membres du célèbre réseau de l'Orchestre rouge qui ont péri tous les deux sous la hache d'un bourreau nazi lors de la Seconde Guerre Mondiale.Sun, 05 Aug 2012 13:15:001975, l'assassinat du juge Renaud"On n'est pas là pour mettre le doigt dans le furoncle et remuer la merde !" Et voilà pourquoi, formulé de façon élégante, Olivier Marchal a refusé d'évoquer dans son dernier film, "Les Lyonnais", l'assassinat du juge Renaud... Un assassinat où pourtant, ses héros, les membres du fameux gang des Lyonnais, ont joué un rôle notoire. Et peut-être même le premier...Mais comment s'étonner de l'attitude de ce cinéaste et ancien policier alors que, curieusement, diverses sources essaient aujourd'hui d'évacuer la dimension politique de cette affaire, le premier assassinat d'un magistrat en France depuis la Libération ? Ainsi un "grand flic" à la retraite, Charles Pelligrini, ancien patron de l'Office centrale de Répression du banditisme, peut-il écrire : " à mon avis l'erreur a été de focaliser sur une seule piste [la piste politique]. Peut-être que finalement la vérité est moins compliquée. Le juge Renaud a peut-être tout simplement été flingué par des petits voyous désireux de monter en grade en liquidant la Terreur du Milieu lyonnais ?"Il ne serait donc plus question de financement de parti politique ni même d'impliquer le SAC, ce service d'ordre gaulliste qui avait la particularité de servir de base arrière à bon nombre de malfrats... Bref, fermons le ban puisque sept juges d'instruction se sont épuisés en vain à rechercher la vérité.Mais ce n'est pas l'avis de Monsieur X qui, il y a bien longtemps, m'avait déjà parlé de l'assassinat de François Renaud, commis à Lyon en juillet 1975. Retour sur une enquête avortée. Ou sabotée.Sat, 11 Aug 2012 13:15:00L'Agent Orange au VietnamComment ont-ils osé ? Comment ont-ils pu même imaginer un plan aussi insensé dans sa fausse simplicité ? Puisque notre ennemi se cache dans la forêt, eh bien nous allons anéantir cette forêt afin de le rendre visible ! Et du même coup, nous le priverons de pouvoir se nourrir en tuant toutes les plantes et tous les animaux qui font son ordinaire ! Et même en empoisonnant l'eau dont il s'abreuve ! C'est en partant de ce principe que les généraux américains ont livré au Viêt-Nam la plus grande guerre chimique de l'Histoire et provoqué une catastrophe humaine et écologique sans précédent dont les terribles effets se font toujours sentir, quarante ans après la fin des opérations...Monsieur X ouvre donc le dossier de l'Agent orange comme on a communément appelé ce poison, ce défoliant fabriqué par quelques grandes firmes états-uniennes, dont Monsanto, qui tentent toujours de nier leur responsabilité dans ce désastre. Mais après tout, n'en a-t-il pas été de même pour les entreprises allemandes qui ont produit le Zyklon B utilisé dans les chambres à gaz de la Seconde Guerre mondiale ?Sun, 12 Aug 2012 13:15:00L'affaire Rodrigo Rosenberg au Guatemala (1/2)L'affaire Rosenberg ! Une extraordinaire affaire politico-policière qui a ébranlé jusqu'au fondement d'un état, le Guatemala, affaibli durablement le parti de son président progressiste qui n'aura régné que quatre ans et qui explique pourquoi la droite et l'extrême droite guatémaltèques viennent de triompher aux dernières élections... Avec le risque que ce petit pays d'Amérique centrale replonge dans les pires errements de son Histoire.La paix intérieure, toute relative, n'a été rétablie au Guatemala qu'en 1996 après des décennies de guerre civile et de dictature militaire qui ont causé la mort de 200.000 personnes dont une écrasante majorité d'Indiens Mayas. à tel point qu'on a pu parler de génocide.Et si j'ai parlé de paix relative, c'est qu'en dépit des accords signés en 1996, le Guatemala demeure l'un des pays les plus violents du monde. On y enregistre tous les ans une moyenne de 900 meurtres pour 100.000 habitants. Un triste record qui tient pour une grande part au fait que le pays est aujourd'hui gangrené par le narco-trafic avec la complicité de certains militaires et d'élites politiques corrompues.Sat, 18 Aug 2012 13:15:00L'affaire Rodrigo Rosenberg au Guatemala (2/2)C'était un assassinat de plus... Dans un pays où l'on dénombre annuellement presque un homicide pour mille habitants, et où 98 % de ces meurtres demeurent impunis, il n'y avait pas vraiment matière à s'émouvoir... Et pourtant celui-là, en mai 2009, a déclenché une véritable tempête politique au Guatemala car la victime a dénoncé ses meurtriers ! Dans un enregistrement vidéo réalisé avant sa mort et diffusé à la télévision, l'avocat Rodrigo Rosenberg a en effet désigné ceux qui avaient commandité son assassinat : rien moins que le président du Guatemala, Alvaro Colom et son secrétaire privé.L'affaire ne pouvait que provoquer un formidable scandale politico-policier... Et les Guatémaltèques ont eu l'impression de vivre par médias interposés pendant plusieurs semaines un vrai polar... Monsieur X y vient tout de suite. La semaine dernière, il m'avait déjà dressé un tableau effrayant de ce petit pays d'Amérique centrale déchiré pendant des décennies par une guerre civile et ethnique qui a provoqué la mort de plus de 200.000 morts dont une majorité d'Indiens mayas... Un pays aux inégalités sociales considérables et où la violence est endémique. En particulier à cause des cartels de narcotrafiquants mexicains qui ont essaimé au Guatemala et en ont fait leur base arrière.Sun, 19 Aug 2012 13:15:00Witold Pilecki (1/2)Ce fut comme si l'Histoire, la grande Histoire, ne voulait pas de lui... Witold Pilecki a pourtant été l'un des plus grands héros du XX° siècle... Mais un héros dont vous trouverez rarement le nom dans les livres. Comme si tout avait été fait pour qu'il soit oublié. Parce qu'il gênait, parce que la seule évocation de son nom renvoyait à des souvenirs douloureux ou remettait en cause quelques récits officiels...Encore un mot avant d'écouter Monsieur X. Le capitaine Witold Pilecki est le seul homme à ma connaissance qui ait accompli ce geste inouï : se faire arrêter par la police nazie afin de rejoindre le camp d'Auschwitz. Pour savoir exactement ce qu'il s'y passait. Pour témoigner, pour organiser la Résistance à l'intérieur même de ce camp de concentration qui deviendra bientôt un camp d'extermination. Le plus abominablement célèbre de ces représentations de l'Enfer !Mais, comme si cela ne suffisait pas, Pilecki, après avoir vécu et subi pendant plus de trois ans l'horreur nazie, sera victime de la barbarie soviétique...Sat, 25 Aug 2012 13:15:00Witold Pilecki (2/2)Il a accompli l'un des gestes les plus extraordinaires de la Seconde Guerre mondiale ! En 1940, cet officier polonais s'est fait arrêter par la police nazie afin d'être enfermé à Auschwitz ! Pour non seulement témoigner mais aussi organiser la Résistance à l'intérieur de ce camp de concentration qui va bientôt devenir un camp d'extermination. Witold Pilecki a donc pris des risques inouïs : soumis à la violence quotidienne de gardiens sadiques, atteint du typhus, vivant sous la menace permanence d'être démasqué, l'officier a néanmoins réussi à créer son réseau de résistance et de solidarité avec un espoir fou : fomenter une insurrection au cas où une intervention extérieure le permettrait... Soit une attaque du camp par la Résistance polonaise, soit un bombardement par l'aviation alliée. Mais, malgré ses appels au secours incessants, malgré les rapports qu'il a pu faire passer à l'extérieur et qui ont rendu précisément compte des horreurs qui se perpétraient à Auschwitz, rien n'est jamais venu... Aussi, à la mi-1943, sur le point d'être découvert, Pilecki a-t-il décidé de tenter une évasion... Monsieur X poursuit le récit de la vie de cet authentique héros que la grande Histoire a pourtant méconnu...Sun, 26 Aug 2012 13:15:00La mort de Ben LadenLes Américains, qui vont voter dans quelques semaines, sauront-ils se souvenir que le candidat démocrate à la présidence est l'homme qui les a débarrassés de Ben Laden en mai 2011 ? Lui en seront-ils gré ? Ou au contraire désapprouveront-ils la méthode ? Une exécution en bonne et due forme, car, bien sûr, il n'a jamais été question de capturer vivant le chef d'Al-Qaïda. Mais dans ce cas, ils devraient aussi s'interroger à propos de l'utilisation systématique des drones en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et même en Somalie pour liquider les chefs terroristes... Des liquidations téléguidées très efficaces mais qui n'épargnent pas toujours les innocents qui ont le malheur de se trouver aux côtés de ces cibles...Ainsi va le paradoxe de Barack Obama, président et prix Nobel de la paix, dont l'image est à l'opposé de ce va-t-en guerre de George Bush, mais qui a donné à ses militaires des dizaines de permis de tuer...Monsieur X, qui m'a livré ces quelques réflexions, a choisi cette semaine de revenir sur la mort de Ben Laden. Un événement qui demeure toujours auréolé de mystère et suscite encore de nombreuses controverses au Pakistan...Sat, 01 Sep 2012 13:15:00Melvyn PaisleyC'est l'un des mystères les plus inexplicables dans l'histoire contemporaine des services secrets : pourquoi l'espion israélien Jonathan Pollard, emprisonné aux états-Unis depuis 27 ans, n'a-t-il pas toujours recouvré la liberté ? Quels dommages considérables a-t-il infligés pour que l'administration américaine, quels que soient les présidents, s'obstine à le garder sous les verrous ? Malgré les excuses. Malgré les pressions incessantes de l'allié israélien ! Malgré les innombrables pétitions !Non, Washington reste inflexible. à tel point que le vice-président américain Joe Biden, un vieil ami d'Israël qui a toujours voté les lois de soutien à l'état hébreu, a récemment déclaré qu'avant de faire adopter une mesure de libération de Pollard, il faudrait lui passer sur le corps...La taupe israélienne est-elle donc un nouveau "Masque de fer" qu'il convient de laisser enfermé jusqu'à la fin de ses jours ? Quels secrets Pollard possède-t-il donc encore ?Monsieur X a autrefois évoqué cette affaire qui, dans les années 80, a sévèrement brouillé les relations entre Israël et les états-Unis. Mais, c'est ce qu'il pense, l'épisode Pollard ne serait que la partie émergée d'un iceberg qui dissimule une vaste entreprise de pénétration des services israéliens en vue de s'emparer d'un certain nombre de secrets technologiques et industriels américains... Une manoeuvre qui serait toujours d'actualité car toutes les taupes n'auraient pas été identifiées par le contre-espionnage...Sat, 08 Sep 2012 13:15:00George Ibrahim Abdallah (1/2)Il est en prison depuis 28 ans ! Le Libanais Georges Ibrahim Abdallah. Condamné en France à la prison à perpétuité par une cour d'assises spéciale pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates en 1982. L'un états-unien, l'autre israélien... Deux diplomates, mais en réalité des hommes qui travaillaient pour les services secrets de leurs pays respectifs...En tout cas, des assassinats qui sont intervenus dans un contexte très troublé... En cette année 1982, en effet, la France va être frappée par toute une série d'attentats, les uns étant perpétrés par Carlos et sa bande, d'autres par le Palestinien Abou Nidal mais également par une nouvelle et mystérieuse organisation, les FARL, les Fractions armées révolutionnaires libanaises, dont on apprendra beaucoup plus tard que son chef est Georges Ibrahim Abdallah... Au total, 30 morts et 178 blessés !Enfin, c'est aussi en 1982 que le mouvement Action Directe refait parler de lui... Et justement, on découvrira que les FARL entretenaient de curieux rapports avec l'organisation terroriste française...Sat, 15 Sep 2012 13:15:00George Ibrahim Abdallah (2/2)Jamais la France n'avait connu autant d'attentats meurtriers que dans les premières années de la décennie 80... Certains étaient perpétrés par la bande de Carlos qui voulaient obtenir la libération de complices arrêtés par la police... D'autres étaient directement inspirés par l'Iran qui reprochait essentiellement à notre pays d'aider son ennemi irakien auquel l'opposait une interminable guerre... Action Directe ajoutait sa note sanglante. Et enfin il y avait les FARL, les Fractions armées révolutionnaires libanaises, avec lesquelles d'ailleurs les militants d'Action Directe entretenaient des relations d'ordre logistique...Les FARL se sont signalées pour la première fois à la fin 1981 en s'en prenant à un diplomate américain. Elles récidivent en 1982 en abattant deux autres diplomates : un Américain et un Israélien, tous deux proches des services secrets de leurs pays. Il y aura encore, toujours en 1982, d'autres attentats dont l'un coûtera la vie à deux artificiers de la police... Puis c'est le silence jusqu'au printemps 1984 où les FARL revendiquent un attentat contre un consul américain à Strasbourg...Qui se cache derrière les mystérieuses FARL ? Le contre-espionnage, c'est-à-dire la DST, enquête. Assez vite, le Mossad israélien livre des tuyaux à son homologue français. Le chef des FARL, un marxiste d'origine libanaise chrétienne, proche des organisations palestiniennes les plus radicales, serait un certain Georges Ibrahim Abdallah... Et justement, fin 1984, à la suite de l'arrestation en Italie d'un jeune terroriste, la police met la main sur un nommé Saadi, porteur d'un vrai et d'un faux passeport, qui pourrait bien être Abdallah... Encore une fois, c'est le Mossad, décidément très bien informé, qui confirme : Saadi est Abdallah ! Mais, nous disait Monsieur X la semaine passée, aucune preuve ne permet d'impliquer cet homme dans les crimes perpétrés par les FARL... Tout au plus peut-on lui reprocher la détention de faux documents d'identité qui lui vaudront quelques mois de prison... Les policiers de la DST enragent car ils sont sûrs de détenir un gros poisson du terrorisme. D'une certaine façon, la suite va leur donner raison car les FARL vont passer à l'action pour faire libérer leur chef !Sat, 22 Sep 2012 13:15:00Rwanda : l'attentat du 6 avril 1994 (1/2)Une heure. Une heure seulement ! Il n'a pas fallu attendre plus d'une heure après l'attentat contre le président rwandais Habyarimana pour voir les tueurs envahir les rues de Kigali et commencer à massacrer. Et pour les observateurs les plus lucides, il est évident que le génocide des Tutsi était programmé, déjà organisé, et que l'attaque contre l'avion du chef d'état rwandais a été une sorte de signal invitant les tueurs à passer à l'action.Il est donc essentiel d'essayer de déterminer qui, le 6 avril 1994, a perpétré cet attentat, coup d'envoi d'un massacre qui va faire près d'un million de victimes en peu de semaines...Curieusement, c'est la justice française qui a été chargée de faire la lumière sur ce point. Parce qu'en 1997, des familles de l'équipage français du Falcon présidentiel ont porté plainte à Paris. C'est le début d'une instruction judiciaire d'abord chaotique et souvent partiale qui s'est éternisée jusqu'à aujourd'hui. Mais qui, enfin, sous l'impulsion d'un magistrat déterminé, pourrait bien déboucher sur la vérité.J'ajoute, avant de donner la parole à Monsieur X, que ce parcours judiciaire a été ponctué de nombreuses tentatives de désinformation et qu'un certain nombre de faits demeurent inexplicables sinon mystérieux. Enfin, il faut souligner combien la France a été impliquée dans cette histoire rwandaise...Sat, 06 Oct 2012 13:15:00Rwanda : le drame de Bisesero (2/2)Silence dans les rangs ! Telle semble être en effet la consigne qui a été donnée aux militaires français qui ont participé au Rwanda à l'opération 'Turquoise'. Il s'agissait pourtant en principe d'une mission humanitaire destinée à venir au secours des populations rwandaises à l'issue du terrible génocide qui a ensanglanté ce petit pays du centre de l'Afrique... Presque un million de victimes, je vous le rappelle.'Turquoise', qui avait reçu l'aval de l'Organisation des Nations Unies, était donc une opération louable... Mais son principal objectif n'était-il pas de faire oublier les complaisances coupables de notre pays à l'égard des génocidaires, c'est-à-dire de l'armée régulière rwandaise et des milices hutu formées et entraînées par des militaires français avant les massacres du printemps ? La question mérite d'être posée. Monsieur X y revient largement. De la même façon, alors que la guerre entre l'armée tutsi du FPR et les forces gouvernementales n'était pas terminée, n'y avait-il pas aussi la tentative de s'interposer entre les belligérants, c'est-à-dire en réalité de venir au secours de nos alliés de toujours, les Hutu, qui se trouvaient en difficulté ?Cependant, d'autres ombres planent sur l'exécution même de 'Turquoise', fin juin 1994. Dans la montagne de Bisesero, près du lac Kivu, les officiers français ont-il failli en laissant se perpétrer un nouveau massacre de Tutsi ? Bref, ont-ils commis une bavure criminelle en se rendant complices des tueurs hutu ? Ou, au minimum, ne peuvent-ils être accusés de non-assistance à population en danger ?Avant d'écouter Monsieur X, je vous signale la parution très récente d'une remarquable enquête de ma consoeur de France-Culture, Laure de Vulpian, 'Silence Turquoise'.Sat, 13 Oct 2012 13:15:00La guerre au Kivu depuis 2008C'est le conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale... Déjà plus de 6 millions de victimes. Mais c'est aussi une guerre oubliée dont on ne parle pas ou alors si peu. Et pourtant, elle a commencé dès 1994. Ce n'est pas un hasard : la guerre du Kivu, ou plutôt les guerres du Kivu, sont une conséquence du génocide qui a frappé le Rwanda voisin... En effet, les génocidaires, et avec eux des dizaines de milliers de Hutu innocents qui craignaient les représailles des vainqueurs tutsi, ont trouvé refuge au Kivu, province orientale de l'ancien Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo... La guerre a donc suivi les Hutu au Kivu : le nouveau maître du Rwanda, Paul Kagamé, estimait en effet que la présence de ces camps de réfugiés à sa frontière représentait un danger permanent. Mais c'était aussi un prétexte pour se mêler des affaires du Kivu, un territoire au sous-sol si riche qu'il attire toutes les convoitises... Et donc d'abord celles des Rwandais voisins dont le petit pays, surpeuplé, est dépourvu de richesses naturelles, à l'exception de la terre dont la moindre parcelle est cultivée.Mais au Kivu, il faut aussi compter avec des forces régulières minées par la corruption et toutes les factions armées qui pillent le sous-sol, réduisent la population en esclavage et utilisent le viol comme une arme de guerre... Une véritable mosaïque criminelle où les alliances se font ou se défont sous les yeux de milliers de Casques bleus parfaitement impuissants... Monsieur X, qui m'a déjà parlé du Kivu en 2008, tente d'y voir plus clair, au moment même où le président Hollande vient de terminer une visite à Kinshasa pour le sommet annuel de la Francophonie.Sat, 20 Oct 2012 13:15:00Le DubaïgateLe Mossad a-t-il été piégé ? Difficile de ne pas se poser la question en ouvrant le dossier de ce que d'aucuns ont appelé le Dubaïgate... C'est-à-dire le fiasco, au moins médiatique, d'une opération du Mossad qui s'est déroulé en janvier 2010 dans le petit émirat de Dubaï. Alors que les agents israéliens sont censés être des as dans leur domaine...Une première réflexion d'abord... En matière de renseignement et d'actions clandestines, le public n'a généralement connaissance que de la partie émergée de l'iceberg, succès spectaculaires mais bien plus souvent échecs ou bavures. Et il ignore le quotidien de l'activité des services secrets...Deuxième réflexion : à Dubaï les agents israéliens ont mené à bien leur mission, l'élimination d'un membre important du Hamas. Et aucun d'entre eux n'a été arrêté. Le scandale est né ensuite, bien des jours plus tard, lorsque la police de l'émirat, en se servant en particulier d'images filmées par d'innombrables caméras, a reconstitué avec précision l'action et le parcours des agents secrets. Et a donc pu accuser le Mossad d'avoir perpétré cet assassinat !Troisième réflexion : des états occidentaux se sont offusqués de constater que les hommes du Mossad avaient utilisé de faux vrais passeports en empruntant l'identité réelle de certains de leurs citoyens. Mais, à aucun moment, ils n'ont condamné l'action criminelle du service israélien...Et puis, autre interrogation, pourquoi le Mossad a-t-il envoyé à Dubaï 27 agents pour assassiner un seul homme alors que d'habitude ses commandos de tueurs ne comptent que quelques individus ?Enfin, si en Israël même, des journaux ont accusé le Mossad d'avoir, en l'occurrence, fait preuve d'amateurisme, était-ce justifié ? Monsieur X a sa petite idée sur ce point et les autres aspects obscurs de cette affaire.Sat, 27 Oct 2012 13:15:00L'affaire Olof PalmeUn mystère d'un quart de siècle ! Une énigme, régulièrement relancée par des révélations le plus souvent douteuses... Mais surtout une affaire qui demeure comme une épine plantée dans la chair d'un pays trop longtemps réputé vertueux, la Suède !...Tel est en effet le sentiment des citoyens suédois qui ne comprennent toujours pas pourquoi leur Premier ministre, Olof Palme, a été assassiné un soir de février 1986... Des citoyens qui n'hésitent pas non plus à mettre en cause l'efficacité de leur police et même à soupçonner que l'élimination de cet éminent homme politique qui avait acquis une stature internationale dissimulait la part d'ombre du royaume et des secrets qui remontaient peut-être à la Seconde Guerre mondiale...Monsieur X, qui a déjà évoqué cette affaire il y a une dizaine d'années, ouvre donc à nouveau ce dossier. Et en l'écoutant, j'ai eu l'impression de plonger dans l'atmosphère des romans de Henning Mankell ou dans celle, encore plus trouble, de l'oeuvre de Stieg Larsson, l'auteur de Millenium. Autant de livres de fiction qui, à leur manière, ont brossé un portrait décapant de leur pays et dévoilé la face sombre d'une Suède dont on pensait pourtant qu'elle était un modèle de nation démocratique...Sat, 03 Nov 2012 13:15:00L'affaire GemplusJames Bond a troqué son pistolet contre un ordinateur. Chacun le sait désormais, la véritable guerre secrète se déroule aujourd'hui sur le terrain économique.L'espionnage change donc progressivement de nature. On s'affronte désormais à coups de virus informatiques ou de systèmes sophistiqués d'intrusion dans les mémoires électroniques. Une cyber-guerre mondiale qui mobilise les meilleurs cerveaux des services secrets et des organismes de sécurité. En France, qui n'est certainement pas le pays parmi les mieux protégés, ce sont mille attaques annuelles qui sont recensées. Mais combien d'autres passent inaperçues ! C'est pourquoi le Parlement devrait adopter prochainement une loi renforçant les procédures et les systèmes de défense existants.Cependant, cette guerre économique souterraine qui a succédé à la guerre froide, peut prendre d'autres aspects. C'est ce que m'a raconté Monsieur X cette semaine en ouvrant le dossier de Gemplus, cette société française, leader mondial de la carte à puce, dont le trésor technologique a été l'enjeu d'une gigantesque bataille... Un conflit franco-américain qui a aussi permis l'émergence chez nous d'un nouveau concept, celui d'intelligence économique, c'est-à-dire, selon un spécialiste, la maîtrise et la protection de l'information stratégique pour tout acteur économique...Sat, 10 Nov 2012 13:15:00L'assassinat de Wissam Al-Hassan au Liban le 19 octobre 2012Toujours la même appréhension : est-ce que ça va recommencer ? Cette question hante les Libanais après chaque nouvel attentat ! Avec le souvenir obsédant de ce quart de siècle de guerre civile au cours duquel ils ont été tous les jours confrontés au pire... Une guerre libanaise certes mais aussi une guerre que se livraient par procuration les puissances de la région... à commencer par l'omniprésente Syrie dont les dirigeants ont toujours considéré que le petit Liban n'était qu'une extension de leur propre territoire...La Syrie, donc... Appelée au secours par la droite chrétienne, elle envoie des troupes au Liban en 1976. L'occasion est trop belle : les soldats syriens ne reprennent pas le chemin de Damas. Le pays devient de fait une sorte de protectorat syrien. Mais en 2005, après l'attentat qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, on assiste à un sursaut sans précédent de la population. Les Syriens, suspectés d'avoir commandité l'attentat et soumis à une intense pression internationale, doivent quitter le Liban... Ce qui ne les empêche pas de garder un oeil vigilant sur le pays du Cèdre. Et alors qu'ils sont aujourd'hui eux-mêmes entraînés dans une sanglante guerre civile, la tentation est grande d'élargir le conflit au-delà des frontières syriennes. Ne serait-ce que pour détourner l'attention de tous ceux qui recensent jour après jour les crimes du régime de Damas...Aussi quand, le 19 octobre dernier, une terrible explosion pulvérise l'auto du patron des services secrets des Forces de sécurité intérieures de Beyrouth, les Libanais ont légitimement peur de voir ressurgir le spectre d'une guerre fratricide.Monsieur X essaie de voir ce qui se cache derrière ce tragique événement qui pourrait préluder à un embrasement général de la région. Et il évoque en particulier la personnalité d'un homme, Michel Samaha, très bien introduit dans certains cercles français.Sat, 17 Nov 2012 13:15:00Novembre 1975, mutinerie à bord du vrai 'Octobre Rouge'On avait cru visionner une oeuvre de pure de fiction. Un film d'action de 1990 dans lequel le commandant russe Marko Ramius, alias Sean Connery, pilotait son sous-marin ultra-moderne 'Octobre rouge' vers les côtes américaines et essayait d'échapper à la flotte soviétique lancée à ses trousses... Mais c'était une histoire vraie. En partie vraie, en tout cas... Car la véritable histoire dont se sont inspirés le cinéaste John Mc Tiernan et le romancier Tom Clancy est encore plus étonnante que ces deux oeuvres de fiction... Plus haletante aussi. Et si, guerre froide oblige, le courageux sous-marinier Sean Connery avait 'choisi la liberté', comme on disait encore à l'époque, les motivations du vrai héros, le capitaine Valery Sabline, étaient complètement différentes.Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite... La période est aussi différente : le milieu des années 70. L'URSS est alors un empire sclérosé dirigé par des vieillards conservateurs et corrompus qui tentent désespérément de ne pas laisser s'éteindre la flamme de la grande révolution d'Octobre. Est-il déjà trop tard pour sauver le régime et son système politique ? Sabline et les matelots de son destroyer, le Storozhevoy, espèrent encore. Et pour réaliser leur dessein, ils sont prêts à aller jusqu'au bout, c'est-à-dire à se mutiner...Sat, 24 Nov 2012 13:15:00Le mensonge des couveuses koweïtiennesElle est belle. Ses longs cheveux noirs masquent à peine l'or de ses boucles d'oreille et retombent sur un discret collier. Son visage aux traits fins est celui d'une adolescente : Nayirah a quinze ans. Mais malgré son jeune âge, ce 10 octobre 1990, elle s'exprime crânement devant les représentants des Comités des droits de l'Homme des deux chambres du Congrès américain, même si parfois sa voix s'embue et qu'une larme perle au coin de ses yeux.Nayirah - un prénom d'emprunt destiné à la protéger, elle et sa famille, ont affirmé le Démocrate Tom Lantos et le Républicain John Forter - raconte. Engagée comme volontaire à l'hôpital koweïtien al-Addan peu après l'invasion de son pays par les forces irakiennes, elle a été témoin de scènes effroyables. Des soldats armés ont pénétré de force dans la maternité. Ils ont arraché les bébés des couveuses où ils reposaient, se sont emparé des incubateurs et ont précipité sur le sol ces enfants prématurés qui ont agonisé dans le froid.L'adolescente pleure. Sénateurs et représentants sont saisis par l'émotion. La frêle Nayirah a parlé six bouleversantes minutes.L'information ne tarde guère à franchir l'enceinte du Congrès. Elle est reprise par tous les médias. La conclusion fait l'unanimité : Saddam Hussein, chef suprême d'une armée capable de se livrer à des actes aussi ignominieux, ne peut être lui-même qu'un monstre !Cette histoire, battue et rebattue, sera l'un des arguments décisifs employés par tous ceux qui voulaient à tout prix en découdre avec le dictateur irakien. Mais c'est seulement après la guerre qu'on découvrira que Nayira avait tout inventé... Et pour Monsieur X, l'histoire des couveuses n'est que le spectaculaire sommet d'une manipulation qui a commencé bien plus tôt. Un prodigieux bobard qui a quand même conduit à la mort des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants.Sat, 01 Dec 2012 13:15:00La crise des missiles de Cuba ou le monde au bord de la troisième guerre mondiale (1/2)C'est sans doute les douze jours les plus dangereux que le monde ait jamais vécus : douze jours d'octobre 1962, restés dans l'Histoire comme la crise des missiles de Cuba, où l'on est passé tout près de la guerre nucléaire.Alors, pour commencer, quelques observations. Il faut d'abord se féliciter qu'en dépit des surenchères et des vociférations des va-t-en-guerre le sang-froid l'ait emporté de part et d'autre chez les deux Super-Grands. Ensuite, il faut constater, un demi-siècle plus tard, que de nombreux aspects de cette crise demeurent obscurs. En particulier, l'action des services secrets.Enfin, il faut remarquer qu'au cours de cette crise, au moins à deux reprises, se sont produits des événements fortuits échappant au contrôle des dirigeants et des états-majors. Des incidents tellement graves qu'ils ont failli provoquer le pire. Et donc l'ultime déflagration.Monsieur X revient sur l'histoire de cette crise que l'on a, un peu trop simplement ou naïvement, résumée à un duel psychologique entre deux hommes, les deux 'K', Khrouchtchev et Kennedy !Auparavant, je vous propose cet extrait éclairant d'une interview de Robert McNamara, qui était le secrétaire à la Défense de John Fitzgerald Kennedy au moment de la crise :'Il y a eu beaucoup trop de foutue peur dans cette crise des missiles... Il n'y a aucun doute que la crise a été résolue à cause de la peur des retombées négatives dans le cas où on poussait le bouchon trop loin. Lisez Khrouchtchev. Il était terrifié. Lisez le livre de Bobby Kennedy. Le Président aussi était terrifié. Et l'ensemble de cette maudite crise a commencé parce que les Soviets étaient terrifiés... Vous voyez : du début à la fin, la peur a dominé !'Sat, 08 Dec 2012 13:15:00La crise des Missiles : l'espion Penkovsky (2/2)C'était donc il y a un demi-siècle : la crise des missiles de Cuba. Dix jours qui ont fait trembler le monde, même si le grand public n'a pas toujours compris qu'il venait de passer tout près de la Troisième Guerre mondiale ! Et par conséquent de l'apocalypse nucléaire.La semaine passée, Monsieur X est revenu sur ces événements qui ont vu le spectaculaire affrontement des deux Supergrands, incarnés par John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev. Il a raconté comment, alors que la crise atteignait son paroxysme, la tension a soudain baissé : le numéro un soviétique a accepté de retirer les missiles à tête nucléaire qu'il avait installés à Cuba et le président américain a mis fin au blocus naval de l'île, promis de ne pas attaquer l'île et aussi, même si cette clause est restée secrète, de démanteler les fusées positionnées à la frontière turque.Cependant, nous a dit mon interlocuteur dans son dernier entretien, bien des aspects de cette crise sont restés mystérieux. à commencer par le rôle qu'y a joué l'un des plus grands espions du XXème siècle, Oleg Penkovski ! Une taupe des Occidentaux dissimulée au coeur de la citadelle soviétique, un homme que certains aujourd'hui n'hésitent pas à considérer comme un héros.Sat, 22 Dec 2012 13:15:00Gotovina, criminel de guerre franco-croateOn l'appelé le " Patton croate "... D'autres n'ont pas hésité à évoquer un " de Gaulle croate "... Mais c'est un présumé criminel de guerre qui dort depuis maintenant plus de deux ans dans une cellule du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie... Alors qui est vraiment Ante Gotovina, général croate déchu, ex-caporal-chef de notre Légion étrangère, soupçonné d'avoir été trafiquant d'armes, barbouze, homme de main et peut-être même ancien gangster ?...Bref, Gotovina est-il un héros ou un voyou ?Si Monsieur X a choisi de me parler de cet homme dont le procès s'est ouvert à La Haye en mars dernier, c'est que nombre de ses tribulations ont eu pour cadre la France ! Et qu'il subsiste de nombreuses zones d'ombre à propos de ses activités, vraies ou supposées.Quoi qu'il en soit, la vie d'Ante Gotovina est un véritable roman d'aventures dont la lecture permet de jeter un intéressant coup de projecteur à la fois sur les derniers soubresauts de l'histoire européenne et sur la mouvance des milieux d'extrême droite où l'on rencontre pêle-mêle des soldats perdus, des mercenaires, des spécialistes de la sécurité, des auxiliaires des services de renseignement et des marchands d'armes. Et parfois même des narco-trafiquants...Sat, 22 Dec 2012 13:15:00L'assassinat de Jean ZayCet homme qui fut un des plus grands ministres de la République est aujourd'hui un quasi inconnu, même si quelques établissements sportifs ou scolaires portent encore son nom. Je veux parler de Jean Zay, victime symbolique de la haine du régime de Vichy, assassiné il y a 60 ans par les tueurs de la milice quelques semaines avant la libération de la France. Pour-quoi parler de lui aujourd'hui ? Parce que le livre de souvenirs de ce jeune ministre de l'Education nationale du Front populaire, coédité par France-Inter, reparaît opportunément aujourd'hui. Ecrit en prison, c'est l'ouvrage d'un homme éclairé, imaginatif, épris de justice sociale et qui, au-delà de la mort, a marqué de son empreinte de nombreuses réformes mises en place à la Libération. Citons au hasard la réforme en profondeur de notre enseignement, la création du CNRS, du Festival de Cannes, du Palais de la Découverte, la Réunion des théâtres nationaux ou encore de l'ENA parce que disait-il, il voulait qu'un fils d'ouvrier puisse devenir préfet ou ambassadeur...Mais, si j'ai demandé à Monsieur X d'évoquer ce personnage emblématique, c'est qu'il se trouve aussi, bien malgré lui, au centre d'un complot qui a permis au maréchal Pétain de s'emparer plus aisément du pouvoir et de liquider la République. Enfin, il y a les circonstances mêmes de la mort du ministre... Qui a ordonné son assassinat ? Et pourquoi ?Sat, 29 Dec 2012 13:15:00Ramzan Kadyrov'Satrape', Homme puissant et despotique, personne qui mène grand train... Si j'en juge par le Petit Robert, la définition du mot 'satrape', souvent associée à ce personnage, s'adapte parfaitement à Ramzan Kadyrov, maître absolu de la toute petite Tchétchénie. Un dictateur cruel et mégalomane qui sait attirer dans son pays, comme le miel attire les mouches, quelques gloires fatiguées du football international, telles Maradona, Papin ou des vedettes du cinéma comme Depardieu ou Van Damme... Mais il faut dire qu'on ne repart pas de Grozny sans un chèque avec beaucoup de zéros.Avec Monsieur X, nous avons souvent parlé de la Tchétchénie qui a joué un rôle disproportionné, étant donné sa taille, dans l'histoire contemporaine de la Russie... Rappelons simplement que Vladimir Poutine doit son arrivée au pouvoir en 1999 à la deuxième guerre de Tchétchénie ! Un conflit qu'il a souhaité, et même sciemment provoqué.Aujourd'hui, c'est donc Ramzan Kadyrov qui règne sans partage à Grozny, grâce au parrainage bienveillant du tsar du Kremlin. Et si apparemment la capitale tchétchène a spectaculairement pansé les plaies de la guerre et s'est même donné en son centre des allures de Dubaï, elle le doit aussi à un système policier implacable qui fait fi des droits de l'Homme. Et dans une région, le Caucase, qui reste un chaudron prêt à exploser à tout moment, il faut aussi s'interroger sur l'islamisation à brides abattues de la société tchétchène, une évolution que Kadyrov a érigée en mode de gouvernement. Alors même qu'à Moscou, son maître Poutine ne cesse d'assimiler Islam et terrorisme.Sat, 05 Jan 2013 13:15:00Le réseau FabiewEtaient-ils les espions de Concorde ? Ces taupes travaillant pour l'Est et qui auraient permis aux Soviétiques de construire un avion supersonique qui ressemblait tellement à notre Concorde qu'on l'a baptisé ironiquement Concordski... Rien n'est moins sûr, même s'il était tentant de croire à cette histoire qui flattait notre orgueil national.Monsieur X revient donc sur cette affaire d'espionnage qui, ce n'est pas innocent, a été montée en épingle par les autorités politiques de l'époque, en 1977, à un moment où la gauche semblait sur le point de remporter un succès électoral aux élections législatives.Et d'abord, le réseau Fabiew, du nom de son chef, était-il cet important nid d'espions qui, selon certains spécialistes du contre-espionnage, a constitué une véritable menace contre nos intérêts industriels et technologiques ?On le sait depuis l'affaire Farewell, le KGB avait édifié dans les années 70 une véritable entreprise de recueil systématique de renseignements techniques et scientifiques, afin de combler le retard du camp de l'Est dans ces secteurs stratégiques. Afin aussi de réaliser d'indispensables économies en matière de recherche et développement. Alors le réseau Fabiew était-il une pièce de cette gigantesque entreprise d'espionnage ?Sat, 19 Jan 2013 13:15:00Le gang de RoubaixLes policiers de la région lilloise n'avaient jamais vu ça ! Jamais connu une telle violence... à tel point que certains d'entre eux ont d'abord cru que les 'Tueurs fous du Brabant', étaient de retour. Ces hommes jamais identifiés qui, dans les années 80, avaient assassiné gratuitement plus d'une vingtaine de personnes, de l'autre côté de la frontière toute proche... Mais il n'en était rien. Ces jeunes gens lourdement armés qui braquaient et tuaient impitoyablement tous ceux qui faisaient obstacle à leurs actions étaient des djihadistes... Des gangsters qui volaient au nom d'Allah et étaient prêts à mourir en martyrs.Monsieur X, il n'y a pas si longtemps, a brièvement évoqué l'histoire de ces délinquants pas comme les autres... L'histoire du gang de Roubaix, comme on l'a appelé. Et il m'a promis d'y revenir plus longuement. C'est donc ce qu'il a fait cette semaine en décortiquant l'histoire de ce gang... Une saga meurtrière qui nous mènera jusqu'en Bosnie au mitan des années 90. Et où l'on rencontrera le fantôme de Ben Laden !Sat, 26 Jan 2013 13:15:00Le Jihad en BosnieLa petite Bosnie a-t-elle été dans les années 90 un creuset de terroristes ? La semaine passée, Monsieur X, racontant la sanglante aventure du gang islamiste de Roubaix, répondait par l'affirmative. En accueillant des combattants musulmans venus la soutenir dans sa guerre contre les croates puis les Serbes, les dirigeants de l'ex-République yougoslave auraient contribué, volontairement ou pas, à faire de leur pays un camp d'entraînement pour les islamistes les plus radicaux.Il faut en effet savoir que la Bosnie multiethnique agressée par des troupes serbes bien équipées, menacée de perdre sa fragile indépendance, a fait feu de tout bois pour se défendre. Ses chefs ont donc accepté de créer une brigade musulmane intégrée dans leur armée et formée uniquement de Bosniaques.Puis une Brigade El moudjahidin où ont été regroupés des combattants issus de tout le monde musulman. à l'image de ce qu'il s'était passé quelques années plus tôt en Afghanistan lorsque les maquis de moudjahidin avaient vu affluer des Musulmans venus à leur côté affronter l'Armée rouge... Avec le soutien des services secrets pakistanais, saoudiens et occidentaux.On connaît la suite : les Soviétiques sont partis mais Al-Qaida est restée ! Alors qu'en a-t-il été en Bosnie-Herzégovine ? La comparaison est-elle pertinente ? Et existe-t-il aujourd'hui un danger salafiste en Bosnie et donc au coeur de l'Europe ?Sat, 02 Feb 2013 13:15:00Polynésie (1/2) : Pouvanaa a Oopa, la 'bête noire' tahitienne de De GaulleOn l'appelait Te Metua ! 'Le Père' ou 'Le Sage' en Tahitien ! Un modeste charpentier, Pouvanaa a Oopa, qui a incarné le rêve de l'émancipation tahitienne et qui est devenu une légende dans la Polynésie française... Jusqu'à aujourd'hui. Ancien combattant de la Grande Guerre, Pouvanaa a choisi d'emblée la France Libre dès 1940. Parlementaire puis dirigeant de ce TOM, Territoire d'Outre-Mer, ses aspirations à l'autonomie et même à l'indépendance de son pays se sont brisées contre la raison d'état... Et surtout contre la volonté française de faire de la Polynésie un champ d'expérimentation de ses armes nucléaires.Victime d'un procès douteux, Pouvanaa a donc été chassé de chez lui, emprisonné en métropole avant de revenir triomphalement en Polynésie à l'orée des années 70... Sans toutefois obtenir réparation et la satisfaction d'être réhabilité... Ce que réclament toujours ses partisans et sa famille.Monsieur X revient donc sur le parcours et le combat de cet homme injustement oublié qui a osé défier un autre personnage historique : le général de Gaulle !Sat, 16 Feb 2013 13:15:00Polynésie (2/2) : les dégâts nucléaires françaisRarement a-t-on observé une telle entreprise de dissimulation ! Je veux parler de la campagne française d'essais nucléaires qui a été conduite pendant une trentaine d'années en Polynésie française. 46 tirs atmosphériques entre 1966 et 1974, puis 147 tirs souterrains jusqu'en 1996...Dissimulation, oui, car il a fallu manipuler et tromper les élus locaux pour obtenir leur accord... Dissimulation encore car les militaires et les populations ont toujours été tenus dans l'ignorance des dangers de contamination qu'on leur faisait courir... Mieux, on a sciemment menti lorsque les premiers signes de maladie par irradiation sont apparus... Dissimulation enfin, car il a fallu attendre 2006 pour que l'état commence à reconnaître les conséquences néfastes de ces essais sur la santé des Polynésiens et des soldats et civils qui ont participé à ces expérimentations nucléaires...La semaine passée, Monsieur X nous a raconté comment Paris, pour arriver à ses fins, a ourdi une véritable machination pour mettre hors jeu et même emprisonner un leader autonomiste polynésien, Pouvanaa, qui aurait pu s'opposer à la campagne de tirs dans les territoires français du Pacifique. Il revient aujourd'hui sur cette accumulation de mensonges et de tromperies qui ont accompagné ces expérimentations...Sat, 23 Feb 2013 13:15:00Charles Hernu était-il un espion ?Charles Hernu était-il un espion de l'Est ?Il y a une quinzaine d'années, deux journalistes de l'Express ont catégoriquement et un peu imprudemment répondu 'oui'. Sur la foi d'un dossier ficelé par les services secrets roumains et sans doute avec la complaisance de la DST française, ces deux confrères ont donc affirmé que l'ancien ministre de la Défense de François Mitterrand, mort en 1990, était un agent communiste.L'affaire a bien sûr fait scandale. Les fils Hernu ont porté plainte pour diffamation et un juge d'instruction a mené l'enquête. Si la famille Hernu a fini tardivement par être déboutée, il n'en reste pas moins que cette affaire ressort de la manipulation. Et que l'on y croise d'étranges personnages.Sat, 09 Mar 2013 13:15:00Le massacre de Melouza (1/2)C'est l'histoire d'une manipulation particulièrement audacieuse... Une opération des services secrets français en pleine guerre d'Algérie qui avait pour objectif de semer la division dans le camp indépendantiste, mais qui est aussi indirectement responsable de l'un des pires drames de ce conflit : le massacre de Melouza ! 350 villageois tués à coups de fusil, de haches et de couteaux.Il faut aussi ajouter que cette tuerie a donné lieu à une autre guerre : celle de la propagande ! Pour le FLN, qui niera toujours farouchement toute implication dans cette tragédie, ce sont forcément les troupes coloniales qui ont perpétré ce massacre. Tandis que pour les autorités françaises, les auteurs de la tuerie sont les fellaghas qui ont éliminé des innocents, seulement coupables de vouloir rallier la France...Monsieur X revient donc sur la genèse et la mise en oeuvre de cette opération, nom de code 'Olivier'. Une histoire d'où émerge la figure d'un homme étonnant qui aurait pu devenir un héros dans son pays, Mohammed Bellounis, s'il n'avait été brisé par le pouvoir colonial.Sat, 16 Mar 2013 13:15:00Le massacre de Melouza (2/2)L'idée paraissait évidente : puisqu'il existait en Algérie deux organisations indépendantistes rivales, il était tentant d'attiser leur compétition et pourquoi pas ? d'essayer de se rapprocher de l'un de ses mouvements pour mieux lutter contre l'autre.C'est ce qu'ont pensé certains dirigeants français, civils et militaires, alors que dans les années 56-57, le conflit fratricide entre le MNA et le FLN devenait chaque jour plus meurtrier. Tant en Algérie qu'en métropole.Sur le terrain, c'est Jean Combette, le capitaine d'une SAS, une Section administrative spécialisée, qui a pris l'initiative de nouer un contact avec un chef militaire emblématique du MNA, Mohammed Bellounis. L'occasion lui paraît favorable : les Messalistes, c'est-à-dire les militants du MNA, sont affaiblis face aux coups de boutoir du FLN. Bellounis lui-même, qui commande encore une troupe de 800 maquisards, est aux abois. Retranché près du bourg de Melouza, aux confins de la Kabylie et du Constantinois, il vient d'accepter un rendez-vous clandestin avec le capitaine Combette. L'amorce d'une nouvelle alliance ? Mais un obstacle inattendu contrarie cette rencontre. Cependant le contact n'est pas rompu. Toutefois, un événement tragique, un véritable massacre, va précipiter l'évolution politique de Bellounis.Sat, 23 Mar 2013 13:15:00Une jeune fille disparaît au VaticanDémission d'un cardinal pour conduite inappropriée, existence supposée d'un lobby gay parmi les plus hauts dignitaires de l'église, sombres histoires d'argent noir et de rivalités révélées par le scandale Vatileaks... Le nouveau pape va avoir fort à faire s'il veut que le Vatican recouvre une certaine sérénité... Car il faudrait aussi ajoute une curieuse affaire : la disparition toujours inexpliquée d'une jeune fille, Emanuela Orlandi, la fille d'un fonctionnaire de la Cité du Vatican.Oui, vraiment une curieuse affaire ! Où l'on retrouve d'éminents prélats, des maîtres-chanteurs en soutane, Ali Agça, le Turc qui a tiré sur Jean-Paul II et, inévitablement, comme on est en Italie, des mafieux... Un authentique feuilleton qui ressurgit régulièrement dans la presse à l'occasion d'un rebondissement ou d'un nouveau témoignage et tient donc en haleine les Romains depuis trente ans.Monsieur X ouvre donc cet étrange et sulfureux dossier qui empoisonne le Vatican depuis si longtemps...Sat, 30 Mar 2013 13:15:00Boko HaramC'est le nouvel ogre terroriste ! Boko Haram, une secte musulmane nigériane à laquelle on attribue la responsabilité de 3000 morts depuis 2009 et de nombreux attentats contre des églises chrétiennes. Et c'est aussi Boko Haram qui a revendiqué le rapt d'une famille française au nord du Cameroun, le 19 février dernier...Mais qui sont les membres de ce groupe terroriste ? D'où viennent-ils, que veulent-ils ? Qui les financent ? Leurs actions meurtrières sont-elles uniquement motivées par des raisons religieuses ? Ou bien sont-elles l'expression d'une protestationsociale et politique ? Et la brutalité de la répression militaire et policière n'a-t-elle pas poussé les activistes de ce mouvement à basculer dans le terrorisme ?Enfin, question essentielle aujourd'hui, sont-ils partie prenante de cette nébuleuse djihadiste que la France et ses alliés africains combattent au nord du Mali ? Bref, la très mystérieuse secte Boko Haram est-elle devenue un élément de l'arc du terrorisme qui, selon certains experts, irait de l'Afrique de l'Ouest jusqu'à la Corne de l'Afrique ?Sat, 06 Apr 2013 13:15:00Nos espions au PortugalL'affaire était curieuse. Et même inédite, si j'en crois les auteurs de 'L'Histoire politique des services secrets français'. Le SDECE, comme s'appelait alors notre service de renseignement, est intervenu directement pour la première et unique fois de son existence dans le cours de l'Histoire d'un pays européen... Comme s'il s'agissait de l'un de ces états africains francophones où, malgré la décolonisation, nos barbouzes ont longtemps fait la pluie et le beau temps.Ce pays, c'est le Portugal... Et ce n'est pas un hasard car au temps du salazarisme triomphant, le SDECE entretenait des rapports étroits avec la police politique du pays, la redoutable PIDE. Le service secret d'un pays démocratique, la France, collaborant avec les organes de répression d'un état dictatorial, le Portugal, c'était malheureusement la vérité ! Mais la Guerre froide permettait ce genre d'alliance douteuse car il fallait faire d'abord pièce au communisme, partout où il était censé menacer les intérêts de l'Occident...à ma demande, Monsieur X s'est donc penché sur ces événements qui se sont déroulés au mitan des années 70, c'est-à-dire avant et après la 'Révolution des oeillets'...Sat, 13 Apr 2013 13:15:00'Le Masque de fer' israélienLui aussi, on l'a appelé Monsieur X ! Un mystérieux espion emprisonné secrètement en Israël et dont on n'a appris la véritable identité qu'au début de cette année, après sa mort en décembre 2010. Un suicide qui laisse sceptique de nombreux commentateurs.Le véritable nom du prisonnier X est donc Ben Zygier. Et il avait 34 ans lorsqu'il est mort dans sa cellule d'une prison de haute sécurité proche de Tel-Aviv. Juif né en Australie, ce brillant sujet avait choisi par idéal de vivre en Israël et même de rejoindre son service de renseignement extérieur, le Mossad. Alors pourquoi a-t-il fini par être emprisonné ? Et surtout pourquoi a-t-il été tenu au secret pendant les dix mois qu'a duré son incarcération ? A-t-il trahi son pays d'adoption ? Et si trahison il y a eu, elle devait être d'une importance capitale pour que les autorités israéliennes imposent à la presse une censure totale sur cette affaire.Plusieurs hypothèses ont été émises. Y aurait-il en particulier un rapport avec cet épisode que m'a raconté il n'y a pas si longtemps Monsieur X - le vrai : le Dubaïgate, comme on l'a appelé, c'est-à-dire l'assassinat, un mois avant l'arrestation de Ben Zygier, d'un important dirigeant du Hamas, Mahmoud Al Mabhouh, par un commando du Mossad qui ne comptait pas moins d'une vingtaine d'agents... Et parmi eux des espions qui ont justement utilisé des passeports australiens.Monsieur X essaie de répondre à toutes ces questions.Sat, 27 Apr 2013 13:15:00Boris Berezovski, une mort mystérieuse ?On meurt beaucoup en Grande Bretagne quand on est russe et riche. Beaucoup trop ! Le dernier d'entre eux s'appelait Boris Berezovski. Le 23 mars dernier, il a été retrouvé mort dans la salle de bains de sa luxueuse maison d'Ascot. Apparemment, il se serait suicidé... Mais il est permis de douter : cet oligarque réfugié en Angleterre avait suscité beaucoup de haines au cours d'une existence tumultueuse semée de morts violentes... Des haines, oui. A commencer par celle de Vladimir Poutine qu'il a pourtant porté au pouvoir et qui en avait fait ensuite son meilleur ennemi.Monsieur X a donc choisi d'ouvrir le dossier Berezovski. Une plongée dans les bas-fonds les plus malodorants de la société russe où les nouveaux milliardaires côtoient les tueurs, où la corruption gangrène les rouages d'un régime toujours plus autoritaire. L'occasion aussi de revenir sur l'affaire Magnitski, du nom de cet avocat qui, pour avoir osé dénoncer un véritable hold-up judiciaire, a fini battu à mort dans une cellule d'une prison moscovite. Une affaire qui empoisonne aujourd'hui les relations entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie. A tel point que le Kremlin a même récemment interdit l'adoption d'orphelins russes par des citoyens américains.Sat, 04 May 2013 13:15:00William Morgan, l'Américain de la révolution cubaineSon histoire a subjugué George Clooney, qui a décidé d'en faire un film. William Morgan, l'Americano, comme on l'a appelé à Cuba. L'un des trois seuls étrangers, avec l'Argentin Che Guevara et l'Espagnol Menoyo à avoir été chef militaire des barbudos de Fidel Castro lors de la conquête du pouvoir...Et il est vrai que la vie aventureuse et tragique de Morgan est assez extraordinaire. Mauvais garçon, séducteur impénitent, déserteur de l'armée américaine, trafiquant lié à la mafia, pourquoi a-t-il un beau jour de 1957 choisi de rejoindre les révolutionnaires cubains qui voulaient abattre le dictateur corrompu Batista ? Pour étancher sa soif d'aventure ? Par romantisme ? Par idéalisme ? En tout cas, une vraie métamorphose qui va le conduire à devenir l'un des commandants les plus audacieux de la guérilla cubaine... Le 'comandante Yankee' ! Mais n'a-t-il pas été aussi un agent double qui a flirté dangereusement avec la CIA pour mieux sauver le lider maximo ? Bref, le héros a-t-il failli ?Dès lors sa fin tragique était presque inéluctable, ne serait-ce que parce que la Révolution mange trop souvent ses enfants...Un dernier mot avant d'écouter Monsieur X. La vie de William Morgan fait l'objet d'un long article dans la dernière livraison de l'excellente revue Feuilleton.Sat, 11 May 2013 13:15:00Pablo Neruda : une victime de Pinochet ?Et s'il avait été assassiné ? Pablo Neruda, le plus grand poète chilien. Pablo Neruda, l'ami de Salvador Allende, mort une dizaine de jours après le coup d'état de Pinochet alors que le prix Nobel de littérature allait s'envoler pour le Mexique où il serait devenu la voix de la résistance chilienne.La rumeur de l'assassinat de Neruda avait couru mais ses proches, et même sa veuve, n'en avaient jamais fait état : le poète était malade et sa mort, à 69 ans, semblait naturelle. Cependant, son chauffeur ne cesse depuis quarante ans de dénoncer ce qu'il considère être un crime en rapportant des éléments troublants... Il vient d'être enfin entendu et sa plainte a été jugée recevable : la dépouille de Neruda a été exhumée et les médecins doivent maintenant rechercher sur ses restes d'éventuelles traces d'empoisonnement. Même si cette expertise, tant d'années après la mort de l'écrivain, demeure aléatoire... Toutefois, au-delà de la preuve scientifique que les spécialistes en toxicologie pourraient livrer, de nombreux autres faits accréditent le soupçon. A commencer par la mort d'une autre figure de la société chilienne, l'ancien président Eduardo Frei, dont on sait aujourd'hui qu'il a été victime d'un empoisonnement criminel... Et qui, coïncidence troublante, est décédé dans cette même clinique où Neruda s'est éteint. Mais il y a aussi la présence au sein de la police secrète du régime d'un certain Eugenio Berrios, un expert en poisons qui a donné maintes preuves de ses redoutables talents avant d'être supprimé à son tour...Sat, 18 May 2013 13:15:00L'ETA (1/2)La guerre a duré 50 ans... Une guerre farouche, cruelle qui a provoqué des centaines de morts. Et parmi eux, beaucoup d'innocents, frappés de façon aveugle. Cette guerre, la dernière guerre européenne de libération, c'est celle qu'a menée l'organisation indépendantiste ETA en Espagne, bien sûr mais aussi en France. Puisque notre territoire a longtemps été une base arrière pour les militants basques de l'ETA.Aujourd'hui, les terroristes ont mis fin à la lutte armée. Mais l'organisation n'a toujours pas été dissoute et elle n'a pas rendu ses armes. Alors s'agit-il seulement d'une nouvelle trêve, comme l'Espagne en a connue si souvent ? Ou bien cette paix est-elle définitive ? Bref, les indépendantistes basques les plus radicaux ont-ils enfin décidé de se battre politiquement et non plus à coup d'attentats et d'assassinats ? Monsieur X a donc décidé d'ouvrir le dense et douloureux dossier de l'organisation clandestine basque. Et d'abord de tenter de comprendre pourquoi, malgré une répression impitoyable, l'ETA a pu aussi longtemps tenir tête au gouvernement espagnol et surtout renouveler sa base militante. Une citation éclairante, avant d'entendre mon interlocuteur... Je l'ai trouvée dans un ouvrage de Jean Chalvidant, l'un des meilleurs spécialistes français de la question basque : 'Chaque fois que j'ai croisé des etarras, j'ai été frappé par leur manque de pragmatisme, leur refus de voir la réalité en face, leur vision hallucinée de fanatiques dévoués corps et âmes à un combat sans fin'.Sat, 25 May 2013 13:15:00L'ETA (2/2)Ca été l'attentat le plus spectaculaire perpétré par l'ETA : l'assassinat en décembre 1973 du président du Conseil espagnol, Carrero Blanco en plein Madrid... L'attentat aussi le plus audacieux : les etarras, c'est-à-dire les indépendantistes clandestins de l'ETA, ont creusé pendant des semaines un tunnel sous la chaussée de la rue qu'empruntait régulièrement la voiture du bras droit de Franco et y ont placé des dizaines de kilos de dynamite... C'était aussi la première fois qu'ils opéraient hors du pays basque, démontrant ainsi qu'ils disposaient désormais d'une solide infrastructure. Enfin, et surtout, l'ETA, créée en 1959, et qui s'était déjà signalée par plusieurs actions violentes, faisait une entrée remarquée sur la scène nationale et même internationale en apparaissant comme la principale force antifranquiste...Et s'il est exact que l'élimination de l'amiral Carrero Blanco, symbole d'un pouvoir totalitaire et policier, allait entraîner le déclin du franquisme, l'ETA allait bientôt prouver que ce n'était pas tant le régime qu'elle combattait que le colonialisme de Madrid, pour reprendre sa rhétorique... Et les etarras ne montreront pas moins d'acharnement à lutter contre les successeurs de Franco ; qu'ils soient centristes, socialistes ou conservateurs...En réalité, cet attentat exceptionnel signait le début d'un enchaînement de violences qui allait ensanglanter l'Espagne jusqu'à la trêve qui vient récemment d'être annoncée par les terroristes de l'ETA. Au total, un bilan effrayant : des centaines de morts et autant de blessés... Monsieur X qui nous a raconté la semaine passée les dessous de l'attentat contre Carrero Blanco, poursuit son récit...Sat, 01 Jun 2013 13:15:00Scandale au LuxembourgInimaginable ! Le petit Luxembourg, havre de paix et de prospérité, a connu lui aussi, comme son voisin belge ou encore l'Italie des années de plomb, une période trouble où de mystérieux poseurs de bombes ont tenté de développer une stratégie de la tension visant à déstabiliser le pays.C'est si vrai qu'en ce moment même, la Justice du Grand Duché essaie de faire la lumière sur ces événements qui datent des années 80. Deux individus font l'objet d'un procès fleuve depuis février dernier. Mais pour leurs avocats, ce ne sont que des boucs émissaires. En réalité, il aurait existé au Luxembourg une vaste conspiration impliquant des gendarmes, des militaires, les services secrets et des activistes d'extrême droite... On y retrouve aussi en filigrane l'action des fameux réseaux clandestins Gladio ou Stay-Behind mis en place dès la fin de la Seconde Guerre mondiale pour faire pièce à une éventuelle offensive des armées du Pacte de Varsovie.Coïncidence fâcheuse, à la même époque, de l'autre côté de la frontière, ceux qu'on a appelés les 'Tueurs fous du Brabant' semaient la terreur en assassinant, sans mobile apparent, une trentaine de citoyens belges. Tandis que d'autres terroristes, se réclamant de ténébreuses Cellules communistes combattantes, perpétraient de nombreux et parfois sanglants attentats visant les installations de l'OTAN et les milieux patronaux...Y avait-il un lien entre toutes ces actions ? Et jusqu'où sont remontées les complicités ? Ces questions agitent aujourd'hui le Grand Duché de Luxembourg et inquiètent ses dirigeants politiques.Sat, 08 Jun 2013 13:15:00L'affaire Felix BlochLa taupe était démasquée. Mais rien ne permettait de l'incriminer... Aucune preuve, aucun témoignage fiable ! Alors, dans ces conditions, que faire ?La question s'est posée aux services secrets états-uniens au milieu de l'année 1989... L'affaire était pourtant sérieuse, très sérieuse même selon les déclarations du président de l'époque, George Bush senior. C'était en effet la première fois depuis presque un demi-siècle qu'un diplomate de très haut rang trahissait son pays.Il en a résulté un spectacle assez étonnant. La taupe, un certain Felix Stephen Bloch, a fait l'objet d'une surveillance de tous les instants. Des équipes du FBI l'ont suivi à la trace... Mais aussi des journalistes armés de caméras et de micros qui l'ont traqué en permanence, campant devant son domicile ou accompagnant chacun de ses déplacements... Et comme si ça ne suffisait pas, on a même identifié une équipe du KGB qui, elle aussi, s'attachait à ses pas... Tant et si bien que Bloch a acquis une sorte de célébrité et que dans la rue des passants s'arrêtaient pour saluer ironiquement 'Monsieur l'espion' !Le casse-tête du FBI s'est prolongé pendant des mois. Mais en 1990, il a bien fallu en finir puisque le suspect ne flanchait pas et que ces filatures se révélaient inutiles : Bloch a été contraint de démissionner de son poste au Département d'Etat au prétexte qu'il représentait un risque pour la sécurité nationale. Mais il n'a pas été poursuivi.Que cachait donc cette étrange affaire ? Monsieur X en dévoile dessous et péripéties... Et l'on rencontrera à l'occasion une autre taupe de première importance qui n'a été convaincue de trahison qu'à l'aube du troisième millénaire...Sat, 15 Jun 2013 13:15:00Les Chagos ou les oubliés de la guerre froideCe sont des oubliés de la Guerre froide... Des oubliés et des victimes. Un petit peuple purement et simplement expulsé de son habitat traditionnel pour faire place à une gigantesque base militaire. Et comme si cela ne suffisait pas, ces malheureux qui ont dû quitter leurs îles en toute hâte, sans même avoir le temps de rassembler leurs maigres biens, ont ensuite été relogés très loin dans des considérations misérables, sans réelles indemnités. Et avec interdiction de revenir chez eux !Ces gens, ce sont les Chagossiens ou les Îlois, comme on les appelle aussi... Des habitants d'un archipel de l'Océan Indien, situé au nord de l'île Maurice, qui a le malheur d'occuper une position stratégique dans cette région du monde. Hier, comme aujourd'hui. Ce que va démontrer Monsieur X en relatant cette injustice... En attendant, j'emprunte ces quelques lignes à Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de Littérature, qui écrivait ceci dans un récent plaidoyer pour les Chagossiens publié dans Libération :'Qu'importe une poignée d'Îlois, petits agriculteurs, pêcheurs à la ligne dans leur lagon, quand les intérêts stratégiques et militaires sont en jeu, et que ces îles lointaines, perdues au milieu de l'Océan indien, peuvent être transformées à vil prix en une des bases les plus opérationnelles du monde, comme elle le fut pour les bombardiers de la guerre du Golfe ?'Tue, 25 Jun 2013 13:15:00Arctic Sea, le cargo fantômeC'est l'histoire vraie d'un vaisseau-fantôme. Une histoire abracadabrantesque, pour reprendre un célèbre adjectif présidentiel !Au cours de l'été 2009, l'Arctic Sea, un cargo battant pavillon maltais mais appartenant à un armateur russe, aurait subi deux attaques de pirates après son départ de Finlande, avant de disparaître des écrans radar au large du golfe de Gascogne. Aussitôt, les forces de l'OTAN sont placées en état d'alerte. Puis, une véritable armada de bâtiments de la marine russe s'étant mise à ses trousses, l'Arctic Sea est retrouvé et intercepté près des îles du Cap-Vert. Quelques membres de son équipage et les pirates ont alors été transférés en grand secret à Moscou où ils ont été jugés puis libérés après avoir juré de garder le silence sur leur aventure !Il faudrait aussi ajouter que tout de suite après l'intervention de la marine russe, le président israélien, Shimon Peres, a éprouvé le besoin de se rendre de toute urgence en Russie pour s'entretenir avec son homologue, Dimitri Medvedev...Alors, bien sûr, on s'est interrogé sur la nature de la cargaison de ce navire. Que contenaient donc les soutes de l'Arctic Sea pour déclencher une telle mobilisation ? Officiellement, le cargo ne transportait que des grumes. Mais officieusement, on a parlé d'armes, de missiles dernier cri destinés à l'Iran... Et qui étaient les mystérieux pirates ? De banals gangsters ? Ou bien plutôt des membres du service action d'un service secret ?Sat, 31 Aug 2013 13:15:00Gus Weiss, le diabolique stratègeC'était un personnage mystérieux et même un peu bizarre. À tel point que certains ont cru voir en lui, sans doute à tort, le modèle du savant fou de Stanley Kubrick dans le film 'Dr Folamour'... Il n'est jusqu'à sa mort en 2003 pour intriguer : on l'a retrouvé mort au pied de l'immeuble du Watergate où il résidait. Cet homme seul, sans famille connue, s'est-il jeté dans le vide ? Ou bien l'a-t-on poussé ? Et d'aucuns de remarquer que le Dr Weiss, qui avait été autrefois un conseiller influent du président Reagan, avait néanmoins récemment pris position contre la guerre que George Bush junior s'apprêtait à lancer en Irak. En usant d'arguments mensongers sur les fameuses Armes de destruction massive qu'aurait possédées Saddam Hussein...Gus Weiss n'était pourtant pas une colombe mais un authentique faucon. Au temps de la Guerre froide, le camp soviétique n'a jamais connu d'adversaire plus opiniâtre et plus ingénieux. Un homme qui lui a infligé des dommages considérables... Nous allons voir ça dans un instant avec Monsieur X... Un mot auparavant : si le Dr Weiss est devenu cet ennemi implacable de l'URSS, il le doit au succès de l'une des plus importantes affaires d'espionnage du siècle dernier. Une affaire qui est à mettre au compte des policiers français du contre-espionnage. Le mythique dossier Farewell !Sat, 07 Sep 2013 13:15:00Intervention en Libye : précipitation et approximations (1/2)Difficile d'oublier ces images... Visage meurtri et ensanglanté, corps pantelant, regard perdu... Cet homme que l'on manie comme une poupée de chiffon, est-il encore vivant ? Autour, on crie, on insulte, on vocifère... Ce quasi-cadavre qu'on va jeter sur le capot d'un pick-up comme un vulgaire colis, c'est, ou plutôt c'était, le redoutable Mouammar Kadhafi. Le dictateur qui régnait sans partage depuis 1969 sur la Libye, l'officier fantasque qui aimait parader et arborer les tenues les plus excentriques, le dirigeant qui inspirait la plus grande peur à ses concitoyens... Quelques minutes plus tôt, on l'a fait sortir d'une canalisation, un égout, son ultime et dégradant refuge.Que s'est-il passé avant sa capture ce 20 octobre 2011 ? Aujourd'hui encore, presque deux ans après, on ne sait pas vraiment... Et il ne faut pas attendre des nouveaux maîtres d'un pays qui sombre dans le chaos et la division une quelconque révélation sur ce qui apparaît à l'évidence comme une exécution... Mais n'était-ce pas le véritable objectif poursuivi par les révolutionnaires libyens et surtout par les dirigeants occidentaux qui bombardaient sans relâche la Libye depuis plusieurs mois et faisaient donc fi de la mission que leur avait confiée l'ONU, c'est-à-dire uniquement la protection des civils ?...Sat, 14 Sep 2013 13:15:00Intervention en Libye : précipitation et approximations (2/2)Mensonges et précipitation : c'est, selon Monsieur X, ce qui a caractérisé l'intervention franco-britannique en Libye en mars 2011... Une intervention militaire qui, au lieu de prendre quelques semaines, a en fait duré huit mois. Et qui, surtout, est allée bien au-delà du mandat que l'ONU avait confié à Paris et Londres, c'est-à-dire la protection des civils... Car il semble bien que l'objectif réel poursuivi par les deux dirigeants occidentaux, sous couvert de l'OTAN, était l'élimination physique de Mouammar Kadhafi. Mais d'autres mensonges ont accompagné cette opération. Nous allons les examiner dans un instant. Précipitation aussi dans la reconnaissance d'une direction de la rébellion, le CNT, Comité National de Transition, dont les deux principaux personnages ont été presque jusqu'au bout des fidèles de Kadhafi...Et Monsieur X soulignait qu'en l'occurrence, Bernard-Henri Lévy avait joué un rôle important en introduisant en particulier ces hommes à l'élysée... BHL, encore lui, qui, en dénonçant le risque d'un massacre de civils à Benghazi, a donné en quelque sorte le feu vert des bombardements sur la Libye... Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite... Car il nous faudra également aborder l'épineuse question des relations de la France et de ses dirigeants avec le pouvoir libyen et son fantasque Guide... Et surtout des graves conséquences entraînées par la chute du régime libyen.Sat, 21 Sep 2013 13:15:00Ashraf Marwan agent double de la Guerre du Kippour (1/2)Et si les Israéliens avaient utilisé l'arme atomique ?... Ce n'est pas une plaisanterie ! Il y a quarante ans, l'armée israélienne est mise en difficulté dans le Sinaï par l'offensive-surprise des Egyptiens qui ont traversé le canal de Suez... Pour la première fois, une armée arabe bouscule l'invincible Tsahal ! Le gouvernement de Golda Meir panique. D'autant qu'au nord, dans le Golan, les Syriens aussi, ont attaqué. Des généraux israéliens, dont le célèbre Moshe Dayan, pensent alors que la Guerre du Kippour, comme on l'a appelée, risque de mettre en péril l'existence même de l'état hébreu... D'où cette idée terrifiante : pourquoi ne pas utiliser l'arme nucléaire pour en terminer avec cette menace existentielle ?Heureusement pour la paix du monde, la situation militaire se retourne et, surtout, le grand allié états-unien a mis son veto à cette désastreuse initiative qui est l'un des secrets de cette Guerre du Kippour... Mais, selon Monsieur X, il y en a bien d'autres. Le moins important n'étant pas le rôle joué par un personnage qui est resté longtemps mystérieux, l'Ange, appelé aussi le Gendre, une taupe israélienne infiltrée au coeur même du pouvoir égyptien. Mais cet espion, dont on connaît aujourd'hui l'identité, Ashraf Marwan, n'était-il pas un agent double ? Et en informant les Israéliens des plans d'attaque établis au Caire ne les a-t-il pas en réalité intoxiqués ?...Sat, 28 Sep 2013 13:15:00Ashraf Marwan agent double de la Guerre du Kippour (2/2)Pour les Israéliens, c'était une chance inouïe, une occasion comme il s'en présente rarement : le propre gendre de Nasser se proposait de devenir leur espion ! Une taupe nichée au coeur même du pouvoir égyptien ! Et dès son recrutement en 1969, ce très cher espion - 100 000 dollars à chaque rendez-vous - Ashraf Marwan transmet au Mossad des informations de première main, par exemple le compte-rendu d'une rencontre entre le Raïs égyptien et les dirigeants soviétiques, rencontre au cours de laquelle il est question d'importantes fournitures d'armes...Bien entendu, les chefs du Mossad, qui n'étaient pas réputés pour leur amateurisme, ont pris des précautions afin de s'assurer qu'ils n'avaient affaire ni à un provocateur ni à un agent double... Rassurés par leurs vérifications, ils accordent donc leur confiance à cet élégant jeune homme qui a séduit la fille préférée de Nasser. Mona. D'autant qu'après la mort de son beau-père en 1970 et l'accession au pouvoir d'Anouar El Sadate, Marwan prend du galon et devient le conseiller du nouveau président.Cependant, Monsieur X a des doutes : certes, la taupe livre de précieux renseignements à ses employeurs israéliens. Mais quand, à plusieurs reprises, il affirme que l'armée égyptienne est trop faible pour reprendre l'offensive après la raclée qu'elle a subie lors de la Guerre des Six-Jours, ne cherche-t-il pas à intoxiquer les chefs de Tsahal ? La suite avec Monsieur X, alors que, bientôt, va éclater la Guerre du Kippour où l'on assistera, pour la première fois, au vacillement de l'armée israélienne et où un vent de panique soufflera sur le gouvernement israélien... à tel point que le Premier ministre, Golda Meir, a même pensé utiliser l'arme nucléaire pour repousser les égyptiens qui progressaient dans le Sinaï !Sat, 05 Oct 2013 13:15:00La Guinée Bissau, plaque tournante du trafic de drogue vers l'EuropeLa principale richesse de ce micro-état était la noix de cajou ! Rien de plus paisible que cette culture... Et rien de plus idyllique que les paysages de la Guinée-Bissau et leurs 90 îles quasi-vierges disséminées au large de la côte ouest-africaine, un archipel reconnue par l'Unesco comme une réserve mondiale de la biosphère. Un vrai paradis qui est pourtant en passe d'être un enfer... Car la minuscule Guinée-Bissau - un million d'habitants - est devenue au fil du temps un narco-état. Une zone grise où les trafiquants font leurs affaires en toute impunité, une escale africaine sur la route internationale de la drogue et où les autorités, quand elles existent encore, sont impuissantes sinon complices. Et, une fois n'est pas coutume, je commencerai par une citation d'un journaliste voisin, le sénégalais Alex Ndaye :'À Bissau, l'assassinat est la continuation de la politique par d'autres moyens, pourrait-on dire pour paraphraser le théoricien de la guerre allemand Carl von Clausewitz Dans ce mauvais western tropical, les obstacles se surmontent les armes à la main et les problèmes sont écartés à coup de kalachnikov. Un Président, deux ministres, trois chefs d'état-major, une poignée d'officiers supérieurs et quelques députés ont été tués entre 2000 et 2012. En douze ans, le système politico-militaire mis en place à l'indépendance par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert s'est transformé en une sorte de Cronos dévorant ses enfants. La classe politique instrumentalise l'armée qui à son tour se joue des responsables politiques. En résulte une instabilité croissante. Le complot, vrai ou faux, est devenu le baromètre des tensions entre les principaux acteurs d'un jeu sanglant qui a eu pour conséquence d'enterrer définitivement la démocratie.'Tout est dit. Sauf que cette violence ininterrompue est essentiellement alimentée par la corruption, le trafic de drogue et les énormes bénéfices qu'il procure ! Dans un instant le récit de Monsieur X...Sat, 12 Oct 2013 13:15:00La guerre du fer en Guinée-ConakryEn Guinée-Conakry, la bataille est engagée... Une bataille de Titans ou plutôt de milliardaires ! Avec pour enjeu un véritable trésor : un gigantesque gisement de minerai de fer situé dans la chaîne de montagnes de Simandou sur une superficie de près de 1500 kilomètres carrés. Le plus grand gisement de fer inexploité au monde qui pourrait rapporter quelques 140 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années.Les milliardaires en question sont deux : un diamantaire franco-israélien, Beny Steinmetz, l'homme le plus riche d'Israël et, face à lui, le célèbre George Soros, financier et philanthrope, qui a soutenu et même inspiré quelques-unes des révolutions démocratiques des dernières années, en Serbie, en Géorgie, en Ukraine ou même au Kirghizistan. Bien sûr, je simplifie à l'extrême. Nous allons voir cela plus précisément avec Monsieur X... Auparavant, il faut observer que derrière ce conflit se joue le sort de la Guinée, l'un des pays africains les plus pauvres du continent mais qui, si ces extraordinaires richesses minières étaient honnêtement exploitées, pourrait devenir l'un des plus prospères. Alors il ne faut pas s'étonner que ce pays au passé si mouvementé bruisse aujourd'hui de rumeurs de putsch. Et que l'on évoque même la mobilisation d'équipes de mercenaires étrangers qui pourraient débarquer le président démocratiquement élu, Alpha Condé. Intoxication ou réalité ? Monsieur X essaie d'y voir plus clair...Sat, 19 Oct 2013 13:15:00Le repentir du Royaume-Uni 60 ans après la répression des Mau-Mau au KenyaC'est à peine si on osait prononcer le mot : Mau-Mau ! Un mot qui faisait peur aux Blancs des années 1950-60 et véhiculait toutes sortes de fantasmes dans la colonie britannique du Kenya... Le Mau-Mau qui aurait été, je l'ai lu sous la plume d'un bon auteur, le produit de la sauvagerie ancestrale de l'Afrique ! Mais ne fallait-il pas diaboliser le Mau-Mau pour mieux le haïr, mieux le tuer ?Si Monsieur X a décidé aujourd'hui de parler des combattants nationalistes Mau-Mau, c'est que, cinquante ans après la décolonisation du Kenya, le Royaume Uni vient tout juste de reconnaître la brutalité de la répression contre les rebelles kényans et que les autorités britanniques ont même décidé d'indemniser les victimes d'une politique coloniale qui a conduit plusieurs dizaines de milliers de Noirs dans des camps de concentration où ils ont été maltraités et souvent torturés...Cette repentance tardive, et rien moins que spontanée, résulte de la déclassification d'archives trop longtemps dissimulées. Des documents accablants sur les pratiques colonialistes des gouvernements britanniques de l'époque. Notons au passage que parmi les victimes de cette impitoyable répression figure un certain Hussein Onyango Obama, le grand-père du président états-unien !Sat, 26 Oct 2013 13:15:00Armes chimiques : déjà Saddam HusseinCe sont des armes terrifiantes, invisibles et le plus souvent inodores... Les armes chimiques ! Des ADM, c'est-à-dire des Armes de destruction massive. Et leur utilisation récente, quasi-avérée, par l'armée de Bachar al Assad a scandalisé. Car la guerre doit tuer proprement ! Ainsi en ont décidé la plupart des pays du monde en ratifiant le protocole de Genève en 1925, après la grande saignée de la Première Guerre mondiale... Malgré cet épisode vertueux, les armes chimiques, qu'on appelle aussi les bombes atomiques du pauvre, ont été utilisées ensuite à plusieurs reprises sans susciter de grandes indignations internationales. En Ethiopie, au Viêt-Nam, au Yémen... Mais c'est le cas de l'Irak qui est le plus troublant. Car si Saddam Hussein en a souvent usé sur les champs de bataille et même contre sa population, c'est avec la complicité des grandes puissances qui ont la plupart du temps fermé les yeux quand elles n'ont pas aidé le dictateur irakien à en fabriquer... Mais Saddam Hussein, jusqu'à l'invasion du Koweït, était alors un allié et un rempart contre l'ogre iranien qui voulait propager l'islamisme chiite au Proche et au Moyen Orient.L'indignation a donc été à géométrie variable ! Monsieur X ouvre ce dossier où l'hypocrisie le dispute à l'esprit de lucre !Sat, 02 Nov 2013 13:15:00Les Rohingyas de BirmanieCe sont les Roms de l'Asie ! Les Rohingyas ! Des victimes perpétuelles... Considérés dans le pays où ils vivent, la Birmanie, comme des sous-hommes dont on ne prononce pas même le nom... à tel point que depuis 1982, ces parias n'ont même plus de nationalité ! Ce sont donc aujourd'hui des étrangers dans leur propre pays. Expulsables, corvéables à merci. Et bien sûr, des proies toutes désignées pour les Birmans les plus extrémistes ou racistes qui peuvent les maltraiter et même les tuer dans une quasi-impunité... Et quelquefois avec le concours de l'armée.Cette situation est d'autant plus scandaleuse qu'on l'observe dans un pays dont on pouvait penser qu'après avoir connu une longue dictature militaire, il évoluait vers un rétablissement progressif de la démocratie. Rappelons que la Birmanie, aujourd'hui rebaptisée Myanmar, est la patrie d'Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et figure de la résistance à la junte militaire qui dirigeait le pays d'une main de fer. Or, il faut malheureusement constater que la 'Dame', comme on l'appelle là-bas, n'a guère semblé s'émouvoir du sort qui est fait aux Rohingyas... Nous allons voir pourquoi avec Monsieur X.Autre question troublante : les Rohingyas, de confession musulmane, sont victimes d'exactions exercées par des mouvements bouddhistes... C'est-à-dire par des fidèles d'une religion associée à la non-violence !En attendant le récit de Monsieur X, une citation qui montre à quel point les Rohingyas sont l'objet d'un véritable rejet. Voici par exemple ce que déclare le consul général de Birmanie à Hong Kong : 'Les Rohingyas ne sont ni un peuple du Myanmar ni un groupe ethnique du Myanmar. Vous verrez sur les photos que leur teint est 'brun foncé'. Ils sont aussi laids que les ogres.. Le teint du peuple birman est juste et doux - prenez mon teint : typique, celui d'un vrai gentilhomme du Myanmar...'Sat, 09 Nov 2013 13:15:00La Gauche Prolétarienne infiltrée ?Pourquoi la France des années 70 n'a-t-elle pas connu une flambée terroriste, comme ont pu la connaître ses voisins allemand, italien et même belge ?C'est une question qui a été souvent débattue et dont nous avons parlé ici-même avec Monsieur X. L'explication la plus commune, au moins par comparaison avec l'Allemagne et l'Italie, étant que ces deux pays avaient été profondément marqués par leur long passé totalitaire, la France, elle, n'ayant subi que quatre ans d'un régime autoritaire et fascisant... Ainsi la vague terroriste s'expliquerait par la révolte des fils contre la compromission des pères... Peut-être, mais pour poursuivre la comparaison, la France n'a pas échappé à la grande fièvre éruptive qui a saisi la jeunesse de presque tous les pays à la fin de la décennie 60... Alors, oui, pourquoi les jeunes gens en colère de ces années-là, poursuivant leur révolte, n'ont pas fait couler le sang comme les militants de la Fraction armée rouge allemande et des Brigades rouges italiennes ?...Il existe une autre explication : ce sont l'infiltration et la surveillance des mouvements extrémistes qui auraient permis de juguler la violence et de limiter la contagion gauchiste. Pour ses contempteurs, ce ne serait qu'une lecture policière de l'Histoire. Il n'empêche. Ces tentatives d'infiltration ont bien eu lieu et elles ont parfois été couronnées de succès... Ce que raconte aujourd'hui Monsieur X...Mon, 18 Nov 2013 13:15:0010 mai 1941, l'étrange voyage de Rudolf Hess'Si j'échoue, vous pourrez toujours déclarer que je suis fou !' Telle aurait été en substance le contenu d'une lettre que Rudolf Hess, numéro 3 du régime nazi, aurait fait parvenir à Adolf Hitler, en mai 1941, alors même que son avion décollait en direction de l'Ecosse pour effectuer le voyage le plus étrange, le plus rocambolesque de toute la Seconde Guerre mondiale ! Le voyage d'un fou, donc ! Ou plutôt le voyage d'un homme qui s'est appliqué ensuite, tout au long de sa longue captivité, à ressembler au fou qu'il aurait prétendu être. Il y a donc un mystère Rudolf Hess ! Ou plutôt plusieurs mystères. Car il n'est jusqu'à sa mort qui semble curieuse... En 1987, l'ancien dignitaire nazi, alors nonagénaire, a-t-il été assassiné dans sa cellule de la prison de Spandau dont il était le seul résident ? Il s'est trouvé des historiens, apparemment sérieux, pour l'affirmer... Plus de 40 ans après la fin de la guerre, Hess aurait été supprimé par des agents britanniques... Parce qu'il fallait le faire taire ! Parce qu'il était en possession de secrets encore embarrassants pour Londres... Monsieur X ne croit guère à cette hypothèse... Ne serait-ce parce que si on avait voulu condamner Hess au silence, on aurait agi plus tôt. Et le plus vraisemblable, c'est donc que le nazi s'est suicidé. Toutefois, il ne doute pas du fait que l'affaire Hess n'a certainement pas livré tous ses secrets...Sat, 23 Nov 2013 13:15:00Rudolf Hess : la mystification de Churchill (2/2)'Mais qu'est-ce qui lui a pris ?' Telle a été la réaction générale, tant en Grande Bretagne qu'en Allemagne, lorsqu'on a eu connaissance en mai 1941 de l'extravagant voyage de Rudolf Hess qui, en pleine guerre, a pris la folle décision de se rendre en Ecosse. Et en prenant des risques considérables, car le numéro 3 du régime nazi, aux commandes de son Messerschmitt, a effectué un vol de 1300 kilomètres et défié la défense anti-aérienne écossaise, avant de se rendre compte que le terrain où il avait choisi d'atterrir n'était pas éclairé. Il a donc décidé de sauter en parachute près du château de Lord Hamilton, auquel il avait prévu de remettre une proposition écrite de paix séparée entre le IIIème Reich et le Royaume Uni. Une mission qui méritait donc, selon lui, de braver tous les dangers.Mais s'agissait-il d'une initiative personnelle ? à l'évidence, non, nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X... Rudolf Hess, qu'on présentait souvent comme le dauphin d'Hitler, était parti ave l'assentiment de ce dernier. Il avait même pris la précaution de dégager la responsabilité de son Führer... Si j'échoue, avait-il écrit à Hitler, avant de partir, vous pourrez toujours dire que je suis fou !En réalité, ce voyage faisait partie d'un plan élaboré au plus haut niveau du IIIème Reich où l'on croyait à l'existence en Grande Bretagne d'un clan pacifiste et germanophile prêt à débarquer le belliciste Churchill et décidé à conclure la paix. Laissant ainsi les mains libres à Hitler qui avait déjà décidé d'attaquer l'URSS...Cependant, nous a dit Monsieur X, Churchill n'ignorait rien de ce plan ! Car, en vérité, c'était lui qui tirait les ficelles ! Une formidable mystification !Sat, 30 Nov 2013 13:15:00Wouter Basson : le Mengele sud-africainOn l'a appelé 'Le docteur La mort'. Un vrai meurtrier et hélas, un vrai médecin ! Un émule à la sud-africaine du trop sinistre Dr Mengele, le médecin nazi du camp d'extermination d'Auschwitz qui a procédé à de nombreuses expériences sur des détenus.Wouter Basson, tel est son nom, médecin militaire avec le grade de général, s'est expliqué peu ou prou lors de son interminable procès : cet ardent partisan de l'apartheid a en effet déclaré cyniquement : "Je voulais trouver des solutions médicales aux problèmes politiques !" Nous allons y revenir avec Monsieur X qui a décortiqué cet incroyable dossier. Incroyable, étant donné les charges qui pèsent sur Basson... Incroyable aussi car, contre toute attente et malgré ses nombreux crimes, ce médecin a été acquitté, réintégré dans l'armée sud-africaine, et exerce toujours son métier dans son pays. Exactement comme si la somme de secrets dont il est porteur avait effrayé ses juges ou, au contraire, suscité la convoitise de certains.Un dernier mot avant d'écouter Monsieur X, les coupables activités de Wouter Basson étaient non seulement connues de plusieurs services de renseignement occidentaux mais elles ont bénéficié de nombreuses aides, tant en Occident qu'au Proche-Orient.Sat, 07 Dec 2013 13:15:00La Centrafrique dans le chaosPour la 7ème fois depuis l'indépendance de ce pays en 1960, la France est donc intervenue militairement en Centrafrique. Nom de code de l'opération : 'Sangaris'. Mais jamais sans doute, les soldats français ne vont faire face à une situation plus dangereuse et plus désespérante... Le pays, qui n'est quasiment plus gouverné, est depuis des mois livré à des bandes de pillards qui terrorisent, volent et tuent. Plus de 400 morts le week-end dernier à Bangui. En brousse, ces mêmes pillards obligent les villageois à trouver refuge dans les forêts... Là, ils doivent affronter de nouveaux dangers : la faim, la soif, le paludisme... Les jeunes enfants y résistent rarement.Il faut ajouter à cet épouvantable tableau les convoitises des pays voisins qui ne sont pas étrangers à la grave crise que traverse la Centrafrique. Et ne pas oublier non plus les appétits de quelques grands groupes et autres affairistes pour des richesses naturelles encore largement inexploitées mais qui pourraient rapporter gros si elles le devenaient.Enfin, on y assiste depuis quelques mois à l'émergence d'un phénomène nouveau et inquiétant : les affrontements qui déchirent le pays ont pris pour la première fois une coloration religieuse. Musulmans contre Chrétiens ! Des rivalités qui ont peut-être été sciemment exacerbées par les factions qui luttent pour le pouvoir...Dans ces conditions que pourra faire le contingent militaire français ? Bref, la Centrafrique est-elle encore un pays viable ? Monsieur X répond et revient sur les causes de cette catastrophe humanitaire...Sat, 14 Dec 2013 13:15:00Les manipulations de Bachar El AssadLa rumeur a fait sensation : des jeunes filles musulmanes seraient envoyées en Syrie pour offrir leurs services sexuels aux combattants islamistes qui luttent contre l'armée de Bachar al-Assad ! C'est ce que l'on a immédiatement appelé 'le djihad du sexe' ! Et certains exégètes de la loi musulmane, la charia, de légitimer cette nouvelle forme de prostitution au nom de la religion ! Les mariages temporaires ou coutumiers seraient autorisés par le Coran.Puis la rumeur est devenue information. Les medias arabes puis occidentaux ont donné des détails, des chiffres. Un membre du gouvernement tunisien a apporté sa pierre puisque ces jeunes candidates au djihad sexuel étaient généralement originaires de son pays : il a confirmé que 16 Tunisiennes étaient réellement parties rejoindre les djihadistes en Syrie. Et il s'interroge sérieusement : que fera-t-on des enfants illégitimes qui naîtront obligatoirement de ces unions multiples mais passagères ?On verra même à la télévision syrienne une jeune femme témoigner afin de dénoncer cette prostitution halal à laquelle elle a été soumise...Et soudain, avec la même rapidité qui avait permis son éclosion, la rumeur s'est dégonflée... Ce n'était que propagande et désinformation. Sans doute, mais qui avait intérêt à répandre une telle rumeur ? Et pourquoi ? La suite avec Monsieur X...Sat, 21 Dec 2013 13:15:00Congo-Brazzaville : le massacre du BeachCombien de disparus ? Des dizaines, des centaines... On ne sait pas. Ou plutôt on ne veut pas savoir... Je veux parler de ce que l'on a appelé 'le massacre du Beach' ! Le Beach étant le port fluvial de Brazzaville, tout près du palais présidentiel de Denis Sassou Nguesso... Si près même que certains témoins, depuis les fenêtres de leur bureau de la résidence présidentielle, ont pu sentir la fumée des bûchers sur lesquels on brûlait des corps...Alors que s'est-il passé ? Ce massacre, perpétré par des soudards proches du pouvoir, est l'ultime conséquence de la terrible guerre civile qui a ensanglanté la capitale de la République du Congo, plus communément nommée Congo-Brazzaville, pendant une année entière à partir de décembre 1998... Un conflit ethnique d'une violence inouïe avec son cortège de viols et d'assassinats systématiques... à tel point qu'on a parlé de massacres de type génocidaire. Au total, des dizaines de milliers de morts, 500.000 personnes déplacées, 800.000 sans abri et une forte odeur de pétrole...Mais si Monsieur X évoque aujourd'hui cette affaire du Beach, c'est que la France y a été impliquée. La France de la Françafrique, si j'ose dire... Si prompte à protéger les dictateurs africains dès lors que ses intérêts, ou plutôt les intérêts de ses grands groupes, sont menacés...Il faut enfin ajouter avant d'écouter Monsieur X que l'homme fort du Congo-Brazzaville, le vainqueur de cette épouvantable guerre civile, Denis Sassou Nguesso, est aussi l'un des trois chefs d'état africains impliqués dans l'affaire dite des biens mal acquis.Sat, 28 Dec 2013 13:15:00L'affaire de l'uranium nigérienEscroc au renseignement ! C'est une expression que Monsieur X a utilisée l'an dernier lorsqu'il nous a raconté l'histoire stupéfiante de Curveball, le nom de code d'un chimiste irakien qui a abusé les services secrets anglo-saxons avant la deuxième Guerre du Golfe. Curveball, et c'est une sorte de coup de génie dans la mystification, a en effet inventé l'existence des laboratoires mobiles dont aurait disposé Saddam Hussein... Ainsi on comprenait pourquoi les inspecteurs de l'ONU ne trouvaient nulle trace des ADM, les Armes de Destruction massive, dans les installations chimiques irakiennes... Il me faut quand même ajouter que les dirigeants américains et britanniques se sont laissés abuser avec une certaine complaisance, tant George Bush Jr et Tony Blair avaient envie qu'on leur fournisse des arguments, même douteux, pour justifier leur attaque contre Saddam Hussein...Mais selon Monsieur X, et c'est le sujet de notre entretien de cette semaine, il y avait un deuxième escroc au renseignement... Un homme qui a aussi joué sa partition dans la manipulation qui a précédé l'invasion de l'Irak par les troupes de la coalition. Et c'est d'autant plus intéressant pour nous que ce personnage a aussi tenté d'y impliquer nos services secrets. Mais quand le pot aux roses sera découvert, plusieurs mois après la chute de Saddam Hussein, l'affaire fera scandale ! Et d'abord en Italie, la patrie de ce deuxième escroc au renseignement... Puis aux états-Unis où même la Maison Blanche a été ébranlée...Sat, 04 Jan 2014 13:15:00Beyrouth, 23 octobre 1983, la tragédie du DrakkarL'image a choqué tous ceux qui ne pouvaient oublier : les survivants ou les parents des morts du Drakkar, cet immeuble de Beyrouth où les paras français de la force internationale étaient basés... Oui, l'image du chef d'état syrien présent dans la tribune présidentielle lors du défilé du 14 juillet 2008 a choqué... Car nombreux étaient ceux qui attribuaient la responsabilité de l'attentat du Drakkar à la Syrie... Un attentat qui, rappelons-le, a coûté la vie à 58 de nos soldats en octobre 1983. Pour l'armée française, il s'agissait du bilan meurtrier le plus lourd en une seule journée depuis la fin de la guerre d'Indochine...Face aux critiques, des critiques d'autant plus virulentes qu'un détachement de Casques bleus défilant ce 14 juillet avait été baptisé du nom du lieutenant qui commandait les paras du Drakkar, les autorités françaises ont répliqué que la Syrie n'était en rien impliquée : c'était l'Iran et le Hezbollah qui avaient perpétré cet attentat. On verra ce qu'il en est avec Monsieur X... Mais, surtout, bien sûr, trente ans après, en invitant Bachar el-Assad, il était temps de faire table rase du passé... Et pensant clore la polémique, le ministre de la Défense a même cru bon d'ajouter : avec ce genre de raisonnement, les Allemands seraient toujours nos ennemis ! Ce qui, au vu de ce qu'il se passe aujourd'hui en Syrie, paraît pour le moins insolite.Sat, 11 Jan 2014 13:15:001971, la naissance sanglante du BangladeshQuarante ans après, les plaies ne sont toujours pas cicatrisées et les fantômes de l'indépendance hantent toujours le pays... Je veux parler du Bangladesh, un petit pays surpeuplé qui ne fait la une des journaux que lorsqu'il est atteint par une nouvelle catastrophe... Typhon, inondation ou encore, comme il y a peu, ce gigantesque accident dans une usine textile où on périt des centaines d'ouvriers...Le Bangladesh, donc... Un pays qui est devenu indépendant en 1971 dans le sang et le tumulte. Et qui aujourd'hui encore vit avec le souvenir de cette naissance dans la douleur qui a causé la mort de centaines de milliers de personnes. Et peut-être même entre deux et trois millions de bangladais... Car, on l'a vu encore très récemment, les élections qui viennent d'y avoir lieu, et qui ont causé la mort de 18 personnes, ont été rythmées par la mémoire de ces événements sur lesquels Monsieur X a décidé de revenir. Car ils mettent aussi en évidence le cynisme des grandes puissances qui ont parfois armé le bras des assassins...Voici un extrait du télégramme rédigé par Archer Blood, consul général des Etats-Unis à Dacca, signé par 21 fonctionnaires du Consulat, et envoyé le 6 avril 1971 au Secrétaire d'Etat à Washington, Henry Kissinger :'Avec la conviction que la politique américaine relative aux récents développements au Pakistan oriental ne servent ni nos intérêts moraux dans leur définition la plus large, ni nos intérêts nationaux dans leur définition la plus étroite, de nombreux officiers du Consulat général de Dacca, le personnel USAID et USIS de Dacca, considèrent qu'il est de leur devoir d'exprimer leur fort désaccord avec les aspects fondamentaux de cette politique.Notre gouvernement a échoué à dénoncer la suppression de la démocratie, notre gouvernement a échoué à dénoncer les atrocités. Notre gouvernement a échoué a prendre des mesures énergiques pour protéger ses citoyens alors qu'au même moment il s'évertue, à contre-courant, à apaiser le gouvernement central dominé par le Pakistan occidental et à atténuer l'impact négatif probable et mérité au niveau international sur ce dernier. Notre gouvernement a mis en évidence le comportement du Pakistan Occidental, que beaucoup considéreront comme une faillite morale, au moment même où ironiquement l'URSS envoyait un message à Yahaya Khan défendant la démocratie, condamnant l'arrestation des leaders démocratiquement élus du parti majoritaire (la ligue Awami qui se trouve être pro-occidental), et appelant à mettre un terme aux mesures répressives et au bain de sang.Dans notre dernier rapport sur la politique s'adressant au Pakistan, nos intérêts dans ce pays étaient définis comme essentiellement humanitaires, plutôt que stratégiques, mais nous avons choisi de ne pas intervenir, ne serait-ce que moralement, au motif que le conflit Awami, à propos duquel, malheureusement, le terme galvaudé de génocide s'applique, est une affaire purement interne relevant de la souveraineté d'Etat. Des citoyens Américains ont exprimé leur dégoût. Nous-mêmes, en tant que personnel de la fonction publique, nous exprimons notre désaccord avec la politique actuelle et espérons ardemment que nos intérêts véritables et à long terme ici puissent être définis et nos politiques réorientées afin de sauver la position de notre nation en tant que leader moral du monde libre'Fin avril 1971, Archer Blood est rappelé d'urgence aux Etats-Unis...Sat, 18 Jan 2014 13:15:00Alan TuringIl a peut-être été indirectement à l'origine de la création du réseau 'échelon', cette gigantesque toile d'araignée électronique qui sert aux Américains de la NSA à espionner le monde entier... Lui, c'est Alan Turing, un génie des mathématiques qui a aussi permis aux Alliés de la Seconde Guerre mondiale de triompher plus rapidement des nazis. Enfin, ce précurseur est à l'origine de l'invention de l'ordinateur.Mais, Turing, être original et anticonformiste, n'a vraiment jamais été célébré de son vivant comme il l'aurait mérité et, tel Oscar Wilde, il a été persécuté à cause de son homosexualité et il a fini par se donner la mort...Pourtant, même si les fondateurs de l'entreprise ne l'ont jamais réellement admis, c'est la firme Apple qui lui a accordé une reconnaissance internationale en adoptant son fameux logo de la pomme. Nous verrons pourquoi avec Monsieur X qui a donc décidé aujourd'hui de rendre hommage à Alan Turing qui a été l'un des esprits les plus féconds du XXème siècle...Sat, 25 Jan 2014 13:15:00La guerre de Corée (1/2)C'est une guerre oubliée. Il s'agit pourtant du conflit le plus meurtrier de la guerre froide. Qui n'a eu de froide que cette épithète ! Car cette guerre a provoqué la mort de 2 à 3 millions de personnes, tant militaires que civiles. Un conflit qui a failli aussi précipiter le monde dans une catastrophe encore plus grande, un cataclysme nucléaire, tout simplement...Car cette guerre de Corée a mis aux prises les trois plus grandes puissances de l'après-Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire les Etats-Unis, l'URSS et la Chine...J'ajoute qu'au cours de ce conflit on a assisté à de nombreux crimes de guerre : bombardements massifs au napalm, massacres de civils, traitement inhumain des prisonniers et même, peut-être, utilisation d'une arme terrifiante, l'arme bactériologique...Enfin, si cette guerre semble oubliée, surtout aux Etats-Unis, elle demeure d'une actualité brûlante puisque la péninsule coréenne est toujours coupée en deux et que régulièrement on y entend des bruits de bottes...Monsieur X exhume donc ce conflit qui a dévasté le 'pays du matin calme et frais' et l'a laissé durablement traumatisé.Sat, 01 Feb 2014 13:15:00La guerre de Corée (2/2) : La guerre bactériologique américaine contre la Corée : info ou intox ?Une guerre oubliée, peut-être. Mais une guerre de tous les dangers ! Cette guerre de Corée dont nous a parlé Monsieur X la semaine dernière - un conflit qui, je le rappelle, a provoqué la mort de 2 à 3 millions de personnes - a en effet cumulé toutes les menaces imaginables... Non seulement les Américains y ont expérimenté des campagnes de bombardements massifs au napalm mais ils ont sans doute été à deux doigts d'utiliser l'arme nucléaire pour venir à bout des troupes communistes... Et si l'imprévisible et bouillant général MacArthur avait été écouté par la Maison Blanche, ce sont plusieurs bombes atomiques qui auraient été lancées sur la Corée du Nord et même sur la Chine... Mais il y a aussi autre chose... Une question qui fait encore débat aujourd'hui : l'armée états-unienne a-t-elle employé l'arme bactériologique au cours de cette longue guerre de trois ans, entre 1950 et 1953 ? Ou bien a-t-elle été victime d'une subtile opération de désinformation suscitée par le camp communiste...Monsieur X ouvre donc ce dossier brûlant autant qu'inquiétant.Sat, 08 Feb 2014 13:15:00Poutine et le Caucase du nordSotchi est à Poutine ce que Saint-Pétersbourg fut à Pierre-le-Grand ! Voilà ce que clament les thuriféraires du nouveau tsar... Une ambition que n'est pas loin de partager lui-même le président russe qui n'a cessé de s'impliquer personnellement dans ces Jeux Olympiques de la démesure qui battent tous les records... Et ici, je ne parle pas de sport...Jamais en effet, dans l'histoire de l'olympisme des jeux d'hiver n'ont coûté aussi cher... Mais jamais non plus, ils n'ont alimenté une telle corruption, donné lieu à la mise en place d'aussi drastiques mesures sécuritaires mais également suscité autant d'inquiétude... Car le Caucase, en dépit des déclarations rassurantes des autorités de Moscou, reste un brûlot où les attentats sont toujours quasi-quotidiens. Mais bien sûr le Kremlin se garde de les évoquer, sauf quand les métastases terroristes qui se développent hors du Caucase produisent leurs funestes effets, comme par exemple à Volgograd à la fin de l'année dernière... Monsieur X, qui nous a souvent parlé de cette partie agitée du monde, fait le point et révèle la face cachée de ces Jeux Olympiques qui font les beaux soirs de nos écrans...Sat, 15 Feb 2014 13:15:00La 'disparition' de Robert Levinson en IranEst-ce une affaire d'espionnage ? Ou une disparition qui relèverait du simple banditisme ? En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'elle embarrasse beaucoup les agences états-uniennes de renseignement. à tel point qu'elle a déjà provoqué un mini-scandale au sein de la CIA et une sérieuse gêne dans l'Administration américaine...Mais l'affaire Levinson, puisque tel est le nom de l'homme dont on est sans nouvelles depuis de nombreuses années, pourrait aussi être liée à une autre disparition mystérieuse, celle d'un éminent général iranien qui a lui-même été mêlé à quelques-uns des épisodes les plus troubles de ces dernières années. C'est ce que croit savoir Monsieur X qui ouvre donc cet étrange dossier. Qu'est-il arrivé à Robert Levinson, ancien agent secret états-unien qui, selon toutes probabilités, n'avait pas vraiment rompu avec le milieu du renseignement ? Et que faisait-il sur une île iranienne située dans le golfe persique ? Enfin, s'il a été enlevé, qui est responsable ? Et pourquoi ?Sat, 22 Feb 2014 13:15:00Le conflit territorial entre la Chine et le Japon : la nouvelle guerre froide ?Serait-ce la nouvelle Guerre froide ? En tout cas, la tension ne cesse de monter entre la Chine et le Japon. Au centre de la querelle, la possession de quelques îlots inhabités que se disputent les deux pays... Un prétexte ? Presque certainement... Car les deux pays ont de bonnes raisons pour se livrer à cette surenchère un peu surréaliste... Des raisons historiques, économiques et même psychologiques pour ces deux nations orgueilleuses qui sont attachées à ne pas perdre la face. Mais il ne faut pas non plus oublier que c'est en Extrême Orient que se joue en ce moment la question de la suprématie mondiale. Les Etats-Unis, en effet, semblent de plus en plus décidés à dédaigner le Moyen Orient et le théâtre européen pour s'intéresser en priorité à cet Orient extrême où la Chine ne cesse d'afficher sa puissance.Mais il n'empêche que, de provocations en provocations de part et d'autre, la situation en mer de Chine devient périlleuse. Et que tout nouvel incident risquerait de précipiter Chine et Japon dans un redoutable et absurde conflit qui pourrait dégénérer en un affrontement entre Pékin et Washington...Monsieur X décrypte ce que dissimule réellement la crise sino-japonaise.Sat, 01 Mar 2014 13:15:00Janvier 2013, assassinat de trois militantes kurdes à ParisTout l'accuse : Omer Güney, un Turc d'une trentaine d'années... Des preuves matérielles accablantes le désignent comme l'assassin des trois militantes kurdes tuées il y a un an en plein Paris. Trois exécutions par arme à feu dans un petit appartement qui servait de local officieux à l'organisation indépendantiste kurde, le PKK... Mais si la culpabilité de Güney semble ne pas faire de doutes, il reste à découvrir qui a armé son bras... Et pourquoi ces trois femmes ont été assassinées. Monsieur X ouvre ce dossier délicat... D'autant plus délicat que la Turquie, perpétuelle candidate à l'entrée dans l'Union européenne, traverse en ce moment une période périlleuse. Le gouvernement islamo-conservateur de Recep Erdogan, menacé par de graves accusations de corruption et la révolte latente de sa jeunesse, accentue sa dérive autoritariste et doit faire face à une nouvelle contestation issue de son propre camp, animée par la puissante confrérie Gülen. Une organisation religieuse qui a peu à peu infiltré la police et la justice.Enfin, bien sûr, le pouvoir turc est toujours confronté à la question kurde et oscille entre fermeté et dialogue... Ce conflit de 30 ans a déjà causé la mort de 45.000 personnes. Il est évidemment au coeur de l'énigme du triple assassinat de Paris.Sat, 15 Mar 2014 13:15:001964, l'incident du golfe du TonkinC'est une affaire qui a de fâcheux précédents. En 1931, l'armée japonaise simule une attaque de voie ferrée à Mukden pour envahir la totalité de la Mandchourie... De même, en 1939, les nazis prétexteront un faux coup de main contre leur poste-frontière de Gleiwitz pour entrer en Pologne. Eh bien, l'incident du Golfe du Tonkin semble obéir à la même logique : en 1964, une attaque imaginaire contre un bâtiment de guerre américain permettra au président Lyndon Johnson d'ordonner des bombardements massifs sur le Nord-Viêt-Nam et donc de déclencher réellement la guerre du Viêt-Nam qui ne terminera que dix ans plus tard, après d'innombrables catastrophes humanitaires...Cinquante ans plus tard, et alors qu'une partie de la vérité sur cette affaire n'a surgi que très récemment, Monsieur X s'interroge : les Américains ont-ils fabriqué de toutes pièces cette attaque contre un de leurs navires ou bien se sont-ils simplement servi de ce faux incident pour frapper au plus vite un pays qu'ils envisageaient de bombarder depuis plusieurs mois ?Mais quelle que soit la réponse, il reste qu'un mensonge d'état est à l'origine de l'incident du Golfe du Tonkin et qu'il est resté longtemps enfoui dans les archives de la trop célèbre NSA, cette agence de renseignement dont le lanceur d'alertes, Edward Snowden, vient de révéler l'étendue de son réseau mondial d'espionnage électronique. Dans l'ouvrage d'Antoine Lefébure qui vient de paraître, L'affaire Snowden. Comment les Etats-Unis espionnent le monde, l'auteur revient sur les échecs de la NSA au Vietnam.Sat, 22 Mar 2014 13:15:00La vraie guerre de 14L'année sera tricolore, centenaire de la Grande Guerre oblige... Et déjà les rayons de nos librairies croulent sous le poids des livres consacrés à cette commémoration.Mais si c'était aussi l'occasion de se débarrasser de quelques idées reçues sur ce premier conflit mondial de l'Histoire ? Ou, à tout le moins, de revenir au plus près de la vérité, quitte à déboulonner quelques prestigieuses statues !Monsieur X, qui n'aime rien tant que fouiller dans les archives, s'y est essayé. Comme il avait déjà, il y a plusieurs années, exhumé des documents embarrassants ou troublants lors de la célébration du 90ème anniversaire de la bataille de Verdun. Une bataille de 300 jours qui a été selon les spécialistes la première bataille industrielle de l'Histoire et où ont péri 300.000 soldats dans chaque camp. 2.000 chaque jour ! Mais Monsieur X le soulignait alors, ce long affrontement, présenté comme une victoire française et devenu le symbole de la Grande Guerre, ne servira de rien. Les Allemands, initiateurs de l'offensive en février 1916, sont purement et simplement reconduits sur leurs positions initiales en décembre 1916.Mon interlocuteur mettait aussi en cause les erreurs du commandement, et surtout celles commises par le généralissime, Joseph Joffre. Il y reviendra. Cependant, si Monsieur X a choisi aussi d'évoquer la guerre de 14-18, c'est qu'il a visité en avant-première une exposition particulièrement décapante...Sat, 29 Mar 2014 13:15:00Rwanda (1/2) : le règne de KagaméOn l'a appelé le dictateur bien-aimé de l'Occident ! Paul Kagamé, le président du Rwanda ! Dictateur, certes, car malgré les apparences d'un système démocratique, le tout-puissant Kagamé dirige son pays en autocrate et il n'est guère recommandé de lui tenir tête. Bien-aimé, oui, car ce président qui vit modestement a radicalement transformé son petit pays traumatisé par le génocide de 1994. Et l'aspect propret des rues de Kigali, là même où sévissaient vingt ans plus tôt les tueurs à la machette, ne manque pas de frapper les visiteurs étrangers. Enfin, et surtout, le Rwanda de Paul Kagamé est l'un des bons élèves de l'Afrique. Un exemple même tant sont réels ses succès en matière économique, sociale ou encore d'éradication de la corruption... C'est pourquoi les pays occidentaux, et particulièrement les états-Unis, se sont entichés du petit Rwanda et ont longtemps soutenu son président... En outre, il y avait derrière cette sympathie le sentiment de culpabilité d'une communauté internationale qui n'était guère intervenue pour éviter le génocide...Mais il a bien fallu déchanter. D'abord parce qu'il est avéré que le Rwanda pille les richesses minières de son voisin congolais et y entretient la violence. Et ensuite parce que Paul Kagamé a une fâcheuse tendance à ordonner l'élimination physique de ses opposants. On l'a encore constaté au tout début de l'année...Sat, 05 Apr 2014 13:15:00Rwanda (2/2) : les responsabilités accablantes de la FranceL'affaire est délicate et demeure encore aujourd'hui ténébreuse... D'autant qu'il y a en arrière- plan le 2ème plus grand génocide depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale... 800.000 Rwandais massacrés en seulement quelques semaines. Une affaire délicate parce qu'il s'agit ni plus ni moins que de la responsabilité de la France dans cette catastrophe humanitaire !Que savait Paris ? Et même quelle aide la France a-t-elle apportée aux génocidaires ? Une aide qui aurait pu se prolonger alors même que les premiers massacres avaient commencé. Et quel a été le rôle du sulfureux capitaine Barril qui s'est toujours délibérément et ouvertement situé dans le camp Hutu, c'est-à-dire celui des tueurs ? Agissait-il au nom de la France lorsqu'il signait de fructueux contrats avec l'état rwandais ? était-il oui ou non missionné par nos services secrets ? Monsieur X essaie de répondre à toutes ces questions. Il m'a aussi avoué que la parution très récente d'un livre de Benoît Collombat, que les auditeurs de France-Inter connaissent bien, associé à son confrère David Servenay, lui avait été d'un grand secours pour démêler ce dossier complexe.Sat, 12 Apr 2014 13:15:00Michel Szkolnikoff : vie et mort d'un collaboAvec lui, les superlatifs sont de rigueur : le plus grand, le plus riche, le plus élégant, les plus ignoble ! Et aussi, le plus mystérieux, nous verrons pourquoi... De qui s'agit-il ? D'un nommé Mendel ou Michel Szkolnikoff. Un quasi-inconnu qui a été, c'est vrai, le plus grand trafiquant de l'Occupation, un titre qui n'est malheureusement pas usurpé : peu avant la fin de la guerre, Szkolnikoff possédait les plus grands hôtels de France et de Monaco et même un quartier entier de Paris.Il y a fort longtemps, j'ai déjà évoqué la destinée assez extraordinaire de ce personnage. Depuis, son dossier s'est encore un peu épaissi. Grâce entre autres à l'historien Pierre Abramovici qui lui a consacré une enquête très fouillée. Aussi ai-je demandé à Monsieur X d'ouvrir à nouveau ce dossier qui, assez bizarrement, n'est toujours pas vraiment refermé. En effet, pour la Justice, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation judiciaire du célèbre hôtel Martinez de Cannes, reste toujours pendante. Et puis, surtout, il est permis de se demander si, comme le veut la version officielle, Szkolnikoff a été réellement assassiné en 1945 dans une localité espagnole... Ou si cet homicide n'a pas été maquillé afin de permettre au trafiquant de fuir et d'échapper aux poursuites judiciaires diligentées contre lui ? Mais dans ce cas, que serait devenu une partie de son magot ?Sat, 19 Apr 2014 13:15:00Les 'Trois Rouges' ou le mystère de l'Orchestre Rouge suisseLes nazis les appelaient 'les Trois Rouges' ! Trois émetteurs clandestins situés en Suisse par lesquels ont transité vers Moscou des renseignements militaires de première importance. Des informations précises qui ont peut-être permis à l'Armée rouge de remporter des victoires décisives à partir de 1942... Mais, si l'on sait qui étaient les opérateurs de ces 'Trois Rouges', on s'interroge toujours sur l'origine de leurs sources et leur identité. Qui étaient-ils ? Des officiers supérieurs appartenant à l'entourage proche d'Hitler ? Ou bien des membres éminents de ses services de renseignement ? Et comment ces précieuses informations parvenaient-elles en Suisse ? Par quel canal ?Autant le dire tout de suite, il s'agit là de l'un des plus grands mystères de la Seconde Guerre mondiale. Et ceux qui ont tenté de le résoudre ont émis les hypothèses les plus échevelées... Monsieur X a bien sûr son idée. C'est aussi l'occasion pour lui de brosser le portrait de quelques personnages étonnants, les protagonistes de ce redoutable Orchestre rouge suisse...Mon, 28 Apr 2014 13:15:00Naufrage du sous-marin nucléaire soviétique K-8 en avril 1970Est-ce une véritable bombe à retardement ? Une menace nucléaire ? à 4.500 mètres de profondeur et à 1.450 kilomètres des côtes françaises, à l'ouest de Brest, gît un sous-marin nucléaire d'attaque soviétique. Le bâtiment, accidenté en 1970, le K8, comporte deux réacteurs et quatre torpilles nucléaires. On peut donc craindre que la corrosion aidant, ces matériaux radioactifs ne finissent par se disperser dans le milieu marin. Avec quelles conséquences ? Nous allons voir cela avec Monsieur X qui ouvre le dossier de cette catastrophe demeurée encore aujourd'hui mystérieuse... Un accident préoccupant qui s'ajoute d'ailleurs à de nombreux autres naufrages de bâtiments soviétiques à propulsion nucléaire... Et il faudrait aussi parler des sous-marins hors d'âge et des déchets radioactifs qui ont été sciemment coulés par les autorités soviétiques de l'époque, principalement en mer de Barents et dans l'Océan Pacifique...Si Monsieur X a choisi d'évoquer le naufrage du K8, c'est que très récemment ont été révélés des aspects inédits sur ce drame qui, en dehors même des dangers qu'il représente toujours, a aussi causé la mort d'une cinquantaine de marins... En effet, les journalistes de la revue Guerres et Histoire ont retrouvé quelques-uns des survivants de la catastrophe. Grâce à eux, on sait donc à peu près exactement ce qu'il s'est passé en ce mois d'avril 1970 en plein océan. Et c'est un constat accablant pour la marine soviétique qui faisait aussi peu de cas de la vie humaine que de la sécurité de ses bâtiments.Sat, 03 May 2014 13:15:00Anthrax : l'amnésieEn principe, le dossier est judiciairement clos puisque le suspect numéro 1 a eu le bon goût de se donner la mort avant d'être mis en cause. Certes, mais il n'empêche que de nombreuses questions demeurent sans réponses. Et surtout il reste que cette affaire de l'anthrax, qui a semé une vraie panique aux Etats-Unis tout juste après le traumatisme du 11 septembre 2001, a soulevé le voile sur un certain nombre de pratiques inquiétantes. Et peut-être même sur l'existence d'une véritable multinationale des armes biologiques... Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite.C'est donc à l'automne 2001 que l'Amérique a découvert cette nouvelle forme de terrorisme : l'envoi postal de lettres contenant des spores d'anthrax, un bacille particulièrement dangereux... Cinq personnes en sont mortes et plusieurs autres ont été contaminées. Le FBI lance aussitôt une gigantesque enquête qui va mobiliser 1.000 agents pendant plusieurs années. Des suspects vont être désignés puis innocentés. Et puis, après 2008, l'affaire finit par être oubliée : une curieuse amnésie après une si grande psychose ! Mais surtout, cette affaire de l'anthrax va permettre à George Bush junior d'accuser Saddam Hussein et donc, d'envahir l'Irak. Avec les conséquences que l'on connaît.Sat, 10 May 2014 13:15:00Septembre 1960, la défection de deux agents de la NSA (1/2)C'est une étrange coïncidence : un demi-siècle avant Edward Snowden, deux lanceurs d'alerte, des whistleblowers, comme les nomment les Américains, ont eux aussi publiquement dénoncé les méthodes d'espionnage de leur pays et en particulier celles de la NSA, la National Security Agency. Et ils ont fini par se réfugier à Moscou ! Tout comme Snowden aujourd'hui. Et encore comme Snowden, ils ont été accusés d'être des traîtres par l'administration états-unienne. Il faut aussi observer que l'affaire Martin et Mitchell, du nom de ces deux lanceurs d'alerte, a entraîné de graves conséquences pour les services de renseignement américains et même provoqué un véritable scandale.Certes, le contexte historique était différent puisqu'on était alors en pleine Guerre froide... Mais on ne peut pas s'empêcher d'être frappé par la coïncidence. C'est pourquoi Monsieur X a décidé cette semaine de revenir sur l'histoire très étonnante de ces deux jeunes Américains qui, exactement comme Snowden, ont agi par idéalisme et n'ont pas cherché à en obtenir un quelconque intérêt personnel... Des idéalistes, donc, et également des naïfs. Comme semble l'être aussi Snowden !Sat, 17 May 2014 13:15:00L'affaire Edward Snowden (2/2)On les appelle désormais les lanceurs d'alerte, les whistleblowers, en anglais... Des citoyens courageux, ou parfois naïfs qui, avertis d'un danger, d'une injustice, d'un scandale, décident de le dénoncer publiquement... Quitte à en payer lourdement le prix car, trop souvent, ils agissent à la limite de la légalité et risquent d'être considérés comme des traîtres. Le plus connu, mondialement connu même, est aujourd'hui Edward Snowden, aujourd'hui réfugié à Moscou et qui a accusé l'agence américaine NSA d'espionner tout et tout le monde... Une intrusion intolérable dans la vie privée des gens mais aussi dans les communications les plus secrètes des gouvernements étrangers, même ceux qui sont des alliés des états-Unis. Et Monsieur X, qui nous a parlé la semaine dernière de deux pionniers, Martin et Mitchell, qui, coïncidence, ont eux aussi trouvé refuge à Moscou en 1960, va revenir sur le cas précis de Snowden... Mais dans cette même catégorie des lanceurs d'alerte, on pourrait aussi évoquer Bradley Manning, l'analyste militaire à l'origine des révélations Wikileaks ou chez nous, le docteur Irène Frachon qui a dénoncé les dangers du Mediator...Bref, le phénomène se développe tant et si bien que d'aucuns ont imaginé un statut juridique permettant d'accorder un statut et même une protection juridique à ces lanceurs d'alerte, c'est-à-dire une reconnaissance de leur utilité civique. Mais en attendant, Monsieur X reste aux états-Unis et s'intéresse à la NSA, cette structure restée longtemps mystérieuse qui semble être aujourd'hui la plus grande officine d'espionnage du monde.Sat, 24 May 2014 13:15:00Grèce : un passé oublié (1/2)La Grèce est-elle sauvée ? En a-t-elle vraiment fini avec la terrible crise qui l'a frappée ?... C'est ce que l'on murmurerait à Bruxelles mais aussi dans les cercles dirigeants d'Athènes. Qu'en est-il réellement ? J'ai trouvé au début du mois dans le journal Le Monde un titre qui résume bien la situation actuelle du pays : 'La Grèce va mieux, les Grecs pas tellement !' Car s'il est vrai que le chômage fléchit légèrement, il touche encore 57 pour cent des jeunes.Rassurez-vous, Monsieur X n'a nullement l'intention de nous asséner un cours d'économie. Et s'il a décidé aujourd'hui d'évoquer la Grèce, c'est qu'il a voulu remonter aux racines lointaines de la crise grecque et donc aux déchirures de la Seconde Guerre mondiale et de la sanglante guerre civile qui a suivi. Avec, pour commencer, ce terrible constat : de tous les pays européens occupés par les nazis, c'est, en dehors de la Pologne et de la Russie, incontestablement la Grèce qui a le plus souffert... Mais, alors que la Résistance grecque a été aussi l'une des plus efficaces et les plus redoutables dans sa lutte contre l'occupant, la Libération s'est traduite par une féroce répression contre ceux-là mêmes qui venaient de délivrer leur pays du joug nazi... Avec le concours des forces alliées, essentiellement britanniques ! Et qu'en est-il des réparations que l'Allemagne se serait abstenue de payer après la guerre ? Une dette bien réelle ou un fantasme ? Monsieur X commence par analyser cette délicate question...Sat, 31 May 2014 13:15:00Grèce : un passé oublié (2/2)A la fin de l'année 1944, la Grèce libérée va basculer dans la violence. Et les combats vont opposer les conservateurs et les anciens collabos, soutenus par les forces britanniques, aux partisans de l'ELAS, un mouvement de Résistance très populaire et largement influencé par les communistes. Mais des communistes qui ne bénéficieront pourtant d'aucun soutien de Moscou. Car, nous a dit Monsieur X la semaine passée, Staline a décidé de laisser les mains libres à Churchill. Le Premier ministre britannique le raconte à sa façon dans ses Mémoires. Le 9 octobre 1944, il arrive à Moscou. C'est la première fois qu'il rencontre Staline. Je lui laisse la parole. Il s'adresse au maître du Kremlin : 'Réglons nos affaires des Balkans. Vos armées se trouvent en Roumanie et en Bulgarie. Nous avons des intérêts, des missions et des agents dans ces pays. Evitons de nous heurter pour des questions qui n'en valent pas la peine. En ce qui concerne la Grande-Bretagne et la Russie, que diriez-vous d'une prédominance de 90 pour cent en Grèce pour nous, et de l'égalité, 50/50 en Yougoslavie ?' Pendant que l'on traduisait mes paroles, j'écrivis sur une demi-feuille de papier : Roumanie : Russie 90 pour cent, les autres 10 pour cent. Grèce : Grande-Bretagne 90 pour cent (en accord avec les états-Unis), Russie 10 pour cent. Yougoslavie: 50-50 pour cent. Hongrie: 50-50 pour cent. Bulgarie : Russie 75 pour cent, les autres 25 pour cent. Je poussai le papier devant Staline, à qui la traduction avait alors été faite. Il y eut un léger temps d'arrêt. Puis il prit son crayon bleu, y traça un gros trait en manière d'approbation et nous le rendit. Tout fut réglé en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Il y eut ensuite un long silence. Le papier, rayé de bleu, demeurait au centre de la table. Je dis finalement: 'Ne trouvera-t-on pas un peu cynique que nous ayons I'air d'avoir réglé ces problèmes dont dépend le sort de millions d'êtres d'une façon aussi cavalière ? Brûlons ce papier.' 'Non, gardez-le', dit Staline.'Ainsi a été joué le sort d'une partie de l'Europe de l'Est et de la Grèce. La Grèce qui va sombrer dans la violence. Dans un instant, la suite du récit de Monsieur X...Sat, 07 Jun 2014 13:15:00Boko Haram au Nigeria'Bring back our girls !' Rendez nous nos filles ! Le slogan s'est répandu à toute vitesse dans le monde entier tant l'enlèvement par la secte Boko Haram de plus de 200 jeunes filles nigérianes promises à devenir des esclaves a choqué l'opinion internationale. Au-delà de la mobilisation de quelques belles âmes, cet événement spectaculaire a, semble-t-il, été l'occasion d'une véritable prise de conscience. Les dirigeants de la région, réunis à Paris, et aiguillonnés par les grandes puissances occidentales, ont enfin réalisé qu'ils devaient réagir collectivement pour juguler le danger que représente ce mouvement terroriste qui sévit à leurs frontières. Une réaction, certes, légitimée par la peur de la contagion islamiste. Mais une réaction bien tardive : Boko Haram, au moins depuis 2009, a déjà causé la mort de milliers de personnes. Et pour le seul début de cette année, le bilan s'établit à deux mille morts. Aujourd'hui, donc, il ne se passe guère de jours sans qu'on apprenne qu'un nouveau massacre a été perpétré par la secte.Monsieur X a déjà évoqué Boko Haram. S'il m'a proposé de revenir sur ce sujet, c'est bien sûr à cause de l'actualité. Mais aussi parce qu'il lui restait à livrer un certain nombre de vérités embarrassantes...Sat, 14 Jun 2014 13:15:00Les maîtres espions chinois : de Kang Sheng à Zhou YongkangC'était l'homme le plus redouté de Chine : Zhou Yongkang ! Le chef de la Sécurité, le patron du KGB chinois ! Et donc, à ce titre, chargé de la sécurité intérieure et de la répression des dissidents. Egalement membre du Saint des Saints chinois, le bureau politique du parti communiste, Zhou semblait donc tout puissant... Et pourtant, il a suffi d'une simple décision du nouvel homme fort de la Chine, le président Xi Jinping, pour que Zhou tombe de son piédestal. Condamné à la prison à perpétuité pour détournement de fonds et abus de pouvoir, il serait aujourd'hui en 'détention molle' ! Une curieuse expression chinoise qu'on pourrait traduire par résidence surveillée...Zhou Yongkang est la victime la plus spectaculaire de la purge entreprise par Xi Jinping depuis qu'il est arrivé sur la plus haute marche du pouvoir en 2012. Une purge entreprise au nom - autre mot d'ordre spécifiquement chinois - de la campagne de 'rectification du style des cadres' ! Alors, oui, on rectifie. C'est-à-dire qu'on épure... Et les spécialistes de la Chine populaire d'observer que la 'rectification' est une expression dogmatique qui date des années maoïstes. Le Grand Timonier a en effet beaucoup usé de cette rectification pour purger le Parti et éliminer ses rivaux... C'est même un autre 'Maître des Ténèbres', comme on l'a appelé, le redoutable Kang Sheng, qui a inventé l'expression et la méthode...Monsieur X a donc décidé de retracer le parcours de cet homme mystérieux qui a été le maître-espion de Mao Zedong... Et de revenir sur le limogeage de Zhou à la lumière de ce passé trouble et même terrifiant.Sat, 21 Jun 2014 13:15:00La mort de Jean Seberg (1/2)Un corps en décomposition enveloppé dans une couverture et déposé sur la banquette arrière d'une petite Renault stationnée dans une rue de Paris... Ainsi a fini l'actrice Jean Seberg, la mystique Jeanne d'Arc d'Otto Preminger ou la radieuse vendeuse de journaux américains d'à bout de souffle de Jean-Luc Godard.Le 10 septembre 1979, deux jours après la découverte de la dépouille de son ex-femme, l'écrivain Romain Gary convoque une conférence de presse. Il met en cause le FBI américain qui, à force de harceler et même calomnier Jean Seberg, serait directement responsable de sa mort. Pourquoi ? Pour la punir de son action militante en faveur du mouvement noir aux états-Unis...L'actrice se serait donc suicidée pour en finir avec cette hostilité de l'agence fédérale américaine.Sat, 30 Aug 2014 13:15:00Le Black Power (2/2)C'est le FBI qui a tué Jean Seberg ! C'est à peu près l'accusation qu'a portée l'écrivain Romain Gary, son ancien époux, après la découverte de la dépouille de l'actrice dans une voiture stationnée dans une petite rue parisienne.Jean Seberg, coupable de soutenir les mouvements noirs aux états-Unis, et particulièrement le plus radical, le parti des Black Panthers, a en effet été espionnée, harcelée et même calomniée par l'agence fédérale américaine. Une pression intolérable pour une jeune femme psychologiquement fragile qui a donc fini par se donner la mort...Même si les circonstances exactes de sa disparition - nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X - n'ont pas réellement été éclaircies... Mais aujourd'hui, si mon interlocuteur revient sur cette affaire, c'est qu'il veut en profiter pour évoquer le combat des Noirs aux Etats-Unis et la féroce répression dont ils ont été victimes.Au centre, il y a bien sûr la figure de l'inamovible et redoutable Edgar Hoover, patron du FBI... 'Le plus grand salaud d'Amérique', selon son compatriote et biographe Anthony Summers. Raciste et réactionnaire, Hoover a en effet conduit une lutte implacable contre les organisations noires et il n'a pas hésité à user de méthodes illégales dans le cadre d'une mystérieuse opération, le 'Co-Intel-pro'. C'est-à-dire le programme de contre-intelligence ou contre-espionnage... Un plan de grande ampleur destiné d'abord à juguler la menace communiste ou prétendue telle... Et dont les cibles seront ensuite les leaders noirs et plus généralement tous les opposants à la guerre du Viêt-Nam...Sat, 06 Sep 2014 13:15:00Otto Katz, l'espion dandyC'est un homme qui a vécu plusieurs vies. Selon l'un de ses biographes, Jonathan Miles, Il a d'abord été un enfant gâté dans sa Bohême natale. Puis dans l'Allemagne décadente de l'après-Première Guerre mondiale il a joué les play-boys avant de devenir un apprenti espion à Moscou. On le retrouve ensuite parcourant l'Europe en commis-voyageur de la Révolution et combattant antinazi. Agent secret en Angleterre, il fréquente plus tard le gratin d'Hollywood où il sème la bonne parole. Puis il est le factotum de Staline pendant la guerre d'Espagne et, traversant à nouveau l'Atlantique, il se métamorphose en insurgé communiste en Amérique latine lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais sa dernière et nouvelle vie sera aussi triomphale que fatale. De retour chez lui, en Tchécoslovaquie, il connaîtra succès et reconnaissance avant de monter sur l'échafaud, victime de la terreur stalinienne.Cet homme aux multiples vies s'appelait Otto Katz... Entre ombre et lumière, acteur important et méconnu du dernier siècle, il a naturellement fasciné Monsieur X !Sat, 13 Sep 2014 13:15:00Les Kurdes contre les djihadistes (1/2)Une nouvelle fois, les Kurdes sont en première ligne. L'Occident et la plupart des pays du Proche et du Moyen Orient leur font aujourd'hui confiance pour juguler l'offensive fulgurante des Djihadistes de l'Etat Islamique en Irak et au Levant, récemment autoproclamé Califat. Et il est tentant d'y voir une sorte de revanche pour un peuple oublié, mais trop souvent divisé, qui a toujours été instrumentalisé par les puissances de la région et qui a payé un prix très cher, et toujours sanglant, dans les nombreux conflits où il a été entraîné, parfois malgré lui...C'est si vrai que les Kurdes pourraient même profiter de ces nouveaux affrontements armés pour conquérir une forme d'indépendance, au moins dans deux des pays où il est dispersé : l'Irak et la Syrie. Mais qui sont les Kurdes ? Et d'où viennent-ils ? Et quelle est l'histoire de ce peuple proche et moyen-oriental dont les sujets sont répartis dans quatre pays, l'Irak et la Syrie, déjà cités, mais aussi la Turquie et l'Iran. Et pourquoi sont-ils appelés à jouer un rôle essentiel face à la barbarie qui monte dans cette région en proie à tous les désordres ?A lire : le dernier numéro de la revue Politique Etrangère avec un dossier intitulé le ou les Kurdistan(s) puisque la guerre entre Kurdes et Djihadistes est en train de redistribuer les cartes dans la région. Cinq spécialistes y décryptent les problèmes posés par la recomposition actuelle des territoires kurdes.Et aussi, le livre de Hamit Bozarslan : Conflit kurde, le brasier oublié du Moyen-Orient, paru il y a déjà cinq ans, mais qui reste un ouvrage de référence sur le sujet. Publié chez Autrement.Sat, 20 Sep 2014 13:15:00Les Kurdes contre les djihadistes (2/2)Un peuple oublié mais sans cesse instrumentalisé. Et d'une certaine façon, cela continue puisque, aujourd'hui, les Kurdes semblent les seuls à pouvoir faire pièce aux Djihadistes de l'Etat islamique... Sur le terrain, en tout cas. Mais, alors que le XXe siècle a été tragique pour les Kurdes, le XXIe pourrait devenir celui de leur émancipation, si j'en crois Kendal Nezan, le directeur de l'Institut kurde de Paris. Leur émancipation et peut-être même cette indépendance qui leur avait été promise par les grandes puissances il y a un siècle, à la fin de la Première Guerre mondiale... Mais, comme dirait Monsieur X, n'allons pas trop vite. La semaine passée, mon interlocuteur a retracé la longue et sanglante histoire des Kurdes qui sont répartis dans quatre états, la Turquie, la Syrie, l'Irak et l'Iran... Dans ce nouvel entretien, il analyse les évolutions récentes de la question kurde, à la lumière de la guerre civile en Syrie et de l'apparition explosive et sanguinaire de l'état islamique en Irak et au Levant, le califat de la haine comme on l'appelle déjà. Et en tenant compte aussi de la décision du président Obama de lancer une offensive de grande ampleur contre les Djihadistes de ce même califat... Une offensive où les combattants kurdes, les redoutables peshmergas seront obligatoirement en première ligne.Attention, cette émission a été enregistrée avant l'offensive de l'Etat islamique en Syrie, et les frappes aériennes américaines sur la région.A lire : les articles sur le(s) Kurdistan(s) du journaliste Allan Kaval, très bon connaisseur de la région. Il fait notamment une analyse passionnante de la montée en puissance des partis kurdes en Irak et en Syrie, des mouvements pourtant encore considérés comme terroristes par les Etats-Unis et l'Europe, et qui se retrouvent à l'avant-garde de la lutte contre les djihadiste de l'Etat islamique.Sat, 27 Sep 2014 13:15:00Nossenko (1/2)On les a appelés les 'bijoux de famille' ! La révélation aux Etats-Unis au mitan des années 70 d'un certain nombre de mauvais coups perpétrés par la CIA... Actions illégales, assassinats ou tentatives d'assassinat de dirigeants étrangers, nombreuses atteintes aux droits de l'Homme, etc.Parmi ces méfaits rendus publics à la suite d'enquêtes parlementaires et du travail d'investigation du célèbre journaliste Seymour Hersh, un dossier est presque passé inaperçu : l'affaire Nossenko ! Du nom d'un transfuge soviétique, victime du système inquisitoire, et même paranoïaque, qui régnait alors au sein de l'agence de renseignement états-unienne... Monsieur X décortique donc ce dossier d'où émerge la figure inquiétante d'un chasseur d'espions qui a dirigé pendant plusieurs années le contre-espionnage de la CIA : James Jésus Angleton ! Le 'fantôme gris' ainsi qu'on le nommait. Un personnage légendaire qui avait une fâcheuse tendance à voir des espions partout... Pour le plus grand malheur de Iouri Ivanovitch Nossenko !Sat, 04 Oct 2014 13:15:00Nossenko (2/2)Il s'agit sans doute de l'aspect le plus délicat en matière d'espionnage : jusqu'où peut-on faire confiance à un transfuge ? Comment estimer sa sincérité ? Comment éviter de se faire intoxiquer ? Ces questions, les spécialistes du contre-espionnage de tous les services de renseignement se les ont posées en permanence et surtout bien sûr tout au long de la période de la Guerre froide... Et comment réagir lorsque l'un de ces défecteurs vous annonce : la meilleure preuve de ma loyauté, c'est que mon ancien service va vous envoyer un faux transfuge à seule fin de mettre en doute ma crédibilité !Et c'est effectivement ce qu'il s'est passé aux états-Unis dans les années 60 : Anatoli Golitsine, officier du KGB passé à l'Ouest et choyé par le patron du contre-espionnage de la CIA, James Angleton, prévient ainsi ses nouveaux employeurs : Moscou ne manquera pas de vous mettre dans les pattes un autre transfuge qui aura pour mission de me discréditer... Et c'est ce qui est arrivé en 1964 lorsque Iouri Nossenko, autre officier du KGB et déjà en contact avec la CIA, a annoncé son intention de passer de l'autre côté du Rideau de fer. Mais au lieu de choisir la liberté comme on disait à l'époque, c'est un véritable cauchemar qui l'attendait...A lire : CIA-KGB, le dernier combat paru chez Albin Michel en 2004. Un livre qui se lit comme un polar de la fin de la guerre froide. Racontée par Milton Bearden, ex- super espion de la CIA passé par Berlin, Moscou et Kaboul. Son témoignage a été recueilli par James Risen, journaliste au New York Times dont en reparlera bientôt dans RDV avec X.Et aussi : Atlas du renseignement, géopolitique du pouvoir , qui vient de paraître aux Presses de Science Po, de Sébastien-Yves Laurent. Le chercheur aborde le sujet de façon inédite et très pédagogique en proposant une cartographie du renseignement mondialSat, 11 Oct 2014 13:15:00Hamas, le meilleur ennemi d'Israël (1/2)L'actualité est ainsi faite que les événements, même les plus dramatiques, disparaissent rapidement de la 'une' des journaux dès que le sang ne coule plus... Ce fut particulièrement le cas ce dernier été où les foyers d'embrasement se sont multipliés dans le monde entier. Gaza, Ukraine, Libye, Irak, et aujourd'hui encore la terrible menace de la fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest...Mais si l'actualité est volontiers oublieuse, les plaies restent vives et sont même grosses de conflits à venir... Ainsi à Gaza ! Après une guerre de 50 jours qui a causé la mort de plus de 2.000 Palestiniens et celle d'un peu plus de 70 Israéliens, de nombreuses parties du territoire ne sont plus que des champs de ruines après les frappes massives de l'opération israélienne 'Barrière de protection'. Et des dizaines de milliers d'habitants sont condamnés à vivre sans toit et dans le dénuement le plus absolu.Cependant, si Monsieur X a choisi de revenir sur cette nouvelle guerre de Gaza, c'est pour proposer de découvrir qui est réellement ce meilleur ennemi de l'état hébreu : le mouvement Hamas. D'où vient-il ? Quelle est sa véritable force ? Et pourquoi, après avoir longtemps bénéficié de la mansuétude sinon de la connivence des dirigeants israéliens, son existence semble-t-elle devenue une menace permanente pour Israël ? C'est en tout cas ce qu'affirment ses dirigeants.A lire : de Jean-Pierre Filiu : une passionnante Histoire de Gaza, terre d'origine du Hamas, chez Fayard en 2012 ; et aussi qui vient de paraître aux Editions la Découverte, une autre Histoire, écrite par un collectif de chercheurs - Wissam Alhaj, Nicolas Dot-Pouillard et Eugénie Rébillard - celle peu connue du Jihad Islamique palestinien, très influencé par la Révolution iranienne, et qui débuta son combat armé en Palestine en 1983 en réaction, notamment, à la passivité du mouvement du Sheikh Yassine, face à l'occupation israélienne. A noter la préface du politologue Olivier Roy.Sat, 18 Oct 2014 13:15:00Hamas, le meilleur ennemi d'Israël (2/2)C'est le meilleur ennemi d'Israël ! Le Hamas ! Un mouvement palestinien dont les dirigeants israéliens ne parle que pour le qualifier invariablement de terroriste. Mais il n'en a pas toujours été ainsi, nous l'avons vu la semaine passée avec Monsieur X...Le fondateur de cette organisation implantée à Gaza et issue de la Confrérie des Frères Musulmans, le cheikh Yassine, a en effet longtemps bénéficié de la mansuétude, sinon de la connivence, des autorités de l'Etat hébreu. Ne serait-ce que parce que ce mouvement intégriste faisait pièce à l'OLP de Yasser Arafat ! Dans cette mesure, peut-on affirmer que le Hamas est une créature d'Israël ? Monsieur X ne va pas aussi loin. Mais il a mis en évidence que très longtemps les Israéliens n'ont pas voulu considérer que la Mujamma-al-Islami, ancêtre du Hamas, cesserait d'être attentiste et de se consacrer exclusivement à l'action religieuse et sociale et deviendrait tôt ou tard un redoutable adversaire. Aveuglement coupable ou machiavélisme mal assumé ? Les deux, sans doute. Car il était inéluctable que le mouvement de Yassine, après avoir été choyé, basculerait un jour dans l'action violente... Ce qui s'est produit lors de la première intifada, en 1987.Monsieur X poursuit son récit et explique pourquoi aux yeux des dirigeants israéliens le Hamas est devenu ce monstre terroriste qu'il faudrait abattre à tout prix.A lire et à consulter :- L'indispensable livre de Charles Enderlin, Le Grand Aveuglement. Israël et l'irrésistible ascension de l'islam radical, sorti en 2009 chez Fayard- Le site d'information, OrientXXI.info, très bien documenté sur le Moyen et Proche-Orient. Il a été créé il y a plus d'un an par un collectif de journalistes, de chercheurs et de diplomates qui veulent ainsi contribuer à une meilleure connaissance de cette région. Une initiative vraiment bienvenue compte tenu de l'actualité brûlante de ces dernières semaines.Sat, 25 Oct 2014 13:15:00L'affaire James Risen : haro sur les lanceurs d'alerteLe chiffre est inquiétant. Surtout si l'on prend en compte tous les espoirs que l'élection de Barack Obama avait suscités après une double présidence Bush particulièrement calamiteuse... Mais il faut regarder la vérité en face : l'administration Obama a recouru huit fois à l'Espionage Act pour poursuivre des journalistes ou des lanceurs d'alerte alors que ses prédécesseurs ne l'avaient utilisé que trois fois en un siècle ! Et bientôt, James Risen, un célèbre journaliste, prix Pulitzer, risque de connaître la prison pour avoir refusé devant la Justice de trahir ses sources...S'agit-il d'une dérive ? Et peut-être même d'une grave atteinte au 1er amendement de la Constitution états-unienne qui garantit à tous les citoyens la liberté d'expression ? Ou bien n'est-ce que la conséquence extrême d'un système qui, sous prétexte de patriotisme ou de chasse au terrorisme, soumet désormais, et de plus en plus, tous les Américains à une étroite surveillance supervisée par les grandes agences de renseignement ? Et qui tend à criminaliser tous ceux qui, au nom des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme, osent dénoncer les erreurs, les fautes du gouvernement et des administrations ou la puissance tentaculaire de ces organismes qui font fi de la vie privée.Monsieur X ouvre le dossier. Il revient bien sûr sur les mésaventures récentes des whistleblowers, comme on appelle les lanceurs d'alertes. Et explique pourquoi James Risen pourrait bientôt finir en prison.A lire et à voir : le livre de Jeremy Scahill, Dirty Wars, le nouvel art de la guerre. Ce journaliste américain, digne héritier de James Risen, fait le récit minutieux et sans concession de la guerre secrète et planétaire qui a été déclenchée par la Maison Blanche après le 11 septembre au nom de la lutte contre le terrorisme. C'est paru cet été aux éditions Lux et ça se lit comme un thriller ! Et pour illustrer l'enquête de Scahill, jetez un oeil sur la toute nouvelle saison - la quatrième - de la palpitante série américaine Homeland : attaques de drones, assassinats ciblés au coeur du Pakistan, tout y est.Sat, 01 Nov 2014 13:15:00Les attentats contre Hassan II du Maroc (1/2)'L'Histoire ne se répète pas, elle bégaie !' On connaît cette citation attribuée à Karl Marx. Une maxime qui n'a jamais été mieux illustrée qu'au Maroc du début des années 1970 lorsque le roi Hassan II a échappé en tout juste un peu plus d'un an à deux attentats où il aurait dû trouvé la mort... Mais le souverain chérifien avait la baraka, pour reprendre un mot arabe trop souvent galvaudé... Et finalement, c'est une longue maladie qui aura raison de lui, presque trente ans après ces événements dramatiques.Toutefois, si aujourd'hui, Monsieur X revient sur cette lointaine histoire, c'est qu'elle est toujours auréolée de nombreux mystères. L'un d'eux, en particulier, a été en partie dissipé par des journalistes marocains au début des années 2000 : les complots dirigés contre Hassan II avaient une ampleur encore plus vaste que celle qu'on soupçonnait... Ce n'étaient pas seulement des militaires extrémistes, dégoûtés par la corruption du régime, qui voulaient se débarrasser du roi. Ils disposaient du soutien inattendu, et même contre-nature, de l'opposition démocratique de gauche. Et il se trouvait parmi eux au moins un homme, Abderrahman Youssoufi, qui occupait en 2000 la fonction de Premier ministre du fils d'Hassan II, Mohammed VI... Bref, le fils gouvernait avec un personnage qui avait voulu tuer son père !... Inutile de dire que ces révélations ont fait scandale. Et le jeune souverain, qui avait pourtant suscité tant d'espoirs de libéralisation après le long règne autoritaire de son père, s'est empressé de renouer aussitôt avec les pratiques paternelles en muselant la presse...Sat, 08 Nov 2014 13:15:00Les attentats contre Hassan II du Maroc (2/2)Hassan II avait la baraka, chacun au Maroc le savait. Dans les années 60, le jeune souverain chérifien avait échappé à un premier complot. Puis au tout début des années 1970, à Skhirat, il était sorti sain et sauf d'un véritable massacre perpétré par une unité d'élite des Forces armées royales... Un carnage effectué parmi les invités qui se pressaient lors de la somptueuse réception donnée à l'occasion de son anniversaire...Alors le roi qui, en l'instance, avait fait preuve d'un remarquable sang-froid, était-il intouchable ? Et les Marocains les plus pieux de se rappeler que le souverain était aussi le Commandeur des Croyants, c'est-à-dire un lointain descendant du prophète Mahomet... Bref un personnage quasi-sacré.Après Skhirat, Hassan II avait ordonné une impitoyable répression mais aussi une timide ouverture politique. Son trône semblait sauvé. Mais pourtant, treize mois plus tard, de nouveaux conjurés vont tenter de se débarrasser physiquement du souverain marocain. Pourtant là encore, de façon presque miraculeuse, Hassan II allait s'en sortir vivant. Cependant ce troisième complot n'a peut-être pas livré tous ses secrets. On en a eu la preuve au début des années 2000 lorsque le Premier ministre de son successeur, Mohammed VI, nommé à ce poste par Hassan II à la fin de son règne, a été soupçonné d'avoir pris part à une conjuration d'où émergeait la figure inquiétante du général Oufkir, l'assassin présumé de Ben Barka, condamné en France par contumace aux travaux forcés à perpétuité. Retour avec Monsieur X sur ces fantômes du passé qui n'ont sans doute pas fini de hanter les palais marocains.Sat, 15 Nov 2014 13:15:00Retour sur la Papouasie Occidentale annexée par l'IndonésieIls ont enfin recouvré la liberté, Valentine Bourrat et Thomas Dandois, deux confrères journalistes, arrêtés en Papouasie Occidentale, au prétexte qu'ils y étaient entrés avec des visas de touristes, sans faire état de leur qualité de journalistes... Mais comment auraient-ils pu faire autrement puisque la présence d'une presse libre y est interdite ? Grief supplémentaire, ces deux reporters qui préparaient un documentaire pour la chaîne Arte auraient pris contact avec des membres du mouvement indépendantiste papou...Cette défiance envers la presse n'est guère surprenante : le pouvoir indonésien qui s'est emparé de la Papouasie Occidentale dans les années 1960 n'a guère envie que l'on vienne constater sur place ce qui est un véritable scandale humain et écologique : c'est-à-dire l'exploitation forcenée d'un territoire qui était encore pratiquement vierge il y a peu de temps et la disparition programmée de populations qui n'ont pour seul tort que de vouloir continuer à vivre sur leurs terres ancestrales, quitte à contrarier les gigantesques appétits des colonisateurs et de quelques multinationales.Monsieur X, qui a déjà évoqué cette catastrophe revient sur ce thème à l'occasion de la mésaventure de nos deux confrères...Sat, 22 Nov 2014 13:15:00La revanche de SankaraJamais une expression imagée n'a été aussi bien illustrée : le coup de balai qui vient de chasser le président burkinabé Blaise Compaoré a été initié par un mouvement associatif de jeunes gens qui ont choisi de s'appeler le 'Balai citoyen' ! Autre détail symbolique : ces 'balayeurs citoyens' se sont référés aux idéaux d'un chef d'état devenu quasi-légendaire au Burkina-Faso mais aussi dans une grande partie de l'Afrique, Thomas Sankara ! L'homme qui a été justement chassé du pouvoir en 1987 par Compaoré, le militaire qui a vraisemblablement peut-être commandité son assassinat... Grâce au 'Balai citoyen', Sankara vient-il enfin d'être vengé, vingt-sept ans après sa disparition ? 'Ravaillac', comme certains burkinabés appelaient Compaoré, a-t-il donc payé pour la trahison de celui dont il prétendait être le meilleur ami ?Dans ce nouvel entretien, Monsieur X revient sur les derniers événements qui ont agité le Burkina-Faso, le 'pays des hommes intègres' comme Sankara lui-même avait baptisé son pays, l'ancienne Haute-Volta des colons français. Il montre surtout pourquoi, malgré nombre de connivences troubles, Blaise Compaoré s'était mué peu à peu en juge de paix régional. Ce qui explique l'exceptionnelle longévité de son règne. Enfin, à la lumière de ce nouveau bouleversement, il évoque la personnalité de Sankara qui demeure une idole africaine !Sat, 29 Nov 2014 13:15:00La persécution des Ouïgours en Chine (1/2)On l'appelle la rébellion des parapluies... Cette révolte qui gronde à Hong Kong contre la tentative de mainmise de Pékin sur les fragiles institutions de l'ancienne colonie britannique. Mais, ailleurs, aux marches du gigantesque empire chinois, d'autres protestataires osent contester la toute puissance de l'état communiste... Au Tibet, bien sûr, où l'on observe toujours des immolations et où le pouvoir central peine à affirmer son autorité, malgré une imposante présence policière et militaire. Mais aussi dans une province dont on parle rarement, le Xinjiang ! Le Turkestan oriental, comme préfère l'appeler la population autochtone, car ce nom fait référence à son origine ethnique et historique. Mais on dit aussi Uyghouristan, c'est-à-dire le pays des Ouigours... On verra pourquoi avec Monsieur X.Situé au nord-est, le Xinjiang est un gros morceau de Chine : un sixième de sa superficie dont presque la moitié est constituée de déserts. Un territoire immense grand comme trois France. Mais qui n'est peuplé que de deux dizaines de millions d'habitants. Autant dire rien à l'échelle de la Chine... Et pourtant, cette province prend de plus en plus d'importance dans l'actualité chinoise car on impute aux Ouigours la plupart des actions terroristes qui sont perpétrés aujourd'hui en Chine. Dans le Xinjiang lui-même mais aussi à l'extérieur. Comme ce spectaculaire attentat-suicide qui a ensanglanté la place Tiananmen il y a un peu plus d'un an...Sat, 06 Dec 2014 13:15:00La persécution des Ouïgours en Chine (2/2)C'est le Far West des Chinois : le Xinjiang, une province qui est donc située à l'Ouest de l'empire chinois et représente un sixième de son territoire... Pour compléter la comparaison, il n'y manque même pas de déserts... Mais aussi, comme dans les westerns, il s'y trouve des Indiens ! Ceux-là s'appellent les Ouigours. Et ce sont des empêcheurs de coloniser en paix... Et surtout des empêcheurs d'exploiter ! Car le Xinjiang, son nom chinois - les autochtones, eux, lui préfèrent l'appellation de Turkestan oriental - est riche, très riche. Son sous-sol recèle de formidables réserves de pétrole et de gaz. Et ces vastes zones désertiques ont permis aux Chinois d'y expérimenter leurs armes nucléaires... Bref, le territoire est l'objet de maintes convoitises. Mais ses Indiens, je veux dire les Ouigours, n'ont toujours pas accepté la colonisation chinoise qui a commencé au XVIIIème siècle. Une domination qui grignote peu à peu leur territoire, fait de ces turcophones des citoyens de seconde zone et, inéluctablement, diminue leur poids démographique. Au point que, bientôt, les Ouigours seront minoritaires dans leur propre pays...Mais ils résistent. Et parfois très violemment : en manifestant ou même en perpétrant des attentats-suicides, ils expriment de façon désespérée leur révolte. Mais face au rouleau-compresseur chinois, tant policier que militaire, les quelques millions de Ouïgours sont bien impuissants...Monsieur X poursuit aujourd'hui son récit. Il souligne une donnée essentielle de ce conflit régional : les Ouigours sont de culture musulmane. Et la répression qu'ils subissent, a poussé certains d'entre eux vers la pratique d'un islamisme radical... De là à présenter tous les Ouigours séparatistes comme de dangereux terroristes, il n'y a qu'un pas à franchir...Sat, 13 Dec 2014 13:15:00Mokhtar BelmokhtarL'actualité avait finir par les oublier quelque peu... à cause, bien sûr, de leurs lointains cousins du Levant et du Proche Orient, les égorgeurs de Daech... Mais les Djihadistes du Sahel sont toujours actifs et l'armée française, principalement, continue à les traquer dans le cadre de l'opération Barkhane qui, l'été dernier, a pris la suite de Serval. Car, même si, sur le plan militaire, l'intervention française dans le Nord-Mali a été un incontestable succès, elle n'a pas réussi à venir à bout des djihadistes qui représentent toujours un danger pour les pays de la région, Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Algérie et même le Nigeria puisqu'il est avéré qu'ils ont noué des relations avec la sanguinaire secte Boko Haram.Mais comment vaincre des terroristes qui agissent et se déplacent dans un territoire aussi immense et inhospitalier que le Sahel et le Sahara ? Et qui disposent aujourd'hui, à la faveur du désordre libyen, de bases arrière d'où ils sont pratiquement inexpugnables... Autre question, si la France a réagi avec raison en intervenant en janvier 2013 pour chasser les terroristes du Nord-Mali, n'aurait-elle pas dû prendre conscience beaucoup plus tôt des dangers qu'ils représentaient pour toute la région ? C'est-à-dire à une époque où ils étaient moins aguerris, moins armés et moins nombreux... Et donc moins redoutables ! Bref, notre pays, mais il n'est pas le seul, paie-t-il aujourd'hui un aveuglement coupable ?Monsieur X revient sur toutes ces questions et s'intéresse en particulier à un personnage devenu emblématique, Mokhtar Belmokhtar, qui serait l'un des seuls chefs de bande à ne pas avoir été éliminés... L'insaisissable Belmokhtar, que d'aucuns n'hésitent plus à comparer à Ben Laden !Sat, 20 Dec 2014 13:15:00Mincemeat, une opération d'intoxication au coeur de la seconde guerre mondiale'Opération Chair à pâté' ! Non, il ne s'agit pas du titre d'un film de Claude Zidi mais du nom de code d'une authentique opération de mystification militaire. Sans doute l'une des plus ingénieuses jamais imaginées par un service de renseignement...'Opération Chair à pâté', donc. 'Mincemeat' en anglais... Car cet extraordinaire canular a été mis au point par des officiers britanniques qui ont exercé en l'occurrence leur humour très british en choisissant cette appellation pour une opération où le personnage principal était un cadavre... Bref, de la viande froide.Est-ce que 'Mincemeat' a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale comme certains le pensent ? C'est possible dans la mesure où cette supercherie a effectivement trompé Hitler et son état-major et facilité en 1943 le débarquement des troupes alliées en Sicile, alors qu'elles étaient attendues par les Allemands sur les côtes de Grèce et de Sardaigne. 'Mincemeat' a donc amorcé la conquête victorieuse de l'Italie puis de l'Europe tout entière...Sat, 27 Dec 2014 13:15:00Edward VIII, un roi nazi ?On a voulu faire croire à une histoire d'amour. Rien n'était plus faux. Si le roi d'Angleterre, Edward VIII a abdiqué en 1936, ce n'était pas seulement pour les beaux yeux de Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée qu'il désirait épouser, mais parce que le gouvernement britannique voulait écarter un monarque qui avait beaucoup trop de sympathie pour l'Allemagne nazie et ses dirigeants.Telle semble être en effet la vérité, évoquée récemment dans un documentaire diffusé sur France 3 et même par un film à succès, 'Le discours d'un roi'. Une réalité bien éloignée de l'image véhiculée sur le papier glacé des hebdomadaires qui, malgré leur slogan, attachaient plus d'importance au choc des photos qu'au poids des mots. Que de reportages illustrés, en effet, sur ce couple apparemment romantique qui traînait sa nonchalante et élégante détresse dans les palaces du monde entier, les terrains de golf ou tous les endroits à la mode fréquentés par la jet-set !J'ai donc demandé à Monsieur X de m'éclairer. Car, nous allons le constater, les services secrets ont eu à connaître de ce dossier et ont même joué un rôle primordial dans le processus qui allait conduire à l'abdication d'Edward VIII, un souverain qui risquait de trahir son propre pays s'il était demeuré sur le trône. Enfin, et c'est un aspect curieux de cette histoire, il semble bien qu'un richissime Français, lui aussi très proche des nazis, ait été impliqué dans une affaire qui ne s'est pas arrêtée avec l'abdication du roi.Sat, 03 Jan 2015 13:15:00Le scandale UraMin (1/2)Polar, thriller, scandale. Et même affaire d'état ! Tout y est dans ce dossier sulfureux qui porte un nom : Uramin. Uramin comme uranium et mine, Oui, une affaire où il est d'abord question du précieux minerai qui permet de faire tourner les centrales atomiques ... Et une affaire aussi à 2 milliards et demi de dollars ! La somme payée par la société Areva, et donc par l'état, pour acquérir des mines-fantômes qui, semble-t-il, ne contiendraient pas ou peu de combustible nucléaire... Une somme énorme qui a mystérieusement disparu à l'issue de cette histoire abracadabrantesque, comme dirait un ancien président de la République française.Monsieur X a donc décidé d'essayer d'y voir clair dans ce dossier où l'on retrouve les noms des plus hauts responsables de l'état, de quelques grands décideurs, à côté de ceux d'affairistes internationaux ou, pour parler plus vulgairement de margoulins...Alors qui est à l'origine de ce qui apparaît être une gigantesque escroquerie ? Et pourquoi l'un des plus importants groupes industriels français s'est-il laissé ainsi flouer ? Monsieur X ouvre quelques portes. Au risque de s'attirer les foudres de certains hauts personnages !Sat, 10 Jan 2015 13:15:00Le scandale UraMin (2/2)Deux milliards et demi de dollars : le prix d'une coquille vide ! Et encore un autre milliard pour tenter d'exploiter en vain le contenu de cette coquille vide ! La facture est lourde, très lourde et a débouché sur un véritable scandale d'état ! Il s'agit bien entendu de l'affaire Uramin dont Monsieur X a commencé de nous entretenir la semaine passée...Résumé de l'épisode précédent : Uramin est une société cotée à la bourse de Toronto mais immatriculée dans un paradis fiscal, fondée en 2005 par deux boursicoteurs, qui ont investi chacun une somme dérisoire... Mais ils ont joué très habilement : sachant que le cours de l'uranium ne cessait de grimper et que les géants miniers étaient en permanence à la recherche de nouveaux gisements, ils se sont rendus propriétaires de trois concessions africaines encore inexploitées en Namibie, Centrafrique et Afrique du Sud... Puis, tout en associant à leur compagnie quelques personnalités respectables et une banque canadienne, ils ont produit des documents mirifiques vantant l'excellence de leurs acquisitions... Objectif : en se livrant à ce que Monsieur X a qualifié de gonflette boursière ils ont réussi à valoriser Uramin au-delà de toute espérance. En octobre 2006, elle est déjà estimée par ses fondateurs à quelques 500 millions de dollars.En France, le groupe nucléaire public Areva est intéressé. Sa présidente, Anne Lauvergeon, veut accroître à tout prix sa production d'uranium dans un contexte de compétition acharnée entre tous les géants miniers. Elle est d'autant plus pressée que dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007, elle sait que de puissants intérêts industriels guignent Areva et poussent à sa privatisation... Il lui faut donc se trouver en position de force pour résister à ces pressions.Des négociations sont entamées avec Uramin. Au début janvier 2007, Areva achète un peu plus de 5 pour cent de ses actions. Conséquence : la valeur de la compagnie progresse dans des proportions inouïes... Elle coûtera donc encore plus cher si Areva veut l'acquérir en totalité... Pourquoi le groupe nucléaire a-t-il agi ainsi ? C'est l'une des questions troublantes que pose cette affaire. Mais ce n'est pas la dernière.Sat, 17 Jan 2015 13:15:00Décembre 2014 : échange d'espions entre Cuba et les Etats-UnisPourquoi a-t-elle été oubliée ? Oui, pourquoi celle que l'on a appelée un peu abusivement 'l'espionne de Fidel' n'a-t-elle pas bénéficié de l'échange d'espions effectué en décembre dernier à l'occasion du spectaculaire réchauffement des relations entre Cuba et les états-Unis ? La question ne manque pas d'intriguer car la belle Ana Belen Montès a sans doute été la taupe la plus efficace que les services secrets cubains aient jamais possédée au sein même du renseignement américain... Alors pourquoi le nouveau maître de l'île, Raul Castro, n'a-t-il pas demandé en priorité l'élargissement d'Ana, emprisonnée depuis 13 ans dans l'un des établissements pénitentiaires les plus sévères des Etats-Unis ? C'est d'autant plus étonnant que l'alter ego d'Ana Montès, un certain Rolando Sarraff Trujillo, un espion de premier plan qui a peut-être permis qu'elle soit démasquée, a, lui, été libéré par les Cubains. Sans que l'on sache d'ailleurs ce qu'il est devenu depuis.Bref, vous l'avez compris, cette affaire demeure encore mystérieuse. Monsieur X ne pouvait donc pas ne pas s'intéresser à ce curieux échange d'espions qui rappelle les heures les plus tendues de la Guerre froide. Et il demande donc avec insistance : pourquoi a-t-on oublié Ana Belen Montès ?Sat, 24 Jan 2015 13:15:00Assassinats et corruption sur la Côte d'Azur (1/2)Vingt ans après, le mystère n'est toujours pas dissipé. Et sans doute ne le sera-t-il jamais...Je veux parler de deux affaires qui semblent indissociables, bien qu'on ait tout fait pour justement les dissocier... D'abord l'assassinat en février 1994 de la députée Yann Piat. Certes, des petits truands ont été jugés responsables et condamnés. Mais manifestement, le costume de tueurs qu'on leur a fait endosser était un peu trop grand pour leur modeste carrure... Et ensuite le double suicide très étrange, et assez peu crédible, de deux frères, les Saincené, dix semaines seulement après la disparition de la parlementaire.Deux affaires et peut-être, derrière, les mêmes intérêts criminels, mêlant politique et gangstérisme, dans une région, la Côte d'Azur, qui est minée par la corruption et où rôde même l'ombre de la mafia !Monsieur X revient donc sur ces faits, pointe les manquements de la Justice, les errements des deux enquêtes et les multiples tentatives de manipulation. Il essaie surtout de déterminer ce qui pouvait expliquer un tel enchaînement. Dans un instant, ce que l'on sait et, surtout, ce que l'on a toujours tenté de dissimuler...Sat, 31 Jan 2015 13:15:00Assassinats et corruption sur la Côte d'Azur (2/2)La députée Yann Piat a été assassinée en février 1994. Mais les frères Saincené qu'on a retrouvés morts moins de trois mois plus tard, dans le même département, le Var, n'auraient-ils pas été, eux aussi, assassinés ? Et peut-être pour une raison identique : la connaissance qu'ils avaient d'une gigantesque embrouille immobilière et politico-mafieuse !Je résume ce que nous a appris Monsieur X la semaine passée... Yann Piat, députée de la droite classique après être passée par le Front national, prétendait nettoyer son département miné par la corruption et le gangstérisme. Etait-elle sincère ? En tout cas, elle gênait. Avant et après sa mort. La meilleure preuve ayant été donnée par l'attitude de la Justice qui s'est empressée de réduire son assassinat à une banale affaire de rivalité politicienne réglée par une équipe de petits malfrats locaux... Quitte à multiplier les négligences et les manquements et à refuser systématiquement les investigations qui auraient pu déboucher sur une vérité autrement plus dérangeante...Et pourtant une enquête sérieuse sur l'étrange double mort des frères Saincené en mai 1994 aurait certainement pu faire la clarté sur ce dossier. Et donc permis aussi d'identifier les vrais commanditaires de l'assassinat de Yann Piat.Monsieur X ouvre donc le deuxième volet de cette affaire ténébreuse. Car pour lui, il n'y a aucun doute, les deux dossiers sont liés !Sat, 07 Feb 2015 13:15:00Togo, le pays des 'sorciers blancs'Après le Burkina Faso, la République démocratique du Congo ou le Togo ! C'est ce que pensent nombre d'observateurs de la scène africaine qui relèvent de nombreux points communs dans la situation de ces pays... à commencer par un pouvoir autoritaire sinon dictatorial qui masque ses dérives sous une apparence de démocratie... Et surtout la volonté d'autocrates de modifier la Constitution avant l'élection présidentielle afin de régner le plus longtemps possible. Ajoutons pour en terminer brièvement avec cette comparaison la même volonté d'accaparer les richesses d'un pays au seul profit du clan au pouvoir.Alors aujourd'hui, le Togo, connaîtra-t-il une révolution semblable à celle du Burkina Faso avant l'élection présidentielle prévue dans quelques semaines, les mêmes causes produisant les mêmes effets ? C'est une possibilité tant les jeunes opposants ont vu dans les événements de l'automne 2014 au Burkina Faso une invitation implicite à agir et à descendre eux aussi dans la rue pour chasser un pouvoir corrompu et despotique !Pour comprendre, Monsieur X revient sur l'histoire récente du Togo et souligne une particularité de cette ancienne colonie : l'existence de ceux que l'on a appelés les 'sorciers blancs' ! Des conseillers français omniprésents, omnipuissants, qui n'ont pas manqué de prendre leur part dans le partage du butin !Sat, 14 Feb 2015 13:15:00Retour sur la Libye (1/2)Où va la Libye ? Dotée de centaines de milices qui menacent à tout moment de la plonger dans une guerre civile, pourvue de deux gouvernements antagonistes et d'un général qui, à défaut de se prendre pour un nouveau de Gaulle se verrait bien comme un maréchal Sissi libyen... Une Libye proche de l'éclatement et dont le sud désertique est devenu un sanctuaire pour les djihadistes de tout poil... Tel est donc le pays, quatre ans après l'intervention militaire franco-britannique et la disparition programmée de Mouammar Kadhafi qui régnait sur la Libye depuis 1969.Le bilan est donc accablant. Là où certaines bonnes âmes avaient cru aider à la naissance d'un nouveau printemps arabe, ne subsiste qu'un chaos lourd de futures menaces. Une ville de la Cyrénaïque, Derna, a par exemple déjà proclamé son allégeance au califat des égorgeurs islamistes de Daech. Et assez récemment, un attentat dans un hôtel de Tripoli, attentat revendiqué par ce même Daech, a causé la mort de 9 personnes dont un pilote français.Mais seuls les vrais connaisseurs de la Libye ne sont pas étonnés. Car ils ont dénoncé dès son commencement une opération militaire qui n'a fait que réveiller les anciennes lignes de fracture qui ont toujours existé dans le pays.Nous retournons donc une fois de plus avec Monsieur X en Libye. Pour analyser et comprendre les graves dérives actuelles mais d'abord pour évoquer une mystérieuse affaire qui s'est achevée par la mort du seul Français victime du conflit libyen... Pierre Marziali était-il un mercenaire, un soldat perdu ? Ou plus vraisemblablement un homme assassiné parce qu'il avait eu le tort de dire la vérité ? Et, dans ce cas, on se trouverait devant une véritable affaire d'état !Enfin la question d'une nouvelle intervention militaire en Libye fait débat dans la communauté internationale... Certains y voient la seule possibilité de couper les têtes de l'hydre terroriste qui sévit dans le Sahel. Mais est-elle envisageable sans la pacification préalable du nord de la Libye ?Sat, 21 Feb 2015 13:15:00Retour sur la Libye (2/2)Et si les Kadhafistes revenaient au pouvoir en Libye ? La question peut paraître aujourd'hui quelque peu scandaleuse. Et pourtant... Face au chaos qui règne en Libye où deux gouvernements, qui s'estiment aussi légitimes l'un que l'autre, s'affrontent sur fond de guerre entre les diverses milices islamistes, certains se demandent si telle ne serait pas la solution... D'abord, forcément, les voisins, égyptien, tunisien ou tchadien, que le désordre libyen inquiète à juste titre... L'Italie aussi dont les côtes sont proches. Ensuite quelques Libyens eux-mêmes qui, sans regretter le bourreau que fut Kadhafi, aspirent au retour de l'ordre et de la paix civile. Et enfin, quelques chancelleries ne sont pas loin de partager ce point de vue, tant il apparaît aujourd'hui qu'en liquidant le dictateur, sans même avoir pensé à la suite, on a ouvert une véritable boîte de Pandore. Où il sera bien difficile de faire rentrer les diables qui s'en sont échappés.Mais nous n'en sommes pas encore là, même si cette idée progresse en Libye et à l'étranger. Monsieur X continue donc à m'entretenir de la Libye, après, la semaine passée, avoir évoqué la mort mystérieuse d'un mercenaire français qui avait sans doute eu le tort d'affirmer trop tôt que parmi les révolutionnaires encensés par Bernard-Henri Lévy et les plus hautes autorités françaises se trouvaient de dangereux islamistes. Il revient, à la lumière des derniers événements, sur l'évolution récente de ce pays où règne aujourd'hui la plus grande confusion.Sat, 28 Feb 2015 13:15:001944, massacre au camp de ThiaroyeEt si tout avait commencé à Thiaroye ? Tout, c'est-à-dire l'irrésistible mouvement de décolonisation du continent africain, et la prise de conscience par les 'indigènes', comme on les appelait encore au mitan du 20ème siècle, de leur condition d'exploités et de sous-hommes ! Oui, si tout avait commencé le 1er décembre 1944, à Thiaroye, modeste casernement de la banlieue de Dakar, sous le feu de la soldatesque coloniale française. Bien entendu, c'est une supposition réductrice et certainement inexacte. Et pourtant, le massacre de Thiaroye demeure comme une cicatrice indélébile dans l'histoire de la colonisation. Un événement originel qui a profondément marqué l'Afrique francophone et dont le souvenir reste vif, 70 ans plus tard. A tel point que François Hollande, lors d'un voyage récent au Sénégal, a reconnu officiellement la responsabilité de la France dans la tragédie de Thiaroye. Une déclaration qui est en quelque sorte pour les Africains le pendant du discours de Jacques Chirac lorsqu'en 1995, il a solennellement reconnu la responsabilité des autorités françaises dans la rafle du Vel d'Hiv' et la déportation des Juifs.Cependant, rares sont les Français qui connaissent l'affaire de Thiaroye. C'est pourquoi Monsieur X m'a proposé de me raconter cette page sombre de notre Histoire coloniale.Sat, 07 Mar 2015 13:15:00Qui a tué le procureur argentin Alberto Nisman ? (1/2)'Je suis Nisman !' Comme les millions de Français qui ont défilé en proclamant 'Je suis Charlie', des centaines de milliers d'Argentins sont récemment descendus dans les rues de Buenos Aires en scandant 'Je suis Nisman !'. Alberto Nisman, un procureur, retrouvé mort chez lui, alors qu'il devait le lendemain rendre public son rapport d'enquête sur une affaire dramatique qui empoisonne la vie politique argentine depuis une vingtaine d'années : l'attentat antisémite le plus sanglant de toute l'histoire de l'Argentine, 84 morts et 300 blessés en juillet 1994 ! Un attentat qui avait été précédé par une autre action terroriste contre l'ambassade d'Israël au cours de laquelle, en mars 1992, 28 personnes avaient péri.Dans ces conditions, la mort de Nisman a donc provoqué un véritable traumatisme en Argentine. D'autant que les circonstances de son décès ne sont toujours pas éclaircies : si, de façon hâtive, les autorités du pays ont évoqué un suicide, cette thèse a été non moins rapidement battue en brèche et la mort mystérieuse du procureur est même devenue une affaire d'état. Qui avait intérêt à étouffer son enquête ? Et si Nisman a été assassiné, qui a commandité ce meurtre ? La présidente Kirchner, elle-même, ne doit-elle pas être soupçonnée ? Bref, nombreux sont les Argentins qui dénoncent un vrai scandale politique. Un scandale qui fait remonter à la surface les heures les plus sombres de l'histoire du pays.Sat, 14 Mar 2015 13:15:00Qui a tué le procureur argentin Alberto Nisman ? (2/2)Ses proches sont formels : le procureur argentin Alberto Nisman n'était nullement suicidaire. Et d'ailleurs, un homme qui a préparé une liste de courses pour sa femme de ménage, a-t-il l'intention de se donner la mort ? Plus sérieusement, un magistrat qui devait présenter le lendemain un important rapport devant une commission parlementaire, pouvait-il avoir l'intention de mettre fin à ses jours ? Non, dans cette affaire mystérieuse, rien ne plaide en faveur du suicide... Et tout, au contraire, incline à penser à un assassinat... à commencer par le fait que sur les mains de Nisman, il n'a été retrouvé nulle trace de poudre... Ou encore que les caméras de surveillance installées autour de son immeuble se trouvaient curieusement en panne le jour de sa disparition. Et puis il y avait les nombreuses menaces que le procureur avait reçues...Alors pourquoi aurait-il été éliminé ? Le mobile de son ou de ses éventuels meurtriers doit bien sûr être recherché dans son travail de magistrat : la direction d'une enquête aussi tentaculaire que confuse sur un double attentat antisémite perpétré à Buenos Aires dans les années 90. Pour sa part, Alberto Nisman menait des investigations depuis dix ans et il était donc sur le point de communiquer dans un document quasi-définitif ses conclusions. Monsieur X nous l'a dit la semaine passée, le procureur allait certainement pointer la responsabilité des Iraniens dans ce double attentat... Toutefois il se disait aussi qu'il allait accuser le pouvoir, la présidente Kirchner en l'occurrence, d'avoir tout fait pour étouffer l'affaire et exonérer Téhéran... Devait-on alors le faire taire à tout prix ? Mais, à la toute fin de son dernier entretien, mon interlocuteur me disait aussi que d'une façon ou d'une autre, il fallait chercher la vérité du côté des services secrets argentins...Sat, 21 Mar 2015 13:15:00Gary Webb, l'homme qui a eu raison trop tôtLe résumé de l'histoire, le pitch, comme on dit de nos jours, est d'une simplicité glaciale : un journaliste, après une longue enquête, publie une série d'articles fracassants. Il dénonce un authentique scandale : la compromission des services de renseignement de son pays avec des narco-trafiquants. Cette publication fait sensation. Mais bientôt, le journaliste est accusé par les plus grands médias d'avoir pris des libertés avec la vérité. Un vrai lynchage ! Sa rédaction en chef qui l'avait d'abord soutenu avec enthousiasme le lâche peu à peu. Contraint à la démission, il sombre. Et il finit par se donner la mort. Pourtant, on le sait aujourd'hui, ce journaliste n'avait rien inventé.Telle est donc la trame d'un film américain récent, Secret d'état. Mais il ne s'agit pas d'une fiction. Le journaliste, Gary Webb, a réellement existé et il s'est vraiment suicidé en 2004. Si Monsieur X a décidé de me raconter cette histoire, c'est qu'elle jette une lumière crue sur le fonctionnement de la plus grande démocratie du monde, comme on l'habitude de dire... Pourquoi la minutieuse enquête de Gary Webb n'a-t-elle pas provoqué un véritable séisme aux états-Unis. Alors même que le journaliste mettait en évidence que les activités criminelles de la CIA étaient directement responsables de l'épidémie de drogue qui avait submergé la côte ouest dans les années 80 et surtout sévi dans la population afro-américaine. Et si la grande presse n'avait pas suivi et avait même fini par pilonner le travail du journaliste, était-ce seulement parce qu'au même moment il n'était question que des exploits sexuels de Bill Clinton avec une stagiaire de la Maison Blanche ? Un rideau de fumée ou la volonté d'étouffer à tout prix un scandale dévastateur ?Sat, 28 Mar 2015 13:15:00Zaïre : le retour des 'Affreux'On les a appelés les 'Affreux'. Des mercenaires à l'ancienne. C'est-à-dire avant que n'apparaissent sur le marché de la guerre ces armées privées, cotées en bourse et quasi-industrialisées, telles Blackwater... Non, ceux-là, les Affreux, étaient souvent des soldats perdus, et toujours des types en mal d'aventure. Français, Belges, Yougoslaves, Sud-Africains, ils se sont rendus tristement célèbres en combattant dans l'ex-Congo belge dans les années 1960 ou sur d'autres théâtres d'opérations africains où ils ont généralement soutenu le pouvoir blanc ou des causes néo-colonialistes. L'une de leurs dernières équipées ayant été, rangés sous la bannière du mythique Bob Denard, une tentative de prise de pouvoir dans les Comores.Mais on connaît moins le rôle qu'ils ont joué en 1996 et 1997 lorsque la France a essayé vainement de sauver le soldat Mobutu, notre ami le dictateur zaïrois... Une intervention militaire désastreuse et sanglante qui a aussi été, symboliquement, le chant du cygne de Jacques Foccart, le grand prêtre de la Françafrique.Monsieur X m'a donc proposé cette semaine de me raconter cet ultime épisode de l'intervention des Affreux sur le continent africain, où Paris n'a pas hésité à mobiliser dans le plus grand secret des criminels de guerre serbes !Sat, 11 Apr 2015 13:15:00Iran, le retour (1/2)Il faut le reconnaître : l'Iran est devenu aujourd'hui incontournable ! Ce même Iran classé parmi les pays faisant partie de 'l'Axe du mal' selon George Bush junior... L'Iran, Etat terroriste, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire et toujours, au moins officiellement, désireux d'anéantir Israël... Bref, l'Iran des Ayatollahs, distributeurs de fatwas de mort... Eh bien aujourd'hui, même Washington doit admettre qu'il représente une force stabilisatrice au Moyen Orient et qu'il est devenu de facto un allié de poids, quasi-indispensable, dans la lutte contre Daech, l'Etat islamique. En dépit du soutien qu'il continue à accorder au Syrien Bachar al-Assad et au Hezbollah libanais...Monsieur X, qui m'a souvent parlé de cette partie du monde plus troublée que jamais, a donc entrepris dans ce nouvel entretien de me raconter cet extraordinaire retournement de situation. Et il en profite pour évoquer un personnage méconnu mais qui, souvent dans l'ombre, tire les ficelles militaires et politiques de tout ce qui se passe dans la région. Cet homme, c'est un général, Qassem Suleimani, chef de la force AlQods, l'unité d'élite des Gardiens iraniens de la Révolution. L'homme qui est peut-être le chef de guerre le plus puissant du Proche et Moyen Orient actuel ! Mais qui était aussi auparavant l'un des hommes les plus recherchés au monde à cause des actions terroristes qu'il a commanditées, en particulier contre l'Occident !Sat, 18 Apr 2015 13:15:00Iran, le retour (2/2)'Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples' écrivait le général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre... L'Orient compliqué, oui. Et qui ne l'a jamais été autant, si l'on en juge par les derniers développements de la situation en Syrie, en Irak, au Liban et maintenant au Yémen. C'est une véritable tempête qui souffle sur ces pays où, comme le disait Monsieur X la semaine passée, un acteur devient incontournable : l'Iran ! L'Iran, partenaire incommode mais indispensable de la lutte contre Daech, l'Etat islamique. Mais l'Iran qui continue à soutenir coûte que coûte la dictature de Bachar el-Assad en Syrie et manipule le Hezbollah au Liban... L'Iran, enfin, qui édifie patiemment ce que d'aucuns appellent l'arc chiite au Proche et au Moyen Orient. Et qui, il y a peu, a provoqué une vive réaction de son meilleur ennemi, l'Arabie saoudite. Ryad, en effet, exaspéré par la mainmise iranienne croissante dans la région, a décidé d'intervenir militairement au Yémen, aux côté d'autres états arabes sunnites, et avec l'appui logistique des Etats-Unis, pour contrer la rébellion houthiste, un mouvement chiite soutenu par Téhéran. Paradoxe de la situation, cette même Arabie saoudite fait partie de la coalition anti-Daech. Or l'Iran, même s'il n'en fait pas théoriquement partie, apparaît de plus en plus comme étant le fer de lance du combat contre les barbares de l'état islamique ! Les Etats-Unis ne sont pas moins embarrassés : l'Arabie saoudite demeure leur allié le plus sûr dans la région. Mais en même temps, les dirigeants américains veulent apaiser leurs relations avec l'Iran. Forcément au grand dam des Saoudiens qui ne se satisferont pas de l'aide que Washington leur accorde dans leur campagne yéménite.Monsieur X poursuit donc aujourd'hui son récit à la lumière du parcours d'un homme de l'ombre qui semble tirer toutes les ficelles, et depuis des années : le général iranien Qassem Suleimani !Sat, 25 Apr 2015 13:15:00La guerre des clans au Kazakhstan et ses rebondissements en FranceIl est tout puissant. Et il est riche, très riche ! C'est pourquoi on lui déroule le tapis rouge... Noursoultan Nazarbaev, président quasi inamovible du Kazakhstan. 'Papa', comme ses fidèles l'appellent. Un ancien apparatchik communiste qui règne sans partage sur cet immense pays de l'Asie centrale, une ex-République soviétique. Oui, on lui fait les yeux doux car le Kazakhstan, c'est un peu le nouvel Eldorado. Sous ces steppes désolées, on trouve en quantité de l'uranium, des métaux rares, du gaz, du pétrole... Bref, il y a là de quoi susciter maintes convoitises. Et d'abord à l'intérieur même du pays où s'édifient des fortunes considérables sur fond de féroces luttes claniques. Mais aussi à l'extérieur où les multinationales et les grandes puissances lorgnent sur ce trésor qui semble inépuisable. Il n'est jusqu'à Vladimir Poutine qui voudrait faire du Kazakhstan l'un des piliers de son grand rêve : l'édification d'une union eurasienne, qui serait à l'Est le pendant de l'Union européenne, c'est-à-dire le rassemblement sous sa houlette des peuples slaves et turcophones. Bref, au fond, la reconstruction de l'ex-empire soviétique.Et la France ? Elle est aussi concernée par les affaires kazakhes... Et d'abord parce nos industriels et nos hommes politiques manifestent beaucoup d'appétit pour la richesse de ce pays et les contrats qu'on peut y signer, quitte parfois à user de procédés douteux. Ainsi la Justice s'intéresse particulièrement au sénateur Aymeri de Montesquiou qui vient de perdre son immunité parlementaire à cause de son intervention supposée dans une vente d'hélicoptères. Et ensuite, assez curieusement, parce que des affrontements entre les oligarques kazakhs se sont déportés chez nous. Pour le plus grand embarras de la Justice française.Sat, 02 May 2015 13:15:00Les cellules AlphaC'est le secret dans le secret ! L'existence au sein même de nos services secrets d'une cellule encore plus secrète : un petit noyau de tueurs qui ne peuvent être activés que par les plus hautes instances de notre pays ! C'est-à-dire le président de la République ! Mais attention, ces assassins d'état ne sont pas censés exister. Et leurs faits d'armes encore moins !Ce sont les tueurs Alpha ! Ils ne figurent dans nul organigramme et aucun document administratif ne mentionne leurs activités. Et, bien sûr, dans les archives officielles on ne trouve pas trace des missions qui leur ont été confiées !Autre révélation, qui n'est pas moins étonnante - je l'ai trouvée dans un livre récent de mon confrère Vincent Nouzille -, parmi les présidents de la Vème République qui ont eu recours aux services de ces spécialistes de l'assassinat ciblé et extrajudiciaire, c'est François Hollande qui semble avoir été leur employeur le plus constant ! Celui, donc, qui n'a pas hésité à secrètement condamner à la peine suprême les pires ennemis de notre pays. Et, évidemment, il s'agit de terroristes coupables d'avoir donné la mort à quelques-uns de nos concitoyens... Et qui ont donc été châtiés en tant que tels ! Bref, c'est l'application de la loi du Talion au plus haut sommet de l'état.Mais naturellement François Hollande n'a pas été le premier président à agir ainsi. Et avant même la création du groupe Alpha, au mitan des années 1980, d'autres chefs d'état ont usé, et parfois même abusé, de ce redoutable droit de vie ou de mort, exercé dans le plus grand secret et sans le contrôle d'une instance élue et donc représentative.Sat, 09 May 2015 13:15:00Nkrumah et Ben Barka frères de combat (1/2)Certains de ses partisans l'appelaient 'Monsieur Dynamo' ! Une façon de rendre hommage à son inlassable activité en faveur du Tiers-Monde et des peuples opprimés...Cet homme c'était Ben Barka ! Et, un demi-siècle après sa disparition, on s'interroge toujours. Si l'on sait de façon quasi-certaine qu'il a été tué par des compatriotes, agissant au nom du pouvoir marocain, on ne sait pas dans quelles circonstances et on ignore ce qu'est devenue sa dépouille...Mais, très récemment, des informations en provenance d'Israël semblent éclaircir tous ces points. Et Monsieur X n'est guère étonné car, déjà, lors de précédents entretiens, mon interlocuteur m'avait laissé entendre que des agents israéliens avaient joué un rôle dans cette mystérieuse affaire. Et, bien sûr, nous allons ensemble y revenir. Mais, coïncidence, Monsieur X avait choisi d'évoquer l'histoire emblématique d'un dirigeant qui était une pièce indispensable dans le dispositif anticolonialiste que mettait en place Ben Barka au sein de ce que l'on nommait dans les années 1960 la Tricontinentale. C'est-à-dire une organisation des dirigeants des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine décidés à conduire une action concertée contre l'impérialisme occidental...Cet homme, c'était le président ghanéen, Kwame Nkrumah, le chantre du panafricanisme. Un éminent personnage qui, à l'instar de son ami Ben Barka, était lui aussi l'une des bêtes noires des puissances occidentales qui soupçonnaient la Tricontinentale de rouler en réalité pour le Bloc de l'Est. Nkrumah, Ben Barka et les autres étaient donc des cibles naturelles pour les services secrets de l'Ouest !Sat, 16 May 2015 13:15:00Nkrumah et Ben Barka frères de combat (2/2)C'était le héros du panafricanisme et il ne rêvait que d'édifier sur son continent natal une confédération de pays africains : les états-Unis d'Afrique ! Cet homme, c'était Kwame Nkrumah, un pionnier du combat anticolonialiste, élu dès 1957 président de son pays nouvellement indépendant, le Ghana, l'ancienne Côte d'Or britannique. Mais ce dirigeant emblématique était aussi l'un des porte-drapeaux des mouvements de décolonisation qui agitaient le tiers-monde après la fin de la Seconde Guerre mondiale... Il était en particulier l'un des leaders de ce que l'on a appelé la Tricontinentale ! C'est-à-dire un mouvement regroupant des organisations anti-impérialistes et progressistes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine qui était devenu assez logiquement la bête noire des puissances occidentales. D'autant plus que cette Tricontinentale était soupçonnée de rouler en réalité pour le Bloc de l'Est. Ses dirigeants étaient donc des cibles pour les services secrets de l'Ouest.Monsieur X nous l'a dit la semaine passée, le principal animateur de ce mouvement était un ami de Nkrumah, le Marocain Mehdi Ben Barka, enlevé à Paris en 1965 et vraisemblablement assassiné. Et justement, d'après mon interlocuteur, de nouvelles informations sur cette mystérieuse affaire semblent indiquer que les services israéliens auraient été impliqués dans la disparition de Ben Barka. Mais auparavant, avant d'explorer cette piste, Monsieur X revient sur le parcours de Nkrumah. Dans la décennie 1960, le Ghanéen, déjà victime de plusieurs tentatives d'attentat, est de plus en plus menacé. Et Washington ne semble pas étranger à ces manoeuvres de déstabilisation.Sat, 23 May 2015 13:15:00Ukraine : le plan de PoutineNovorossia ! La nouvelle Russie ! Tel est le nom du plan élaboré par Poutine et ses conseillers pour croquer un morceau d'Ukraine... Car, c'est en tout cas l'opinion de Monsieur X, les agissements de la Russie dans l'Est et le Sud de cette ancienne République soviétique ne doivent rien au hasard ni aux errements de la politique ukrainienne. En réalité, le Kremlin applique un plan minutieusement préparé... Il se propose d'en donner le détail.Auparavant, il revient sur les derniers développements d'un conflit qui, selon les estimations les plus optimistes, a déjà causé la mort de plus de 5.000 morts et provoqué la déplacement de plus de centaines de milliers d'Ukrainiens. Il s'agit donc d'une véritable guerre au coeur même de l'Europe et qui aboutirait, si Poutine réalise son dessein, à redessiner des frontières à l'intérieur de notre continent pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.Pour autant, et sans vouloir absoudre Vladimir Poutine, il faut remarquer que les territoires convoités par la Russie, essentiellement au sud-est de l'Ukraine, n'ont été attribués à ce dernier pays par le pouvoir bolchevique qu'au début des années 20. Alors qu'ils avaient été conquis par les Tsars, deux siècles plus tôt... à commencer par la Crimée. Bref, Poutine ambitionnerait de ressusciter l'empire russe.Sat, 30 May 2015 13:15:00Kim Jong Il fait son cinémaL'histoire est à peine croyable : pour vivifier et renouveler le cinéma de son pays, le dictateur nord-coréen Kim Jong-Il a tout simplement fait enlever deux stars sud-coréennes afin de les obliger à travailler pour lui ! Prisonniers, ces deux artistes n'ont pas eu d'autres choix que d'exercer leur art au service de la Corée du Nord. Et il leur faudra attendre de longues années avant de pouvoir échapper à leur geôlier ! Et de retrouver leur patrie.Mais si cette affaire semble proprement insensée, il faut la replacer dans un cadre plus large : à plusieurs reprises, la dictature nord-coréenne a procédé au kidnapping de plusieurs citoyens du sud ou de Japonais. Afin, par exemple d'en faire des espions. Une pratique que les Nord-coréens ont longtemps niée avant, finalement, de devoir reconnaître du bout des lèvres leur culpabilité... Au moins en ce qui concerne les enlèvements de Japonais.Monsieur X, a eu entre les mains un ouvrage étonnant qui retrace l'invraisemblable épopée de ce couple mythique de cinéastes sud-coréens, internationalement connu. Plaisamment intitulé 'Une superproduction de Kim Jong-Il', ce livre de l'Américain Paul Fischer propose un récit détaillé et précis de la tragique mésaventure de Choi Eun-hee et Shin Sang-ok. Monsieur X s'en est inspiré. Mais, dit-il d'emblée, si l'enlèvement de ces deux stars est particulièrement emblématique, il s'agit aussi d'une affaire qui ne doit pas masquer une réalité encore plus monstrueuse...Sat, 06 Jun 2015 13:15:00Bouaké : une affaire d'EtatLa tragédie de Bouaké, c'était une bavure manipulée ! Curieux oxymore du général Poncet qui commandait l'opération Licorne en Côte d'Ivoire... Une tragédie qui, rappelons-le, a coûté la vie de neuf militaires français en novembre 2004... Une bavure manipulée, peut-être. Mais plus certainement un vrai scandale d'état si l'on en juge par les derniers développements d'une affaire qui, dix ans plus tard, n'a toujours pas reçu de réponse judiciaire et suscite de nombreuses questions embarrassantes... Car on a rarement assisté à un tel étalage d'allégations mensongères, de demi-vérités et de négligences qui ne doivent rien au hasard.Monsieur X, qui a déjà évoqué cette affaire, a donc décidé de rouvrir ce douloureux dossier. En effet, si l'attaque aérienne de Bouaké a provoqué dix morts, neuf soldats français et un humanitaire américain, il ne faut pas oublier qu'elle a été le point de départ d'événements encore plus meurtriers qui ont ensuite ensanglanté la capitale économique de la Côte d'Ivoire, Abidjan.Retour donc sur l'affaire de Bouaké. Sur ses mystères et ses mensonges.Sat, 13 Jun 2015 13:15:00Un état palestinien peut-il encore exister ?Un Etat palestinien existera-t-il un jour ? La question est polémique sinon provocatrice, puisque les partisans de la paix et la diplomatie internationale, quasi-unanimes, continuent d'affirmer que la résolution de ce conflit vieux de quelques sept décennies ne peut passer que par la création d'un Etat palestinien qui co-existerait avec l'Etat hébreu !Pourtant, lorsqu'on regarde une carte géographique, il apparaît que le territoire sur lequel pourrait s'établir cet éventuel Etat palestinien est de plus en plus mité par les colonies israéliennes. Une évolution constante depuis la guerre des Six-Jours et l'occupation de la Cisjordanie par Tsahal. Aujourd'hui, plus de 500.000 colons israéliens y sont installés et chaque semaine ou presque voit la construction de nouvelles implantations en territoire occupé. Et il ne faut pas attendre du gouvernement israélien, le plus à droite jamais formé en Israël, un infléchissement de cette politique systématique de colonisation.En réalité, c'est en tout cas l'avis des observateurs les plus lucides, faisant fi du droit international et de toutes les résolutions adoptées par l'ONU, l'Etat israélien poursuit le grignotage de la terre palestinienne. Ce qui, à terme, rendra impossible la création d'un état palestinien viable. Et mettra la communauté internationale devant le fait accompli ! Mais n'était-ce pas, dès le début, l'ambition des partisans du Grand Israël qui sont aujourd'hui au pouvoir et qui, tout au long de l'histoire de l'Etat hébreu, n'ont cessé d'exercer leur influence sur tous les gouvernements israéliens, quelle que soit leur couleur politique...Sat, 20 Jun 2015 13:15:00