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  <title>Margaret Hamilton</title>
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  <div class="right">
    <h1>Sans Margaret Hamilton, l’homme n’aurait pas marché sur la Lune</h1>
  </div>
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    <p class="author">
      Ségolène Forgar  |  Le 20 juillet 2019
    </p>
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  <div>
    <h2>
      En 1969, les trois membres d’équipage d’Apollo 11, Neil Armstrong,
      Edwin Aldrin et Michael Collins, deviennent du jour au lendemain des
      héros de l'histoire. Ce que l’on sait moins, c’est que la mission
      lunaire n’aurait pas été couronnée de succès sans l’aide d’une
      femme : Margaret Hamilton.
    </h2>
    <p>«C'est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour
      l'humanité.» Le 21 juillet 1969, il est 3h56 du matin en France
      lorsque Neil Armstrong devient le premier homme à poser le pied sur la
      Lune. À 384.400 kilomètres de là, sur Terre, près de 700 millions de
      personnes assistent (chiffres estimés à l'époque par ABC, soit 20% de
      la population mondiale, NDLR), les yeux rivés sur leurs écrans de
      télévisions, à cet instant historique. Parmi elles : la mathématicienne
      américaine Margaret Hamilton est aux aguets. Prête à intervenir à tout
      moment si le logiciel de pilotage installé dans le vaisseau spatial
      s'avère défaillant. Restés dans l’ombre des trois astronautes, la jeune
      femme et son équipe ont pourtant largement contribué au succès de la
      mission d’Apollo 11.
    </p>
  </div>
  <div>
      <h2>"La postérité des femmes scientifiques est un défi"</h2>
      <p>
        Pas si surprenant que cela, selon la chercheuse suisse Isabelle Collet.
        Spécialiste des discriminations des femmes dans l’informatique et les
        sciences, cette scientifique observe : «On attribue souvent aux femmes
        des rôles subalternes. Même quand leur travail a été reconnue à
        l’instant T, celles-ci ont par la suite été oubliées et ont disparu
        de l’histoire.» Avant de poursuivre : «La postérité des femmes
        scientifiques est un défi. Margaret Hamilton aura au moins eu la
        chance d’être (re)découverte de son vivant.» Et il y a de quoi.
        En 1969, cette dernière est responsable de l’équipe chargée du
        développement du logiciel embarqué, en vue de la mission Apollo 11.
        À l’époque, il n’est pas rare de voir des femmes aux manettes du
        code informatique. «Au tout départ, ce sont les femmes qui
        programmaient. Elles étaient en charge du logiciel, tandis que
        les hommes s’occupaient du matériel, rappelle Isabelle Collet.
        Une fois que l’importance de la programmation est devenue évidente,
        les hommes ont repris la technologie.» Reste que Margaret Hamilton
        est l’une des premières au monde à se voir attribuer le titre de
        «Software Engineer» (ingénieure logiciel).
      </p>
  </div>
  <div class="images_soustitres">
    <h2>Une arrivée fracassante</h2>
    <img src="https://i.f1g.fr/media/madame/1200x/sites/default/files/img/2019/07/margaret-hamilton_0.jpg" alt="marget_hamilton">
    <div class="soustitre">
      En 1963, Margaret Hamilton intègre le laboratoire Draper du MIT.
      Elle y supervise l’équipe chargée de développer les logiciels du
      programme spatial Apollo.<br>
      Smithsonian national air and space museum / AFP
    </div>
  </div>
  <div>
    <p>
      C’est dans la petite bourgade de Paoli, dans l'Indiana, que naît
      Margaret Heafield, le 17 août 1936. Son père est poète et sa mère
      professeure. Davantage passionnée par les équations que par les
      lettres, la jeune femme quitte le foyer familial en 1955,
      direction Ann Arbor dans le Michigan. Là-bas, elle suit des études
      de mathématiques et épouse James Hamilton, un futur avocat, en 1958.
      Le couple accueille très vite une petite fille. Sa licence en poche,
      Margaret Hamilton se dirige vers l’enseignement en attendant que son
      mari obtienne son diplôme de droit à Harvard. Son plan ? Soutenir
      James pendant trois ans. À l’issue de quoi, il devra lui rendre la
      pareille pour qu’elle puisse se consacrer à l’études des
      mathématiques fondamentales. Dans une interview pour le site
      Makers, Margaret Hamilton décrit les conditions des femmes des
      étudiants d’Harvard. «Ils souhaitaient que les femmes, moi comprise,
      leur servent le thé, et j’ai rétorqué à mon mari : "Il est hors de
      question que je serve du thé. Si je vais à l’école de droit
      d’Harvard, très bien, j’y ferai ce qu’y font les hommes. Mais je ne
      serai pas mise dans cette position." Ma position l’a rendu très
      fier.»
    </p>
    <p>
      En 1960, la consécration. Margaret Hamilton intègre le très
      prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Elle y
      développe des logiciels de prévision météorologique sur ordinateurs,
      avant de travailler dès 1961 sur le projet militaire SAGE, l’un des
      premiers systèmes informatiques de défense antimissile. Un bizutage
      l’attend alors, rapporte France Culture. «Ce qu’ils avaient
      l’habitude de faire, quand vous veniez de débuter dans
      l’organisation, c’était de vous assigner à un programme que
      personne n’avait été capable de comprendre et de faire fonctionner.
      Quand j’ai débuté, ils m’ont mise dessus également.
      C’était une programmation piégée, et la personne qui l’avait écrite
      s’était amusée à mettre tous les commentaires en grec et en latin.
      Donc on m’a assignée à ce programme, et je l’ai finalement fait
      fonctionner. Il imprimait même ses réponses en latin et en grec.
      J’étais la première à le faire marcher.»
    </p>
    <h2>Le virus Lauren</h2>
    <p>
      Margaret Hamilton démontre chaque jour ses compétences. À force,
      elles font d’elle la candidate idéale pour superviser l’équipe
      chargée de développer les logiciels du programme spatial Apollo.
      Pari réussi : la jeune femme fait son entrée dans le laboratoire
      Draper du MIT en 1963. Séparée de son mari, la mathématicienne
      n’hésite pas à emmener sa fille au bureau, aussi bien la nuit
      que le week-end. Au Guardian, elle raconte cette anecdote :
      «Un jour, elle était avec moi quand je faisais une simulation de
      mission sur la Lune. Elle aimait m'imiter et jouer à l'astronaute.
      Elle a commencé à taper sur les touches et tout à coup, la
      simulation a commencé. Elle a appuyé sur d'autres touches et
      cela a planté.» Et pour cause : la petite Lauren a sélectionné
      le programme d’atterrissage pendant un vol simulé. L’ordinateur
      avait manqué d’espace et donc effacé les données de navigation qui
      l’emmenaient sur la Lune.
    </p>
    <p>
      Face à ce constat, Margaret Hamilton décide d’alerter sa hiérarchie.
      Toujours au quotidien britannique, elle assure : «J'ai pensé que cela
      pourrait arriver par inadvertance dans une vraie mission et suggéré
      de modifier le programme. Mais les hauts responsables du MIT et de
      la Nasa ont déclaré que les astronautes étaient trop bien entraînés
      pour commettre une telle erreur. À mi-parcours de la mission
      suivante - Apollo 8 - l'un des astronautes à bord a, par accident,
      fait ce que Lauren avait fait. Le virus Lauren ! Cela a provoqué
      beaucoup de dégâts et a nécessité la reconfiguration de la mission.
      Après cela, ils m'ont laissée rectifier le programme.»
    </p>
    <div class="images_soustitres">
      <h2>Distinguée par Obama</h2>
        <img src="https://i.f1g.fr/media/madame/400x/sites/default/files/img/2019/07/margaret-hamilton-distinguee-par-obama.jpg" alt="hamilton_et_obama">
        <div class="soustitre">
          <p>
            En 2016, Margaret Hamilton reçoit la Médaille présidentielle de
            la liberté, remise par Barack Obama, la plus haute distinction
            aux États-Unis. (Washington, le 22 novembre 2016.)
            <br> Nicholas Kamm / AFP
          </p>
        </div>
    </div>
      <p>
        Cette défaillance conduit d’ailleurs le laboratoire Draper à créer
        un système de priorisation des tâches. Celui-ci s’avèrera crucial à
        la mission Apollo 11. Le 21 juillet 1969, trois minutes avant
        l’alunissage, des alarmes informatiques se déclenchent : l’ordinateur
        de bord est surchargé et ne parvient pas à traiter toutes les données
        en même temps. Heureusement, le logiciel mis au point par Margaret
        Hamilton et son équipe évacue les tâches moins prioritaires. Quelques
        instants plus tard, Neil Armstrong et Buzz Aldrin posent le pied sur
        la Lune.
      </p>
    <p>
      Longtemps restée dans l’ombre de l’équipage d’Apollo 11, Margaret
      Hamilton est aujourd’hui reconnue comme l’une des actrices majeures
      de la conquête spatiale. En 2016, l’ingénieure reçoit des mains de
      Barack Obama la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute
      distinction civile des États-Unis. «Margaret Hamilton symbolise
      cette génération de femmes de l’ombre qui a aidé à envoyer l’humanité
      dans l’espace», déclare alors le 44e président des États-Unis.
      En 2017, Lego crée une figurine à son effigie, aux côtés de
      l'astronome Nancy Grace Roman ou encore des astronautes Sally Ride
      et Mae Jemison. «Il faut toutefois préciser qu’elle est devenue un
      personnage Lego sur la proposition de la journaliste scientifique
      Maia Weinstock», tempère la chercheuse Isabelle Collet.
    </p>
  </div>
  <div class="">
    <img src="http://qkzk.xyz/uploads/docsnsi/ihm_web/img/lego_margaret_hamilton.jpg" alt="">
  </div>
  <p>
    En avril 2019, une autre scientifique a marqué l’histoire :
    <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Katie_Bouman"> Katie Bouman</a>
    en contribuant à produire la première image
    d'un trou noir. Sa médiatisation a été telle qu’elle a aussi été
    victime de cyberharcèlement. Une violence qui fait dire à Margaret
    Hamilton que «les choses sont pires pour les femmes maintenant».
  </p>

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