vidéo en complément du commentaire de Cherarad :)

BTW, l’article est très intéressant.

La façon dont on éduque et sociabilise les filles est sensiblement différente d’avec les garçons, et les répercussions sur le rapport au sexe sont conséquentes. Et craignent autant pour la fille que pour le mec, au final. Ça va au-delà de l’ô combien tenace dogme sociétal selon lequel une fiche qui baise beaucoup et aime ça est une salope, alors qu’un mec qui baise beaucoup et qui aime ça est un BG de ouf. Les filles sont sensibilisées à la honte et la pudeur à une échelle sensiblement différente des garçons qui, dès la puberté, n’ont pas la moindre gêne et même s’enorgueillissent de parler de leur bite à tout bout de champs. Sans rire, le nombre de fois où mes potes mecs m’ont parlé de leur bite, de leur couilles, en plus de toutes les phrases communes en société “suce ma bite” / “c’est ma bite” etc etc, et ce depuis le collège. Combien de fois entend-on les filles pubères évoquer leurs parties génitales en société ? Jamais, ou alors c’est l’exception, et généralement ça ne manque pas de répugner sévèrement la gent masculine (et pas que)… Double standards.

Bref, là où je veux en venir c’est que nous les filles sommes éduquées et sociabilisées à ne pas parler de notre chatte, et surtout, à la considérer comme quelque chose de relativement honteux et qu’il faut préserver, et cacher. Vous sentez un peu mieux le malaise maintenant ? Se retrouver au pieu avec un jeune homme, aussi excitant et doux et pédagogue soit-il, ne fera jamais éclater comme ça d’un coup toutes les barrières mentales qui se sont forgées sur des années. Comment attendre d’une fille à qui la société entière a fait comprendre que sa chatte était un objet à taire et à cacher, comment attendre d’elle qu’elle accepte d’un coup de l’offrir au nez et à la bouche d’un homme, pour en plus en jouir allègrement ?!

Parler de sa chatte est tellement tabou que, autour de mes 15 ans, je me suis tapée un énorme complexe car je voyais que ma vulve était différente, moins parfaitement symétrique etc. que celle des actrices porno. Et j’osais en parler avec personne, parce que ce genre de chose il faut pas en parler -et pourtant j’avais deux meilleures amies depuis ma petite enfance, et je suis quelqu’un de cash et libéré, donc c’est dire. J’ai tellement complexé là-dessus que j’en suis venue à demander à ma gynéco si je pouvais faire une opération chirurgicale… Il s’en est suivi un tête à tête très awkward mais finalement plutôt salutaire, où elle s’est longuement inquiété de ma santé mentale, et des traumatismes qui avaient pu me mener à une telle idée, car visiblement j’étais très loin ne serait-ce que d’approcher la catégories des femmes pour lesquelles cette opération est légitime.

Depuis, j’ai eu plusieurs expériences sexuelles, ponctuelles ou suivies, et je sais aujourd’hui que cette psychose était complètement absurde, et que je me situe en fait complètement dans la normale, et ce en partie grâce à ce blog : http://largelabiaproject.org/ mais surtout aux commentaires enthousiastes de mes partenaires.

Un site créé dans le seul but de rassurer la gent féminine sur ses organes génitaux, en grande partie à cause de la pression du porno qui ne montre quasiment que des nanas à la chatte passée sur le billard donc inexistante et comparable à cette d’une enfant… Vous vous rendez compte ? Jamais ai-je entendu parler d’un site créé pour rassurer les mecs sur la taille de leur bite, or pourtant à en croire la société la taille de la bite constitue à peu près le seul vrai complexe lié au sexe…

Ceci est un exemple qui illustre je pense assez bien à la fois l’enjeu, et la complexité de l’enjeu. Des milliers de femmes (à ce jour ça doit même plutôt se chiffrer à des centaines de milliers) se font couper les lèvres pour ressembler à l’idéal pornographique. Souvent, il y a perte de sensibilité sur les zones labiales jadis érogènes. Merde quoi.

Le premier mec avec qui j’ai passé la nuit, j’avais genre 16 ans, on n’a pas réussi à engager la pénétration parce que j’ai un vagin particulièrement étroit et lui avait une bite particulièrement énorme, et qu’en plus de ça je ne pouvais pas me détendre sous le poids du stress de la 1ère fois (=vagin fermé). Du coup, il m’a fait un cunni qui, sans rire, a duré au moins vingt minutes (à mon grand désespoir, j’ai cru que ça durait 1h, si ça se trouve ça a duré 1h, ça ne m’étonnerait pas tant il aimait ça). Quand il a commencé à descendre j’ai bondi pour l’arrêter, mais son enthousiasme et son désir était tels que j’ai fini par céder. Mais impossible de me détendre, de me lâcher, tout du long je ne pouvais que penser “ohmondieu ohmondieu ohmondieu j’ai si honte j’ai si honte il voit tout il sent tout ohmondieu mais pourquoi reste-t-il là, pourquoi s’inflige-t-il ça, quelle horreur je n’ose même pas imaginer c’est affreux je n’ai aucun contrôle, si ça se trouve c’est horrible” etc etc. A l’époque, je ne pouvais pas envisager qu’un homme puisse prendre du plaisir à lécher la chose qu’on m’avait toujours conditionné à voir comme dérangeante, sale, etc. De la façon dont on m’avait présenté les choses, je m’attendais même à un dégoût profond de l’homme s’il s’avérait obligé de ne serait-ce que s’en approcher… Du coup je n’ai pas du tout profité. En plus de cela, il y a cette hantise d’être prise pour… pour une personne qui aime recevoir du plaisir ? Aujourd’hui je me rends compte de l’absurdité de la chose, mais damn, ça m’a tellement hanté, et hanté tant de parties de jambes en l’air qui auraient probablement pu être fun…

Ne pas prendre d’initiative rejoint un peu le tableau dépeint plus haut. C’est la même dynamique. Dans un cas comme dans l’autre, il y a peur de passer pour la salope, pour la traînée, pour la “sale”, pour celle qui assume un peu trop ce qu’elle est. Il y a la peur de se faire rejeter. Et puis, heh, on n’est jamais que des femmes hein, faut savoir rester à sa place (…)

Au fond, cette dimension joue un grand rôle, un très grand rôle dans les dynamiques sexuelles.

Bon je vais m’arrêter là ou personne ne lira. J’aurais peut-être du préciser que j’ai 21 ans, et que je suis tellement ravie de me rendre compte aujourd’hui de tout ce que j’ai loupé, et de tout ce qui m’attend en quelque sorte, ou du moins tout ce que je vais pouvoir découvrir… et c’est BON. Les filles, vous méritez de prendre votre pied, c’est pas réservé aux hommes, ça l’a été pendant des siècles, mais ça ne l’est plus. Alors on se bouge et on va jouir et faire jouir !!! ;) Cela n’est pas dire “les filles jouissez sans entraves aux dépends des hommes”, au contraire… Si seulement l’humanité entière pouvait réaliser qu’oppresser la moitié de la population mondiale ne rend RIEN meilleur. Rien. En revanche, si on travaille ensemble… c’est là qu’on est bon !

avec l’âge, après la traversée du désert sexuel, le combat contre le démon de midi, même vos expériences les plus humiliantes garderont un goût de victoire.

dans l’attente du pire