Sam & Max » entreprendre http://sametmax.com Du code, du cul Sat, 07 Nov 2015 10:56:13 +0000 en-US hourly 1 http://wordpress.org/?v=4.1 Entreprendre en France, Autopsie d’un échec. 119 http://sametmax.com/entreprendre-en-france-autopsie-dun-echec/ http://sametmax.com/entreprendre-en-france-autopsie-dun-echec/#comments Tue, 30 Jul 2013 15:41:18 +0000 http://sametmax.com/?p=6955 Tout a commencé il y a 7 ans, d’une humeur fort incompatible avec ma hiérarchie et d’un tempérament plutôt entrepreneur je décida un peu par force de me lancer dans l’aventure avec un ancien collègue de travail.

Pour resituer le contexte nous sommes en 2003, je bosse pour une boite spécialisée dans l’affiliation sur internet. Un patron débile parachuté dans notre service alors qu’il n’avait jamais touché une bille. Un collègue de bureau pour qui la prog n’avait pas de secret, le genre de killer avec qui on aime boire une binouse le midi en refaisant le monde de l’internet tant ses connaissances sont illimitées.
Bref un job sympa car on pensait ne pas être emmerdé par le boss et pouvoir développer nos produits, les faire évoluer, conquérir le monde, vous connaissez la suite…

En fait non. Le boss ne comprenait rien à rien, a planté la boite et nous a fait virer. On a fait un procès qu’on a gagné. Nous voilà au chômage, en procès, mais avec des cerveaux supervitaminés.
On épluche les dossiers ACCRE, les aller-retour dans les jeudis de l’entreprise, les formations données par la chambre de commerce du coin.
Au passage évitez tout ça, vous n’apprendrez rien, la France est à 100 000 années lumière du désir d’entreprendre, tout est fait pour vous démoraliser.
Petites anecdotes:
– Lors d’une demande d’aide un bureau d’études de faisabilité nous a reçu avec un grand sourire puis nous a défoncé auprès de l’ANPE.
– Des anciens “chefs d’entreprise” à la retraite bossant dans le textile version boutique du coin venant donner des conseils à des mecs qui veulent se lancer dans l’info, voilà les jeudis de l’entreprise auxquels j’ai eu droit, bref…

Monter une boite à deux demande de créer une SARL, ce n’est pas une micro entreprise (qui de toutes façons n’est plus vraiment avantageux car bien taxé avec CA limité, etc).
Pour une SARL il faut un comptable ou faire la compta soit-même mais je ne suis pas comptable alors on sous-traite, ça fait des frais mais on est sûr que c’est bien fait (normalement) et on peut se concentrer sur la création.

On se lance!
Vers 2006 on décide de se lancer, pour démarrer il a fallu quand même 20 000 € (création de société 1400€, capital de base 1000€, bureaux 700€/mois, internet pro, un peu de matos, etc…).
On s’est dit qu’avec 20 000€ on tiendrait quelques temps. La grosse erreur, au bout de quelques mois le RSI qui a l’époque était l’URSSAF + CSG qui nous avait épargné jusqu’à là grâce à un dossier monté à L’ACCRE commence son racket, une note de 6000€ tombe en prévision du salaire que je ne me suis pas versé l’année d’avant car la société datait de l’année en cours (les impots calculent les prélèvements à N-1, mais quand il y a pas eu d’activité avant ils estiment un montant, ici 6000 c’est pas mal pour un début).
Mon associé ne s’étant pas payé on a limité la casse. à l’époque je me payais environ 800€/mois.

une journée aux impôts...
On arrive à monter quelques projets mais on a besoin d’un employé, ouille!
L’erreur ou l’horreur qu’on a pas fait là! On embauche un petit jeune, un tueur, à l’époque il m’avait codé une espèce de serveur de streaming basique en C++, il codait vite, avait les idées claires, que du bonheur, mais…

Coucou c’est nous les impôts!
Qui dit employé dit charges, et pas dans un an! Jeune pousse on avait pas beaucoup d’argent chaque mois, alors on a négocier le SMIC avec ce jeune, j’en ai encore honte aujourd’hui, on payait un killer le SMIC sans pouvoir lui garantir d’avenir.

Entre le marteau et l’enclumme
D’un côté les impôts me demandaient environ 600€ de charges pour le payer le SMIC et de l’autre le jeune devait se taper 30 bornes par jour pour venir bosser (essence, autoroute, bouffe le midi, etc). Il y avait beaucoup de tension vers la fin et nous avons finalement trouver un commun accord pour en terminer, lui ne gagnait pas assez, nous payons trop.

C'est le premier pas qui compte...
La persévérance
Les projets sont au point mort, sans employé tout devenait plus dur, il fallait faire de l’admin système, gérer des clients, essayer de trouver des partenaires, etc… Je me sépare de deux projets qui demandaient du temps pour me consacrer à un seul sur lequel j’avais bossé.


La mini success-story
Je me suis retrouvé tout seul, mon associé étant occupé à bosser pour une autre boîte car ayant une famille à nourrir.
Pas mal de nuits blanches, des serveurs qui pétaient de partout, je n’avais jamais fait d’admin système auparavant. Des scripts qui bouffaient de la mémoire, je restais au bureau tous les week-end jusqu’à 2 heures du mat parfois.
Mais mon projet me rapportait de l’argent, j’ai commencé à voyager, rencontrer des gens, ramener quelques idées, des MST, etc.


L’évolution impossible
Bien que mon projet me rapportait je ne me payais guerre plus de 2000€/mois, l’état et le comptable se chargeaient du reste, des charges de 10000€ annuelles auxquelles on rajoutait le comptable 3000€ quand il était de bonne hummeur, les loyers des bureaux, etc…
Réembaucher quelqu’un n’aurait pas été envisageable au SMIC car j’avais retenu la leçon, il aurait alors fallut sortir au moins 40000€ / ans ( salaire + charges), trouver la bonne personne, etc.
J’ai donc laissé l’entreprise stagner, toujours en réparant les “fuites”, bref être l’homme à tout faire.

L’envie de tout arrêter
la dernière année m’a achevé, le RSI est monté à 980€/mois alors que ma rémunération avait baissée (je dois d’ailleurs récupérer un trop perçu, on verra…). Le comptable me facturait 350€ / mois pour 3 factures envoyées par email et 3 feuilles de relevés de compte.
Plus trop envie de continuer dans un pays où il ne se passe pas un mois sans qu’on apprenne qu’un dirigeant ou homme politique a gagné des millions en magouilles sans être inquiété une seconde alors que moi j’ai droit à des mises en deumeurre quand j’ai une semaine de retard sur le paiement d’un acompte de TVA de quelques centaines d’euros…


Autour de moi, des esclaves
Point important qui m’a poussé à fermer la boite et à quitter le pays, la sensation d’être entouré d’esclaves.
En effet beaucoup de mes amis sont aigris, moroses, n’ont pas vraiment de vision d’avenir, ils veulent juste arriver à finir le mois, attendent le samedi pour sortir car ils bossent pas le lendemain, veulent pas sortir en semaine, ne me parlent que de série TV ou de leurs gosses qu’il faut emmener à dysneyland mais ça coûte cher, tu comprends…


Non je ne comprends pas
Je ne comprends pas ce monde en général, ce pays en particulier où on doit à tout prix avoir un iPhone, une caisse à crédit, un écran oled à crédit, un appartement à crédit, bref une vie à crédit.
Pourquoi je continuerais dans un pays ou un système où je ne me reconnais pas ? Cela pourrait faire l’objet d’un autre article d’ailleurs.

Bon ok j’arrête. Ha oui mais non monsieur faut encore payer.
Alors voilà après cette aventure je décide de fermer mon entreprise et de prendre le large. Je change de comptable au passage et en trouve un moins cher et plus cool.
Il veut bien récupérer mon dossier (oui entre eux, les comptables se piquent pas toujours les clients, ils doivent faire une lettre, déontologie, tout ça…) mais me dit qu’il va falloir payer pour fermer l’entreprise. J’ai été surpris, la société est saine, jamais eu de défaut de paiement pourtant.
Oui mais j’avais oublié que l’état se sert à l’entrée ET à la sortie. Il faut y inclure aussi les greffiers et autres administrateurs (journaux de publications), c’est une machine bien rodée.
Au final pour fermer cette SARL cela m’a coûté 3174€, c’est pas mal quand même pour une TPE.
“honoraires juridiques” – 400€ (sans précision)
“annonce dans un journal de clôture” – 200€
“annonce dans un journal de dissolution” – 120€
“greffe” – 215 €
“frais d’enregistrement au SIE” – 415 €
“bilan comptable année en cours” – 700 €
etc…
Faites donc attention à avoir encore de l’argent sur le compte si vous décidez de fermer votre entreprise. Et encore là c’est dans le cas d’une petite entreprise saine sans passif.

Conclusion
Tout n’a pas été négatif, je vais essayer de résumer ce que j’en ai retenu:

Bon:
– J’ai bossé avec 2 personnes surdouées en info et j’ai beaucoup appris.
– La liberté de bosser à l’heure qu’on veut.
– L’excitation de mettre au jour des projets avec des associés, d’entreprendre ensembles.
– Je comprends les patrons qui râlent pour augmenter les employés (sans toutefois les excuser)
– ça m’a permis de rencontrer Sam (un ancien stagiaire de la boite d’à côté), j’allais pas l’oublier celui-là même si j’aurais pu le rencontrer ailleurs.
– J’ai passé de bons moments sur des projets funs et beaucoup appris avec mes collaborateurs.

Moins bon:
– j’ai compris que si un employé n’a pas à mangé le midi il va travailler moins bien.
– L’Etat est là pour encaisser, L’Etat est là pour encaisser, L’Etat est là pour encaisser…
– La France est une jungle en administratif et c’est ce qui va la perdre (la perd déjà en fait)
– La France a pour but de tuer les TPE et PME, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, Total paye 0€ d’impôts, moi j’étais taxé à 60-70%.

PS: Je précise que j’aurais pu continuer à payer et me verser un salaire correct, mais je ne veux plus que mon argent aille , ou encore .
Je ne veux plus attendre le week-end pour sortir boire un verre.
Je ne veux pas vivre à crédit.

PS: ne comparez pas cette expérience à des entreprises comme Meetic, là je parle de petite structure. Merci ;)

Et puis merde! Je suis jeune, je veux être libre et voir le monde ! :)

EDIT:

Sur l’illégalité du RSI:

http://mouvement-des-liberes.fr/2014/12/le-rsi-est-sans-existence-legale-et-ne-peut-donc-pas-vous-poursuivre-en-justice-pour-recouvrer-vos-cotisations/

 

http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2012/04/14/cercle_45661.htm

 

 

 

 

 

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