Sam & Max » ergonomie http://sametmax.com Du code, du cul Sat, 07 Nov 2015 10:56:13 +0000 en-US hourly 1 http://wordpress.org/?v=4.1 Retirer la friction n’est pas un gadget pour fainéant 30 http://sametmax.com/retirer-la-friction-nest-pas-un-gadget-pour-faineant/ http://sametmax.com/retirer-la-friction-nest-pas-un-gadget-pour-faineant/#comments Mon, 20 Jan 2014 14:20:41 +0000 http://sametmax.com/?p=8798 ce post vieux de Sebsauvage, qui peste (à raison) contre l'introduction des NFC au vu des nombreuses saloperies qu'on peut faire avec. Couplé au RFID, on a des trucs super vicieux qui se préparent. Je déteste cette techno. Je suis pour la combattre. Mais sa réflexion de fond est biaisée.]]> C’est une stratégie marketing.

Je vous écris ceci en réaction à ce post vieux de Sebsauvage, qui peste (à raison) contre l’introduction des NFC au vu des nombreuses saloperies qu’on peut faire avec. Couplé au RFID, on a des trucs super vicieux qui se préparent. Je déteste cette techno. Je suis pour la combattre.

Mais sa réflexion de fond est biaisée:

Je rage contre les banques qui poussent massivement cette imbécilité, troquant la sécurité pour un gadget pour feignants («oh cool j’ai pas besoin de sortir ma carte du portefeuille» – meh.)

Ce n’est pas du tout ça. L’idée, c’est de rendre le paiement inconscient. Une des raisons pour laquelle itunes et l’appstores marchent si bien commercialement parlant, c’est qu’une fois qu’on a enregistré sa carte de crédit, acheter est un acte sans friction.

Quand on veut une app ou une musique, on clique juste sur un bouton. L’action de payer est invisible, sans action de la part de l’utilisateur: il est passif.

Et ça, c’est une arme de destruction massive.

Quand Amazon a introduit son système de paiement 1-click, qui permettait de payer sans plus d’étapes, ils ont gagné le marché. Tout le marché. En 2 ans, ils sont devenus le Google de la vente en ligne, laissant aux milliers de sites web de vente concurrents des miettes.

Retirer la friction, c’est la base de l’expérience UI.

Donc quand les banques et les commerciaux poussent au cul pour faire passer des méthodes de paiement avec le moins de friction possible (le NFC évite également d’entrer son code PIN en dessous d’une certaine somme il me semble), c’est tout simplement pour que les gens dépensent plus. Massivement plus.

Pour cette même raison, des expérimentations ont été faites à Barcelonne avec des puces sous-cutanées de paiement insérées dans la main. Le résultat est là : les consommateurs ne font plus attention.

Vous pouvez vous-même faire cet essai : interdisez-vous l’usage de la carte de crédit pour un mois. Vous allez-voir la friction de votre opération de paiement augmenter, et vous dépenserez moins. Laisser sa carte de crédit à la maison, ce sont des économies instantanées.

De même pour le NFC, le simple fait de ne pas avoir à sortir son portefeuille va diminuer la friction. Encore plus loin, le fait de devoir emporter uniquement son téléphone, ajouté peut être un jour à l’inutilité de le sortir de sa poche va, contre-intuitivement, booster énormément les ventes. Ce n’est pas une question d’être fainéant, c’est juste que l’humain, psychologiquement, ne se rend pas autant compte qu’il dépense. C’est comme le coup des 9,90 € au lieux des 10 euros. Ce n’est pas un cheap trick, c’est des milliards en plus.

À cause de la crise, on a tendance à penser que les gens n’ont plus d’argent. On se demande donc quel intérêt on a à tenter de leur faire dépenser plus.

Seulement cela ignore deux choses : la premières, c’est que le NFC sera couplé bientôt à des crédits à la consommation. Il ne faut pas se leurer. Les gens s’endetterons sans s’en rendre compte, c’est le but. Des dettes, des enfants, de la bouffe bien riche, 7 heures de boulot par jour + 2 h de transport et on ne peut pas protester, on devient un rouage huilé et prévisible du système. Mais je m’égare sur un autre sujet.

La seconde c’est qu’on estime que les français détiennent encore 11 000 milliards en épargne. 11 000 MILLIARDS. Bref, il y a encore de l’argent à gratter, et il faut trouver un moyen de le faire sortir.

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Dites non aux animations 3D 15 http://sametmax.com/dites-non-aux-animations-3d/ http://sametmax.com/dites-non-aux-animations-3d/#comments Mon, 14 Oct 2013 16:07:48 +0000 http://sametmax.com/?p=7435 Juste parce que vous pouvez ne veut pas dire que vous devez, et le fait que maintenant la plupart des navigateurs supportent des belles transitions 3D ne signifie certainement PAS que vous devriez les utiliser.

En ergonomie, une règle essentielle est de ne pas mettre ou faire de choses qui n’ont pas de valeur ajoutée pour l’utilisateur.

L’esthétique est certes, en soi, une valeur ajoutée. Mais il faut considérer deux choses :

  • Cette technique apporte-t-elle une valeur esthétique qui n’est pas remplaçable par le bénéfice d’une autre technique ?
  • Le bénéfice que mon utilisateur en retire compense-t-il les inconvénients auxquels il est confronté ?

Pour les animations 3D, la réponse est clairement NON, dans 99% des cas.

D’abord, généralement l’animation est lente, ne serait-ce que pour que le mec devant son écran puisse la voir. Vu le temps qu’on passe à se faire chier à rendre une app plus rapide et fluide à utiliser, pourquoi voulez-vous, VOLONTAIREMENT et ARTIFICIELLEMENT faire patienter votre utilisateur 400ms de plus devant le slide à cube rotatif pour voir la photo suivante ?

Ensuite, malgré l’énorme progrès de nos navigateurs, ça bouffe beaucoup de ressources. Bien sûr, quand vous testez sur votre machine quad core avec chrome et un tab ouvert, c’est parfaitement fluide. Mais il suffit de jouer sur seul de ces paramètres pour que ça ne le soit plus :

  • 20 tabs sont ouverts.
  • Un autre tab utilise Javascript comme un goret (Hello Twitter !).
  • Un autre tab utilise de la 3D.
  • Un autre tab charge beaucoup d’images.
  • Un autre tab utilise flash.
  • L’utilisateur a des logiciels récents sur une vieille machine.
  • L’utilisateur utilise d’autres logiciels que son navigateur qui sollicitent la carte graphique (quelle honte, il ose avoir une vie en dehors de facebook et votre site de merde!).

Dans la vraie vie vivante, ce sont plusieurs de ces paramètres qui rentrent en compte, presque systématiquement. Et je ne vais même pas vous parler de ceux qui utilisent IE avec plein de toolbar sur une machine infectée jusqu’à la moelle. Qui sont, je le rappelle, la majorité des personnes dans le monde. Pas forcément la majorité de votre cible, mais tout de même…

…vous êtes une putain de page Web, vous ne pouvez pas pré-supposer de ce que l’utilisateur fait et dans quel contexte.

Bref, à moins d’avoir une app avec une connotation visuelle primordiale, par exemple un jeu vidéo, arrêtez avec ces foutues transitions 3D, ça rend votre app inutilisable. Les transitions 2D suffisent largement à améliorer l’ergonomie et l’esthétisme d’une page, et elles bouffent beaucoup moins.

Merci

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Beau et facile à utiliser: deux choses bien différentes 21 http://sametmax.com/beau-et-facile-a-utiliser-deux-choses-bien-differentes/ http://sametmax.com/beau-et-facile-a-utiliser-deux-choses-bien-differentes/#comments Fri, 07 Dec 2012 11:24:38 +0000 http://sametmax.com/?p=3127 Je suis ergonome de formation. La première chose que j’ai apprise, c’est que mon intuition est à chier. Dit très clairement: si je design un site Web basé sur ce que je pense être utilisable, je vais me planter.

Même après des années d’expérience, mes premières idées sont très classiques, formatées, et Max me met des taquets derrière la tête régulièrement en guise de rappel.

Pour rendre une interface utilisable, il n’y a qu’un moyen fiable: le test. Pour apprendre en une journée tout ce que sais de l’ergonomie, vous pouvez en fait plus ou moins vous limiter à lire et appliquer le bouquin culte de Steve Krug.

Et c’est quelque chose que les designers ont du mal à comprendre. Ils font souvent des choses très belles, mais n’est pas Apple qui veut. Faire quelque chose de beau ET d’utilisable est très difficile.

Et si on doit choisir, il vaut mieux faire utilisable que beau.

Les états

Les états sont par exemple un vrai problème. En informatique, il n’y a pas vraiment de moyen de connaître l’état de quelque chose, et donc on crée artificiellement des repères visuels en espérant que l’utilisateur comprenne ce que l’on veut dire.

Seulement beau n’est pas forcément explicite. Est-ce que quelqu’un peut me dire ici quel bouton correspond à l’état “on” ?

Bouton on / off

On / Off, l'état le plus simple du monde

Le premier bouton, il est sur “off” parce qu’il affiche “off” ou il est sur “on”, offrant la possibilité de slider vers l’état “off” ? Les deux comportements existent dans le monde matériel.

Nous avons déjà des boutons qui reflètent très bien on / off: les checkboxes. Tout le monde sait comment ça marche, mais c’est moche, alors la plupart des designers essayent de les remplacer.

Si la designite vous démange, il faut alors sérieusement réfléchir, et ne pas proposer une solution moins efficace que ce qui existe déjà. Par exemple, une bonne implémentation du concept ci-dessus est:

Slide on / off avec effet lumineux

Un tout petit détail...

L’auteur a ici ajouté un simple effet grisé sur le “off” (qui a la connotation de “désactivé”) et un effet de lumière sur le “on” (qui à la connotation de “en fonctionnement”). On sait clairement que le premier est l’état “off”, et que si on clique dessus, on va obtenir le second état: “on”.

Mais les états ne sont pas toujours aussi simples que on / off, et surtout, ils se cachent parfois dans des situations naturelles. 37signals ont largement défendu l’idée de parer à ce que l’utilisateur va vouloir faire, plutôt que d’attendre qu’il le fasse. Et cela passe par la prédictibilité, et la compréhension du contexte, donc par l’affichage d’états et d’intentions.

Un exemple simple: l’état vide. Vous n’imaginez pas combien il est courant de ne pas travailler l’état de départ, ou vide, d’une UI. Pourtant, c’est primordial car c’est le premier contact de l’utilisateur avec votre logiciel, et surtout, par principe, vide signifie qu’il n’y a aucun indice sur ce qu’il faut faire par défaut.

Prenez l’explorateur de fichiers par défaut d’Ubuntu, Nautilus. Il est globalement très bon. En revanche, sur les gros dossiers, ou sur les dossiers contenant beaucoup de thumbnails, il y a un instant plus ou moins long durant lequel on ne sait pas si il charge, ou si le dossier est vide.

Capture d'écran de Nautilus dans un dossier vide

Il n'y a rien dans ce dossier

Une fois qu’on a décidé que l’état “n’affiche rien” était bien non un temps de chargement, mais le fait qu’il n’y a rien à afficher, le cerveau fait la déduction, “le dossier est vide”.

Prenez par contre Marlin, l’explorateur d’Elementary OS, et donc bien moins intégré à Unity, dans lequel il ressort plus laid que Nautilus. Mais il vous montre instantanément de quoi il est question.

Capture d'écran de Marlin dans un dossier vide

Marlin est un projet très prometteur

Ceci vous parait un détail. En fait, certains geeks trouvent même énervant tous ces trucs qui “ne servent à rien” pour “les gens qui ne veulent pas réfléchir” car “c’est quand même pas compliqué de voir que le dossier est vide”.

Oui, sauf que comme je vous en parlais précédemment, il existe une telle chose que la charge cérébrale, et que tout ce qui y participe se cumule.

Faire un beau design allège la charge cérébrale, mais faire un design utilisable la soulage sans commune mesure. Qui dit moins de charge, dit une utilisation fluide, sans peur (car oui, la peur de cliquer est un facteur étonnamment important dans le schéma de décision des utilisateurs lambdas), et donc des users qui aimeront votre app.

Le but est d’obtenir le même résultat que le crayon: quand vous écrivez, vous pensez à ce que vous écrivez, pas au crayon. Bien sûr que réfléchir un tout petit peu n’est pas la mer à boire, mais c’est autant de neurones que vous consacrez à votre outil plutôt qu’à votre travail.

Mais faire un design, plus que beau, utilisable, c’est aussi proposer à l’utilisateur ce qu’il peut faire. Mettre en avant les solutions les plus importantes. Les menus ajoutent à la charge cérébrale, ce sont des accès secondaires.

UsabilityFriction a posté une bonne illustration de la démarche. Ils sont partis d’un truc vide et pas top:

Mockup d'un porte folio

Vous n'avez pas de photo. Merci. Au revoir.

Et ils ont ajouté:

  • Des raccourcis vers les actions de certains menus pour ajouter des photos.
  • Un album photo d’exemple facilement supprimable pour que l’utilisateur puisse déjà se balader.
  • Une vidéo de démo qui disparait dès qu’on ajoute un élément.
  • Une courte et simple explication en forme d’invitation à l’action.
Mockup d'un porte folio amélioré

Vous n'avez pas de photos. Mais vous pouvez faire tout ça !

Ici il n’y a pas d’enjeu esthétique car c’est un mockup. Et c’est tout l’interêt du mockup pourri, fait avec balsamiq ou même au feutre Veleda sur brouillon: on se soucie de l’utilisabilité, pas du look. Le premier est la priorité car un bon designer rendra votre site qui est déjà facile à utiliser beau, alors que rendre un site déjà designé facile à utiliser demande beaucoup plus de travail additionnel.

Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, sauf si on dessine mal

Utiliser des icônes, c’est bien, non ?

En théorie, les formes et couleurs sont plus faciles et rapides à identifier que des mots. Et on évite les problèmes de traduction.

Mais, le hic, c’est que la signification d’une icône, contrairement à un mot, n’est pas garantie:

  • Il existe des centaines de milliers de mots. On est loin d’avoir autant d’icônes.
  • Les concepts abstraits sont très durs à icônifier. Essayez de trouver un symbole pour “niveau de difficulté” pour voir…
  • Selon le contexte (culturel, expérience, environnement…), un symbole peut avoir des sens différents. Ainsi, le blanc est la couleur du mariage pour nous, mais du deuil dans certains pays musulmans. Le rouge est la couleur du mariage en Chine…
  • Les icônes se périment plus vite que les mots. On a en encore beaucoup de logiciels qui symbolisent “sauvegarder” par une icône en forme de disquette. Combien d’utilisateurs actuels savent à quoi sert une disquette ? Ou même ce que c’est ?

Et si on choisit les icônes, on est obligé d’en mettre de manière cohérente, donc quand on rajoute un nouveau bouton, c’est une nouvelle icône à rajouter: il faut en trouver une correspondante, et au sens, et au design.

Un exemple: j’aime le nouveau design de Gmail. Mais le tout icône n’est pas forcément une réussite. Dans l’ancienne version, trouver comment marquer un mail en tant que spam était évident:

Capture d'écran de l'ancien menu mail de Gmail

Le mot spam est très facile à reconnaître: court et à faible ambiguïté

Le nouveau design est plus beau, mais par contre, pour mettre son mail en spam…

Capture d'écran du nouveau menu mail de Gmail

Difficile de faire le lien entre un hexagone avec un point d'exclamation et "spam"

L’objectif n’est pas de pinailler sur les qualités de x ou z, mais d’illustrer. Stackoverflow est un modèle d’utilisabilité, mais le site comporte pourtant très peu d’icônes. Mnmlist prouve qu’on peut être jusqu’au boutiste pour aller à l’essentiel. Drudge report prouve que… heu… Je vous laisse lire.

Encore une fois, ne laissez pas la fièvre graphique prendre la priorité sur l’utilisabilité. Un beau design est important. Un design utilisable est primordial. Il n’existe pas de solution clé en main telle que “utilisons des icônes” qui pallie le travail de réflexion ergonomique dont votre projet à besoin.

Tous les types de designs ont leur place: avec et sans icônes, avec des images, sans, avec du texte, sans, avec des jeux de couleur, sans. La recette à elle seule ne peut pas rendre un plat délicieux, il faut de bons cuisiniers, de bons ingrédients et du travail.

(et la métaphore de la bouffe est particulièrement adaptée, car quel que soit l’acharnement que vous mettez à votre popotte, y aura toujours un connard pour trouver ça dégueulasse)

Un dernier exemple de “ça dépend”. Gedit (Gnome) VS Scratch (Elementary OS), deux éditeurs de texte, deux approches pour “l’état de départ”, aucune n’est meilleure que l’autre, et elles ne satisferont pas le même public.

Capture d'écran de Gedit sur un fichier vide

Je préfère l'approche de Gedit: on commence cash à éditer, c'est plus efficace

 

Capture d'écran de Scratch sur un fichier vide

Un non dev sera parfois plus à l'aise avec une indication claire de ce qui va se passer

Tout comme on oriente son design en fonction de son public (hacker news peut se permettre l’aspect WEB 1.0, pas Facebook), l’ergonomie doit viser aussi le type d’utilisateur auquel vous souhaitez plaire. Car il n’y a aucune chance que vous plaisiez à tout le monde.

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